Poème de la vie | Le temps qui me reste
Economiste de son état, dont les lecteurs ont apprécié plusieurs de ses articles publiés par Kapitalis et portant sur les problématiques de l’économie tunisienne et international, Sadok Zerelli a découvert, à 75 ans, la poésie, un genre littéraire où il n’a pas tardé à exceller, en exprimant ses doutes, ses émotions et ses états d’âme. Dans ce dernier poème, publié sur son blog, Poèmes de la vie, il parle de la vieillesse, qui n’est pas qu’un naufrage physique. Elle est également synonyme de sérénité, de sagesse et de réconciliation avec «le temps qui reste», qui est d’autant plus précieux qu’il est, forcément, relativement court.
Sadok Zerelli
Le temps qui me reste
Ne se compte plus en années,
Mais en silences à apprivoiser
En souvenirs à caresser,
Le temps qui me reste
Je ne veux plus le gaspiller
A courir après des regrets,
A accomplir ce que je déteste.
Le temps qui me reste,
Je ne veux ni l’étirer ni le fuir.
Je veux juste le remplir
De mots vrais, sans rien trahir
Je n’ai plus le luxe
De tricher avec moi,
Ni de remettre à demain
Mes rares éclats de joie
Je n’ai plus l’élan de la jeunesse,
Je n’ai plus la rage des débuts.
Mais j’ai la tendresse de mes faiblesses,
Et la sagesse des combats perdus.
Je ne cours plus après demain,
Je serre l’instant présent entre mes mains,
Comme on serre une main aimée,
Fragile, tremblante, cabossée.
Je n’ai plus besoin de parader,
Ni de prouver que je suis encore fort.
J’ai tant plié, tant pardonné,
Que je me sens plus libre encore
Le temps qui me reste
Je veux le vivre en paix,
Comme un dernier poème que j’adresse
Sans regret à ceux que j’ai aimés
Le temps qui me reste
Me parle à voix basse.
Il me dit :« Regarde, tu es encore là,
à écrire ta trace. »
J’ai fait ce que j’ai pu,
Avec ce que j’avais.
Certes, je n’ai pas réussi tout,
Mais au moins j’ai essayé .
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