Ligue 1 – Dettes des clubs – Réunion au ministère des sports avec la FTF et certains avocats : Beaucoup plus profond qu’une simple réunion…
La réunion du ministre des Sports avec le bureau fédéral et certains avocats des créanciers va-t-elle résoudre un problème beaucoup plus complexe qu’une simple réunion «protocolaire» ?
La Presse — L’Etat devait intervenir beaucoup plus tôt dans l’insoutenable dossier des dettes locales des clubs tunisiens à trois semaines du coup d’envoi du championnat. La réunion qu’a tenue le ministre des Sports avec le bureau fédéral et certains avocats représentant les joueurs et entraîneurs créanciers est-elle une solution radicale ? C’est beaucoup plus complexe que cela. Les montants sont élevés, et le plus important, c’est qu’on a accusé beaucoup de retard avant d’intervenir.
Ces dettes existent depuis des années, les menaces de sanctions transmises par la CAF et la Fifa dataient de longtemps avec cette date-butoir du 31 juillet connue de tous depuis des mois. Tenir une réunion en ce moment n’est qu’un geste protocolaire probablement pour soutenir indirectement les clubs et pousser la FTF à trouver des arrangements pour éviter les sanctions( dernière mesure faute de paiement).
Certains avocats ont été présents, même si on a oublié plusieurs autres beaucoup plus imposants et compétents que ceux qui étaient là. Et c’est là une des pistes à creuser encore plus pour la FTF. Ces avocats, et dans certains cas agents de joueurs en même temps, sont ceux qui peuvent aider les clubs obligés de régler leurs dettes en acceptant des facilités de paiement (échelonnement étudié et engagements signés). Cela permettra à tous les clubs concernés de pouvoir entamer la compétition et d’honorer une partie de leurs dettes et pas l’intégralité.
La responsabilité de la FTF
Elu par les clubs, ce nouveau bureau fédéral a été complètement dépassé dans ce dossier. Hésitant, indifférent et inerte, il a dû attendre que la tutelle convoque cette réunion tardive pour trouver une solution à deux semaines de la date limite du 31 juillet. Maintenant, Moez Nasri et ses collègues vont devoir se hâter pour clôturer les dossiers des dettes et agir en conséquence. Fini le recours au concours financier de la FTF des temps de Wadi El Jary, cette dernière n’a plus de liquidités.
Qu’est-ce qui reste ? Intervenir pour arrondir les angles entre les créanciers et leurs avocats, d’une part, et les clubs, d’autre part. Mais aussi, et comme le stipule le communiqué du ministère des Sports, sanctionner les clubs qui ne respectent pas les engagements de paiement échelonné. Autrement dit, appliquer la loi et passer au retrait des points.
Les fautifs doivent payer
Dans tous les championnats qui se respectent, la mauvaise gestion financière et les dettes sont sanctionnées sans états d’âme.
L’exemple de l’OL en France, qui a dû mobiliser plus de 200 millions d’euros pour pouvoir éviter une relégation prononcée dans un premier temps, est flagrant. Ici, on a toujours cette affection envers des clubs et des dirigeants qui ont noyé leurs clubs dans la spirale des dettes. C’est même un abus de confiance et des indices de corruption et de malversations dans des contrats suspects de centaines de milliers de dinars pour des pseudo-joueurs qui ne valent même pas le dixième de ce qu’ils touchent.
Où est le mal à appliquer la loi, quitte à déduire des points et reléguer les clubs fautifs? Où est le mal à mettre de l’ordre dans l’élaboration des contrats qui profitent à ces agents de joueurs et avocats influents et qui se sont fait des fortunes sur le dos des clubs ? Ce n’est pas innocent qu’un petit club qui a un budget qui ne dépasse pas les 3 ou 4 millions de dinars et qui signe des contrats aux avantages illimités qui dépassent ses ressources.
Même les clubs dits grands souffrent avec des dossiers interminables de dettes et de litiges, des milliards jetés au détriment de l’infrastructure, des sections des jeunes et d’autres disciplines délaissées.
Nous en sommes arrivés là parce que les dirigeants des clubs n’avaient aucune limite, et parce que la FTF n’est pas intervenue pour appliquer fermement les règles de la bonne gouvernance, notamment le plafond des salaires et des dettes. Chaque saison, c’est le même bal : des agents de joueurs voraces se mettent d’accord avec des dirigeants et entraîneurs complices pour une campagne de recrutements sans fin et avec des contrats blindés qui condamnent le club pour des années.
Et quand les litiges sont assortis de sentences et de sanctions, on passe aux collectes de fonds, aux demandes d’aide et aux menaces de quitter le club. Ces clubs, qui n’ont pas de ressources stables comme la billetterie et les droits TV, pouvaient gérer autrement leurs budgets. Et pouvaient surtout recruter à bon marché et en respectant leur l’équilibre financier.