Tunisie │ Les exportations dérivés de dattes triplent en cinq ans
La Tunisie figure aujourd’hui parmi les trois plus grands exportateurs de dattes au monde en termes de valeur. Dans les zones oasiennes, les revenus de la majorité de la population dépendent du palmier dattier, en particulier de la variété Deglet Nour, véritable produit de terroir et source de fierté nationale. Ces dernières années, la Tunisie s’emploie également à devenir un acteur majeur dans l’exportation de produits dérivés de la datte. Ces produits à forte valeur ajoutée ciblent notamment les marchés de niche, où ils peuvent être proposés comme alternatives naturelles au sucre.
Dans ce cadre, un programme de promotion public-privé a été lancé fin 2020 sous le logo «Made from Dates – Origin Tunisia», à l’initiative du groupement Gidattes en collaboration avec la Direction générale des industries alimentaires au ministère de l’Industrie et le Cepex avec l’appui du projet Pampat, mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel (Onudi) et financé par le secrétariat d’État à l’Économie Suisse (Seco).

Visibilité accrue des dérivés de dattes
Ce programme a permis d’offrir une visibilité accrue aux produits dérivés de dattes sur la scène internationale, grâce à des participations à des salons agroalimentaires en Allemagne et en France, à des rencontres de mise en relation commerciale en Italie, en Suède et en Norvège, ainsi qu’à des actions gastronomiques menées avec des chefs de renommée internationale. Des campagnes médiatiques ciblées dans la presse spécialisée agroalimentaire ont également été réalisées.
Grâce à ce dynamisme et d’après une enquête menée auprès de 47 entreprises, les exportations de dérivés de datte ont triplé en cinq ans, positionnant la filière comme un sous-secteur stratégique en pleine expansion. «Nous assistons à une véritable explosion de la filière depuis 2020», témoigne Noureddine Saidi, gérant de la société Bio Origin Fruits. «La demande est grandissante sur nos produits et nous estimons que les exportations de dérivés de dattes tunisiennes vont encore tripler à l’horizon 2030», ajoute-t-il.
Depuis 2020, les investissements réalisés dans cette filière naissante ont avoisiné les 15 millions de dinars. Ils ont été réalisés à la fois par de nouvelles entreprises spécialisées dans la valorisation et la transformation des dattes, ainsi que par des stations de conditionnement de dattes existantes souhaitant intégrer cette activité dans leurs plans d’affaires.
900 emplois, dont 85% occupés par des femmes

En l’espace de cinq ans, le nombre de sociétés engagées dans cette chaîne de valeur a plus que doublé. Ce développement a généré plus de 900 emplois, dont 85 % occupés par des femmes.
Les produits dérivés de dattes sont majoritairement issus des écarts de tri des dattes fraîches, qui représentent aujourd’hui environ 30% de la production. Avec les effets du changement climatique, la qualité des dattes est en train de changer, ce qui augmente la disponibilité de matière première pour la transformation. Ces écarts, acquis à des prix très bas, peuvent voir leur valeur multipliée par cinq après transformation. La chaîne de valeur des produits dérivés s’avère ainsi beaucoup plus rentable à l´exportation que celle des dattes fraîches. De plus, la durée de conservation prolongée des dattes transformées offre une plus grande flexibilité en matière de stockage et de commercialisation, renforçant davantage l’attractivité économique de cette filière en pleine croissance.
«Il y a quelques années, la transformation des dattes était juste un moyen pour valoriser les écarts de tri des dattes de la variété Deglet Nour au niveau des stations de conditionnement. » affirme Jezia Lahmar, gérante de la société Imen Robb. «Aujourd’hui, c’est devenu une industrie à part entière qui a ouvert de nouveaux horizons pour valoriser également des variétés communes à valeur marchande moyenne mais à fort potentiel de transformation telles que la variété Alig ou la variété Kenkichi qui commence à avoir plus de valeur et susciter de nouveau l’intérêt des agriculteurs lors de l’installation de nouvelles palmeraies, ce qui est certainement en faveur de la biodiversité», souligne-t-elle.
La filière ne se contente plus de diversifier les intrants, elle élargit également sa gamme de produits finis. Longtemps centrée sur quelques références classiques comme la pâte de dattes, le sirop, la poudre ou les dattes coupées, elle connaît aujourd’hui une évolution marquée vers une offre plus variée. Cette diversification, appuyée par le Pampat à travers du coaching et des formations, a permis le développement de produits innovants tels que des crèmes à tartiner, des confitures, du vinaigre, des barres énergétiques, et bien d’autres encore.

Un levier de développement durable
Le potentiel de la datte s’étend également au secteur cosmétique, où l’huile de noyaux de dattes suscite un intérêt croissant en tant que véritable élixir de beauté. M’barka Mbarki, fondatrice de la marque Oasissia spécialisée dans l’extraction de l’huile de noyaux de dattes témoigne : «Les noyaux de dattes étaient considérés comme déchets, mais pour moi ils sont de vrais trésors. J’ai fondé ma marque en 2020 et je propose une huile de noyaux de dattes extraite à froid de très haute qualité. Mon produit est très demandé par les entreprises de la cosmétique et les établissements touristiques qui la proposent à leurs clients comme un produit de soin aux bienfaits multiples.»
La Tunisie a pleinement reconnu le potentiel stratégique de cette filière émergente et s’engage résolument sur la voie de la qualité, de l’innovation et du respect de l’environnement. En 2021, elle est ainsi devenue le premier pays au monde à publier une norme technique pour la poudre de dattes, une initiative pionnière qui témoigne de sa volonté de structurer durablement le secteur.
La disponibilité croissante de matière première, la demande internationale en constante progression et l’engagement des entreprises tunisiennes à conquérir de nouveaux marchés chaque année sont autant d’indicateurs prometteurs. Tous les signaux sont réunis pour faire des dérivés de dattes un levier de développement durable, d’emploi et de valorisation du patrimoine agricole tunisien.
Communiqué.
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