La ministre des Affaires Culturelles, Amina Srarfi, a été auditionnée, mardi, par les députés au cours d’une session plénière à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) au Bardo.
Les dix questions au menu des députés se résument en plusieurs points, qui se rapportent à l’infrastructure culturelle, en particulier dans les régions intérieures, le patrimoine matériel et immatériel aussi bien que la gestion des festivals et les “soupçons de corruption” au sein du ministère des Affaires Culturelles, en lien la gestion des aides publiques. Les contrats d’embauche et l’affaire de licenciement de certains employés au ministère étaient également abordés.
Les principales questions des élus
Les députés ont évoqué la disparité dans la couverture de l’aide aide aux festivals, ce qui a eu un impact sur la culture de proximité, a-t-on indiqué. Certains ont évoqué le faible budget alloués à certains festivals, comme le Festival de la Vigne à Grombalia, au Cap Bon, qui fête cette année son 66ème anniversaire, appelant à l’ouverture d’une enquête et à la responsabilisation des personnes impliquées dans la gestion de l’argent public.
En ce qui concerne le patrimoine, les représentants du peuple ont souligné l’importance de protéger et valoriser davantage les sites archéologiques ainsi que le patrimoine immatériel national.
Le projet de création d’un Musée national des civilisations préhistoriques à Gafsa, au Sud-Est de la République, était au cœur des questions. Les artefacts faisant partie d’objets archéologiques découverts sur le site de Zama Regia, dans le gouvernorat de Siliana, et qui sont actuellement exposés à Rome est aussi une affaire qui continue d’alimenter la polémique au parlement.
Une députée a notamment pointé du doigt le manque d’une stratégie de travail pour préserver le patrimoine surtout avec l’instabilité constatée au sein des représentations régionales de l’Institut national du patrimoine (INP) et l’absence d’intervention immédiate pour la restauration et l’aménagement des sites et points archéologiques en danger dont le nombre estimé avoisine « la centaine”.
Résumé des réponses de la ministre
Concernant la question des projets en suspens dans certains espaces culturels où l’infrastructure est défaillante, la ministre a présenté des indicateurs et des données relatives à l’action culturelle, mettant en cause “diverses questions d’ordre technique” entravant leur parachèvement.
Pour ce qui est des projets bénéficiant d’une aide publique, le ministère est soucieux de suivre les projets inachevés en prenant les mesures juridiques nécessaires à cet effet, a déclaré Srarfi. Elle a fait état d’une liste de « 98 dossiers en cours d’examen » par les services de son département, alors que « 27 autres projets inachevés font l’objet d’une procédure interne en vue de restituer les subventions qui leur ont été attribuées ».
Elle a également affirmé que la gestion du budget des festivals est régie par les principes de la bonne gouvernance et de gestion des financements en matière d’aide publique, indiquant le rôle des commissions techniques et des rapports financiers qui sont soumis à un audit et à la vérification des commissaires aux comptes et par la suite déposés auprès de la Cour des comptes.
La ministre a encore évoqué le traitement des dossiers en rapport avec la corruption qui est effectué conformément aux procédures en vigueur. L’inspection générale est chargée d’enquêter sur tous ces dossiers, a-t-elle expliqué, soulignant que tous les dossiers faisant l’objet de soupçons de corruption sont en cours de traitement en vue d’appliquer les sanctions adéquates et proportionnelles à leur égard en cas d’effraction.
En réponse aux questions sur le secteur du patrimoine, la ministre a donné des précisions autour du projet de création d’un Musée national des civilisations préhistoriques à Gafsa qui “remonte à 2016”. L’Institut National du patrimoine avait créé une commission composé de conservateurs et chercheurs en patrimoine à cet effet, a fait savoir la ministre. Et d’ajouter, en 2018 l’Institut a approuvé la création de ce projet sur une parcelle de terrain d’une superficie de 6 000 mètres carrés, situé au plateau El-Mida dans la ville de Gafsa.
Une fois les études scientifiques et techniques commencées, des divergences entre les habitants de Gafsa sur le site du musée ont fait surface, entre ceux qui veulent sa construction dans la ville d’El Guettar et ceux qui approuvent le plateau d’El-Mida, a affirmé la ministre. A la lumière de ces divergences, il a été décidé d’attendre la décision finale de toutes les parties concernées dans le cadre d’une réunion de travail avec le ministère.
Sur un autre plan et concernant « l’affaire de licenciement de certains employés au ministère des Affaires Culturelles, la ministre a fait savoir que ce dossier a été soumis au Tribunal ».
À la fin de la séance plénière, Amina Srarfi a souligné la volonté de son département à appliquer la culture de proximité dans tous les gouvernorats en apportant son soutien aux différentes institutions culturelles.
“Malgré le faible budget, le ministère des Affaires Culturelles oeuvre à surmonter les difficultés entravant la mise en oeuvre des projets programmés dans toutes les régions”, a-t-elle noté.
“Conformément aux orientations de l’État, le ministère est sur la voie de “développer une vision culturelle”, a encore indiqué la ministre. Elle a évoqué une stratégie qui “accorde davantage de soutien aux différentes branches du secteurs culturel, en particulier les Industries Culturelles et Créatives (ICC) et l’investissement dans des projets à haute valeur ajoutée”.
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