Afrique News
Transparence fiscale
Endiguer les flux financiers illicites
La Presse —Transparence fiscale en Afrique 2025 est l’un des principaux résultats de l’Initiative Afrique, un programme établi en 2014 afin de s’assurer que les pays africains sont en mesure de tirer parti des dernières avancées en matière de transparence mondiale, de mieux lutter contre la fraude fiscale et les autres flux financiers illicites et, à terme, d’améliorer la mobilisation des ressources nationales afin de soutenir leur développement économique.
L’édition 2025, coproduite par le Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales et le Forum sur l’administration fiscale africaine (Ataf), a été officiellement présentée lors de la 17e réunion de l’Initiative Afrique, le 1er juillet 2025 aux Seychelles. Le rapport de l’initiative Afrique présente les points de vue de 40 pays africains, avec des chiffres, des études de cas et des témoignages mettant en lumière les résultats concrets obtenus.
Il souligne l’engagement et les progrès des pays africains dans la mise en œuvre et l’utilisation des normes internationales de transparence fiscale, à savoir la norme sur la transparence et l’échange de renseignements sur demande (ERD) et les normes sur l’échange automatique d’informations (EAR), afin de lutter contre l’évasion fiscale et d’autres formes de flux financiers illicites (IFF) en provenance d’Afrique.
En réponse aux importants flux financiers illicites en provenance d’Afrique, et reconnaissant le potentiel de la transparence fiscale et de l’échange de renseignements pour la mobilisation des ressources nécessaires au développement, les pays africains membres du Forum mondial présents à la réunion de 2014 ont décidé de lancer un programme centré sur l’Afrique : l’Initiative Afrique.
L’objectif était de libérer le potentiel de la transparence fiscale et de l’échange de renseignements pour l’Afrique, en veillant à ce que les pays africains soient équipés pour exploiter les progrès en matière de transparence au niveau mondial, afin de mieux lutter contre l’évasion fiscale. L’approche régionale permet d’identifier des angles spécifiques et de fournir un soutien pour répondre aux besoins et priorités des pays africains et d’accroître leurs capacités en matière d’échange de renseignements.
Afrique
Le nucléaire modulaire contre le déficit énergétique
Lors du premier Sommet africain sur l’innovation en matière d’énergie nucléaire, tenu à Kigali, dirigeants, experts et institutions internationales ont débattu du rôle des petits réacteurs modulaires (PRM) et microréacteurs (MR) pour répondre aux besoins énergétiques du continent et soutenir son industrialisation.
Selon Lassina Zerbo, président du Rwanda Atomic Energy Board, « la vision énergétique de l’Afrique est ambitieuse et essentielle » face à une croissance démographique et économique rapide. Contrairement aux grandes centrales, les PRM et MR sont compacts, rapides à construire, sûrs, bas carbone et adaptés aux zones reculées, offrant une énergie décentralisée.
Le sommet, organisé avec l’Aiea, la CEA et l’AEN, a mis en relief quatre conditions essentielles : infrastructures, financement, technologies locales et volonté politique. Le Rwanda s’illustre en établissant un centre d’excellence nucléaire, visant des applications au-delà de l’électricité : santé, agriculture et sécurité alimentaire.
Le Premier ministre rwandais, Edouard Ngirente, a rappelé que plus de 600 millions d’Africains sont privés d’électricité, freinant développement et croissance. Il a souligné les limites des énergies renouvelables, inégalement réparties, et la nécessité d’une production stable et continue assurée par le nucléaire.
Le Niger, avec la deuxième plus grande mine d’uranium mondiale, a souligné son rôle stratégique dans l’approvisionnement en combustible. Son Premier ministre, Ali Lamine Zeine, a insisté sur la transformation locale des ressources pour éclairer l’Afrique.
Malgré un coût initial élevé et des défis réglementaires, la coopération régionale est primordiale. Des pays comme le Ghana, le Kenya et le Rwanda jettent déjà les bases d’une filière nucléaire africaine.
L’investissement estimé à 105 milliards de dollars d’ici 2035 permettra de développer 15.000 MW nucléaires, contribuant à une énergie propre et durable, pilier du développement, de la souveraineté énergétique et de la justice climatique sur le continent.
Maroc-Déchets électroniques
Une opportunité stratégique
En 2022, le Maroc a produit près de 177.000 tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (Deee), un volume qui pourrait atteindre 213.000 tonnes d’ici 2030, selon les projections. Face à cette croissance rapide, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) considère ces déchets non pas comme une menace, mais comme une opportunité stratégique, comme le rapporte L’Économiste (édition du 4 juillet).
Dans son avis « Vers une économie circulaire des équipements électriques et électroniques : du déchet à la ressource», le Cese souligne le paradoxe d’une présence massive des objets électroniques dans de nombreux secteurs, alors que leur gestion en fin de vie reste largement négligée. En 2020, seuls 13 % des DEEE ont été recyclés via les filières officielles, le reste étant perdu dans des décharges sauvages ou entre les mains du secteur informel, avec des impacts environnementaux et économiques lourds.
Pour remédier à cette situation, le Cese appelle à bâtir une chaîne de valeur nationale intégrée, couvrant conception, réparation, collecte et recyclage. Il insiste sur une gouvernance partagée, un cadre juridique renforcé et l’élargissement des responsabilités des producteurs et distributeurs, notamment par des dispositifs de reprise et des normes de durabilité.
Par ailleurs, la traçabilité des composants électroniques doit être améliorée via un inventaire national et la transformation des centres de tri en plateformes spécialisées, conformes à des normes strictes. Le Conseil préconise aussi d’intégrer progressivement le secteur informel dans des coopératives, valorisant ainsi leurs compétences tout en sécurisant leurs pratiques.
Ce chantier ambitieux, bien qu’exigeant des investissements lourds, ouvre la voie à une filière durable créatrice d’emplois qualifiés et bénéfique pour l’économie nationale.