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Les derviches tourneurs au RIO : Un rituel mystique séculaire

C’est une expérience mystique qui puise ses origines dans la philosophie du poète et mystique soufi Jalâl ad-Dîn Rûmî. « Tous les savoirs nous invitent à une quête introspective, un retour vers soi-même pour se découvrir, car c’est en explorant les profondeurs de l’âme que l’on peut commencer à déchiffrer les mystères de l’univers.

La Presse — Le 24 juin, Le Rio a accueilli un spectacle de l’ensemble de musique soufie et de derviches tourneurs de la municipalité de Konya en Turquie. La soirée a été organisée sous le patronage de l’ambassade de Turquie. en Tunisie, avec la collaboration de l’attaché culturel du ministère turc du Tourisme et de la Culture et de l’Institut Yunus Emre. De nombreux représentants diplomatiques ont été présents ainsi que des membres de la communauté turque vivant en Tunisie.

Devant une salle comble, SEM l’ambassadeur de Türquie à Tunis, Ahmet Misbah Demircan, a souligné dans son mot d’ouverture que ce spectacle est bien plus qu’une prestation artistique. C’est une expérience mystique qui puise ses origines dans la philosophie du poète et mystique soufi Jalâl ad-Dîn Rûmî.

«Tous les savoirs nous invitent à une quête introspective, un retour vers soi-même pour se découvrir, car c’est en explorant les profondeurs de l’âme que l’on peut commencer à déchiffrer les mystères de l’univers. Pour Mawlana Rûmî, la sagesse naît de la connaissance de soi, étape essentielle vers l’union avec la dimension divine », explique SEM l’ambassadeur.

L’ensemble d’artistes, constitué de 11 musiciens, 9 danseurs et un maître spirituel, est originaire de Konya, berceau de la danse soufie. C’est dans cette ville que Rûmi (1207–1273) vécut ses dernières années, laissant derrière lui un héritage profond qui continue de marquer le soufisme. Ce rituel des derviches tourneurs, très codifié, accompagné de musique traditionnelle et de chants religieux, est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008.

Le spectacle a débuté, comme prévu, par la récitation d’un poème de Rûmî, dont les vers, empreints de sagesse, élèvent l’esprit et préparent le cœur des spectateurs à une expérience mystique intense. Cette introduction sacrée a laissé place aux premières notes des cordes et percussions qui ont doucement installé l’atmosphère avant l’entrée solennelle des danseurs, guidés par leur maître spirituel.

Les tenues, conformément aux rituels, ont été faites de chapeau en poil de chameau avec une longue robe blanche qui symbolise le linceul couverte d’un mante au noir incarnant la tombe. Après des tours de marche lente, les derviches ont retiré leurs manteaux pour tourner de manière plus rapide et continue.

Ces mouvements exécutés dans un rythme hypnotique et fluide font écho à la rotation des planètes autour du soleil.En effet, si l’on remonte aux origines de cette tradition, Rûmî croyait que le corps, en tournant sans fin, pouvait se fondre dans une communion divine, transcendant ainsi les limites terrestres. La danse des derviches a été alors conçue comme une forme d’appel au divin, un acte d’amour pur, dans lequel le corps et l’esprit se rejoignent pour entrer en communion avec l’univers.

Avec leurs gestes fluides et leurs robes flottantes, les derviches se sont élancés, les yeux fermés, dans une chorégraphie où la danse devient prière et la musique un guide vers le divin. Les musiciens ont monté en parallèle le rythme de leurs chants soutenus par des instruments traditionnels dont le nay, l’oud et le qanun. 

Cette valse sacrée, à la fois empreinte de spiritualité et d’une grande finesse artistique, a captivé l’ensemble du public. La vitesse des rotations qui augmente et la musique qui s’intensifie ont créé une poésie visuelle rare. Et, pour souligner davantage l’aspect spirituel et religieux de la soirée, la chorégraphie a été suivie par des prières et une récitation de versets du coran.

L’émotion était palpable parmi les spectateurs, dont un grand nombre assiste à cette performance authentique pour la première fois. Une ovation chaleureuse a suivi la représentation, signe du profond écho suscité par cette expérience artistique et mystique à la fois.

Porté par une mise en scène raffinée et une performance d’une grande intensité, le spectacle des derviches tourneurs a été une découverte de la profondeur de la sagesse soufie.Ce rituel perdure encore aujourd’hui, à la fois comme pratique spirituelle et spectacle traditionnel. En plus du divertissement, cette représentation a agi en un véritable pont artistique, invitant  à s’ouvrir à la diversité culturelle avec respect et émerveillement.

Exposition « Murmures Zootopiques » : Quand l’art s’engage pour la nature

Derrière les barreaux, les cris étouffés des animaux photographiés par Pol Guillard se lisent dans leurs regards… À travers des photographies, des illustrations et des sculptures, « Murmures Zootopiques » est une invitation à la réflexion qui place la cause animale au cœur de la création artistique.

La Presse —La Bibliothèque Verte vient de rouvrir ses portes dimanche dernier après une année de travaux de rénovation. Située dans la partie haute du parc du Belvédère et soutenue par l’Association des Amis du Belvédère, elle abrite actuellement une exposition collective de trois artistes. À travers des photographies, des illustrations et des sculptures, «Murmures Zootopiques» est une invitation à la réflexion qui place la cause animale au cœur de la création artistique.

«Les Incarcérés », série de photographies de Pol Guillard

Derrière les barreaux, les cris étouffés des animaux photographiés par Pol Guillard se lisent dans leurs regards. D’origine belge et résident en Tunisie depuis 2006, il travaille dans le domaine de l’architecture-décoration et la reproduction d’œuvres d’arts. Nous l’avons rencontré lors du vernissage de l’exposition et il nous a confié qu’il a toujours été impressionné par le parc du Belvédère.

Cependant, il tient à dénoncer le mal-être des animaux en captivité. « Même si le zoo est utile pour son rôle éducatif, j’ai toujours trouvé que c’est un milieu carcéral pour ces animaux. J’ai donc essayé de faire réfléchir les gens dans l’espoir de changer la réalité de ces êtres en souffrance».

Dans la série de photographies de Pol Guillard, les clichés ont été réalisés de près. Le regard du singe derrière le grillage nous interpelle avec le commentaire de l’artiste «J’ai fait quoi au juste ?». Une autre œuvre montre un couple de singes avec la mention «Au moins on est deux». Le léopard, réduit à l’immobilité dans sa cage étroite, se demande «Courir, qu’est-ce que c’est ?».

Son regard traverse les barreaux mieux que ses pattes ne le peuvent. Dans les quelques mètres de sa prison, le lion affiche un regard fatigué qu’on n’ose soutenir. «Le roi est en prison», comme indiqué sous la photographie. Le tigre qui « rêve de forêts», l’ours «fou… ou déjà mort ?», le phoque pris dans une spirale «Manger, dormir, nager, manger…» et bien d’autres animaux sauvages implorent silencieusement avec des yeux qui donnent à voir ce que la vie en cage leur inflige.

«Je déploie ma sensibilité de photographe pour créer une prise de conscience qui pourrait être un pas vers le changement des conditions de vie de ces êtres», conclut Pol Guillard. 

Les sculptures fantaisistes de Bader Klidi

Dans la pureté du noir, les formes animales représentées par Bader Klidi prennent une présence saisissante. Cette couleur qui uniformise ses travaux souligne la force et la mystique des figures sculptées. Une dimension fantastique et surréaliste est apportée aux animaux avec les ornements dorés.

«J’expose ici une partie de mon projet «Terrafauna», un terme emprunté à terracotta. Ce sont des sculptures qui représentent toutes des animaux et qui ont été réalisées en collaboration avec le Centre National de la Céramique d’Art», nous a expliqué Bader Klidi. «Je défends la connexion entre la nature et l’être humain.

Le retour à la nature est un élément central dans mes sculptures. Je montre des animaux dans un monde fantastique, dans un état jovial, mais je tiens aussi à rappeler notre responsabilité envers la nature. Nous partageons la terre avec d’autres espèces». Les œuvres de Bader Klidi sont ainsi un plaidoyer visuel en faveur du respect et de la protection de la faune sauvage comme des animaux de compagnie.

En effet, une tête de rhinocéros est juxtaposée à la sculpture d’un petit chien en taille réelle. En face, un aigle déployant ses ailes est accroché au mur. «J’aimerais bien aller au-delà de ce qu’on montre», poursuit l’artiste. «Même si on ne propose pas de solutions, c’est un lieu d’échange, une invitation à la réflexion pour se remettre en question par rapport à notre relation avec les animaux».

Les illustrations de Nesrine Elamine 

Parmi les œuvres marquantes, «La mer vue du ciel» est une série de tableaux  où des collages sur toile avec des illustrations restituent un équilibre fragile et redonnent à la nature sa complexité et sa beauté..Poissons, pieuvres, méduses, oiseaux marins et végétations,un univers naturel où chaque espèce a encore sa place est recréé entre précision scientifique et sensibilité artistique.

On y voit des poissons qui nous sont familiers et dont on croit tout savoir, comme le loup et la sardine, avec, à côté, un canard siffleur, un martin-pêcheur, un guêpier d’Europe.. Une autre toile évoque des vignes et des raisins avec l’écosystème qui leur est apparenté. Dans tous ces tableaux, les espèces représentées sont nommées ou même commentées. On apprend, à titre d’exemple, que la posidonia est une plante aquatique atteignant jusqu’à quarante mètre de profondeur. La Tunisie comprend des milliers de km carrés de cette plante, soit 50% de la posidonia en Méditerranée.

Chaque image, chaque forme et chaque illustration visible à l’exposition «Murmures Zootopiques» plaide pour une autre manière de vivre avec le vivant. Elle se veut un point de départ, une incitation à regarder autrement, à écouter ces murmures qui disent la douleur, l’ennui, l’oubli.

À voir jusqu’au 29 juin.

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