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Commerce et investissement | La Tunisie met le cap sur la Chine

Tap, l’agence officielle d’information tunisienne, a publié l’article suivant intitulé «La Tunisie cherche à construire des relations commerciales et d’investissement avec la Chine au-delà des marchés traditionnels» où elle souligne le nouveau tropisme chinois de la Tunisie qui cherche à diversifier ses partenariats internationaux et sortir du tête à tête harassant avec ses deux partenaires historiques : l’Union européenne et les Etats-Unis.  

Ces derniers mois, les entreprises chinoises ont renforcé leur présence en Tunisie, tant en fournissant des produits de haute technologie qu’en investissant dans plusieurs secteurs clés tels que l’exploitation minière.

Les observateurs considèrent cette tendance comme s’inscrivant dans les efforts plus vastes déployés par la Tunisie pour diversifier ses partenariats et s’implanter au-delà des marchés traditionnels.

Un événement récent important a été la visite d’une délégation du groupe public chinois Wuhan Yangluo Port Services Co., Ltd., conduite par son PDG Xu Baowei. La délégation a rencontré des représentants du gouvernement, dont le ministre du Commerce et du Développement des exportations, Samir Abid, afin d’explorer de nouvelles pistes de coopération en matière de commerce et d’investissement.

Tap présente dans ce rapport les étapes clés de l’évolution des relations sino-tunisiennes, notamment le premier déploiement de bus de fabrication chinoise, ainsi que l’avancement de projets majeurs tels que le pont de Bizerte et le stade olympique d’El Menzah.

Visite d’une délégation chinoise et nouveaux horizons

La délégation chinoise de haut niveau de Wuhan Yangluo Port Services Co., Ltd. est arrivée à Tunis pour explorer les opportunités de coopération commerciale et d’investissement.

Selon le ministère du Commerce, cette visite, prévue jusqu’au 29 juillet 2025, s’inscrit dans le prolongement des discussions menées lors de la 4e Exposition économique et commerciale Chine-Afrique à Changsha en juin 2025, où M. Abid a conduit la délégation tunisienne.

M. Abid a souligné l’importance de cette visite, qui constitue une opportunité d’accroître les échanges commerciaux et d’établir des partenariats mutuellement bénéfiques.

Xu Baowei, pour sa part, a souligné l’intérêt du groupe pour l’exploration de diverses opportunités d’investissement et la promotion de produits tunisiens à fort potentiel, tels que l’huile d’olive et les dattes, sur le marché chinois.

Le groupe chinois a exprimé sa volonté de soutenir les entreprises tunisiennes sur les plans logistique, financier et procédural afin de garantir un meilleur accès au marché chinois.

La délégation a également rencontré les responsables du Centre de promotion des exportations (Cepex) et environ 25 entreprises tunisiennes à fort potentiel d’exportation.

Des opportunités inexploitées mais prometteuses

En 2024, les échanges commerciaux entre la Tunisie et la Chine ont atteint 9,2 milliards de dinars tunisiens, soit une croissance de 8 % par rapport à 2023. [Mais la balance commerciale entre les deux pays reste très déséquilibrée en faveur de la Chine, premier déficit commercial de notre pays depuis de nombreuses années. Ce que la Tap n’a pas cru devoir rappeler].   

Le Cepex estime que la Tunisie dispose d’un potentiel d’exportation inexploité de plus de 214 millions de dollars américains sur le marché chinois, dont près de 20 millions de dollars américains pour l’huile d’olive, 15 millions de dollars américains pour les produits de la mer et 2,5 millions de dollars américains pour les dattes [En attendant leur réalisation, ces performances espérées restent du domaine des wishful thinking].

L’Institut national de la statistique fait état d’une croissance constante des échanges commerciaux entre les deux pays, malgré les difficultés liées à la géographie et aux coûts de transport.

L’Institut a également souligné les possibilités de renforcement des transferts de technologie et des investissements, notamment compte tenu de l’adhésion de la Tunisie à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca).

Pour s’adapter aux réglementations commerciales strictes de la Chine, la Tunisie intensifie ses efforts de promotion, alignant ses exportations sur les normes chinoises de qualité et d’authenticité culturelle.

Visite d’État et changements stratégiques

La visite d’État de cinq jours du président Kaïs Saïed en Chine (du 28 mai au 1er juin 2024), à l’invitation du président Xi Jinping, a marqué un tournant dans les relations bilatérales.

Elle a été couronnée par plusieurs accords de coopération, notamment sur la coopération économique et technique, le développement vert et les groupes de travail sur l’investissement.

Lors de la réunion annuelle de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) à Pékin (du 24 au 26 juin 2025), le projet d’une mission technique en Tunisie a été confirmé afin d’évaluer les opportunités de projets de développement.

Les discussions ont également porté sur la coopération financière, sous le thème : «Connectivité pour le développement, coopération pour la prospérité».

L’ambassadeur de Chine en Tunisie, Wan Li, a déclaré en mars 2025 que les visites de haut niveau avaient contribué à la mise en œuvre d’accords bilatéraux importants, tels que le nouveau centre de traitement du cancer à l’hôpital universitaire de Gabès.

La Chine était également l’invitée d’honneur de la 39e Foire internationale du livre de Tunis (25 avril-4 mai 2025), témoignant de liens culturels profonds.

Commerce et investissement au cœur des opportunités

Les Tunisiens ont récemment commencé à utiliser 300 nouveaux bus chinois commandés par la société de transport Transtu, pour un coût de 152 millions de dinars tunisiens. La flotte comprend 140 bus standards et 160 bus articulés, permettant de répondre aux besoins d’environ 3 millions d’habitants du Grand Tunis.

Huawei, acteur majeur des TIC en Tunisie depuis 1999, s’est récemment rendu à Fipa-Tunisie pour discuter de ses projets d’expansion.

Par ailleurs, l’entreprise chinoise Sinoma a acquis une participation majoritaire brésilienne dans une cimenterie de Djebel Oust (Zaghouan), pour un montant de 418 millions de dinars tunisiens.

Autres investissements chinois

Le projet d’usine de dérivés du brome de Shandong Haiwang Chemicals, d’un montant de 95 millions de dollars américains.

La participation d’Asia Potash dans la production de phosphate et d’engrais, en partenariat avec la Tunisie.

Le projet de Taikang Electronics de créer une nouvelle usine de composants automobiles, suite à des visites sur site et des réunions avec les autorités tunisiennes.

Le 17 juin 2025, l’entreprise chinoise chargée de la phase principale du nouveau pont de Bizerte s’est engagée à achever toutes les fondations profondes d’ici la fin de l’année. Le coût initial du projet était estimé à 761 millions de dinars tunisiens.

Dans le secteur des sports, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sadok Mourali a rencontré des experts chinois le 3 juin 2025 afin de finaliser les aspects techniques de la reconstruction du stade olympique d’El Menzah.

Conclusion d’accords de financement.

La Tunisie souhaite également dynamiser le tourisme chinois, comme en témoigne sa participation au Salon international du tourisme de Shanghai (27-29 mai 2025), où les responsables ont promu le tourisme culturel et durable, ainsi que les investissements hôteliers.

Malgré un déséquilibre commercial persistant en faveur des importations chinoises, la Tunisie s’emploie activement à inverser cette tendance en développant ses exportations et en capitalisant sur sa position géographique stratégique, véritable pont entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie.

Ces efforts s’inscrivent dans la vision présidentielle de la Tunisie, initiée le 25 juillet 2021, visant à favoriser les relations avec les pays de l’Est, notamment la Chine, la Russie, l’Indonésie et l’Égypte.

Agence Tap.

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Abdallah rentre au Liban après 41 ans de détention en France

Le militant libanais pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah est rentré au Liban ce vendredi 25 juillet 2025, après avoir passé plus de quatre décennies dans les prisons françaises. L’avion le transportant a atterri à l’aéroport international de Beyrouth en provenance de France, où il était incarcéré depuis 1984 pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates, l’un américain, l’autre israélien.

Âgé de 74 ans, Abdallah est considéré comme l’un des plus anciens prisonniers politiques d’Europe. Son incarcération, aussi longue qu’exceptionnelle, a suscité pendant des années de nombreuses mobilisations en France, au Liban et ailleurs, en particulier au sein des cercles de solidarité avec la cause palestinienne.

Vendredi matin, il a quitté la prison de Lannemezan dans le sud-ouest de la France sous escorte policière. Un convoi de six véhicules l’a conduit à l’aéroport de Tarbes, d’où il a embarqué à bord d’un vol Air France à destination de Beyrouth. À son arrivée, plusieurs dizaines de personnes étaient présentes pour l’accueillir, tandis que sa famille préparait une réception à Qoubaiyat, son village natal dans le nord du pays.

Malgré le recours engagé en début de semaine par le parquet général de Paris contre sa libération, la justice a confirmé la levée immédiate de sa détention, à condition qu’il quitte définitivement le territoire français. Une victoire pour ses soutiens, mais aussi un symbole fort pour les milieux militants.

(FILES) French policemen escort Georges Ibrahim Abdallah (C), a Lebanese national sentenced to life in prison, as he leaves Pau’s Courthouse, southwestern France, on February 18, 2010 after a prosecutor demanded a three months sentence at the Appeal Court for having refused a DNA sample. A Paris Court of Appeal ordered the release of Georges Ibrahim Abdallah, a Lebanese national sentenced to life in prison and detained in Lannemezan on July 17, 2025. Abdallah, one of the country’s longest-serving inmates,was sentenced to life imprisonment in France in 1984 for his part in the 1982 murders of two diplomats, Charles Robert Day, an Georges Ibrahim Abdallah après sa libération escorté par deux policiers français.

Membre fondateur des Factions armées révolutionnaires libanaises, un groupuscule marxiste, laïc et anti-impérialiste, Georges Abdallah n’a jamais exprimé de regrets, qualifiant les assassinats de 1982 d’actes de résistance dans le contexte des guerres civiles et de l’occupation israélienne du Sud-Liban. Une position qui lui a valu l’hostilité durable des autorités françaises, malgré son éligibilité à une libération conditionnelle dès 1999.

Sa cellule, décorée d’un drapeau rouge à l’effigie de Che Guevara, a été vidée ces derniers jours. Il a confié ses livres et effets personnels à son comité de soutien. Selon son avocat Jean-Louis Chalanset, «il souhaite désormais passer ses derniers jours dans son village et s’impliquer, peut-être, dans la vie politique locale».

Si pour ses partisans il incarne l’intégrité d’un engagement sans concessions, pour d’autres, il demeure une figure polémique d’un passé violent. Son retour au Liban intervient dans un contexte régional tendu, où la question palestinienne reste au cœur des rapports de force, mais aussi des mémoires encore vives.

Guettala Djamal 

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Le poème du dimanche | ‘‘Commémoration de Chebbi’’ de Moufdi Zakaria

Moufdi Zakariya est patriote, nationaliste, anticolonialiste, il est considéré comme le poète de la Révolution algérienne. (Ph. Moufdi Zakaria / Mémorial Aboulkacem Chebbi à Tozeur).

Né en 1908 aux environs de Ghardaïa, dans la région mozabite, en

Algérie, a fait ses études à la Zitouna en Tunisie. Il se lie d’amitié avec Aboulkacem Chebbi et Rachid Hammoud. Il compose de nombreux chants et hymnes au souffle épique, dont celui, de l’hymne national algérien, Le serment, ‘‘Qaçamen’’.

La Tunisie, où il a vécu, compte beaucoup dans son œuvre. Il lui rend hommage dans un recueil, ‘‘Tahta dhilal az-zaytoun’’ (A l’ombre des oliviers), paru en 1965. Il décède en Tunisie, en 1977.

Tahar Bekri

Vivant tu resteras même si le linceul te couvre *

Eternel malgré ce qu’ils firent pour te rabaisser et te diminuer

Ton monde ô poète est douleurs remplies

de ton être. Nous ne fûmes ni eux ne furent

Tu n’as pas dit ta poésie pour satisfaire un sentiment

Ni tu as faibli. Comme dans leur faiblesse ils trahirent !

Tu n’as point courtisé suppliant une aide d’un frère

Combien de frères par leurs poèmes courtisèrent !

Hélas ! Comme la poésie chez certains est devenue

Une marchandise sans fierté ni gloire !

Celui-ci commerce avec les poèmes en professionnel

Celui-là par la poésie ambitionne des médailles

Cette débauche dans les Lettres est répandue

Ses filles sont de nos jours poésies et musiques

Réunies dans la mollesse et le déclin

Dans l’âme vile mesures et rythmes

La poésie est devenue efféminée comme son auteur

Ni le poème n’est poème ni l’artiste artiste

Chaque peuple par la poésie cherche un gain

Sa chance de la vie fière est perte

O poète de l’éternité laisse-les dans leurs errements

Le poème éternel leur résiste où qu’ils soient

L’éternité te le remplace mieux que leur amitié

Te suffit l’éternité comme amis et camarades.**

Tahta dhilal az-zaytoun (A l’ombre des oliviers)

Traduit de l’arabe par Tahar Bekri

* Le poète a une anecdote amusante à propos de ce poème : il était en visite à Paris. Cela coïncida avec un programme de commémoration de Chebbi, préparé par le regretté Mohamed Laribi (Ibn Toumert) qui travaillait à Radio France. Il téléphona à son ami Moufdi Zakariya et le fit venir à la Maison de la radio pour un fait de grande importance. Ce qu’il fit rapidement et fut, à son arrivée, étonné que Laribi l’attendît sur les escaliers vers le studio. Il le fit entrer et ferma la porte, en disant : «Tu ne sortiras de cette prison que si tu composes un poème pour la commémoration de Chebbi qu’on enregistrera». Le poète n’avait de salut pour acheter sa liberté que d’écrire ce poème. (Note de l’auteur).

** Malheureusement ce poème n’est pas daté. (Note du traducteur)

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Piraterie d’État | Israël intercepte la flottille Handala en haute mer

La marine israélienne a une fois de plus frappé en haute mer. Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2025, le navire civil Handala, en route vers la bande de Gaza, a été intercepté dans les eaux internationales. À son bord, 21 civils – journalistes, militants, médecins et membres d’ONG – transportaient une aide symbolique, dont du lait infantile et des médicaments, destinée à une population gazaouie asphyxiée depuis 18 ans sous un blocus inhumain.

Djamal Guettala

L’opération, qualifiée par plusieurs ONG de piraterie d’État, s’est déroulée dans le plus grand secret, avec coupure brutale des communications et confiscation de tout matériel audiovisuel. Depuis, le Handala est remorqué vers le port israélien d’Ashdod, et l’équipage demeure entre les mains des autorités israéliennes.

La politique du silence

Cet assaut, qui se déroule en plein été 2025, souligne une nouvelle fois la stratégie israélienne : empêcher à tout prix que la solidarité internationale ne franchisse la ligne de feu, ne diffuse la vérité sur le terrain et ne brise l’isolement imposé à Gaza.

Les autorités israéliennes n’ont pas officiellement communiqué sur cette opération, tandis que les médias arabes et les ONG dénoncent une violation flagrante du droit international.

La flottille Handala symbolise ce combat civil et pacifique qui refuse de plier face à l’injustice. Le choix de son nom n’est pas innocent : Handala, l’enfant rebelle créé par le caricaturiste palestinien Naji Al-Ali, reste le symbole d’une résistance populaire face à l’oppression.

Gaza, une prison à ciel ouvert

Depuis 2007, la bande de Gaza est enfermée dans un siège total. L’aide humanitaire, les produits de première nécessité, les médicaments, tout est soumis à des contrôles drastiques. Ce blocus a transformé ce territoire en l’une des zones les plus fragiles et démunies au monde. Plus de 80 % de la population dépend de l’aide extérieure, selon les Nations unies.

Face à cette situation, la société civile internationale multiplie les initiatives pour dénoncer et briser ce blocus, malgré la répression. L’interception du Handala rappelle douloureusement celle de la flottille Mavi Marmara en 2010, où plusieurs militants avaient été tués. Cette fois, bien que non meurtrière, l’opération israélienne n’en est pas moins lourde de sens.

Silence des puissances, révolte des peuples

Alors que les grandes capitales gardent le silence, des mobilisations s’organisent déjà dans plusieurs villes du Maghreb, du Moyen-Orient et d’Europe. À Tunis, Marseille, Beyrouth, Oslo, des manifestants se rassemblent pour dénoncer cet acte de piraterie et réclamer la libération immédiate des membres de la flottille.

Ce drame silencieux met en lumière l’écart grandissant entre des États complices ou passifs, et des peuples qui refusent de se taire.

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La Tunisie achète 100 000 tonnes de blé tendre

La Tunisie a finalisé, le 23 juillet 2025, l’achat de 100 000 tonnes de blé tendre toutes origines dans le cadre d’un appel d’offres pour une livraison du 10 août au 25 septembre 2025, au prix moyen de 262,86 $/tonne coût et fret (C&F), soit 10,6 $/tonne de plus que le prix d’achat de l’appel d’offres précédent du 9 juillet (également pour une livraison en août).

Plus précisément, les achats effectués sont les suivants : deux lots de 25 000 tonnes auprès de Bunge aux prix de 261,49 $ et 262,98 $/tonne C&F; deux lots de 25 000 tonnes auprès de Cargill au prix de 263,42 $/tonne C&F.

Les prix d’achat se sont avérés inférieurs aux prix de l’offre, qui ont atteint 269-278,77 $/t C&F, compte tenu du niveau de prix du blé de la mer Noire compris entre 245 et 250 $/t FOB (sans frais des transport et assurance).

Rappelons que, lors de l’appel d’offres du 13 juin, l’Office des céréales a acheté 100 000 tonnes de blé européen au prix moyen de 245,51 $/tonne C&F, avec livraison en juillet 2025.

I. B. (avec UkrAgroConsult).

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Des manifestations à Tunis à l’occasion du 25-Juillet

Quelques centaines de Tunisiens ont défilé vendredi 25 juillet 2025, jour de célébration de la proclamation de la république, au centre de la capitale pour dénoncer «le régime de plus en plus autoritaire du président Kaïs Saïed», en scandant l’un des slogans de la révolution du 14 janvier 2011 : «Le peuple veut la chute du régime».

Les manifestants, qui se sont rassemblés à l’appel notamment de la famille de l’avocat Ahmed Souab, poursuivi pour… terrorisme, ont critiqué le président de la république pour avoir transformé le pays en une «prison à ciel ouvert», par allusion aux dizaines d’opposants politiques, de journalistes, d’activistes de la société civile et d’hommes d’affaires incarcérés et poursuivis pour diverses affaires.

Les manifestants ont déploré ce qu’ils ont qualifié de «procès à motivation politique visant à écraser toute dissidence.»

Rassemblés sous le slogan «La République est une grande prison», les manifestants, menés par des femmes, ont exigé la libération des dirigeants de l’opposition, des journalistes et des militants emprisonnés.

«La Tunisie est devenue une prison à ciel ouvert», a déclaré Saib Souab, dont le père, Ahmed Souab, avocat et critique de Saïed, est derrière les barreaux. Même ceux qui ne sont pas emprisonnés vivent dans la peur d’être arrêtés, a ajouté Souab.

Plus tôt dans la journée quelques dizaine de partisans du président Saïed s’étaient réunis devant le théâtre municipal de Tunis pour exprimer leur attachement au «dirigeant politique le plus intègre» et l’exhorter de poursuivre la lutte contre la corruption et l’assainissement du pays.

Ces derniers ne célébraient pas seulement la proclamation de la république. Ils célébraient aussi la prise du pouvoir par Kaïs Saïed après la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021.    

A ce propos, l’avocat Samir Dilou, ancien dirigeant d’Ennahdha, a déclaré que Saied avait changé à jamais le sens de cette journée. «Le 25 juillet marquait autrefois la fondation de la République. Aujourd’hui, il marque son démantèlement. Le pouvoir absolu est synonyme de corruption absolue», a-t-il souligné aux médias.

I. B.

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Le smack qui met l’Egypte en émoi  

L’Egypte est en émoi. L’artiste libanais Ragheb Alama y est désormais interdit de se produire en concert; il a même été convoqué par le syndicat égyptien des professions musicales pour une enquête disciplinaire. La cause : le fugace baiser échangé avec une admiratrice montée sur scène lors de son dernier gala dans ce pays qu’on avait connu moins bondieusard. Vidéo.

Mohamed Sadok Lejri *

Bien entendu, après ce petit baiser, ce «simple smack» comme on disait au collège, les endeuillés du slip, les aigries mal baisées et les conservateurs de tout poil sont montés au créneau pour crier au scandale et exiger des autorités égyptiennes une sanction à la mesure de la gravité du «crime» qui vient d’être commis.

Cela dénote une chose toute simple : la crainte des conservateurs égyptiens de voir leurs compatriotes s’affranchir de la tutelle de la religion et se frayer un chemin vers une plus grande liberté sexuelle.

Les conservateurs égyptiens, et arabes d’une façon générale, redoutent comme la peste la sécularisation de la société et l’émancipation des corps et des plaisirs.

En convoquant l’artiste libanais à son siège, en l’accablant à travers un communiqué qui dénonce un «comportement indécent contraire aux traditions et aux valeurs de la société égyptienne», en menaçant le propriétaire de la salle de spectacle de sanction, le syndicat égyptien des professions musicales n’a fait que légitimer et nourrir encore plus les diktats obscurantistes qui gangrène l’Egypte depuis plusieurs décennies.

«Ce concert est un affront clair et délibéré aux coutumes et traditions locales», a déclaré le président du syndicat en question. Cet état d’esprit poltron est indigne d’hommes qui se prétendent artistes car ils permettent aux bigots, aux bondieusards, aux islamo-obscurantistes, aux branleurs qui diabolisent un simple baiser et la moindre allusion au sexe car inaccessible pour eux, de conserver le monopole du contrôle de l’espace public au nom du respect des traditions, de l’islam, de la morale et des bonnes mœurs.

En effet, même les plus conservateurs savent pertinemment qu’il ne s’agit que d’un simple bécot, ils savent que ce baiser n’a rien de pornographique ou de contraire à la décence.

En réalité, ils craignent qu’un baiser donné en public reste impuni et soit la porte ouverte à la libéralisation des mœurs. C’est pourquoi ils ne comptent pas laisser passer ce baiser sous silence, aussi anodin soit-il.

Une conception totalitaire de la morale

En fait, cette confrontation dénote une chose toute simple : l’affrontement de deux visions antagonistes par rapport à la sexualité des Egyptiens et des Arabes. Il y a, d’abord, la crainte des conservateurs de voir leurs compatriotes s’affranchir de la tutelle de la morale religieuse et se frayer un chemin vers une plus grande liberté sexuelle.

En effet, comme tous les conservateurs arabo-musulmans, les conservateurs égyptiens redoutent comme la peste la sécularisation de la société et l’émancipation des corps et des plaisirs. Bondieusards et conservateurs de tout poil veulent conserver le monopole du contrôle de l’espace public au nom du respect de la religion, des traditions, des us et coutumes, de la morale et des bonnes mœurs.

Pour les conservateurs, le recours à l’appareil de l’Etat et à toutes les machines afférentes à l’appareil répressif de l’Etat (les syndicats des artistes font de cet appareil en Egypte) pour imposer dans l’espace public, aux médias, aux institutions artistiques et culturelles, une conception totalitaire de la morale, une conception moyenâgeuse et inquisitoriale des traditions et des bonnes mœurs. Et cela ne saurait faire l’objet d’une quelconque négociation.

Dans le camp d’en face, il y a les progressistes qui sont minoritaires et qui, sur le plan des mœurs, essayent de faire évoluer les choses sans trop se mouiller. Intimidés par les arguments d’autorité des conservateurs, ils ne font qu’obéir aux diktats de ces derniers depuis des décennies. La poltronnerie de beaucoup d’entre eux a permis aux bondieusards de conserver, durant tout ce temps, le monopole du contrôle de l’espace public au nom du respect de la morale et des bonnes mœurs.

La lâche démission des progressistes

Il faut que les progressistes comprennent que la provocation des conservateurs et le choc des consciences participent à la transformation de la société. Mais, hélas, nos progressistes, à quelques exceptions près, aussi bien en Egypte que dans les autres pays dits arabo-musulmans, se sont le plus souvent montrés lâches et timorés devant les tollés suscités par les affaires liées aux mœurs.

Pour que les mœurs évoluent sous nos cieux, les progressistes doivent faire face à certains tabous et arrêter de noyer le poisson lorsqu’on leur intime de se prononcer sur ce genre de sujets.

En effet, la remise en cause de la doxa et d’un certain conformisme est un passage obligé si l’on veut sortir du vieux dispositif qui sanctifie la morale religieuse et les bonnes mœurs et qui, de surcroît, s’appuie sur la répression sexuelle. Seul un électrochoc désinhibiteur affaiblira les tabous religieux et sexuels. Non seulement il faut résister aux assauts des conservateurs, à l’intimidation sociale et aux menaces proférées par les extrémistes, mais en plus il faut revendiquer sans la moindre équivoque la liberté sexuelle quand cela s’impose et le droit de se bécoter lors d’un concert, au cinéma, à la télé… Bref, en public !

C’est le seul moyen d’en finir avec la répression moralo-religieuse et les inhibitions qui lui sont liées d’une manière consubstantielle et qui sont à l’origine de tant de frustrations et de névroses en terre d’Islam…

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Tunisie | Le rappeur A.L.A de nouveau arrêté pour possession de drogue

Arrêté, jeudi 25 juillet 2025, par des agents de la Garde nationale, en vertu d’un avis de recherche émis à son encontre, le rappeur A.L.A a été placé en garde à vue et est interrogé dans une affaire de drogue.

Le rappeur, qui avait déjà été arrêté en 2020 en possession de cannabis, va devoir comparaître de nouveau devant le juge d’instruction pour des faits similaires. Il devait animer un concert hier soir, dans le cadre du festival de Tataouine, et son absence a été fort remarquée. On peut parler d’un empêchement pour… force majeure.

I. B.

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Décès de Ziad Rahbani | Une icône de la musique arabe contemporaine

Avec le décès, ce samedi 26 juillet 2025, du musicien libanais Ziad Rahbani, à l’âge de 69 ans, c’est l’un des plus audacieux novateurs de la musique arabe contemporaine qui tire sa révérence.

Fils de la diva Fairouz, Ziad Rahbani est considéré comme l’une des figures les plus marquantes de la musique et du théâtre dans le monde arabe, et comme l’héritier légitime de l’école Rahabani fondée par son père Assi, qui a connu son heure gloire dans les années 1960-1990.

Ses compositions, souvent interprétées par sa propre mère, marient avec bonheur la musique arabe à la musique occidentale et au jazz, donnant un souffle nouveau et une fraîcheur à la musique contemporaine.

I. B.

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Tunisie-Arabie Saoudite | Alliance cerveaux-capitaux pour développer l’IA arabe

Comment le Public Investment Fund (PIF) saoudien, qui investit massivement dans l’Intelligence artificielle (IA), peut-il transformer la Tunisie en Silicon Valley du Maghreb et créer une souveraineté numérique panarabe.

Naâmen Bouhamed *

La Tunisie forme 8 000 ingénieurs IA par an (dont 38% de femmes, record mondial), publie plus de recherches IA que tous les pays du Golfe réunis (Nature Index), et voit ses startups lever 120 millions de dollars US (M$) depuis 2020.

Pourtant, 83% de ses cerveaux fuient vers l’Europe ou l’Amérique.

Solution clé : le PIF saoudien a 40 milliards de dollars pour l’IA. La Tunisie a les cerveaux. Leur mariage stratégique peut faire émerger un écosystème arabe disruptif.

Les atouts complémentaires (schéma proposé par IA DeepSeek) :

Projets concrets pour une alliance gagnant-gagnant :

1. Fonds « Brain & Brawn » (1 Md$)

Objectif : fixer les talents en Tunisie via → Salaires hybrides : 70% payés par employeur local + 30% par le PIF (contre engagement 5 ans) → Équity-for-Skills : cession d’actions des startups tunisiennes au PIF en échange de financement.

Impact : réduction de 60% de la fuite des cerveaux (modèle BCG).

2. Réseau de Centres d’excellence thématiques (schéma proposé par IA DeepSeek) :

3- Plateforme Halal Valley

Siège : Tunis (ingénierie) + Riyad (commercialisation).

Fonctions : → Labellisation Halal Tech pour l’IA éthique → Marketplace de services IA pour le monde musulman (1,8 Md de consommateurs) → Accélérateur commun startups tuniso-saoudiennes.

Simulation d’une feuille de route financière (schéma proposé par IA DeepSeek) :

Modèle économique : 15% des revenus reversés au PIF pendant 10 ans

Les Gains Géostratégiques

Pour la Tunisie → Transformation de la fuite des cerveaux en exportation de services IA (objectif : 2Mds$/an) → Ancrage comme hub africain de la deep tech.

Pour l’Arabie saoudite → Accès à des compétences premium à coût compétitif (économie : 400M$/an vs recrutement occidental) → Diversification économique hors pétrole via la propriété intellectuelle tunisienne.

Pour le Monde arabe → Souveraineté numérique (Modèles LLM en arabe, normes éthiques islamiques) → Émergence d’un 3e pôle IA mondial (devant l’Europe, derrière les Etats-Unis et la Chine).

Les pièges à éviter

Protection des intérêts tunisiens → Limiter la prise de participation du PIF à 35% dans les startups → Garantir le transfert technologique via des comités scientifiques mixtes

Agilité vs mégaprojets : «Pas de Neom à la tunisienne : privilégier 100 pépites agiles plutôt qu’un éléphant blanc» (Olfa Nasraoui, experte en IA éthique, Professor of Computer Science & Engineering, University of Louisville, USA).

Témoignage prophétique : «Avec 1% des fonds IA du PIF, la Tunisie pourrait former 50 000 experts et générer 15 licornes. C’est le meilleur ROI géopolitique du siècle » (Karim Beguir, Ceo d’InstaDeep (racheté par BioNTech pour 682M$).

Conclusion

L’alliance Tunisie-PIF n’est pas une option, mais une nécessité stratégique. La Tunisie y gagne en infrastructures et ancrage de ses talents. Le PIF y acquiert une agilité technologique et légitimité panarabe. Et le monde arabe y construit son indépendance numérique.

Cette complémentarité cerveaux/capitaux pourrait écrire l’une des plus belles réussites technologiques du 21e siècle : l’émergence d’un Silicon Valley arabe, irrigué par les cerveaux tunisiens et les pétrodollars saoudiens.

* International business consultant. Ceo Alwen International -France (article écrit en collaboration avec DeepSeek IA).

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Etat de Palestine l Le saut hésitant de Macron

En voulant reconnaître l’État de Palestine «sans brusquer», Macron a choisi le chemin de la lenteur excessive. Mais l’Histoire – celle que Churchill et De Gaulle avaient lue – nous rappelle que, pour franchir certains fossés, il faut un seul élan, ferme et irréversible. Tout le reste n’est que temps offert à ceux qui espèrent que le saut n’aura jamais de résultat.

Khémaïs Gharbi *

Winston Churchill aimait rappeler qu’«un fossé se franchit mieux d’un seul saut». Ce n’était pas seulement une image de guerre, mais une leçon de stratégie : lorsqu’un pas est décisif, mieux vaut l’accomplir d’un élan ferme que d’y revenir par hésitations successives.

Le président français Emmanuel Macron semble aujourd’hui payer le prix d’avoir ignoré ce conseil du «vieux lion». Depuis des mois, il annonçait vouloir reconnaître l’État de Palestine – mais sans oser le faire franchement et clairement. Avant-hier, jeudi 25 juillet 2025, il a franchi une étape en annonçant officiellement cette reconnaissance dans une lettre adressée au président Mahmoud Abbas. Mais, en fixant la date de la proclamation solennelle à septembre prochain, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, il a ouvert un nouveau cycle de palabres, de tergiversations et de résistances.

Cette démarche, pourtant honorable dans son affirmation, risque de se transformer en un piège politique. Car en multipliant les préannonces, Macron n’offre pas seulement du temps à la diplomatie : il en offre surtout à ses adversaires – de l’intérieur comme de l’extérieur – pour dresser de nouveaux obstacles, tisser de nouvelles pressions, nourrir de nouvelles polémiques.

L’Histoire fourmille d’exemples qui rappellent que certains gestes doivent être accomplis avec la netteté d’un couperet. En 1967, au lendemain de la guerre des Six Jours, le général de Gaulle avait choisi un mot – «agression» – et une décision – l’embargo sur les armes à destination d’Israël – qu’il annonça d’un bloc, sans flottement. Le geste fut controversé, mais sa clarté fit autorité.

À l’inverse, à tergiverser, on épuise l’élan, on fragilise le geste, et l’on transforme ce qui aurait pu être un moment de clarté en un long champ de tir pour les critiques.

En voulant reconnaître l’État de Palestine «sans brusquer», Macron a choisi le chemin de la lenteur excessive. Mais l’Histoire – celle que Churchill et De Gaulle avaient lue – nous rappelle que, pour franchir certains fossés, il faut un seul élan, ferme et irréversible. Tout le reste n’est que temps offert à ceux qui espèrent que le saut n’aura jamais de résultat. Et ils sont nombreux dans cet Occident qui se fait désormais complice du génocide perpétré par Israël dans les territoires palestiniens occupés.

Les 149 Etats qui ont déjà reconnu l’Etat de Palestine l’ont fait ce saut, et d’un seul élan, mus par la nécessité de l’Histoire et guidés par les principes du droit et de la justice.

* Ecrivain et traducteur.

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La diplomatie tunisienne face aux mutations géostratégiques

La conférence annuelle des chefs de missions diplomatiques et consulaires tunisiens à l’étranger se tiendra très prochainement au siège de l’Académie diplomatique internationale à Tunis (Photo). Organisée pour la première fois en 1992, le but de cette conférence annuelle est de donner à nos chefs de poste diplomatiques et consulaires l’occasion de se rencontrer pour échanger entre eux, avec les hauts fonctionnaires du ministère et avec de hauts responsables de l’Etat et des entreprises publiques concernés par les relations extérieures, quant aux moyens permettant de mettre l’appareil diplomatique au service des intérêts de la Tunisie, de son développement et de sa présence internationale, compte tenu des enjeux et contraintes, dans un monde plus instable que jamais et extrêmement compétitif. 

Raouf Chatty *

Dans ce cadre et compte tenu de ces contraintes du temps, les intervenants à la conférence gagneraient à faire l’économie des généralités rébarbatives et des analyses fleuves de la situation politique et géostratégique internationale. Il serait mieux indiqué de focaliser leurs échanges sur certains thèmes majeurs devant constituer le cœur de leur travail quotidien et de leur feuille de route. 

Le premier thème est celui de la diplomatie économique et de la contribution des représentations diplomatiques à la réalisation des objectifs du pays dans ce domaine. 

Région par région, ou pays par pays, en fonction de leur poids économique, le rapporteur désigné pourrait faire le bilan des réalisations effectives ou celles en cours et l’état des difficultés objectives entravant la réalisation des objectifs assignés. 

Le deuxième thème concerne la communauté tunisienne à l’étranger, sa composition (environ 2 millions de personnes dont un grand nombre de compétences), les obstacles auxquels elle fait face et ses aspirations. Il s’agit d’identifier des procédés innovants pour l’impliquer plus fortement dans le développement du pays. 

La promotion des intérêts de la nation et de sa souveraineté

Le troisième axe concerne les constantes de la diplomatie tunisienne face aux enjeux politiques, sécuritaires et économiques changeants dans un monde en ébullition.

Le quatrième pourrait être consacré à la rationalisation des méthodes de travail et la gestion efficiente des personnels diplomatiques et consulaires et autres représentants à l’étranger. 

A cet égard, il est important de souligner que le Président de la République a toujours insisté sur les principes qui devront guider notre diplomatie, en particulier la promotion des intérêts de la nation, la défense des causes justes, la sauvegarde de la souveraineté nationale et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  

Le chef de l’Etat a toujours insisté sur l’urgence pour la diplomatie tunisienne de se rénover, de faire preuve d’imagination et de créativité compte tenu des nouveaux défis géostratégiques et des grandes mutations actuelles dans le monde, générées par la révolution numérique et les technologies émergentes.  

Le renseignement économique et technologique

A cet égard, les participants devraient être animés d’un esprit pionnier et innovant, tout en étant attachés au rôle et à la mission du diplomate qui ont beaucoup changé aujourd’hui. 

Plus que par le passé, le travail du diplomate porte sur le renseignement économique et technologique, la coopération scientifique, la recherche des opportunités et la quête des marchés. Il porte aussi sur les questions sociales et culturelles et l’accompagnement des expatriés dans le pays d’accréditation…

L’opinion publique doit aussi être éclairée sur le rôle joué par notre diplomatie dans la promotion de la Tunisie et de sa présence sur la scène internationale, ainsi que sur les difficultés qu’elle rencontre dans l’accomplissement de ses missions. Ainsi, on se ferait une idée précise de son utilité et de son apport et lui en rendrait justice.

* Ancien ambassadeur.  

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Tunisie l Baisse des températures à partir du vendredi après-midi

La vague de chaleur qui sévit en Tunisie depuis le début de la semaine se poursuit ce vendredi 25 juillet 2025, dans la plupart des régions du pays, avec des températures variant de 40 à 48 degrés C. Mais une accalmie s’annonce dans les heures qui viennent. Ainsi que des cellules orageuses et des vents forts.

Selon un bulletin de suivi de l’Institut national de la météorologie (INM), cité par l’agence Tap, les températures maximales varieront entre 45 et 48 degrés C dans le sud, Sidi Bouzid et Kairouan et entre 40 et 45 degrés dans le reste des régions avec des vents de sirocco.

Cependant, à partir de cet après-midi, une baisse des températures est attendue dans les régions du nord. Elle concernera progressivement le centre avec apparition de cellules orageuses accompagnées de vents forts dépassant temporairement 90 Km/h sous forme de rafales et susceptibles de provoquer des tourbillons de sable et de poussière.

Des pluies seront enregistrées sur les régions du nord-ouest et du centre et certaines régions de l’est. Elles seront parfois intenses notamment dans les gouvernorats du nord-ouest et sur les hauteurs.

Le vent soufflera fort, vendredi soir, avec une vitesse dépassant temporairement 80 Km/h sous forme de rafales sur les régions côtières, les hauteurs et au sud, où il suscitera des tourbillons de sable.

Les températures devraient enregistrer, à partir de samedi 26 juillet, une baisse notable dans la plupart des régions. Les maximales seront inférieurs aux moyennes enregistrées au mois de juillet.

I. B.

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Dr Houda Ben Jannet et la transition énergétique en Tunisie

Lors d’une interview exclusive accordée à Energy Connects Studio lors du 9e séminaire international de l’Opep, qui s’est tenu les 9 et 10 juillet 2025 au Hofburg Palace, à Vienne, Autriche, le Dr Houda Ben Jannet, directrice générale de l’Observatoire méditerranéen de l’énergie (OME), a souligné la position de la Tunisie comme pont énergétique essentiel entre l’Afrique du Nord et l’Europe.

L’experte franco-tunisienne, figure de proue de la transition énergétique en Méditerranée, a appelé à une coordination régionale renforcée, à des infrastructures évolutives et à l’engagement du secteur privé pour libérer tout le potentiel énergétique de l’Afrique.

La Tunisie s’engage à promouvoir l’intégration transfrontalière et à placer le continent au cœur des flux énergétiques mondiaux, a-t-elle expliqué, en mettant l’accent sur l’interconnectivité, les voies de transition propre et la sécurité énergétique à long terme.

Le Dr Houda Ben Jannet a été nommée directrice générale de l’OME depuis le 1er janvier 2013.

I. B.

Vidéo de l’interview de Dr Ben Jannet en anglais.

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Libye-Etats-Unis l Des projets de 70 milliards de dollars à la clé

Contrairement à sa visite, le 22 juillet 2025, à Tunis, où il avait été surtout question de Gaza et de la Palestine, la visite à Tripoli, le 23 juillet, de Massad Boulos, conseiller principal du président américain Donald Trump pour les affaires africaines et moyen-orientales, a été essentiellement consacrée à l’exploration des possibilités de coopération et de partenariat économiques. Dans les communiqués publiés à l’issue des rencontres libyennes du responsable américain, les problèmes de Gaza et de la Palestine ont à peine été effleurés. Il était surtout question de pétrodollars, un langage qui a dû plaire beaucoup au gendre du président américain.

Latif Belhedi

Cette visite, la première du genre pour un conseiller principal de l’administration américaine actuelle, a notamment inclus des entretiens avec le Premier ministre Abdulhamid Dbeibeh, au cours desquels les deux parties ont évoqué une collaboration potentielle dans divers secteurs, notamment l’énergie, les infrastructures, la santé, les télécommunications et les minéraux.

Selon des communiqués officiels, le gouvernement libyen a présenté un portefeuille de projets stratégiques d’une valeur d’environ 70 milliards de dollars, décrivant les opportunités d’investissement pour les partenaires internationaux, en mettant l’accent sur l’attraction d’entreprises américaines pour participer aux efforts de développement du pays.

Les réunions ont également porté sur l’évolution du secteur pétrolier et gazier libyen et les perspectives d’investissement dans de nouveaux blocs d’exploration offshore et onshore, ainsi que sur les efforts en cours pour promouvoir la transparence et améliorer l’efficacité opérationnelle du secteur énergétique.

M. Boulos a, dans ce contexte, rencontré le président de la National Oil Corporation (NOC), l’ingénieur Masoud Suleiman. Lors de cette rencontre, la NOC a présenté son objectif stratégique visant à porter la production pétrolière nationale à deux millions de barils par jour d’ici 2030, ainsi que ses plans de développement du secteur pétrochimique.

La visite s’est conclue par la signature d’un accord de coopération entre Mellitah Oil and Gas et la société américaine Hill International. Cet accord porte sur la gestion de projets pour deux plateformes offshore, A et E.

Dans une brève déclaration publiée à l’issue des rencontres, M. Boulos a qualifié les discussions de constructives, soulignant l’intérêt commun pour la promotion du développement économique et le renforcement des relations bilatérales entre la Libye et les États-Unis.

Selon les communiqués officiels libyens, des questions régionales ont également été abordées et le Premier ministre Dbeibeh a exprimé son inquiétude face à la situation humanitaire à Gaza et appelé à un cessez-le-feu et à l’accès de l’aide humanitaire. En somme, le strict minimum pour sauver la face, car un silence total sur le drame palestinien aurait été très mal accueilli, et d’abord en Libye. Mais personne n’est dupe, M. Dbeibeh et son gouvernement ont eu des contacts très avancés avec des parties israéliennes en vue d’une normalisation des relations entre Tripoli et Tel Aviv. Mais l’initiative n’a pas encore mûri et la guerre de Gaza a tout remis en question… momentanément.  

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L’Algérie fera de l’Italie un pôle énergétique européen

«L’Italie et l’Algérie sont un modèle de coopération. L’énergie est l’un des domaines les plus solides de notre coopération. L’Italie aspire à devenir une porte d’entrée énergétique vers l’Europe : un objectif que nous ne pourrions atteindre sans la précieuse collaboration de l’Algérie», a déclaré le Première ministre italienne Giorgia Meloni, en présence du président algérien Abdelmadjid Tebboune, lors du 5e sommet intergouvernemental, réuni le 23 juillet 2025 à Rome. Elle s’est dit satisfaite du protocole d’accord entre Eni et Sonatrach. «Nous continuerons à travailler sur de nouveaux corridors énergétiques et numériques», a-t-elle assuré.

Imed Bahri

«L’Italie est notre partenaire de confiance et essentiel en Europe dans le secteur de l’énergie, et ces efforts sont aujourd’hui couronnés par la signature d’accords à la fois sécuritaires et économiques», a renchéri Tebboune, en réitérant sa joie et sa satisfaction d’être à Rome pour ce sommet, «une occasion de renforcer cette coopération exemplaire entre l’Italie et l’Algérie, notamment en ce qui concerne la coordination continue, et d’élargir les partenariats entre nos pays amis», a-t-il poursuivi.

«À l’occasion de ce cinquième sommet intergouvernemental, nous avons franchi des étapes opérationnelles, exprimant ainsi notre ferme détermination à construire des relations bilatérales historiques et à renforcer la coopération, afin qu’elles puissent inclure d’autres secteurs», a encore souligné le président algérien, en parlant de «vastes horizons de partenariat stratégique exemplaire entre l’Italie et l’Algérie».

Lors du Forum d’affaires Italie-Algérie tenu par la même occasion à Rome, une trentaine d’accords commerciaux ont été signés entre les deux parties. «L’Algérie est un partenaire stratégique, et nous travaillons intensément pour que ce partenariat soit toujours plus large, fort et diversifié», a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, lors de l’ouverture du Forum, «une occasion précieuse de renforcer le dialogue économique et de travailler ensemble sur de nouvelles opportunités», a-t-il ajouté.

14 milliards d’euros d’échanges en 2024

«En seulement six mois, il s’agit du troisième événement majeur consacré à notre partenariat économique», a souligné M. Tajani qui, en tant que ministre des Affaires étrangères, mais aussi ministre du Commerce international, s’est dit satisfait des chiffres du commerce bilatéral.

En 2024, les échanges commerciaux entre les deux pays se sont élevés au chiffre record de 14 milliards d’euros. «Une nouvelle augmentation a été constatée au cours des premiers mois de cette année, mais nous ne devons jamais nous reposer sur nos lauriers; nous voulons toujours faire plus. L’Algérie est en pleine croissance et diversifie son économie, et l’Italie, avec ses grands groupes et ses PME, est le partenaire idéal pour contribuer à ce processus », a souligné M. Tajani. Tout en rappelant que plus de 150 entreprises italiennes sont déjà implantées en Algérie, le responsable italien a lancé : «Il y en aura beaucoup plus désormais, j’en suis absolument convaincu. C’est précisément pourquoi nous avons organisé un espace pour faciliter les rencontres entre les près de 500 entrepreneurs présents aujourd’hui. La simple signature d’une trentaine d’accords entre entreprises témoigne du vif intérêt de nos secteurs productifs.»

Des accords tous azimuts

Parmi les accords signés lors du Forum d’affaires, un accord technique concerne la création d’un centre de formation technologique italo-algérien dans le secteur du marbre et des pierres ornementales en Algérie, signé entre ICE et l’entreprise algérienne Sonarem.

Un protocole d’accord signé par Sigit SpA et l’entreprise algérienne Madar prévoit la création de l’EcoParc industriel Enrico Mattei.

Telecom Italia Sparkle et Algérie Télécom ont signé un protocole d’accord pour la construction d’un nouveau câble dédié à Algérie Télécom (indépendant des systèmes antérieurs) reliant l’Algérie à l’Italie; un programme de conseil et d’accompagnement pour le développement de nouveaux centres de données en Algérie; et un programme de formation pour AT afin de soutenir le plan algérien de transformation numérique.

Un protocole d’accord de collaboration énergétique a été signé entre Duferco et Copresud, tandis qu’Eni et Sonatrach ont signé un protocole d’accord pour le développement des relations énergétiques dans les domaines de la sécurité, de l’approvisionnement et de la transition énergétique.

Une lettre d’intention a été signée pour le développement des opérations de Stellantis en Algérie, tandis que dans le secteur pharmaceutique, Chiesi Group et Clinica Group ont signé un accord de commercialisation en vertu duquel Chiesi fournira à son partenaire algérien des produits pharmaceutiques pour traiter certaines maladies rares en vue de leur distribution sur le marché algérien.

Un accord de collaboration a été signé entre Menarini et le groupe Clinica afin de proposer les médicaments oncologiques innovants et transformateurs de Stemline aux patients algériens.

«Nous disposons de nombreux secteurs dans lesquels nous pouvons collaborer», a déclaré le vice-Premier ministre italien. Et d’ajouter : «Commençons par l’énergie, qui joue assurément un rôle particulier dans les relations entre nos deux pays : toutes nos grandes entreprises du secteur sont impliquées dans des collaborations consolidées et de nouveaux projets. Alors, tournons-nous ensemble vers l’avenir; l’énergie est un enjeu clé.»

«C’est également grâce à nos projets stratégiques tels que le Corridor Hydrogène Sud et Medlink, qui visent à acheminer les énergies renouvelables d’Afrique du Nord vers l’Italie et l’Europe», a souligné M. Tajani, citant d’autres secteurs comme l’automobile, les infrastructures, la connectivité numérique et même l’agroalimentaire : «Je pense que nous pourrions également accomplir beaucoup en Algérie, notamment en tenant compte du Plan Mattei, qui est l’outil par lequel nous souhaitons démontrer notre engagement envers l’ensemble du continent africain (…) et je devrais parler de nombreux secteurs industriels : la pharmacie, l’économie numérique, la défense, la sécurité, l’espace, la sidérurgie : autant de facettes de notre système productif qui peuvent également faire partie des facettes de la croissance de l’Algérie.»

(Avec agences).

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Forum à Tunis sur la réforme de la sécurité en Libye

Des membres de la Chambre des représentants libyenne, ainsi que de hauts responsables de la sécurité et de la défense, se sont réunis à Tunis pour un forum de deux jours, les 22 et 23 juillet 2025, consacré au renforcement du rôle du législateur dans la réforme du secteur de la sécurité nationale en Libye.

L’initiative a été organisée et facilitée par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (Manul), qui l’a annoncée sur son site web, avec la contribution technique de la Force permanente des Nations Unies pour la réforme du secteur de la sécurité.

Le forum a analysé en profondeur les lacunes de la législation actuelle, soulignant la nécessité de réformes globales capables de répondre à l’évolution du contexte sécuritaire du pays. Les priorités identifiées comprenaient le renforcement du contrôle aux frontières et l’adaptation du cadre réglementaire de la sécurité et de la défense.

Lors de la réunion, plusieurs initiatives nationales déjà en cours ont été présentées, notamment l’élaboration d’un code de conduite pour le personnel militaire et des forces de l’ordre, le relèvement de l’âge minimum de recrutement, la révision de la loi sur la police et le renforcement des mesures de sécurité aux frontières terrestres. Ces mesures sont considérées comme essentielles pour bâtir des institutions plus professionnelles, efficaces et réactives.

La deuxième journée s’est concentrée sur la sécurité des élections, les participants soulignant l’urgente nécessité de mettre à jour la législation protégeant le processus électoral afin de garantir des élections transparentes et sécurisées, quelle que soit leur nature.

La Manul a également présenté un aperçu des risques liés à la désinformation, soulignant la nécessité d’une réponse législative adaptée à l’évolution de l’écosystème numérique.

Enfin, à un moment crucial de la transition libyenne, un plan d’action visant à renforcer le rôle de la Chambre des représentants dans la réforme du secteur de la sécurité a été discuté. Ce plan, largement soutenu, prévoit la création de sous-commissions parlementaires spécialisées chargées d’examiner et de mettre à jour la législation existante, en collaboration avec des experts nationaux et internationaux, sous la supervision technique de la Manul.

«Ce dialogue entre les institutions libyennes constitue une étape fondamentale vers le renforcement de l’État de droit et la consolidation des relations entre les pouvoirs exécutif et législatif et jette les bases d’une paix durable et d’une consolidation de l’État», a déclaré Badreddine El Harti, chef du service des institutions de sécurité de la Manul.

La prochaine réunion est prévue pour la deuxième quinzaine de septembre. La Mission des Nations Unies supervisera sa préparation et coordonnera avec les partenaires internationaux la mise en œuvre du plan d’action discuté à Tunis.

I. B.

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Le partenariat Union européenne – Tunisie doit être réinitialisé

«Sans véritable changement stratégique, le partenariat [Union  européenne-Tunisie] s’effondrera de lui-même, par épuisement mutuel ou par inertie politique », prévient l’économiste tunisien Ferid Belhaj, qui occupait jusqu’à l’année dernière le poste de vice-président de la Banque mondiale (BM) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Oussama Romdhani *

Alors que les diplomates européens à Tunis commémoraient le 30e anniversaire du traité de partenariat entre l’UE et la Tunisie, Ferid Belhaj abordait la question épineuse : «Pourquoi le partenariat Tunisie-Union européenne doit-il évoluer ?»

Sa réponse figure dans un document d’orientation récemment publié par le Centre de politique pour le Nouveau Sud, basé à Rabat.

Tout au long des 16 pages de ce document, il offre une perspective réfléchie et rafraîchissante, un hommage à la porte tournante qui permet à un homme du calibre et de l’expérience de Ferid Belhaj de présenter un point de vue honnête sur des questions complexes que les responsables ont tendance à obscurcir.

Belhaj indique clairement d’emblée que l’accord de partenariat UE-Tunisie ne nécessite pas de retouches technocratiques. Il nécessite plutôt une réinitialisation complète.

Trois décennies de relations asymétriques

L’accord signé par les deux parties en est venu à incarner l’opportunisme plutôt qu’une vision stratégique à long terme de «souverainetés imbriquées». Alors que la Tunisie se contente de compter sur l’UE pour répondre à ses besoins immédiats, «l’Europe cherche à externaliser ses vulnérabilités : maîtriser les flux migratoires, sécuriser son approvisionnement énergétique (notamment en gaz et en hydrogène vert) et stabiliser les zones de transit.»

Trente ans plus tard, la logique dominante est «transactionnelle et non convergente», explique Belhaj.

L’ancien vice-président de la BM estime qu’un changement d’approche tunisien est non seulement possible à ce stade, mais nécessaire. Cela n’impliquerait pas nécessairement une rupture avec l’UE, qui représente plus de 80 % des investissements étrangers en Tunisie. Il s’agirait plutôt de se débarrasser de «la dépendance intellectuelle, financière et politique qui a façonné trois décennies de relations asymétriques».

L’auteur soutient que la nation nord-africaine a des raisons d’être plus confiante dans sa position de négociation vis-à-vis de l’Europe, car elle peut compter sur sa situation géographique stratégique, carrefour entre l’Afrique, l’Europe et le flanc occidental du monde arabe, ainsi que sur son rôle régulateur dans la gestion des flux migratoires et son potentiel en tant que source d’énergie à long terme dont l’Europe a besoin.

L’économiste principal est suffisamment optimiste pour croire que l’UE pourrait envisager d’aligner son engagement envers la Tunisie sur les modèles qu’elle avait suivis dans les années 1980 avec des pays comme l’Espagne, le Portugal et la Grèce. Il note, par exemple, que l’Espagne a reçu jusqu’à 2,7 % de son PNB annuel en fonds structurels européens pour soutenir sa transition énergétique et industrielle après son adhésion à l’UE, contrairement à la Tunisie, qui a reçu en moyenne 0,3 % de son PNB en aide européenne au cours des 30 dernières années. De plus, le plus petit des pays du Maghreb (en termes de superficie) n’a jamais bénéficié d’orientation stratégique ni de coordination des politiques d’industrialisation de la part de l’Europe.

De l’euphorie à la déception mutuelle

Après les bouleversements du «Printemps arabe» de 2011, l’UE a pleinement adopté la transition du pays après l’ère Ben Ali comme modèle pour le reste de la région. Mais l’optimisme initial, proche de l’euphorie, a rapidement cédé la place à une déception mutuelle. L’UE a été généreuse dans son aide, mais pas au point de lancer un programme de type Plan Marshall qui aurait permis à la Tunisie de lier son destin, au moins économiquement, à celui de l’Europe. L’inaction des gouvernements tunisiens successifs en matière de réformes sociales et économiques a entraîné une stagnation de la croissance du pays.

Un axe majeur de la relation actuelle, comme l’illustre le protocole d’accord de 2023 entre les deux parties, est la migration. Belhaj n’hésite pas à aborder cette question «politiquement explosive» et à formuler des suggestions éclairées sur la manière de la gérer.

«Si l’Europe souhaite externaliser sa politique migratoire, la Tunisie devrait également externaliser ses exigences», affirme-t-il. Cela signifie que la Tunisie défend une «approche transactionnelle» qui exige un lien entre les filières migratoires légales et illégales, en sollicitant l’aide de l’UE pour l’installation des cadres tunisiens qualifiés en Europe, l’allocation de fonds de développement aux régions tunisiennes les plus touchées par les flux migratoires sortants et l’aide à la réintégration des migrants de retour, au lieu de chercher systématiquement à limiter le rôle de la Tunisie au contrôle de l’immigration clandestine offshore.

À cet égard, Belhaj voit une solution gagnant-gagnant entre la Tunisie et l’Union européenne.

D’un côté, une grande partie de la main-d’œuvre tunisienne, qualifiée et non qualifiée, considère l’émigration comme la solution ultime à leurs problèmes. Plus précisément, les professionnels tunisiens, dont des milliers d’ingénieurs et de médecins, quittent massivement le pays, attirés par des emplois mieux rémunérés et des perspectives de carrière plus attractives en Europe.

L’UE, quant à elle, peine à pourvoir de nombreux postes essentiels et à compenser son déclin démographique constant. Le taux de croissance démographique en Europe est passé de trois millions par an dans les années 1960 à 0,9 million entre 2005 et 2024.

L’Europe a pu ajouter 1,07 million d’habitants à sa population en 2024, seulement grâce à l’immigration de 2,3 millions de personnes en provenance de pays tiers.

L’Italie, doyenne des nations européennes, a annoncé son intention d’accorder environ 500 000 nouveaux visas de travail aux ressortissants de pays tiers entre 2026 et 2028.

Pour une forme productive de codéveloppement

Au-delà de l’instauration de conditions de concurrence équitables en matière de migration, Belhaj plaide pour une forme productive de codéveloppement et d’investissement qui inclurait une dynamique de transfert de technologie et de création d’emplois à valeur ajoutée, loin des limites évidentes du modèle éprouvé de délocalisation de main-d’œuvre bon marché.

L’ancien haut diplomate tunisien appelle à une nouvelle relation fondée sur la reconnaissance des intérêts de chaque partie et non sur la poursuite des notions sacrées de «convergence» et de réajustement «technocratique».

«Sans un véritable changement stratégique, le partenariat s’effondrera de lui-même, par épuisement mutuel ou par inertie politique», prévient-il.

Ce ne serait pas le type de résultat que les deux parties souhaitent, trente ans après la signature du premier accord de ce type entre l’UE et un pays du Maghreb.**

Traduit de l’anglais.

* Rédacteur en chef de Arab Weekly.

** Les intertitres sont de la rédaction.

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Palestine l Génocide humain à Gaza, génocide académique aux Etats-Unis

Dans une décision qui a suscité une large controverse et a été décrite comme un exemple flagrant de censure institutionnelle, le Groupe d’édition éducative de l’Université de Harvard a annulé un numéro spécial de la Harvard Educational Review (HER) consacré à l’éducation en Palestine. Au «génocide humain» perpétré par Israël contre les Palestiniens à Gaza répond le «génocide académique» perpétré par l’administration Trump contre la cause palestinienne aux Etats-Unis. (Thea Abu El-Haj, professeure palestino-américaine à l’université Barnard, chez elle dans le Vermont, le 16 juillet. Photographie : John Tully/The Guardian).

Imed Bahri

Ce nouvel acte de censure peut paraître contradictoire avec l’attitude de l’université de Harvard quand elle avait refusé au mois d’avril dernier de se plier aux diktats de l’administration Trump afin de préserver les financements fédéraux contrairement à l’université de Columbia qui avait capitulé. Sauf qu’on y voyant de plus près, les choses sont bien plus ambiguës. 

Selon l’enquête de la journaliste indépendante Alice Speri publiée dans le Guardian, l’annulation du numéro spécial est intervenue quelques semaines seulement avant la date prévue de sa publication. Cette décision a été vivement condamnée par les universitaires qui y ont vu une grave atteinte à la liberté de recherche universitaire aux États-Unis, notamment sur les sujets liés à la Palestine. 

Cette annulation intervient dans un contexte de conflit croissant entre l’Université de Harvard et l’administration Trump. Le numéro spécial sur l’éducation en Palestine avait été préparé dans le contexte de la guerre israélienne contre Gaza qui a entraîné la destruction partielle ou totale des 12 universités de la bande de Gaza et la transformation d’écoles en abris.

La pression croissante des censeurs

Face à cette catastrophe, la Harvard Educational Review, prestigieuse revue universitaire centenaire, a invité des chercheurs du monde entier à rédiger des articles sur l’éducation sous occupation, le rôle de l’éducation dans les mouvements de libération et la manière dont la question palestinienne est abordée dans les établissements d’enseignement américains.

Après la signature des contrats officiels par les chercheurs et la finalisation des articles, les Presses éducatives de l’Université Harvard ont brusquement interrompu la publication du numéro spécial le 9 juin invoquant «un certain nombre de problèmes complexes» ce qui a choqué les auteurs et les rédacteurs ayant participés au numéro.

Cependant, des documents internes obtenus par le journal britannique révèlent une tout autre histoire. Les auteurs et les rédacteurs ont déclaré avoir subi une pression croissante de la part de la maison d’édition notamment une demande tardive et inhabituelle de soumettre tous les articles à un examen par le conseiller juridique de Harvard, une procédure rare généralement appliquée à des cas individuels et à un stade précoce plutôt qu’après la finalisation du processus de révision et de contractualisation.

La crainte de répercussions politiques

De nombreux universitaires estiment que ces pressions découlent de la crainte de répercussions politiques ou juridiques dans le contexte de l’intensification de la campagne menée par l’administration Trump contre les universités américaines accusées de tolérer l’antisémitisme sur les campus.

De nombreuses universités ont réagi en imposant des restrictions aux manifestations, en sanctionnant les étudiants et les professeurs qui défendent les droits des Palestiniens et en examinant de près les programmes universitaires traitant de la question palestinienne.

Dans une lettre collective, les auteurs ont qualifié l’obligation d’examen juridique de «dangereux précédent», arguant que l’annulation du numéro entier «envoie un message dangereux aux chercheurs du monde entier, leur indiquant que les contrats universitaires sont annulables et sujets à des calculs politiques».

Le comité de rédaction de la revue, composé de doctorants de Harvard, a souligné qu’il n’était pas impliqué dans la décision et qu’il n’en avait été informé que 30 minutes avant les auteurs. Dans une déclaration officielle, il a écrit que cette décision «est totalement contraire aux valeurs qui guident la revue depuis plus d’un siècle».

La censure des discours pro-palestiniens

Du point de vue du Guardian, l’annulation d’un numéro entier d’une revue universitaire –qui n’avait pas été divulguée auparavant– constitue une évolution sans précédent dans la liste croissante des cas de censure des discours pro-palestiniens. 

Bien que l’Université Harvard poursuive l’administration américaine en justice pour sa menace de réduction du financement fédéral, ses actions internes, selon ses détracteurs, contredisent sa position publique.

Paul Belsito, porte-parole de la Harvard Graduate School of Education, a confirmé dans une déclaration au Guardian que la décision d’annulation intervenait après neuf mois de discussions et une «absence de consensus interne général» sur la question.

Les auteurs, cependant, ont un point de vue différent. Thea Abu El-Haj, anthropologue palestino-américaine au Barnard College de l’Université Columbia, co-auteure de l’un des articles les plus marquants du numéro, a déclaré que cette décision «représente un abandon institutionnel de la mission de l’université de défendre la connaissance et la critique». Elle s’est interrogé: «Si les presses universitaires elles-mêmes ne défendent pas la liberté de pensée, quel est leur rôle alors?» 

Dans le même contexte, Speri estime dans son enquête que l’annulation s’inscrit dans une stratégie plus large, ajoutant que l’Université Harvard a récemment rétrogradé deux directeurs de son Centre d’études sur le Moyen-Orient –dont l’un a rédigé la préface du numéro annulé– et a mis fin à son partenariat avec l’Université de Birzeit en Palestine tout en gelant une initiative de la Faculté de théologie sur le conflit israélo-palestinien.

En janvier dernier, l’université a adopté une définition controversée de l’antisémitisme dans le cadre d’un accord juridique avec des étudiants juifs, largement perçue comme confondant antisémitisme et critique d’Israël.

Le numéro sur la Palestine devait comprendre une douzaine d’articles de recherche, d’opinions et d’autres écrits sur l’éducation en Palestine, en Israël et dans la diaspora palestinienne ainsi que sur la liberté académique aux États-Unis.

Le «génocide académique» en marche

Parmi les articles, il y avait des études sur le «génocide académique», terme inventé lors de l’invasion israélienne de la bande de Gaza en 2008. Le Guardian rapporte que ce terme décrit la destruction systématique des établissements d’enseignement palestiniens, des analyses américains de la répression du discours académique sur les campus et des témoignages de première main d’enseignants palestiniens travaillant dans des zones de conflit.

Rabee Ighbaria, doctorant palestinien à la faculté de droit de Harvard, a été invité à rédiger la postface du numéro mais a refusé de signer le contrat car la revue ayant refusé en avril d’inclure une clause garantissant sa liberté académique.

Il a déclaré: «Il est honteux qu’une revue universitaire rejette une clause protégeant la liberté académique. La postface que j’ai écrite portait sur le déni de la Nakba et la manipulation des faits pour affirmer le sionisme et contrôler le discours scientifique sur la Palestine. Il est ironique qu’elle ait été interdite de publication»

Selon le journal, des chercheurs tentent désormais de republier ces travaux dans d’autres revues universitaires mais nombreux sont ceux qui craignent que cet incident ne décourage d’autres personnes de faire des recherches ou d’écrire sur la Palestine à un moment où ce domaine subit une pression sans précédent.

Chandni Desai, collaboratrice de ce numéro et chercheuse à l’Université de Toronto, a déclaré que l’article qu’elle a coécrit avec trois universitaires palestiniens dont l’un est doyen de l’Université Al-Azhar de Gaza constituait un témoignage essentiel sur l’expérience de l’enseignement pendant le génocide. Elle a ajouté: «Nous avons perdu des collègues et des étudiants au cours de ces recherches. Il ne s’agit pas d’un exercice académique théorique mais plutôt d’une action urgente face à la catastrophe». 

Les critiques voient dans cet incident un exemple de ce qui est désormais appelé «l’exception palestinienne» en matière de la liberté d’expression académique selon laquelle les normes et pratiques académiques habituelles sont suspendues dès lors qu’il est question de la Palestine.

Cependant, Abu El-Haj a indiqué avec un optimisme prudent qu’un réel changement est déjà en cours: «Nous constatons un intérêt sans précédent parmi les étudiants pour l’étude de la question palestinienne. Une nouvelle prise de conscience émerge et les institutions tentent désespérément de contrôler le discours mais elles commencent à perdre».

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