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Pharmacies et souplesse de paiement: Solidaires face à la maladie !

Le contrat de confiance qui lie certains pharmaciens et leurs clients les plus fidèles reflète le souci de s’unir contre la maladie. Face à un malade qui se trouve dans le besoin de recevoir son traitement médicamenteux mais qui, en revanche, ne dispose pas d’assez d’argent pour l’obtenir, les pharmaciens de cœur se montrent compréhensifs et compatissants.

La Presse — En effet, à l’heure où la cherté de la vie intrigue les Tunisiens à revenus moyens et autres salariés et où le prix de certains traitements se taille la part du lion du budget individuel, faire preuve de souplesse devient, pour certains pharmaciens, un devoir humain. Il s’agit de l’une des plus belles manifestations de solidarité sociale à laquelle s’adonnent ces commerçants pour concrétiser le droit d’accès à la santé.

Faten Choulek est pharmacienne. Elle est en contact permanent avec des malades qui sollicitent des traitements médicamenteux. Certains d’entre eux se trouvent, souvent, à court d’argent. D’autres sont soumis à des traitements contre des maladies chroniques qui grèvent une bonne partie de leurs budgets. Pour soutenir les malades-clients et permettre l’accès — sans tarder — aux médicaments, la pharmacie où travaille Faten continue à répondre favorablement à leurs attentes, remettant le paiement à plus tard. « Ce sont des faveurs que nous accordons à certains clients fidèles. Il est impératif, pour nous, de bien connaître les personnes à qui nous ferions confiance. Cette dernière représente l’assise de cette relation de solidarité qui nous unit », souligne Faten Choulek.

La proximité au service de l’humain

Il faut dire que ce geste de confiance mutuelle est pratiqué, dans certaines pharmacies, depuis bien longtemps. « Octroyer le traitement médicamenteux à une personne qui ne dispose pas de l’argent nécessaire à cette acquisition constitue une pratique que nous perpétuons depuis toujours, mais à des conditions bien déterminées. Dans notre pharmacie, indique Rim Ghzayel, nous avons une liste restreinte de clients fidèles à qui nous facilitons l’accès aux médicaments sans pour autant leur mettre la pression pour payer la facture. Ces personnes, qui n’excèdent pas une dizaine, sont des clients fidèles depuis bien des années. Ils font partie, de surcroît, de l’entourage de notre pharmacie. La plupart d’entre eux habitent à deux pas de chez nous ».

Une générosité devenue rituelle

Dans la pharmacie où travaille Faten, située au Bardo 2, la liste des clients bénéficiant de cette souplesse de paiement compte une vingtaine de personnes. La plupart d’entre elles sont âgées et suivent des traitements à vie. « Ce sont surtout des affiliés à la Cnam qui recevront, immanquablement, des remboursements de la Caisse nationale d’assurance maladie. Aussi, suffit-il pour eux de payer une avance dans l’attente de recevoir le remboursement pour payer la totalité de la facture ; une facture qui varie entre 500dt et 1000dt », indique Faten. Il faut dire que les clients qui disposent de cette faveur ne sont autres, généralement, que des personnes âgées souffrant d’une ou de plusieurs maladies chroniques. Ces malades suivent un ou plusieurs traitements à vie dont le coût pèse lourd sur leurs budgets. «  Un traitement valable pour une durée de trois mois coûte environ 900dt. C’est pour cette raison que nous leur accordons des périodes de clémence pour payer le montant à condition que ce dernier ne dépasse pas mille dinars », renchérit Rim.

Le «  dépannage » opportun

Néanmoins, dans certains cas, et en prenant toujours compte de la relation de confiance mutuelle qui lie les pharmaciens et leurs fidèles clients, des exceptions peuvent être appliquées pour les clients, autres que les personnes âgées et les malades chroniques, qui se trouvent, eux aussi, à court d’argent. « Avant, même à court d’argent, certains clients avaient la possibilité de livrer des chèques de garantie, dans l’attente de recevoir leurs salaires. Or, depuis l’interdiction de cette solution, il est devenu difficile, pour eux d’avoir d’autres moyens pour obtenir les médicaments et payer par la suite. Nous continuons, par conséquent, à faire preuve de souplesse envers notre clientèle, n’ayant comme garantie de notre argent que la confiance établie entre nous. Pour cette catégorie, le plafond des dettes ne doit pas dépasser les 250dt », ajoute Faten.  Elle attire, toutefois, l’attention sur des cas sociaux qui n’ont pas les moyens pour se procurer les médicaments,  des personnes qui vivent dans la précarité et qui, par conséquent, sont privées du droit à la santé…

La confiance doit être bien méritée !

S’abstenir d’accorder cette faveur à tout venant est compréhensible. « On ne peut pas livrer des médicaments à des personnes qu’on ne connaît pas. Il faut bien, quand même, garantir notre droit au paiement, ce qui n’est pas possible pour des clients inconnus », précise Rim. Les critères conditionnant la souplesse de paiement dans certaines pharmacies sont largement justifiés. D’ailleurs, le moindre laisser-aller pourrait coûter cher au pharmacien. Dans l’une des pharmacies implantées à El Manar, cette pratique n’est plus exercée. C’est que la solidarité sociale a cédé la place à la prudence. « Nous avons cessé d’octroyer des médicaments sans être payés et ce, bien avant l’interdiction des chèques de garantie ; soit bien avant la pandémie de covid. Seules deux ou trois personnes âgées continuent de bénéficier de cette faveur », indique la pharmacienne qui préfère garder l’anonymat. Et d’ajouter que donner confiance à ceux qui ne le méritent pas est une grave erreur. « Je me souviens d’un monsieur que la propriétaire connaît bien. Il était venu acheter des médicaments qui avaient coûté soixante-dix dinars. Il comptait payer via sa carte bancaire, laquelle n’a pas donné une réponse favorable. Il avait promis de revenir payer au plus vite. Toutefois, nous ne l’avons plus revu », ajoute-t-elle, déçue.

Quoi qu’il en soit, la souplesse au niveau du paiement des médicaments devrait être appliquée dans un plus grand nombre de pharmacies, car le médicament diffère de tout autre produit commercialisé. Un médicament sauve des vies, sauve des familles de la distorsion sociale. L’accès aux médicaments est un droit, quitte à être obtenu non sans faveur.

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