Les gouvernements arabes y compris celui la Tunisie commencent à accorder un intérêt plus grand aux utilisations pacifiques des technologies nucléaires, sachant que les petits réacteurs modulaires dont les coûts sont inférieurs aux plus grands, peuvent constituer un outil d’aide à plusieurs pays arabes cherchant à maitriser le déficit de la balance énergétique et la production de l’électricité, a indiqué Salem Hamdi, directeur général de l’Agence arabe de l’énergie atomique (AAEA)
Dans une interview réalisée au studio TV de l’agence TAP, Hamdi, ce tunisien qui dirige l’AAEA depuis 2016, a noté que l’Agence, bras technique spécialisé de la Ligue arabe, a élaboré la stratégie arabe des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire à l’horizon de 2030.
Cette stratégie, porte sur six chapitres à savoir la contribution à la sécurité alimentaire et hydrique, l’énergie, la contribution à la santé du citoyen arabe, le renforcement de l’industrie minière et la contribution à la protection de l’environnement.
Il a rappelé dans ce cadre que l’organisation assure l’encadrement et l’accompagnement des techniciens, des ingénieurs, des étudiants et des cadres arabes dans le domaine des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.
L’AAEA offre annuellement 30 sessions de formation sur l’énergie atomique, les techniques nucléaires et les sciences de la vie en faveur des cadres des pays membres. Au moins une quinzaine de personnes prennent part à chaque formation, outre l’organisation des réunions d’experts dans les utilisations pacifiques de l’énergie atomique.
Dans le domaine de l’eau, l’AAEA soutient les pays arabes via l’organisation de formations nécessaires permettant de détecter la dynamique de l’activité des eaux souterraines dans le sol.
L’agence fournit également, des formations dans le domaine de la réutilisation des eaux usées via sa purification grâce à l’énergie nucléaire, sachant que les pays arabes produisent 4,18 kilomètres cubes (Km3) des eaux usées/an, dont 20% seulement sont réutilisées, contre 70% des eaux usées réutilisées en occident a indiqué Hamdi.
Concernant les utilisations de l’énergie nucléaire dans la production de l’énergie électrique, le responsable a fait savoir que la demande en électricité dans les pays arabes représente le triple de la moyenne mondiale, vu le changement enregistré au niveau des comportements et la concentration des citoyens dans les zones urbaines.
Et d’ajouter que des pays arabes ont réalisé des avancées dans la production de l’énergie électrique à partir du nucléaire, citant à titre d’exemple les Emirats arabes unis et l’Egypte, qui œuvre à la mise en place de quatre stations de production de l’électricité à partir du nucléaire. La première devrait entrer en service en 2028.
Il convient de noter que les projets de mise en place de ce type de station sont adoptés par l’AAEA qui monopole l’octroi des licences et offre les formations nécessaires aux cadres pour assurer le bon fonctionnement des stations en question.
Dans le même contexte, Hamdi a évoque l’utilisation de l’énergie atomique dans le domaine de la médecine , faisant remarquer qu’il y a des hôpitaux spécialisés dans la médecine nucléaire en Tunisie, en Jordanie, en Egypte, en Arabie saoudite et en Irak.
Hamdi a fait remarquer que l’AAEA a conclu plusieurs accords de coopération avec les grands Etats utilisant l’énergie nucléaire, tels que les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Union européenne (UE) et d’autres pays.
Et de poursuivre : « nous disposons d’un centre de formation virtuelle en matière de gestion des centrales nucléaires. Ce centre est un don accordé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Et d’ajouter que la Russie a accordé à l’Agence arabe des laboratoires virtuels, qui lui permettent de bien former les étudiants et les ingénieurs tout en garantissant leur sécurité dans leurs États.
« La technologie atomique est ancienne mais elle est très exacte, une erreur minime peut être coûteuse.», a-t-il noté.
Il a souligné l’intérêt accordé par les gouvernements arabes à l’énergie atomique faisant savoir que les Émirats arabes unis (EAU) et l’Egypte ont réalisé des progrès dans ce domaine”.« Nous espérons voir le gouvernement tunisien opter pour cette technologie d’autant que des mini-réacteurs sont fournis »
Hamdi a souligné que l’investissement nécessaire à l’installation des centrales et des réacteurs est coûteux, mais il est possible pour chaque Etat de négocier avec son fournisseur, dans le cadre de certaines approches, dont l’aménagement de l’infrastructure contre le partage ultérieurement des revenus issus de la production. A cet égard, l’acquisition de mini-réacteurs pour produire l’électricité, d’une capacité de 1200 mégawatts exige des investissements de 6 milliards de dollars (1 dollar=environ 2,9 dinars)
Toutefois, l’investissement en énergie atomique constitue une démarche importante compte tenu du déficit énergétique enregistré dans plusieurs pays.
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