Ce n’est pas une opération militaire, c’est un sabotage diplomatique. En bombardant massivement des cibles iraniennes, y compris nucléaires, Israël a franchi un seuil historique. Pour la première fois, Tel-Aviv frappe de manière ouverte et systématique le territoire iranien, déclenchant un conflit d’ampleur.
Mais derrière la puissance de feu, c’est une stratégie politique cynique qui se dessine : empêcher tout retour à la négociation entre l’Iran et les États-Unis sur le nucléaire iranien, et torpiller toute initiative en faveur de la reconnaissance de la Palestine.
Ce double coup de force s’inscrit dans un timing savamment orchestré. Alors que des négociations étaient en cours à Oman entre Téhéran et Washington sur le dossier nucléaire, Benyamin Netanyahou a choisi de tout faire exploser – au sens propre comme au figuré. Une paix possible est une menace pour un Premier ministre affaibli sur le plan intérieur, qui n’a de cesse d’agiter l’épouvantail iranien pour cimenter sa coalition et détourner l’attention.
Autre victime collatérale : la diplomatie française. Emmanuel Macron devait, à New York, porter une déclaration forte à l’ONU en faveur de la reconnaissance de l’État palestinien. Cette conférence, hautement symbolique, est désormais reportée sine die. Netanyahou, fidèle à son habileté tactique, sait que la guerre est souvent le meilleur moyen de geler les processus diplomatiques qui ne lui sont pas favorables.
La manœuvre rappelle une pièce de théâtre mal jouée mais terriblement efficace. Donald Trump, tout en se présentant en adversaire du chaos, a préparé le terrain durant son mandat en torpillant l’accord sur le nucléaire iranien. Aujourd’hui, son double politique, Netanyahou, s’assure que ce dossier ne ressuscite. Ce duo de « bateleurs », faussement opposés, avance main dans la main dans un jeu dangereux.
Car la paix, la vraie, celle qui exige compromis et courage, ne résiste pas longtemps face à la logique du fait accompli. En provoquant l’Iran, Israël joue avec le feu dans une région déjà à vif. La réponse de Téhéran est venue rapidement, avec des salves de missiles et de drones. Et demain ? Une guerre régionale ? Une déstabilisation globale ? Une nouvelle vague de haine ?
Dans ce poker menteur, il est plus que temps que les puissances internationales cessent d’être les figurants d’un scénario écrit à Tel-Aviv et à Washington. Car si l’on ne fait rien, ce ne sont pas seulement les négociations qui seront enterrées, mais l’idée même de paix.
À quelques heures des frappes israéliennes contre l’Iran, Donald Trump affichait publiquement une position prudente, mettant en garde contre une escalade qui risquait de faire « exploser » les négociations nucléaires en cours entre Washington et Téhéran. Pourtant, peu après le début des bombardements, Trump a brusquement changé de ton, qualifiant ces attaques « d’excellentes ». Une volte-face spectaculaire qui soulève des questions sur le rôle joué par Trump dans cette montée des tensions, et la possible instrumentalisation de sa communication dans la perspective d’une implication plus directe des États-Unis.
Un revirement en quelques heures
Avant les frappes, Trump s’était montré inquiet, expliquant qu’il ne voulait pas que « Israël y aille » car cela compromettrait les discussions sur le nucléaire iranien. Mais une fois les bombardements lancés, il s’est empressé de saluer ces actions militaires comme une réussite stratégique, rejetant la responsabilité sur l’Iran qu’il accuse de refuser un accord proposé par Washington pour arrêter l’enrichissement d’uranium.
Sur sa plateforme Truth Social, Trump a même annoncé que d’autres frappes, « encore plus brutales », pourraient suivre. Il a posé ces futurs bombardements comme une pression destinée à forcer l’Iran à revenir à la table des négociations. Ce discours montre clairement un équilibre instable entre deux tendances contradictoires : d’un côté, une posture diplomatique promettant la paix, de l’autre, une inclinaison guerrière favorisant l’usage de la force.
Entre diplomatie et bellicisme : le dilemme républicain
Ce double jeu reflète aussi les divisions internes au sein du Parti républicain. Une partie espère que Trump incarnera ce président pacificateur qu’il avait promis lors de son investiture en 2017, mettant fin aux guerres américaines à l’étranger. L’autre, emmenée par les « faucons de guerre », plaide pour une implication plus agressive, notamment des frappes directes contre l’Iran, menace perçue par beaucoup comme imminente.
Trump semble naviguer entre ces influences selon ce qui lui paraît le plus avantageux à court terme. Ce positionnement fluctuant alimente la confusion sur la stratégie américaine au Moyen-Orient et questionne la sincérité de ses prétentions pacifistes.
Israël mise sur l’implication américaine
Plus inquiétant encore, Israël compte visiblement sur la dynamique que ce conflit pourrait créer pour entraîner les États-Unis dans une confrontation plus large. Tel-Aviv sait que Washington a une obligation historique et stratégique de garantir sa sécurité, et par conséquent, une attaque israélienne sur l’Iran pourrait devenir un catalyseur pour une entrée officielle de l’armée américaine dans le conflit.
L’enjeu est majeur : si les hostilités se prolongent, le risque d’une guerre régionale étendue augmente considérablement, avec un effet domino impliquant d’autres pays et acteurs non étatiques. Pour Israël, la tension prolongée avec l’Iran n’est pas seulement une question de défense, mais aussi un moyen de pousser Washington à intervenir pleinement.
Le passé récent : une leçon d’échecs
Il faut rappeler le contexte historique pour mieux comprendre les enjeux actuels. Lors de sa prestation de serment pour un second mandat en janvier, Trump s’était engagé à « arrêter toutes les guerres » et à laisser derrière lui un héritage de « pacificateur et d’unificateur ». Pourtant, moins d’un an plus tard, des missiles volent à nouveau au-dessus du Moyen-Orient, menaçant de replonger la région dans un conflit ouvert susceptible d’entraîner des troupes américaines.
Les précédentes interventions militaires américaines en Irak et en Afghanistan sont encore très présentes dans les mémoires. Ces conflits ont causé la mort de milliers de soldats américains, laissé des centaines de milliers de blessés, et généré des traumatismes durables. En outre, ces guerres ont souvent été jugées contre-productives, favorisant l’émergence d’entités hostiles, comme l’État islamique, et renforçant l’influence régionale de l’Iran.
En Irak, l’effort de « nation building » a conduit à l’installation d’un gouvernement pro-iranien et à la montée de groupes armés déstabilisateurs. En Afghanistan, l’échec militaire américain est patent : après vingt ans de présence, le retrait a conduit au retour au pouvoir des talibans en 2021, marquant un échec cuisant.
Trump capitalise sur le rejet des guerres
Lors de sa campagne pour la présidentielle 2024, Trump a largement exploité le mécontentement suscité par ces interventions militaires. Il a régulièrement affirmé qu’avec lui à la Maison Blanche, la chute du gouvernement afghan n’aurait jamais eu lieu, qualifiant ce retrait d’« humiliant » pour les États-Unis.
Il n’a pas manqué d’attaquer ses adversaires démocrates, en particulier Kamala Harris, qu’il accuse de s’allier avec les « faucons de guerre » comme Liz Cheney, qu’il décrit comme une partisane de l’intervention militaire au Moyen-Orient. Pour Trump, le passé de Cheney dans l’administration Bush symbolise tout ce qu’il rejette : des guerres interminables qui n’ont, selon lui, fait que « tuer des millions de personnes ».
Un risque de piège américain dans un nouveau conflit
Cependant, la position ambivalente de Trump face aux frappes israéliennes sur l’Iran soulève une inquiétude majeure : celle que les États-Unis soient une fois de plus « entraînés » dans une guerre dont ils ne maîtrisent ni les origines ni l’issue.
La relation étroite entre Washington et Tel-Aviv, combinée à la pression des cercles républicains favorables à un durcissement avec l’Iran, notamment le sénateur Lindsey Graham, rend cette perspective d’autant plus probable. Plusieurs experts avertissent qu’il existe un « risque énorme » que l’Amérique soit embarquée dans un conflit qui pourrait s’étendre à l’ensemble du Moyen-Orient.
Au final, le comportement de Donald Trump dans cette crise semble osciller entre un rôle de stratège politique jouant un scénario pré-écrit, et celui d’un homme d’État pris dans les pressions contradictoires de son camp. Sa communication fluctuante pourrait ainsi faire partie d’une mise en scène destinée à préparer l’opinion publique américaine à une éventuelle entrée en guerre.
Cette situation pose une question cruciale pour l’avenir : les États-Unis pourront-ils, cette fois, éviter le piège d’un engagement militaire coûteux et sans fin, ou seront-ils à nouveau les acteurs d’un drame régional aux conséquences lourdes pour la paix mondiale ?
Donald Trump a annoncé, jeudi 12 juin, qu’il pourrait augmenter les droits de douane supplémentaires qu’il a imposés sur les voitures importées aux États-Unis « dans un avenir proche ».
« Pour mieux protéger les travailleurs de l’automobile, j’ai imposé des droits de douane de 25 % sur toutes les voitures fabriquées à l’étranger », a déclaré Trump lors d’une cérémonie à la Maison Blanche. « Je pourrais augmenter ces droits de douane prochainement », poursuit-il.
Il a ajouté que depuis qu’il a imposé la première série de tarifs douaniers sur les véhicules importés début mai, « les investissements dans l’industrie automobile et dans l’industrie en général ont augmenté ». Ce qu’il considère comme un signe que sa politique était correcte, selon l’Agence France-Presse (AFP).
Suite à ses propos, les actions des fabricants américains ont chuté à Wall Street avant de se redresser.
A rappeler également que Trump a récemment décidé de doubler la taxe supplémentaire américaine sur les importations d’acier et d’aluminium à 50 %.
Depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, le président américain a placé les droits de douane au cœur de sa politique. Ces droits visent à stimuler l’industrie manufacturière, à générer de nouvelles recettes et à encourager d’autres pays à négocier des accords en faveur des États-Unis.
Par ailleurs, Trump a déclaré qu’il aimerait parler avec le PDG de Tesla, Elon Musk, des voitures électriques. « Elon Musk m’apprécie vraiment et je veux lui parler de voitures électriques. J’aime aussi Tesla ».
Le président américain Donald Trump a adressé, vendredi 13 juin 2025, un message de fermeté à l’Iran après les frappes israéliennes qui ont visé plusieurs sites stratégiques à Téhéran, notamment des installations nucléaires. Sur son réseau Truth Social, il a exhorté les autorités iraniennes à « conclure un accord avant qu’il ne reste plus rien […]
Alors que les frappes israéliennes contre l’Iran provoquent une flambée des tensions au Moyen-Orient, Donald Trump appelle Téhéran à conclure rapidement un accord diplomatique. L’ex-président américain avertit que sans compromis, les prochaines attaques seront « encore plus brutales », et que l’Iran pourrait être détruit.
Dans un message publié ce vendredi 13 juin sur sa plateforme Truth Social, le président américain Donald Trump a lancé un avertissement ferme à l’Iran, au moment où les frappes israéliennes visant des sites militaires et nucléaires iraniens se poursuivent. Il estime qu’un accord diplomatique est encore possible, mais que le temps presse.
« L’Iran doit conclure un accord avant qu’il ne reste plus rien », a écrit Trump, ajoutant que les prochaines attaques israéliennes pourraient être « encore plus brutales ».
Le dirigeant républicain affirme avoir donné « chance après chance » à Téhéran pour renégocier un accord sur le nucléaire, et accuse les dirigeants iraniens d’avoir ignoré ces opportunités. Il a salué la puissance de feu d’Israël, soulignant que l’État hébreu dispose « d’armes létales fabriquées aux États-Unis » et « sait s’en servir ».
Tout en dénonçant les « nombreuses pertes humaines et destructions » déjà causées, Trump assure qu’il est encore temps d’« arrêter ce massacre », avant que l’Iran ne subisse des dégâts irréversibles.
Frappes massives et riposte iranienne
L’opération israélienne, baptisée Operation Rising Lion, aurait ciblé plus de cent installations stratégiques en Iran, notamment les sites nucléaires de Natanz et d’Ispahan. Les médias internationaux rapportent des frappes aériennes massives et l’élimination de plusieurs hauts responsables des Gardiens de la Révolution, dont les généraux Hossein Salami et Mohammad Bagheri.
En réaction, Téhéran a lancé une centaine de drones armés en direction du territoire israélien, provoquant une alerte régionale et la fermeture de plusieurs espaces aériens au Moyen-Orient.
Washington en retrait, mais attentif
Selon l’agence Reuters, l’administration Trump aurait signifié à Israël qu’aucune assistance militaire offensive ne serait fournie pour ces opérations, tout en maintenant un appui en matière de renseignement et de défense, notamment en cas de représailles iraniennes.
Donald Trump a insisté sur le fait que les États-Unis n’étaient pas impliqués dans l’offensive israélienne, tout en profitant de la situation pour renouveler son appel à une résolution diplomatique. En février dernier, il avait réactivé sa stratégie de « pression maximale » contre l’Iran, combinant sanctions économiques renforcées et menaces militaires.
Les déclarations de Steven Witkoff, envoyé spécial américain au Moyen-Orient, lors du gala de l’organisation United Hatzalah à New York mercredi 5 juin 2024, ont provoqué un tollé diplomatique révélateur. En affirmant que Donald Trump « pourrait être le premier président en exercice qui pourrait être Premier ministre d’Israël en même temps », Witkoff a involontairement mis en lumière l’inversion des rapports de force entre Washington et Tel Aviv. Plusieurs médias, dont The Times of Israel, ont largement relayé ces propos, qui illustrent crûment la réalité géopolitique actuelle.
L’analyse de cette déclaration révèle une vérité dérangeante : si l’on inverse la lecture de la phrase, on obtient que « Netanyahu pourrait être Premier ministre d’Israël et président des États-Unis en même temps », ce qui décrit avec une précision troublante l’influence réelle exercée par le dirigeant israélien sur les décisions américaines. Les tentatives de l’administration Trump pour minimiser ces propos ne font qu’aggraver une situation déjà compromise, dévoilant l’embarras de Washington face à cette vérité involontairement exprimée.
Les propos de Witkoff sur l’Iran confirment cette analyse. En reprenant mot pour mot la rhétorique israélienne sur l’interdiction totale d’enrichissement d’uranium, l’envoyé américain illustre comment la politique américaine au Moyen-Orient s’est progressivement alignée sur les priorités de Tel Aviv, au détriment des intérêts géopolitiques américains traditionnels. Cette position maximaliste, allant bien au-delà des positions historiques de Washington, montre l’ampleur de l’influence israélienne sur les choix stratégiques américains.
L’évacuation du personnel diplomatique de Bagdad et l’alerte maximale dans les bases américaines du Moyen-Orient confirment que les États-Unis subissent désormais les conséquences d’une politique qu’ils ne maîtrisent plus vraiment. Les 2 500 soldats américains en Irak deviennent les victimes collatérales d’une stratégie dictée depuis Tel Aviv, tandis que la diplomatie américaine se contente de justifier a posteriori des décisions prises ailleurs.
Le lapsus de Witkoff révèle donc une réalité géopolitique longtemps niée : dans le tandem États-Unis/Israël, c’est désormais le partenaire junior qui dicte sa conduite au partenaire senior. Cette inversion des rôles, passée sous silence à Washington, apparaît aujourd’hui au grand jour, à travers les maladresses d’un envoyé spécial trop zélé. Les déclarations du 5 juin 2024 marquent peut-être un tournant dans la perception publique des relations américano-israéliennes, ouvrant une brèche dans le discours officiel et contraignant Washington à une remise en cause nécessaire de ses priorités régionales.
Alors que police de l’immigration américaine fait des arrestations massives dans plusieurs secteurs de Los Angeles où se trouvent une grande population de migrants provenant de l’Amérique latine, de très grandes manifestations ont lieu pour s’y opposer. Donald Trump a décidé de mobiliser la Garde nationale et les Marines pour faire face à ces manifestations qui se tiennent dans une ville et un État profondément démocrate en l’occurrence la Californie. Pire, le président américain appelle à l’arrestation du gouverneur Gavin Newsom qui est en train de devenir la figure de proue de l’opposition à son pouvoir.
Imed Bahri
Dans une analyse publiée dans le New York Times, l’éditorialiste Michelle Goldberg décrit avec acuité ce qu’elle perçoit comme les signes d’un autoritarisme sous la présidence de Trump. Elle exprime sa vive inquiétude depuis la réélection de de dernier et surtout aujourd’hui alors qu’il fait appel à l’armée pour faire face aux manifestations qui se tiennent à Los Angeles contre les expulsions massives des migrants ce qui pourrait conduire les États-Unis à l’application de la loi martiale.
Goldberg souligne que, même dans les scénarios les plus pessimistes, elle n’a jamais imaginé que Trump déploierait des forces militaires dans les rues d’une ville américaine contre la volonté des autorités locales, simplement pour répondre à des manifestations relativement modestes comme ce fut le cas la semaine dernière à Los Angeles. Il est devenu clair que Trump n’a pas besoin d’une véritable crise pour lancer une répression autoritaire, il peut tout simplement la créer.
Goldberg reconnaît que certains manifestants ont agi violemment, ce qui, selon elle, est contraire à l’éthique et contre-productif et in fine profite au pouvoir. Toute attaque contre des biens publics comme l’incendie de stations de taxis ou le vandalisme de vitrines fait le jeu de l’administration et lui fournit un prétexte à utiliser pour tenter de justifier ses méthodes musclées.
L’éditorialiste estime cependant que l’affirmation selon laquelle la ville traversait un dangereux état de chaos justifiant une intervention militaire est une pure fiction. Samedi soir, la police de Los Angeles a publié un communiqué déclarant: «Aujourd’hui, les manifestations dans la ville étaient pacifiques et nous félicitons tous ceux qui ont exercé leurs droits constitutionnels de manière responsable».
En dépit de cette affirmation, Trump a outrepassé l’autorité du gouverneur de Californie Gavin Newsom et a fédéralisé la Garde nationale de l’État invoquant une loi rare qui n’est activée qu’en cas d’insurrection ou de menace d’insurrection contre l’autorité du gouvernement des États-Unis.
Trump ne s’était pas arrêté là. Il avait décidé d’envoyer 700 Marines aux côtés des milliers de soldats de la Garde nationale déjà déployés. Malgré ce renforcement militaire, la LAPD (police de Los Angeles) a exprimé son opposition à cette présence, le chef de la police Jim McDonnell a déclaré: «L’arrivée des forces fédérales à Los Angeles sans coordination claire représente un défi logistique et opérationnel important».
Cependant, la protection de la ville n’a jamais été le véritable objectif de Trump. Les manifestations n’ont plus besoin d’être violentes pour être qualifiées de «soulèvement illégal». L’appel à la Garde nationale intervient normalement pour faire face aux actes de violence et aux manifestations qui entravent le maintien de l’ordre mais dans ce cas, la définition de menace s’est élargie aux manifestations même pacifiques.
Goldberg cite un exemple datant du mois de mai quand des agents fédéraux armés ont pris d’assaut deux restaurants italiens populaires de San Diego maîtrisant les employés et arrêtant quatre personnes. Une foule en colère s’est rassemblée devant les restaurants scandant «Honte» et a empêché les clients de partir pendant un certain temps. Dans la logique actuelle de Trump, ces manifestants pourraient être considérés comme insurrectionnelles et passibles d’une action militaire.
L’éditorialiste insiste sur le fait que la violence sert le discours du pouvoir tandis que la manifestation pacifique est la véritable menace qu’il cherche à réprimer. Elle cite l’appel lancé lundi par Trump à l’arrestation du gouverneur Newsom. Et souligne que tout observateur extérieur aurait conclu à l’instauration de l’autoritarisme s’il avait été témoin de scènes comme l’envoi de troupes pour réprimer la dissidence intérieure, l’arrestation de dirigeants syndicaux et les menaces contre des opposants politiques.
Goldberg pose une question cruciale : Comment peut-on encore convaincre les Américains opposés à l’autoritarisme de se mobiliser?, notant que beaucoup s’attendent à ce que l’affrontement de Los Angeles renforce la popularité de Trump en le présentant comme un défenseur de la loi et de l’ordre surtout qu’il a le don de créer des scènes conflictuelles qui attisent les émotions de ses partisans.
Une opinion instable
Cependant, l’opinion publique américaine reste instable et il est donc essentiel que tous ceux qui ont une tribune -politiciens, anciens combattants, responsables culturels et religieux- saisissent l’occasion pour condamner les excès de l’administration et se mobilisent.
Goldberg note que des responsables comme le chef adjoint de cabinet de la Maison-Blanche Stephen Miller promeuvent l’idée que Los Angeles est «un territoire occupé» invoquant le fait que certains manifestants agitent des drapeaux étrangers. Les Américains qui croient en la démocratie doivent dénoncer ce récit et lui crier au visage: «C’est un mensonge stupide et insultant destiné à justifier une prise de pouvoir dictatoriale».
L’éditorialiste se souvient de ce qui s’est passé en 2020 lorsque Trump a pris une photo devant l’église Saint-Jean après que la police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des manifestants. L’incident a suscité une indignation générale parmi les chefs religieux et les militaires à la retraite et la Maison-Blanche a été contrainte de reculer. Un sondage réalisé à l’époque montrait que deux tiers des Américains tenaient Trump pour responsable de l’exacerbation des tensions.
Dérive vers la dictature
Goldberg prévient que la situation a changé. De nombreux démocrates hésitent à s’engager dans une nouvelle bataille après les pertes politiques subies suite aux réactions négatives contre le mouvement Black Lives Matter et l’immigration clandestine. Cependant qu’un président qui déploie l’armée dans les rues d’une ville américaine sur la base de mensonges invoquant une invasion étrangère imaginaire ne peut être ignoré. Cet événement est l’un des signes les plus évidents de la dérive du pays vers la dictature.
La journaliste indique également que Trump prévoit pour son prochain anniversaire un défilé militaire massif à Washington sous prétexte de célébrer le 250e anniversaire de la fondation de l’armée américaine. Des chars ont été filmés en train de pénétrer dans la ville dans une scène digne d’un cauchemar cinématographique, avec le Lincoln Memorial en toile de fond tragique.
Tout en espérant que la tentative de Trump de réprimer les manifestations déclenchera des contre-manifestations dans tout le pays sous le slogan «Pas de roi», Goldberg estime que le désir de liberté peut être empreint de peur mais ne tolère pas la lâcheté.
Et si la guerre n’était plus seulement l’échec de la diplomatie, mais aussi la réussite silencieuse des marchés financiers ? Dans un monde où les conflits ne sont plus des accidents, mais des variables intégrées aux modèles financiers, il devient urgent de comprendre comment la logique spéculative façonne les dynamiques de sécurité globale. Ce n’est pas une dénonciation, mais une mise en lumière : celle d’un capitalisme contemporain où la paix semble coûter plus cher que la guerre, où les armes ne sont plus seulement des instruments de dissuasion mais des actifs financiers à part entière, et où la géopolitique dialogue en permanence avec les stratégies d’investissement.
Ould Amar Yahya *
Dans un monde façonné par les flux de capitaux, les arbitrages budgétaires et les réseaux d’influence, une question s’impose : jusqu’où la finance internationale contribue-t-elle à entretenir la logique des guerres sans fin?
Défendre sans agresser : les dilemmes stratégiques
Certes, dans un monde où la souveraineté des nations peut être menacée par des agressions extérieures, développer une capacité autonome de production d’armements revêt une importance stratégique majeure. Ce n’est pas une fuite en avant militariste, mais un impératif moral, politique et économique : assurer la sécurité de ses citoyens, défendre les principes de liberté, protéger l’intégrité territoriale, dissuader toute velléité d’invasion et favoriser le développement économique. Lorsqu’une guerre est imposée, la capacité à se défendre avec efficacité devient une condition de survie nationale, mais aussi un acte de responsabilité à l’égard de l’ordre international. Dans ce contexte, produire des armes, c’est refuser la dépendance et affirmer que la paix, parfois, se construit aussi par la force de la dissuasion.
Le capitalisme de guerre : une mécanique bien huilée
Mais cette logique défensive ne saurait en aucun cas justifier que l’on déclenche ou prolonge des guerres à des fins lucratives. Faire de la guerre un simple vecteur de profit, une variable d’ajustement pour les dividendes, une mesure de relance pour l’économie, relève d’un cynisme insoutenable. Aucune courbe boursière, aucun rendement financier ne saurait compenser le chaos, les destructions massives, les vies humaines perdues ou les traumatismes durables que laisse derrière elle toute guerre inutile. Entre défense légitime et commerce de la mort, la frontière est fine, mais essentielle. Il est du devoir des États, des entreprises et des investisseurs de ne jamais la franchir.
Et pourtant, cette frontière est aujourd’hui largement brouillée. Depuis 2001, quand les bombes explosent, certaines courbes boursières montent. Dans le silence feutré des salles de marché, la guerre est perçue comme une opportunité. Car derrière les discours sur la paix et la diplomatie, un capitalisme de la guerre s’organise, porté par les plus puissants fonds d’investissement du monde. Une collusion d’intérêts se dessine : celle entre les stratégies d’allocation des grands fonds, la rémunération des dividendes et la perpétuation des conflits.
Trump face au complexe militaro-industriel
En septembre 2024, lors d’un rassemblement dans le Wisconsin, le candidat à la présidentielle Trump a vivement dénoncé cette collusion : «Je vais expulser les va-t-en-guerre. Nous avons des gens qui veulent faire la guerre tout le temps. Vous savez pourquoi ? Les missiles coûtent 2 millions de dollars pièce. Voilà pourquoi. Ils adorent larguer des missiles partout. Moi, je n’ai lancé aucune guerre… Je vais expulser les va-t-en-guerre de notre appareil sécuritaire national et mener un grand nettoyage du complexe militaro-industriel pour mettre fin au profit de guerre et toujours faire passer l’Amérique d’abord. Nous mettons l’Amérique d’abord. Nous allons mettre un terme à ces guerres sans fin. Des guerres sans fin, ça ne s’arrête jamais».
Si la campagne affichait une volonté de rupture, les décisions budgétaires prises une fois au pouvoir ont témoigné d’une continuité stratégique inattendue.
Trump devenu président a annoncé en mai 2025 un budget de la défense flirtant avec le seuil symbolique des 1 000 milliards de dollars (!), ce qui a suscité une avalanche de réactions et de critiques au sein de son propre camp au Congrès, au sein des milieux stratégiques et de la presse spécialisée.
Malgré ce budget faramineux, Roger Wicker, président républicain de la commission des forces armées du Sénat, a dénoncé une proposition qui risque, selon lui, «d’anéantir les capacités militaires américaines et le soutien à nos troupes». Mike Rogers, son homologue à la Chambre, a fustigé une «trajectoire budgétaire irréaliste». Susan Collins et Mitch McConnell, figures modérées et influentes, ont exprimé leurs réserves quant à l’usage d’«artifices comptables» pour faire illusion, prévenant que le Congrès ne saurait être «dupé par une ingénierie financière aussi instable».
Les consultants en défense mènent depuis un mois une campagne auprès des élus, expliquant que «la crédibilité de la puissance américaine est à ce prix».
Dans les médias et les publications proches du lobby militaire, les tribunes se multiplient pour alerter sur le «décrochage capacitaire» des États-Unis face à la Chine, à la Russie ou même à l’Iran. La Foundation for Defense of Democracies, fortement financée par l’industrie de l’armement, s’indigne : «On ne peut pas faire la paix par la force avec un modeste budget de paix». Ce refrain trouve un écho jusque dans les réseaux sociaux, où certains influents vétérans n’hésitent pas à qualifier ce budget de «trahison envers nos troupes».
Enfin, la réaction la plus révélatrice est le «silence» des marchés financiers. À l’annonce du budget, les titres de la défense ont peu réagi, signe que les investisseurs savent déjà que, quel que soit le chiffre affiché, les arbitrages réels se jouent ailleurs. Dans les commissions. Dans les comités restreints. Et dans ce triangle d’influence où la guerre est moins une nécessité qu’un modèle économique.
La guerre, ultime valeur refuge des fonds d’investissement ?
Le silence des marchés face à la montée en puissance des dépenses militaires révèle moins une indifférence qu’un ajustement structurel : celui d’un capitalisme qui intègre la guerre comme levier stable, mais économiquement questionnable. L’industrie de la défense, hautement concentrée et protégée par des contrats publics, opère en marge des logiques de marché, échappant à la concurrence et à l’allocation efficiente des ressources. Sa production, orientée vers la dissuasion, ne contribue que marginalement à l’innovation ou à la croissance civile.
Ce déséquilibre s’accompagne d’un arbitrage budgétaire risqué : en canalisant des ressources considérables vers des secteurs à faible rendement sociétal, il fragilise à terme l’investissement dans les infrastructures fondamentales de l’économie réelle. Cette logique, désormais renforcée par les flux de capitaux institutionnels orientés vers un secteur jugé résilient, accentue la tension entre impératif stratégique immédiat et soutenabilité économique de long terme.
Financiarisation stratégique du complexe militaro-industriel
Les fonds d’investissement sont les plus importants actionnaires de toutes les grandes entreprises de défense : Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics… Leur poids est tel qu’ils votent les orientations stratégiques, influencent les politiques ESG (Environnementales, Sociales et de Gouvernance), et orientent les flux de capitaux vers les secteurs jugés «résilients».
Ces fonds n’investissent pas par idéologie, mais par logique : la guerre, c’est du rendement prévisible. Les contrats publics sont massifs, récurrents, indexés sur l’inflation. Les marges sont solides. Et les besoins, depuis 2001, sont devenus structurels. Difficile de trouver un secteur plus protégé du cycle économique.
Dividendes record, morts invisibles
En 2023, Lockheed Martin a distribué environ 9,1 milliards de dollars en dividendes et rachats d’actions, Raytheon Technologies environ 3,24 milliards de dollars exclusivement en dividendes, et General Dynamics environ 1,35 milliard de dollars ; en 2024, les montants versés s’élèvent à environ 3,13 milliards de dollars pour Raytheon et 1,43 milliard de dollars pour General Dynamics, tandis que Lockheed Martin n’a pas encore publié de total annuel consolidé.
Mais au-delà des chiffres et des bilans financiers, un autre bilan s’impose : celui du coût réel des guerres.
Depuis 2001, les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Yémen, au Pakistan, en Ukraine et au-delà ont engendré un coût global estimé à plus de 9 000 milliards de dollars. Ce fardeau colossal, majoritairement financé par la dette publique, représente non seulement une charge budgétaire intergénérationnelle, mais alimente aussi les dividendes d’un complexe militaro-industriel devenu structurellement dépendant de la guerre.
Mais le coût humain est encore plus vertigineux. Selon le Watson Institute, ces conflits ont causé entre 4,5 et 4,7 millions de morts, dont près d’un million directement sur les champs de bataille, et plus de 3,6 millions de morts indirectes liées aux déplacements forcés, aux famines, aux effondrements sanitaires. Ces chiffres dévoilent un paradoxe glaçant : alors que la guerre est devenue un levier budgétaire et un actif spéculatif pour les marchés, elle demeure un gouffre humanitaire aux conséquences irréparables.
Ce paradoxe est d’autant plus alarmant qu’il ne relève pas du hasard : il est entretenu, nourri et diffusé par un écosystème d’influence où les intérêts économiques dictent les récits stratégiques.
Think tanks et narratifs : une guerre des idées financée
Une analyse approfondie du Quincy Institute met en lumière une mécanique troublante au cœur du débat stratégique américain : la majorité des think tanks qui commentent les guerres sont financés par des fabricants d’armes ou leurs sous-traitants. Sur 27 institutions analysées, 21 reçoivent des fonds du complexe militaro-industriel, et 100 % des dix plus citées dans les médias entretiennent des liens financiers directs avec des acteurs de l’armement. Ce biais se traduit dans l’espace médiatique par une surreprésentation systématique : 85 % des citations d’experts dans la presse proviennent de ces think tanks, dont les analyses s’alignent majoritairement sur les intérêts économiques de l’industrie de la défense. Dans ce système, le financement privé façonne discrètement le discours public, tandis que près d’un tiers de ces institutions refusent même de divulguer leurs bailleurs de fonds.
Ce réseau d’influence tisse une alliance implicite entre les fonds d’investissement, les entreprises d’armement, les producteurs d’idées et les politiques. Il crée une symbiose singulière où la guerre devient une variable de croissance, et la paix, un risque pour les dividendes. Les experts relayés ne sont pas neutres : ils sont souvent liés aux intérêts financiers qui bénéficient du prolongement des conflits.
Trois géants détenus majoritairement par les fonds d’investissement
A titre d’exemple et pour ne citer que celles-ci, les trois grandes entreprises américaines d’armement Lockheed Martin, Raytheon Technologies et General Dynamics sont cotées à Wall Street, sur le New York Stock Exchange (NYSE)-la bourse de New York, l’une des plus grandes bourses au monde. Elles font toutes partie de l’indice S&P 500 (les 500 plus grandes capitalisations boursières), ce qui signifie qu’elles sont largement présentes dans les portefeuilles institutionnels et fonds indiciels – Exchange Traded Fund (ETF) qui répliquent la performance de cet indice boursier.
Lockheed Martin, symbole de la puissance militaro-industrielle américaine, est un géant incontournable dans le domaine de l’armement avancé et des technologies de défense. Son cœur d’activité gravite autour de l’aéronautique militaire avec des fleurons comme le chasseur furtif F-35 Lightning II, le F-22 Raptor ou encore les célèbres F-16 Fighting Falcon et le transport militaire C-130 Hercules. Mais Lockheed ne s’arrête pas là : il conçoit également des missiles de haute précision et à longue portée, à l’image du Trident II D5 (missile balistique intercontinental lancé par sous-marin), de l’AGM-158 JASSM (missile de croisière furtif) ou du PAC-3 MSE, intercepteur emblématique intégré au système Patriot. L’entreprise excelle aussi dans les systèmes de défense antimissile, les satellites militaires et les dispositifs de guerre électronique.
Au capital de Lockheed Martin, on retrouve une constellation des plus grandes institutions financières mondiales. State Street Corporation figure en première ligne, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. D’autres acteurs majeurs comme Charles Schwab Investment Management, Geode Capital, Morgan Stanley et Capital World Investors composent également l’architecture actionnariale, illustrant le poids massif de la finance passive et de la gestion institutionnelle dans l’industrie de guerre.
Raytheon se positionne comme un maître d’œuvre global dans les systèmes d’armement de précision, avec une expertise reconnue dans les missiles, les radars, la défense aérienne, les capteurs avancés et la guerre électronique. Parmi ses créations les plus redoutées figurent les systèmes de missiles sol-air, les radars phasés, les solutions de contre-mesures électroniques embarquées, ainsi que des plateformes de détection sophistiquées utilisées dans les théâtres d’opérations les plus complexes. Raytheon est souvent au cœur de l’architecture de défense aérienne intégrée de nombreux pays de l’Otan et alliés des États-Unis.
Son actionnariat repose sur les piliers institutionnels de la finance mondiale. Vanguard et State Street, véritables mastodontes de la gestion passive, détiennent une part substantielle de l’entreprise, suivis par BlackRock, Capital Research, Dodge & Cox, ainsi que Merrill Lynch International. Cette présence dense des grands gestionnaires dans le capital de Raytheon témoigne de la rentabilité structurelle de la guerre dans les portefeuilles long terme.
General Dynamics se distingue par une capacité rare à couvrir l’ensemble du spectre de la guerre conventionnelle. Ses spécialités vont des systèmes terrestres — notamment les chars Abrams, les blindés Stryker et d’autres véhicules de combat — à la construction navale avec des sous-marins nucléaires et des destroyers pour la marine américaine. L’entreprise est également active dans la fourniture de munitions, de pièces d’artillerie et de systèmes d’information et de cybersécurité destinés à l’armée et aux agences de renseignement.
Le capital de General Dynamics est dominé par Longview Asset Management, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. Newport Trust Company et State Street Corporation complètent ce noyau actionnarial. Cette composition reflète, là encore, une alliance solide entre le capital institutionnel et l’économie de défense, où la rentabilité s’appuie sur des contrats publics de longue durée, une demande stable, et une position stratégique dans l’appareil militaire américain.
Quand l’instabilité devient une stratégie d’investissement
Derrière les équilibres actionnariaux, c’est une architecture financière sophistiquée qui se déploie, où l’instabilité géopolitique cesse d’être une menace pour devenir une source anticipée de rendement. Dans ce paradigme inversé, la guerre n’est plus un choc mais un scénario intégré, valorisé pour sa prévisibilité budgétaire, ses marges garanties et sa capacité à structurer durablement les flux de capitaux.
La paix, quant à elle, devient un actif incertain, moins lisible pour les algorithmes de gestion. Désormais, les tensions mondiales alimentent les matrices d’allocation, transformant la guerre en variable stratégique — non pas subie, mais modélisée, arbitrée, et parfois implicitement souhaitée. Ce déplacement moral du capital appelle une reconfiguration urgente des critères d’investissement et des finalités géoéconomiques.
Ainsi se dessine, au croisement de la géopolitique et de la finance, une mécanique redoutablement rationnelle où la guerre, jadis tragédie, devient opportunité ; où la paix, hier horizon de progrès, se voit reléguée au rang d’anomalie risquée. Loin d’un simple dysfonctionnement moral, c’est l’architecture même du capitalisme contemporain qui est interpellée, dans sa capacité à distinguer création de valeur et destruction de sens. Face à la financiarisation croissante des guerres, il devient urgent de repenser les grilles d’évaluation, redéfinir les finalités de l’investissement, et restaurer l’exigence d’un rendement aligné non sur l’effondrement des nations, mais sur leur stabilité, leur dignité et leur avenir. Car si les marchés peuvent tout anticiper — y compris la guerre — il appartient aux sociétés humaines de choisir, lucidement, ce qu’elles veulent valoriser.
La maire de Los Angeles, Karen Bass, a décrété mardi un couvre-feu dans le centre-ville après plusieurs jours de manifestations hostiles à la politique migratoire du président américain Donald Trump.
Le couvre-feu sera en vigueur de 20h00 mardi à 06h00 mercredi, dans une zone d’un kilomètre carré au cœur de la ville.
Depuis plusieurs jours, des protestations dénonçant les raids anti-immigrés menés dans le sud de la Californie agitent Los Angeles. Des affrontements ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre.
En réponse, Donald Trump a ordonné dimanche le déploiement de soldats de la Garde nationale. Plusieurs centaines de Marines sont arrivés mardi à Los Angeles pour tenter de réprimer les troubles.
Selon le journal israélien Maariv, l’ancien président américain Donald Trump pourrait se rendre à Tel-Aviv en juillet 2025 pour assister à l’ouverture de la 22e édition des Jeux de la Maccabiade, le plus grand rassemblement sportif juif au monde. Toutefois, cette visite reste conditionnée à une avancée significative dans les négociations pour un cessez-le-feu entre […]
La Banque centrale européenne (BCE) a fait de « grands progrès » dans la maîtrise de l’inflation, mais devrait se méfier de nouvelles hausses de prix qui pourraient être déclenchées par les tarifs douaniers américains. C’est ce qu’a déclaré, samedi 7 juin, Isabel Schnabel, responsable à la BCE.
La BCE a abaissé ses taux d’intérêt jeudi pour la huitième fois, ajoutant qu’elle les maintiendrait à leurs niveaux actuels pendant au moins le mois prochain, en attendant que les perspectives de croissance et d’inflation deviennent plus claires.
« Je pense que nous avons fait beaucoup de progrès et, comme vous le savez, les données récentes montrent que l’inflation dans la zone euro était même inférieure à 2 % », a déclaré Mme Schnabel lors d’une conférence à Dubrovnik (en Croatie). « Bien sûr, cela est dû en grande partie à la baisse des prix de l’énergie, mais nous constatons que même les composantes les plus persistantes de cette inflation diminuent, ce qui est une excellente nouvelle », poursuit-elle.
Le gouverneur de la Banque centrale croate, Boris Vučić, a déclaré que la BCE avait « presque fini » de réduire les taux d’intérêt, à condition que l’inflation reste à 2 %.
En outre, Mme Schnabel a soutenu que la BCE devrait rester sur ses gardes pour faire face à d’éventuels nouveaux « chocs », comme une guerre commerciale mondiale menée par l’administration du président américain contre ses partenaires commerciaux.
Elle a cité des recherches universitaires montrant qu’une augmentation de 1 % des prix à la production dans le monde entraînerait une augmentation de 0,2 %, en moyenne, des prix à la production nationaux dans les principales économies. « Même en l’absence de représailles, les tarifs douaniers devraient entraîner une inflation qui sera encore plus élevée en cas de représailles », a-t-il déclaré.
Mme Schnabel a également cité une étude de la BCE montrant que l’impact de ce qu’on appelle le « détournement des échanges commerciaux » – l’exclusion des producteurs chinois des États-Unis qui fait que les produits chinois bon marché inondent désormais les marchés européens – a été faible. « Si les impacts ne sont pas minimes, soyez assurés qu’il y aura des mesures compensatoires de la part de la Commission européenne », affirme-t-elle.
Le membre du conseil d’administration de la BCE a également fait valoir que tout cela suggère que les tensions commerciales affecteront toutes les économies, limitant la marge de divergence dans les politiques monétaires de la BCE et de la Réserve fédérale américaine.
« Je m’attends à ce que cette guerre commerciale se transforme en un choc mondial qui entraînera à la fois une baisse de la demande et une baisse de l’offre. Nous pouvons discuter de laquelle de ces deux options aura le plus grand impact sur l’inflation », a-t-elle ajouté.
S’exprimant lors du même panel, Megan Green, responsable de la politique à la Banque d’Angleterre, a plutôt soutenu que la fragmentation des échanges contribuerait à réduire l’inflation en Grande-Bretagne, donnant à la Banque d’Angleterre une « opportunité de divergence de politique monétaire à l’avenir ».
Ils ne voulaient pas changer seulement l’Amérique mais le monde. Donald Trump et Elon Musk étaient comme on le dit chez nous «rassin fi chéchia» (deux têtes dans un même chapeau) tellement ils étaient proches mais ce tandem n’a finalement duré que quelques mois av ant de voler en éclats. Et quels éclats ! Ce ne sont pas seulement des différends politiques qui ont causé la rupture mais aussi le comportement agressif du milliardaire avec l’entourage de Trump dû à sa toxicomanie qui a fini par inquiéter le président américain.
Imed Bahri
Le Washington Post a révélé dans une enquête qui s’apparente à une immersion dans la Maison-Blanche que le président Trump était abattu après sa rupture avec le milliardaire Musk. Suite aux attaques publiques de ce dernier et à ses appels apparents à sa destitution, Trump a passé une série d’appels téléphoniques à ses confidents et ses connaissances.
Cherchant à comprendre le comportement de Musk, Trump a déclaré que son ancien allié était un «grand toxicomane», selon une personne interrogée parmi d’autres par le WP et qui a requis l’anonymat.
Musk a admis avoir utilisé de la kétamine, un puissant anesthésique qui lui aurait été prescrit pour traiter la dépression. Le New York Times avait précédemment rapporté que Musk avait consommé tellement de kétamine pendant la campagne Trump qu’il avait confié que cela affectait sa vessie et qu’il voyageait avec un flacon de comprimés contenant de l’Adderall.
Des responsables de la Maison-Blanche ont déclaré que les inquiétudes de Trump concernant la consommation de drogue par Musk, découlant en partie d’informations relayées par les médias, avaient contribué à la rupture entre les deux hommes. Cependant, le président, qui n’a jamais hésité à publier des messages cinglants et personnels sur les réseaux sociaux contre ceux qui l’ont insulté, s’est montré plus indulgent envers Musk.
Selon deux sources proches du dossier, après sa confrontation avec de dernier jeudi, Trump a exhorté son entourage à ne pas jeter de l’huile sur le feu. Il a également demandé à son vice-président J.-D. Vance d’être prudent lorsqu’il s’exprime publiquement au sujet de son ancien allié.
Si le conflit a éclaté au grand jour jeudi, des fissures dans l’alliance entre les deux hommes les plus puissants du monde étaient apparues très tôt. L’approche de Musk qui prônait d’«agir vite et enfreindre les règles» à la tête de l’unité d’efficacité de l’administration américaine a compliqué les ambitions de la Maison-Blanche de remodeler la société américaine.
Par cette approche contestée, Musk s’est aliéné plusieurs hauts responsables de la Maison-Blanche dont la très influente cheffe de cabinet Suzi Wiles et il s’est heurté à des membres du Cabinet allant même jusqu’à une confrontation physique avec l’un d’eux.
Le journal américain précise que son enquête sur l’effondrement de l’alliance Trump-Musk s’appuie sur une série d’entretiens avec 17 personnes au courant des événements dont plusieurs ont requis l’anonymat.
Face à la montée des tensions, les responsables de la Maison Blanche ont souligné que Trump restait concentré sur son programme législatif et ses baisses d’impôts. La porte-parole de la Maison Blanche Carolyn Leavitt l’a confirmé dans un communiqué affirmant que le président et son administration allaient continuer à œuvrer afin de mener à bien cette mission.
Cependant, les représailles contre Musk se déroulent à huis clos et font l’objet de discussions entre les responsables de l’administration. Trump, via sa plateforme Truth Social, a appelé à un audit des contrats gouvernementaux de Musk ce qui pourrait mettre en péril son empire commercial. De leur côté, les Républicains s’inquiètent de la manière dont l’homme le plus riche du monde utilisera son immense fortune pour se venger, d’autant plus qu’il a évoqué l’idée de créer un troisième parti politique.
«Je me sens comme un enfant au milieu d’un divorce difficile où l’on se dit simplement: J’aimerais vraiment que papa et maman arrêtent de crier», a déclaré le sénateur républicain du Texas Ted Cruz dans son podcast vendredi.
Musk est arrivé à Washington en janvier, allié le plus fidèle de Trump, passant ses nuits dans la chambre Lincoln alors qu’il était conseiller principal à la Maison Blanche.
Mais il n’y a pas eu de véritable lune de miel. Les tactiques agressives de Musk, son manque de perspicacité politique et ses divergences idéologiques avec le mouvement Maga ont érodé ses relations avec les hauts fonctionnaires de l’administration et, finalement, avec le président. Les premiers signes de troubles sont apparus en février, lorsqu’un courriel a été envoyé à toutes les agences gouvernementales, adressé aux cadres fédéraux, leur demandant de préciser leurs cinq réalisations de la semaine précédente. Il semble que Musk ait mal compris le fonctionnement du gouvernement fédéral et du pouvoir exécutif ou qu’il ait manqué de perspicacité. Les hauts fonctionnaires d’importantes agences gouvernementales n’ont pas été prévenus à l’avance et le courriel a été envoyé à des juges qui ne faisaient pas partie du pouvoir exécutif.
Malgré les tensions, Trump et son chef de cabinet adjoint, Stephen Miller, ont soutenu Musk sauf que Wiles était de plus en plus irrité par les affrontements entre l’entourage de Musk et les autres dirigeants de l’administration. Alors que Musk et son équipe du Département de l’Efficacité s’efforçaient de réduire les subventions fédérales, de licencier des fonctionnaires fédéraux et de fermer l’USAID, l’Agence américaine pour le développement international, il est devenu la cible principale des opposants à Trump. Des pancartes portant l’inscription «Personne n’a voté pour Elon Musk» ont commencé à apparaître dans les manifestations à travers le pays.
Un responsable informé a déclaré qu’il existait un sentiment généralisé à la Maison Blanche et au Congrès que l’image de marque de Musk posait problème.
Dans le même temps, Musk, comme d’autres chefs d’entreprise, était déçu par la politique de Trump notamment concernant les droits de douane. En avril, lorsque le président a imposé des droits de douane visant à remodeler l’économie mondiale, Musk a exprimé son mécontentement sur Twitter qualifiant Peter Navarro, conseiller commercial et allié de longue date de Trump, d’idiot. En privé, Musk a personnellement supplié Trump d’annuler ces droits de douane. Trump a refusé d’obtempérer et n’a fait marche arrière que quelques jours plus tard après une forte chute des marchés obligataires.
Peu après, les tensions entre Musk et l’équipe commerciale de Trump ont dégénéré en un échange houleux lors d’une altercation avec le secrétaire au Trésor Scott Bessent, selon Steve Bannon, influent journaliste de droite et conseiller politique de longue date de Trump.
En avril, lorsque Musk et Bessent se sont rendus dans le Bureau ovale pour présenter leurs préférences pour le poste de commissaire par intérim de l’Internal Revenue Service (IRS) – l’agence gouvernementale qui collecte l’impôt sur le revenu et des taxes diverses –, Trump a décidé de soutenir le choix de Bessent, comme l’a rapporté le New York Times. En quittant le Bureau ovale, Bessent et Musk ont échangé des insultes. Bessent a ensuite évoqué les affirmations de Musk selon lesquelles il découvrirait plus de 1000 milliards de dollars de dépenses publiques inutiles et frauduleuses, ce que Musk n’a pas fait.
«Scott [Bessent] a dit: Vous êtes un escroc. Vous êtes un véritable escroc», a rapporté Bannon. Musk a alors donné un coup d’épaule dans la poitrine de Bessent comme un joueur de rugby et ce dernier a répondu par un coup de poing. Plusieurs personnes sont intervenues pour mettre fin à la bagarre à l’arrivée des deux hommes au bureau du conseiller à la sécurité nationale, et Musk a été escorté hors de l’aile ouest. Lorsque Trump a appris l’incident, il a déclaré: «C’en est trop!».
Fin avril, Musk a annoncé son retrait de Washington pour se concentrer davantage sur ses activités notamment sur son entreprise Tesla qui connaissait des difficultés financières. Il a confirmé qu’il continuerait à passer une partie de son temps à Washington et ses alliés de la Silicon Valley ont affirmé qu’il continuerait de superviser le département de l’Efficacité gouvernementale à distance.
Cependant, pendant son absence, ses adversaires au sein de l’administration ont eu l’occasion de se venger de lui. Jared Isaacman, que Trump avait nommé administrateur de la Nasa à la demande de Musk allait faire les frais du départ de son protecteur. L’ambition de Musk est de coloniser Mars et avoir un allié à la tête de la Nasa était un de ses objectifs clés. Cependant, Isaacman a fait de nombreuses contributions politiques aux candidats démocrates ce qui ne passe pas dans une administration qui privilégie les loyalistes.
Il y a un peu plus d’une semaine, lors du dernier jour du milliardaire de la tech en tant qu’employé spécial du gouvernement, Sergio Gore, le directeur du personnel présidentiel, a remis à Trump des brochures montrant les dons d’Isaacman. Trump a informé Musk que la nomination d’Isaacman était retirée en raison de doutes sur sa loyauté.
Le rôle de Gore n’était pas une coïncidence. Assistant de longue date de Trump, il s’était heurté à Musk tout au long de la transition notamment sur des recommandations de nomination. Les tensions entre eux se sont intensifiées en mars après que Musk ait soupçonné que Gore avait divulgué au New York Times des informations sur une réunion au cours de laquelle il s’était heurté à plusieurs membres du cabinet.
«Sergio est un membre clé de l’équipe et a aidé le président Trump à bâtir une administration sans précédent. En tant que conseiller chevronné, il est le mieux placé pour garantir que le gouvernement soit composé de personnes en phase avec la mission de rendre sa grandeur à l’Amérique et qui œuvrent à la mise en œuvre du programme du président», a déclaré Stephen Cheung, directeur de la communication de la Maison-Blanche et fidèle parmi les fidèles de Trump.
Malgré l’escalade des tensions, le président et le milliardaire ont affiché un front uni le jour des adieux officiels de Musk à la Maison-Blanche.
Cette retenue apparente a pris fin lorsque Trump a fait part aux journalistes de sa déception de Musk et a soulevé des questions sur l’avenir de leur relation. Après que la crise ait éclaté, les responsables de la Maison-Blanche ont senti qu’il y avait un espoir de réconciliation mais Trump a déclaré aux chaînes de télévision qu’il n’était pas intéressé par un dialogue avec Musk et qu’il vendrait la Tesla que le propriétaire de l’entreprise lui avait offerte.
Pendant ce temps, Musk a continué d’exacerber les tensions en accusant Trump, sans fournir de preuves, d’être impliqué dans l’affaire Jeffrey Epstein, le délinquant sexuel qui s’est suicidé dans sa cellule de prison en 2019. Même si une réconciliation a lieu, les responsables de l’administration Trump pensent que les choses ne seront plus jamais comme avant. La fin d’un tandem.
Est-ce la fin du mythe dollar? Depuis le début de l’année 2025, le dollar américain subit une dépréciation marquée, avec un recul de près de 9 % face à l’euro et de 8,9 % par rapport à un panier de grandes devises internationales. Ce mouvement, loin d’être un simple ajustement technique, traduit une recomposition plus profonde du paysage monétaire mondial.
À l’origine de cette dynamique, une gouvernance américaine traversée par des choix économiques clivants, une stratégie commerciale erratique et un climat politique empreint d’incertitudes, le tout incarné par l’approche iconoclaste de l’administration Trump.
La politique économique de Trump : entre protectionnisme et incertitudes…
La volonté de Donald Trump de réorienter l’économie américaine autour d’un nationalisme économique exacerbé a profondément perturbé les équilibres commerciaux. Les mesures protectionnistes, notamment les droits de douane sur les importations, visaient à renforcer la production locale. Mais l’effet boomerang est rapidement apparu : hausse des prix à l’importation, érosion du pouvoir d’achat des ménages, et inquiétude des partenaires commerciaux.
L’OCDE, dans ses dernières prévisions, abaisse la croissance attendue du PIB américain à 1,6 % pour 2025, mettant en exergue les effets délétères de cette stratégie sur la dynamique économique globale du pays.
Au-delà des chiffres, c’est surtout l’imprévisibilité de la gouvernance américaine qui inquiète. L’absence de cap lisible, l’instrumentalisation des leviers économiques à des fins politiques et les attaques répétées contre les institutions – à commencer par la Réserve fédérale – ont fragilisé l’image d’une économie autrefois perçue comme pilier de stabilité.
Fin de l’exception dollar ?
Autrefois valeur refuge par excellence, le dollar semble perdre peu à peu son statut de monnaie hégémonique. Le changement de perception est net : les investisseurs, autrefois confiants, procèdent à une « rotation de portefeuille », réduisant leur exposition aux actifs libellés en dollars au profit de devises perçues comme plus stables, à l’image de l’euro, du yen ou du franc suisse. Cette dynamique traduit une réévaluation profonde des risques associés aux actifs américains, dopée par les incertitudes politiques et les menaces répétées de Trump à l’égard de la Fed.
La défiance ne se limite pas au court terme : Goldman Sachs alerte sur les dérives budgétaires à venir, pointant des déficits structurels qui pourraient peser durablement sur la balance courante des États-Unis. Or, un déficit persistant de cette balance est souvent interprété comme un signal de déséquilibre fondamental, propice à une dépréciation durable de la monnaie.
Une dynamique euro plus affirmée
Par contraste, l’euro bénéficie d’un regain de confiance. Plusieurs banques internationales, dont Deutsche Bank et Nomura, anticipent une poursuite de son appréciation, avec un objectif de 1,20 dollar d’ici la fin de l’année. Cette dynamique s’explique autant par l’affaiblissement du dollar que par une conjoncture plus favorable en Europe : politique budgétaire plus volontariste, relance des investissements publics – notamment en Allemagne – et perspective d’un resserrement monétaire progressif de la BCE.
L’euro, longtemps affaibli par les incertitudes institutionnelles et le manque de coordination budgétaire, retrouve ainsi une nouvelle vigueur en se positionnant comme une alternative crédible dans un monde monétaire en recomposition.
Vers une reconfiguration durable ?
La baisse du dollar ne saurait être considérée comme un simple épisode conjoncturel. Elle traduit une perte de crédibilité liée à une gouvernance perçue comme imprévisible et déséquilibrée, dans un contexte où la confiance des investisseurs est devenue une ressource aussi stratégique que volatile. Le retour à un dollar fort supposerait un rééquilibrage structurel : apaisement du climat politique, restauration de l’indépendance des institutions économiques, et clarification des orientations commerciales.
Dans l’attente de ce changement de cap, les investisseurs sont contraints de revoir leurs allocations, en intégrant cette nouvelle donne géopolitique et monétaire. Car au-delà de la volatilité des devises, c’est bien la hiérarchie mondiale des valeurs refuges qui semble en passe d’être redéfinie.
Selon divers médias, le président américain, Donald Trump, a annoncé samedi 8 juin l’envoi de 2 000 soldats de la garde nationale en Californie, en réponse aux manifestations visant les forces anti-immigration.
2 000 membres de la Garde nationale ont été déployés à Los Angeles, annonce la Maison Blanche. Cette décision intervient alors que, depuis deux jours, des heurts entre des manifestants opposés aux expulsions de sans-papiers et des forces de l’ordre à Los Angeles ont lieu.
Revenons aux faits
Les affrontements ont éclaté vendredi 6 juin, lorsque des manifestants opposés aux expulsions de sans-papiers ont lancé des œufs sur des véhicules de l’ICE, la police de l’immigration, en réaction à une série d’arrestations. Samedi7 juin, des agents de l’ICE se sont rendus près d’un magasin Home Depot, un lieu connu pour rassembler des travailleurs sans-papiers en quête d’emplois journaliers. L’arrivée des forces de l’ordre a rapidement attiré des manifestants, qui ont lancé des projectiles et tenté de bloquer un véhicule de police…
Le président Donald Trump a fixé à la police de l’immigration un objectif de 3 000 arrestations quotidiennes de migrants en situation irrégulière. Plusieurs observateurs estiment que ces opérations donnent lieu à des débordements.
Bien entendu, le président américain s’est félicité de ces arrestations sur son réseau social Truth.
La Russie considère que Volodymyr Zelenski a dépassé toutes les lignes rouges en attaquant ses bases aériennes, lors d’une opération menée par l’armée ukrainienne à l’aide de drones, le 1er juin 2025. Moscou a publié une déclaration qualifiant l’opération ‘‘Toile d’araignée’’ d’attaque terroriste, atteignant des cibles militaires jusqu’en Sibérie et dans la région de l’Amour, à la frontière avec la Chine. Selon une enquête du Washington Post, appuyée par des vidéos et images satellites, au moins 13 appareils ont bel et bien été endommagés. (Ph. Quatre Tu-95 détruits à la suite de l’opération «Toile d’araignée» du SBU sur la base aérienne de Belaïa / Le chef du service de sécurité d’Ukraine Vassyl Maliouk avec des plans et photos de bases aériennes russes).
Habib Glenza, à Lodz, Pologne.
Au cours d’un entretien téléphonique avec son homologue américain, Donald Trump, Vladimir Poutine a laissé entendre qu’après ces attaques, les chances d’une paix durable s’amenuisent tant que Zelenski sera à la tête d’un Etat qualifié de «terroriste».
Lors de cet entretien, le président russe, qui affectionne les symboles historiques, a comparé l’opération ‘‘Toile d’araignée’’ à l’attaque japonaise contre la base de la marine américaine de Pearl Harbor à Hawaï en 1941, rappelant ainsi à son homologue américain que c’est suite cette attaque, que les Etats-Unis se sont décidés à utiliser la bombe nucléaire contre le Japon, à Hiroshima et Nagasaki, allusion limpide au droit de la Russie de riposter, en utilisant des bombes nucléaires dites «tactiques».
S’exprimant après son entretien téléphonique avec Poutine, Trump a déclaré : «Le président Poutine a dit très clairement et très fermement qu’il estimait devoir répondre aux récentes attaques contre les aérodromes».
Une guerre existentielle pour la Russie
Selon The Kyiv Independent, certains commentateurs russes, favorables à la guerre, ont affirmé que le Kremlin devrait riposter à l’opération ‘‘Toile d’araignée’’ en lançant une attaque nucléaire contre les aérodromes des pays de l’Otan. La menace n’est pas anodine, et le risque est réel.
En effet, ceux qui connaissent la ténacité montrée par les Russes durant la seconde guerre mondiale dans leur guerre contre les Nazis allemands savent qu’il n’y aura pas de paix entre la Russie et l’Ukraine des «banderas néo-nazis», selon la terminologie russe, poussée par l’Occident, et tout particulièrement par l’Angleterre, l’Allemagne et la France, qui soutiennent son effort de guerre.
On sait que la guerre en Ukraine est existentielle pour la Russie qui ne permettra jamais la présence de l’Otan à ces frontières directes. De son côté, l’Occident cherche, à tout prix, à gagner cette guerre, qui ne prendra fin que lorsque l’Ukraine aura capitulé où lorsque la Russie aura utilisé la bombe atomique. C’est la crainte que l’on devrait avoir, et pas seulement en Europe de l’Est, qui est aujourd’hui sur un volcan, en raison de l’enlisement des deux parties dans une logique de guerre totale.
Au cours d’un échange à distance musclé entre Donald Trump et Elon Musk, ce dernier a accusé le président américain d’être cité dans l’affaire Jeffrey Epstein, ce financier américain au cœur d’un vaste scandale de crimes et d’exploitation sexuels.
Se pourra-t-il que Donald Trump soit visé par une troisième procédure d’impeachment ? Cela est envisageable depuis que le milliardaire américain d’origine sud-africaine Elon Musk, désormais devenu le pire cauchemar de l’actuel locataire de la Maison Blanche depuis son départ volontaire ou forcé du département pour l’efficacité gouvernementale (DOGE) a dégoupillé une véritable bombe médiatique en menaçant de faire «éclater la vérité» sur la présumée implication du magnat de l’immobilier dans le scandale sexuel lié à Jeffrey Epstein – le sulfureux milliardaire américain accusé d’avoir organisé pendant près de 20 ans un vaste réseau d’exploitation de mineures pour les livrer en offrande à des personnalités fortunées…
« C’est le moment de lâcher la bombe : Donald Trump figure dans les dossiers Epstein. C’est la véritable raison pour laquelle ils n’ont pas été rendus publics. Retenez ce post pour le futur, la vérité éclatera », a révélé Elon Musk dans un post publié jeudi 5 juin sur son réseau social X (ex-Twitter). Ainsi, l’homme le plus riche du monde insinue que Donald Trump figurait dans des dossiers gouvernementaux secrets sur d’anciens associés riches et puissants d’Epstein.
Vidéo choc
Preuve à l’appui, Musk exhibe une vidéo de 1992 ressortie des archives de la chaîne NBC, laquelle montre les images d’une soirée organisée par Donald Trump dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, à laquelle participent plusieurs jolies femmes blondes, toutes pom-pom girls de grandes équipes de football américain.
A un moment, le maître des lieux se penche vers un de ses invités, Jeffrey Epstein, et lui glisse des mots à l’oreille en pointant du doigt les jeunes femmes sur la piste de danse. Selon NBC, il lui dit « she is hot » (elle est sexy), avant d’ajouter une seconde blague inaudible. Ses commentaires provoquent l’hilarité du financier.
Les liaisons dangereuses
D’ailleurs, le futur président américain, qui était le voisin d’Epstein en Floride et à New York, ne s’en cache pas. Lors d’un un entretien en 2002, il a déclaré : « Je connais Jeff depuis 15 ans. Un type génial… C’est un plaisir de passer du temps avec lui. On dit même qu’il aime autant les jolies femmes que moi », déclarait-il. Avant d’ajouter : il les préfère « plutôt jeunes ».
Toutefois, il s’est rétracté après l’arrestation le 6 juillet de « ce type génial » en affirmant avoir coupé tout contact avec lui depuis plusieurs années. « Je n’étais pas un fan de Jeffrey Epstein. Ce n’est pas quelqu’un que je respectais », a-t-il encore affirmé vendredi sur son réseau Trush.
Pour rappel, le milliardaire américain achète en 1998 Little Saint James, une île privée située dans les Îles Vierges britanniques. Cette île, surnommée « l’île de tous les péchés » sera au cœur du réseau d’exploitation sexuelle de mineures de Jeffrey Epstein., qui sera révélé vingt ans plus tard.
Entre 2002 et 2005, il fait venir des mineures dans ses résidences de Manhattan et de Palm Beach, en Floride, « pour se livrer à des actes sexuels avec lui, après quoi il leur donnait des centaines de dollars en liquide ».
Accusé d’être à la tête d’un vaste réseau de trafic de jeunes filles, le financier de 66 ans est arrêté le 6 juillet 2019 par la FBI à sa descente d’avion, inculpé deux jours plus tard pour exploitation sexuelle de mineures et association de malfaiteurs, passibles au total de 45 années d’emprisonnement et condamné à une peine aménagée de prison de 13 mois. Le 10 août 2019, vers 6h30 du matin, Jeffrey Epstein est retrouvé par des agents pénitentiaires pendu dans sa cellule.
A noter également que l’affaire Epstein a éclaboussé de nombreuses personnalités publiques, impliquant jusqu’à la famille royale britannique… Mais également Michael Jackson ou encore l’ex-président Bill Clinton – qui a été soupçonné d’avoir voyagé plusieurs fois à bord du jet d’Epstein, surnommé le « Lolita express », car des jeunes femmes montaient régulièrement à bord.
Pourtant, faut-il souligner, aucune source officielle n’a jamais confirmé que le président apparaissait dans l’un ou l’autre des documents liés à l’affaire ; d’autre part, Elon Musk n’a ni précisé de quels document il parlait ni fourni aucune preuve de ce qu’il avançait.
Pour sa part, avant sa réélection en janvier 2025, Donald Trump avait affirmé qu’il n’aurait « aucun problème » à rendre publics les dossiers relatifs à Epstein. Une promesse que son administration n’aura pas tenue ; d’où les rumeurs les plus folles.
En un seul geste, Donald Trump a ramené la justice américaine deux siècles en arrière, en décidant l’expulsion de la femme et des cinq enfants du suspect avant même que la justice ne dise son mot sur l’affaire. En cherchant à punir «préventivement» la famille d’un suspect, sans démonstration de leur implication, le chef de l’exécutif américain foule aux pieds un principe fondateur du droit moderne : nul ne peut être tenu responsable des actes d’autrui.(Ph. Le suspect Mohamed Sabry Soliman/ Sa fille aînée Habiba Soliman).
Khemaïs Gharbi *
Le 1er juin 2025, Mohamed Sabry Soliman, ressortissant égyptien de 45 ans, est arrêté au Colorado après avoir lancé des engins incendiaires sur les participants à un rassemblement hebdomadaire en soutien aux otages israéliens retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. Immédiatement qualifié d’«attaque ignoble» par les autorités, l’acte déclenche une vague d’indignation. Mais c’est la réaction des plus hautes sphères de l’exécutif qui provoque un véritable séisme juridique.
Dans les heures qui suivent, la famille entière de Soliman — son épouse, Hayam Salah Alsaid Ahmed Elgamal, 41 ans, et leurs cinq enfants, est arrêtée par les services de l’immigration. Sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux à ce stade, l’administration Trump annonce leur expulsion imminente. La Maison Blanche publie même sur son compte X un message glaçant : «Six allers simples pour la femme et les cinq enfants de Mohamed». La ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, justifie cette mesure par une enquête en cours : «Nous voulons savoir ce que sa famille savait de cette attaque et s’ils y ont participé.»
Mais cette présomption diffuse, sans preuves ni inculpation, ne convainc pas la justice. Le lendemain, un juge fédéral du Colorado suspend l’expulsion «jusqu’à nouvel ordre», interdisant tout déplacement des membres de la famille hors de l’État ou des États-Unis, tant qu’un jugement n’a pas été rendu.
Mohamed et Hayam ont 5 enfants, 3 filles et 2 garçons. L’aînée, Habiba, âgée de 18 ans, a expliqué que la famille avait déménagé aux Etats-Unis parce qu’elle ne pouvait pas suivre des études de médecine au Koweït.
Le droit américain piétiné en direct
Au-delà de l’émotion légitime provoquée par l’attaque, c’est une question fondamentale qui est posée : celle de la responsabilité individuelle. En cherchant à punir «préventivement» la famille d’un suspect, sans démonstration de leur implication, l’exécutif américain foule aux pieds un principe fondateur du droit moderne : nul ne peut être tenu responsable des actes d’autrui.
Ce principe n’est pas une abstraction. Il est l’un des piliers historiques du droit américain, affirmé dès la Révolution de 1776, consolidé dans la Constitution de 1787 et le Bill of Rights de 1791. Il marque une rupture avec les pratiques du droit colonial britannique, où les familles pouvaient être collectivement punies. Tout au long du XIXe siècle, les États-Unis ont renforcé ce socle :
• en limitant les peines collectives;
• en exigeant un procès équitable pour chaque accusé;
• et en ancrant la responsabilité pénale dans les actes individuels, et non dans les appartenances ou les liens familiaux.
Une dérive qui inquiète jusque dans les rangs républicains
Si la mesure a suscité les applaudissements des cercles trumpistes les plus radicaux, elle a provoqué malaise et inquiétude jusque chez certains juristes conservateurs, attachés à la tradition constitutionnelle américaine. Car il ne s’agit pas d’une simple expulsion administrative, mais bien d’un précédent grave : punir une femme et cinq enfants pour un acte qu’ils n’ont, à ce jour, ni commis ni aidé.
En agissant ainsi, le président Trump ne protège pas le droit américain : il le tord, le dénature, et l’exhibe comme un instrument de vengeance collective, au mépris de la justice individualisée que les États-Unis ont toujours prétendu incarner.
Une décision suspendue, mais pas encore annulée
Grâce à la décision conservatoire du juge fédéral, la famille Soliman reste pour l’heure protégée. Mais la menace demeure. Et au-delà de ce cas précis, une question plus large se pose : que reste-t-il de l’État de droit lorsque l’émotion politique prime sur les principes juridiques ? Que devient la démocratie lorsqu’un tweet peut valoir sentence ?
En un seul geste, Donald Trump a ramené la justice américaine deux siècles en arrière. Il faudra bien plus que l’intervention d’un juge pour éviter qu’elle n’y reste.
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