Le théâtre de plein air de Hammamet a accueilli, lundi soir, “La Dame de Kerkouane”, une pièce de théâtre qui met en lumière l’histoire punique de la cité historique de “Kerkouane”, véritable joyau patrimonial au Cap Bon tunisien classé sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 1986.
Cette pièce est dans la continuité d’une performance scénique éponyme, sur l’histoire de la cité punique de Kerkouane, présentée sur le site archéologique de Kerkouane lors de la cérémonie d’ouverture de la 34ème session du Mois du patrimoine (18 avril au 18 mai 2025).
“La Dame de Kerkoine” est mise en scène par le duo Wajdi Gaidi & Houssem Sahli d’après un texte d’Amine Khammassi avec l’aide d’historiens et en puisant dans plusieurs références littéraires comme “Salammbo” de Gustave Flaubert.
Cette œuvre alliant théâtre, musique, danse et chant en langue punique qui se déroule presque entièrement en langue punique ancienne, accompagnée d’un sur titrage en anglais et en arabe.
La « Dame » de Kerkouane, incarne l’une des pièces maîtresses et uniques de ce même lieu. La trame se situe vers l’an 256 av. J.-C, pendant la première guerre romano-carthaginoise et plus précisément au moment de l’assaut destructeur de l’armée romaine sous le commandement des consuls Lucius Manlius Vulso Longus et Marcus Atilius Regulus.
Une période exceptionnelle reconstituée notamment à travers des costumes punico-phéniciens, réalisés à partir de données iconographiques et plus encore par l’utilisation de la langue phénicienne.
La création s’ouvre sur une chorégraphie de jeunes danseuses avant d’embarquer éminemment dans un voyage historique au cœur d’une ville où règnent les croyances ancestrales et les traditions sociales naissantes.
La danse, le théâtre et un mapping qui raconte quelques aspects de la cité antique de Kerkouane, fusionnent, afin de donner vie à la pièce et d’entretenir les faits qui se succèdent sur 1h20 de temps. Une narration en langue arabe ponctue les actes de la création.
Le langage est un élément central de la pièce : l’arabe littéraire et le dialecte tunisien se sont confondues, tout le long de la performance. Des intermèdes en arabe littéraire ou en dialecte tunisien aèrent la pièce.
Une cinquantaine d’acteurs ont occupé la scène, en alternant ou en rassemblant rôles phares, secondaires ou même en assurant des apparitions ou en dansant.
Initialement chanteurs, Mariem Larayedh et Montassar Bezzez sont à l’affiche de cette pièce réunissant des acteurs professionnels et amateurs. Deema Sahli, 12 ans, plus jeune actrice dans le casting est parmi d’autres jeunes issus de Nabeul et des régions qui se sont engagés dans ce projet.
Cette création immersive, portée par les technologies numériques et les jeux de lumière, a offert une relecture sensorielle du quotidien des habitants de la cité punique de Kerkouane, tout en retraçant les bouleversements historiques qu’elle a connus au fil des siècles.
Le site de l’Unesco présente une cité phénicienne, sans doute abandonnée pendant la première guerre punique (vers 250 av. J.-C.), qui offre les seuls vestiges d’une ville phénico-punique. Ses maisons ont été construites selon un plan type, suivant un modèle d’urbanisme très élaboré.
La Cité punique de Kerkouane, situé à l’extrémité du Cap Bon sur une falaise qui domine la mer, apporte un témoignage exceptionnel sur l’urbanisme phénico-punique.
Contrairement à ce qui s’est passé à Carthage, Tyr ou Byblos, aucune agglomération romaine ne s’est surimposée à la ville phénicienne dont le port, les remparts, les quartiers d’habitation, les boutiques, les ateliers, les rues, les places, les temples et la nécropole se dessinent nettement dans leur état du IIIe siècle av. J.-C.
Les premières fouilles effectuées ont montré une ville qui remonte au VIe siècle avant J.-C. Les données actuelles présentent la physionomie d’une ville punique telle qu’elle se présentait à la fin du IVe siècle av. J.-C. et durant la première moitié du IIIe siècle avant J.-C., indique le site de l’INP.
Avec ses rues perpendiculaires et ses places aménagées à l’abri de remparts flanqués de tours, elle est d’un apport considérable tant sur celui de la connaissance de l’urbanisme punique que sur le plan de l’architecture notamment domestique, le genre de vie citadin, les croyances religieuses, l’artisanat, les relations commerciales et les échanges culturels avec le monde méditerranéen: Grèce, Sicile, Phénicie, Egypte…
“Narrer ou raconter des faits d’une manière précise. La dramaturgie façonnée compte pour moi plus que la langue parlée ou de communication”, a déclaré Houssem Sahli.
S’exprimant lors d’un point de presse organisé à l’issue du spectacle, Sahli a présenté une œuvre composée d’acteurs professionnels et amateurs, qui a été mise en scène avec l’aide d’historiens et de spécialistes ». Wajdi Gaidi a évoqué « une volonté de valoriser le patrimoine de la ville de Kerkouane ».
L’équipe artistique de “La Dame de Kerkoine” aspire à investir d’autres sites et monuments historiques aussi bien que les salles de théâtre en Tunisie et à l’étranger.
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