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Bizerte au miroir de son histoire

La trentième édition du colloque historique annuel, organisée par l’Association de sauvegarde de la médina de Bizerte (ASMB), s’est achevée samedi 5 juillet 2025, mettant en lumière deux aspects majeurs de l’identité de la ville.

Lotfi Sahli

La séance de clôture présentée par Rachid Bakkay a d’abord été consacrée à une communication sur le malouf tunisien, cet art musical raffiné hérité des familles andalouses musulmanes chassées d’Espagne au XVe siècle. À travers cette intervention, les organisateurs ont souligné le rôle central de Bizerte dans la préservation et la transmission de ce patrimoine.

Devenue au fil des siècles un véritable fief du malouf, la ville doit cette distinction à ces familles andalouses qui, en s’y installant après leur exil, ont ancré et fait prospérer cette tradition musicale, aujourd’hui encore emblématique de l’identité Bizertine.

Un deuxième volet de la journée s’est intéressé à un autre symbole fort de la mémoire locale : le Club athlétique bizertin (CAB). Dans un panel animé par Ridha Békir, fervent supporter du CAB et ancien dirigeant, les participants sont revenus sur l’histoire du club, indissociable de celle de Bizerte, notamment durant la période coloniale où il a joué un rôle important dans la lutte contre l’occupant. Le parcours sportif du CAB, ses titres glanés pendant la Seconde Guerre mondiale ainsi que les carrières professionnelles de certains de ses joueurs ont également été évoqués, retraçant la dimension militante et sportive de cette institution chère aux Bizertins.

Romains, byzantins, andalous, ottomans, etc.

La veille, l’ASMB avait tenu au musée de Sidi El Henni, en début d’après-midi, la première partie de son colloque historique annuel. L’assistance a ainsi pu apprécier, une fois de plus, le talent et la rigueur de l’historien Noureddine Dougui, qui a présenté les résultats d’une recherche approfondie sur les vestiges romains et byzantins disséminés dans la cité du nord. Sa communication a mis en exergue l’inestimable héritage laissé par ces deux grandes civilisations, qui ont durablement marqué l’histoire nationale et façonné le destin de Bizerte.

Il a notamment rappelé que la «Kasbah», longtemps considérée comme le fief des Turcs Bizertins, est en réalité une création byzantine, comme en témoignent ses imposantes fortifications conçues pour parer toute invasion. Et en pénétrant dans la mosquée de la «Kasbah», on ne peut qu’apprécier la beauté de son architecture et la richesse des matériaux, en grande partie réemployés : pierres de taille, colonnes et chapiteaux en marbre récupérés sur des vestiges romains et byzantins, autant de témoins de la présence durable de ces civilisations.

M. Dougui a également évoqué des découvertes plus récentes, comme celle d’un paysan des faubourgs, à Henchir Demna, qui a mis au jour des vestiges d’une huilerie romaine et d’autres monuments d’un intérêt historique majeur.

Le malouf encore et toujours

La seconde partie de cette première journée a été animée par Baya Laabidi, qui s’est penchée sur un autre joyau patrimonial, la résidence beylicale «Dar El Bey», en s’appuyant sur les archives de la propriété foncière pour en retracer l’histoire. La rencontre s’est achevée sur une note musicale avec un récital de malouf interprété par de jeunes prodiges bizertins, venant rappeler, en musique, le lien profond de la ville avec ce patrimoine andalou. Le récital a été chaleureusement ovationné par un public conquis.

Fidèle à sa tradition de gratitude et de reconnaissance, devenue sa signature, l’ASMB sous la houlette du dynamique Safouene Ben Aissa a ensuite rendu hommage à plusieurs figures de la société civile et à des hommes de culture qui œuvrent pour la préservation et la promotion du patrimoine local. Une après-midi à la fois enrichissante et conviviale, saluée par l’ensemble des participants.

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