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La Tunisie veut réduire l’impact négatif du pain sur la santé publique

La Tunisie vise à réduire de 30% la teneur en sel du pain subventionné afin d’améliorer la santé publique et de respecter les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  

Les Tunisiens sont parmi les plus gros mangeurs de pain au monde et cela n’est pas sans incidence sur leur santé. Aussi le gouvernement a-t-il lancé récemment une stratégie ambitieuse visant à réduire de 30 % la teneur en sel du pain subventionné, conformément aux recommandations de l’OMS pour la prévention de l’hypertension artérielle et des maladies cardiovasculaires, qui touchent un nombre croissant de personnes.

L’initiative a été lancée lors d’une session parlementaire de la Commission de l’industrie, du commerce, des ressources naturelles, de l’énergie et de l’environnement, à laquelle ont participé des représentants des ministères de la Santé, de l’Agriculture et du Commerce.

Le pain, aliment de base de l’alimentation tunisienne, représente 35 à 40% de l’apport quotidien en sel, ce qui rend cette mesure cruciale pour améliorer la santé publique.

Ce plan comprend deux mesures. Tout d’abord, la réduction progressive de la teneur en sel du pain subventionné. Parallèlement, le taux d’extraction de la farine de blé tendre devrait passer de 78% actuellement à 85%.

Ce changement améliorera la qualité du pain, l’enrichissant en fibres, minéraux et vitamines, favorisant ainsi la digestion et la lutte contre l’obésité et le diabète.

En décembre 2023, une dégustation avait déjà mis en évidence l’appréciation des prototypes de pain riches en fibres.

Par ailleurs, la consommation de pain a considérablement augmenté ces dernières années, avec plus de 6,9 millions de quintaux de farine utilisés chaque année, ce qui met à rude épreuve le système de subventions. Les ministères concernés ont annoncé que le projet se déroulerait en plusieurs phases et s’accompagnerait d’un plan de communication publique visant à mobiliser les boulangers et les consommateurs et à assurer une transition efficace.

Rappelons que l’obésité et le diabète sont en passe de devenir eux aussi des problèmes de santé publique en Tunisie, où l’on mange aussi beaucoup de pâte (couscous, spaghettis, etc.).

I. B.

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Des chorégraphes italiens animent des ateliers à Tunis

La première édition du Festival Impronte di Danza au Maghreb s’est tenue du 14 au 19 juillet 2025 à Tunis : une semaine dédiée à l’étude et à l’exploration de la danse classique et contemporaine, avec une importante contribution italienne.

Près de quatre-vingt-dix danseurs venus d’Algérie, du Congo et de toutes les régions de Tunisie ont participé aux ateliers, confirmant la forte demande de formations spécialisées en danse, rare dans cette partie du monde arabe, indique l’Oplas/Centro Regionale della Danza Umbria.

La même source ajoute dans un communiqué que les participants étaient répartis en trois niveaux différents, en fonction de leur âge et de leurs compétences techniques.

Durant la semaine d’études, des cours quotidiens de danse classique (avec les professeurs Piero Martelletta, Luca Bruni et Mario Ferrari), de danse contemporaine (avec les chorégraphes Paola Sorressa et Luana Rossetti) et de composition chorégraphique (toujours avec Bruni, Ferrari, Rossetti et Sorressa) ont été proposés dans les salles de l’Opéra de Tunis, qui a accueilli la manifestation.

À la fin du programme d’études, une représentation de l’œuvre achevée a été présentée au Théâtre des Régions, enrichie par les prestations des deux compagnies italiennes organisatrices du programme : Oplas/Centro Regionale della Danza Umbria et Mandala Dance Company.

«Cet excellent résultat suscite une réflexion approfondie sur le rôle éducatif primordial que l’Italie peut jouer dans ces régions géographiquement proches, contribuant ainsi à une émancipation socioculturelle qui commence incontestablement par la base, pour tous et sans distinction d’origine sociale, offrant aux jeunes de nouvelles ambitions et de nouvelles perspectives de carrière et, plus important encore, de nouveaux moyens d’exprimer leur ambition artistique», a souligné Oplas.

Le projet Impronte di Danza est né à Pérouse au début des années 2000 dans le but de promouvoir la danse à travers des spectacles et des ateliers. Après des années d’activité continue en Italie, ce format a fait son apparition en Afrique.

I. B. (avec Ansamed).

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L’Italie premier importateur de produits de la mer de Tunisie

L’Italie est le premier importateur de produits de la mer de Tunisie, absorbant 31% des exportations totales de notre pays, suivie par l’Espagne (14 %) et la Libye (12 %), indique le dernier bulletin de l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri), ajoutant que la balance commerciale tunisienne des produits de la pêche a enregistré une baisse de 67,5 % de son excédent à fin mai 2025 (en glissement annuel). (Ph. Pêcheurs à Kerkennah).

Le solde positif s’est établi à 59,9 millions de dinars (environ 17,8 millions d’euros), en baisse par rapport aux 184,4 millions de dinars (environ 54,3 millions d’euros) enregistrés à la même période en 2024.

Du 1er janvier à fin mai 2025, les exportations tunisiennes de produits de la pêche (maritime et aquaculture) ont atteint environ 11 400 tonnes, pour une valeur de 267,3 millions de dinars (78,61 millions d’euros). Ce chiffre met en évidence une baisse, tant en quantité (-19,7 %) qu’en valeur (-21,2 %), par rapport à la même période en 2024, où les exportations s’étaient élevées à 14 200 tonnes, pour une valeur de 339,3 millions de dinars (environ 100 millions d’euros).

Les prix moyens à l’exportation ont également baissé d’environ deux pour cent, s’établissant à 23,4 dinars (6,88 euros) le kilogramme, contre 23,9 dinars (7,03 euros) le kilogramme en mai 2024.

Selon l’agence italienne Ansa, le marché italien s’ouvre de plus en plus aux produits de la mer tunisiens, qui offrent une variété d’espèces très prisées sur les tables italiennes à des prix compétitifs.

Les principaux produits importés par l’Italie comprennent des poissons frais et réfrigérés tels que la morue, la dorade, le bar et d’autres espèces méditerranéennes typiques, ainsi que des crustacés, notamment les crevettes roses et rouges, les mollusques, le poulpe, le calmar et la seiche, très prisés.

L’Italie importe également des produits transformés ou semi-transformés tels que des filets et des produits préparés, ce qui facilite leur distribution et leur utilisation dans la restauration.

I. B.

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Ukraine l Zelensky promulgue une loi pour protéger les corrompus  

Des manifestations sans précédent ont eu lieu en Ukraine après l’adoption par le parlement d’une loi supprimant l’indépendance des instances anticorruption. Promulguée mardi 22 juillet 2025 par le président Volodymyr Zelensky, cette loi très critiquée à l’intérieur et à l’extérieur affaiblit l’autonomie des institutions anticorruption, provoquant indignation et inquiétude au sein même de l’Union européenne (UE), principal soutien du régime en place à Kiev.

Habib Glenza

En promulguant cette loi qui met fin à l’indépendance des agences anticorruption, le président Zelensky a suscité des protestations à l’intérieur et, à l’extérieur, une inquiétude parmi les alliés de Kiev. Plusieurs centaines de manifestants sont descendus dans les rues de la capitale ukrainienne, rapportent des reporters locaux, pour exprimer leur colère. «Le projet de loi a été adopté à la hâte», a critiqué l’un d’eux.

L’initiative a été qualifiée de «sérieux recul» par l’UE, qui s’est dite «profondément préoccupée». La commissaire chargée de l’élargissement de l’UE, Marta Kos, a déclaré que le respect de «l’État de droit reste au cœur des négociations d’adhésion» entre Kiev et Bruxelles. 

L’adoption de la loi par les députés ukrainiens, au lendemain de l’arrestation contestée d’un responsable travaillant dans l’une de ces structures, a suscité les critiques de militants et d’ONG en Ukraine qui s’inquiètent d’un recul démocratique dans le pays depuis le début du conflit russo-ukrainien en février 2022.

La corruption est un mal endémique en Ukraine, mais le pays a fait des progrès sur ce front en créant notamment, respectivement en 2014 et en 2015, une instance d’enquête, le Nabu, et un parquet, le Sap, spécialisé dans ces affaires de corruption.

Une loi sur mesure pour des «personnes intouchables»

Mardi, le Parlement a voté avec 263 voix pour, 13 contre et 13 abstentions, une loi ratifiée par le président Zelensky qui subordonne les activités de ces deux structures au procureur général, lui-même subordonné au président de la république, qui, on le sait, n’est pas lui-même au-dessus de tout soupçons. La nouvelle loi supprime donc de fait l’indépendance du Nabu et du Sap et met fin, en quelque sorte, à la lutte contre la corruption qui gangrène le pays depuis assez longtemps.

Le chef du Sap, Oleksandre Klymenko, a déclaré que le texte «détruit effectivement l’indépendance des institutions anti-corruption vis-à-vis de toute influence politique et pression sur nos enquêtes».

Selon le député Roman Lozinsky, ce texte accorde au procureur général le pouvoir de gérer le Sap, de donner des «instructions écrites obligatoires» au Nabu et d’avoir accès aux détails de n’importe quelle affaire et de les déléguer au procureur de son choix ou à d’autres agences.

Anastassia Radina, à la tête du Comité anticorruption du parlement, a dénoncé un texte qui «va à l’encontre de nos obligations dans le cadre du processus d’intégration à l’UE». Quelques heures avant le vote, un porte-parole de l’UE, Guillaume Mercier, avait souligné que le Nabu et le Sap étaient «essentielles au programme de réforme» que l’Ukraine s’est engagée à mener pour pouvoir adhérer à l’UE.

«L’infrastructure anticorruption fonctionnera. Simplement, sans l’influence russe», a écrit Zelensky sur Telegram dans la nuit de mardi à mercredi. «Il est important que le procureur général soit déterminé à assurer qu’en Ukraine, l’inévitabilité des peines soit véritablement assurée pour ceux qui vont à l’encontre de la loi», a-t-il ajouté.

Le directeur du Nabu, Semion Kryvonos, ne partage nullement c et avis. «Aujourd’hui, avec les votes de 263 députés, l’infrastructure anticorruption a été détruite», a-t-il regretté lors d’une conférence de presse, avertissant que la loi permettra l’existence de «personnes intouchables» en Ukraine.

Un pas vers un régime autoritaire

Depuis Kiev, après le vote, un diplomate européen, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, a qualifié cette décision de «regrettable», tout en nuançant : «Est-ce un revers ? Oui. Est-ce un point de non-retour ? Non». Lundi, les services de sécurité ukrainiens (SBU) avaient annoncé l’arrestation d’un responsable du Nabu soupçonné d’espionnage au profit de Moscou, et ont perquisitionné les locaux de l’organisation, qui rejette ces accusations.

La branche ukrainienne de l’ONG anticorruption Transparency International a dénoncé cette arrestation, selon laquelle ces perquisitions sont illégales et «visent à obtenir de force des informations et à influencer les enquêtes menées sur de hauts responsables».

L’ONG a fait état dans un communiqué d’une «pression systématique» des autorités à l’encontre des structures anti-corruption en Ukraine. Avant le vote de mardi, les militants ukrainiens s’étaient déjà inquiétés des récentes poursuites judiciaires visant Vitaliï Chabounine, directeur d’une des principales ONG de lutte contre la corruption. Selon des médias ukrainiens, ces mesures interviennent alors que le Nabu et le Sap s’apprêtaient à inculper l’ex-ministre de l’Unité nationale Oleksii Tchernychov et alors que les deux instances enquêtaient sur l’ex-ministre de la Justice Olga Stefanishina.

«Aujourd’hui est un jour de honte pour le Parlement ukrainien. Les autorités ont introduit des amendements à la loi visant à détruire l’organe de lutte contre la corruption», a dénoncé sur Telegram le député indépendant Oleksii Gontcharenko, disant y voir un «pas vers un régime autoritaire». «Nous n’avons pas voté pour cette mascarade. J’ai honte et j’ai honte pour les gens dans cette salle», a abondé un autre député, Iaroslav Jelezniak du parti libéral Holos.

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Kaïs Saïed dans une scène rare, presque historique

Cela s’est passé mardi 22 juillet 2025 au Palais de Carthage, en quelques minutes, mais ces minutes-là, il faudra bien les inscrire quelque part. Dans un livre d’histoire, peut-être. Ou dans la mémoire de ceux qui savent encore distinguer le courage de la complaisance.

Khémaïs Gharbi *

Le président tunisien, Kaïs Saïed, recevant l’émissaire de Donald Trump pour le monde arabe Massad Boulos, n’a pas attendu les discours officiels ni les formules diplomatiques rodées. À peine l’entrevue entamée, debout face à son interlocuteur, il sort une série de photos. Des clichés en couleur. Mais la couleur ici, c’est celle du sang, de la poussière, de la détresse des Palestiniens.

Il ne montre pas des paysages. Il tend les images d’un peuple supplicié : des enfants affamés, une fillette réduite à manger du sable, des visages creusés par la faim et la peur. «Je crois que ces photos, vous les connaissez bien», dit-il. Puis, commentant chaque image, il dénonce un «crime contre l’humanité entière», et réclame qu’on y mette fin — que «l’humanité tout entière se réveille».

Une gifle assénée au nom des enfants de Gaza

Face à lui, l’envoyé américain subit un réquisitoire visuel, implacable. Sans cris, sans fioritures, mais avec la force nue des images et des mots justes. Ce n’est pas un simple geste. C’est une audace rare dans le monde feutré de la diplomatie. Une gifle silencieuse, assénée au nom des enfants de Gaza.

Car il ne s’agit pas seulement de clichés. Il s’agit d’une vérité que beaucoup taisent, que d’autres enveloppent dans les euphémismes : celle d’un génocide mené en temps réel, avec le soutien sans faille du principal allié militaire et diplomatique d’Israël — les États-Unis d’Amérique.

Cette scène, inédite dans le monde arabe contemporain, résonne comme un écho des grandes heures du courage politique. On pense à la déclaration de Patrice Lumumba face au roi Baudouin en 1960 : «Entre l’esclavage et la liberté, il n’y a pas de compromis.» On entend aussi le souffle de Martin Luther King, lançant son rêve à la face de l’Amérique ségrégationniste.

Echo des grandes heures du courage politique

Aujourd’hui, c’est un président arabe qui, sans armée conquérante ni appuis massifs, a dit non. Par les images. Par la dignité. Par la vérité nue.

Il a montré qu’on peut être grand, même lorsqu’on est seul. Qu’on peut être fort, même sans violence. Et qu’à défaut de frapper avec des armes, on peut frapper avec sa conscience — et l’exposer au regard du monde entier.

Car dans ce siècle saturé d’images, une seule photo peut devenir une arme. Non pas une arme de destruction, mais une arme de révélation. Une arme qui dérange. Qui accuse. Qui réveille.

Et à ceux qui, dans l’ombre ou à la tribune, bravent la peur, les menaces, l’isolement, pour défendre la dignité humaine et nommer les injustices par leur nom — à ceux-là, va notre reconnaissance profonde.

Car ce sont eux qui, par leur courage, empêchent le monde de sombrer tout à fait dans la nuit.

* Ecrivain et traducteur.

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Gaza l Naissance et genèse d’une guerre coloniale’

Paru en mai 2025 aux éditions Actes Sud, à Marseille, ‘‘Gaza, une guerre coloniale’’ est un ouvrage collectif dirigé par Véronique Bontemps et Stéphanie Latte Abdallah, qui s’impose comme une lecture essentielle pour comprendre la longue histoire coloniale qui structure la domination israélienne sur la Palestine.

Djamal Guettala 

Dès l’introduction, les autrices posent une question centrale : de quoi cette guerre est-elle le nom ? Loin de l’idée d’un conflit ponctuel ou d’une explosion de violence irrationnelle, les contributions réunies ici replacent Gaza dans un continuum historique de dépossession, de punition collective et d’enfermement, engagé depuis des décennies.

Les silences occidentaux

La guerre déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 est analysée non comme un événement isolé, mais comme l’expression extrême d’un système colonial prolongé, soutenu et légitimé à l’échelle internationale.

Ce livre ne se contente pas de dénoncer : il analyse en profondeur les logiques politiques, sociales, économiques et juridiques à l’œuvre. Pluridisciplinaire, il mobilise histoire, droit international, sociologie, anthropologie, et s’appuie sur des enquêtes de terrain. Il aborde aussi les effets humains, écologiques et symboliques des destructions, ainsi que les perceptions régionales et les silences occidentaux. Un chapitre important revient sur l’interdiction faite à la presse internationale d’enquêter sur place, participant à une invisibilisation calculée.

Stéphanie Latte Abdallah
Véronique Bontemps

La centralité de la question coloniale

L’ouvrage entend ainsi décoloniser le regard, en refusant les récits humanitaires ou sécuritaires qui réduisent Gaza à une tragédie abstraite. Il redonne sa centralité à la question coloniale, posant des mots précis là où tant d’analyses restent dans l’euphémisme ou le flou.

La sélection du livre pour le Prix Mare Nostrum 2025 vient consacrer un travail collectif de haute tenue intellectuelle et politique. Un livre fort, exigeant, qui ne cherche pas à convaincre par l’émotion, mais par la clarté d’une pensée critique et le refus de l’amnésie.

Plus qu’une lecture, ‘‘Gaza, une guerre coloniale’’ est un outil. Un acte de transmission, à contre-courant des silences diplomatiques et des narrations hégémoniques. Il rappelle que pour comprendre Gaza, il faut écouter l’histoire – pas celle des discours d’État, mais celle des peuples enfermés, déplacés, résistants.

Stéphanie Latte Abdallah est historienne et politiste, spécialiste du Moyen-Orient et des sociétés arabes. Elle travaille au croisement de l’histoire contemporaine, de la politologie, de l’anthropologie et de la littérature.

Véronique Bontemps, docteure en anthropologie (Aix-Marseille, 2009) et chercheuse au CNRS, est spécialiste des sociétés palestiniennes contemporaines. Ses recherches portent sur les frontières, les inégalités sociales, les milieux urbains et les expériences de la maladie. Elle est membre des comités de rédaction des revues Genèses et Mondes arabes.

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Tunisie l Ahmed Souab poursuit le combat de l’intérieur de la prison

Dans un communiqué diffusé via les réseaux sociaux, Me Ahmed Souab annonce de l’intérieur de la prison de Mornaguia où il est incarcéré depuis avril dernier, qu’il a décidé de ne pas faire appel auprès de la Cour de cassation de la décision de la chambre d’accusation en date du 18/07/2025 de le déférer devant la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme auprès de la Cour d’appel de Tunis.   

«Je vais mener mon procès comme un combat politique sans maquillages procéduriers et masques juridiques, de manière à ne lui donner aucune légalité ou légitimité», écrit Souab, qui se présente comme le «prisonnier n°505091», ajoutant qu’il poursuivra le combat de l’intérieur de la prison pour, dit-il, «démasquer le processus de la tyrannie (politique/judiciaire/policiere et médiatique)».

Me Souab estime dans le même communiqué que son procès est «unanimement considéré par le comité de défense et la majorité des observateurs des affaires publiques comme un procès politique» et que la justice en Tunisie «ne jouit pas des conditions minimales d’une indépendance structurelle et fonctionnelle».

«L’espoir que j’avais dans l’existence de magistrats indépendants s’est évaporé après leur rejet de ma libération provisoire à trois reprises, en flagrante contradiction avec le principe de la présomption d’innocence», a aussi écrit Me Souab, ancien magistrat lui-même et qui a une connaissance – pour ainsi dire – intime du fonctionnement du système judiciaire dans le pays.

I. B.

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Tunisie l L’instinct de survie au-dessus de tout scrupule

Dans un monde en pleine effervescence et un voisinage croulant sous de lourds nuages de colère et d’instabilité, il importe à la Tunisie de se ressaisir et de tout faire pour pouvoir surmonter la tornade qui se profile à l’horizon.

Elyes Kasri *

L’appareil de production public et privé en Tunisie souffre d’une régression continue depuis 2011 et le marché de l’emploi, le pouvoir d’achat, les infrastructures et les services publics se dégradent de jour en jour.

Depuis ce qui a été pompeusement et fallacieusement qualifié de «révolution de la liberté et de la dignité» ou pire encore de «révolution du jasmin», la seule croissance enregistrée dans notre pays a été dans les innombrables slogans de plus en plus creux et la litanie des promesses intenables et des faux espoirs avec leur lot toxique de désillusions, de rancœurs et de colères jusqu’à présent sous la braise au risque, que Dieu ne le veuille, que les circonstances ou des officines extérieures ne se mettent à souffler dessus.

Une poussière d’individus

Un pays qui se dépeuple (au vu du dernier recensement démographique et de la tentation migratoire alimentée par le sentiment partagé d’un ailleurs plus auspicieux) et qui croit de moins en moins à la chose publique et à un sort collectif et national (les dernières consultations et échéances électorales en sont un indice frappant) semble tenté de retomber dans l’état de poussière d’individus mus par l’instinct de survie, souvent à tout prix et au-dessus de tout scrupule.

* Ancien ambassadeur.

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Kaïs Saïed et la Palestine | Un discours de courage et de lucidité

Recevant avant-hier à Carthage l’envoyé spécial du Président Trump pour le monde arabe, qui était accompagné de l’ambassadeur américain en Tunisie et de trois autres responsables de son pays, le Président Kaïs Saïed a été, comme à son habitude, très clair sur la situation dramatique qui prévaut à Gaza où les autorités israéliennes continuent de braver le droit international, fortes de l’appui inconditionnel des États-Unis et des pays occidentaux.

Raouf Chatty *

Le bilan des bombardements israéliens, depuis le déclenchement des hostilités le 7 octobre 2023, est particulièrement lourd : des dizaines de milliers de mort et des centaines de milliers blessés, sans compter les énormes dégâts matériels et les impacts durables de cette guerre sur les Palestiniens en général et les habitants de Gaza en particulier. 

Sur ce point, la position du Président Saïed est largement en avance sur celles de la quasi-totalité des dirigeants arabes, ceux qui sont directement impliqués dans le conflit et ceux qui en sont indirectement touchés. Piégés dans une position très inconfortable, ces derniers continuent de souffler le chaud et le froid, selon le contexte général dans la région et en fonction des intérêts stratégiques de leurs pays, ne craignant pas d’exposer ainsi leur impuissance au monde entier.

Les États-Unis face à leurs responsabilités

Montrant à l’envoyé spécial du Président américain des photos d’enfants gazaouis crevant de faim, Kaïs Saïed a visiblement cherché à choquer son hôte et à mettre les États-Unis face à leurs responsabilités de superpuissance prônant les droits humains et à la contradiction de leurs politiques des deux poids deux mesures.

Le Président a également mis l’accent lors de cette rencontre sur la question de la souveraineté des États, soulignant à son interlocuteur que le rejet des ingérences extérieures et le respect de la volonté des peuples sont des fondements des relations internationales. 

Si de tels propos, transmis par les médias, avec la voix du Président, confortent la position d’un large public tunisien révolté par les souffrances sans fin infligées au peuple palestinien, pour d’autres, ces propos ont une portée purement symbolique et ne feront que remuer le couteau dans la plaie. Ils n’aideront pas, en tout cas, à alléger ces souffrances. Les masses populaires y verront un acte de courage et de bravoure à mettre à l’actif du Président tunisien, au moment où plusieurs chefs d’Etat arabe n’osent même pas placer un mot devant le Président américain. Ne l’a-t-on pas vu, récemment, regarder de haut des présidents africains en visite officielle à son invitation à la Maison blanche ?

Qu’attendent exactement les Américains de Saïed ?  

Après son entretien avec le Président de la République, l’envoyé spécial du président américain s’est contenté d’une déclaration laconique et à portée générale sur son blog, sans évoquer les sujets réellement discutés au Palais de Carthage : Palestine, Gaza, droit humanitaire international, droit des peuples à l’autodétermination et, probablement aussi, la situation en Libye et son impact sur la région.

Dans ce cadre, plusieurs questions se posent… 

1- Les États-Unis connaissant très bien les positions du Président Saïed sur la question palestinienne, Gaza et sur bien d’autres sujets, comme la nouvelle politique étrangère de la Tunisie, revue et corrigée par l’actuel locataire du Palais de Carthage, quel était le but réel de cette visite, la première dans notre pays d’un haut responsable américain depuis le retour du Président Trump au pouvoir, à un moment où la Tunisie continue de se débattre dans des difficultés politiques, économiques  et sociales majeures, aggravées par la situation très instable dans toute la région Mena? En d’autres termes, qu’attendent exactement les Américains de Saïed ? Qu’il normalise les relations de la Tunisie avec Israël et rejoigne ainsi la caravane arabe des Accords d’Abraham ? Ou qu’il accepte d’accueillir en Tunisie les Palestiniens de Gaza, comme l’avait fait Habib Bourguiba de ces mêmes Palestiniens lorsqu’ils ont été chassés du Liban, en 1982 ?

Une position pour le principe et pour l’Histoire

2- Le Président Saïed, connaissant le rôle capital des États-Unis dans le monde, et pas seulement dans la région du Moyen-Orient, ainsi que les positions tranchées du Président Trump sur de nombreuses questions et notamment son soutien total et inconditionnel à Israël, pourquoi a-t-il choisi d’être aussi direct et tranchant avec le responsable américain alors que pratiquement tous les dirigeants arabes que ce dernier s’apprête à rencontrer chercheront par tous les moyens sinon à l’amadouer du moins à ne pas lui déplaire?

En tout état de cause, et quelle aient pu être les motivations du Président Saïed et l’impact espéré de ses propos sur la suite des événements à Gaza et dans la région Mena, l’histoire retiendra sa position responsable et courageuse, qui tranche clairement avec celle de la plupart des autres dirigeants arabes, qui sont décevantes, opportunistes et largement en deçà des attentes de leurs peuples. 

Cette position est venue conforter les voix libres dans le monde, même parmi les plus inconditionnels d’Israël, qui se lèvent pour réclamer avec force la fin de la guerre et la reconnaissance du droit inaliénable des Palestiniens à un État indépendant et souverain sur la base des résolutions des Nations Unies. 

Ce processus est historique et irréversible. Sans sa mise en œuvre volontaire et lucide, les Palestiniens, les Israéliens et tous les peuples de la région seront condamnés à davantage d’instabilité, de guerres, de souffrances et de désolation. 

* Ancien ambassadeur. 

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L’essentiel du Rapport pays 2025 de la BAD sur la Tunisie

La Banque africaine de développement (BAD) vient de publier le Rapport pays sur la Tunisie pour l’année 2025 sous le titre «Tirer le meilleur parti du capital de la Tunisie pour favoriser son développement». Réalisé par Audrey Chouchane, économiste régionale pour l’Afrique du Nord, Ce rapport a été présenté le 7 juillet 2025 au ministère de l’Économie et de la Planification. Il met en lumière les perspectives de croissance pour 2025-2026; les leviers concrets de réforme pour renforcer la résilience économique ; et des recommandations stratégiques sur la fiscalité, l’investissement privé, et la valorisation des actifs publics. Nous en publions ci-dessous le résumé analytique et les recommandations politiques.

En 2024, la Tunisie a enregistré une croissance économique modeste de 1,4 %, tirée principalement par les secteurs de l’agriculture, des industries manufacturières et des services.

Cette dynamique s’est toutefois heurtée à la contraction du secteur énergétique et à une détérioration du solde commercial. Une politique monétaire restrictive a permis de contenir l’inflation à 7 %, mais a parallèlement freiné l’accès au crédit, alors que le secteur financier enregistre 14 % de prêts non performants.

Le déficit budgétaire a été réduit à 6,1 % du produit intérieur brut (PIB), grâce à une amélioration des recettes fiscales. Toutefois, le niveau d’endettement public reste élevé, représentant 81,2 % du PIB.

Les investissements directs étrangers (IDE), les recettes touristiques et les transferts de la diaspora ont contribué au renforcement des réserves de change.

Sur le plan social, le taux de chômage demeure élevé (16 %) et les disparités régionales persistent.

Pour 2025, une légère accélération de la croissance à 1,9 % est projetée, principalement soutenue par les bonnes performances attendues du secteur agricole.

Cependant, la mobilisation des ressources internes demeure inférieure à son potentiel, en raison d’une assiette fiscale qui pourrait être élargie, un secteur informel représentant environ 26 % du PIB, ainsi que par des dépenses fiscales dont l’efficacité économique peut être renforcée.

Le marché boursier encore peu développé, ne permet pas de répondre adéquatement aux besoins de financement des petites et moyennes entreprises.

La mise en œuvre de réformes fiscales ambitieuses, la digitalisation des services publics, la diversification des sources de financement, y compris par le recours aux technologies financières (FinTech) et aux obligations vertes, ainsi que l’amélioration de la gouvernance, sont essentielles pour renforcer la résilience économique.

Le renforcement de la transparence et de la coopération régionale constitue un levier stratégique pour valoriser le capital national et promouvoir un développement durable, inclusif et équitable.

La Tunisie, pays à revenu intermédiaire situé en Afrique du Nord, dispose d’un fort potentiel de développement économique, soutenu par sa position géographique stratégique, un capital humain qualifié, d’une bonne base infrastructrelle et des ressources naturelles diversifiées.

Toutefois, ce potentiel demeure partiellement inexploité en raison de contraintes structurelles persistantes qui entravent la transformation économique du pays et limitent sa capacité à mobiliser efficacement les ressources indispensables à son développement.

L’État joue un rôle central dans l’optimisation du capital national, à travers la mise en œuvre de politiques publiques cohérentes, la création d’un cadre institutionnel propice à l’investissement et le renforcement de la soutenabilité des finances publiques.

La création d’un environnement propice à une croissance durable et inclusive repose en grande partie sur l’efficacité de la mobilisation des ressources internes ainsi que sur l’amélioration continue de la gouvernance économique.

Conclusion et recommandations politiques

Des institutions solides, une gouvernance efficace et un État de droit renforcé constituent les fondements indispensables à la mobilisation accrue des ressources nationales en Tunisie.

L’optimisation du capital naturel, humain, productif et financier dépend étroitement de la qualité du cadre institutionnel et de la stabilité réglementaire.

Il est essentiel de consolider un cadre juridique et réglementaire robuste garantissant la transparence, la redevabilité et la protection des ressources, notamment dans le secteur extractif, où une gestion rigoureuse et inclusive peut renforcer la mobilisation des recettes et la durabilité des investissements.

S’agissant du capital humain, la modernisation du système éducatif, en adéquation avec les besoins évolutifs du marché du travail, ainsi que la mise en œuvre de politiques d’inclusion actives, sont prioritaires pour améliorer l’employabilité et renforcer la cohésion sociale.

Sur le plan fiscal, l’élargissement de l’assiette fiscale, notamment par l’intégration progressive du secteur informel, ainsi que l’accélération de la digitalisation des services fiscaux et administratifs, sont des leviers essentiels pour accroître les recettes publiques et renforcer l’équité fiscale.

Enfin, la simplification des procédures administratives, la sécurisation juridique des investissements et la modernisation de l’environnement des affaires sont nécessaires pour stimuler le capital d’entreprise, favoriser l’investissement privé et renforcer la compétitivité de l’économie tunisienne.

Ces recommandations s’inscrivent dans une vision intégrée du développement durable, fondée sur la transparence, la redevabilité, l’efficacité institutionnelle et l’intégration régionale, en vue de consolider les bases d’une croissance inclusive et résiliente.

Lire le rapport.

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82e Mostra de Venise | Erige Sehiri au jury du Prix du Premier Film

La réalisatrice, productrice et ancienne journaliste franco-tunisienne Erige Sehiri a été nommée au jury international du Prix de Venise du Premier Film «Luigi De Laurentiis», organisé dans le cadre de la 82e Mostra de Venise, qui se tiendra du 27 août au 6 septembre 2025.

Le jury sera présidé par la réalisatrice écossaise Charlotte Wells, soutenue par le réalisateur et scénariste italien Silvio Soldini. La composition des jurys a été approuvée par le Conseil d’administration de la Biennale, sur recommandation du directeur artistique du Festival, Alberto Barbera, a indiqué la biennale dans un communiqué publié mardi 22 juillet.  

Figure marquante du cinéma maghrébin, Sehiri fait ses débuts en 2018 avec le documentaire ‘‘La voie normale’’, suivi en 2022 de son premier long métrage ‘‘Sous les figues’’, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes et choisi comme candidat officiel de la Tunisie aux Oscars 2023.

Parallèlement à sa carrière cinématographique, Sehiri est activement engagée dans la promotion de la liberté d’expression et de l’éducation aux médias. Elle est cofondatrice de la plateforme journalistique Inkyfada et de l’organisation non gouvernementale tunisienne Al Khatt. Elle fait également partie du collectif Rawiyat – Sisters in Film, créé pour soutenir les cinéastes de la diaspora arabe et tunisienne.

En 2024, elle a présenté son deuxième film, ‘‘Promis le ciel’’, dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes.

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Kaouther Ben Hania fera résonner la voix de Hind Rajab à Venise

‘‘The voice of Hind Rajab’’, film écrit et réalisé par la cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania, a été sélectionné dans la compétition de la 82e édition du Festival international du film de Venise (Mostra de Venise ou Venezia 82), prévue du 27 août au 6 septembre 2025.

‘‘The voice of Hind Rajab’’ est une coproduction tuniso-française qui a bénéficié d’une bourse d’aide du Fonds d’encouragement à la création littéraire et artistique, au ministère des Affaires culturelles.

Ce long métrage de fiction (89’) est porté par un casting composé d’Amer Hlehel, Clara Khoury, Motaz Malhees et Saja Kilani.

Le 29 janvier 2024, des volontaires du Croissant-Rouge reçoivent un appel d’urgence : une fillette de 6 ans est piégée dans une voiture sous le feu à Gaza, implorant des secours. Tout en essayant de la garder en ligne, ils font tout ce qu’ils peuvent pour lui amener une ambulance. Elle s’appelait Hind Rajab, lit-ondans le synopsis de ce film d’une brûlante et sanglante actualité.

La réalisatrice et scénariste affirme avoir réalisé ce film dans l’urgence. Tout a commencé au moment où elle a entendu un enregistrement audio de Hind Rajab implorant de l’aide. «J’ai immédiatement ressenti un mélange d’impuissance et une tristesse écrasante», dit-elle.

Ben Hania dit avoir tissé une histoire autour des témoignages de la mère de Hind et des personnes qui essayaient de l’aider, «en utilisant l’enregistrement audio réel de la voix de Hind, et en construisant un film à un seul endroit où la violence reste hors écran.»

C’est le 6e long-métrage de Ben Hania : ‘‘L’Homme qui a vendu sa peau’’ et ‘‘Les filles d’Olfa’’ ont été candidats de la Tunisie aux 93e et 96e Oscars.

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L’Arabie saoudite et la construction de l’Opep arabe de l’IA

A la suite de la visite d’Elon Musk à Riyadh, l’Arabie Saoudite, via le Public Investment Fund (Pif), mène une stratégie d’investissement dans l’intelligence artificielle (IA) ambitieuse et multidimensionnelle, visant à passer d’une économie pétrolière à un leadership technologique d’ici 2030. Pour piloter cette stratégie, le Pif, qui investit massivement dans l’IA, a lancé Humain, une filiale spécialisée dans ce secteur de pointe.

Naâmen Bouhamed *

Humain prévoit de lancer un fonds de capital-risque de 10 milliards de dollars pour soutenir la croissance technologique mondiale dans le domaine de l’IA et le Pif œuvre à faire de l’Arabie saoudite un pôle mondial de l’IA, en stimulant l’innovation et en attirant les meilleurs talents dans ce secteur. 
Investir des milliards de dollars dans l’infrastructure IA sans développer de talents humains revient à construire un porte-avions… sans pilotes ni ingénieurs. Les données (McKinsey) montrent que les projets IA échouent dans 70% des cas par manque de compétences et non par manque de calcul. Cela veut dire que la bataille du siècle sera remportée par l’intelligence collective donc par l’homme et non par la puissance brute des machines.
La création d’un «Opep de l’IA arabe» pourrait être l’une des solutions pour faire de l’Arabie Saoudite le 3e pôle mondial de l’IA dernière les Etats-Unis et la Chine.
La création d’un réseau de partenariat dans les universités arabes déjà en pointe que sont déjà celles de la Tunisie et de l’Égypte, créera un véritable écosystème vertueux, ouvert à tous et donnant accès aux investissements du Pif à tout l’écosystème des startups innovantes de la région.

Alors que les États ou les blocs économiques et industriels leaders mondiaux, Etats-Unis, Chine, Europe, Russie et l’Inde, tout comme l’Arabie Saoudite, rivalisent pour investir des milliards de dollars dans des supercalculateurs et des data centers, un angle mort stratégique menace la course de l’Arabie Saoudite à la suprématie technologique : l’oubli des cerveaux qui donneront vie aux machines.

Sans investissement massif dans la formation des ingénieurs, mathématiciens et chercheurs, les infrastructures ne seront que des coquilles vides – et la bataille géo-économique du siècle pourrait être perdue d’avance.

Pourtant, comme le souligne le Dr. Pr. Yann LeCun, directeur scientifique IA chez Meta : «Un GPU coûte 10 000 dollars. Un cerveau capable de l’exploiter : 10 millions de dollars sur une carrière.»

L’Arabie Saoudite a investi plus de 500 millions de dollars dans un supercalculateur (Shaheen III). Problème : seulement 2% des chercheurs saoudiens sont qualifiés en IA. Résultat : dépendance des experts étrangers et retards chroniques.

La pénurie stratégique qui change la donne géopolitique

La Chine  forme 1,2 million d’ingénieurs IA/an via ses «Universités IA» (dont 35 dédiées).

Les États-Unis attirent 60% des talents mondiaux, avec un salaire annuel moyen de 450 000 dollars chez OpenAI. Meta vient d’offrir entre 30 à 100 million de dollars de salaire sur 3 ans aux meilleurs ingénieurs et chercheurs IA!

L’Europe compte 70 000 postes non pourvus en IA en 2025 (étude McKinsey) malgré ses importantes  infrastructures. Conséquence : un data center européen est 40% moins productif qu’un équivalent américain par manque d’experts (rapport EU Tech).

La limite des infrastructures sans expertise humaine

Des «cathédrales vides» : des supercalculateurs ou data centers ultrapuissants restent inutiles sans 1- des cerveaux capables de concevoir des algorithmes innovants ; 2- des chercheurs pour repousser les limites théoriques ; 3- des ingénieurs pour optimiser l’exploitation ; 4- des développeurs pour créer des applications pertinentes

Exemple concret : un centre de calcul dédié au LLM (comme ceux d’OpenAI) consomme des mégawatts… mais sa valeur provient à 90% des chercheurs qui ont entraîné les modèles et résolu des problèmes complexes comme l’alignement ou l’inférence efficace.

Comment bâtir l’écosystème humain ?

Il s’agit, concrètement, de lancer «Beit Al-Hikma» du 21e siècle (à l’instar de celle de Bagdad au 12e siècle) à Riyadh en ce 21e siècle.

1- Une révolution éducative : intégrer les mathématiques du Deep Learning dès le lycée et tripler les masters spécialisés (exemple : programme «AI for Humanity»).

2- Des partenariats industrie-universités sur le modèle allemand : Fraunhofer Society (R&D appliquée).

3- Une attractivité d’urgence en délivrant des visas IA accélérés (comme le French Tech Visa) et en créant des centres de recherche trans-disciplinaires (IA + santé/écologie/agriculture/ industries/éducation…).

Le grand enseignement

«Construire des data centers sans former de talents, c’est comme offrir un violon Stradivarius à un enfant sans professeur de musique : l’instrument restera muet», a déclaré le professeur Fei-Fei Li de l’Université de Stanford. Car la vraie bataille ne se gagne pas avec des puces, mais avec des cerveaux. Les pays qui l’auront compris feront de leur jeunesse le premier budget de souveraineté du siècle.

Un pays qui investit dans des GPU sans former de spécialistes va devoir 1- importer des compétences à prix d’or ; 2- sous-utiliser ses infrastructures ; et 3- dépendre technologiquement de l’étranger.

Les chiffres clés et les engagements financiers

Fonds publics : → 40 milliards de dollars alloués à l’IA via le fonds souverain Pif en 2024. → 1,2 milliard de dollars pour l’initiative «Saudi Data and AI Authority» (SDAIA).

Projets structurants : → Neom: 500 millions de dollars pour laCognitive City alimentée par IA. → Kaust(Université des Sciences) : 200 millions de dollars/an pour la recherche en IA.

Les axes stratégiques majeurs

a) Infrastructures physiques :

  • supercalculateurs : → Shaheen III (7e mondial en puissance) dédié à la R&D IA. → Cloud souverain : partenariat avec Alibaba Cloud (Dammam Data Hub);
  • centres d’excellence : → National Center for AI (Riyad) : 10 000 GPU NVIDIA. → AI Garage à Kaust: incubation de 120 startups.

b) Formation & attraction de talents

  • Saudi AI Scholarships : → Bourses pour 5 000 étudiants dans des universités Ivy League. Mais l’Arabie Saoudite devrait investir dans les universités arabes en priorité
  • Ville «Éducation» à Qiddiya : → Campus dédié à l’IA en partenariat avec l’Université de Stanford et le Massachusetts Institute of Technology (MIT).

La Tunisie et l’Egypte peuvent être aussi des partenaires de haute expertise de formation.

  • Salaire Premium : → +70% par rapport au marché pour les experts IA (ex : 450 000 dollars/an). Des visas ouvert Saudi-Tunisia ou Saudi-Egypt pourront offrir des milliers de talents aux 3 pays et valoriser la chaine des valeurs 100% arabe et multilingue.

c) Investissements internationaux

  • Partenariats clés : → 1 milliard de dollars dans SenseTime (Chine) pour l’IA visuelle. → 2 milliards de dollars dans le fonds Prosperity7 (VC de Aramco).
  • Acquisitions : → rachat de la société de robotique UISEE (Chine) en 2023.
  • Dépendance aux expatriés : + 85% (OCDE 2024).
  • Pénurie locale : seulement 2 500 ingénieurs IA saoudiens formés/an.
  • Contraintes culturelles : limites sur l’utilisation des données personnelles.
  • Concurrence régionale : les Émirats arabes unis (G42, Falcon AI) sont plus avancés en écosystème d’infrastructure.

Les perspectives critiques

«L’Arabie Saoudite achète des cartes IA, mais peut-elle en écrire le code ?» lit-on dans la MIT Technology Review, 2025.

  • Succès si : → Transition réussie des «pétrodollars vers les data dollars». → Ancrage régional des talents (objectif : 40% de Saoudiens dans les projets IA d’ici 2030).
  • Risques majeurs : → «Effet mirage» : infrastructures sous-utilisées sans expertise locale. → Sanctions technologiques (tensions USA-Chine sur les puces).

Conclusion :

L’Arabie saoudite mise sur une stratégie financière agressive pour compenser son retard initial. Son atout clé reste sa capacité d’investissement massif en infrastructure, mais sa pérennité dépendra de sa capacité à : 1- sédentariser les talents internationaux; 2- accélérer la formation locale ou en partenariat avec les pays arabes (Tunisie, Egypte…) ; 3- diversifier les applications au-delà du pétrole (santé, logistique, agritech, éducation, tourisme…).

La réussite transformerait le royaume d’Arabie en puissance IA incontournable entre l’Asie et l’Occident. L’échec créerait un «musée technologique» à grande échelle.

Avec quel pays arabes et musulmans l’Arabie Saoudite pourrait-elle construire des partenariats de formation en IA et construire un écosystème à haute valeur ajouté? IA Arabe : Tunisie, Maroc, Egypte, Jordanie ou encore Algérie! Sinon IA «halal» : Malaisie, Indonésie…

1. Tunisie : 1er réservoir de talents en Afrique

  • Pourquoi ? → Meilleur ratio qualité/coût des ingénieurs IA arabes → Expertise en R&D.
  • InstaDeep (part of BioNTech): Tunis-born AI firm solving industrial challenges (e.g., logistics, biotech).
  • DeepArt: AI-powered creative tools.
  • Tilli: Child-focused AI educational platforms.
  • Datavora (Tunis/Paris) AI-powered e-commerce intelligence (pricing, competitor tracking.
  • Welov :AI video analytics for retail (customer behavior tracking).
  • DeepArt (now part of Eyesee): Visual AI for art generation & brand marketing.

Key Research Institutions in Tunisia :

  • CES Lab (University of Sfax): Specializes in AI, NLP, and computer vision.
  • Riadi Lab (Ensi, Manouba) focuses on machine learning and big data.
  • Soie Research Group (ISG Tunis): works on AI-driven decision systems.

2. Égypte : le marché et la main-d’œuvre

  • Pourquoi ? → Plus grand bassin de diplômés Stem du monde arabe (150 000/an) → Marché domestique de 110 millions de consommateurs.

Quelques leaders :

  1. Rology :AI-powered teleradiology platform connecting hospitals with global radiologists.
  2. DXwand : Arabic-language AI chatbots and voice assistants for enterprises.
  3. Synapse Analytics :end-to-end AI solutions for finance, retail, and healthcare.
  4. DeepVision AI : computer vision for retail security, shelf analytics, and industrial automation

Rising innovators & startups :

  1. Shaghalni (AgriTech) : AI for farm management (satellite imaging + IoT sensors for crop/pest monitoring).
  2. Kencorp AI : HR tech using AI for recruitment, employee sentiment analysis, and retention.
  3. Valify Solutions :AI-driven document processing (contracts, invoices, IDs) with Arabic/English OCR.
  4. DilenyTech (HealthTech) : AI platform for mental health screening (voice/text emotion analysis).

Modèle gagnant : l’Opep arabe de l’IA

«Comme le pétrole dans les années 1960, les données arabes sont une ressource stratégique. Leur valorisation nécessite une alliance des cerveaux et des capitaux», lit-on dans le rapport PwC Middle East 2025.

Impact Attendu : 1- réduction de la fuite des cerveaux de 40% dans les pays partenaires et positionnement du monde arabe comme 3e pôle IA (derrière les Etats-Unis et la Chine et devant l’Europe) ; et 3- création de 500 000 emplois de haute technologie d’ici 2035.

Cette coalition transformerait la dépendance actuelle en souveraineté numérique collective.

* Consultant International France-Middle East, auteur de l’ouvrage Réussir l’export en Arabie saoudite.

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Tunisie | Moncef Marzouki en grève de la faim pour Gaza

L’ancien président par intérim de la République Tunisienne, Moncef Marzouki (2011-2014), a annoncé dans une déclaration au journal londonien Al-Qods qu’il entrait en grève de la faim en solidarité avec la population de Gaza, affamée et soumise aux bombardements intensifs de l’Etat d’Israël depuis le 7 octobre 2023.

Marzouki a fait cette annonce lundi dernier, 21 juillet 2025, en ces termes : «J’annonce mon entrée en grève de la faim pour exprimer mon entière solidarité avec les populations de Gaza qui résistent à l’occupation et à la faim sous les bombes et pour appeler tous les hommes libres dans ce monde à faire pression pour mettre fin aux massacres» dans la bande palestinienne.

Marzouki, qui vit en exil en France et qui est sous le coup de plusieurs condamnations à la prison en Tunisie, a appelé «les gouvernements et les nations islamiques à briser le mur du silence et à prendre des positions pratiques pour mettre fin à l’agression et au siège» imposé par l’Etat sioniste. «Ce qui arrive à Gaza est une honte pour l’humanité tout entière», a-t-il conclu.

Les mauvaises langues diront que Marzouki a trouvé dans la tragédie actuellement en cours à Gaza une occasion pour faire parler de lui. Ses partisans, au contraire, sont convaincus par la sincérité de son action, eu égard son passé militant pour la défense des droits humains.

I. B.

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La pièce tunisienne ‘‘Show Off’’ triplement couronnée en Jordanie

La pièce tunisienne ‘‘Show Off-Lamoudha’’ a remporté, le 18 juillet 2025, la Palme d’or du meilleur spectacle complet à la 20e session du festival Liberal Teater d’Amman, en Jordanie, sous les vivats d’un public conquis. Cette œuvre originale, écrite et mise en scène par Taher Issa Ben Larbi, est un spectacle unique aux allures de thriller dystopique qui combine théâtre, défilés de mode, cirque, cabaret et danse. Vidéo.

Produite par Anaïs Prod, et servie par les deux acteurs principaux : Myriam Riza et Amir Dridi Ben Saïd, la pièce originale et audacieuse est une expérience immersive à vivre absolument !

La pièce s’est tout d’abord produite en Tunisie, à partir du 27 mai 2024 à la Cité de la Culture, au 4e Art, à El Teatro, puis a enchaîné avec une tournée sous l’égide du ministère des Affaires culturelles à la Maison de la culture de Gammarth, au Festival Murex de Djerba puis à Amman, où elle a remporté la Palme d’Or.

La pièce, qui continue sa tournée à travers la Tunisie et les festivals internationaux jusqu’en 2026, a remporté trois prix à Amman : Palme d’or du meilleur spectacle complet (acting, musique, texte, costumes, mise en scène, scénographie …); Prix du meilleur metteur en scène; Prix de la meilleure scénographie

La pièce réunit dans sa distribution Myriam Riza, Amir Dridi Ben Said, Manar Tangour, Abir Smidi, Sandro El Materi, Shayma Fathi, l’artiste de cirque Sarra Rokbani, le danseur jordanien Salleh Bellagon et le musicien palestinien Yazan Abou Marcel. Elle met en exergue les dangers de la mondialisation et l’invasion du numérique dans le monde, dans un style très contemporain, entre dystopie, esprit cabaret et humour.

Les protagonistes Ayham et Frida, interprétés par Amir Dridi Ben Saïd et Myriam Riza, qui est également styliste et productrice, ont été kidnappés. C’est là qu’ils font connaissance, séquestrés dans un lieu étrange où se trouvent à la fois une salle de spectacle et un atelier de couture.

Très différents socialement, ils naviguent entre attirance et répulsion, avant de découvrir qu’ils sont les cobayes d’une émission de télévision de télé-réalité tournée en direct : ils n’auront d’autre choix que de s’exécuter.

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Kaïs Saïed rappelle aux Américains leur devoir moral envers les Palestiniens

Massad Boulos, le conseiller principal du président américain pour les affaires arabes, moyen-orientales et africaines, se souviendra longtemps du quart d’heure difficile qu’il a passé, mardi 22 juillet 2025, au Palais de Carthage, avec le président de la république Kaïs Saïed lui montrant les images d’enfants Palestiniens de Gaza au chapitre de la mort, affamés par la machine de guerre israélienne, dont Donald Trump, le patron de M. Boulos, faut-il le rappeler, est le principal soutien et pourvoyeur en armes et en munitions. Vidéo.

Imed Bahri

Selon le communiqué diffusé par la présidence de la République, la rencontre a porté sur les massacres commis contre le peuple palestinien, le terrorisme «sous toutes ses formes» (traduire : y compris le terrorisme des Etats qui se croient au-dessus des lois internationales) et la situation dans la région arabe.

Reprenant un thème qui lui est cher, celui de l’affirmation de la souveraineté nationale et du rejet de toute forme d’ingérence étrangère, le président de la République a souligné que les problèmes internes à chaque pays arabe doivent être résolus par les peuples eux-mêmes, sans aucune ingérence étrangère sous quelque prétexte que ce soit.

La Tunisie élargit le cercle de ses partenariats stratégiques

Le président Saïed a également indiqué à son hôte que la Tunisie a choisi d’élargir ses partenariats stratégiques de manière à servir les intérêts de son peuple et à répondre à ses demandes et attentes. Et c’est là une façon de dire – et c’est nous qui interprétons – que la Tunisie est libre de s’émanciper de son alliance historique avec les pays du bloc occidental, et à leur tête les Etats-Unis, et de chercher ses intérêts là où elle les trouve, y compris en Chine, en Russie ou ailleurs.    

Selon une vidéo de la réunion diffusée par la présidence, le chef de l’Etat a montré au conseiller du président américain des images choquantes de nourrissons et d’enfants palestiniens mourant de faim et de soif à Gaza, déclarant : «Ces images révèlent la brutalité de la guerre menée par les forces d’occupation oppressives pour anéantir le peuple palestinien – une guerre visant à faire accepter la défaite aux Palestiniens, mais les nations libres n’accepteront jamais la défaite.»

Tout en soulignant le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, tel que stipulé dans le Traité de Versailles, Saïed a affirmé que les crimes commis par l’entité sioniste sont «totalement inacceptables et constituent des crimes contre l’humanité». Cela, la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ) l’ont déjà solennellement proclamé, mais des pays comme les Etats-Unis refusent encore d’admettre, tout en poursuivant leur soutien actif à la machine de guerre israélienne, sommes-nous tentés de rajouter à l’appui des paroles présidentielles.

La légitimité internationale s’effondre de jour en jour et perd tout son sens face aux tragédies endurées par les Palestiniens à Gaza et des bombardements quotidiens qu’ils subissent, a encore rappelé Saïed à son hôte américain.

Mettre fin aux crimes israéliens en Palestine

«Le temps est venu pour l’humanité entière de se réveiller et de mettre fin aux crimes commis en Palestine. Des décisions audacieuses doivent être prises dans l’intérêt du peuple palestinien, propriétaire légitime de toutes les terres palestiniennes, à Gaza, en Cisjordanie, dans les colonies et dans toute la Palestine, afin que l’État palestinien soit établi avec Al-Qods pour capitale», a encore martelé Saïed, qui n’ignore pas que les Etats-Unis, sous Donald Trump, ont transféré leur ambassade de Tel Aviv à Al-Qods, opposant ainsi un déni aux droits légitimes des Palestiniens dont les territoires continuent d’être spoliés.

On ne sait pas encore ce que Massad Boulos a pensé de la leçon magistrale que lui a infligée Kaïs Saïed à propos de la situation au Moyen-Orient, région où son pays est fortement engagé aux côtés de l’Etat belliqueux et expansionniste d’Israël.

On ne sait pas non plus s’il a déjà entendu un pareil discours dans les autres capitales arabes qu’il a visitées au cours de sa tournée régionale, ce dont on a de bonnes raisons de douter.

Ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’en Tunisie, les paroles de Saïed ont eu un écho très positif, y compris dans les cercles de ses plus virulents opposants. Il est vrai que la Pax Americana au Moyen-Orient a très peu d’adeptes en Tunisie, au pouvoir et dans l’opposition.

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Le divorce Nord-Sud | La fracture du siècle ?

Quelque chose d’essentiel est en train de se briser dans le silence des sommets internationaux. Ce n’est pas seulement une crise de confiance. C’est peut-être la fin d’un pacte, vieux de trois quarts de siècle, entre les deux mondes. Le Nord et le Sud. L’ordre et la marge. L’universel proclamé et l’univers ignoré.

Yahya Ould Amar *

Les pays du Nord, avec leurs sanctions, tarifs douaniers, taxes carbone et normes strictes, cherchent-ils à s’isoler du Sud global ? Cette dynamique, qui s’intensifie à l’approche de 2030 (objectifs de l’Accord de Paris), soulève des enjeux décisifs pour l’économie mondiale, le commerce et la coopération internationale.

La question est de savoir si un divorce est déjà en cours, entre ceux qui croient incarner les règles… et ceux qui en subissent les conséquences.

Quelles sont les motivations des pays du Nord, les conséquences pour le Sud global et quelles sont les pistes pour un avenir équilibré ?

Une mondialisation à sens unique

La mondialisation s’est bâtie sur une promesse : l’ouverture des marchés, le progrès partagé, le développement par la coopération. Cette promesse, renouvelée à Bandung en 1955 puis recyclée à chaque sommet du G7 ou de l’Onu, portait en elle un espoir : celui d’un monde qui, malgré les asymétries, finirait par se stabiliser dans la réciprocité.

Or, ce monde vacille. Les faits sont là : explosion des sanctions économiques unilatérales, extraterritorialité du droit américain, retrait des aides publiques au développement, fermeture implicite des marchés par le biais de normes environnementales, sociales, numériques.

À cela s’ajoute le retour d’un protectionnisme vert déguisé, où la taxe carbone devient barrière douanière, où la norme ESG (Environnemental Social et Gouvernance) devient instrument de tri géopolitique, où les chaînes de valeur sont reconfigurées non pour l’efficacité… mais pour la sécurité.

Les valeurs universelles à l’épreuve des conflits

Le Nord, longtemps chantre de l’universalisme moral, s’est lui-même piégé dans les contradictions de ses positions. En Ukraine, il invoque avec justesse le droit international, la souveraineté des États et la protection des civils. Mais ces principes deviennent soudain malléables, silencieux lorsqu’il s’agit de Gaza, du Yémen, de l’Iran, du Sahel ou d’autres théâtres oubliés. Le deux poids, deux mesures est devenu une constante : on arme certains au nom de la légitime défense, on condamne d’autres au nom de la paix. On célèbre la résistance ici, on la criminalise là. Cette dissonance creuse un fossé : celui d’un monde qui entend encore le discours du Nord, mais n’y croit plus. Car ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement la politique, c’est la crédibilité morale de tout un récit civilisationnel.

Démocratie : principe proclamé, réalité relativisée

Régulièrement érigée en condition de partenariat, la démocratie est, pour les pays du Nord, un idéal sacralisé… mais souvent relativisé lorsqu’elle entre en conflit avec les intérêts géostratégiques. Ainsi, l’Occident continue de s’allier, d’armer, de financer ou de protéger des régimes autoritaires dès lors qu’ils garantissent la stabilité, l’accès à des ressources ou la limitation de l’influence d’un rival. On tolère l’oppression au nom de la «stabilité régionale», on ferme les yeux sur la répression pour préserver un accord militaire ou énergétique.

Ce double discours ne fait que renforcer l’idée, dans les opinions du Sud, que la démocratie n’est pas une valeur universelle défendue par principe, mais un instrument de tri utilisé selon les convenances du moment. Un monde qui prêche la démocratie mais soutient l’autoritarisme mine, à terme, sa propre légitimité.

L’extrême droite au Nord : un miroir que le Sud observe

Pendant que le Nord exige du Sud qu’il réforme ses institutions et respecte les droits de l’homme et ses minorités, l’extrême droite progresse spectaculairement dans les urnes occidentales. En Europe comme en Amérique du Nord, les discours de repli, de xénophobie, d’ethno-nationalisme ou de rejet de l’immigration s’installent au cœur des démocraties libérales. Les partis prônant la fermeture des frontières, la préférence identitaire ou la rupture avec les engagements internationaux gouvernent déjà, ou s’en approchent dangereusement.

Ce glissement n’échappe pas aux peuples du Sud : comment prendre au sérieux les injonctions démocratiques venues de nations qui peinent à protéger elles-mêmes l’universalité des droits ? La montée des extrêmes n’est pas qu’un phénomène local : elle entame le socle commun des valeurs partagées, et nourrit l’idée que l’ordre libéral occidental n’est peut-être plus qu’un vernis fragile sur une réalité profondément fracturée.

Une muraille économique : sanctions, tarifs, taxe carbone et normes strictes

Les pays du Nord ont multiplié les outils économiques pour encadrer leurs relations avec le reste du monde. A titre d’exemple, depuis 2018, les sanctions économiques ont explosé, touchant des pays comme la Russie, la Chine, l’Iran… Mais pas Israël, accusé de génocide par la Cour pénale internationale (CPI).

Selon le Global Sanctions Database, plus de 12 000 sanctions étaient actives en 2024, un record historique, visant à limiter les échanges commerciaux avec des nations jugées en décalage avec les priorités stratégiques du Nord.

À cela s’ajoutent les tarifs douaniers, souvent utilisés comme vecteurs de supériorité. Par exemple ceux imposés en 2025 par l’Administration Trump. En 2023, l’Union européenne a imposé des droits de douane de 25 % sur certaines importations chinoises, notamment dans le secteur des véhicules électriques.

Ces mesures, combinées à des taxes environnementales comme la taxe carbone européenne (Carbon Border Adjustment Mechanism – CBAM ou Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières), qui entrera pleinement en vigueur au premier janvier 2026, visent à protéger les industries locales et à promouvoir des standards environnementaux élevés. Le CBAM taxera fortement les importations de produits à forte empreinte carbone notamment celles provenant du Sud global dans les secteurs de l’acier (Maghreb, Afrique australe, Inde), du ciment (Afrique de l’Ouest, Asie du Sud), de l’engrais (Afrique du Nord, Russie, Golfe), de l’aluminium (Guinée, Mozambique) et de l’électricité et hydrogène (Moyen-Orient, Afrique du Nord).

Mais ces politiques ne sont pas sans coût. Selon une étude de l’OCDE, le CBAM pourrait augmenter les coûts d’exportation pour les pays émergents de 1,5 à 2 % de leur PIB d’ici 2030, affectant particulièrement les économies dépendantes des matières premières. Les normes techniques et sanitaires, de plus en plus rigoureuses, compliquent également l’accès des produits du Sud aux marchés du Nord. Ainsi, les exportateurs agricoles doivent se conformer à des normes européennes sur les pesticides, souvent inaccessibles faute de moyens technologiques ou financiers.

La peur stratégique du Nord : perdre la maîtrise du récit

Le Nord se referme essentiellement par peur. Peur de la démographie du Sud, environ 2,5 milliards de jeunes de moins de 25 ans. Peur du poids croissant de l’Inde, de la Chine, du Brésil. Peur de l’effondrement de la hiérarchie construite depuis ces deux derniers siècles (révolution industrielle). Peur de perdre le contrôle de l’Onu et des différentes institutions internationales, conçues autrefois comme des instruments au service de la domination. Peur, enfin, que les valeurs qu’il dit incarner — droits de l’homme, démocratie, État de droit — soient utilisées contre lui, à l’aune de ses propres contradictions.

Cette peur engendre un réflexe défensif : remplacer l’universel par l’identitaire, l’interdépendance par la méfiance, et l’aide par le tri. On sélectionne les partenaires. On sanctionne les désobéissants. On normativise les flux commerciaux. Le Sud global n’est plus vu comme un acteur, mais comme un problème à gérer, une instabilité à contenir, une énergie à canaliser.

Une stratégie de repli ou une quête d’hégémonie ?

Pourquoi les pays du Nord adoptent-ils des mesures de repli ?

D’un côté, ces mesures reflètent une volonté de protéger leurs économies face à la montée en puissance du Sud global, notamment la Chine et l’Inde, qui représentent respectivement 18 % et 7 % du PIB mondial en 2024 (selon le FMI). Pour le Nord, l’ascension économique et politique du Sud – illustrée par la montée du PIB combiné des Brics (36 % du PIB mondial en 2024, contre 31 % pour le G7) – représente une menace existentielle à sa domination historique. Les industries du Nord, confrontées à une concurrence accrue, cherchent à préserver leurs parts de marché. Par exemple, l’industrie solaire européenne, qui ne représente plus que 3 % de la production mondiale face à la domination chinoise (80 %), bénéficie de subventions massives et de barrières douanières.

D’un autre côté, ces mesures traduisent une ambition stratégique plus large : imposer un modèle économique et environnemental global. En imposant des normes strictes, le Nord cherche à forcer le Sud à adopter ses standards, sous peine d’exclusion économique. Cette approche, bien que justifiée par des impératifs climatiques, crée un déséquilibre. Les pays du Sud, souvent en phase d’industrialisation, n’ont ni les ressources ni les infrastructures pour se conformer rapidement.

Enfin de telles mesures risqueraient d’asphyxier économiquement les pays du Sud en affaiblissant la compétitivité de leurs produits.

Un Sud plus lucide, mais pas moins coopératif

Le Sud, pourtant, ne réclame ni charité ni rupture. Il demande une parole respectée, une place équitable, une dignité retrouvée. Il ne rejette pas la mondialisation, mais souhaite en réécrire les termes. Il ne récuse pas les valeurs démocratiques, mais refuse qu’elles soient imposées à géométrie variable. Il ne cherche pas à humilier le Nord, mais à ne plus s’humilier lui-même en acceptant des partenariats fondés sur le soupçon.

De Johannesburg à Djakarta, de Brasilia à Tunis, un mot revient : co-souveraineté. Pas pour se replier. Mais pour bâtir des échanges qui ne soient plus des rapports de force. Le Sud veut une Onu réformée, un Bretton Woods repensé, plus représentatif qui tienne compte des réalités du XXIe siècle. Il veut que la coopération cesse d’être conditionnelle et devienne contractuelle. Que l’aide cesse d’être outil d’influence et redevienne levier de justice.

Le coût du divorce Nord-Sud

Le coût du divorce Nord-Sud ne se mesure pas seulement en milliards de dollars de commerce perdu. Il se chiffre aussi en instabilité géopolitique, en rancœurs durables et en opportunités gâchées pour l’ensemble de l’humanité. Un monde où le Sud se referme par défiance et le Nord par crainte est un monde qui se prive de la moitié de ses talents, de ses ressources, de son dynamisme démographique. Selon la Banque mondiale, plus de 60 % de la croissance mondiale d’ici 2050 viendra du Sud global. Rompre les ponts, c’est refuser d’investir dans cette croissance, de participer à son encadrement, d’en tirer les fruits. C’est aussi risquer l’émergence de systèmes concurrents de normes, de monnaies, de récits, qui tourneraient le dos à la coopération multilatérale. Ce coût stratégique serait bien plus élevé que tous les bénéfices supposés du repli.

Pour le Sud, le coût est tout aussi redoutable : exclusion des chaînes de valeur, renchérissement des exportations, désindustrialisation prématurée. L’Afrique pourrait perdre jusqu’à 16 milliards de dollars par an d’accès préférentiel aux marchés occidentaux si les barrières environnementales ne sont pas rééquilibrées. À cela s’ajoute une perte d’espoir. Car un monde où les règles du jeu sont écrites sans ceux qui les vivent est un monde où la radicalisation, l’exode des talents, ou les conflits trouvent un terreau fertile. L’illusion d’un découplage serein est donc une chimère. Le divorce Nord-Sud serait un appauvrissement mutuel, un gaspillage tragique d’intelligence collective, un échec de civilisation. À l’heure où les défis sont mondiaux, la séparation est non seulement coûteuse — elle est absurde.

Le divorce Nord-Sud aurait un coût géopolitique incalculable : celui de la paix mondiale. Car l’exclusion nourrit la frustration, et la frustration engendre l’instabilité. En marginalisant le Sud, le Nord affaiblit les équilibres déjà précaires d’un monde traversé par les tensions identitaires, les fractures économiques et les chocs climatiques. Sans perspective d’équité, des pans entiers de la jeunesse du Sud — plus de deux milliards et demi de jeunes de moins de 25 ans — risquent de sombrer dans les bras de l’extrémisme, de l’exode ou de l’hostilité stratégique. En s’éloignant des mécanismes de dialogue et d’intégration, le système international s’expose à une multiplication de foyers de conflit — ouverts, hybrides ou silencieux — des Balkans à la bande sahélienne, du Pacifique à la mer Rouge.

La paix, dans un monde interdépendant, n’est jamais durable si elle est asymétrique. Rompre avec le Sud, c’est miner les fondations de la sécurité collective. C’est transformer la carte du monde en un archipel de méfiances. Et c’est surtout hypothéquer l’avenir d’un ordre mondial coopératif, fondé sur la reconnaissance mutuelle plutôt que sur la confrontation permanente.

Des solutions pour un avenir commun

Le divorce n’est pas inéluctable. Mais la thérapie de couple devra être honnête. Le Nord doit comprendre que la reconnaissance de la pluralité n’est pas un renoncement. Qu’un monde multipolaire n’est pas un monde anarchique. Qu’ouvrir la gouvernance des institutions internationales, ce n’est pas s’effacer, mais s’assurer de durer.

Quant au Sud, il devra prouver qu’il ne remplace pas un paternalisme par une victimisation. Qu’il construise, propose, réforme. Qu’il est capable d’unir ses voix non pas contre l’Occident, mais pour un monde mieux équilibré. Il devra enfin convaincre que la coopération reste un choix stratégique, non un réflexe du passé.

L’urgence aujourd’hui est d’éviter une fracture systémique entre le Nord et le Sud. Pour cela, des mesures concrètes et équilibrées doivent être mises en œuvre afin de transformer la relation historique de dépendance en un partenariat de codéveloppement.

Première urgence : réduire les barrières non tarifaires qui étranglent les PME du Sud, en particulier dans les secteurs agricoles et manufacturiers. L’assouplissement ciblé des normes techniques, couplé à des dispositifs de certification financés par les pays du Nord, permettrait d’ouvrir l’accès aux marchés tout en élevant les standards locaux.

En parallèle, le développement des infrastructures vertes dans le Sud constitue un impératif à la fois climatique et économique. Mobiliser au moins 100 milliards de dollars par an — via des fonds multilatéraux pilotés par la Banque mondiale — permettrait d’accélérer la mise en œuvre de projets d’énergie renouvelable en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Ce rééquilibrage géo-énergétique renforcerait l’autonomie du Sud, créerait des millions d’emplois et réduirait significativement les émissions globales. Parallèlement, il conviendrait de réformer le Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) pour qu’il ne pénalise pas les économies vulnérables. L’introduction d’exemptions transitoires (2026–2030), accompagnées d’un appui technique à la transition bas-carbone, permettrait d’éviter que cet outil environnemental ne devienne un levier de désindustrialisation forcée.

En somme, repenser la coopération passe par la consolidation des marchés régionaux du Sud et la mise en place d’un dialogue multilatéral structurant. En soutenant des initiatives comme la Zlecaf ou l’Asean par des transferts technologiques, le Nord contribuerait à la résilience du commerce mondial tout en limitant les effets de dépendance asymétrique. Mais au-delà de l’économique, un dialogue politique permanent sous l’égide de l’Onu, intégrant gouvernance, fiscalité équitable, normes et transition écologique, est nécessaire pour rétablir la confiance. Dans un monde incertain, c’est par le dialogue, la justice économique et la codécision que l’on évitera la fragmentation, en construisant non un monde cloisonné, mais un avenir réellement commun.

Enfin, malgré les dissonances, les fractures et les ressentiments accumulés, l’Histoire n’est pas écrite au passé. Le divorce Nord-Sud, s’il menace, n’est pas une fatalité. Il est une alerte. Un moment charnière où les nations doivent choisir entre la crispation ou la co-construction, entre l’égoïsme stratégique et l’intelligence partagée. Ce qui se joue aujourd’hui dépasse les équilibres commerciaux ou les querelles normatives : il s’agit de redéfinir, ensemble, les fondations morales, politiques et économiques d’un monde habitable pour tous.

Car il n’y aura pas de prospérité durable dans un monde à deux vitesses. Pas de stabilité si l’on continue à nier l’égalité des dignités. Pas de transition écologique réussie si elle s’accompagne d’une exclusion systémique. L’humanité est face à un mur, mais elle en détient les briques. À condition de reconstruire non pas un nouveau rideau de fer, mais une architecture de confiance. De parler enfin d’égal à égal. D’échanger savoirs, capitaux, innovations et modèles, dans le respect des histoires, des cultures et des aspirations.

Le XXIe siècle peut encore être celui d’un sursaut collectif. Si le Nord accepte de ne plus imposer, et si le Sud choisit de ne plus subir. Si les deux s’engagent à bâtir un monde multipolaire non pas comme champ de rivalités, mais comme creuset de solidarités. C’est à cette condition que l’humanité pourra relever ses défis communs : climat, santé, paix, technologies. Et faire émerger non pas deux mondes qui s’ignorent, mais un destin partagé, fondé non sur la domination… mais sur la reconnaissance. L’avenir reste une promesse, à condition d’oser le rêver ensemble.

* Economiste, banquier et financier.

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Un Tunisien victime d’une agression raciste en Pologne

À Starogard Gdański, région de Poméranie, dans le nord-ouest de la Pologne, une attaque à caractère raciste a eu lieu. Un citoyen tunisien de 25 ans, entraîneur d’un club de football local, a été frappé par un fardeau d’eau, devant un restaurant. Comme annoncé par le club, l’incident s’est produit au cours d’un meeting anti-immigration, le samedi 19 juillet 2025. La police a déjà arrêté l’un des suspects, et la recherche de l’autre est en cours. 

Selon les informations communiquées par la police à Radio Gdańsk, des violences et des menaces ont été exercées contre la victime en raison de son origine maghrébine.

En analysant les enregistrements de la vidéosurveillance de la ville ainsi que les caméras situées près du restaurant en question, les fonctionnaires de la police ont identifié deux individus susceptibles d’être liées à l’incident. Mais pour l’instant, seul l’un d’eux a été arrêté : un résident de 39 ans de Starogard Gdański, a déclaré Marcin Kunka du commissariat de police du district, à la radio locale. Les recherches se poursuivent activement pour arrêter le deuxième suspect.

TVP Info a indiqué que le Tunisien agressé réside en Pologne depuis plusieurs années de manière légale et y travaille. Il est entraîneur des jeunes footballeurs au Club sportif Beniaminek 03 et s’implique activement en tant que bénévole dans la vie de sa ville de résidence. «L’attaque avait clairement des motivations racistes», a souligné le club dans un communiqué en exprimant son opposition à toute violence dirigée contre les étrangers. «Les actes de violence – tant verbale que physique – sont inacceptables et sont en contradiction avec les valeurs de tolérance, d’égalité et de solidarité que promeut le club», a souligné le Club sportif Beniaminek 03. «Nous ne permettrons pas que la haine et la peur empoisonnent la ville», a-t-il ajouté.

On ignore encore si notre ambassadeur à Varsovie est intervenu à propos de cette affaire auprès des autorités polonaises.

Habib Glenza

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Après 660 jours de massacres, la France demande que la presse puisse aller à Gaza!

Waou! Merci la France ! Ce jour, mardi 22 juillet 2025, par la voix autorisée de son ministre des Affaires étrangères, la France prend son courage à deux mains et demande «que la presse libre et indépendante soit autorisée à se rendre à Gaza pour voir ce qui s’y passe». Le comble de l’hypocrisie !

Abdelaziz Dahmani *

Oui, merci, la France, pour ce courage, cette audace de vouloir rompre le silence sordide, en une période de l’Histoire où l’on veut non seulement occuper un territoire, mais détruire tout un peuple parmi les plus vaillants, ayant vécu, des siècles durant, sur une terre bénie par les Dieux !

Cela fait plus de 664 jours de massacres, dont on peut déduire une ou deux douzaines de trêve, des centaines de jours de tueries, d’assassinats, de destructions, d’abominations. Tout y est passé : femmes, enfants, bébés. Par tous les moyens, cyniquement, froidement.

Volonté des Netanyahu & Co de tout raser, tout éliminer. Jamais, nulle part, les horreurs n’ont atteint de telles monstruosités. Des centaines de 7-Octobre, pour en justifier un ! Jamais les destructions ne furent aussi massives, même durant la 2e guerre mondiale, au-delà de ce qui s’est passé à Dresden ou à Stalingrad…

Voilà qu’après cette méga-tragédie, sans témoins, la France parle enfin et demande que les journalistes puissent aller voir ce qui se passe!

Oui, l’Israël des racistes, des fascistes, qui cherche à étendre ses frontières chez ses voisins, avec la bénédiction américaine et européenne, a compris, dès les premiers jours, qu’il doit massivement assassiner sans témoins. Et même la presse des pays amis fut interdite. Même la presse américaine, en mauvais souvenirs des témoignages des anciennes guerres du Vietnam, de l’Irak ou de l’Afghanistan, entre autres…

Chair à canons arabes

Il est resté aux journalistes locaux, les Palestiniens en l’occurrence, de témoigner, et Israël en a tués plus de 210, d’une façon ciblée. Un record du monde absolu ! Timides protestations, cette masse de journalistes tués ne sont que chaire à canons arabes. Bof ! Allez, juste une petite «news» dans la rubrique «Chiens écrasés». Et pas des chiens des beaux quartiers de Paris ou de New York qui, eux, sont bien protégés…

Même les amis sincères d’Israël, y compris de son côté abject, commencent à avoir mauvaise conscience. Trop, c’est trop… Alors, timidement, ils émettent des avis différents, comme pour tenter de faire oublier leur complicité active avec le génocide par le soutien direct et l’envoi «discret» d’armes et de munitions à Israël…

Osons une toute petite question : Israël, englué dans tant de crimes, qualifiés de génocide et de crimes contre l’humanité, laissera-t-il la presse «libre et indépendante» entrer à Gaza ? Laissera-t-il même les aides alimentaires entrer dans Gaza pour atténuer une famine qui, à moyen terme, ajoutera aux 70 000 ou 80 000 morts déjà enregistrés, aux 200 000 blessés, aux 300 000 mentalement traumatisés, dont des dizaines de milliers d’enfants ?

Israël méprise la France, et elle le mérite bien !

Non, Israël traitera cette demande de la France par le mépris, comme il l’a fait de toutes ses précédentes demandes, emballées dans des propos hypocritement amicaux à la gloire d’un «Israël à la tête d’un combat de civilisation de l’Occident judéo-chrétien contre la barbarie et le terrorisme islamo-gauchiste».

Qui pourrait résister à un tel argument, fabriqué dans la tête d’un assassin pourri, raciste, englué dans de nombreuses sales affaires judiciaires, personnelles et d’État ?  

Cause palestinienne perdue? Sûrement non. Ce peuple reste dans la misère la plus horrible, le dénuement le plus total, les souffrances les plus abjectes… Malgré toutes les horreurs qu’il subit, ce peuple restera parmi les plus libres du monde. Par sa résistance, sa dignité et son honneur. Il s’accrochera à sa terre et ne l’abandonnera jamais !  

Dernier «exploit» israélien en date : 93 Palestiniens tués, hier, tombés dans un traquenard en allant chercher de l’aide alimentaire pour eux, leurs familles et leurs enfants…

Les droits exclusifs de l’homme… occidental

Demain, si une page sera tournée, ce ne sera pas celle des Palestiniens ou de la Palestine, mais celle des actuels maîtres du monde… Un Trump «Ubu empereur», soumis aux volontés d’un Netanyahu, «Ubu roi d’Israël», lui-même prostré aux pieds d’un maître-chanteur appelé Ben Gvir, le vrai chef actuel d’Israël…

La presse, «libre et indépendante», n’a pas besoin d’aller à Gaza pour savoir que le mal se trouve aujourd’hui dans les belles capitales occidentales ci-devant attachées aux droits exclusifs de l’homme… occidental.

* Journaliste.

 

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