À 64 ans, et 45 ans après sa première tentative au baccalauréat, Samia Chaari, épouse Mseddek, résidant à Djerba, a réussi brillamment la session de rattrapage de l’examen du baccalauréat, filière Lettres, dans un institut privé de Sfax. Sa devise : « Il n’y a pas de honte à apprendre. »
Samia a partagé son expérience de retour dans un entretien accordé à l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP), la décrivant comme « passionnante, avec ses moments d’espoir et de désespoir, où elle a vécu des contradictions entre le courage et la peur, l’enthousiasme et l’hésitation ». Elle a avoué s’être sentie gênée au début de s’asseoir aux côtés d’élèves de l’âge de ses petits-enfants et d’écouter un professeur de l’âge de ses propres enfants. Puis, elle a savouré cette expérience qui lui a insufflé la jeunesse des élèves, tandis qu’elle leur a apporté la richesse de son expérience, sa sagesse et son savoir. Elle a appris et enseigné, leur montrant que rien n’égale la connaissance, et que la beauté n’a aucune valeur sans elle. Elle a prouvé qu’il n’y a pas de honte à apprendre, un message adressé à tous ceux qui pensent que le train de l’âge est passé et que chaque chose a son temps.
Samia a quitté sa maison à Djerba pour s’installer dans la capitale du Sud. Le hasard a voulu qu’elle réside dans la même maison où son fils avait vécu pendant ses études de médecine à Sfax. Elle s’est inscrite dans un institut voisin, où elle a trouvé une équipe pédagogique qui a cru en ses capacités, lui offrant tout le soutien, l’aide et l’encadrement nécessaires jusqu’au dernier moment pour lui offrir cette réussite.
Un parcours semé d’embûches, mais une détermination inébranlable
Durant son année scolaire, Samia a été assaillie par la peur de l’échec. À un moment donné, elle a même décidé de renoncer à passer l’examen et de le reporter à l’année suivante, se contentant d’acquérir des connaissances et des méthodes pédagogiques cette année-là, après une longue période loin des études. Cependant, ses professeurs ont dissipé toutes ses craintes et l’ont encouragée, convaincus qu’elle était capable de réussir et qu’elle le méritait, étant la première de sa classe.
Les efforts et le soutien de cette équipe pédagogique ont été complétés par les encouragements d’une famille qui vénère la science et le savoir. Sa mère et son mari en sont des exemples frappants. Elle raconte avec humour que son mari ne s’inquiétait pas de l’absence de dîner pendant le Ramadan, en raison de son immersion dans la lecture d’un livre, et au lieu de cela, lui demandait le titre de l’ouvrage.
Après plus d’un an et demi de retraite et le mariage de ses deux fils, un médecin et un ingénieur, Samia s’est retrouvée face à un vide. Elle qui refuse l’inactivité et la paresse, et qui recherche l’action et le mouvement depuis son plus jeune âge, est retournée sur les bancs de l’école et a réussi. Elle envisage de poursuivre son parcours, soit dans le domaine des beaux-arts, étant elle-même une artiste qui a décoré les murs de son salon de ses toiles, dont certaines datent d’il y a 20 ans, soit en entamant un cursus universitaire en langue française.