Algérie-France | Au bord de la crise de nerfs
En réaction à la décision de Paris, annoncée mardi 5 juillet 2025, de suspendre l’accord bilatéral de 2013 sur l’exemption réciproque de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service, qui permettait aux officiels algériens de voyager en France sans visa, Alger a formellement notifié à Paris, par voie de notes verbales, la dénonciation de ce même accord. La crise diplomatique entre les deux pays franchit ainsi une nouvelle étape.
La décision d’Alger va au-delà de la suspension annoncée par la France et marque, selon les autorités algériennes, la fin définitive de cet accord.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a précisé que désormais, les titulaires français de passeports diplomatiques ou de service devront obligatoirement solliciter un visa pour entrer sur le territoire algérien. Alger se réserve également le droit de soumettre l’octroi de ces visas aux mêmes conditions que celles imposées par Paris aux Algériens.
Fin des avantages immobiliers accordés à la France
La seconde note verbale adressée au chargé d’affaires français à Alger concerne un autre volet sensible : l’immobilier. L’Algérie a informé la France de sa décision de mettre un terme à la mise à disposition gratuite de biens immobiliers appartenant à l’État algérien au profit de l’ambassade de France. Elle annonce aussi le réexamen des baux locatifs, jugés «considérablement avantageux», contractés par l’ambassade avec les offices publics algériens (OPGI), et invite Paris à envoyer une délégation pour entamer des discussions à ce sujet.
Ces décisions interviennent dans un contexte de fortes tensions diplomatiques, ravivées par une lettre adressée mercredi par Emmanuel Macron à son Premier ministre, François Bayrou, dans laquelle le président français appelait à plus de fermeté vis-à-vis de l’Algérie. Il dénonçait notamment le manque de coopération sur les questions migratoires et la détention de deux ressortissants français, dont l’écrivain Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison, et le journaliste Christophe Gleizes, à sept ans.
Dans un communiqué publié jeudi, le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement critiqué la position de Paris, accusant la France de vouloir «se défausser de l’intégralité de ses responsabilités» dans la crise actuelle et de faire porter tous les torts à la partie algérienne. Le ministère considère cette approche comme étant «loin de la vérité et de la réalité». Depuis l’été 2024, les relations entre les deux pays se sont fortement dégradées, notamment après le soutien affiché par la France à un plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, un sujet hautement sensible pour Alger. La diplomatie algérienne accuse Paris d’avoir adopté depuis une gestion fondée sur «les injonctions, les ultimatums et les rapports de force».
L’article Algérie-France | Au bord de la crise de nerfs est apparu en premier sur Kapitalis.