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La responsabilité de l’architecte face au paysage urbain dégradé en Tunisie

Alors que nos villes se diluent dans une monotonie inquiétante, que nos quartiers s’étalent sans âme, et que l’espace public se meurt sous les coups conjugués de la spéculation et de la médiocrité, une question s’impose : qui porte la responsabilité de ce paysage urbain laid et en déshérence ? (Ph. Avenue Hedi Nouira à Ennasr, Ariana).

Ilyes Bellagha *

Depuis trop longtemps, une réponse paresseuse s’imposait dans les cercles professionnels et ui renvoyait la responsabilité de ce gâchis à l’administration publique. L’urbanisme serait entravé par des règlements obsolètes, une bureaucratie aveugle et une corruption rampante. À cela s’ajoute un autre coupable commode : le citoyen, présenté comme ignorant, peu sensible à l’architecture, indifférent à la qualité du cadre de vie.

Mais cette défausse systématique masque une autre vérité, plus inconfortable, plus intime : la démission silencieuse d’une partie du corps des architectes.

C’est dans ce contexte que nous lançons une campagne médiatique nationale, destinée à réveiller les consciences, à exposer les non-dits, et à inviter l’ensemble des acteurs à un sursaut. Il ne s’agit pas de dénoncer pour dénoncer, mais d’appeler à une prise de position lucide, responsable et courageuse.

Une profession en retrait face à ses obligations

L’architecte est censé être le garant de la qualité de l’environnement bâti. Pourtant, dans la pratique, trop nombreux sont ceux qui se contentent d’exécuter, de valider, de s’adapter, parfois même de se compromettre. Le paysage urbain actuel — fait de volumes incohérents, de matériaux bas de gamme, d’espaces publics délaissés — ne peut pas être uniquement le fruit de décisions administratives ou de choix imposés. Il est aussi le produit d’une chaîne de renoncements professionnels.

L’architecture, par sa nature, n’est jamais neutre. Elle façonne la société autant qu’elle en émane. Lorsqu’elle devient purement décorative ou réduite à un acte commercial, elle cesse d’être un outil de transformation sociale. Cette dérive n’est pas une fatalité : c’est une posture.

Une culture du bâti à reconstruire collectivement

Il est trop facile de dire que «le citoyen ne comprend pas». La réalité, c’est qu’on ne lui parle plus. L’architecture est absente des débats publics, exclue des écoles, ignorée par les médias généralistes. Qui porte cette responsabilité sinon nous-mêmes, architectes ? Si notre langage s’est refermé sur lui-même, si nos gestes se sont vidés de sens, alors la distance avec le public n’est pas une fatalité, mais le résultat de notre silence.

C’est pourquoi cette campagne s’adresse également aux citoyens, aux journalistes, aux enseignants, aux urbanistes, aux élus. Nous voulons reconstruire un dialogue, recréer un imaginaire collectif autour de la ville, réaffirmer que l’architecture est une affaire publique, pas une simple affaire d’experts.

Un rempart contre la spéculation foncière

Dans un contexte où le sol devient une marchandise, où chaque mètre carré est exploité sans vision, l’architecture reste l’un des rares contre-pouvoirs possibles. L’architecte, lorsqu’il assume son rôle, peut ralentir, repenser, proposer d’autres usages, défendre la beauté et la justice spatiale.

Mais cela suppose un engagement, une éthique, un courage. Il ne s’agit pas d’idéalisme, mais de lucidité. Notre métier est politique au sens noble : il engage la cité, il engage notre temps. Le réduire à un service technique, c’est trahir son essence.

Un appel à la responsabilité partagée

Nous, architectes citoyens, lançons donc un appel public : aux architectes d’abord, pour qu’ils reprennent la parole, qu’ils assument leurs échecs mais aussi leur potentiel ; à l’administration, pour qu’elle cesse de considérer le projet architectural comme une variable d’ajustement ; aux citoyens, pour qu’ils exigent de meilleurs cadres de vie ; aux médias, pour qu’ils relaient ces enjeux.

Il n’y aura pas de ville durable sans architecture responsable.

Il n’y aura pas de société harmonieuse sans un urbanisme porteur de sens.

Il n’y aura pas de futur commun si nous laissons nos paysages à l’abandon.

* Architecte.

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Cawtar et la prévention des violences sexistes en Tunisie

Le Centre arabe de formation et de recherche sur les femmes (Cawtar) a organisé le 10 juillet 2025  à Tunis le premier symposium sur les méthodologies de recherche sur les violences basées sur le genre ou violence sexiste.

Cet événement s’inscrit dans le cadre d’un programme plus vaste visant à soutenir la prévention des violences basées sur le genre grâce à une approche collaborative impliquant des universités, la société civile et des experts dans cinq régions de Tunisie (Grand Tunis, Le Kef, Sfax, Sousse et Gabès), indique un communiqué du centre.

Le programme s’adressait aux chercheurs de diverses disciplines universitaires, ainsi qu’aux militants de la société civile s’attaquant à la question des violences basées sur le genre, afin d’améliorer leur capacité à utiliser les outils de recherche sociologique de terrain pour analyser les violences faites aux femmes, avec une méthodologie intégrant une approche sensible au genre.

Partage d’expériences dans 5 régions tunisiennes

Des chercheurs, doctorants et étudiants en master se déplaceront dans les cinq régions sélectionnées pour partager leurs expériences.

Lors de chaque symposium programmé, un chercheur international sera invité à présenter ses recherches sur la violence sexiste et à participer aux discussions sur la méthodologie utilisée, en l’adaptant au contexte local.

Hedia Belhaj Youssef, coordinatrice du programme de lutte contre les violences basées sur le genre du Cawtar, a indiqué que l’initiative se concentre principalement sur le soutien à la recherche universitaire et aux études de la société civile, compte tenu du manque d’études approfondies sur les violences faites aux femmes, qui se limitent souvent aux violences physiques et sexuelles ou se basent sur des rapports du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées. Elle a souligné que les recherches de terrain menées dans les cinq régions restent insuffisantes pour analyser pleinement les violences basées sur le genre. De plus, lorsqu’elles sont menées, elles se concentrent souvent sur une seule forme de violence, négligeant ainsi la nature plus large et plus complexe du problème. Elle a également souligné les lacunes des recherches de terrain dans ce domaine.

Le symposium a été organisé en collaboration avec l’Agence espagnole de coopération internationale au développement (Aecid) et la Coopération belge au développement (Enabel).

84,7% des femmes affirment avoir été victimes de violence

Selon une enquête de l’Institut national de la statistique (INS), réalisée avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), dont les résultats ont été publiés en mars 2024, la violence à l’égard des femmes reste un phénomène très présent en Tunisie : 84,7% des femmes interrogées déclarent avoir été victimes, depuis l’âge de 15 ans, d’au moins un acte de violence (tous types confondus) et 57,1% ont signalé avoir vécu un épisode au cours des 12 mois précédant l’enquête.

La violence morale avec ses deux composantes (psychologique et verbale) est le type de violence le plus fréquent (49,3% au cours des 12 mois précédant l’enquête), suivie par la violence sexuelle (15,6%), la violence économique (11,4%) et enfin la violence physique (5,3%).

Par ailleurs, 14,4% des actes de violence durant 12 mois précédant l’enquête ont été commis dans l’espace virtuel (réseaux sociaux, messageries…).

Last but not least, 42,7% des femmes mariées ou divorcées ou veuves ont subi au moins un acte de violence de la part de leur mari ou ex-mari.

I. B.

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Tunisie | El-Jem résonne des airs des grands classiques italiens

La soirée d’ouverture du 38e édition du Festival international de musique symphonique d’El-Jem avec l’Orchestra da Camera Fiorentina (Italie), jeudi 13 juillet 2025, a été un grand succès. Elle s’est déroulée à guichets fermés et des applaudissements nourris ont accueilli les musiciens dirigés par le maestro Giuseppe Lanzetta.

Dans le cadre évocateur du Petit Colisée romain, classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979, l’Orchestra da Camera Fiorentina a enchanté le public avec les notes d’airs célèbres de compositeurs tels que Giacomo Puccini, Ennio Morricone, Nino Rota et Nicola Piovani, ainsi que d’autres grands classiques italiens, qui ont résonné dans les pierres millénaires de Tysdrus. Un moment suspendu, entre émotion, lumière et virtuosité.

«Ce site magnifique, symbole de notre histoire commune et jumelé avec le Colisée de Rome, fait l’objet d’une collaboration fructueuse entre le Parc archéologique du Colisée et l’Institut national du patrimoine (INP) en Tunisie, qui œuvrent ensemble à sa préservation et à sa promotion», a déclaré à cette occasion l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, tout en remerciant tous ceux qui ont rendu cet événement possible.

Parmi les soutiens de cette initiative figurent l’Institut culturel italien de Tunis, la Région Toscane et le Consulat général honoraire de Tunisie à Florence.

I. B.

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Tunisie | Politique sociale de l’Etat et surenchère populiste

Un groupe de députés a présenté une proposition de loi organique, s’inscrivant dans le cadre de l’orientation sociale de l’État et qui vise à permettre aux mères actives de concilier vie professionnelle et vie familiale, à travers une série de mesures protectrices et incitatives, applicables aussi bien dans le secteur public que privé.

C’est ce qu’a annoncé le député Yosri Baouab, lundi 14 juillet 2025, lors de son intervention dans l’émission ‘‘Ahla Sbeh’’ sur Mosaïque, ajoutant que le projet de loi comprend 15 articles et prévoit une allocation mensuelle de maternité, calculée selon le nombre d’enfants de moins de 12 ans (150 dinars pour le premier, puis 100 pour chaque enfant supplémentaire).

Le texte prévoit également l’octroi de jours de congé exceptionnels (jusqu’à 5 par an), en cas d’urgence liée à la santé des enfants, sans prélèvement sur le congé annuel, ainsi que la possibilité pour les femmes enceintes ou allaitantes de reporter ou de reprogrammer les examens professionnels, afin de garantir des conditions d’évaluation équitables.

Conscient sans doute du fait que ces générosités viennent au plus mauvais moment, les finances publiques étant dans un très mauvais état (déficit budgétaire, endettement, etc.), le député a cru devoir préciser que des mécanismes de financement innovants sont proposés, afin d’assurer la mise en œuvre de ce projet, sans alourdir les charges de l’État.

On serait curieux de découvrir ces «mécanismes de financement innovants» auxquels personne avant M. Baouab et ses collègues n’ont pensé pour jauger du sérieux et de la crédibilité de tels «cadeaux» couteux que l’on s’échine désormais à offrir au peuple dans le cadre de la fameuse politique sociale de l’Etat.

La seule conséquence prévisible de cette surenchère populiste c’est le creusement des déficits publics et l’aggravation de l’endettement extérieur. La politique du «en veux-tu, en voilà», on sait où ça mène : dans le mur de la dette!

I. B.  

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Tennis | Pour Ons Jabeur, la retraite sportive n’est plus loin

La championne tunisienne de tennis Ons Jabeur est clairement sur le retour, puisqu’elle multiplie les contre-performances et n’arrive plus à dépasser des premiers tours des tournois internationaux. Elle fêtera ses 30 ans le 28 août prochain, mais à cause des blessures récurrentes et d’une méforme chronique, sa retraite sportive n’est plus très loin.

Eliminée dès le premier tour du tournoi de Wimbledon, au Royaume-Uni, après avoir abandonné pour blessure au début du deuxième set face à la Bulgare Viktoriya Tomova, elle a connu une nouvelle dégringolade dans le classement mondial.

En effet, la Tunisienne a perdu 12 places, selon le classement WTA, paru ce lundi 14 juillet 2025, et pointe désormais au 71e rang…

Ons Jabeur peut cependant s’enorgueillir d’avoir été la première tenniswomen arabe et africaine à avoir atteint le 2e rang mondial et joué deux finales consécutives à Wimbledon. Et alors que la relève tarde à se dessiner, elle reste pour les Tunisiennes et les Tunisiens un modèle de combattivité, d’abnégation et de dévouement au sport.

I. B.

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Football | Lamine Yamal poursuivi par la justice espagnole

Tout n’est pas au vert pour l’attaquant du FC Barcelone Lamine Yamal, qui vient de célébrer en grandes pompes son 18e anniversaire bougie, mais la fête a été tachée par une polémique inattendue.

L’international espagnol fait désormais l’objet d’une action judiciaire intentée à son encontre par l’Association des personnes atteintes d’achondroplasie et autres dysplasies squelettiques, qui lui reproche d’avoir embauché des personnes atteintes de nanisme, à des fins de divertissement, lors des festivités qu’il a organisées, à l’occasion de son anniversaire.

Pour ladite association, ce type de pratique alimente la discrimination contre les personnes atteintes de nanisme et porte atteinte à leur image. A l’appui de sa requête, elle rappelle les législations en Espagne interdisent l’utilisation des personnes handicapées pour provoquer la moquerie dans les spectacles comiques.

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Tunisie | Les admissions aux collèges pilotes à partir de 14/20

Le ministre de l’Éducation, Noureddine Ennouri, a annoncé, lors de son intervention, ce lundi 14 juillet 2025, à l’Assemblée des représentants du peuple, que le ministère a décidé d’admettre tous les élèves ayant obtenu une moyenne de 14/20 et plus, au concours d’entrée aux collèges pilotes.

La capacité totale, initialement prévue, était de 3 850 élèves, dans les différents établissements pilotes, mais seules 1 167 places restaient à pourvoir, a-t-il ajouté.

Les épreuves du concours de cette année ont, en général, mis l’accent sur l’évaluation des compétences en réflexion et en analyse, plutôt que sur la simple restitution de connaissances, a encore précisé le ministre.

I. B.

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Son épouse dénonce | «Issam Chebbi privé de lecture en prison»  

Dans un post mis en ligne sur sa page Facebook ce lundi 14 juillet 2025, Faiza Rahem se plaint des autorités pénitentiaires qui ne transmettent pas à son époux, Issam Chebbi, secrétaire général du Parti républicain (Al-Joumhouri), poursuivi dans l’affaire dite de «complot contre l’Etat», les journaux, magazines et livres qu’elle lui rapporte.

«Je ne comprends pas quel crime commettrait mon mari en lisant un journal derrière les barreaux, d’autant plus qu’il est injustement isolé du monde extérieur», écrit-elle notamment.

«Les journaux que l’on achète dans les kiosques en dinar tunisien lui sont interdits sans aucune justification. Quant aux livres que je présente à la direction [pénitentiaire], ils lui sont remis après plusieurs semaines, où non remis du tout, avant de m’être restitués sans avoir été touchés, et sans explication», écrit encore Faiza Rahem, qui s’interroge : «Le mot imprimé vous fait-il si peur ou vous terrorise-t-il ?»

«L’interdiction de lecture n’est pas une mesure administrative. C’est une punition supplémentaire, sans jugement. J’exige, en tant qu’épouse d’un citoyen et d’un prisonnier politique, qu’on lui accorde le droit à la connaissance que lui garantit la loi. Je m’adresse ici à l’Etat et à ses institutions, et non à une instance étrangère, pour demander que mon mari puisse jouir complètement des droits reconnus à tout citoyen. Je ne cherche pas de solution auprès de l’étranger, c’est pourquoi je frappe à votre porte, vous les responsables de cette interdiction, montrez-moi ce que vous pouvez faire ?», conclut l’épouse de Issam Chebbi, qui est incarcéré à la prison de Borj Erroumi, à Bizerte.

I. B.

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Gaza ou quand les «valeurs» occidentales fracassent la tête des enfants

Gaza est, peut-être, l’endroit où l’Histoire s’inverse. Non parce que les puissants vont tomber, mais parce que les humiliés n’ont plus rien à perdre. Et quand les humiliés cessent de croire aux fictions, un autre monde devient possible — pas encore visible, mais déjà en marche. (Ph. 70% des morts sous les bombes israéliennes – fabriquées en Occident – sont des enfants et des femmes).

Sadok Chikhaoui *

‘‘Heart of Darkness’’ (Au cœur des ténèbres), le récit de Joseph Conrad, demeure l’une des œuvres littéraires les plus profondes sur le colonialisme. Non comme un objet d’étude historique ou politique, mais comme vertige existentiel. Une plongée dans la barbarie nue. Œuvre fragmentaire, troublante, irrésolue – et c’est précisément cette opacité qui fait sa puissance.

On se souvient d’‘‘Apocalypse Now’’, l’adaptation cinématographique hallucinée qu’en fit Francis Ford Coppola en la transposant au Vietnam : Kurtz, héros métaphysique perdu dans la jungle, hurlant comme un chacal blessé dans la nuit tropicale : «L’horreur… L’horreur.»

L’horreur de quoi ? De la barbarie sans masque qu’il a lui-même engendrée, acceptée, incarnée : les crânes fichés sur des piques, les massacres ritualisés, les amputations à la machette. Et de loin, les cris stridents d’un chef de bataillon haranguer ses hommes : «Tirez, tirez, nom de Dieu, je n’entends rien !»

Brefs récits de l’horreur

Ce n’était pas de la fiction. C’était en 1908, dans un Congo encore propriété privée de Sa Très Catholique Majesté Léopold II. Dix millions de morts. Mais, qualifiée du titre de «roi bâtisseur» par toute l’élite européenne, le souverain a fini sa vie adulée en Prophète par tout l’Occident.

Quatre ans plus tard, le décor change, mais le scénario demeure. En Namibie, le général allemand Lothar von Trotha, réputé pour sa brutalité, signe un ordre d’extermination sans ambiguïté : «Tout Herero trouvé à l’intérieur des frontières allemandes armé ou non, avec ou sans bétail sera abattu.»
Ce fut le premier génocide du XXe siècle. Quinze mille morts. Von Trotha fut célébré en héros national et enterré avec les honneurs. La civilisation, elle, aura été préservée. L’Allemagne sort avec un savoir-faire reconnu.

Et puis, l’Algérie sous colonisation française, et le tristement fameux colonel Pélissier, agissant sous les ordres de Bugeaud, ordonnant en 1845 l’asphyxie par enfumage d’une tribu entière, les Ouled Riah, réfugiés dans des grottes à Dahra pour échapper aux exactions des corps expéditionnaires. L’affaire fit grand bruit en France mais Pélissier ne sera ni jugé, ni inquiété et finira comme Maréchal de France et les enfumades continuèrent à Oued Sbih en 1846, et en 1849 à Aïn Merrane et devinrent «la marque de fabrique» française sous le nom de «Doctrine Bugeaud». Les témoignages rapportèrent les hurlements enragés  du Colonel Pélissier à ses hommes : «Enfumez-les comme des renards !».

Gaza : un effort de pensée pour le présent

Les enfants ensevelis. Les hôpitaux pulvérisés. Les voix effacées. La famine qui ronge les entrailles. Et Netanyahou, Katz, Ben Gvir, Smotrich, Gallant, et toute la cohorte scander en chœur : «Tuons-les tous, ce sont des animaux. Tous les Gazaouis sont coupables !», «Rasons Gaza !», «Utilisons la bombe atomique !» Et sous les décombres, ce sont peut-être les dernières paroles de Kurtz qu’on entend à nouveau, comme un écho dans la nuit : «L’horreur… L’horreur.»

L’histoire bégaie, et l’Occident détourne les yeux

Sous les ruines, ce n’est pas seulement une ville qui s’effondre. Ce sont les fondations morales de toute l’humanité.

Parce que Gaza n’est pas un simple conflit, ni une guerre, ni un épisode tragique de plus. C’est un seuil, une révélation, une déchirure dans le voile des illusions modernes.

Tout ce que l’Occident prétendait incarner, droits humains, héritage des Lumières s’effondre face à ces enfants démembrés, ces hôpitaux broyés.

Gaza est le lieu où tombent les simulacres, soufflés comme des murs de carton-pâte.

Ce qui se joue là dépasse la tragédie. C’est le dévoilement du mensonge fondateur d’un ordre international : un ordre bâti sur la force, grimé en vertu, où les principes s’appliquent aux faibles et sont suspendus devant les puissants.

L’horreur de Kurtz, les ténèbres de Conrad, ne sont pas des accidents : elles sont l’âme du colon qui, La Bible dans une main et une bombe dans l’autre, piétine le monde du haut de son élection.

Du Congo à Gaza, la continuité est claire : une violence qui se prend pour la raison, un pouvoir qui s’autojustifie.

Après la Shoah, Hiroshima, Nuremberg, on a voulu croire à un monde nouveau. Droits humains. Conventions. Promesses. Mais Gaza montre que ces promesses étaient conditionnelles, activées ou suspendues selon les intérêts.

Israël, lui, n’a jamais cru à ce droit là

Le vote de 1947 ? Une formalité. Quand Macron rappelle à Netanyahu que l’Onu a permis la naissance d’Israël, il répond : «Non, Monsieur. Israël existait avant l’Onu.» Le droit n’est qu’un passage. Jamais un fondement.

Depuis 1948, les résolutions violées s’empilent. Les condamnations restent lettre morte. Gaza en est l’épiphanie brutale.

Une phrase d’Antony Blinken, en visite sur le Golan, résume tout. Interrogé sur le statut de ce territoire conquis par la force et annexé, alors que le nouveau «président» syrien semble prêt à en céder les deux tiers à Israël — car on ne passe pas du statut de jihadiste fiché à celui de guest star diplomatique sans y mettre le prix fort —, Blinken répond : «Il y a le droit, et la réalité sur le terrain.»

Phrase presque distraite, mais révélatrice. Ce n’est pas seulement le Golan que vise cette formule du fait accompli. C’est Gaza. La Cisjordanie. Et peut-être demain : le Liban. La Jordanie. Une partie de l’Irak. Et le Grand Israël jusqu’à la frontière, sécurité oblige, avec la force des vétos américains et les armes les plus sophistiquées.

L’Occident devenu le parrain bienveillant des fossoyeurs du droit.
Le Conseil de sécurité ? Pas une instance de justice. Un théâtre de rapports de force.

Israël peut bombarder, affamer, coloniser : aucune sanction ne viendra. Le droit cède à l’alliance stratégique. Et pendant que les bombes écrasent des enfants, ce sont aussi les symboles qu’elles pulvérisent : déclaration universelle des droits de l’homme; conventions de Genève; pactes, traités… Le droit n’est pas universel. Il est imposé aux vaincus par les vainqueurs. La preuve : à ce jour, la Cour pénale internationale n’a condamné… que des Africains.

Plus grave encore : le silence. Celui des intellectuels, des philosophes, des éditorialistes. Ceux qui parlaient hier de dignité humaine, mais trouvent toujours un «contexte» lorsque c’est Israël qui tue. Ceux qui évitent le mot «massacre», lui préférant : «frappes ciblées», «proportionnalité», «légitime défense» — même quand les cibles sont des enfants.

Les grands médias ? Une puissante division de Tsahal. Non plus des relais d’information. Mais des relais du hasbara, la propagande de guerre israélienne. Ils reprennent les éléments de langage, inversent les responsabilités, brouillent les faits.

La guerre se mène aussi par les mots. Et cette guerre-là est déjà gagnée par ceux qui tiennent les micros.

Quand Bernard-Henri Lévy ose déclarer : «Israël est le pays le plus anticolonialiste du monde», on entend l’écho du vieux mantra : «L’armée la plus morale de tous les temps.» L’indécence élevée au rang de doctrine.

Gaza signe le retour à l’état de nature politique. Non plus un monde de droit, mais de force brute. Comme au Congo. Comme face aux Hereros. Comme au temps de Kurtz.

Gaza est notre miroir. Ce qu’il reflète, c’est un effondrement moral. Mais aussi un seuil. Quand les illusions tombent, une lucidité neuve peut surgir. Un refus. Un dégoût salutaire.

Gaza, peut-être, est l’endroit où l’Histoire s’inverse. Non parce que les puissants tomberont, mais parce que les humiliés n’ont plus rien à perdre. Et quand les humiliés cessent de croire aux fictions, un autre monde devient possible —
pas encore visible, mais déjà en marche.

* Enseignant.

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Thierry Ardisson, l’«homme en noir», s’éteint à 76 ans

Thierry Ardisson, animateur et producteur majeur de la télévision française, est décédé ce lundi 14 juillet 2025 à l’âge de 76 ans, des suites d’un cancer du foie, a annoncé sa famille à l’AFP.

Figure à part dans le paysage audiovisuel, il laisse derrière lui une empreinte durable. Surnommé «l’homme en noir» pour son style vestimentaire et son ton souvent acide, Ardisson s’est imposé comme un touche-à-tout provocateur, capable de passer d’un entretien politique à une confession intime sans jamais perdre le fil.

Ses émissions cultes – ‘‘Tout le monde en parle’’, ‘‘Salut les Terriens !’’, ‘‘Paris Dernière’’ – ont marqué des générations de téléspectateurs, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Car Thierry Ardisson dérangeait autant qu’il fascinait. Ses interviews, hors normes, faisaient voler en éclats les conventions du petit écran, entre mise en scène maîtrisée et questions qui dérangent.

Producteur exigeant, passionné de culture et homme de formules, il aura su renouveler les codes de la télévision tout en cultivant un goût assumé pour la transgression.

Son départ laisse un vide. Celui d’un homme qui, au-delà du noir, savait mettre en lumière.

Djamal Guettala

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Des bus chinois pour soulager le transport public routier en Tunisie  

La Société des transports de Tunis (Transtu) a fait grand bruit de la réception, le 12 juillet 2025, de 189 nouveaux bus en provenance de Chine au port commercial de La Goulette. Il s’agit du deuxième lot du contrat conclu avec l’entreprise chinoise King Long, pour un coût total d’environ 152 millions de dinars.

Cette opération porte sur l’acquisition de 300 nouveaux bus chinois en deux lots, répartis en 140 bus réguliers et 160 bus à impériale (à deux niveaux), a indiqué Le PDG de la Transtu Abderraouf Essalah, dans un communiqué de presse publié à cette occasion.

La Transtu a réceptionné le premier lot de 111 bus au port de La Goulette le 18 juin dernier, en présence du ministre des Transports Rachid Amri.

Les nouveaux bus contribueront à la reprise des lignes interrompues en raison des difficultés rencontrées par l’entreprise en matière de transport, a souligné le responsable, ajoutant que les nouveaux bus vont renforcer la flotte de la société pour répondre aux besoins quotidiens d’environ 3 millions d’habitants dans la région du Grand Tunis, avec ses grands centres urbains tels qu’Ettadhamen, Manouba, Raouad, Bhar Lazreg et Ben Arous.

Un autre contrat chinois sera également conclu pour l’achat de 418 nouveaux bus supplémentaires, qui seront attribués à des entités et entreprises nationales afin d’offrir des conditions de transport adéquates dans toutes les provinces. Il a confirmé que ces bus devraient être livrés entre septembre et octobre 2025.

Il a déclaré que le ministère achèterait 418 nouveaux bus supplémentaires auprès d’un constructeur chinois, dont environ 240 aideront à améliorer le transport terrestre au niveau régional.

Tout en se félicitant de ces acquisitions effectuées grâce à un prêt chinois et qui vont aider à soulager les souffrances des usagers du transport public terrestre, ferroviaire et aérien, aujourd’hui en état de déshérence depuis deux ou trois décennies, on doit rappeler aux responsables des entreprises publiques telles que la Transtu, la SNCFT et Tunisair que la solution à la crise n’est pas dans ce genre d’opérations ponctuelles qui constituent des solutions provisoires mais dans l’assainissement de ces entreprises et l’amélioration de leurs assises financières afin qu’elles puissent se développer et être en phase avec les besoins des usagers.

A bon entendeur !

I. B.   

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La Tunisie ambitionne de porter sa couverture forestière de 8,5 à 12%

La couverture forestière de l’ensemble du territoire tunisien s’élève actuellement 8,5% et les autorités ambitionnent de porter ce taux au cours des prochaines années à 12 voire 16%, a fait savoir Sahbi Ben Dhiaf, directeur de la conservation des forêts, au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, dans un entretien accordé à l’agence Tap. (Ph. Forêt de pin d’Alep au Kef).

Les forêts tunisiennes ont une capacité de résilience face aux incendies, qui se traduit par une restauration naturelle de leur couverture végétale après leur embrasement, a indiqué le responsable. Et d’ajouter que «les forêts méditerranéennes se distinguent par leur capacité naturelle à se régénérer, à condition que les incendies ne se répètent pas aux mêmes endroits».

Dans ce cas-là, la Direction des forêts mène des études de terrain et entreprend de reboiser, lorsque cela s’avère nécessaire.

Actuellement, la couverture forestière en Tunisie est estimée à environ 8,5% de la superficie totale du pays et le secteur forestier contribue à hauteur de 1,4% au produit intérieur brut (PIB) et à 14% du PIB agricole, a indiqué Ben Dhiaf, en soulignant l’importance du rôle économique et social des forêts dans notre pays où elles s’étendent sur environ 1,2 million d’hectares et abritent entre 700 000 et un million de personnes.

«La direction général des forêts œuvre, actuellement, à mettre en place une stratégie nationale des forêts à l’horizon 2050, dans le cadre de la valorisation du rôle économique des forêts afin d’en assurer la durabilité, tout en permettant aux citoyens d’en bénéficier», a encore expliqué le responsable. Créée le 28 juin 1883, la DGF est considérée comme l’une des plus anciennes administrations en Tunisie. La célébration récente de son 142e anniversaire témoigne de l’importance du secteur forestier et de son lien étroit avec le citoyen.

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Kamel Daoud | «L’affaire Sansal révèle une double faillite algérienne et française»

Dans une tribune publiée par ‘‘Le Point’’ , l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024, revient avec force sur la détention de Boualem Sansal en Algérie. Il dénonce une Algérie livrée à l’arbitraire et une France engluée dans son impuissance. Une affaire emblématique d’un monde postcolonial à bout de souffle. (Ph. François Bouchon / Le Figaro).

Imed Bahri

L’affaire Sansal ne fait plus la une des journaux, mais elle continue d’agiter les consciences. Boualem Sansal, romancier reconnu et traduit dans plusieurs langues, est détenu en Algérie depuis des mois dans un climat d’opacité judiciaire et condamné à 5 ans de prison ferme. Il a 75 ans et souffre de plusieurs maladies.

Dans un éditorial publié le 10 juillet 2025 dans ‘‘Le Point’’ et intitulée ‘Sansal, les leçons d’un scandale’’, Kamel Daoud livre une lecture implacable de ce qu’il qualifie de «scandale politique et moral». Une tribune qui dépasse le cas individuel pour dresser le portrait d’un système à bout de souffle.

Répression, silence, indifférence

D’un côté, une Algérie de plus en plus autoritaire, où l’écrivain est redevenu une cible. «Le pays des révolutions est devenu celui des prisons», écrit Daoud. Boualem Sansal n’est qu’un nom parmi d’autres : artistes, militants, syndicalistes, intellectuels sont confrontés à la répression, au silence ou à la marginalisation. Le dernier en date, rappelle Daoud, est Cheb Mustapha, condamné à cinq ans de prison dans l’indifférence générale.

De l’autre côté, une France désarmée, engluée dans ses contradictions postcoloniales, entre posture humaniste et silence stratégique. «Pendant des mois, la France est restée impuissante», observe Kamel Daoud, qui dénonce un mélange de politesse diplomatique, de calculs politiques et de renoncements. La parole solennelle a remplacé l’action, la patience s’est substituée au courage.

Mais le cœur de l’analyse va plus loin : l’écrivain algérien dénonce aussi les compromissions françaises. Certains intellectuels, journalistes ou militants ont relayé les accusations du régime algérien, participant au lynchage symbolique de Sansal. D’autres, par crainte ou par posture idéologique, ont préféré le silence. «L’affaire a mis à nu les réflexes collaborationnistes», tranche Daoud.

La parole libérée est un rempart contre la peur

Ce texte résonne dans toute la région. Il parle aussi à ceux qui, ailleurs au Maghreb, observent des logiques similaires : criminalisation de la pensée, instrumentalisation de la justice, et abandon progressif des libertés fondamentales. Il dit également l’échec d’un rêve : celui d’une relation franco-maghrébine fondée sur le dialogue, la reconnaissance et la liberté. À la fin, Kamel Daoud rappelle que, face à ce double effondrement, une chose demeure : la dignité. «Lui, au moins, conserve la sienne», écrit-il à propos de Sansal. Une manière de rappeler que la parole, quand elle est tenue jusqu’au bout, peut encore faire rempart contre la peur.

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Dans ‘‘Soyons woke’’, Pierre Tevanian revendique l’éveil face à l’injustice

Le philosophe et essayiste Pierre Tevanian signe avec ‘‘Soyons woke’’ (Éditions Divergences, France, 2025) un petit ouvrage incisif et salutaire. Face à la diabolisation du mot «woke», il choisit de ne pas se défendre, mais d’assumer, revendiquer et retourner l’insulte. Dans un monde où la vigilance contre les injustices dérange, Tevanian fait un pari simple : si le «woke» est celui qui refuse de détourner les yeux, alors oui, soyons woke.

Djamal Guettala  

«Woke». D’un mot venu de l’anglais signifiant «éveillé», on a fait un monstre. D’abord utilisé dans les milieux afro-américains des années 1930 pour désigner une conscience des discriminations raciales, il est devenu, sous la plume de ses détracteurs, une caricature : excès de moraline, censure, menace contre l’universalisme…

En France, comme dans une partie du monde francophone, y compris en Afrique du Nord, le terme «wokisme» est brandi comme une arme idéologique. Il vise à discréditer les luttes antiracistes, féministes, LGBTQ+, décoloniales — en un mot, toutes celles qui bousculent l’ordre établi.

Une réponse claire et frontale

Dans ‘‘Soyons woke’’, Pierre Tevanian démonte cette mécanique de disqualification avec rigueur. Il commence par déconstruire le réquisitoire antiwoke, en en montrant les contradictions, les amalgames et les sous-entendus racistes ou sexistes.

Puis, il propose autre chose : revendiquer l’éveil, assumer la volonté de justice, refuser la résignation. Dans un monde où tant ferment les yeux sur les inégalités et les injustices, il défend l’idée que «l’éveil», loin d’être une dérive, est une exigence éthique.

«Le “woke”, c’est celui qui ne supporte pas l’injustice. Alors pourquoi en faire une insulte?», interroge-t-il à juste titre.

Un mot global, des luttes locales

Même si le mot est né aux États-Unis, les réalités qu’il désigne existent partout : en Europe, en Afrique, dans le monde arabe. Et en Algérie, Tunisie ? Le Maghreb ? Bien sûr que nous sommes concernés.

Les inégalités sociales, le poids de l’héritage colonial, le sexisme, la stigmatisation des minorités linguistiques, régionales, religieuses ou sexuelles, les discriminations vécues par les jeunes, les femmes, les migrants… Ce sont des réalités concrètes, vécues chaque jour.

Être woke, dans ce contexte, c’est simplement être lucide. C’est refuser l’aveuglement.

Un livre pour penser, pas pour s’aligner

Tevanian ne propose pas un dogme. Il propose une posture de vigilance, de questionnement, de refus de l’injustice. Pas de sectarisme, pas de leçon de morale. Juste un appel: «Soyez éveillés, attentifs, sensibles à ce que vivent les autres».

Pour les lecteurs de Kapitalis, ce livre peut être un décodeur utile, pour comprendre un débat souvent importé de France mais qui mérite, ici aussi, d’être interrogé. Car ce qui est en jeu, c’est notre rapport aux injustices, à la mémoire, à la domination, à la liberté réelle. Pierre Tevanian est philosophe, essayiste et enseignant. Il coanime le collectif Les Mots sont importants. Parmi ses livres précédents : ‘‘La haine de la religion’’ (2013), ‘‘La mécanique raciste’’ (2017), ‘‘Politiques de la mémoire’’ (2021), ‘‘En finir avec une sentence de mort’’ (2022).

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Une mère palestinienne à Gaza

Elle est là, debout au milieu des ruines. Son foulard est noir de cendres, ses bras vides. Le vent soulève un reste de rideau accroché à un pan de mur — c’était la cuisine, ou peut-être la chambre. Elle ne sait plus. Il ne reste rien pour nommer les pièces de la maison. La maison elle-même a été dissoute dans l’air, comme ses enfants.

Khémaïs Gharbi *

Autour d’elle, plus un cri, plus un appel, plus une main. Ils sont tous partis au paradis, à quelques semaines d’intervalle : ses parents, ses grands-parents, son mari, ses petits…

Un à un, emportés, étouffés, ensevelis. Et elle, seule survivante, seule témoin. Mais témoin de quoi, sinon d’un monde qui se défait sans honte ?

Et pourtant, elle ne quitte pas les lieux.

C’est encore un piège

Elle s’est hasardée une ou deux fois pour aller chercher de la nourriture, mais il y a eu trop de morts pour qu’elle puisse songer à y retourner. C’est encore un piège, se dit-elle, pour tenter de briser notre résistance.

Elle regarde les ruines, non comme on regarde un champ de guerre, mais comme on regarde une vieille photographie d’enfance. Chaque pierre retournée lui parle. Chaque fissure raconte une nuit d’hiver, un rire étouffé, un repas partagé debout faute de place.

Ce camp n’était pas une maison — mais c’était leur maison. Un entre-deux permanent entre deux bombardements.

Un foyer précaire, certes, mais tissé d’amour, d’attente, de résistance. Elle se souvient de la voix de sa mère chantant en pliant les couvertures. De la silhouette de son père traçant un carré de jardin au pied du mur pour jouer avec ses frères et sœurs. Des rires d’enfants jouant à cache-cache entre les citernes d’eau. Et même des jours de peur, où l’on s’abritait les uns contre les autres dans une pièce sans toit — ces jours-là réveillent en elle des sentiments d’amour et de solidarité.

Tout cela, oui, fait partie d’elle.

Et les ruines, aujourd’hui, ne lui sont pas étrangères : elles lui ressemblent.

C’est là que sa mémoire est enfouie. Pas dans les livres d’histoire, mais sous ces cailloux, dans ces creux où l’on a tenu, résisté, combattu les envahisseurs. C’est là, dans cette poussière que d’autres veulent encore bombarder, qu’habite son ADN, gravé à même la détresse. Pourquoi s’acharner encore sur des cailloux, sur des ruines ? se demande-t-elle. Veulent-ils venger leurs morts en tuant les nôtres trois, quatre fois de suite ?

Elle ne veut pas partir

Et maintenant, une rumeur circule : Ils n’arrêteront que si l’on quitte Gaza. Il faudra partir. Partir ? Quitter qui, quitter quoi ? Pour aller où ? Chercher de nouveaux camps ? De nouveaux cimetières ?

Mais comment quitter ce qui vous constitue ? Comment abandonner les restes de ses martyrs, les ombres de ses vivants, les traces de ses rêves effondrés ?

Elle ne veut pas partir. Pas parce qu’elle espère. Mais parce qu’elle appartient à ce monde de désolation. Elle appartient à ce lieu sans espoir, à cette terre meurtrie, à ces pierres brisées plusieurs fois par la folie des plus forts — ces cailloux qui lui parlent, qui lui disent qu’elle est chez elle, dans son pays.

Et quand elle regarde autour d’elle, c’est comme si elle s’adressait aux bourreaux du jour — ceux qui n’oseront jamais descendre de leurs bombardiers pour affronter les siens en face : «Ce que vous appelez ruines, c’est mon berceau, ma boussole, mon pays, mon histoire. C’est là que mon peuple a aimé, survécu, résisté. C’est là que mon âme demeurera.»

Son regard, désormais, n’est plus seulement celui d’une veuve, d’une mère, d’une orpheline. C’est le regard d’un peuple debout dans toute sa grandeur. Un regard qui dit non à l’effacement. Un regard qui retient tout ce que l’on voudrait détruire — par le souvenir et l’attachement.

Et voici que les cailloux sous ses pieds, souillés de sang, tachés de larmes, deviennent plus éclatants que les pierres précieuses. Car aucune richesse au monde ne renferme autant d’attachement, de fidélité aux ancêtres, d’honneur, de courage, de patriotisme — et de dignité.

Alors, après avoir fait lentement le tour des ruines de ce qui fut leur maison, elle revient sur ses pas. Elle choisit un gros caillou, parmi tant d’autres, et s’y assied, le dos droit, le regard fixe. Non pour pleurer, non pour fuir — mais pour veiller, comme on veille un sanctuaire, comme on protège une flamme fragile.

Elle ne partira pas.

Elle restera là, sentinelle muette, pour garder vivante la mémoire de sa condition de mère palestinienne.

* Ecrivain, traducteur.

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Santé | Comment parer au manque de magnésium ?

Le magnésium est l’un des minéraux les plus abondants dans notre corps. Pourtant, une proportion importante de la population jusqu’à 70%, et notamment chez les femmes, vont souffrir d’un déficit en magnésium. C’est le Pr Faouzi Addad qui lance cette alerte dans le post Facebook publié ce dimanche 13 juillet 2025 et que nous reproduisons ci-dessous, tout en expliquant les moyens pour parer à cette carence et se sentir mieux.

Comment suspecter un manque de magnésium ?

Les signes les plus fréquents : fatigue, troubles du sommeil, crampes, fourmillements des paupières ou autour des lèvres, palpitations, vertiges, maux de tête, anxiété, irritabilité et troubles de la concentration.

Certains facteurs peuvent accélérer ce déficit, comme la consommation régulière de café, thé, alcool, sucre, mais aussi le stress et la prise de diurétiques.

Le dosage sanguin ne permet pas de savoir avec précision si l’on manque de magnésium, car le magnésium sérique ne représente que 1 % de l’ensemble du magnésium présent dans notre corps (muscles, os…). Il est donc important d’analyser les symptômes.

Le magnésium est présent dans les légumes verts, le chocolat noir, les fruits secs et certaines eaux minérales.

Plusieurs compléments en magnésium sont proposés sur le marché, notamment en période de stress, d’activité physique intense ou d’allaitement.

Les formes de magnésium les mieux assimilées sont : bisglycinate, malate, taurinate, thréonate, glycérophosphate et citrate. Le choix dépendra de l’indication : par exemple, le taurinate est réputé pour un effet bénéfique sur le rythme et la fonction cardiaque (les études restent cependant limitées)

La prise, le soir, de 300 à 400 mg peut être associée à un meilleur sommeil. On peut en prendre quotidiennement ou sous forme de cure de 1 à 3 mois, selon les besoins.

Consultez vos professionnels de santé pour une prescription adaptée. Cardiologue de libre pratique.

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Tout sur la conversion des permis de conduire tunisiens en Italie

L’accord entre l’Italie et la Tunisie sur la reconnaissance mutuelle des permis de conduire aux fins de conversion entrera en vigueur le 20 juillet 2025, selon les conditions et exigences précisées ci-dessous.

Signé le 16 janvier 2025, cet accord remplace l’accord précédent du 7 mai 2004 et introduit de nouvelles modalités de conversion des permis de conduire tunisiens en Italie. Il définit les procédures permettant aux titulaires de permis tunisiens de convertir leur document en permis de conduire italien, et de conformément aux dispositions opérationnelles spécifiques fixées par la direction générale de la motorisation du ministère des Infrastructures et des Transports (MIT) en Italie.

Les demandes de conversion de permis peuvent être déposées auprès de l’Uffici della Motorizzazione Civile (UMC), conformément à la réglementation établie par l’accord, qui définit clairement les exigences de conversion, les catégories de permis convertibles et les documents nécessaires pour lancer le processus.

À compter du 21 juillet 2025 (premier jour ouvrable), les citoyens tunisiens résidant en Italie pourront demander la conversion de leur permis auprès de l’UMC.

L’accord de reconnaissance et de conversion des permis avec la Tunisie est valable cinq ans, jusqu’au 20 juillet 2030, et a été officiellement publié sur le site web du MIT, accompagné des documents joints concernant le traitement des données personnelles et les tableaux d’équivalence technique.

Les conditions requises

Le titulaire d’un permis tunisien ne peut demander la reconnaissance et la conversion que s’il réside en Italie depuis moins de six ans au moment de la demande. Les permis obtenus après un transfert de résidence en Italie par conversion de permis de conduire de pays non convertibles en Italie ne peuvent pas être convertis de la Tunisie vers l’Italie.

En outre, le demandeur doit : être titulaire d’un permis valide; avoir l’âge requis par la loi italienne pour la catégorie demandée; présenter un certificat médical attestant de l’aptitude physique et mentale; présenter l’original du permis de conduire tunisien uniquement lors de la délivrance du permis de conduire italien.

En cas de doute sur l’authenticité du document, l’UMC peut demander une traduction officielle ou engager une vérification auprès des autorités tunisiennes.

Permis de conduire routier et carte de qualification de conducteur (CQC)

L’accord entre l’Italie et la Tunisie prévoit également la possibilité de convertir les permis professionnels des catégories C et CE (transport de marchandises). Cependant, pour exercer la conduite en Italie, une carte de qualification de conducteur (CQC) délivrée par un pays de l’Union européenne (UE) reste requise.

Références et documents utiles

Consultez le texte intégral de l’accord Italie-Tunisie dans le communiqué de presse du MIT.

I. B.

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Droits de douane | L’ultimatum de Trump à la Tunisie et 3 autres pays arabes

Le président américain Donald Trump a adressé cette semaine des lettres à quatre pays arabes – la Tunisie, l’Algérie, la Libye et l’Irak – les informant qu’ils seront confrontés à des droits de douane plus élevés à compter du 1er août, à moins qu’ils ne concluent de nouveaux accords commerciaux avec les États-Unis. Si ne n’est pas une sanction, cela y ressemble beaucoup.

Ces lettres, publiées sur la plateforme Truth Social de Trump, exposent un projet de droits de douane de 30% sur les importations en provenance d’Algérie, d’Irak et de Libye, et de 25% sur les marchandises en provenance de Tunisie. Pour l’Algérie, le droit de douane de 30% correspond au taux annoncé en avril.

Cependant, l’Irak et la Libye ont bénéficié de légères réductions par rapport aux taux proposés précédemment, passant respectivement de 39% et 31%. Le nouveau taux de 25% de la Tunisie constitue également une légère baisse par rapport aux 28% proposés en avril.

Les exportations ciblées reflètent les principaux échanges de chaque pays avec les États-Unis : la Tunisie exporte des graisses animales et végétales, des vêtements et des produits agricoles tels que l’huile d’olive et les dattes; l’Algérie du pétrole, du ciment et des produits sidérurgiques; l’Irak du pétrole brut et des dérivés du pétrole; et les produits pétroliers dominent les exportations libyennes.

Si certaines de ces taxes à l’importation reflètent les taux dévoilés par Trump en avril – dont beaucoup ont été reportés par la suite – plusieurs taxes désormais promises pour le mois prochain sont supérieures ou inférieures à celles annoncées précédemment, ce qui témoigne d’une certaine avancée dans les récentes négociations.

Dans ces lettres, Trump a averti les pays qu’ils s’exposeraient à des droits de douane encore plus élevés s’ils ripostaient en augmentant leurs propres taxes à l’importation.

Difficile de ne pas voir dans ces droits de douanes élevés imposés aux quatre pays concernés une sanction pour leurs positions politiques favorables à la cause palestinienne et leur rejet de principe de toute normalisation avec l’Etat d’Israël. Les faibles droits de douanes fixés pour les pays ayant déjà des relations diplomatiques avec l’Etat hébreu, comme l’Egypte, la Jordanie ou le Maroc, confirment la justesse d’une telle analyse.

I. B.

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Tunisie | Saïed poursuit la mise en place de l’Etat social

Lors de la réunion du Conseil des ministres, vendredi 12 juillet 2025, au Palais de Carthage, Kaïs Saïed a abordé notamment le projet de décret relatif aux personnes au chômage depuis de longues années, tous niveaux confondus, et dont le but de leur ouvrir des perspectives de recrutement, surtout dans la fonction publique.

À ce propos, le chef de l’État a de nouveau souligné la nécessité de solutions radicales, à la hauteur des attentes du peuple tunisien.

«La Tunisie regorge de compétences, et lorsque des perspectives larges seront offertes, ce ne sont pas seulement les bénéficiaires directs qui en tireront profit, mais le pays tout entier», a-t-il affirmé, appelant ainsi les membres du gouvernement à trouver le moyen de recruter le plus grand nombre de ces chômeurs de longue durée dans la fonction publique étant clairement démontré que ces personnes, dont les formations ne sont pas souvent en adéquation avec les besoins du marché du travail, ne trouveront pas d’emploi en se basant sur leur seule compétence. Un coup de pouce salutaire de l’Etat social ou Etat-providence, que préconise Saïed, serait donc nécessaire, quitte à alourdir les dépenses publiques et, par conséquent, le déficit budgétaire et l’endettement, extérieur et intérieur, de l’Etat.

Selon un communiqué de la présidence de la république, le Conseil des ministres a examiné deux autres projets de loi.

Le premier porte sur la modification de la loi n°53 de l’année 1977, relative à la création de la Société de promotion des logements sociaux.

Ce projet prévoit l’ajout d’une nouvelle disposition permettant la vente des logements sociaux financés par le Fonds de promotion du logement en faveur des salariés, soit par paiement échelonné, soit via des contrats de location-vente.

Le deuxième projet concerne la modification de la loi organique relative à la Société nationale immobilière de Tunisie (Snit), afin d’étendre ce même droit aux logements sociaux construits par cette société.

Ces deux projets, qui seront soumis à l’Assemblée des représentants du peuple, s’inscrivent dans une série de mesures sociales destinées à concrétiser le droit à un logement décent, respectueux de la dignité des citoyens, et accessible à des conditions financières adaptées aux personnes à revenu faible ou moyen.

I. B.

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