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ECLAIRAGE – Néomercantilisme – Quand les blocs mercantilistes annoncent les guerres mondiales (3/3)

À chaque époque de l’Histoire, lorsque le monde se fracture en blocs économiques concurrents, le mercantilisme s’institutionnalise, la rivalité s’intensifie et la guerre devient inévitable. De l’Antiquité à nos jours, la montée des logiques protectionnistes et de l’affrontement géoéconomique débouche sur des conflits planétaires. Sommes-nous aujourd’hui à l’orée d’un nouveau cycle ?

Carthage contre Rome : la matrice antique du conflit géoéconomique

Loin d’être une simple rivalité militaire, la lutte entre Carthage et Rome trouve ses racines dans une confrontation économique systémique. Carthage, puissance maritime commerçante, bâtit sa prospérité sur le contrôle des échanges méditerranéens. Rome, au contraire, développe une logique d’expansion territoriale, agricole et militaire. À mesure que leurs sphères d’influence s’entrechoquent, les tensions deviennent irréversibles. Les Guerres Puniques ne furent pas seulement des affrontements d’empires, mais la première grande guerre mondiale autour du commerce et de la domination économique régionale.

Ce modèle se répète dans l’Histoire, chaque fois que deux systèmes économiques structurés autour de réseaux fermés et d’intérêts exclusifs se heurtent.

L’Europe moderne et les empires : le mercantilisme comme ferment de la guerre

Du XVIe au XIXe siècle, les puissances européennes s’engagent dans une course effrénée aux colonies, aux routes maritimes et aux métaux précieux. L’Espagne, le Portugal, la France colbertiste et l’Angleterre impériale adoptent des politiques mercantilistes assumées : enrichissement par l’excédent commercial; monopole sur les matières premières; subordination des périphéries coloniales.

Chaque expansion commerciale entraîne son lot de confrontations. La Guerre de Sept Ans (1756-1763) , les conflits napoléoniens, ou encore la guerre d’indépendance américaine sont autant de symptômes d’un monde compartimenté par des logiques de domination économique. La fermeture des blocs, l’érection de barrières tarifaires et la militarisation du commerce transforment la concurrence en affrontement militaire.

 

Du XVIe au XIXe siècle, les puissances européennes s’engagent dans une course effrénée aux colonies, aux routes maritimes et aux métaux précieux. L’Espagne, le Portugal, la France colbertiste et l’Angleterre impériale adoptent des politiques mercantilistes assumées : enrichissement par l’excédent commercial, monopole sur les matières premières, subordination des périphéries coloniales.

 

Les deux guerres mondiales : l’apogée des blocs géoéconomiques rivaux

Le XXe siècle illustre, dans sa brutalité, les conséquences extrêmes du cloisonnement économique mondial. À la veille de la Première Guerre mondiale, le monde est structuré en empires impérialistes, chacun tentant de maximiser ses intérêts commerciaux au détriment des autres. L’absence de régulation multilatérale et la montée des nationalismes économiques accélèrent l’engrenage vers la guerre.

Le schéma est encore plus explicite dans les années 1930. Face à la crise de 1929, les puissances ferment leurs économies, instaurent des zones d’influence fermées, mettent en place des politiques autarciques. L’Axe Rome-Berlin-Tokyo défie ouvertement l’ordre libéral anglo-saxon. La logique des blocs se durcit, les rivalités s’exacerbent, et l’économie mondiale s’effondre sous le poids des tensions. La Seconde Guerre mondiale n’est pas née du hasard, mais bien d’un déséquilibre systémique provoqué par un mercantilisme nationaliste et prédateur.

Lire aussi : Néoprotectionnisme ou néomercantilisme : où en sommes-nous exactement ?

Le monde contemporain : un nouveau cycle de fragmentation

Depuis deux décennies, les signes avant-coureurs d’une nouvelle structuration en blocs sont de plus en plus visibles. Le retrait des États-Unis de plusieurs accords multilatéraux, la guerre commerciale sino-américaine, la militarisation du commerce technologique et la multiplication des sanctions ont ouvert une ère de découplage. Les BRICS s’élargissent et proposent une alternative à l’ordre occidental en s’appuyant sur la souveraineté monétaire, la dédollarisation et les alliances régionales. En face, l’Occident resserre ses rangs autour de l’OTAN, du G7 et de l’Union européenne, dans une logique de sécurisation des intérêts énergétiques, industriels et géopolitiques.

Lire également : « Les BRICS sont morts » s’ils s’attaquent au dollar, selon Trump

Le commerce n’est plus un vecteur de paix mais un instrument de pression. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est marginalisée, les chaînes de valeur se régionalisent et la coopération internationale se délite. Chaque bloc cherche à imposer son modèle, à verrouiller ses marchés, à exclure ses rivaux. Le piège de Thucydide devient économique : la montée en puissance de nouvelles économies crée une tension insoutenable avec les hégémonies en place.

Et la Tunisie dans tout cela ? Entre vulnérabilité et opportunité

Dans ce contexte de recomposition globale, la Tunisie se retrouve dans une position d’équilibriste. Trop dépendante de ses partenaires traditionnels pour rompre brutalement avec l’ordre établi; mais suffisamment exposée aux nouvelles routes économiques pour espérer en tirer profit, elle doit impérativement repenser sa stratégie.

Refuser de choisir un camp ne signifie pas rester passif. Il s’agit plutôt de construire une posture active de non-alignement stratégique, fondée sur la diversification des partenariats, le renforcement de la coopération régionale et la montée en gamme de son économie. L’Afrique, les BRICS, la Méditerranée du Sud offrent des relais de croissance que la Tunisie doit saisir sans renier ses ancrages euro-méditerranéens. Mais pour cela, encore faut-il retrouver une cohérence de politique économique, une stabilité institutionnelle et une vision stratégique.

 

Dans ce contexte de recomposition globale, la Tunisie se retrouve dans une position d’équilibriste. Trop dépendante de ses partenaires traditionnels pour rompre brutalement avec l’ordre établi, mais suffisamment exposée aux nouvelles routes économiques pour espérer en tirer profit, elle doit impérativement repenser sa stratégie.

 

L’Histoire bégaie, mais l’intelligence peut rompre le cycle

Si l’Histoire nous enseigne que les blocs mercantilistes conduisent inévitablement à la guerre, elle nous rappelle aussi que l’intelligence politique et la coopération peuvent en atténuer les effets. L’après-1945 avait vu naître un ordre multilatéral fondé sur des règles, des institutions et une certaine idée de l’interdépendance pacifique. Ce cadre est aujourd’hui affaibli, mais il peut être réinventé.

L’enjeu pour les puissances émergentes et les pays vulnérables comme la Tunisie n’est pas seulement de survivre à cette polarisation; mais de contribuer à la reconstruction d’un ordre plus équitable, ouvert et résilient. Faute de quoi, la logique des blocs, une fois encore, finira par embraser le monde.

 

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ECLAIRAGE – Géopolitique – La Tunisie à l’épreuve du néomercantilisme mondial (2/3)

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Appel aux derniers gardiens du temple économique…

Dans son article intitulé « Quand le bavardage prétend à la rigueur intellectuelle », publié en réaction à mon texte « Néo-protectionnisme ou néomercantilisme : où en sommes-nous exactement ? », l’auteur s’autorise un exercice qui se veut critique, mais qui verse rapidement dans la caricature, l’attaque personnelle et le jugement de valeur. Le débat d’idées mérite mieux.

À ceux qui aspirent à élever la discussion économique, je propose ici une mise au point en trois temps : sur la rigueur conceptuelle, sur l’éthique du débat, et sur les contours thématiques choisis délibérément dans mon article initial.

 

Un distinguo conceptuel fondamental : néo-protectionnisme et néomercantilisme

L’un des reproches formulés est que la distinction que je fais entre néo-protectionnisme et néomercantilisme relèverait d’un artifice académique, ou d’un « dualisme simpliste ». Cette critique néglige profondément les apports de l’économie politique internationale contemporaine, ainsi que ceux de la géoéconomie stratégique.

Le néomercantilisme, dans sa définition actualisée, renvoie à une stratégie étatique de long terme, visant la puissance par l’outil économique. Il repose sur une articulation entre politique industrielle, commerciale, monétaire et technologique. Il vise à façonner l’ordre économique mondial de manière structurelle et hégémonique.

Le néo-protectionnisme, à l’inverse, traduit des mesures souvent fragmentées, prises sous la pression de contextes politiques internes, sans coordination d’ensemble ni ambition géoéconomique. Il s’agit d’un repli ponctuel, d’une gestion de crise ou d’une réponse populiste, qui se distingue par sa volatilité et sa faible cohérence stratégique.

La différence n’est pas théorique : elle est observée empiriquement. Elle permet de comprendre, par exemple, pourquoi la Chine développe une expansion géoéconomique concertée, alors que certaines puissances occidentales adoptent des mesures protectionnistes improvisées, souvent contradictoires. Elle éclaire également les effets différenciés sur les pays en développement, pris entre des flux erratiques et des stratégies de domination commerciale.

Contester cette distinction revient à effacer les lignes de force qui structurent aujourd’hui l’économie mondiale. C’est confondre les symptômes avec les causes, les rhétoriques politiques avec les stratégies étatiques.

 

Une critique ne dispense jamais de l’éthique du débat

Au-delà des divergences sur le fond, je me dois de réagir à la tonalité du texte qui m’est adressé. L’usage récurrent d’un registre injurieux, moqueur ou condescendant n’est pas simplement un choix de style : c’est un affaiblissement volontaire du débat intellectuel.

Me prêter des intentions creuses, qualifier mon travail de « dissertation de licence égarée » ou de « bavardage pseudo-savant », ironiser sur ma fonction ou sur mon identité intellectuelle n’apporte aucune valeur argumentative. Cela révèle surtout un refus d’engager un échange d’idées respectueux.

Il n’existe aucun droit – ni moral ni intellectuel – à disqualifier personnellement un contradicteur. La critique se fonde sur l’analyse, la confrontation d’arguments, la précision conceptuelle. Elle ne se fonde ni sur la dérision, ni sur la suspicion, ni sur les attaques ad hominem.

En sus, Karl Marx à Elinor Ostrom, en passant par Friedrich Engels, Thorstein Veblen, Pierre Bourdieu, Amartya Sen, Silvio Gesell, John Kenneth Galbraith, Ivan Illich ou encore Muhammad Yunus, nombreux sont ceux qui, sans être des économistes de souche, ont profondément transformé la pensée économique en venant d’horizons philosophiques, sociologiques, politiques ou même pratiques.

J’aurais accueilli une objection rigoureuse avec intérêt. J’aurais volontiers poursuivi un dialogue critique. Ce que je lis ici, en revanche, relève davantage d’un règlement de comptes déguisé que d’une contribution sérieuse à la réflexion stratégique.

 

Du choix des cadres d’analyse : pourquoi la Tunisie ne figurait pas dans l’article initial

L’auteur s’étonne, voire s’offusque, de l’absence de toute mention de la Tunisie ou du Maghreb dans mon article. Faut-il le rappeler : écrire en tant qu’auteur tunisien ne signifie pas que chaque texte doive être réduit à un prisme exclusivement national ou régional.

L’objet de mon article était clair : analyser les logiques macroéconomiques des puissances dominantes, leurs choix stratégiques face à la mondialisation, et les répercussions globales de ces transformations. Il s’agissait d’une contribution à la lecture systémique du désordre commercial mondial, non d’un commentaire sur la situation maghrébine.

Cela n’exclut nullement que la Tunisie ou la région soient pertinentes à analyser. Bien au contraire. Elles le seront, mais dans un cadre propre, avec les outils méthodologiques appropriés, tenant compte des contraintes spécifiques, des dépendances structurelles, et des marges de manœuvre réelles. J’annonçais déjà, en conclusion, qu’un article futur serait consacré à ce sujet. Il le sera.

 

Penser avec rigueur dans un monde brouillé

Le monde économique d’aujourd’hui est traversé par des tensions nouvelles, des recompositions silencieuses, des contradictions apparentes. Il exige, de la part des analystes, non pas des certitudes bruyantes ou des postures péremptoires, mais de la nuance, de la méthode, de la patience intellectuelle.

Loin d’être une construction artificielle, la distinction que je propose entre néo-protectionnisme et néomercantilisme constitue un cadre d’analyse utile pour décrypter les trajectoires géopolitiques actuelles.

Et loin d’être un bavardage, l’exercice d’écriture stratégique repose sur l’ambition de mettre de l’ordre dans un monde brouillé. Le désaccord est bienvenu, la contradiction est nécessaire, la polémique peut être féconde. Encore faut-il qu’elle soit menée avec respect, lucidité, et surtout d’une bonne dose d’humilité intellectuelle.

 

À bon entendeur, une fois encore.

 

 

Note : Droit de réponse – Pour une critique sérieuse, rigoureuse et respectueuse.

 

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Mahjoub Lotfi Belhedi

Chercheur en réflexion stratégique optimisée IA // Data analyst & aiguilleur d’IA

 

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ZOOM – Quand le bavardage prétend à la rigueur intellectuelle !

Pour son dernier article Néoprotectionnisme ou néomercantilisme : où en sommes-nous exactement ?, publié à la UNE de l’Economiste maghrébin du 6 août 2025, Mahjoub Lotfi Belhedi signe un texte à mi-chemin entre une dissertation de licence égarée et un pensum pseudo-savant, bardé de concepts recyclés, vaguement définis et maladroitement opposés, le tout saupoudré d’un jargon pompeux à prétention stratégique. À lire cet article, on hésite entre l’agacement face à l’enflure verbeuse et la compassion devant tant d’énergie dépensée à enfoncer des portes ouvertes.

Néoprotectionnisme vs néomercantilisme : une querelle d’école creuse

Le cœur de l’article repose sur une distinction que l’auteur tente désespérément de rendre lumineuse : d’un côté, le méchant néoprotectionnisme “populiste”, “impulsionnel”, “défensif”, bref un phénomène d’humeur. De l’autre, le noble néomercantilisme “stratégique”, “coordonné” et “structuré”, incarné par l’éternel modèle chinois – l’alpha et l’oméga de toute pensée géoéconomique paresseuse.

Mais à force de vouloir trop distinguer, Belhedi finit par s’empêtrer dans un dualisme simpliste qui passe à côté de l’essentiel : la réalité contemporaine des politiques économiques n’obéit ni à une logique purement électoraliste ni à un dessein machiavélique de domination commerciale. Les États bricolent, tâtonnent, improvisent. Et ce n’est pas en ressassant des typologies binaires qu’on éclaire le chaos ambiant.

 

A force de vouloir trop distinguer, Belhedi finit par s’empêtrer dans un dualisme simpliste qui passe à côté de l’essentiel : la réalité contemporaine des politiques économiques n’obéit ni à une logique purement électoraliste ni à un dessein machiavélique de domination commerciale.

 

Le cas Trump : l’éternelle obsession pavlovienne

Comme dans tout article écrit depuis 2016 par un intellectuel de salon en mal de pertinence, Trump est convoqué comme figure repoussoir. “Populisme !” crie l’auteur, tel un moine exorciste, oubliant que les mesures de Trump – aussi chaotiques soient-elles – ont ouvert un débat réel sur les effets destructeurs du libre-échange sauvage.

Belhedi nous sert ici une critique standardisée et moraliste, sans jamais interroger les raisons profondes de ce “protectionnisme de crise” : désindustrialisation massive, précarisation du salariat, dumping social chinois, etc. Ce n’est pas de l’analyse, c’est de la liturgie libérale mal déguisée.

COVID-19 : l’effet d’aubaine rhétorique

L’auteur mobilise la pandémie de la Covid-19 comme argument en faveur de son néoprotectionnisme “réactif”. Mais au lieu de proposer une grille de lecture innovante sur la reconfiguration des chaînes de valeur ou la souveraineté productive, il rabâche ce que tout le monde sait depuis 2020 : les États ont paniqué, relocalisé à la va-vite, bricolé des plans de relance plus ou moins efficaces.

Il y avait pourtant matière à explorer des dynamiques profondes – le retour de l’État planificateur, la résurgence de l’économie mixte, le brouillage des frontières entre public et privé. Mais non. L’auteur préfère le confort des clichés convenus.

 

L’auteur mobilise la pandémie de la Covid-19 comme argument en faveur de son néoprotectionnisme “réactif”. Mais au lieu de proposer une grille de lecture innovante sur la reconfiguration des chaînes de valeur ou la souveraineté productive, il rabâche ce que tout le monde sait depuis 2020

 

L’Union européenne : l’éternelle caricature technocratique

Quand Belhedi évoque l’UE, on atteint des sommets de naïveté. Il nous dresse la liste des dispositifs réglementaires comme un élève appliqué récitant son manuel de droit européen : DMA, DSA, GAIA-X, CBAM… À croire qu’il confond politique industrielle et catalogue de bonnes intentions. Aucun mot sur les contradictions internes de l’UE, sur la schizophrénie entre libre-échange dogmatique et velléités de “souverainetés stratégiques”. On reste à la surface.

Et la Tunisie dans tout ça ? Absente, comme toujours

Il est quand même fascinant de voir à quel point l’auteur – tunisien, rappelons-le – réussit à écrire un article entier sur les conséquences géopolitiques du néoprotectionnisme… sans jamais ancrer sa réflexion dans les réalités maghrébines, tunisiennes ou africaines. Tout se passe comme si l’histoire se jouait ailleurs, entre Trump, Bruxelles et Pékin, pendant que la Tunisie subit – silencieusement, passivement – les secousses du monde.

C’est peut-être ça, le plus grave : une pensée qui mime l’analyse stratégique mais refuse d’assumer les implications locales. Où est la réflexion sur le positionnement géoéconomique de la Tunisie ? Sur ses marges de manœuvre ? Sur ses choix industriels ? Silence radio.

 

Il est quand même fascinant de voir à quel point l’auteur – tunisien, rappelons-le – réussit à écrire un article entier sur les conséquences géopolitiques du néoprotectionnisme… sans jamais ancrer sa réflexion dans les réalités maghrébines, tunisiennes ou africaines. Tout se passe comme si l’histoire se jouait ailleurs, entre Trump, Bruxelles et Pékin, pendant que la Tunisie subit – silencieusement, passivement – les secousses du monde.

 

In fine, sous la rhétorique, le vide

À vouloir opposer le “néoprotectionnisme” à un “néomercantilisme” idéalisé, Belhedi se contente en réalité de rejouer un débat académique stérile, sans valeur ajoutée analytique. Son article empile les concepts comme des briques mal jointées, sans édifice intellectuel cohérent. Il prétend penser la géoéconomie, mais ne dépasse jamais le commentaire de surface.

Le lecteur averti n’y trouvera qu’une énième variation sur les grandes peurs de l’époque : repli, populisme, fin du multilatéralisme… Des mots jetés comme des incantations, dans un théâtre d’ombres conceptuelles.

Et dire qu’il signe “Chercheur en réflexion stratégique optimisée IA”. Dommage qu’aucune intelligence – ni artificielle, ni humaine – n’ait été mobilisée pour optimiser le fond !

À bon entendeur, en effet.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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ECLAIRAGE – Géopolitique – La Tunisie à l’épreuve du néomercantilisme mondial (2/3)

Alors que les grandes puissances redessinent les lignes de fracture de l’économie mondiale à coups de barrières tarifaires, de restrictions technologiques et de relocalisations industrielles, un vieux spectre resurgit : celui du mercantilisme. Sous son nouveau visage – le néomercantilisme – il ne s’agit plus de coopérer, mais de dominer. La mondialisation s’effrite, les blocs se reforment et les plus faibles risquent d’en payer le prix fort. Pour la Tunisie, le défi est clair : ne pas sombrer dans le mimétisme stratégique, mais inventer une souveraineté économique adaptée à ses réalités et à ses atouts.

Le retour brutal des États-puissance

Depuis la pandémie de Covid-19 et la montée des tensions géopolitiques, l’économie mondiale n’est plus guidée par le libre-échange ou les règles communes. Elle est désormais le terrain d’un affrontement feutré mais implacable entre grandes puissances. Les États-Unis imposent des droits de douane massifs, l’Europe subventionne ses industries « vertes », la Chine verrouille ses exportations stratégiques. Tous avancent un même objectif : sécuriser leurs intérêts nationaux dans un monde devenu instable. Cette montée en puissance des États s’accompagne d’un durcissement des accès aux marchés, aux technologies et aux ressources, au détriment des pays qui n’ont pas les moyens de riposter.

Un monde fermé aux économies vulnérables

La nouvelle architecture économique mondiale se structure en blocs. Ceux qui dictent les règles d’accès aux circuits financiers, aux innovations technologiques ou aux ressources naturelles ne sont plus dans une logique de partage, mais de contrôle. Pour les économies émergentes et en développement, cette fermeture est synonyme de marginalisation. La Tunisie, comme d’autres pays du Sud, risque de se retrouver enfermée dans une périphérie stratégique, exposée à des conditionnalités plus sévères et à une dépendance accrue vis-à-vis de flux exogènes.

Le piège de l’imitation

Dans ce contexte, la tentation est grande de calquer les choix des grandes puissances : protectionnisme, relocalisation, préférence nationale. Mais cette voie serait dangereuse pour un pays comme la Tunisie. Elle ne dispose ni d’un marché intérieur suffisant, ni de marges budgétaires, ni d’un appareil productif assez robuste pour soutenir une économie fermée. Adopter ces recettes sans les moyens d’en assumer les conséquences reviendrait à créer des niches étroites, inefficaces, coupées de l’innovation et de la compétitivité internationale.

Une souveraineté économique ouverte et maîtrisée

La Tunisie ne peut se permettre un repli. Elle doit au contraire bâtir une souveraineté économique lucide et intelligente. Cela implique de repenser son intégration mondiale, non pas en la refusant, mais en en maîtrisant les termes. La souveraineté ne consiste pas à s’isoler, mais à choisir ses dépendances, à diversifier ses partenariats, à anticiper les mutations et à renforcer ses capacités à négocier. L’avenir tunisien se joue dans sa capacité à s’insérer dans des alliances régionales solides – notamment avec l’Afrique et la Méditerranée – et à identifier les créneaux technologiques et industriels porteurs, en lien avec ses ressources et ses compétences.

La crise du multilatéralisme, une opportunité à saisir

Ce basculement vers le néomercantilisme s’inscrit dans un contexte plus large : celui d’un affaiblissement du multilatéralisme. Les institutions internationales perdent de leur influence, les règles communes vacillent, les rapports de force prennent le dessus. Ce vide normatif crée une instabilité globale, mais aussi un espace pour inventer autre chose. La Tunisie ne doit pas se contenter d’être spectatrice de cette recomposition, ni se soumettre à des modèles extérieurs. Elle peut, si elle le décide, devenir un acteur stratégique de cette transition mondiale, en misant sur l’innovation, la formation, la diplomatie économique et la projection régionale.

Inventer une voie tunisienne dans un monde fragmenté

Le néomercantilisme n’est pas une fatalité, mais un symptôme du désordre global. La Tunisie doit éviter deux écueils : celui de l’isolement et celui de la soumission. Elle a la possibilité de définir une voie originale, fondée sur la résilience, l’intelligence collective et le choix stratégique de ses interdépendances. Dans ce nouveau monde, la souveraineté ne se proclame pas à grand renfort de discours, elle se construit dans le détail des décisions, des alliances et des investissements.

In fine, penser l’après-mondialisation, pour la Tunisie, ce n’est pas tourner le dos à la mondialisation, mais refuser d’en subir les dérives. C’est affirmer une capacité à exister autrement, à faire entendre sa voix, à participer pleinement à la reconfiguration du monde – non pas comme un simple rouage, mais comme un acteur à part entière.

 

A suivre…

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

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