Lese-Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.

Le Nobel de la paix est-il en solde pour que Trump y postule ?

Scène surréaliste, avant-hier soir, lundi 7 juillet 2025, à la Maison Blanche. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, poursuivi par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre à Gaza, a remis en grande pompe au président Donald Trump un document destiné au comité Nobel d’Oslo. Il y recommande le président américain pour le prix Nobel de la paix. Une paix hypothétique, un cessez-le-feu encore non signé, sur fond de guerre active, de bombardements quotidiens et de famine grandissante.

Khémaïs Gharbi *

Mais cette scène n’est pas simplement grotesque — elle est révélatrice. Elle illustre une forme nouvelle de diplomatie : le troc symbolique. Trump, à peine revenu sur le devant de la scène, a proposé il y a quelques jours aux Israéliens une idée «novatrice» : pourquoi ne pas abandonner les poursuites judiciaires contre Netanyahu devant les tribunaux israéliens, où il est accablé par trois ou quatre procès pour corruption ? En retour, voici qu’un début de récompense arrive : une nomination surprise au prix Nobel de la paix, comme un merci d’ami à ami.

En d’autres termes, pendant que des civils meurent par centaines, pendant qu’on compte plus de 150 000 morts et blessés palestiniens, pendant que les hôpitaux croulent, que l’eau manque, que les enfants pleurent sous les décombres — on s’échange des faveurs et des décorations.

Emballage diplomatique pour ambition personnelle

Tout y était : les sourires figés, le protocole réglé comme du papier à musique, les caméras triées sur le volet. Seule manquait la réalité. Le mot «paix», vidé de tout contenu, devient ici une formule creuse, un emballage diplomatique pour ambition personnelle. Ce n’est pas une récompense pour un résultat — c’est une stratégie de communication.

Offrir un Nobel en pleine guerre, sans traité, sans fin des combats, sans justice pour les victimes, revient à remettre la coupe du monde à une équipe qui n’a pas encore joué son quart de finale. Ou, plus absurde encore, à offrir la médaille d’un marathon à celui qui vient juste de nouer ses lacets — à condition qu’il fasse une photo avec le sponsor.

En vérité, ce que l’on cherche ici, ce n’est pas la paix. C’est l’absolution. Ce n’est pas un honneur mérité, c’est un vernis — un stratagème pour redorer des blasons ternis. Mais les faits sont là. Et l’histoire, elle, ne se laisse pas duper.

Le comité Nobel appréciera. Quant aux peuples, eux, retiendront peut-être cette image : celle de deux hommes s’auto-congratulant pendant que les décombres fument encore. Ce n’est pas de la paix qu’ils célèbrent. C’est le triomphe du simulacre.

* Ecrivain et traducteur.

L’article Le Nobel de la paix est-il en solde pour que Trump y postule ? est apparu en premier sur Kapitalis.

❌