Ce que les Ătats-Unis attendent dâAhmed Al-Charaa
La lune de miel entre lâadministration Trump et le prĂ©sident syrien Ahmed Al-Charaa se poursuit. AprĂšs avoir rencontrĂ© le prĂ©sident amĂ©ricain Ă Riyad en mai, Al-Charaa est attendu Ă la Maison-Blanche dĂ©but septembre. Toutefois, Washington a six exigences: la normalisation avec IsraĂ«l, lâexpulsion des combattants Ă©trangers sur laquelle les AmĂ©ricains se montrent dĂ©sormais moins rigides, lâexpulsion des combattants palestiniens, le dĂ©mantĂšlement des rĂ©seaux iraniens, la destruction des armes chimiques et empĂȘcher la rĂ©surgence de lâĂtat islamique qui continue de constituer une menace sĂ©rieuse.
Imed Bahri
Une enquĂȘte publiĂ©e par le New York Times (NYT) indique que lâadministration Trump a levĂ© la plupart des sanctions contre la Syrie ce qui est un signe de bonne volontĂ© envers le nouveau pouvoir dirigĂ© par Al-Charaa. Cependant, ce rapprochement diplomatique nâest pas un chĂšque en blanc, il est conditionnĂ© par la satisfaction de certaines exigences spĂ©cifiques des Ătats-Unis.
La dĂ©cision de lever les sanctions a Ă©tĂ© saluĂ©e par le peuple syrien dont plus de 90% de la population vit aujourdâhui sous le seuil de pauvretĂ©. Cependant, certaines sanctions levĂ©es par Trump vont nĂ©cessiter lâapprobation du CongrĂšs ce qui ne sera pas difficile Ă obtenir Ă©tant donnĂ© que le prĂ©sident dispose de la majoritĂ© aussi bien dans la Chambre des reprĂ©sentants que dans le SĂ©nat et que les dĂ©mocrates souhaitent donner sa chance au nouveau pouvoir syrien.
Normalisation avec Israël
LâenquĂȘte du NYT confirme que les Ătats-Unis attendent du gouvernement syrien quâil prenne des mesures sĂ©rieuses pour normaliser ses relations avec IsraĂ«l ce qui impliquerait dans un premier temps la signature dâun accord garantissant la cessation de toutes les hostilitĂ©s entre les deux pays.
Washington espĂšre que la Syrie adhĂ©rera Ă terme aux Accords dâAbraham Ă lâinstar des Ămirats arabes unis, du Maroc, de BahreĂŻn et du Soudan.
Départ des «terroristes étrangers»
Selon le journal amĂ©ricain, le prĂ©sident Trump a exigĂ© lâexpulsion des combattants Ă©trangers arrivĂ©s en Syrie depuis 2011 craignant quâils ne soient impliquĂ©s dans la planification dâattentats terroristes Ă lâĂ©tranger.
Cependant, Al-Charaa a rejetĂ© les premiĂšres demandes amĂ©ricaines dâexpulser les combattants ou de les sĂ©parer de ses forces. Il a dâailleurs dĂ©jĂ commencĂ© Ă les intĂ©grer Ă sa nouvelle armĂ©e. Son gouvernement maintient que leur retour dans leur pays est quasiment impossible soit parce que ces pays refusent de les accueillir, soit en raison du risque de les voir exĂ©cutĂ©s.
Le gouvernement syrien de transition a Ă©galement averti que lâisolement des combattants en Syrie pourrait engendrer des divisions internes et fragiliser le nouveau rĂ©gime.
AprÚs que Trump ait initialement exigé le départ de «tous les terroristes étrangers» de Syrie, Washington a ensuite reculé exigeant seulement une transparence totale sur leur localisation.
Le NYT explique quâun grand nombre de ces combattants avaient auparavant combattu au sein dâAl-QaĂŻda en Syrie quâAl-Charaa a fondĂ© et dirigĂ© pendant des annĂ©es avant dâannoncer sa scission en 2016. Des milliers dâentre eux sont restĂ©s au sein de la formation du futur prĂ©sident syrien Hayat Tahrir Al-Cham ou dans dâautres formations loyalistes.
Rupture des liens avec les Palestiniens
Autre exigence, les AmĂ©ricains attendent Ă©galement de la Syrie quâelle rompe ses liens avec les groupes armĂ©s palestiniens notamment le mouvement du Jihad islamique, une demande saluĂ©e par IsraĂ«l. Le gouvernement syrien a dĂ©jĂ pris les premiĂšres mesures en arrĂȘtant deux hauts responsables du mouvement en avril dernier.
Le journal amĂ©ricain ajoute que la Syrie est confrontĂ©e Ă un dilemme concernant lâexpulsion des chefs et combattants palestiniens car aucun pays nâest disposĂ© Ă les accueillir. Le Liban et les pays voisins refusent de les accueillir par crainte de tensions ou dâattaques israĂ©liennes.
DémantÚlement des réseaux iraniens
Les Ătats-Unis exigent Ă©galement le dĂ©mantĂšlement des rĂ©seaux affiliĂ©s Ă lâIran sur leur territoire. Cette exigence nâest pas difficile Ă obtenir du fait que le prĂ©sident Al-Charaa considĂšre lâIran et le Hezbollah comme des partenaires du rĂ©gime du prĂ©sident dĂ©chu Bachar el-Assad quâil a combattu. Cependant, selon le NYT, ce processus pourrait nĂ©cessiter lâaide de services de renseignement Ă©trangers.
Le journal amĂ©ricain indique que la destruction des armes chimiques est Ă©galement une prioritĂ© absolue pour les Ătats-Unis.
DĂ©mantĂšlement des stocks dâarmes chimiques
Le programme chimique syrien a débuté dans les années 1970 et les scientifiques syriens ont réussi à constituer des stocks de sarin, de chlore et de gaz moutarde dont certains ont été utilisés contre des civils pendant les 13 années de guerre civile sous Al-Assad.
Cela a conduit Ă un accord en 2013 qui a permis Ă lâOrganisation pour lâinterdiction des armes chimiques (OIAC) relevant des Nations Unies dâenvoyer des inspecteurs fermer 27 sites liĂ©s Ă la production de ces armes.
Le nouveau gouvernement syrien a invitĂ© des experts internationaux et a coopĂ©rĂ© pour partager des informations sur les stocks restants. Les experts estiment quâil existe environ 100 sites cachĂ©s ce qui rend lâaccĂšs et la destruction de ces stocks particuliĂšrement difficiles.
PrĂ©venir la rĂ©surgence de Daech est Ă©galement une prioritĂ© pour Washington, qui exige du gouvernement syrien quâil contrĂŽle les camps et les prisons oĂč sont dĂ©tenus les combattants de Daech, lesquels sont toujours sous le contrĂŽle des Forces dĂ©mocratiques syriennes (FDS), formĂ©es par des Kurdes soutenus par les Ătats-Unis.
La Maison-Blanche espĂšre que le nouveau gouvernement assumera la responsabilitĂ© de la fermeture des camps abritant les familles des combattants de Daech et prĂ©parera le terrain pour la rĂ©insertion ou lâexpulsion de leurs rĂ©sidents malgrĂ© la fragilitĂ© des infrastructures sĂ©curitaires syriennes dans ces zones.
Washington ne se prĂ©occupe pas outre mesure de la maniĂšre dont Al-Charaa gouverne la Syrie en interne mais sâattache plutĂŽt Ă garantir que cette gouvernance soit cohĂ©rente avec les intĂ©rĂȘts rĂ©gionaux des Ătats-Unis⊠et dâIsraĂ«l. Câest le facteur dĂ©cisif dont dĂ©pendra lâamĂ©lioration des relations avec Damas.
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