La traditionnelle «kharja» ou procession soufie a animé hier, dimanche 17 août 2025, les rues du village de Sidi Bou Saïd, village arabo-andalous surplombant la baie de Tunis, attirant fidèles, confréries et de nombreux visiteurs.
En début d’après-midi et en soirée, la procession a traversé le village bleu et blanc, partant du quartier de la zaouïa du saint patron, Abou Saïd El-Beji (1160-1231) avec des porte-étendards en tête et des chœurs entonnant des chants mystiques au rythme du bendir et des percussions.
Ce rite, propre à la tradition maraboutique tunisienne, comprend la récitation du dhikr et la bénédiction des rues et des places au passage de la procession, rejointe par les habitants et les touristes le long du parcours.
L’édition de cette année a comporté deux sorties, une le matin et une en fin d’après-midi, afin de permettre une plus large participation des fidèles et du public.
La «kharja» implique historiquement plusieurs «turuq» ou voies soufies, dont les Issawiya de l’Ariana voisine, réputée pour ses groupes musicaux et choraux. La présence et la contribution des confréries Issawiya sont attestées depuis des années par des chroniques et des articles de fond consacrés à la fête.
Le cycle de célébrations liées à la «kharja» se poursuivra dans les prochains jours avec des moments de prière et de chants à la zaouïa, confirmant la vitalité d’une tradition qui rythme la vie culturelle et spirituelle du village chaque mois d’août.
Cette année, la «kharja» a réaffirmé l’identité de Sidi Bou Saïd comme lieu de pratiques religieuses soufies et de rencontre pour les communautés locales et les visiteurs, avec une forte participation populaire et un regain d’intérêt médiatique. Les reportages soulignent une participation importante tout au long du parcours de la procession et l’ancrage profond du rite dans la culture religieuse tunisienne.
Le WWF Afrique du Nord prévoit d’élaborer deux notes d’orientation sur la révision des normes d’utilisation des engrais chimiques en agriculture et la réforme du système de subventions agricoles dans les pays de l’Afrique du Nord.
L’Ong a lancé un appel à propositions pour sélectionner un cabinet de conseil chargé de rédiger ces notes d’orientation, qui proposeront des pistes de réflexion ou d’action, avec pour objectif ultime de garantir une utilisation durable des ressources naturelles.
Cela inclut également la promotion des intrants biologiques et l’intégration de critères écologiques et sociaux dans le système d’attribution des subventions agricoles. «Ces deux instruments sont considérés comme structurants, car ils façonnent les choix techniques et économiques des producteurs agricoles, influencent la santé des écosystèmes et déterminent l’orientation des investissements publics», écrit le WWF, qui constate que la persistance des pratiques actuelles, les subventions indiscriminées, le recours massif aux intrants chimiques et l’absence d’objectifs environnementaux renforcent les pressions sur la biodiversité et fragilisent les engagements internationaux de la Tunisie, notamment dans le cadre du Cadre mondial de Kunming-Montréal pour la biodiversité.
Compte tenu de l’urgence de la transition, les notes d’orientation constituent un levier crucial de sensibilisation et de plaidoyer, notamment auprès des décideurs politiques, du Parlement, des ministères sectoriels (Agriculture, Finances, Environnement), des bailleurs de fonds et des partenaires techniques.
Ces documents doivent présenter une vision claire, argumentée et réalisable des réformes à entreprendre, fondée sur les travaux collectifs des ateliers nationaux, les résultats des consultations en ligne, les cadres réglementaires nationaux, les engagements internationaux et les meilleures pratiques issues d’expériences comparables.
Dans le cadre de son engagement en faveur de la biodiversité, le WWF Afrique du Nord a mis en œuvre le projet Biodev 2030, une approche expérimentale d’intégration de la biodiversité dans 15 pays pilotes aux contextes socio-économiques, environnementaux et géographiques diversifiés, dont la Tunisie.
Grâce à un processus axé sur un dialogue multipartite fondé sur la science, le projet vise à contribuer à la mise en œuvre de l’’Accord de Kunming-Montréal dans ces pays en favorisant l’adoption de pratiques de production conciliant biodiversité et développement.
Depuis le 15 août 2025, les réseaux sociaux regorgent d’informations faisant état du début des travaux de démolition de l’Hôtel du Lac à Tunis, icône de l’architecture «brutaliste» en Tunisie, conçu par l’architecte italien Raffaele Contigiani. À ce jour, cependant, aucune confirmation officielle n’a été apportée quant à la démolition de ce bâtiment appartenant au patrimoine architectural tunisien et international. En fait la polémique à ce sujet a éclaté en juin 2024 et elle ne s’est pas apaisée depuis.
Le propriétaire, la société Laico & Ledger Hotels, contrôlée par la Libyan Foreign Investment Company (Lafico), a nié toute projet de démolition en cours, invoquant des travaux internes préparatoires au réaménagement, sans toucher à la structure qui sera préservée. Plusieurs médias ont documenté la reprise des travaux et la mobilisation d’associations et d’architectes, exigeant des éclaircissements urgents de la part des autorités compétentes.
L’affaire a refait surface après une publication de l’architecte et professeure à l’Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme (Enau), Amira Belhaj Hlali, le 15 août, évoquant le début des travaux de démolition.
Des travaux de clôture et de construction sont actuellement visibles sur le site, mais aucun panneau n’en précise la nature, pourtant exigée par la réglementation.
Contacté par les médias, le propriétaire a nié toute intention de démolition et a réaffirmé que les travaux se dérouleraient à l’intérieur, respectant l’aspect extérieur.
Parallèlement, l’Association pour la sauvegarde de la médina de Tunis et l’architecte-députée Amel Meddeb ont annoncé des initiatives et des appels en faveur de la préservation du bâtiment.
Cette polémique intervient alors que la Commission nationale du patrimoine et le ministère des Affaires culturelles ont pris position en 2024 en faveur de la préservation du bâtiment, avec la possibilité d’un réaménagement sans altérer sa forme pyramidale inversée, et que plusieurs groupes de la société civile ont appelé à sa préservation et à sa reconversion. Cette récente nouvelle a ainsi rouvert un dossier considéré comme emblématique de la relation entre développement immobilier et protection du patrimoine moderne.
D’un point de vue architectural, l’Hôtel du Lac a été conçu par l’architecte italien Raffaele Contigiani et construit entre 1970 et 1973. Ce bâtiment de dix étages, doté d’escaliers en porte-à-faux formant un profil pyramidal inversé, repose sur 190 pieux en béton armé enfoncés à environ 60 mètres de profondeur et comptait 416 chambres. Il est souvent comparé au «sandcrawler» de la saga cinématographique ‘‘Star Wars’’, une similitude récurrente mais sujette à débat parmi les spécialistes. Concernant la propriété, après des années de fermeture et de délabrement, l’hôtel a été racheté en 2013 par la Laico. Au fil des ans, des projets de remplacement et de restauration ont été envisagés, la société civile se mobilisant à plusieurs reprises contre la démolition du bâtiment, avec beaucoup de succès jusque-là.
Un groupe de députés tunisiens a récemment présenté la proposition de loi n°097/2025, relative à l’organisation du travail scolaire selon le système de la séanceunique, a rapporté Mosaïque ce lundi 18 août 2025.
Ce projet de loi composé de 7 articles vise à alléger la charge quotidienne des élèves en proposant l’adoption d’un système de la séance unique dans les établissements publics, sur une période continue (matin ou après-midi) ne dépassant pas cinq heures par jour, sans interruption entre les deux périodes.
Le texte, qui prévoit des activités optionnelles complémentaires pouvant être intégrées en dehors de ce créneau, suggère une mise en œuvre progressive, d’abord dans les écoles primaires, puis les collèges, et enfin les lycées, en priorisant les zones rurales et les régions confrontées à des difficultés de transport.
Le temps hebdomadaire serait limité à 5 heures par jour pour le primaire, soit un maximum de 25 heures par semaine, et 30 heures par semaine sur 5 jours pour le secondaire.
Les députés à l’origine de la proposition sont Rim Saghir, Rachdi Rouissi, Asma Darwish, Yasser Qarari, Nejib Akrimi, Basma Hammami, Maha Amer, Zina Jeballah, Mustapha Boubakri, Mohamed Ben Hussein, Imed Awlad Jabril, Fakhreddine Fadhloun et Chafik Ezzedine Zaafouri. Ils ont expliqué que leur initiative s’inscrit dans le cadre de la réforme du temps scolaire, dans le but de réduire le décrochage scolaire, d’améliorer la qualité de vie dans les établissements et de permettre aux élèves de se concentrer davantage et de pratiquer des activités complémentaires. L’organisation proposée pourrait aider à optimiser la consommation d’énergie et les conditions de travail du personnel éducatif, estiment-ils aussi.
Ridha Zahrouni, président de l’Association tunisienne des parents et élèves, a rappelé qu’après le dialogue de 2011, les experts avaient reconnu que le temps scolaire actuel est épuisant pour les élèves, et qu’il est nécessaire de le réduire pour créer du temps social propice aux loisirs. Il a cependant averti que le passage au système de la séance unique proposé par les députés sans évaluer les moyens disponibles ni l’impact sur le programme et la répartition des heures par matière risquerait de créer un déséquilibre.
Selon lui, la priorité devrait être donnée à la mise en œuvre du Conseil supérieur de l’éducation et de l’enseignement, plutôt qu’à la multiplication des initiatives législatives qui pourraient transformer l’école tunisienne en laboratoire d’expériences non maîtrisées et aux résultats incertains.
Il fallait y penser car spectacle des ordures jonchant les trottoirs à tous les coins de rue est devenu insupportable pour les citoyens et les visiteurs : promulguer une loi qui sanctionne le jet d’ordures dans les lieux publics.
Un projet de loi en ce sens a été présenté, le 10 juillet 2025, par 17 députés. Il ne vise pas seulement à instituer des amendes à l’encontre des citoyens qui se rendent auteurs d’un tel délit. Il vise surtout à préserver l’environnement et à protéger la santé publique en interdisant le jet des ordures sous toutes leurs formes dans les espaces publics et à instaurer une citoyenneté soucieuse de la qualité de l’environnement, a déclaré l’un de ces députés, Youssef Toumi, lors de son intervention dans l’émission ‘‘Ahla Sbah’’ sur Mosaïque ce lundi 18 août 2025.
Ce projet de loi stipule l’interdiction du jet des ordures ménagères, industrielles, commerciales, agricoles et électroniques, qu’elles soient solides ou liquides, dans des endroits non-autorisés.
La loi prévoit trois types de sanctions : une amende allant de 100 à 300 DT pour le jet de mégots de cigarettes, de papiers mouchoirs ou de sacs en plastique. Les contrevenants seront aussi obligés de participer aux travaux de nettoyage de l’espace public pendant un à trois jours, selon l’appréciation de l’autorité locale
Pour les contraventions moyennes, comme le jet de gros sacs, de déchets domestiques devant les habitations, les boutiques et les magasins en dehors des horaires de travail, il est prévu une amende allant de 300 à 1000 dinars, en plus du paiement par le contrevenant des frais de la saisie administrative des débris et ordures en question. En cas de récidive, le dossier sera remis à la justice.
Pour les grosses contraventions, comme le jet de déchets médicaux, industriels et électriques et des débris de construction en grande quantité susceptibles de polluer les sources d’eau et les parcs publics, la loi prévoit une amende de 2000 à 5000 dinars et, en cas de récidive ou d’atteinte à la santé d’autrui, une peine de 6 mois de prison.
L’exacerbation de la crise en Europe et la marginalisation internationale de son premier partenaire économique ne manqueront pas d’avoir des retombées négatives sur une Tunisie qui connaît depuis une quinzaine d’années une conjoncture difficile et peine à se relancer.
Elyes Kasri *
Le sommet américano-russe du 16 août 2025 en Alaska a été accueilli par moultes gesticulations euro-otaniennes prétendument pour soutenir un président ukrainien ayant dépassé son mandat et qui est reconnu par de nombreux observateurs comme un pion de l’Otan doublé d’un despote et d’un corrompu de haut vol.
Les préparatifs de la réunion de Washington censée être bipartite Trump-Zelensky et les tentatives puériles d’incrustation de l’Europe pour y participer et tenir la main au satrape ukrainien en dépit de la réticence de la Maison Blanche, révèlent l’inadéquation de l’Europe avec le nouvel ordre mondial qui a du mal à surmonter la bipolarité russo-américaine de la guerre froide en dépit des prétentions d’autres puissances émergentes mais qui ne peuvent cacher leur statut encore secondaire dans le conflit russo-ukrainien qui a cumulé sur le terrain les attributs d’un conflit élargi à l’Otan, l’Europe et l’Asie.
Vanité et hypocrisie
Les déclarations du président français Macron et de la présidente de la commission européenne Von Der Leyen à la veille du sommet de Washington avec les dirigeants européens et ukrainien face au président américain montrent s’il le fallait encore une fois la vanité et l’hypocrisie de l’Europe dont les leaders ne cessent de crier sur les toits leur attachement inébranlable au respect du droit international et l’interdiction morale et légale de toute légitimation de l’acquisition de territoires par la force et autres professions de foi qui ne semblent pas s’appliquer à Israël en dépit des preuves accablantes du génocide palestinien et de son mépris flagrant du droit international et de toute morale humaine.
En plus de sa faillite morale, démasquée à Gaza avec ce que beaucoup considèrent comme une complicité dans un génocide confirmé par la Cour Internationale de Justice, l’Europe est désormais confrontée à sa marginalisation internationale et aux nombreux indices de son insignifiance géostratégique.
Exacerbation de la crise
Le problème que cela pose à la Tunisie, c’est qu’il s’agit d’un voisin proche (la capitale la plus proche de Tunis étant européenne en l’occurrence Rome) et son principal partenaire économique et destination migratoire qui en plus de sa marginalisation géostratégique s’enferre dans une logique belliciste qui dépasse ses moyens militaires et économiques.
Il est indéniable que l’exacerbation de la crise européenne ou pire une guerre européenne généralisée ne manqueront pas d’avoir des retombées négatives et même tragiques sur une Tunisie qui connaît depuis une quinzaine d’années une conjoncture difficile qui a considérablement exacerbé sa vulnérabilité à toute dégradation supplémentaire de son environnement international.
Le ministère du Commerce et du Développement des exportations a lancé, jeudi 14 août 2025, une campagne de contrôle des climatiseurs individuels sur tout le territoire tunisien. Des équipes mixtes, regroupant des agents du commerce, de la douane, de l’intérieur et de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) se rendent dans les divers circuits de distribution pour vérifier la conformité des appareils exposés aux conditions techniques exigées, interdire leur commercialisation et lutter contre le marché parallèle.
Elyes Kasri *
Il est à espérer que la campagne menée contre la contrebande des climatiseurs ira jusqu’au bout pour démanteler les nombreux réseaux qui commercialisent des produits soit importés illégalement à travers des circuits opaques qui n’offrent aucune garantie au client soit des climatiseurs carrément contrefaits avec en prime la prétention qu’il s’agit de modèles Inverter pour soutirer quelques centaines de dinars de plus à un consommateur livré à lui-même.
Outre les marchés connus de la contrebande dans la capitale et d’autres villes tunisiennes, il serait utile de passer en revue systématiquement les sites électroniques de vente de climatiseurs qui ont pour devise, dans leur écrasante majorité, l’arnaque et une absence totale de garantie et de service après-vente.
Avec le réchauffement climatique, le climatiseur tend à devenir un équipement électroménager indispensable pour les familles.
La multitude d’escrocs dans ce domaine expose le père de famille en Tunisie à la perte de précieuses économies pour se retrouver sans recours avec une ferraille inutile et sans valeur.
Un numéro vert devrait être mis à la disposition du public pour que des vérifications puissent être faites sur l’authenticité de certains prétendus revendeurs agréés ou des modèles en voie d’0être vendus à des consommateurs démunis d’informations et de bons conseils avant et après l’achat.
Alors que la saison de l’arnaque au climatiseur contrefait ou de contrebande touche à sa fin, un numéro vert consacré à ce produit avec un accès et un suivi suffisants seraient de nature à crédibiliser cette campagne et l’inscrire dans la durée dans l’intérêt de la bourse du consommateur et de la relation de confiance entre l’Etat et le citoyen.
Le taux de chômage des diplômés en Tunisie a atteint 23,5% au premier trimestre de 2025, selon l’Institut national de la statistique. Ce problème touche particulièrement les femmes, avec un taux de chômage de 30,7% contre 13,6% pour les hommes. Plusieurs facteurs expliquent cette situation, notamment le déséquilibre entre les formations proposées et les besoins du marché du travail, ainsi que des difficultés d’insertion professionnelle pour les jeunes diplômés. Le diagnostic ainsi fait, et depuis belle lurette, comment se fait-il que l’on n’arrive pas à trouver et à mettre en route les solutions requises pour que notre université produise le moins de «déchet» possible (qu’on nous excuse ce mot) et que le marché du travail trouve les compétences dont il a réellement besoin ?
Raouf Chatty *
L’année universitaire 2025-2026 approche à vive allure. Des dizaines de milliers d’étudiants s’apprêtent à entrer pour la première fois à l’université ou de regagner les bancs des écoles supérieures et des facultés.
Pour eux et pour leurs parents, une période d’angoisse commence, qui concerne les études à entreprendre, leur utilité réelle, la valeur des diplômes les sanctionnant et leurs perspectives sur le marché de l’emploi.
Cette inquiétude est en rapport direct avec les gros investissements en temps, en argent et en efforts que les étudiants (et, derrière eux, leurs parents) vont investir pour s’installer dans cette nouvelle vie universitaire, dont souvent ils ignoraient tout jusque-là.
L’épreuve décisive de l’orientation
A ce niveau, il est fondamental de voir le ministère de l’Enseignement supérieur et ses antennes à travers le pays agir et se faire utilement présent et visible pour rassurer les étudiants et leurs parents et les aider à faire face avec le moins de difficultés possibles à cette épreuve décisive pour leur avenir. La tutelle doit comprendre que son rôle ne s’arrête pas à l’orientation universitaire des bacheliers. Elle sait très bien que des milliers parmi ces derniers vont se retrouver dans des branches à très faible taux d’employabilité et risquent, au terme de leurs études, de renforcer les rangs des diplômés chômeurs.
C’est dans cette optique que le ministère de l’Enseignement supérieur doit percevoir sa mission et définir son rôle. Certes, la question est très douloureuse. Elle le sera beaucoup moins pour lui, pour ces étudiants, leurs parents et pour la communauté nationale, si le ministère affronte aujourd’hui les choses en face. Il est très bien placé pour connaître les possibilités en termes d’emploi de chaque branche. A l’aune de cette donne, il lui incombe de s’atteler à la tâche. Il pourrait désigner des aiguilleurs dans chaque établissement d’enseignement supérieur, en coordination avec l’administration, pour contacter les étudiants et les éclairer sur tous les enjeux, l’objectif étant de les responsabiliser et de ne pas les laisser trimer pendant des années pour se retrouver dans un marché de l’emploi où ils n’ont pas de place. En agissant de la sorte, le ministère ne se met pas en porte-à-faux par rapport à sa mission. Au contraire, il rend un service important à cette communauté de jeunes étudiants désemparés.
Des chômeurs de luxe
Les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle pourront ensemble aider les étudiants à se recycler parallèlement à leurs études supérieures dans des centres de formation qui pourront leur apprendre les métiers de demain (dans les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, etc.), des métiers à fort taux d’employabilité dont l’économie nationale et le marché de l’emploi à l’étranger ont besoin aujourd’hui et auront besoin demain dans le contexte de la révolution technologique en cours.
C’est certes une tâche difficile, mais utile, nécessaire et faisable. L’intérêt national l’exige, tant il est vrai que les entreprises tunisiennes ne cessent, depuis des années voire des décennies, de se plaindre du fait qu’elles ne trouvent pas sur le marché de l’emploi les profils professionnels dont elles ont concrètement besoin pour mener leurs activités. Ce constat a été fait depuis longtemps, pourquoi rien n’a été fait jusque-là pour combler ce fossé et faire en sorte que l’université cesse de produire des chômeurs de luxe?
Bizerte, ville portuaire de plus de 150 000 habitants, est confrontée à un problème récurrent de circulation automobile, accentué par le pont mobile qui se lève régulièrement pour permettre le passage des navires. À cela s’ajoute l’attractivité de la ville : ses nombreuses plages en font une destination très prisée durant l’été par les habitants de la région et les touristes nationaux, tandis que le festival de Bizerte attire chaque année une foule considérable. Cette combinaison de facteurs entraîne de fréquents embouteillages, perturbe la fluidité du trafic et impacte négativement le quotidien des résidents comme celui des visiteurs
Lotfi Sahli
Pour tenter d’apporter des solutions à ces problèmes de circulation, une séance de travail s’est tenue le 15 août 2025 au siège du gouvernorat de Bizerte, sous la présidence du gouverneur. La rencontre a réuni les différents acteurs concernés : des délégués, des représentants des municipalités, la police de la circulation, l’Association tunisienne de prévention routière ainsi que l’Observatoire national de la circulation.
À l’issue de la réunion, le représentant de l’Association tunisienne de prévention routière (ATPR), Abderrahmen Maknine, m’a informé des principales recommandations retenues lors de cette séance de travail.
Les principales recommandations formulées lors de la réunion sont les suivantes : la révision du plan directeur de circulation, l’aménagement de la place de la rue d’Algérie en parking provisoire par la municipalité de Bizerte, le renforcement de l’application des lois relatives à la circulation des motos et l’intégration de l’éducation routière dans le système éducatif. Il a également été proposé d’assurer un marquage au sol efficace en coordination avec la municipalité et la direction régionale de l’équipement, de remettre en place les signalisations manquantes ou retirées, de garantir le fonctionnement des feux tricolores pendant la nuit, et de décréter une limitation de vitesse à 30 km/h dans le centre-ville, à l’instar de ce qui est en vigueur à La Marsa et de plusieurs villes européennes.
En attendant l’exploitation du nouveau pont suspendu prévue dans deux ans, il serait judicieux de communiquer en temps réel avec les automobilistes via des panneaux électroniques, des applications mobiles ou les radios locales, afin qu’ils puissent anticiper leurs trajets.
Parallèlement, la création d’itinéraires alternatifs bien signalés, ainsi que l’amélioration et l’élargissement de certaines voies secondaires même au détriment de certains trottoirs, à l’instar de ce qui a été fait à Amsterdam ou dans certaines villes allemandes permettrait d’offrir davantage de places de stationnement et de fluidifier la circulation dans le centre-ville.
Par ailleurs, la promotion des transports en commun, du covoiturage et des modes de déplacement doux, comme le vélo ou la marche, permettrait de réduire significativement le nombre de véhicules en circulation. En combinant ces mesures à court, moyen et long terme, Bizerte pourrait atténuer les problèmes de congestion liés au pont mobile tout en améliorant la qualité de vie de ses habitants.
Si elle est bien faite et avec un appareil bien réglé, l’automesure de la tension artérielle est aujourd’hui indispensable pour aider le médecin à poser le bon diagnostic. Et c’est un médecin qui le dit, Dr Faouzi Addad, professeur en cardiologie, dans le poste Facebook qu’il a publié ce dimanche 17 août 2025 sur sa page Facebook, que nous reproduisons ci-dessous.
«Docteur, j’ai plus confiance à la mesure faite avec votre appareil au cabinet qu’avec mon appareil automatique à la maison !»
En réalité, les mesures tensionnelles réalisées à domicile reflètent beaucoup mieux le contrôle réel de votre tension que celles prises uniquement chez le médecin.
Elles permettent d’identifier l’hypertension «blouse blanche» (tension normale à domicile mais élevée au cabinet) et l’hypertension masquée (tension élevée à domicile mais normale au cabinet).
Toutes les études confirment aujourd’hui l’importance pour les patients hypertendus de disposer d’un appareil d’automesure à domicile — à condition qu’il soit validé, de préférence avec un brassard au bras (les appareils au poignet étant à éviter sauf en cas d’obésité), et que la technique de mesure soit correcte.
Attention : environ 15 % des appareils à domicile sont inexacts, d’où l’importance de vérifier la fiabilité de votre appareil auprès de votre médecin.
Les règles d’or de la bonne mesure: être assis au repos depuis 5 minutes; ne pas fumer, boire de café, ni faire d’effort physique dans les 30 minutes précédentes; réaliser 2 mesures le matin et 2 le soir, pendant 5 à 7 jours consécutifs par mois.
La cible à domicile : < 135/85 mmHg.
Noter vos valeurs dans un carnet ou une application et les présenter à votre médecin.
Il faut analyser une tendance sur la semaine plutôt qu’une valeur isolée.
Après environ 1000 mesures, l’appareil peut devenir moins fiable
En conclusion, l’automesure tensionnelle bien faite est aujourd’hui indispensable pour poser le bon diagnostic, éviter les erreurs de traitement et suivre efficacement l’évolution de votre hypertension et elle est donc complémentaire de la mesure au cabinet médical.
Je rêve qu’un jour la Cnam rembourse un appareil pour tous nos hypertendus, afin de réduire le nombre de médicaments prescrits et prévenir de nombreuses complications.
En France, un dispositif est déjà proposé : un appareil peut être prêté gratuitement via le médecin traitant par la Cnam, et nous attendons encore les résultats de cette stratégie.
L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est en train de mobiliser toutes ses forces et les syndicalistes sont conscient de la nature de la crise actuelle dont se sert le pouvoir pour tenter d’enfoncer un coin entre la base de l’organisation et sa direction.
C’est ce qu’a déclaré le secrétaire général adjoint et porte-parole de l’UGTT, Sami Tahri, lors de la réunion de la commission administrative de l’Union régionale du travail de Monastir, samedi 16 août 2025. «Ce n’est pas la première fois que l’organisation est prise pour cible par le pouvoir», a-t-il expliqué. «C’est une politique suivie par les différents gouvernements, à travers des tentatives d’infiltration, de polarisation ou de criminalisation», a-t-il poursuivi, par allusion aux attaques dont l’UGTT et ses dirigeants ont fait l’objet ces derniers jours de la part du président de la république Kaïs Saïed et de ses partisans ou des agitateurs qui se réclament de lui sur les réseaux sociaux.
Le problème n’a rien à voir avec des personnes ou une direction particulière. C’est le rôle national de l’UGTT dans la défense des droits économiques et sociaux et des libertés publiques et individuelles qui pose problème à certaines parties, a souligné Tahri, ajoutant que la centrale syndicale n’acceptera pas de se taire face à la flambée des prix, à la détérioration du pouvoir d’achat, à l’abandon du dialogue social.
La question de la fin de la mise à disposition d’agents publics au profit de l’UGTT a été soulevée en d’autres temps par différents gouvernements, a indiqué Tahri, en précisant que le détachement pour raison syndicale n’est ni un privilège ni un cadeau. C’est un droit qui a été arraché à l’issue de longs combats des syndicalistes, dans le cadre du dialogue social, comme étant une garantie pour l’exercice du droit syndical, selon les dires de Tahri.
La présente crise a levé le voile sur plusieurs réalités et montré l’implication de certaines parties dans les campagnes de dénigrement [contre l’UGTT], espérant ainsi se positionner en pariant sur la fin de l’organisation.
Le dirigeant syndical a averti que le pouvoir va continuer à réduire la marge de liberté dans un contexte de surendettement et de déficit extérieur, qui va conduire à des mesures douloureuses pour le peuple, comme la levée de la compensation, la privatisation des entreprises publiques, en application des injonctions des cercles financiers internationaux, a-t-il soutenu.
En réponse aux campagnes de dénigrement et d’accusation de corruption lancées contre les dirigeants de l’UGTT, Tahri a indiqué que l’organisation syndicale n’est pas responsable de la hausse des prix, de l’incapacité de l’Etat à contrôler les réseaux de distribution et à approvisionner le marché avec des médicaments de base, de la persistance de l’emploi précaire et de l’aggravation de la migration des compétences, ajoutant qu’imputer à l’UGTT la responsabilité de toutes ces défaillances participe d’un complot visant à remonter l’opinion public contre l’organisation syndicale.
L’UGTT n’a jamais appelé à la confrontation, mais elle n’épargnera aucun effort pour sauver la Tunisie et défendre les droits de son peuple et ses acquis sociaux, économiques et syndicaux, a martelé Tahri. «La crise se terminera tôt ou tard, des leçons seront tirées pour l’avenir et la Tunisie triomphera au final grâce aux sacrifices de ses enfants», a-t-il conclu, selon les propos rapportés par le site Echaâb News, organe de l’UGTT.
Autant le nouveau régime syrien dirigé par Ahmed Al-Charaa est soutenu à l’international, aussi bien par les pays du Moyen-Orient que ceux de l’Occident, autant sur le plan intérieur il est contesté et sa légitimité discutée, peinant à asseoir son pouvoir sur l’intégralité du territoire, alors que sa relation exécrable avec les minorités ethniques soulève les interrogations sur la pérennité de la Syrie en tant qu’État unifié. Le doute est permis. (Ph. Les Druzes syriens font leur révolution à Soueida).
Imed Bahri
Dans les colonnes de Haaretz, l’éditorialiste Zvi Bar’el a brossé un tableau de la situation prévalant dans ce pays du Levant et s’est penché sur le défi de l’unité territoriale de plus en plus menacée à cause des conflits confessionnelles.
Huit mois se sont écoulés depuis que les forces d’Ahmad Al-Charaa ont renversé le régime de Bachar Al-Assad et la Syrie peine toujours à se relever. En effet, à Damas, le nouveau chef dirige un gouvernement et d’importantes sommes d’argent commencent à affluer dans les caisses de l’État, notamment en provenance d’Arabie saoudite, du Qatar et de Turquie. En mars, une constitution provisoire a été rédigée, le président s’est rendu dans de nombreux pays, les États-Unis ont levé la plupart de leurs sanctions économiques et Trump a annulé la prime mise sur la tête d’Al-Charaa, considéré jusqu’à lors comme un terroriste notoire. Même le cadre initial d’une armée nationale commence à prendre forme.
Cependant, le régime ne contrôle que 60 à 70% du territoire du pays, des dizaines de milices armées n’ont pas encore rejoint l’armée, les frontières du pays attendent une démarcation définitive et convenue et des forces étrangères sont toujours présentes dans le pays, que ce soit en tant qu’occupants comme la Turquie et Israël ou en tant qu’«invités» comme les États-Unis et la Russie. Trois importantes minorités –les Kurdes, les Druzes et les Alaouites– menacent de déchirer le pays en cantons autonomes. De plus, le régime doit lutter contre les gangs et les milices, comme les unités de l’Etat islamique (EI), dont les activités se sont récemment intensifiées.
La Syrie ressemble donc aujourd’hui à un entrepôt de pièces détachées qui aurait pu former un État mais dont les plans d’assemblage ont été perdues en cours de route. Le problème est qu’il n’existe toujours pas de dirigeant alternatif à Al-Charaa, et ses partisans, les dirigeants des pays arabes et occidentaux, doivent continuer à consolider l’échafaudage sur lequel repose son pouvoir et espérer qu’il mènera à bien cette tâche.
L’effort principal consiste désormais à s’attaquer aux forces centrifuges à l’œuvre au sein de l’État. Après le massacre de membres de la minorité alaouite en mars, qui a fait entre 1 500 et 1 700 morts, le régime semble avoir réussi à pacifier le gouvernorat de Lattaquié, où sont concentrés la plupart des Alaouites et des groupes considérés comme des «résidus du régime Assad». Cependant, les événements de Soueida ont éclaté plus tard et leurs effets ont dépassé le contexte géographique. Le cessez-le-feu, entré en vigueur après les affrontements meurtriers –qui ont également fait environ 1 500 morts selon le Centre de surveillance des droits de l’homme en Syrie, basé à Londres– n’a pas réussi à mettre un terme définitif aux combats.
Soueida est soumise à un siège serré, imposé par les Druzes, tandis que le régime lui-même affirme que les forces locales, en particulier les gangs et les tribus, empêchent les convois d’aide d’atteindre la ville.
Selon les estimations de l’Onu, environ 200 000 personnes ont fui Soueida pour se réfugier dans les villes voisines comme Deraa, d’autres villes proches, voire Damas. Des militants d’organisations humanitaires locales et internationales affirment que sur les routes reliant Damas à Soueida, les forces locales contrôlent les checkpoints. Tantôt elles laissent passer les marchandises, tantôt elles les bloquent, selon leur bon vouloir. Les mafias locales sont paralysées, le carburant arrive au compte-gouttes, les infrastructures d’eau et d’électricité sont détruites, les rayons des hôpitaux et des cliniques sont vides de médicaments et la ville est au bord de la faillite.
Selon l’accord de cessez-le-feu, les forces du régime assureront le passage des marchandises et la sécurité le long des principaux axes routiers.
De leur côté, les forces armées druzes, théoriquement sous la protection du régime, sont responsables de la sécurité dans la ville même. Cependant, même au sein de l’establishment politique, militaire et religieux druze, de profondes divisions persistent. Ces divisions ont empêché toute négociation et encore moins tout accord sur un plan d’action mutuellement acceptable.
Jusqu’à la semaine dernière, il semblait que le régime pouvait compter sur le soutien de deux des trois chefs spirituels de la communauté, Cheikh Youssef al-Jarbou et Cheikh Hamoud al-Hinawi, qui ont exprimé leur soutien à l’unité syrienne et aux négociations avec le régime concernant le statut et les droits des Druzes. Cette position contraste avec celle de Cheikh Hikmat al-Hijri qui a sollicité l’aide des forces internationales dont Israël (bien qu’il le considérait auparavant comme un ennemi) et qui considère le régime d’Al-Charaa comme un ennemi déterminé à détruire la communauté.
Cependant, à la fin de la semaine, il est apparu que les deux autres dirigeants avaient rejoint la position d’Al-Hijri. Al-Hinawi a tenu des propos inédits contre les tribus bédouines, les qualifiant d’«émanation du régime» qui avait sapé la confiance des Druzes, les avait poignardés dans le dos et «mis l’épée au-dessus du cou des innocents».
Le tournant semble s’être produit à la suite d’une réunion tenue vendredi dernier dans la ville kurde de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie. Organisée par l’Administration autonome kurde, cette réunion a réuni environ 400 délégués représentant les communautés druze, kurde, alaouite et chrétienne. Cheikh al-Hijri a prononcé un discours. Les participants ont exigé des amendements de la constitution intérimaire afin de garantir les droits et le bien-être des minorités. Cependant, l’objectif principal de la réunion, comme indiqué dans la déclaration générale, était de revendiquer la mise en place d’un système décentralisé au sein de l’État, un concept qui implique l’instauration d’une autonomie confessionnelle légale. Il n’est pas tout à fait clair comment ces gouvernements autonomes seraient subordonnés au régime de Damas.
Le régime considère cette réunion comme un affront à l’accord, notamment avec les Kurdes, alors que les parties prévoyaient d’organiser une nouvelle série de négociations cette semaine à Paris sous l’égide de la France et des États-Unis. En réaction, le régime est revenu sur son intention de participer aux pourparlers, qui sont désormais au point mort, tout comme les négociations sur le statut de la minorité kurde dans le pays. Parallèlement, des informations non confirmées font état de préparatifs de l’armée syrienne en vue d’une confrontation avec les forces kurdes.
Au lieu de cette réunion, un sommet tripartite devant se tenir en Jordanie, avec la participation du ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Sheibani, de l’envoyé spécial américain Tom Parker, et du ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman al-Safadi, afin de discuter des «moyens de reconstruire la Syrie». Cette réunion n’a pas pour objectif de trouver des solutions aux problèmes kurdes ou druzes.
La coopération entre Druzes et Kurdes élargit l’arène du conflit entre le régime et les principales minorités armées et renforce l’urgence de définir l’État syrien. S’agira-t-il d’un État unifié, comme le souhaitent les États-Unis et la Turquie, ou d’un État divisé (le régime accuse Israël d’avoir cette intention et cette ambition)?
En réalité, les États-Unis exercent une pression intense sur les Kurdes pour qu’ils parviennent à un accord avec le régime, sans pour l’instant obtenir de résultats probants. La Turquie manque d’influence sur les Druzes. Concernant les Kurdes, elle tente d’exploiter le processus de réconciliation entamé avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour persuader les Kurdes de Syrie de déposer les armes et de rejoindre l’armée syrienne. Comme les États-Unis, Ankara se trouve dans une impasse. Israël est considéré comme le facteur susceptible d’influencer les Druzes et, à cette fin, Al-Charaa a tenté de convaincre la Russie de permettre aux Druzes de rejoindre le régime et de les encourager à le soutenir. Cette question a même été évoquée lors de l’entretien entre Poutine et Netanyahu à la fin du mois dernier. Lors de cet entretien, le président russe, dans un langage presque menaçant, a souligné la nécessité de «préserver l’unité de la Syrie» face au soutien d’Israël à la minorité druze.
Israël a entendu mais est resté impassible. Parallèlement, la Russie renforce ses liens avec les forces kurdes du nord de la Syrie, transférant du matériel et des avions de sa base de Hmeimim à l’aéroport de la région kurde de Qamichli. Elle a également consolidé ses liens étroits avec les dirigeants de la minorité alaouite du gouvernorat de Lattaquié. Si Moscou semble avoir été écarté du processus décisionnel en Syrie après la chute du régime d’Assad, la rencontre du ministre syrien des Affaires étrangères avec Poutine et avec le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov le mois dernier, pour la première fois depuis la chute du régime d’Assad, témoigne de la volonté russe d’être un protagoniste sur la scène syrienne en utilisant ses outils d’influence et ses relations avec les Kurdes et les Alaouites. Tout cela se produit alors que la Russie accueille Bachar Al-Assad et sa famille, ainsi que des milliers d’officiers syriens réfugiés à Moscou après l’effondrement du régime.
Il semble qu’Al-Charaa se retrouve actuellement l’otage d’un ensemble de pressions et d’influences exercées par divers pays en compétition en Syrie, réduisant ainsi sa marge de manœuvre. Le pays est devenu un terrain de jeu facile pour tous les protagonistes de cette compétition, à l’exception du gouvernement syrien et de ses citoyens.
D’un point de vue statistique, la France est le pays occidental où on a tué le plus de Maghrébins et la tendance persiste. Au quotidien, le racisme suprémaciste blanc et néocolonial se traduit par «la négation» de l’existence même des non-blancs, dont les Arabes, pas assez blancs, font partie. Ce sont des stratégies d’effacement social qui, poussées à l’extrême, peuvent aller jusqu’à l’élimination physique.
Mahmoud Gabsi *
Le 31 mai 2025, un coiffeur tunisien de 46 ans, a été tué de cinq balles dans un attentat raciste à Puget-sur-Argens, dans le Var, au sud-est de la France, et un autre homme a été blessé. Fait inédit, le Parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi de l’affaire et une enquête préliminaire pour «assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, commis en raison de la race ou la religion», a été ouverte.
Dans plusieurs vidéos tournées avant et après son passage à l’acte, postées sur Facebook et révélées par ‘‘Libération’’ et ‘‘Le Monde’’, l’auteur présumé, Christophe Belgembe, 53 ans, revendique effectivement son geste au nom d’une idéologie d’extrême droite, affiche une volonté de médiatisation et appelle à la violence. Il y fait également référence à des leaders d’extrême droite raciste comme Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen et Jordan Bardella, avant d’enjoindre à son auditoire : «Votez bien la prochaine fois.»
Des chiffres alarmants : en 2024, la police et la gendarmerie françaises ont enregistré 9 400 crimes et délits «à caractère raciste», soit une hausse annuelle de 11 %, nettement moins importante que celle observée en 2023 (+ 30 %). À ces crimes et délits enregistrés, s’ajoutent près de 7 000 contraventions pour les mêmes motifs, en augmentation de 6 % par rapport à 2023.
Toujours d’après le ministère de l’Intérieur français, moins de 3 % des personnes victimes d’atteintes «à caractère raciste» réalisent une démarche auprès des services de sécurité. Un peu plus de 1 million de personnes de 18 ans et plus vivant en France métropolitaine déclarent avoir été victimes d’au moins une atteinte «à caractère raciste» en 2022.
Violence diffuse qui s’enracine dans le passé
Cette violence diffuse ne vient pas ex-nihilo. La France coloniale tuait les militants nationalistes. ‘‘Ici on noie les Algériens : 17 octobre 1961’’ est un documentaire français réalisé par Yasmina Adi, sorti en 2011, évoque cette page sombre de l’histoire française. Suite à une manifestation pacifique d’Algériens pro FLN et sous les ordres du préfet de police Maurice Papon, les forces de l’ordre ont tiré sur les manifestants faisant, selon les chiffres avancés à l’époque, entre 80 et 200 morts.
Mais l’événement le plus significatif de la politique néocoloniale s’est déroulé en 1973, révélant un conflit ethnique et religieux qui ne disait pas son nom. Une tuerie de masse a eu lieu pendant l’été et l’automne lors d’une vague de meurtres et de violences racistes envers des immigrés maghrébins. Ils ont été perpétrés principalement dans la région marseillaise. Une cinquantaine d’Algériens ont été assassinés, dont 17 dans Marseille. Le journal ‘‘L’humanité’’ a parlé du racisme qui tue en série.
Les crimes et les agressions racistes étaient alors commis dans un contexte de tensions et sur fond de grande rancœur héritée de la guerre d’Algérie. Ils ont presque tous été classés sans suite après des enquêtes bâclées. L’Organisation de l’armée secrète (OAS), organisation terroriste clandestine française d’extrême droite, et des éléments de la police seraient les auteurs de ces massacres. La sociologue Rachida Brahim en a parlé dans son ouvrage ‘‘La race tue deux fois. Une histoire des crimes racistes en France’’ (1970-2000).
Il existe une loi du silence (la fameuse omerta de la mafia) autour de l’assassinat des Arabes. Le sociologue se doit de l’aborder : la ratonnade, la chasse à l’homme, la noyade dans les rivières, la traque nocturne en voiture, le tir à la carabine à partir du balcon et les tirs aveugles sur les terrasses de café sont les méthodes les plus utilisées.
De nombreux Maghrébins ont été ainsi assassinés. Le Maghreb entier en est concerné, car quelle famille maghrébine n’a pas un de ses membres en France ?
Le village de Puget-sur-Argens dans le Var où le Tunisien Hichem Miraoui a été assassiné compte une population de 9500 habitants. Les résultats lors des dernières élections y étaient conformes à la tendance nationale. Le vote d’extrême droite a été très fort au second tour de l’élection présidentielle de 2002. Depuis 2014, dans toutes les élections, le village a voté pour l’extrême droite nationaliste, identitaire, réactionnaire et raciste, que ce soit aux scrutins départementaux, régionaux, législatifs, européens ou présidentiels.
L’extrême droite domine la région Paca : le département du Var et des Alpes maritimes en sont des fiefs historiques. Contrairement au sud-ouest qui a une longue tradition de vote à gauche, le sud-est a toujours été à droite. Nice et Toulon sont les fers de lance de l’extrême droite xénophobe dans la région.
Toulon a été l’une des premières villes qui a élu un maire issu du Front national de Jean-Marie Le Pen en 1995. A cette période, Marignane, Orange et Vitrolles ont aussi basculé. Les quatre villes sont toutes situées au sud du pays.
Racisme d’atmosphère dans le sud-est
La Provence-Alpes-Côte d’Azur compte 5 081 101 habitants en 2019. 10% de la région Paca sont étrangers. Ils sont 560 000. 50 % d’entre eux sont Africains, un tiers Européens (notamment Italiens, Espagnols et Portugais). On est très loin de l’idéologie de l’invasion et du grand remplacement qui sont relayés par l’influenceur Eric Zemmour.
Le sud du pays est la région où les rapatriés français chrétiens du Maghreb dits «pieds noirs» sont nombreux. On y trouve aussi des Maghrébins juifs qui ont quitté l’Afrique du Nord avant, pendant et après les indépendances. Dans son ensemble, la population des régions méridionales compte un grand nombre d’immigrés des deux rives de la Méditerranée.
«En 1999, 7,7 % des habitants de Puget-sur-Argens étaient étrangers. Parmi cette population étrangère permanente, 2,1 % étaient originaires de Tunisie, 1,5 % d’Italie, 1,4 % d’Algérie, 0,8 % du Maroc et 0,5 % d’Espagne et du Portugal.» (Insee). Ainsi, les Tunisiens représentent la première communauté étrangère du village où le crime raciste de mai eut lieu.
Nice et Toulon sont dans la moyenne nationale qui tourne autour de 10 %. Ces deux villes comptent une forte population tunisienne. Nice compte 10 300 tunisiens. A Toulon ils sont 3 486. Dans ces deux villes, les Tunisiens représentent là encore la première communauté étrangère.
Un million de Tunisiens vivent en France, ce qui fait qu’un Français sur 60 est Tunisien. C’est peu, mais ce n’est pas rien non plus. Sur 68 millions de Français, 10% sont musulmans.
Réactions de la société civile et des autorités
La sœur de Hichem Miraoui a réclamé justice pour son frère, en racontant à l’AFP qu’il parlait à sa famille au téléphone au moment où il a été criblé de cinq balles.
Le 8 juin, plus de 2000 personnes ont participé aux deux marches blanches organisées à Marseille, puis à Puget-sur-Argens.
Plusieurs associations et syndicats ont appelé à se joindre à la marche à Marseille où des députés de la France insoumise (LFI), Manuel Bompard et Sébastien Delogu, ont été présents.
Par ailleurs, la famille de la victime a été reçue par le préfet du Var.
Les déclarations politiques se sont succédées : Jean-Luc Mélenchon : «un meurtre raciste infâme». L’avocat de la famille du Tunisien, citée par ‘‘La Croix’’, a expliqué : «Nous mènerons le combat jusqu’au bout pour que toutes les responsabilités soient tirées, jusqu’au plus haut sommet de l’État, parce que ce racisme d’atmosphère, ce qui a visé Hichem, c’est un racisme, c’est une islamophobie, c’est une xénophobie».
Les crimes de voisinage de l’ultra-droite
Cet acte de violence politique a démontré une réalité : le racisme idéologique des voisins tue. La victime était un citoyen ordinaire qui faisait l’unanimité dans son village. Il était inconnu des services de police. Suite aux problèmes répétés de voisinage, le gérant du salon de coiffure qui l’employait envisageait de déménager.
D’après ‘‘Philosophie magasine’’, le meurtre raciste du Tunisien révèle l’émergence d’un terrorisme de proximité qui n’est plus réservé au djihadisme. Par ailleurs, ce crime n’est pas un acte isolé. Selon ‘‘Le Monde’’, le 1er juin s’est ouvert le procès de membres du groupe d’ultra-droite AFO («Actions des forces opérationnelles») qui préparait des attentats racistes, le meurtre du coiffeur tunisien illustre aussi le rapport en miroir qu’entretiennent le djihadisme et le populisme d’extrême droite.
«Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a déjoué depuis 2017 des projets d’attentats. Il s’agit en revanche du premier assassinat – en lien avec cette idéologie à être traité comme un attentat terroriste par la justice(…) Le PNAT relève qu’il avait diffusé avant sa virée meurtrière une vidéo sur Facebook dans laquelle il lançait : «Français (…) réveillez-vous, allez les chercher là où ils sont», et annonçait son intention de dire «stop aux islamiques» et de faire «un petit carton déjà rien qu’en sortant de chez lui».
Le jour de l’attaque, l’assassin a ouvert le feu à plusieurs reprises depuis son pick-up, tuant Hichem Miraoui. Puis il s’est dirigé vers le domicile d’Akif B., avant d’y tirer de nouveau. Grièvement blessé à la main, Akif B s’est enfui, poursuivi par le suspect.
La nouveauté réside dans le fait que le meurtrier connaissait son voisin qui ne lui a pas fait de mal. Il a froidement préparé son acte et il l’a reconnu lors de son arrestation par les agents de l’ordre.
Hichem est une victime de l’histoire, de la géographie et des idéologies de la haine banalisée. En émigrant, il pensait améliorer sa condition sociale, mais il a subi le pire des sorts. Il a été foudroyé par une mort injuste qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Pour son entourage, le choc est immense, car en Tunisie le lien avec le voisin est primordial et les voisins sont solidaires. Il existe toute une mythologie qui sacralise le voisin.
Ce drame démontre deux tendances :
1 – Ce sont les gens du peuple qui s’entretuent sans justification et il est inacceptable qu’ils tombent dans le piège des idéologues. La victime perd la vie et le coupable se retrouve entre quatre murs pour longtemps. Or ils devaient vivre dans la paix et la fraternité, mais la haine raciste est aveugle, sourde et muette.
2 – Les vrais coupables sont les chroniqueurs et les faux intellectuels qui propagent les idées violentes. Protégés, ils bénéficient des honneurs politiques et médiatiques. Les théoriciens du grand remplacement et du conflit de civilisations vivent dans l’opulence et reçoivent les honneurs dans les médias et parfois dans les salons de la République.
Parmi les centaines de prédicateurs de la haine, on compte un grand nombre de sionistes extrémistes ainsi que des influenceurs proches de l’extrême droite. Les médias de masse leur sont ouverts 24 heures sur 24 heures.
D’un point de vue statistique, la France est le pays occidental où on a tué le plus de Maghrébins et la tendance persiste.
Au quotidien, le racisme suprémaciste blanc et néocolonial se traduit par «la négation» de l’existence même des non blancs. Les Arabes en font partie. Ce sont des stratégies d’effacement social qui, poussées à l’extrême, peuvent aller jusqu’à l’élimination physique.
Les violences racistes sont intermittentes, mais c’est leur constance qui doit inquiéter. Faire de sorte que l’Arabe ne se sente jamais chez lui, tel est le projet. Nul répit n’est accordé à l’étranger non blanc minoritaire et il importe de le maintenir sous la pression menaçante de la majorité blanche judéo-chrétienne.
Cette logique a sa propagande qui use d’une sémantique spécifique. Le discours ayant toujours précédé l’acte, les termes sont bien choisis et constamment modifiés. Le langage populaire a toujours inventé des dénominations péjoratives : sale arabe, bougnoule, bicot, melon… Les médias et les intellectuels de salon ont d’autres qualificatifs, toutes aussi hostiles qu’ambigües : minorités visibles, gens de couleur, individus typés, exotiques, gens du Sud, populations des quartiers, la France des banlieues, la France périphérique, les quartiers difficiles, les zones sensibles…
Et depuis peu, le conflit entre les bien-pensants et les exclus de tous bords s’accentuant, on parle ouvertement de territoires perdus de la république, de zones de non droit, d’une France en sécession ou en sédition, de cités interdites…
Dans le fond, il s’agit de toute une logorrhée bien française qui est conçue pour ne pas voir la réalité. Il ne faut surtout pas appeler les choses par leur nom. Or les banlieues sont les territoires de l’exclusion et de l’injustice. Un tiers des Français y vit et les étrangers y sont minoritaires. Construites pour être inaccessibles, sans emplois et sans loisirs, c’est le lieu où tous les démunis se retrouvent, indépendamment de leur couleur et de leur religion.
Selon Euronews, un rapport de la fondation Bertelsmann montre que dans cinq pays, environ un cinquième des personnes interrogées ne veulent pas vivre en voisinage avec des musulmans. A la question «souhaiteriez-vous ces groupes de personnes comme voisins ou cela n’a-t-il pas d’importance pour vous», un peu moins de 20% des personnes interrogées en Allemagne, Autriche, Suisse, France et Royaume-Uni répondent non au groupe des musulmans.
Médiapart, un média indépendant, évoque des mécanismes d’«invisibilisation» toujours à l’œuvre aujourd’hui.
Très attendu, le classement international Shanghai ranking des top 1000 universités au monde a été dévoilé le 15 août 2025. Ne cherchez pas la Tunisie, elle est disqualifiée, recalée, pas citée, même pas dans les remerciements… La Tunisie n’y est pas, absolument aucune université tunisienne ne figure dans le tableau d’excellence. Zéro ! Une disqualification qui ne dérange pas l’establishment et personne n’en parle. C’est gravissime, c’est pathétique et voilà pourquoi !
Moktar Lamari *
L’agence Tap, les médias de Tunis et autres agences liées aux affaires universitaires en Tunisie ont fait un black-out total, ils s’intéressent plutôt aux classements de la Fifa, pour les équipes de football ou encore du nombre de billets vendus pour les spectacles de Nabiha Karaouli ou Cheb Mami.
Face à la débâcle des performances universitaires tunisiennes, le gouvernement ne pipe pas mot, ne communique pas et il ne s’inquiète pas, alors que les parents et les nouveaux bacheliers veulent choisir leur établissement universitaire et orientation disciplinaire. La rentrée est dans quatre semaines.
Pendant des heures et des heures, nos médias commentent tous les jours les classements des équipes de football, le recul ou l’avancement de Ons Jabeur avec les classements internationaux, avec intérêt et fort audimat, mais quand il est question de classements des universités et universitaires tunisiens, silence radio.
Indicateur d’un décrochage systémique
Ici se confirment le sous-développement et la pauvreté intellectuelle d’une large frange des élites et institutions universitaires. Et pour cause : zéro université tunisienne dans ce palmarès de l’excellence de la recherche et de l’innovation.
Dans d’autres pays, on aurait demandé la démission du ministre en charge de la gouvernance des universités et de la recherche scientifique. Mais pas en Tunisie, c’est plutôt «normal», une normalité toute relative et distinctive de cette déchéance de la recherche, 15 ans après la Révolte du Jasmin.
Bourguiba a mis en place un système universitaire d’élite et d’avant-garde, rien à voir avec ceux de l’Algérie, du Maroc ou du reste des pays africains. Il a tenu à ce que des universitaires internationaux viennent enrichir et fertiliser la recherche scientifique en Tunisie. Il a mis les moyens, motivé et ciblé le mérite et l’excellence dans le recrutement et l’avancement.
Mais, aujourd’hui, c’est comme si un tremblement de terre a secoué le système universitaire tunisien et les valeurs liées. On ironise au sujet des universités tunisiennes depuis qu’un doctorant en physique à l’Université de Sfax a «démontré» que la terre est plate et pas ronde, sous plusieurs directions de professeurs islamistes en 2014.
On ne s’inquiète pas de la médiocrité et on ne met pas en question la valeur des formations et les compétences des élites, dont les diplômes sont estampés par les universités tunisiennes (s’ils ne sont pas bidouillés), toutes disciplines confondues, et générations comprises.
Pour se démarquer, quelques centaines de Tunisiens diplômés des grandes écoles de France, regardent d’en haut et avec un brin de supériorité leurs homologues diplômés en Tunisie. Ces diplômés dans les dit-on grandes écoles françaises ne sont pas mieux lotis dans ce dernier classement de Shanghai 2025.
Seulement 3 grandes écoles françaises sur une trentaine au total figurent dans le top des 1000 meilleures universités au monde, c’est dire que ces grandes écoles ne valent pas grand-chose comparées à leurs homologues américaines, canadiennes, allemandes, anglaises ou chinoises. Malgré leurs moyens et propagandes liés, ces écoles et ces membres de l’Association des Tunisiens des grandes écoles (Atuge) françaises ne s’en sortent pas glorieux, et l’arbre se reconnaît à ses fruits.
Les trois grandes écoles françaises qui figurent dans ce palmarès sont l’Institut Polytechnique (entre les 200e et 300e), l’École normale supérieure de Lyon ou l’INSAE de Toulouse (600e-700e), aucune autre «grande école française» ne figure dans le palmarès.
La France avec 65 millions d’habitants arrive à mettre seulement 27 de ses institutions universitaires dans ce palmarès, et souvent dans la queue du peloton. Le Canada, avec 38 millions d’habitants fait mieux, avec 28 universités largement mieux placées que leurs homologues françaises. L’Italie arrive avec 47 universités dans le top 1000, l’Angleterre avec 67, la Chine et les États-Unis avec des centaines.
On sait que bon an mal an, deux à trois milliers de jeunes tunisiens font saigner les économies de leur famille pour aller faire des études universitaires en France. Mais, le retour sur investissement n’est pas à la hauteur des attentes. La France dégringole dans les domaines scientifiques de pointe pour des choix politiques peu judicieux et elle décroche, son système universitaire s’essouffle grandement.
Il faut faire quelque chose. Notre avenir et principalement celui de nos enfants est en jeu, compromis par ce laisser-aller.
Arrêtons de nous leurrer, et retroussons les manches pour travailler et exiger des performances de nos universitaires. Il faut des dossiers de publications étoffés, compétitifs pour mériter le statut d’universitaire, sans quoi un doctorat ne vaut rien, absolument rien.
Un doctorat sans publication est périmé en quatre à cinq ans, un docteur ne vaut plus rien si sa thèse n’est pas transformée en articles scientifiques publiés dans des revues cotées et jugées par un comité de pairs (à l’aveugle).
Vous l’avez compris, aucune université tunisienne ne figure dans les 1000 meilleures universités du monde. On aurait attendu au moins 2 ou 3 universités dans ce classement, pour respecter notre poids relatif dans la population ou l’économie mondiales. Il n’en fut rien.
Et dire qu’on veut libérer la Palestine
Ce fiasco n’a rien à voir avec Israël, ou l’impérialisme mondial, ou toute autre théorie complotiste, les universitaires tunisiens ne publient pas assez et ne font quasiment pas de recherche scientifique de qualité.
De par le monde, un professeur universitaire doit publier au moins 3 à 4 articles par an dans des revues scientifiques sérieuses et jugées par les pairs, en plus des enseignements et encadrements. Pas en Tunisie : c’est simplement décevant et inquiétant. Les payeurs de taxes doivent avoir pour leur argent.
On fait semblant d’être chercheur, ou universitaire, et on se plait dans cette ambiance marquée par la médiocrité plutôt que par le mérite et l’excellence.
Ce résultat est sans appel, grave et honteux. On doit faire quelque chose pour changer cette courbe tendancielle dans la médiocrité et la déchéance. Le gouvernement doit décréter l’état d’urgence en matière de formation et recherche universitaires.
On ne peut pas se hisser dans le rang des nations technologiques et prospères sans d’excellentes universités et de sérieux universitaires, prolifiques et innovants.
Israël, un petit pays de 5 millions d’habitants, a une dizaine d’universités dans ce classement prestigieux. Tous les pays du Maghreb, soit plus de 100 millions d’âmes, en ont une seule, celle de Hassen II à Casablanca.
Le retard ne se rattrape pas, et ceux qui excellent vont avancer encore plus vite que les suiveurs, les râleurs et branleurs. Ces derniers finissent par décrocher à terme.
À ce rythme, Israël va pouvoir étendre son pouvoir et peut-être son occupation des territoires d’une large partie de ces pays arriérés sur le plan de la recherche scientifique et technologique dans le monde arabe.
La métaphore du Rabbin Nessim
La supériorité de l’État israélien et des juifs de manière générale en science et technologie est culturelle et civilisationnelle. Le maire d’une ville tunisienne, dénommé Amar (1921-1984) me racontait que lorsqu’il avait 7 ans dans son village natal rural, il y avait une dizaine de familles de confession juive. Ces familles se plaignaient au Rabbin Nessim pour dire que leurs enfants se font battre et se font voler par les enfants des familles arabes.
Nasim répondait sagement «1- je vais parler à vos enfants pour les réconforter et les motiver et les soigner par mes prières, mais le plus important, 2- envoyez vos enfants dans les meilleures écoles et meilleures universités, et vous verrez on prendra la revanche, les Arabes ne sont pas de gros bosseurs…».
Et ceci explique cela, plusieurs de ces enfants juifs nés en Tunisie sont devenus des chercheurs de calibre mondial, des pilotes d’avions F35, des récipiendaires de prix Nobel, des investisseurs et propriétaires de multinationales. Pas les Tunisiens de souche «arabo-berbère», pour eux c’est encore le système d’«inchallah», l’école et l’université c’est nécessaire, mais pas, avec des perceptions de perte du temps, quand ils évoquent la pandémie du chômage des diplômés.
Demain commence aujourd’hui
Pour résumer, le système universitaire tunisien a besoin d’une révolution propre à lui, pour bannir le mandarinat, la médiocrité et surtout le système D, connu en Tunisie par le système du piston…
Pour figurer dans les rankings, il faut mettre les moyens et du cœur. De l’argent et beaucoup de travail et d’organisation dans le montage de projets de recherche novateurs, impliquant des partenaires internationaux et mettant au cœur de leur programmation les étudiants doctorants et maitrisards.
Des projets de recherche différents de ceux cofinancés par la coopération française ou allemande, des vrais projets de recherche à la frontière des nouvelles technologies. La diaspora tunisienne opérant dans les universités canadiennes peut apporter son expertise, et beaucoup de moyens financiers, scientifiques et logistiques (réseautage) pour publier plus, innover, breveter, et diffuser.
Le président Kaïs Saïed, qui affiche un engagement sérieux pour remettre le système éducatif et scientifique à niveau, a du pain sur la planche. Il ne peut pas tout faire, c’est plus fort que lui. Il faut beaucoup plus que des discours et des promesses.
C’est aux universitaires, aux collègues et professeurs opérant dans ces tours d’ivoire fermées de prendre conscience de leur fragilité, incompétence et incohérence. La Tunisie mérite mieux de ses universités et de ses élites universitaires. Nos enfants et les futures générations ne doivent pas être pénalisés par la décrépitude des infrastructures, physiques et humaines, du système universitaire actuel.
Né en 1948, Gérard Noiret est poète, romancier, critique littéraire, animateur d’ateliers d’écriture.
Depuis ‘‘Le pain aux alouettes’’ (1982), il a publié une douzaine de livres. Plusieurs de ses textes ont été mis en scène dans des théâtres de la région parisienne et sur les ondes de France-Culture.
Membre du Comité de lecture de La QuinzaineLittéraire à partir de 1980, il a poursuivi sa défense des poètes et des éditeurs dans ‘‘En attendant Nadeau’’. Il commence à exposer ses collages.
Tahar Bekri
1
Aussi nombreux que soient, depuis des âges,
les corps de ceux
Qui, s’élançant, les armes à la main, tombè-
rent avant le rivage
Et furent mêlés aux varech, aux crevettes, et
roulés par les vagues
Aussi nombreux qu’ils soient ! leurs dépôts
n’augmentèrent pas
D’un seul millimètre la tourbe qui fait le
gros dos entre les mares
2
Après chaque bataille, après charque débar-
quement, ils pansent leurs blessures et posent
Le temps venu, des lignes d’arrêt, non loin
des épaves. Des lignes d’arrêt
Qu’ils relèvent tôt, avant que les crabes
aient déchiré, à l’endroit des ouïes
Ces drôles de poissons qui respirent, les
yeux sur le dos, comme s’ils devaient expié
3
Vous oublierez. On exposera les canons, les
barges, les chars, les jeeps
Caresses dénouées comme autant de fou-
lards, les amours s’éloigneront sur les plages
Tandis qu’au-dessus des bannières, à jamais
réunies, les mouettes
Contesteront, d’octave en octave, un nom de
rue, l’attribution d’une place
(Remerciements à l’auteur)
»Toutes voix confondues », 1998, Ed. Maurice Nadeau.
Le député marseillais de La France insoumise (LFI), Sébastien Delogu, ne cesse de surprendre. Son dernier geste, dévoilé sur Instagram, illustre parfaitement sa capacité à mêler engagement politique et intimité personnelle : un tatouage couvrant sa jambe, représentant la carte de la Palestine «de la mer au Jourdain», accompagné de l’inscription en arabe «حب تونس يتدفق في عروقي» («L’amour de la Tunisie coule dans mes veines»).
La carte palestinienne choisie par Delogu symbolise l’idéal d’une Palestine intégrale, tandis que l’inscription tunisienne traduit un attachement profond à la Méditerranée du Sud et aux racines culturelles partagées.
Ce lien avec la Tunisie s’inscrit également dans un contexte récent : Delogu y a passé des vacances et un voyage personnel, renforçant ainsi le caractère intime et affectif de ce tatouage. Cette juxtaposition révèle une double fidélité : aux causes justes et à ses expériences personnelles.
Un point mérite d’être souligné : plusieurs critiques journalistiques françaises ont mal interprété le tatouage, se fiant à l’IA et à LGBTChat pour en lire l’inscription. Leur analyse, souvent erronée, démontre combien les symboles peuvent être mal compris hors contexte.
À moins d’un an des municipales, ce geste dépasse le privé. À Marseille, ville où mémoires coloniales et solidarités transméditerranéennes façonnent le quotidien, le tatouage de Delogu devient un signal politique : sincère, assumé et cohérent avec son engagement.
Depuis son élection en 2022, Delogu s’est imposé comme un député visible et engagé, pour qui le symbole n’est jamais gratuit. Ce tatouage, gravé dans la chair, illustre cette cohérence entre convictions, identité et fidélité aux causes qu’il défend. À Marseille, il pourrait devenir un symbole : celui d’un élu qui conjugue audace, sensibilité et engagement, inscrivant dans son geste une vision politique et personnelle profondément assumée.
L’économie tunisienne a enregistré une croissance de 3,2 % au 2e trimestre 2025, par rapport à la même période en 2024, a indiqué l’Institut tunisien de la statistique (INS) dans un communiqué publié vendredi 15 août 2025.
Le communiqué ajoute que, selon les estimations préliminaires des comptes nationaux, le produit intérieur brut (PIB) s’est amélioré de 1,8 % au 2e trimestre, par rapport au premier trimestre de cette année, ce qui signifie que l’économie a progressé de 2,4% au cours du premier semestre de cette année.
Rappelons que l’économie tunisienne s’est accrue de 1,6% au cours du 1er trimestre de cette année et qu’un rapport de la Banque mondiale (BM) publié en avril dernier prévoyait une croissance de 1,9% pour toute l’année 2025, alors que le Fonds monétaire international (FMI) a prévu un taux encore plus faible de 1,4% en 2025 et 2026, soit autant qu’en 2024.
Aucun établissement d’études supérieures tunisien ne figure dans le classement Shanghai des 1000 meilleures universités du monde, paru le 15 août 2025. Ce n’est pas une surprise mais la confirmation du nivellement du niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique dans notre pays au cours des vingt dernières années.
Commentaire désabusé de l’économiste Moktar Lamari dans un poste Facebook : «On recule au lieu d’avancer, et le pire c’est qu’on se bombe le torse, n’ayant pas conscience de la gravité de la débandade.»
Tout en déplorant que l’innovation dans notre pays se fait souvent par l’imitation ou le plagiat, l’économiste trouve dans cet appauvrissement intellectuel général l’explication de la crise économique dans notre pays qui «décroche lamentablement».
«Le Maroc, le Liban, l’Egypte, le Qatar, la Jordanie, les Emirats arabes unis… figurent dans ce classement. L’Arabie Saoudite arrive avec une quinzaine d’universités, sur le total de mille», constate, amer, Moktar Lamari. Qui ajoute : «On doit prendre cela au sérieux. On doit donner de l’espoir à nos enfants, et à notre avenir. Sinon, on ne se rend pas service. On aura des docteurs bons à rien, des médiocres incapables de structurer un texte sans fautes. Les familles nanties envoient leurs enfants en Europe et au Canada, qui ne reviennent plus après leur formation. Nivellement par le bas, et effondrement systémique des compétences essentielles à la croissance…»
Le Maghreb continue de piétiner, alors qu’il doit logiquement aujourd’hui figurer au top des priorités stratégiques et diplomatiques des pays de la région, lesquels font face à des défis internes et externes majeurs. Et semblent étrangement se complaire dans cet immobilisme qui leur coûte, ainsi qu’à leurs peuples, plusieurs points de croissance annuellement. Jusqu’à quand la Tunisie va-t-elle continuer à subir cette situation de blocage régional qui lui coûte sans doute davantage qu’à ses voisins qui, eux, assument finalement les conséquences de leurs propres choix et décisions ?
Raouf Chatty *
La sécurité globale des pays membres de l’Union du Maghreb arabe (Uma) est en bonne partie tributaire de leur capacité de s’entendre, de coopérer et d’avancer ensemble main dans la main. La région est à un tournant de son histoire contemporaine. Elle vit sous haute tension. Elle se meut dans un espace très mouvant. Le terrorisme islamiste guette. La pression de l’immigration clandestine des Subsahariens ne décélère pas. Les convoitises étrangères sont vives. Cette situation pourrait perdurer pendant les prochaines années.
La sécurité, la stabilité et le développement des pays de la région sont intimement liées à l’évolution intérieure qu’elle connaitra, à l’assimilation des changements extérieurs, aux choix politiques de ses dirigeants, à leurs dispositions sincères de coopérer au-delà des divisions destructives, pour bâtir un Maghreb pacifié et culturellement apaisé, loin de toutes velléités hégémoniques d’où qu’elles proviennent. Compte doit être également tenu des changements actuels et futurs dans les environnements subsaharien, sud-méditerranéen et sud-européen du Maghreb.
La région dispose d’un potentiel humain, naturel et économique conséquent capable, s’il est bien exploité, de l’aider à relever ses défis et à garantir un développement harmonieux et durable pour ses peuples.
L’évolution de la région est également liée à la volonté de ses dirigeants et de ses peuples, à leur capacité et disposition à comprendre les enjeux, à surmonter les difficultés et les différends qui les divisent, tout comme à leur capacité de connaître leurs véritables intérêts et de coopérer d’une manière étroite et lucide, afin de construire ensemble et sans arrière-pensées la prospérité économique et la stabilité sociale dans leurs pays respectifs, sans lesquelles il n’y aura ni stabilité durable ni démocratie viable. La réalisation d’un tel objectif permettra à la région d’accéder à un statut supérieur au plan international et de lui garantir sûrement force, crédibilité et respect.
Cependant, force est de souligner que la construction du Maghreb est aujourd’hui loin des esprits des dirigeants maghrébins. La région est dominée par une ambiance de rivalité et d’animosité. L’ascension de l’Algérie est mal comprise. Elle est perçue par certains analystes politiques comme un pays expansionniste. La coopération étroite entre le Maroc et Israël inquiète vivement. Elle est perçue par Alger comme un affront à sa sécurité nationale. Cela aggrave la méfiance entre les peuples et les dirigeants de la région et les met dans l’incapacité de surmonter leurs divisions, éloignant chaque jour la région un peu plus de la réalisation de ces objectifs, quand bien même ses dirigeants respectifs affirment chacun qu’ils travaillent pour favoriser le développement de la région et pour répondre aux attentes de ses peuples et de leur assurer la place qu’ils méritent au plan international.
Quant à l’Union du Maghreb Arabe (Uma) qui est censée œuvrer pour le rapprochement des peuples maghrébins et favoriser la complémentarité entre leurs pays, elle est depuis quatre décades complètement paralysée. Elle est tout juste une bureaucratie muette, un corps sans âme, complètement absente sur la scène maghrébine et internationale. Une mise en berne acceptée implicitement par ses États membres.
Les dissensions entre les pays du Maghreb entravent tout changement et leur laissent peu de chances pour aller de l’avant. L’Algérie et le Maroc continuent de se jeter réciproquement la responsabilité de cette impasse sur fond de positions diamétralement opposées sur le sort du Sahara occidental. Le Maroc en réclame la souveraineté tandis que l’Algérie est favorable à l’autodétermination de ce qu’elle appelle le Peuple Sahraoui. Depuis l’effondrement du régime de Kadhafi, la situation en Libye continue de baigner dans le désordre et l’anarchie, deux gouvernements se disputent la légitimité dans le pays, qui continue de sombrer, victime des groupes et milices armées aux intérêts divergents. La Mauritanie regarde vers les puissances occidentales, lorgne Israël et les États-Unis d’Amérique et réclame son africanité.
Pour ne rien arranger, l’Algérie et le Maroc mènent une course à l’armement. Ces deux pays connaissent par ailleurs une explosion démographique sans précédent. Ensemble, leurs populations avoisinent aujourd’hui soixante-dix millions. Ils font face à des difficultés politiques et sociales majeures. Les ressentiments entre les deux peuples frères sont de plus en plus exacerbés. Les relations entre Alger et Rabat sont tendues. Le Maroc est plus que jamais en phase avec les puissances occidentales, notamment avec les États-Unis et la France et renforce ses relations avec Israël, qui est aujourd’hui bien présent au Royaume chérifien.
La Tunisie piétine. Elle connaît des difficultés multiples sur tous les plans. Impactée par les turbulences et l’instabilité dans la région, elle en est la première victime. Elle est également touchée par les difficultés qui frappent l’Union Européenne, son principal partenaire.
Par ailleurs, le pays est embourbé dans une lutte sans merci contre la corruption. Il fait face à l’immigration clandestine des Subsahariens. Et a encore beaucoup de chemin à faire pour venir à bout de ses problèmes internes, politiques, économiques et sociaux.
Dans cet environnement difficile, complexe et mouvant, la politique étrangère de la Tunisie devient de plus en plus tributaire des circonstances. Le pays a depuis quelques années amorcé un rapprochement étroit avec l’Algérie. Ses relations avec le Maroc s’en sont bien ressenties.
Des observateurs soutiennent que cette politique est déséquilibrée et prive le pays d’une neutralité active qui lui avait par le passé permis de jouer la médiation et préserver sa souveraineté contre les ingérences extérieures d’où qu’elles émanent.
Dans ce contexte, il devient aujourd’hui urgent pour l’Etat tunisien de revisiter sa politique en direction des pays maghrébins sur la base d’une analyse objective et lucide des réalités globales des pays de la région et des défis internes et externes auxquels ils font face, loin des discours triomphalistes de certains de leurs dirigeants.
Pour la Tunisie, il s’agit en l’occurrence de faire le bilan de la situation maghrébine telle qu’elle se présente et non telle que certains veulent la présenter, de mettre en place une politique extérieure forte en direction de ses voisins, qui soit coordonnée, cohérente et équilibrée, une politique qui tient compte des traditions diplomatiques de bon voisinage, tout comme du passé commun des pays maghrébins, et bien entendu des intérêts nationaux et de l’avenir du pays.
La souveraineté ne signifie nullement l’isolement ou la neutralité. Cet intérêt pour tous les pays maghrébins sans exception sera de nature à assurer à notre pays l’équilibre dont il a besoin, à conforter les assises de sa souveraineté et à lui permettre de jouer son rôle d’avant-garde dans la région, rôle qui avait toujours caractérisé sa politique extérieure et lui avait apporté des dividendes appréciables.
Le Président de la République, principal responsable de la diplomatie, pourrait le cas échéant actionner dans ce sens l’Institut tunisien d’études stratégiques (Ites), le ministère des Affaires étrangères et certains de nos anciens ministres des Affaires étrangères pour lui soumettre des propositions très utiles en la matière. Dans tous les cas, il ya vraiment urgence.