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Jusqu’où l’armée israélienne ira-t-elle dans la guerre à Gaza?

L’interminable guerre génocidaire menée par Benjamin Netanyahu à Gaza dure depuis bientôt deux ans et elle est exécutée par l’armée israélienne cependant au sein de celle-ci les critiques fusent sur les véritables intentions du  Premier ministre israélien, les réservistes sont de plus en plus nombreux à déserter et le risque de mutinerie est devenu sérieux. 

Imed Bahri

Le Daily Telegraph a publié une enquête de Henry Bodkin et Adrian Blomfield, affirmant que les soldats et généraux israéliens prennent leurs distances avec Netanyahu à cause de la guerre de Gaza. 

Selon le Telegraph, cette guerre interminable pourrait entraîner une mutinerie au sein des rangs supérieurs de l’armée israélienne. Les deux auteurs ont cité un incident survenu au sud du Liban où six soldats ont été tués lors d’un affrontement avec des combattants du Hezbollah. Ron Weiner, qui faisait partie du groupe, a survécu. Weiner, 26 ans, a qualifié l’incident d’horrible. Capitaine de l’unité Nahal, il a pu extraire l’un de ses camarades blessés alors que les combats autour d’une maison ont duré cinq heures.

25 jours de prison pour refus de servir

Après cet incident, Weiner a refusé de réintégrer l’armée comme réserviste, probablement pour être déployé à Gaza, en signe de protestation contre la guerre qui a tué plus de 59 000 Palestiniens depuis octobre 2023. Il a déclaré: «Lorsque les bombardements sur Gaza ont repris, il est devenu évident pour moi que notre gouvernement souhaitait prolonger cette guerre aussi longtemps que possible, et non y mettre fin. J’ai alors compris que je ne pouvais pas reprendre du service dans cette guerre»

Wiener a été condamné à 25 jours de prison pour refus de servir. Il ferait partie d’une vague croissante de jeunes réservistes qui estiment ne pas pouvoir participer à la guerre à Gaza. La plupart d’entre eux ne se présentent pas au service soit parce qu’ils «oublient» de lire leur courrier électronique (les convocations sont envoyées par mail) soit parce qu’ils invoquent des urgences médicales ou familiales. Wiener estime que les images d’enfants affamés à Gaza entraîneront une diminution du nombre de soldats qui s’engagent.

Cette vague survient à un moment où la pression sur Israël s’intensifie face aux conditions humanitaires désastreuses à Gaza, les agences humanitaires mettant en garde contre une malnutrition massive et une famine généralisée.

La France a annoncé jeudi son intention de reconnaître la Palestine comme État. Le point de vue de Wiener sur la futilité du conflit semble être partagé par un nombre croissant d’officiers supérieurs, en service ou à la retraite, qui se sont retournés contre la guerre de Netanyahu. Le journal cite le général Assaf Orion, ancien chef de la planification stratégique de l’armée israélienne, qui a déclaré que, si les campagnes israéliennes contre l’Iran et le Hezbollah au Liban avaient des objectifs stratégiques clairs, la poursuite des opérations militaires à Gaza n’est plus une nécessité militaire évidente. Il a déclaré au Telegraph: «À Gaza, je crois que des arrière-pensées ont obscurci l’orientation stratégique des fins et des moyens. Je crois que la principale raison d’une longue guerre à Gaza est l’opportunisme politique».

Netanyahu craint l’effondrement de son gouvernement

Eran Etzion, ancien chef adjoint du Conseil de sécurité nationale israélien, a été plus direct: «Il est clair pour la plupart des Israéliens depuis un certain temps que la principale raison de la poursuite de la campagne de Gaza réside dans les intérêts politiques personnels et juridiques de Netanyahu. Il a besoin de la guerre pour maintenir son pouvoir, voire le consolider»

Nombreux sont ceux qui pensent que Netanyahu craint l’effondrement de son gouvernement si la guerre prend fin car les partis ultranationalistes de sa coalition l’abandonneront. Etzion affirme: «C’est la raison principale. Cela n’a rien à voir avec le Hamas, c’est entièrement Netanyahu»

Si l’on en croit certaines fuites provenant du cabinet de sécurité israélien, le scepticisme ne se limite pas aux généraux à la retraite. Le chef d’état-major interarmées, le général Eyal Zamir, aurait affirmé qu’il y avait peu à gagner à poursuivre l’opération militaire sans risquer la vie de 20 détenus israéliens présumés vivants dans la bande de Gaza.

Un Hamas bien qu’affaibli continue de combattre depuis les ruines de Gaza renvoyant des soldats israéliens de sacs mortuaires en Israël. Netanyahu insiste sur le fait que le mouvement palestinien doit être écrasé et non brisé, en tant que force militaire et gouvernementale et que le meilleur moyen de récupérer les détenus est de poursuivre les combats.

Les négociations de Doha ont échoué et la délégation israélienne est revenue pessimiste quant à la possibilité d’un accord. La réputation internationale de l’État hébreu est en crise, ses alliés traditionnels comme la Grande-Bretagne, la France, le Canada et l’Australie se bousculant pour condamner les rapports de plus en plus nombreux faisant état de famine.

Les dirigeants militaires, dont Zamir, se trouvent face à un dilemme en raison des positions des élus. Sa position s’est clairement manifestée ce mois-ci par son opposition au projet du ministre de la Défense Yisrael Katz de transférer toute la population civile de Gaza vers une prétendue «ville humanitaire» construite sur les ruines de Rafah dans le sud de la bande de Gaza.

Le commandant de l’armée aurait souhaité protéger ses officiers d’une éventuelle complicité de crime de guerre dans un contexte de colère face à la possibilité que cette zone, qualifiée de camp de concentration par l’ancien Premier ministre Ehud Olmert, soit le prélude au déplacement forcé de la population. Cela placerait également ses forces, qui seraient chargées à terme de surveiller le périmètre de la zone et de faciliter l’entrée de l’aide, sous une pression opérationnelle importante.

L’armée craint que le Hamas n’interprète la création d’une cité humanitaire comme un signe de l’intention d’Israël de reprendre les combats après avoir accepté une trêve de 60 jours menaçant ainsi un éventuel accord.

Netanyahu s’est indigné des déclarations des dirigeants militaires israéliens selon lesquelles le projet de cité humanitaire prendrait un an et coûterait 4 milliards de dollars. Le Premier ministre israélien a appelé à un plan «plus court, moins coûteux et plus pratique» et il est difficile de savoir si cette initiative sera un jour mise en œuvre.

Ce plan pourrait dépasser les capacités des généraux de haut rang, déjà profondément insatisfaits de la situation dans laquelle se trouvent leurs forces sous le nouveau régime d’aide soutenu par les États-Unis. Les Nations Unies accusent l’armée d’avoir tué plus de 1000 civils palestiniens par balle à proximité des sites de distribution d’aide. Selon de nombreuses vidéos et témoignages, le contrôle des foules à l’intérieur et autour de ces sites est extrêmement faible et les soldats israéliens qui assurent la sécurité des entrepreneurs américains ouvrent le feu si les Palestiniens s’approchent trop près.

Lors d’une discussion animée au sein du cabinet de sécurité, le général Zamir aurait contraint un ministre d’extrême droite à visionner une vidéo d’un incident montrant la proximité des travailleurs humanitaires avec ses soldats. L’armée israélienne s’est accaparé 75% de la bande de Gaza, objectif qu’elle visait lors du lancement de l’opération Gideon en mai.

La semaine dernière, l’armée a avancé dans la ville de Deir al-Balah. C’est la première fois que ses forces semblent avoir délibérément cherché à s’emparer d’une zone où, selon les renseignements, des détenus israéliens étaient très probablement retenus.

Les coûts pour Israël augmentent et les bénéfices diminuent

Netanyahu et ses alliés affirment que le maintien des derniers éléments du Hamas dans la bande de Gaza mènera à terme à une nouvelle offensive du type du 7 octobre. Ils ont jusqu’à présent rejeté les propositions arabes visant à établir un gouvernement intérimaire pour gouverner la bande en cas de cessez-le-feu permanent.

Le général Orion déclare: «La guerre de Gaza a atteint son paroxysme. Toute opération militaire, comme toute aventure humanitaire, a un point final où les bénéfices diminuent. À un certain point, les grandes réussites rencontrent des résistances et perdent de leur efficacité. Les coûts augmentent et les bénéfices diminuent. À Gaza, nous avons dépassé ce stade».

Bien que les chiffres sur l’ampleur du refus des réservistes de reprendre le service restent flous, les associations et les responsables politiques estiment que pas plus de 60% de ceux qui sont sollicités répondent à l’appel.

La grande majorité de ceux qui ne se présentent pas sont des personnes qui invoquent des problèmes médicaux ou familiaux ou voyagent simplement à l’étranger pendant la période d’appel. Les refus pour des raisons explicitement politiques sont rares mais ils sont en augmentation comme en témoignent le nombre croissant de lettres publiques signées par des réservistes condamnant la conduite de Netanyahu pendant la guerre ainsi que les réprimandes et les licenciements qui ont suivi.

Des anecdotes ont fait état d’officiers contactant frénétiquement les réservistes via les réseaux sociaux, les suppliant de se présenter, leurs rangs étant en baisse.

Parallèlement, la question de la conscription obligatoire pour les juifs ultra-orthodoxes reste d’actualité, Netanyahu s’attendant à revenir sur sa promesse d’obliger les jeunes hommes ultra-orthodoxes à faire leur service militaire.

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Hassen Chalghoumi | Imposture médiatique au service de manipulations politiques

Hassen Chalghoumi est un véritable «miracle républicain» français, qu’on croirait droit sorti des manuels scolaires coloniaux pour enseigner le français dans les écoles en Afrique du Nord, la célèbre série des «Bonjour Ali, bonjour Fatima». Un miracle caricatural, pour incarner le rôle de missié Islam de France des médias, la voix autorisée pour tout ce qui touche de près ou de loin à cette religion, surtout quand il s’agit de pourfendre les manifestations de soutien aux Palestiniens.

Sadok Chikhaoui *

Surnommé «l’imam des Lumières», sans doute parce qu’il brille surtout par son absence de pensée, et l’exposition excessive aux sunlights, il s’exprime, s’embrouille, éructe dans un français à faire pâlir tous les comiques, pour rassurer l’opinion et incarner l’islam inoffensif, qui est le sien, compatible avec le récit pro-israélien dominant des médias mainstream. Il incarne à merveille l’image rêvée du «bon musulman» ou plutôt du «bon Arabe», dans son acception la plus coloniale : docile, obséquieux, ânonnant un discours appris, incapable d’articuler une pensée théologique ou politique un tant soit peu construite.

Son apparition sur France Culture, le 15 janvier 2021, dans une émission consacrée à Averroès, aux côtés du philosophe Mohamed Ali Hamadi, universitaire reconnu, fut un sommet d’absurde : Chalghoumi semblait ignorer jusqu’à l’existence d’Averroès, qu’il confondait avec un autre. On aurait cru voir Cyril Hanouna disserter sur Spinoza ou un joueur de pipeau commenter un requiem de Mozart.

Une posture creuse, dictée par le besoin de plaire

Bien sûr, chacun a le droit de s’exprimer, y compris sur des sujets complexes. Un joueur de pipeau peut ressentir un requiem de Mozart, un apprenti cuisinier peut trouver fade un plat de grand chef. Mais ce droit à l’opinion n’exonère pas d’un minimum de compétence, de sincérité, et d’effort de compréhension.

Mais le problème surgit quand l’opinion n’est qu’une posture creuse, dictée par l’intérêt, le besoin de plaire, ou l’instrumentalisation politique sciemment assumée. On ne reproche pas à Chalghoumi d’avoir un avis, mais d’être sans rigueur, sans fond, sans légitimité intellectuelle ou théologique, imposé par un coup de force des médias politiquement orientés, comme une figure représentative de la communauté musulmane en France.

Que l’animatrice Adèle Van Reeth l’ait invité dans une émission sur Averroès soulève une question : ignorait-elle qui est Averroès, malgré son agrégation de philosophie ? Ou ignorait-elle à ce point le niveau de son invité ? Dans les deux cas, c’est inquiétant pour France Culture, pour la République, pour la vérité.

Et pourtant, Chalghoumi est partout : cérémonies officielles, débats sur la laïcité, «vivre ensemble» et autres vitrines républicaines. Autoproclamé imam de Drancy, sans formation théologique reconnue, ni en France ni ailleurs, il s’exprime sur des textes qu’il est censé incarner… et qu’il ne connaît pas.

Peu importe. Il joue à merveille le rôle de «musulman de service» qu’on lui a assigné et qu’il assume avec zèle. Ce rôle, il le joue bien, reconnaissons-lui ça cette compétence.

Le plus grave n’est pas qu’il ridiculise les musulmans. C’est qu’il efface toute la richesse intellectuelle et spirituelle de l’islam. Il recouvre d’un écran de fumée des décennies de travail exigeant mené par des penseurs musulmans ou non qui cherchent à penser l’islam dans sa profondeur et sa complexité son historicité et son adaptation à son temps.

Où sont les Mohammed Arkoun, Abdelwahab Meddeb, Rachid Benzine, Souleymane Bachir Diagne, Fouzia Charfi, Mohamed Bajrafil, Faouzi Bédoui, Reza Shah-Kazemi, Tareq Oubrou ? Invisibles. On ne leur demande pas d’être justes, on leur demande d’être utiles. Chalghoumi, lui, est utile à l’ordre établi.

Un soutien inconditionnel à Israël

Dernier épisode en date : lors d’un récent voyage en Israël, Chalghoumi a tenté d’embrasser la main d’un ministre israélien, qui l’a aussitôt retirée. Geste de soumission ou de confusion ? L’image condense tout ce que ce personnage incarne : une servilité théâtrale, embarrassante même pour ceux qu’elle prétend flatter.

En le promouvant, ce n’est pas seulement l’islam qu’on caricature. C’est l’intelligence qu’on insulte, la République qu’on trahit préférant la médiocrité rassurante à la pensée exigeante.

Né en 1972 en Tunisie, arrivé sans-papiers à la fin des années 1990, il affirme avoir été formé à Damas et à Lahore, sans que son parcours soit vérifiable. Il s’installe à Drancy, puis se rapproche de cercles politiques et communautaires. Rapidement surnommé «l’imam du Crif» **, il fréquente régulièrement ses dîners, affiche un soutien inconditionnel à Israël, condamne les mobilisations propalestiniennes, devenant ainsi un invité idéal pour les médias en quête d’un islam compatible.

Protégé, mis en scène, présenté comme courageux grâce à son escorte sécuritaire, Chalghoumi incarne une figure construite pour marginaliser les voix critiques, éteindre la diversité intellectuelle de l’islam, et étouffer tout discours musulman libre et autonome.

Ce n’est pas seulement une imposture individuelle. C’est le symptôme d’un système qui préfère la caricature au savoir, l’allégeance à la pensée. Ce n’est pas un malaise religieux, c’est un projet politique, qui ne cherche pas à promouvoir un islam républicain par l’intelligence, mais à neutraliser l’exigence de justice, surtout lorsqu’il rappelle que la Palestine n’est pas un détail.

*Enseignant.

** Conseil représentatif des institutions juives de France, une sorte de lobby sioniste pro-israélien en France.

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Tunisie-Etats-Unis | L’incontournable deal, d’ici 48 heures

Vous l’aurez compris, on parle ici des tarifs douaniers (et pas de Gaza), parce qu’il reste moins de 48 heures pour se bouger, et négocier avec l’administration Trump, en ces temps difficiles, et où les fonctionnaires tunisiens sont en vacances, ou en service minimum.

Moktar Lamari *

Trump a fixé à la Tunisie, entre autres, la date butoir la fin de ce mois de juillet, pour trouver un deal négocié à l’amiable, sur le terrain des droits de douane à imposer aux produits tunisiens aux États-Unis. Le 1er août c’est vendredi, après c’est comme un peu trop tard.

Ne rien faire, c’est faire payer les exportateurs tunisiens 25% de taxes additionnelles, et pas 10% comme ceux du Maroc, ou 15% pour les industriels européens installés en Tunisie.

Ne rien faire, c’est cultiver une animosité inutile, contre-productive, avec son lot d’imprévisibilité et incertitudes liées.

Chaque dollar compte

Le gouvernement tunisien doit tenir compte des intérêts des acteurs économiques et entreprises tunisiennes qui veulent percer et se tailler une place de choix dans le gigantesque marché américain. Ceux-ci ont besoin de négociation faisant baisser ces tarifs de quelques points de pourcentages.

Un deal aussi imparfait soit-il c’est mieux que de s’exposer aux chantages imprévisibles de son excellence le président Trump. Il lui reste trois longues années à la Maison Blanche et il est rancunier et tenace.

Le gouvernement tunisien ne doit négliger aucune entreprise dans ce bras-de-fer. Et chaque dollar compte, en valeur absolue, et en valeur marginale.

Beaucoup d’analystes tunisiens et journalistes ont préféré le silence ou le wait and see. Leur raisonnement est limité, défaitiste comme si la partie est perdue d’avance.

Le temps c’est de l’argent

En jeu, 1,2 milliard de dollars d’exportations tunisiennes aux Etats-Unis annuellement. Et la somme est en hausse rapide, pour des produits précieux et qui font partie des spécificités tunisiennes. C’est presque 4 milliards de dinars (3% du PIB), et c’est beaucoup. Ce n’est pas rien, si on veut simplifier.

Trump ne s’arrêtera pas là, et la Tunisie, l’Algérie et la Libye sont dans sa cible. Et il l’a réitéré cette semaine, rappelant l’échéance du 1 août, voire la carte ci-jointe.
Ne rien faire, c’est faire en sorte que les produits phare, exportés par la Tunisie, passeront forcément par d’autres intermédiaires en Italie, en Espagne, en Grèce ou au Maroc. Le différentiel d’impôt, favorisera ces intermédiaires et pénalisera forcément les agriculteurs et les industriels tunisiens.

Économie d’échelle

Du point de vue de la rationalité économique, une souris ne peut pas négocier avec un éléphant. Trop marginale pour compter, elle se fera écraser, dans l’indifférence des branle-bas de combat. 

Mais, ici on ignore le raisonnement à la marge, et on fait fi de l’impact de la paille qui a brisé le dos du gros dromadaire.

Les exportions tunisiennes ne font pas plus que 0,3% du total des importations américaines. Les exportations américaines en Tunisie ne font guère plus (0,2%). Même pas 1%, mais c’est important dans la logique des marchés.

Comment éviter le pire, alors que même les plus puissants courbent l’échine. Réalisme versus populisme des plus faibles contre les autres… Les Européens ont fait profil bas et ont fait geste d’abdication en rase campagne avant-hier soir, à Washington, en présence de toutes les caméras du monde.

Négocier avec l’administration Trump, c’est forcément bien apprécier par ce colosse en furie. Mais négocier, c’est penser aux entreprises tunisiennes, ces producteurs et promoteurs, qui veulent conquérir les marchés de l’Amérique du Nord, sans passer par les rentiers européens et leurs petites mains, dociles et versatiles.

Les dégâts par transitivité

Les principaux investisseurs et marchés d’exportations de la Tunisie, sont européens : Français, Italiens, Allemands. Ces pays peuvent ne plus être intéressants de sous-traiter leurs productions (d’intrants et sous-produits) en Tunisie.

Ils peuvent préférer le Maroc, un pays imposé par seulement 10% de taxes additionnelles. Le Maroc renforcera davantage ses avantages comparatifs, et ses industriels et exportateurs chercheront à damer le pion, pour les écarter encore plus, à leurs compétiteurs tunisiens.

La diplomatie de la Tunisie doit innover et il reste moins de 48 heures pour débloquer l’impasse et ouvrir des perspectives, espérant trouver un compromis avec l’administration Trump.

Le 1er août, les nouveaux compteurs de la tarification seront réinitialisés, au détriment de la Tunisie, ou plutôt les exportateurs tunisiens. SOS danger…

* Economiste.  

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La Tunisie a rapatrié 4 500 migrants en 6 mois

Environ 4 500 migrants en situation irrégulière originaires d’Afrique subsaharienne ont quitté la Tunisie et sont retournés dans leur pays d’origine dans le cadre de programmes de retour volontaire organisés en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) depuis le début de l’année 2025.

Ce chiffre a été avancé par le porte-parole de la Garde nationale, Houssemeddine Jebabli, dans une déclaration à la radio Diwan FM, qui a parlé d’«une diminution du nombre de migrants en situation irrégulière dans les villes tunisiennes grâce aux mesures adoptées par les services de sécurité, telles que le blocage des tentatives de migration par voie maritime vers l’Europe, ce qui a entraîné une diminution conséquente du nombre de migrants en situation irrégulière à la recherche d’un point de départ pour rejoindre l’Italie».

Jebabli a ajouté que «le processus de démantèlement des camps de fortune pour migrants en situation irrégulière dans la région de Sfax est toujours en cours». «Une fois les camps informels vidés, les migrants irréguliers sont transférés au siège de l’OIM à Sfax ou à Tunis, tandis que d’autres décident de quitter la Tunisie dans le cadre d’un plan de rapatriement volontaire vers leur pays avec des vols au départ des aéroports internationaux de Sfax et de Tunis».

Il reste cependant à préciser qu’il n’y a aucune statistique officielle ou fiable du nombre exact des migrants bloqués en Tunisie, dont beaucoup travaillent dans le noir pour subvenir à leurs besoins et réunir la somme nécessaire à la traversée illégale de la Méditerranée vers les côtes italiennes.

I. B.

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Les «barbechas» tunisiens et la concurrence des migrants subsahariens

Dans une enquête intitulée «Les collecteurs de plastique en Tunisie luttent contre la crise et l’afflux de migrants», l’agence AFP donne voix à ces hommes et ces femmes qui fouillent les poubelles pour collecter les bouteilles en plastique à revendre aux centres de recyclage, et qui doivent désormais faire face à la concurrence des migrants subsahariens sur cette activité informelle, exténuante et mal rémunéré.

«Face à des opportunités d’emploi limitées, à une inflation galopante et à un chômage élevé, des milliers de Tunisiens se sont tournés vers la collecte du plastique pour survivre», écrit l’agence, qui voit dans le développement de cette activité le «reflet de l’aggravation de la crise économique en Tunisie et des défis migratoires croissants.»

«Un kilo de bouteilles en plastique ne rapporte que 0,5 à 0,7 dinar tunisien, soit moins de 0,25 dollar», rapporte l’agence qui cite

Hamza Chaouch, président de la Chambre nationale des collecteurs de déchets recyclables, estimant à 25 000 le nombre de collecteurs de plastique en Tunisie, dont environ 40 % dans la capitale. «Nombre d’entre eux sont aujourd’hui des travailleurs, des retraités et des agents de nettoyage qui complètent leurs revenus, face à la hausse constante du coût de la vie», ajoute l’AFP.

Le taux de pauvreté en Tunisie qui dépasse 15 %, le taux de chômage autour de 16 % et l’inflation dépassant 5,4 % pousse davantage de personnes vers cette activité informelle qui attire de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne, dont beaucoup sont bloqués en Tunisie après avoir échoué à traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe.

Ce qui crée une concurrence entre les collecteurs locaux, appelés aussi «barbechas» (fouilleurs) et les travailleurs migrants qui n’a pas encore dégénéré en violence, mais cela ne saurait tarder.

Des responsables de centres de recyclage ont cru avoir trouvé la solution en refusant de travailler avec les «barbechas» subsahariens, mais cela ne semble pas avoir dissuadé ces derniers qui, pour la plupart, n’ont pas d’autres sources de revenu, les autorités ayant interdit le travail des migrants irréguliers.

I. B.   

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Amen Bank | PNB en hausse de 4,5% au 1er semestre 2025

Selon ses indicateurs d’activité relatifs au 2e trimestre 2025, les crédits à la clientèle, nets des provisions et d’agios réservés, d’Amen bank ont progressé de 73,6 millions de dinars tunisiens (MDT) ou 1,04%, passant de 7 097 MDT, fin juin 2024, à 7 170,6 MDT, fin juin 2025.

Les dépôts et avoirs de la clientèle se sont établis à fin juin 2025 à 8 698,1 MDT, soit une progression de 713 MDT ou 8,93% par rapport au 30 juin 2024.

Les ressources longues, provenant des emprunts et ressources spéciales, ont atteint 685,3 MDT enregistrant ainsi une baisse de 93,4 MDT par rapport au 30 juin 2024.

Les produits d’exploitation bancaire ont enregistré une augmentation de 16,9 MDT ou 2,76% par rapport à fin juin 2024.

Les charges d’exploitation bancaire ont enregistré une hausse de 3,6 MDT ou 1,14% par rapport à fin juin 2024.

Le produit net bancaire a atteint 308,2MDT à fin juin 2025 contre 295 MDT pour la même période de 2024, soit une hausse de 4,50%.

Le coefficient d’exploitation a atteint 38,28% à fin juin 2025 contre 38,02% pour la même période de 2024, soit une hausse de 26 points de base.

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Attijari Leasing | Mises en force en hausse de 6% au 1er semestre 2025   

La société Attijari Leasing a publié ses indicateurs d’activité relatifs au 2e trimestre 2025, qui font ressortir une augmentation des mises en force cumulées de 6%, à 139,701 millions de dinars (MDT) au 30 juin 2025 par rapport au 30 juin 2024 (132,056 MDT).

Autres faits saillants notables :  des produits nets de leasing 16,745 MDT en hausse de 7 % à par rapport à la même période 2024 (15,633 MDT et un taux d’actifs classés estimé à 8,69 %.

Les capitaux propres ont enregistré, quant à eux, une augmentation de 6% compte non tenu du résultat de la période.

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City Cars | Revenus en hausse de 24,3% au 1er semestre 2025  

La société City Cars, représentant de la marque sud-coréenne Kia Motors en Tunisie, a publié ses indicateurs d’activité relatifs au 2e trimestre 2025, qui font ressortir des revenus à 110,532 millions de dinars tunisiens (MDT) contre 45,260 MDT durant la même période en 2024, marquant ainsi une augmentation substantielle de 144,2%.

Sur l’ensemble du 1er semestre 2025, les revenus ont atteint 181,511 MDT contre 135,186 MDT, enregistrant une hausse de 34,3%.

Compte tenu de ces performances commerciale, la marque Kia s’est adjugée, au terme du 1er semestre 2025, la position de leader sur le marché de distribution automobile avec 3 181 véhicules immatriculés pour une part de marché de 10,6%.

Au cours du 1er semestre 2025, les charges financières nettes ont enregistré une baisse de 30,8% pour s’établir à 1,178 MDT contre 1,701 MDT pendant la même période en 2024.

Au 30 juin 2025, les produits des placements se sont élevés à 6,112 MDT contre 6,023 MDT pendant la même période en 2024, soit une progression de 1,5%.

Durant la même période, la trésorerie nette s’est établie 57,594 MDT contre 36,363 MDT une année auparavant, alors que la masse salariale s’est établie à 2,309 MDT.

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Biat | PNB en hausse de 9,1% au 1er semestre 2025

La Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) a clôturé le 1er semestre de l’année 2025 avec un produit net bancaire (PNB) de 787,5 millions de dinars tunisiens (MDT) en accroissement de 9,1% par rapport à fin juin 2024.

Selon les indicateurs d’activité de la banque, la répartition de ce PNB s’établit comme suit : marge en intérêts de 284,9MDT (36,2% du PNB); marge sur commissions de 134,4MDT (17,1% du PNB); revenus du portefeuille-titres commercial et d’investissement et des opérations financières de 368,2MDT (46,8% du PNB).

Par ailleurs, les charges opératoires de la banque se sont établies à 355,1MDT marquant une évolution de 16,8% avec un coefficient d’exploitation de 45,1% contre 42,1% au 30 juin 2024.

Les encours de dépôts se sont établis à 20.950,2MDT en accroissement de 10,5% avec une évolution des dépôts à vue et des dépôts d’épargne de, respectivement, 8,6% et 11,5%. Les encours de crédits nets ont atteint 13 016,1MDT en progression de 6,4%

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Attijari bank | PNB en hausse de 2% au 30 juin 2025

Attijari bank a publié ses indicateurs d’activité relatifs au 2e trimestre 2025 montrant une progression des dépôts de la clientèle de 4,9% par rapport au 30 juin 2024 principalement au titre de la collecte en dépôts à vue et en comptes d’épargne qui ont évolué respectivement de 7,3% et 8,9%.

Les encours de crédit ont diminué de 1,6% par rapport au 30 juin 2024 pour s’établir à 7 306,1 millions de dinars (MDT) au 30 juin 2025.

Les produits d’exploitation bancaire ont enregistré une progression de 2,7% par rapport au 30 juin 2024 pour s’établir à 585 MDT au 30 juin 2025.

Les charges d’exploitation bancaire ont enregistré une progression de 3,9% par rapport au 30 juin 2024 pour s’établir à 228,1 MDT au 30 juin 2025.

Le produit net bancaire s’est situé à 356,5 MDT s’inscrivant en hausse de 2% par rapport au 30 juin 2024.  

Les charges opératoires ont progressé de 12,1% par rapport au 30 juin 2024 pour s’établir à 185,9 MDT au 30 juin 2025.

Le résultat brut d’exploitation a diminué de 7,2% par rapport au 30 juin 2024 pour s’établir à 170,5 MDT au 30 juin 2025.

Le coefficient d’exploitation s’est établi à 52,2% au 30 juin 2025.

Attijari bank, fidèle à sa mission de rendre les services bancaires accessibles à toutes et à tous, a lancé sa nouvelle application mobile Attijari UP.

Conçue autour des besoins réels des utilisateurs, cette solution digitale incarne une approche résolument centrée sur le client et l’inclusion.

Fruit de plusieurs mois de co‐construction avec des clients issus de divers horizons, Attijari Up, marque une étape majeure dans la stratégie d’innovation autour de l’expérience mobile banking. Elle s’appuie sur une technologie de pointe pour offrir une expérience fluide, sécurisée et personnalisée, accessible à l’ensemble de la clientèle.

Par ailleurs, et face aux nouvelles exigences réglementaires liées à l’utilisation des chèques et dans le cadre de sa stratégie de digitalisation et d’inclusion financière, Attijari bank s’est engagée à proposer des alternatives modernes, sûres et accessibles pour simplifier les transactions et répondre aux besoins réels du marché.

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Espérance de Tunis | Youcef Belaïli fait encore parler de lui

L’Espérance sportive de Tunis s’est inclinée (0-1) dans un match amical de préparation face au club égyptien Al Masry, dimanche 27 juillet 2025, dans son fief du Parc Hassen Belkhodja, à Tunis. Un match terminé en queue de poisson…

Salah Mohsen a inscrit l’unique but de cette rencontre à la 53e minute. Mais la rencontre a été interrompue à cinq minutes de la fin par décision de l’arbitre, après que Youcef Belaili ait agressé un joueur adverse suite à un geste déplacé de ce dernier envers Mohamed Tougaï.

Le public «sang et or» aurait souhaité voir l’attaquant international algérien faire parler de lui autrement. Mais l’incorrigible Belaili, qui coûte très cher à son équipe, multiplie les actes d’indiscipline qui risquent de coûter encore plus cher à l’Espérance à l’orée d’une nouvelle saison. Des sanctions s’imposent dès aujourd’hui pour tenter de parer au pire, quoiqu’avec Belaili, on peut s’attendre à tout.  

L’EST disputera son premier match officiel de la saison, en finale de la Supercoupe 2024-2025, dimanche prochain, 3 août, face au Stade tunisien, vainqueur hier de l’Union sportive monastirienne (2-0).

I.B. 

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À Gaza, 2000 dollars pour avoir du pain pendant deux semaines

À Gaza, ceux qui peuvent se permettre de manger, même à des prix exorbitants, ne mangent qu’un seul petit repas par jour tandis que les autres ne mangent rien. 2 000 dollars ne suffisent plus à acheter du pain pour deux semaines! Une situation insupportable sur le plan physique et psychique que les Israéliens poussent à l’extrême pour détruire les Gazaouis. 

Imed Bahri

Dans une enquête publiée par le journal britannique The Observer, Ruth Michaelson a démontré par des cas concrets comment la faim à Gaza est non seulement dévastatrice physiquement mais aussi mentalement. 

Pour Hassan, survivre à la famine est une question de calculs quotidiens, à commencer par la façon de diviser un morceau de pain, chaque quart devenant un repas. Il parcourt chaque jour cinq kilomètres à pied à la recherche de légumes et ramasse du bois pour cuisiner ce qu’il peut.

La semaine dernière, il a passé quatre jours à chercher en vain de la farine ou des pâtes et a vu des gens s’évanouir de faim dans les rues.

Après avoir trouvé trois boîtes de haricots, il a longuement réfléchi à la façon de les répartir entre les cinq membres de sa famille, allant même jusqu’à se tourner vers ChatGPT pour obtenir des conseils sur les stratégies de répartition des calories.

Un repas quotidien est devenu un luxe rare

Hassan a perdu 38 kilos depuis mars, lorsqu’Israël a renforcé son blocus sur Gaza et que la nourriture s’est raréfiée. «Nous devons tout calculer pour survivre. Ce genre de famine nous affecte non seulement physiquement, mais aussi mentalement. C’est un combat», a-t-il déclaré. 

Malgré ses souffrances, Hassan fait partie des rares chanceux. Son travail avec l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) lui assure un revenu stable mais insuffisant pour subvenir aux besoins de sa famille. Il a évacué sa femme et ses enfants au début de la guerre et est resté à Gaza pour s’occuper de ses parents âgés.

Il combine ses revenus avec ceux de ses deux frères pour fournir un ou deux repas par jour à leurs parents. L’UNRWA a demandé que le véritable nom d’Hassan ne soit pas révélé pour sa protection.

Avoir un repas quotidien est devenu un luxe rare à Gaza, où de nombreux habitants disent passer des journées entières rien manger. Au moins 100 personnes, principalement des enfants, sont mortes de malnutrition.

Un demi-million de personnes souffrent de faim aiguë

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha), la plupart des plus de deux millions d’habitants de Gaza ne vivent que d’un seul repas par jour. Le Programme alimentaire mondial (Pam) estime que près d’un demi-million de personnes à Gaza souffrent de faim aiguë.

«Pour moi qui gagne un bon salaire comparé à d’autres à Gaza, je perçois 2 000 dollars par mois mais cela ne suffit même pas à couvrir le coût du pain pendant deux semaines», explique Hassan.

À cause du système de transfert d’argent, il perd la moitié de son salaire, en plus des prix exorbitants. Un kilo de tomates coûte environ 30 dollars, les concombres 26 dollars et un sac d’oignons 47 dollars. Il n’achète donc qu’une seule variété à la fois.

Dans les rares magasins qui vendent du sucre et du café, ces produits sont vendus au gramme et les balances de précision qui y sont utilisées le sont généralement pour peser les bijoux. Chaque boîte de haricots, que Hassan distribuait soigneusement à sa famille, coûte environ 11 dollars contre un shekel (environ 30 centimes) avant la guerre.

Hassan se souvient de l’époque où la quantité minimale de sucre vendue était de 3 kilogrammes alors qu’aujourd’hui, il est vendu au gramme. «La semaine dernière, ma mère m’a demandé de vendre un morceau de son bracelet qu’elle avait conservé de sa dot car elle voulait avoir le sentiment d’apporter sa contribution et non d’être un fardeau», a-t-il déclaré. Ses enfants ont accepté à contrecœur de le vendre.

Hassan a ajouté qu’il lui arrive de passer une heure à écrire un seul courriel en raison de ses difficultés de concentration dues à la faim.

6000 camions chargés d’aide stationnés en Jordanie et en Égypte

Des responsables de trois agences des Nations Unies se sont dits préoccupés par l’épuisement de leur personnel. La semaine dernière, des journalistes de trois grands médias dont la BBC ont déclaré que leurs collègues à Gaza souffraient des mêmes problèmes et sont incapables de travailler en raison de pénuries alimentaires.

«Nous avons environ 12 000 employés, soit l’effectif le plus important du personnel des Nations Unies à Gaza et ils nous disent être incapables de travailler à cause du stress», a déclaré Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA avant d’ajouter: «Ils parcourent des kilomètres chaque jour pour trouver de quoi manger et certains s’évanouissent au travail. Même les gardiens à Gaza ont besoin de quelqu’un pour s’occuper d’eux».

Depuis qu’Israël a renforcé son blocus de Gaza début mars, seule une quantité limitée d’aide humanitaire est entrée par l’intermédiaire des Nations Unies. Washington et Tel-Aviv ont préféré soutenir un plan militaire controversé via la Fondation humanitaire pour Gaza qui distribue des colis alimentaires et affirme avoir distribué des millions de repas malgré l’aggravation de la famine.

Ce plan s’est également avéré meurtrier. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme estime que plus de 1000 personnes ont été tuées en tentant d’accéder à l’aide depuis le début des opérations de l’organisation controversée.

L’UNRWA estime avoir environ 6000 camions chargés d’aide stationnés en Jordanie et en Égypte qui sont en attente d’autorisation d’entrée. 

Max Rodenbeck, de l’International Crisis Group, a déploré l’échec des négociations de cessez-le-feu, qualifiant la famine à Gaza de catastrophe d’origine humaine et appelle Israël à ouvrir les points de passage à l’aide internationale.

Dans le même contexte, Olga Cherevko, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires à Gaza, a déclaré que la collecte de l’aide nécessite une coordination rigoureuse avec les autorités israéliennes, car environ 90% de la bande de Gaza est désormais une zone militaire ou fait l’objet d’ordres d’évacuation. Elle a ajouté: «Si une mission d’aide est approuvée, il faut parfois attendre jusqu’à 46 heures pour se déplacer car nous avons besoin d’une coordination avec les forces israéliennes sur le terrain pour arrêter les combats et nous permettre de nous déplacer. Cela peut prendre des heures ou ne mener à rien du tout lorsque nous attendons le feu vert qui ne vient jamais».

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Rentrer au bled autrement | Le train comme mémoire vivante

Avec ‘‘Et si on rentrait au bled en train ?’’ (Gallimard, Paris, mai 2025, 144 pages), Nassira El Moaddem, journaliste française d’origine marocaine, signe un récit aussi bref que dense, aussi personnel qu’universel. Loin des récits de voyage formatés, son texte propose une alternative simple, mais radicale dans son époque : ralentir. Prendre le train pour rejoindre le Maroc depuis la France. Prendre le temps de traverser. De regarder. De transmettre.

Djamal Guettala

L’été 2022, la journaliste décide d’embarquer mari et enfants dans une traversée ferroviaire entre Paris et Tanger, en passant par Barcelone, Cordoue, Cadix. Pas par goût de l’exotisme inversé, ni pour satisfaire à une posture écologique à la mode, mais pour renouer avec une autre idée du voyage. Le bled ne se rejoint plus en survolant le réel, mais en l’habitant, pleinement.

L’Espagne, souvent traversée sans pause par les familles maghrébines en route vers le sud, devient ici une terre à arpenter, à regarder autrement. On y mange, on s’y perd, on s’y souvient. Chaque escale est un moment vécu, pas un simple arrêt.

L’écriture est simple, épurée, sans effets. Elle épouse le rythme du voyage : lente, attentive, parfois traversée par la fatigue ou le silence.

Une autre manière de voyager

Ce n’est pas un livre de slogans, mais il est traversé par une conscience politique forte. Celle d’une enfant de l’émigration qui connaît le prix des déplacements, la charge des retours, la complexité de la transmission. Elle évoque les valises trop lourdes, les banquettes brûlantes, les douanes anxiogènes, les souvenirs qui collent à la peau. Et dans tout cela, la volonté de montrer à ses enfants qu’il existe une autre manière de voyager, de revenir, de dire : «voilà d’où l’on vient».

Ce livre n’a rien d’un manifeste théorique. Il est fait de gestes concrets, de souvenirs familiers, de regards posés là où d’ordinaire on passe trop vite.

Ce que Nassira El Moaddem offre, ce n’est pas un guide, mais un chemin. Celui d’un retour au bled qui ne nie ni les frontières, ni la complexité, mais qui fait le pari du lien. Et ce pari-là, discret mais tenace, mérite d’être lu, partagé, transmis.

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Débat citoyen à Bizerte sur le commerce parallèle

Dans l’enceinte historique de Sidi Jelloul, fief de l’Association de la sauvegarde de la médina de Bizerte (ASMB), un débat riche et animé autour du commerce parallèle s’est tenu dimanche 27 juillet 2025 à l’initiative de l’association Travail et Développement, présidée par Amor Béjaoui, figure de proue du tissu associatif local.

Lotfi Sahli

Organisée en deux temps, la rencontre a réuni commerçants, anciens hauts responsables de l’administration publique, ainsi que des membres de la société civile, tous venus débattre des enjeux économiques et sociaux liés à ce phénomène en pleine expansion.

La première session, consacrée à un cadrage du sujet, a été présidée par Salaheddine Makhlouf, ancien secrétaire d’État à l’Artisanat, qui a apporté un éclairage institutionnel sur les causes profondes du commerce informel et ses répercussions sur le tissu économique national.

Le commerce parallèle, aussi appelé commerce informel, représente une part non négligeable de l’économie dans de nombreux pays, notamment en développement. Il présente certains avantages : il permet à des milliers de personnes en situation de précarité d’accéder à une source de revenu, de subvenir à leurs besoins quotidiens, et de proposer des biens à des prix souvent inférieurs à ceux du marché formel, ce qui séduit une large frange de consommateurs. Il constitue également une réponse à la lenteur administrative, à la rigidité fiscale ou au manque d’opportunités dans l’économie formelle.

Toutefois, ses inconvénients sont nombreux et préoccupants. Il prive l’État de recettes fiscales, nuit à la concurrence loyale, affaiblit les entreprises structurées, et favorise parfois la contrebande ou la circulation de produits de contrefaits de mauvaise qualité, voire dangereux.

Pour faire face à ce phénomène, une approche globale est nécessaire. Il ne suffit pas de réprimer : il faut aussi intégrer. Cela passe par la simplification des démarches de formalisation, l’octroi de microcrédits, la création de zones marchandes encadrées, et des campagnes de sensibilisation sur les bénéfices de l’intégration dans l’économie formelle. L’objectif est d’accompagner progressivement les acteurs du commerce parallèle vers une transition durable et bénéfique pour l’ensemble du tissu économique.

La deuxième session a été animée par Mohsen Ben Ali, ancien directeur régional du commerce, qui a mis en lumière, à l’issue des échanges, l’importance du rôle de la société civile et de l’Utica dans la lutte contre le commerce parallèle. Il a rappelé que ce fléau menace directement le commerce organisé et formel. En tant que représentant des commerçants, l’Utica est appelée à jouer un rôle moteur en proposant des solutions concrètes, en servant de relais entre les commerçants et l’État, et en contribuant à des politiques économiques plus inclusives. Elle peut notamment identifier les causes de l’informel, appuyer la régulation des marchés, et défendre les intérêts du secteur légal.

M. Ben Ali a aussi insisté sur la nécessité d’intégrer progressivement les acteurs informels via des mesures d’accompagnement, tout en sensibilisant les commerçants à l’importance de la transparence et du respect des règles du marché.

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Disparue et retrouvée en Tunisie, une Italienne retourne à Cagliari

Valentina Greco, 42 ans, une Italienne originaire de Cagliari, est rentrée en Sardaigne hier soir, samedi 26 juillet 2025. Elle a été retrouvée à son domicile de Sidi Bou Saïd (photo) le 19 juillet, après avoir été annoncée disparue par sa famille pendant une dizaine de jours.

Profondément bouleversée physiquement et psychologiquement, elle a demandé, par l’intermédiaire de son avocat, Me Gianfranco Piscitelli, à ne pas être bombardée de questions sur ce qui s’est passé en Tunisie et à ne pas être récupérée à son arrivée.

Il ne s’agit pas d’une position hostile aux médias, a expliqué Me Piscitelli, mais d’une «demande compréhensible et humaine compte tenu de son état physique». Elle ne fournira des éclaircissements et des précisions qu’ultérieurement et par l’intermédiaire de son avocat, a rapporté l’agence italienne Ansa.

I. B.

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Italie | La police bloque l’exportation d’une Audi 7 volée vers la Tunisie

Lors de contrôles effectués au port pour lutter contre le trafic international de véhicules volés à destination de la Tunisie, la police de Gênes a mené une opération conjointe avec le personnel de l’agence européenne Frontex, bloquant l’exportation d’une voiture de luxe.

Selon l’agence italienne Ansa, l’enquête, caractérisée par sa rapidité et sa complexité, a permis l’identification et la saisie d’une Audi A7, estimée à environ 90 000 euros (plus de 300 000 dinars tunisiens).

Le véhicule, identifié parmi les véhicules embarquant sur un ferry à destination du port de La Goulette en Tunisie, a été volé en Suède. Des contrôles ultérieurs ont confirmé que le véhicule avait été réimmatriculé en France et qu’il était muni de faux documents d’immatriculation.

Le conducteur du véhicule, un citoyen tunisien résidant légalement dans l’Union européenne, a été signalé en fuite à l’autorité judiciaire compétente pour blanchiment d’argent.

Simultanément, et dans le cadre de la lutte contre la falsification de documents, un faux permis de conduire belge a également été saisi. Le propriétaire, un citoyen belge d’origine tunisienne, a également été dénoncé aux autorités judiciaires locales.

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Tunisie | La crise culturelle, un miroir brisé

La Tunisie traverse une crise politique, sociale et économique profonde, que nul n’ignore. Les chiffres parlent, les visages l’expriment, les rues le crient. Mais au cœur de cette tourmente, un autre pan de notre être collectif s’effondre plus discrètement : la culture. Un effondrement plus silencieux, mais peut-être plus grave. Car si les crises politiques se traitent par des réformes, les fractures économiques par des mesures de redressement, une crise culturelle, elle, altère la conscience même d’un peuple.

Ilyes Bellagha *

Dans une société où l’architecture, la littérature, la musique et les arts étaient autrefois le souffle discret d’une résistance, la culture semble désormais reléguée à l’ornement, au folklore, à la distraction, au futile.

L’architecture est un prisme. Elle révèle le lien d’un peuple à son histoire, à son imaginaire collectif, à son avenir. En Tunisie, ce prisme est brisé. L’espace bâti, naguère porteur de sens, d’identité et de beauté, est aujourd’hui livré à l’anarchie, au cynisme spéculatif, à la perte de repères. L’urbanisme n’est plus un projet, mais une fatalité. Le patrimoine, un fardeau. La beauté, une option.

Une crise imbriquée

Comment ne pas voir dans cette dégradation de nos villes, de nos paysages et de nos gestes architecturaux, le symptôme d’une crise culturelle profonde ? Car bâtir, c’est déjà penser. Et ce que nous bâtissons aujourd’hui dit tout de notre vide intérieur.

Il serait naïf de croire que cette crise culturelle est isolée. Elle est le fruit — mais aussi la matrice — des autres crises. Une société privée de rêves, de récits, de repères symboliques, est une société vulnérable. La culture n’est pas un luxe. Elle est ce qui donne sens à l’économie, dignité à la politique, humanité au social.

La disparition des lieux de débat, le rétrécissement des espaces de création, la marginalisation des penseurs et artistes, la désertification intellectuelle des institutions : tout cela crée un vide dans lequel prospèrent l’ignorance, la résignation et parfois la violence.

Des responsabilités à assumer

Il est temps que les acteurs culturels — architectes en tête — assument leur part de responsabilité dans ce naufrage. Trop souvent, nous avons fui en avant. Trop souvent, nous avons préféré le confort des colloques aux actes courageux, les discours aux engagements concrets.

Cette responsabilité est double.

La première est directe : nombreux sont ceux qui ont accepté de servir un système qui les humilie. Ils se sont mis à la table du pouvoir, même lorsqu’on ne leur offrait que du pain noir. Ils ont renoncé à leur rôle de conscience pour devenir des techniciens dociles, des décorateurs du déclin, des gestionnaires du renoncement.

La seconde est indirecte, mais tout aussi destructrice : elle consiste à se draper dans une posture de victime permanente. À chaque nouveau bâton dans les roues, on lève les bras au ciel, on proteste, on simule le refus, mais sans jamais aller au bout de la rupture. On joue à préserver sa dignité… tout en piétinant celle des citoyens. Ce théâtre de la plainte empêche toute refondation.

Et entre les deux, il faut nommer ce qui étouffe : la responsabilité du politique, bien sûr — mais aussi l’ego ignorant des décideurs, incapables d’envisager la culture comme un enjeu stratégique.

L’un des héritages les plus pernicieux de Ben Ali dans le champ des arts aura été de nous laisser une élite administrative aussi inculte que le plus simple des citoyens, qui n’aurait pas compris cette phrase de Victor Hugo : «L’architecture, c’est le grand livre de l’humanité.»

Alors oui, face à cela, il devient vital de réhabiliter le militantisme culturel, et de l’incarner pleinement. Les architectes, en particulier, ne peuvent plus détourner le regard pendant que leur pays est vandalisé — par l’argent, par l’indifférence, par l’ignorance.

Que faire ? Continuer à expatrier nos jeunes architectes brillants pendant que l’on importe des modèles urbains préfabriqués, des produits chinois, un béton sans âme ? Sommes-nous devenus incapables de bâtir nous-mêmes notre propre avenir ?

Refaire société par la culture

Le chantier est immense. Mais il est vital. La Tunisie de demain ne se bâtira pas seulement avec des plans économiques ou des réformes institutionnelles. Elle devra retrouver ce souffle, cette dignité culturelle qui faisait d’elle, jadis, un phare. Redonner à l’architecture sa poésie. À la parole sa puissance. À la mémoire sa profondeur.

Et cela commence par un acte simple, mais difficile : se tenir debout. Ne plus déléguer à d’autres ce que nous seuls pouvons porter.

* Architecte.

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Rencontre de l’ambassadeur Hood avec le réalisateur Majdi Smiri  

L’ambassadeur des Etats-Unis en Tunisie Joey Hood a rencontré le cinéaste et réalisateur de renom Majdi Smiri afin d’explorer les possibilités de collaboration dans des projets cinématographiques en anglais et des initiatives culturelles communes.

C’est ce qu’indique l’ambassade des Etats-Unis dans un post Facebook publié ce dimanche 27 juillet 2025 sans préciser ni le lieu, ni la date, ni la circonstance dans laquelle s’est déroulée cette rencontre. «De la narration à l’écran, la conversation a mis en lumière le pouvoir du cinéma pour rapprocher les peuples et les cultures», lit-on dans le post qui ajoute : «Nous sommes enthousiastes quant aux perspectives à venir.»

Que l’on ne s’y trompe pas : il s’agit d’«un échange d’idées dynamique avec l’une des voix les plus créatives de Tunisie», comme le souligne le titre du post. Et qu’on n’aille pas voir y voir le signe avant-coureur d’un nouveau complot contre l’Etat !

Majdi Smiri, pour sa part, n’a pas encore communiqué sur cette rencontre qui pourrait lui valoir quelque désagrément si des patriotes autoproclamés se mettent dans la tête de lui chercher noise en lui collant un procès…  

Le cinéaste serait bien inspiré de clarifier l’«affaire» avant qu’elle n’en devienne une, pour de bon.   

I. B.   

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Sra Ouertane | Veillons à ce que le sel de la terre ne devienne un poison !

Dans les entrailles de la Tunisie, là où la roche sédimente des millénaires de mémoire, le Kef abrite le gisement de Sra Ouertane : une promesse de richesse mais aussi possible répétition d’un traumatisme collectif. Alors que le projet d’exploitation du phosphate dans cette région du nord-ouest tunisien a refait surface, il convient d’ouvrir les yeux… et les archives. 

Manel Albouchi

Le vice-président de la société chinoise Asia-Potash International Investment Guangzhou, Zheng Youye, en visite à Sra Ouertane le 27 juin 2025, a exprimé la volonté de son groupe d’accélérer les démarches pour obtenir les autorisations nécessaires au lancement du projet d’exploitation du gisement de phosphate de Sra Ouertane, au sud du gouvernorat du Kef.

Les Chinois, tout comme les Tunisiens, n’étant pas particulièrement regardants sur les impacts environnementaux de leurs activités industrielles, on pourrait avoir du souci à se faire à propos de ce projet. Et pour cause…     

Pendant des décennies, le Sud a été exploité, au prix de troubles sociaux, psychiques et environnementaux (Gafsa en porte encore les cicatrices), tandis que le Nord restait dans une dissociation silencieuse. Un oubli structurel, presque volontaire. 

Découvert dans les années 1970, le gisement de Sra Ouertane contiendrait 1 milliard de tonnes de réserves estimées, avec 12 % de teneur en P2O5, soit l’un des plus importants gisements encore inexploités du pays. Pourtant, plus de 50 ans après sa découverte, son activation reste en suspens, balançant entre rêve de développement et cauchemar environnemental. 

Les derniers rapports évoquent une relance du projet, avec à la clé un investissement initial chinois estimé à 800 millions de dinars, une capacité de transformation annuelle d’un million de tonnes de phosphate dès sa première phase de mise en œuvre, et à terme, plus de 1500 emplois directs. Mais à quel prix ? 

L’ombre de Gafsa plane encore 

Les habitants du Kef observent Gafsa comme on regarde un miroir brisé. Dans cette région minière, le phosphate a laissé des stigmates profonds : maladies respiratoires, cancers, infertilité, anxiété chronique, stress post-traumatique. La dépression s’y est propagée comme un nuage de poussière. Les chiffres parlent : selon une étude de l’Institut national de la statistique (INS) en 2016, 1 habitant sur 3 dans le bassin minier souffre de troubles anxieux ou dépressifs. 

Le phosphate n’épuise pas que les sols. Il érode les corps, rompt les liens sociaux, fragilise les structures psychiques. Les enfants nés dans ces zones portent, souvent à leur insu, une mémoire traumatique transgénérationnelle. 

Des responsables de la société chinoise Asia-Potash International Investment Guangzhou en visite à Sra Ouertane.

Ce que le corps retient 

Nous sommes en présence d’un projet probablement rentable sur le plan économique mais stratégiquement risqué : car tout développement qui nie le symbolique et le lien au vivant court à sa propre destruction. Le mauvais exemple de Gabès meurtri par les impacts catastrophiques des industries chimiques en est une autre preuve. Et la République ne peut pas fonder sa modernité sur l’extractivisme, l’oubli et la dissociation collective. 

En effet, le corps qui il soit individuel ou social est une archive vivante. Il se souvient de l’injustice, de l’humiliation, de la dépossession. A Sra Ouertane, le corps social est pris en tenaille entre promesse d’emploi et menace d’effondrement.  

Dans cette perspective, ignorer les effets psychosomatiques d’un tel projet est une forme de violence symbolique.  

Ce que le projet oublie 

Le projet Sra Ouertane est riche en promesses… mais pauvre en études d’impact indépendantes. Les risques hydriques (le phosphate étant très consommateur en eau), les pollutions de l’air et du sol, les risques pour la santé mentale et physique, ainsi que les mouvements migratoires induits n’ont pas été suffisamment étudiés. 

Aucune enquête psychosociale sérieuse n’a été menée auprès des populations locales. Il n’y a pas eu de dialogue éthique ni de protocole de suivi psychologique anticipé. On a oublié que l’aménagement du territoire ne peut se faire sans soin du territoire psychique. 

Une République du soin ou de l’oubli ? 

On vient de célébrer, avant-hier, 25 juillet 2025, la fête de la République, osons poser la question fondamentale : quelle souveraineté exercera-t-on si l’on sacrifie une partie de sa population sur l’autel de la rentabilité ? Le développement ne peut être fondé sur le déni. Une véritable stratégie républicaine impliquerait : 

– des études d’impact pluridisciplinaires; 

– un accompagnement psychologique des populations concernées; 

– des mécanismes de réparation pour les victimes des erreurs passées (comme à Gafsa); 

– et un débat citoyen, éthique et transparent, car la Tunisie mérite une écologie de la justice. 

Le sel de la terre 

Le phosphate est le sel de la terre. Il peut fertiliser… ou brûler. À nous de choisir si nous voulons en faire une graine ou une cendre. Mais souvenons-nous que le sol parle, que le corps parle, et que la République n’est pas qu’un régime politique. Elle est aussi une promesse : celle de la dignité pour tous les citoyens, de la justice, de l’écoute et de la reconnaissance. Un État qui creuse la terre doit d’abord sonder les âmes. Car la terre, elle, hurle déjà en silence. 

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