Alors que la situation humanitaire atteint un point de non-retour dans la bande de Gaza, plus d’une centaine d’organisations appellent à une action internationale urgente. La France, par la voix du Quai d’Orsay, condamne la poursuite des opérations israéliennes et exige la levée immédiate des restrictions à l’acheminement de l’aide.
Dans une déclaration commune publiée ce mercredi 23 juillet 2025, 111 ONG internationales, dont Médecins sans frontières, Amnesty International, Caritas et Médecins du monde, tirent la sonnette d’alarme sur l’ampleur de la crise humanitaire à Gaza. Elles dénoncent une « famine de masse » provoquée par le blocus total imposé par Israël depuis plusieurs mois, qui empêche l’entrée de nourriture, d’eau potable et de médicaments.
Paris condamne l’extension de l’offensive israélienne
Les signataires réclament un cessez-le-feu immédiat, l’ouverture de tous les points de passage, et la fin du contrôle militaire israélien sur l’aide humanitaire, accusé d’avoir causé la mort de plus d’un millier de civils cherchant à se ravitailler.
Dans le même temps, la France a réagi officiellement, par un communiqué du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Elle condamne fermement l’extension de l’offensive israélienne au centre de Gaza, en particulier dans la région de Deir el-Balah, qui a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de civils et l’entrave au travail des agences de l’ONU et des ONG.
Un système critiqué par les Nations unies
« Nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent », alertent les ONG dans leur déclaration. Elles affirment que leurs réserves sont épuisées et que leurs employés sont eux-mêmes en danger de mort. Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a d’ailleurs confirmé que ses stocks sont vides et que certains de ses agents sont affamés.
Les organisations pointent du doigt la responsabilité directe du gouvernement israélien, accusé d’avoir sciemment instauré le chaos, la famine et la mort à Gaza, en maintenant un blocus total et en instaurant un système d’aide militarisé via la Fondation humanitaire de Gaza (FHG), soutenue par les États-Unis. Ce système est vivement critiqué par les Nations unies, en raison de son manque d’impartialité et des violences qu’il génère.
Le ministère français des Affaires étrangères rejoint ce constat alarmant et demande la levée immédiate de toutes les restrictions, conformément aux mesures conservatoires imposées par la Cour internationale de Justice. Il condamne les tirs israéliens sur des Palestiniens en quête de nourriture, qui ont fait plus de mille morts en deux mois selon l’ONU.
Une crise humanitaire sans précédent
Depuis octobre 2023, Israël mène une offensive militaire à grande échelle contre la bande de Gaza, en réponse aux attaques du Hamas. Mais cette guerre prolongée, associée à un blocus quasi total, a plongé l’enclave palestinienne dans une crise humanitaire sans précédent.
Les ONG accusent Israël d’entraver volontairement l’acheminement de l’aide, malgré les injonctions répétées de la communauté internationale. De nombreuses associations, comme l’UNRWA, se plaignent de ne plus pouvoir travailler dans les zones sinistrées en raison des bombardements et du harcèlement administratif.
L’accès à une aide humanitaire massive, indépendante et continue devient une urgence vitale, alors que des millions de civils palestiniens font désormais face à une triple menace : les bombes, la faim et la soif.
«La situation en Libye n’est pas une question internationale, mais purement interne, et que la solution ne peut être qu’inter-libyenne, sans aucune ingérence extérieure», a souligné Kaïs Saïed, réaffirmant la ferme position de principe de la Tunisie en faveur du libre choix du peuple libyen.
«Le peuple libyen est souverain et seul capable d’élaborer les solutions qu’il juge appropriées; il ne manque ni de compétence ni de volonté» a encore souligné Saïed, lors de son entretien, lundi 17 août 2025, avec Mohammed el-Menfi, président du Conseil présidentiel libyen, en visite de travail en Tunisie.
Les deux parties ont souligné la profondeur des relations historiques entre les peuples tunisien et libyen, ainsi que leur engagement commun à les renforcer et à les développer davantage dans tous les domaines, dans l’intérêt des deux nations et pour consolider la sécurité, le développement et la stabilité. Ils ont également souligné la nécessité d’agir rapidement pour surmonter toutes les difficultés et répondre aux aspirations de leurs peuples à une coopération et intégration accrues.
Selon un communiqué de la Présidence, le Président Kaïs Saïed a affirmé l’interdépendance des intérêts des deux peuples, soulignant que la sécurité et la stabilité de la Tunisie sont indissociables de celles de la Libye, et vice-versa. Il a souligné que les défis communs doivent être relevés ensemble, car la sécurité nationale des deux pays est une.
La réunion a également abordé la situation en Palestine occupée et le génocide en cours perpétré par les forces d’occupation sionistes.
Outre les dizaines de milliers de martyrs et de blessés, ces forces détruisent délibérément tous les moyens de subsistance, notamment en affamant la population et en la privant de nourriture, d’eau et de médicaments. Le peuple palestinien meurt de faim sous les yeux du monde entier.
Le chef de l’État a réitéré la position inébranlable de la Tunisie en faveur du droit du peuple palestinien à établir un État indépendant et pleinement souverain sur l’ensemble du territoire palestinien, avec Al-Qods pour capitale, soulignant que ce droit est inaliénable et ne s’éteindra pas avec le temps. Le peuple palestinien, par sa résistance héroïque, déjouera toute tentative visant à briser sa volonté ou à imposer des plans de déplacement.
Le Président de la République a ajouté que la légitimité internationale s’érode de jour en jour et sera remplacée par une nouvelle légitimité humanitaire, à mesure que les peuples du monde entier se soulèveront contre les crimes de l’entité sioniste occupante.
Les Accords d’Oslo ont été vendus par la communauté internationale et surtout les pays occidentaux, qui ne sont autres que les parrains d’Israël, comme la panacée pour régler le conflit israélo-palestinien et comme l’avènement de la paix, de la prospérité et la coexistence harmonieuse. Quand on voit le résultat catastrophique 32 ans plus tard, on constate que ces Accords étaient en réalité une escroquerie qui a conduit à l’asservissement du peuple palestinien et à son écrasement par le colonialisme criminel israélien.
Imed Bahri
Le génocide actuel à Gaza mais aussi les deux décennies de souffrance qui l’ont précédé dans le territoire palestinien le prouvent comme l’explique une analyse du quotidien londonien arabophone Al-Quds al-Arabi.
Depuis la signature des accords d’Oslo en 1993, les bases d’une politique de famine à Gaza ont été posées, avant qu’elle ne devienne un plan concret en 2007, lorsqu’Israël a fixé l’apport calorique minimal nécessaire pour subvenir aux besoins de la population de la bande de Gaza. Cette violence à long terme a atteint aujourd’hui son paroxysme meurtrier.
En 2012, l’organisation israélienne de défense des droits humains Gisha a obtenu une décision de justice obligeant le gouvernement israélien à publier des documents confirmant qu’il avait calculé les besoins caloriques de la population de Gaza dans le but de créer une crise alimentaire sans famine.
Maintenir Gaza au bord de l’effondrement
En 2021, soit deux ans avant la guerre génocidaire israélienne, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a constaté qu’environ 90% des enfants d’âge préscolaire de Gaza recevaient moins de 75% de leurs besoins alimentaires quotidiens.
Malgré l’accord de 2005 entre Israël et l’Autorité palestinienne visant à garantir la circulation des biens et des personnes entre Gaza et la Cisjordanie, cet accord est devenu un outil de renforcement des restrictions. Avant 2006, 400 camions entraient quotidiennement dans la bande de Gaza mais Israël a réduit ce nombre à 107. En 2007, seuls 67 camions étaient autorisés à y entrer quotidiennement.
Face à la pénurie de vivres, les Palestiniens ont dû creuser des tunnels pour faire passer clandestinement de la nourriture et des produits de première nécessité. Un câble diplomatique américain, fuité et publié par The Guardian, a révélé que les responsables israéliens affirmaient que leur objectif était de «maintenir l’économie de Gaza au bord de l’effondrement».
Les accords d’Oslo, qui semblait accorder l’autonomie aux Palestiniens, ont en réalité consolidé leur subordination forcée. Israël a conservé le contrôle total des frontières, de la sécurité et de la circulation des personnes et des biens, tandis que l’Autorité palestinienne s’est vu confier des fonctions limitées comme la santé et l’éducation. Comme l’a décrit le regretté universitaire américano-palestinien Edward Saïd, Oslo était «un instrument de capitulation palestinienne – un Versailles palestinien», l’écrivaine Salima Gul l’a récemment rappelé dans un article publié dans plusieurs médias progressistes américains.
Aujourd’hui, la famine a atteint un point que la manipulation des récits médiatiques ne peut plus occulter. Des images provenant de Gaza, comme celle de l’enfant Mohammed Zakaria affamé, ont choqué même certains médias occidentaux qui reproduisent depuis longtemps le récit israélien.
Cependant, les corrections ultérieures apportées à la couverture médiatique –sous la pression des groupes pro-israéliens– ont tenté de minimiser l’impact de ces images en remettant en question leur contexte.
Dans leurs analyses juridiques, des experts tels que Tom Dannenbaum et Alex de Waal affirment que la «famine due au siège» n’est pas seulement une violation humanitaire mais un crime de guerre de «torture communautaire» car elle compromet la capacité des populations à vivre ensemble et détruit les liens communautaires. De Waal souligne que le blocus de Gaza –le plus long de l’histoire moderne– pourrait être levé du jour au lendemain si Israël le décidait, démontrant ainsi qu’il s’agit d’une décision politique non inéluctable.
Retard de croissance et malnutrition chronique
Des études indiquent que les effets de la famine s’étendent sur plusieurs générations, même au niveau génétique, comme ce fut le cas lors du siège de Hama en 1982. À Gaza, où le blocus est en vigueur depuis près de deux décennies, les taux de retard de croissance et de malnutrition chronique ont atteint des niveaux alarmants depuis le début des années 2000.
La famine à Gaza n’est pas une politique aléatoire, c’est un outil pour punir et asservir une société entière, conformément à la logique de la «mort sociale» qui vise à démanteler le tissu humain et à transformer les gens en individus noyés dans le besoin, incapables d’espoir ou d’action.
De récents sondages israéliens ont montré que 79% des Juifs israéliens n’étaient pas perturbés par les informations faisant état de famine à Gaza, tandis que des foules se rassemblaient pour assister aux bombardements depuis les collines voisines, une scène qui témoigne de la brutalité des lieux et de la festivité de la violence.
L’écrivaine Salima Gul estime que ce qui se passe aujourd’hui à Gaza constitue la «version finale» des accords d’Oslo et que l’illusion d’une solution à deux États s’est évanouie avec la mort d’Oslo. Elle affirme que mettre fin au génocide et à la famine exige une décision américaine décisive mais Washington n’agira pas car cette politique sert sa position impérialiste tandis que les positions arabes et islamiques demeurent impuissantes ou complices.
Selon Gul, le message que la punition de Gaza envoie au monde est le suivant : Si vous luttez pour la liberté, vous serez affamés et anéantis, et personne ne viendra à votre secours mais malgré cela, certains Palestiniens persistent à résister et à survivre car les cris des affamés ne leur laissent pas d’autre choix.
Il est plus pro-israélien que les Israéliens eux-mêmes. Donald Trump a dit de lui: «Personne n’aime Israël plus que lui». Il s’agit de l’ultra-sioniste Mike Huckabee, ambassadeur des États-Unis en Israël. Il a été gouverneur de l’Arkansas, candidat à la primaire républicaine pour l’élection présidentielle américaine mais surtout et avant tout il est pasteur évangélique. Il s’inscrit dans la lignée du pasteur Billy Graham surnommé « Le pape des Évangéliques » qui avait fait du soutien à Israël et de l’influence politique les deux moteurs de cette Église devenue incontournable aux États-Unis.
Imed Bahri
Dans une enquête du New York Times (NYT) consacrée à Mike Huckabee, Elisabeth Bumiller indique qu’il est le premier pasteur évangélique à occuper le poste d’ambassadeur des États-Unis en Israël, une nomination qui a réjoui le gouvernement de Benjamin Netanyahu et les Évangéliques.
Au milieu de la condamnation internationale de la guerre de Gaza qui dure depuis près de deux ans et de l’indignation suscitée par la famine qui s’aggrave, les défenseurs d’Israël critiquent désormais le pays, à l’exception de Huckabee. Même après que son patron, Donald Trump, a contredit Netanyahu et confirmé l’existence d’une véritable famine à Gaza, Huckabee n’a pas fait de même.
«Il y a de la faim et de graves problèmes doivent être résolus», a déclaré Huckabee depuis sa résidence du centre de Jérusalem. Il a toutefois ajouté: «Ce n’est pas comme au Soudan, au Rwanda ou dans d’autres endroits où il y a eu une famine massive».
Le ministère de la Santé de Gaza a pourtant annoncé que des dizaines de personnes dont de nombreux enfants étaient mortes de malnutrition. On ignore combien d’autres souffrent d’autres maladies.
Huckabee a également défendu la très controversée Fondation humanitaire de Gaza, une organisation «humanitaire» dirigée par son vieil ami Johnnie Moore, un autre chrétien évangélique. Cette organisation, soutenue par Israël et largement gérée par des mercenaires américains, a été vivement critiquée pour les tirs des forces israéliennes à proximité de ses sites de distribution alimentaire. Pour Huckabee, «l’opération a été un immense succès».
Comme les Israéliens, il a reproché aux Nations Unies de ne pas avoir fourni davantage d’aide, tandis que l’Onu accuse les restrictions militaires israéliennes d’entraver sa capacité à opérer à Gaza.
Briefé par l’armée israélienne
Vendredi, sous haute sécurité, Huckabee a accompagné Steve Witkoff, l’envoyé spécial de Trump pour le Moyen-Orient, lors d’une visite sur un site de la Fondation humanitaire pour Gaza Gaza afin de «se faire une idée précise de la distribution alimentaire à Gaza», selon une publication sur les réseaux sociaux. Il a ajouté que Witkoff et lui avaient reçu un briefing de l’armée israélienne et ont parlé à des personnes sur le terrain sans les identifier.
«Où est le tollé contre le Hamas?», a demandé Huckabee. La semaine dernière, il a qualifié de «révoltante» la condamnation par plus d’une vingtaine de pays, dont des alliés des États-Unis, des livraisons d’aide au compte-gouttes d’Israël à Gaza. Et a minimisé le déclin du soutien à Israël parmi certains Evangéliques et les partisans de Trump comme la députée républicaine de Géorgie Majorie Taylor première républicaine à qualifier la situation à Gaza de génocide, affirmant qu’il ne s’agissait «pas d’une tendance à long terme». Pour lui, ces critiques sont conjoncturelles et non un changement de position à l’endroit de l’État hébreu.
Le premier voyage de Huckabee en Israël eut lieu avec un ami en 1973 alors qu’il avait 17 ans. Il se souvient qu’il y avait encore de vieilles voitures russes sur les routes ainsi que des moutons et des ânes à Jérusalem.
Ce voyage laissa une impression durable sur ce jeune homme originaire de Hope, en Arkansas. «C’était une expérience spirituelle pour moi et c’était comme se retrouver dans des lieux dont j’avais lu les récits toute ma vie dans la Bible», a-t-il déclaré dans une interview. Au cours du demi-siècle suivant, il s’engagea dans le service religieux et civique, fut gouverneur de l’Arkansas, se présenta deux fois à la présidence et effectua une centaine de voyages supplémentaires en Israël dont beaucoup comme guide pour des groupes chrétiens très actifs. «Nous marchions là où le Christ a marché», déclara Huckabee.
Aujourd’hui, sa nomination est une victoire pour les chrétiens évangéliques américains, un segment puissant de la base politique de Trump, qui croient depuis longtemps en Israël comme la terre promise aux Juifs par Dieu dans la Bible. Beaucoup considèrent également Israël comme le centre des prophéties bibliques, qui, selon eux, ouvriront la voie à la seconde venue du Christ.
Huckabee continue de s’occuper de ces groupes de visiteurs. Mi-juillet, il a adressé une lettre de colère au ministre israélien de l’Intérieur, se plaignant des retards bureaucratiques dans la délivrance de visas pour Israël aux groupes évangéliques américains. Ces groupes, selon Huckabee, «donnent de millions de dollars consacrés à la lutte contre l’antisémitisme et soutiennent concrètement les causes israéliennes». La situation a été résolue après que Huckabee a menacé d’appliquer un «traitement similaire» aux Israéliens demandant un visa pour les États-Unis.
Cependant, Huckabee est aussi un cadeau de l’administration Trump à Netanyahu qui subit une pression croissante pour mettre fin à la guerre à Gaza. Il y a deux semaines, il a assisté au procès pour corruption de Netanyahu et, dans une intervention inhabituelle qu’il a qualifiée d’acte d’amitié, il a accusé les juges qui présidaient le procès de partialité. Il a déclaré: «C’est sans précédent qu’en plein mandat, dans une période très difficile, vous passiez autant de temps à siéger dans un tribunal souvent devant des juges totalement iniques». Le mois dernier, Trump a publié sur les réseaux sociaux un appel à l’annulation immédiate du procès de Netanyahou.
Partisan de longue date des colonies en Cisjordanie
Huckabee, partisan de longue date des colonies juives en Cisjordanie, qui avait déclaré en 2008 que «les Palestiniens n’existent pas» a eu des contacts avec certains Palestiniens. Il a récemment rencontré Hussein al-Cheikh, le numéro deux de l’Autorité palestinienne. Il a appelé Israël à enquêter sur le meurtre d’un adolescent palestino-américain par des colons, qu’Huckabee a qualifié d’acte terroriste.
Mais il a fait preuve de prudence dans la transmission de ses messages. Dans un SMS adressé à Trump, publié par la Maison Blanche cinq jours avant la décision du président de bombarder les installations nucléaires iraniennes, il a écrit: «Dieu vous a sauvé à Butler, en Pennsylvanie, pour que vous soyez le président le plus influent du siècle, peut-être de tous les temps. De nombreuses voix s’adressent à vous, Monsieur, mais une seule compte: la sienne (la voix de Dieu)».
L’ambassadeur des Etats-Unis à Israël a récemment passé une heure au téléphone avec la mère d’un détenu israélien à Gaza. il a déclaré lui avoir parlé de son fils : «Je ne peux pas arranger les choses. J’aurais bien aimé bien le faire», ajoutant que le moins qu’il puisse faire était donc «d’écouter, juste écouter».
Deux mois après son arrivée à Jérusalem, Israël a lancé des frappes aériennes sur l’Iran et les deux pays se sont engagés dans une guerre de 12 jours. Huckabee, comme presque tout le monde en Israël, a passé des heures dans une pièce sécurisée et fortifiée. Il s’agissait de la petite buanderie de la résidence de l’ambassadeur, où il se retirait plusieurs fois par nuit avec sa femme, son équipe de sécurité et ses deux chiens. «J’étais comme un zombie», a-t-il déclaré.
En juin, Huckabee a déclaré à la BBC que l’établissement d’un État palestinien au Moyen-Orient relevait de la responsabilité des pays musulmans car ils ont une superficie 644 fois supérieure à celle d’Israël. Interrogé sur le lieu d’un État palestinien: «Je ne sais pas».
Huckabee n’a pas été directement impliqué dans les négociations intermittentes de cessez-le-feu à Gaza avec le Hamas, auxquelles participaient Steve Witkoff et Ron Dermer, le bras droit de Netanyahu. Il a indiqué interagir régulièrement avec le secrétaire d’État Marco Rubio qui était coprésident de sa campagne en Floride lors de sa campagne présidentielle de 2008.
Sa valeur unique en tant qu’ambassadeur, du moins aux yeux de ses partisans à Jérusalem et à Washington, réside dans sa relation étroite avec les dirigeants israéliens et ses liens de plusieurs décennies avec le pays. «Il amène des cars entiers d’Évangéliques en Israël deux fois par an», a déclaré Yehiel Leiter, l’ambassadeur d’Israël à Washington.
Malgré ses liens bien connus avec Israël, le pasteur Jack Sara, évangélique palestinien et président du Bethlehem Bible College en Cisjordanie occupée, a exprimé sa déception face au manque de contacts de Huckabee: «Nous ne sommes pas dans son radar. Nous nous sentons ignorés».
En mars, plus de 65 organisations de gauche, religieuses et de défense des droits humains, dont des groupes chrétiens, juifs et musulmans, ont exhorté le Sénat à rejeter la nomination de Huckabee comme ambassadeur en Israël. Ils ont fait valoir qu’il n’était pas qualifié pour ce poste en raison de ses «opinions extrémistes soutenant le génocide perpétré par le gouvernement israélien contre les Palestiniens et que sa nomination enhardirait les opposants à la paix et accentuerait les divisions, au lieu de favoriser le dialogue et une compréhension constructive». Ils n’ont pas été entendus.
La prophétie de la fin des temps
Il y a cinq ans, dans le documentaire ‘‘Until the Kingdom Comes’’, la réalisatrice israélienne Maya Zinstein explorait ce qu’elle appelait «l’alliance contre nature» entre les Évangéliques américains et les colons juifs religieux en Cisjordanie. En se concentrant sur une église du Kentucky, elle a montré comment les Évangéliques prodiguent argent et soutien politique aux colons, ce qui, selon elle, favorise leur prise de contrôle de la Cisjordanie.
En revanche, les Évangéliques se rapprochent de l’accomplissement d’une prophétie de la fin des temps: la seconde venue du Christ ne peut se produire sans le retour de tous les Juifs en Terre Sainte. La prophétie envisage ensuite sept années de guerre ou tribulation après lesquelles les Juifs devront accepter Jésus ou être condamnés à l’enfer.
Le film met en scène des Evangéliques et des Israéliens de droite qui, malgré leurs divergences de vues sur la fin des temps, entretiennent une relation fondée sur l’intérêt mutuel. Dans une interview, Zinstein a raconté sa perplexité lorsque des Évangéliques américains lui ont dit qu’ils l’aimaient, jusqu’à ce que l’un d’eux lui explique: «Tu es la clé. Sans toi, Jésus ne reviendra pas».
Tous les Evangéliques ne croient pas à cette prophétie et Huckabee n’a pas exprimé son opinion à ce sujet. Il a déclaré jouant les modestes: «J’en savais beaucoup sur la fin du monde à 18 ans. Mais plus je vieillis, moins j’en sais, car c’est un mystère pour Dieu».
Prenant sa mission très au sérieux, Huckabee affirme: «Ma vie en Israël est une opportunité pour servir mon pays et ma religion». Il a ajouté : «Je dis aux gens que chaque jour, au réveil, je consulte les tweets du président pour voir si j’ai été renvoyé de mon poste».