Inflation: Stabilité en trompe-l’œil à 5,4 % en juin 2025

- L’inflation en Tunisie semble marquer une pause résultant d’effets compensés entre certaines hausses sectorielles et des replis dans d’autres compartiments
- Inflation sous-jacente (hors produits alimentaires frais et énergie) élevée, signe d’une persistance des tensions structurelles sur les prix
- Le pouvoir d’achat reste fragilisé, notamment chez les classes moyennes et vulnérables, confrontées à des hausses ciblées sur des produits essentiels
- Les ménages continuent de ressentir les disparités sectorielles, entre baisses ponctuelles et hausses persistantes
Tunis, UNIVERSNEWS (SEF) – L’Institut National de la Statistique (INS) a publié ses derniers chiffres sur l’inflation en Tunisie. Le taux d’inflation s’est établi à 5,4 % en juin 2025, un niveau identique à celui enregistré en mai. Si cette stabilité peut sembler rassurante au premier abord, elle masque en réalité des évolutions contrastées selon les catégories de produits, révélant la complexité de la dynamique des prix dans un contexte économique toujours sous tension.
Entre hausses ciblées et replis sectoriels
Selon les détails communiqués par l’INS, cette stabilité globale du taux d’inflation résulte d’effets compensés entre certaines hausses sectorielles et des replis dans d’autres compartiments. Les prix des produits alimentaires, par exemple, ont connu une légère décélération, portée notamment par le recul observé dans les prix des viandes et de certains fruits de saison.
En revanche, d’autres postes continuent d’exercer une pression haussière sur le budget des ménages. C’est le cas des services liés au logement, de l’énergie, ainsi que des prix de certains produits manufacturés, notamment les biens importés sensibles aux fluctuations du dinar et aux tensions logistiques mondiales.
Inflation sous-jacente : les tensions persistent
Au-delà de l’inflation globale, les analystes scrutent également l’inflation sous-jacente (hors produits alimentaires frais et énergie), qui demeure élevée, signe d’une persistance des tensions structurelles sur les prix. Cette composante, moins volatile, traduit l’influence des coûts de production, des salaires, et des importations, dans un pays toujours confronté à des déficits jumeaux et à une pression sur ses réserves de change.
Les ménages restent prudents
Sur le terrain, cette stabilité apparente du taux d’inflation ne se traduit pas nécessairement par un soulagement pour les ménages tunisiens. Le pouvoir d’achat reste fragilisé, notamment chez les classes moyennes et vulnérables, confrontées à des hausses ciblées sur des produits essentiels et à un climat économique marqué par l’incertitude.
L’INS note d’ailleurs que l’évolution de l’inflation demeure étroitement corrélée aux aléas extérieurs (cours internationaux, importations alimentaires, climat) et aux politiques publiques en matière de subventions et de fiscalité.
Quelles perspectives pour le second semestre 2025 ?
Les experts s’accordent à dire que les mois à venir seront déterminants. D’un côté, la baisse relative des prix de certains produits agricoles saisonniers pourrait exercer un effet modérateur. De l’autre, les risques géopolitiques, la volatilité du dinar, et les coûts d’importation pourraient rapidement inverser la tendance.
La Banque Centrale de Tunisie (BCT), qui garde un œil vigilant sur la courbe de l’inflation, pourrait être amenée à ajuster sa politique monétaire en fonction des évolutions. Pour l’heure, la stabilité à 5,4 % reste perçue comme un point d’équilibre fragile, susceptible d’être remis en question au moindre choc externe.
Si l’inflation en Tunisie semble marquer une pause en juin, les fondements économiques demeurent précaires et appellent à la prudence. Les ménages, quant à eux, continuent de ressentir les disparités sectorielles, entre baisses ponctuelles et hausses persistantes.