L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a facilité le retour volontaire de 196 migrants de Tunisie vers leur pays d’origine, soulignant ainsi son engagement continu en faveur d’un rapatriement sûr et digne, leur réintégration durable dans leur pays d’origine, en leur donnant espoir et la possibilité de prendre un nouveau départ. Plus de 3 700 migrants illégaux ont quitté le pays depuis le début de l’année.
Dans un communiqué publié le 10 juin 2025, l’OIM a précisé que 149 bénéficiaires sont rentrés en Guinée Conakry et 47 en Côte d’Ivoire.
Ces opérations font partie intégrante du programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR), mis en œuvre par l’OIM en étroite coordination avec les autorités tunisiennes et les bureaux de l’OIM dans les pays de retour.
Cette collaboration garantit que chaque retour se déroule de manière humaine, sûre et digne, en privilégiant le bien-être et les perspectives d’avenir des bénéficiaires.
Le programme AVRR, indique le communiqué, offre une bouée de sauvetage essentielle aux migrants qui souhaitent rentrer chez eux et reconstruire leur vie. Leurs histoires incarnent l’espoir et la détermination qui animent ces parcours.
Beaucoup de migrants illégaux, qui font face à de grandes difficultés pour survivre dans les pays de transit, et faute de pouvoir émigrer par voie maritime vers l’Europe, décident de bénéficier de ce mécanisme du retour volontaire, qui leur permet, ainsi qu’à leurs conjoints et enfants, un retour digne et des perspectives de relance dans la vie.
Une réponse efficace aux menaces posées par la diffusion de fausses informations nécessite une coopération étroite entre les pays de l’Union européenne (UE) et leurs partenaires. C’est ce qu’ont déclaré les participants à la conférence organisée mercredi 11 juin 2025 par l’ambassade de Pologne à Tunis sur le thème : «Lutte contre la désinformation : menaces, stratégies et bonnes pratiques».
La prolifération de la désinformation est devenue une menace sérieuse pour de nombreux pays, dont ceux de l’UE, a déclaré l’ambassadrice de Pologne en Tunisie, Justyna Porazińska, lors de la réunion à laquelle ont participé les ambassadeurs de l’UE à Tunis et plusieurs experts tunisiens et étrangers des médias et de la communication. Il est nécessaire de trouver des solutions efficaces pour «enrayer l’hémorragie» de fausses informations et de mettre en place des mécanismes pour endiguer leur propagation, a-t-elle souligné.
Lutter contre ces contenus, qui compromettent la démocratie et la stabilité de nombreuses sociétés à travers le monde, nécessite d’éduquer les jeunes, de sensibiliser le public à leurs dangers et de renforcer la capacité des médias à distinguer les informations factuelles des rumeurs, ont souligné les participants.
L’ambassadeur de l’UE en Tunisie, Giuseppe Perrone, a déclaré que tous les États doivent s’unir pour lutter contre l’utilisation abusive de l’information et la propagation de fausses nouvelles à des fins purement politiques. L’UE a mis en place une série de mécanismes de lutte contre la désinformation afin de préserver la stabilité de ses membres et de leurs partenaires, a-t-il rappelé. Ces outils comprennent des programmes de soutien au journalisme et aux médias indépendants, l’adoption de cadres législatifs pour la vérification des informations circulant dans l’espace public, et des outils diplomatiques pour freiner la propagation de fausses informations.
L’UE, a-t-il ajouté, travaille actuellement avec ses partenaires à la mise à jour de ces mécanismes, ce qui devrait permettre de surveiller l’évolution des sources de fausses nouvelles et des canaux par lesquels elles sont diffusées.
M. Perrone a également exprimé des inquiétudes croissantes concernant l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la désinformation et la vitesse à laquelle les contenus trompeurs se propagent et son impact sur les sociétés.
Facebook diffuse de fausses informations sur Gaza
De son côté, le professeur et expert en communication et désinformation Karim Bouzouita a déclaré que la désinformation a désormais structuré nos sociétés et l’imaginaire collectif, d’autant plus que la presse, autrefois «chien de garde» chargé de filtrer le vrai du faux, a vu son rôle diminuer. Les fausses nouvelles se sont multipliées avec l’émergence d’entreprises spécialisées dans leur production, a-t-il indiqué, citant Facebook, qui a, selon lui, acquis une entreprise spécialisée dans la désinformation et l’espionnage numérique, dans le seul but de diffuser de fausses informations sur Gaza.
La solution réside dans l’enseignement de l’éducation aux médias et à l’information (EMI) pour aiguiser le sens critique des jeunes, combiné à une réduction, voire une interdiction, de leur accès aux réseaux sociaux où prolifèrent les contenus trompeurs, a-t-il conclu.
La deuxième édition de la conférence académique de l’Observatoire national tunisien des migrations (ONM), se tient à Tunis les 12 et 13 juin 2025. Cet événement vise à renforcer les liens entre le monde de la recherche académique et les institutions en charge des politiques migratoires, en favorisant le dialogue et le partage des connaissances sur les dynamiques en relation avec la migration en Tunisie
Parmi les thématiques étudiées par les intervenants tunisiens et étrangers : «Migration, coopération et développement socio-économique»; «Le contexte migratoire dans l’espace euro-méditerranéen à l’épreuve des politiques migratoires européennes»; «Logiques du partenariat migration et développement entre la Tunisie et l’UE : entre intentions et réalités» ; «Encadrement juridique des transferts de fonds migratoires et le développement socio-économique en Tunisie» ; «Transferts de fonds, investissement transnational et développement socioéconomique – Leçons apprises et recommandations de politiques publiques» ; «Migration, protection et déterminants sociaux de la migration»; «La gestion des migrations en Tunisie : entre engagements politiques et humanitaires à l’international et dimensions socio-politiques en interne»; «Les enfants migrants provenant des pays subsahariens en Tunisie: quelles protections et quelles perspectives ?»; «La protection sociale décourage-t-elle les intentions de migration ? Étude causale pour la Tunisie»; «Le droit d’accès à la santé par les personnes migrantes. Entre reconnaissance et restrictions».
La coopération entre les armées tunisienne et italienne et la diversification de ses axes d’intervention ont été au cœur de la rencontre, le 12 juin 2025, à Tunis, entre le ministre de la Défense, Khaled Shili, et le général Carmine Masiello, chef d’état-major de l’armée de terre italienne, au siège du ministère.
Selon un communiqué du ministère de la Défense, M. Shili a salué les liens d’amitié historiques et de qualité entre la Tunisie et l’Italie, notamment ces dernières années, réaffirmés lors de la rencontre avec son homologue italien à l’occasion de la clôture de la réunion de la Commission militaire mixte tuniso-italienne.
«Les deux parties partagent une vision commune de la paix dans la région et une volonté commune de relever les défis actuels», poursuit le communiqué.
À cette occasion, M. Shili a exprimé l’espoir de voir cette coopération évoluer vers un partenariat continu et fructueux entre les deux pays amis, notamment dans les domaines de la formation, des exercices conjoints, de la santé militaire, de l’hydrographie et des projets de développement. Le ministre Shili a ensuite souligné l’importance d’assurer la mise en œuvre des programmes de coopération bilatérale, compte tenu des opportunités qu’ils offrent pour renforcer davantage cette coopération, notamment dans le développement des capacités opérationnelles des armées des deux pays dans un climat de confiance et de respect mutuels.
Shili a également salué les efforts de la partie italienne et le soutien apporté à la réalisation et au lancement de projets intégrés dans les zones désertiques, tels que la revitalisation des régions de Rjim Maâtoug et d’El-Modeth (gouvernorat de Kébili), deux exemples réussis de projets de développement intégré.
Grâce au financement italien, ces projets ont transformé la zone, autrefois désertique et aride, en oasis de palmiers et zones habitées offrant une vie digne à leurs habitants.
De son côté, Masiello a exprimé sa profonde appréciation pour le niveau de coopération tuniso-italienne dans le domaine militaire, affirmant la volonté de l’Italie de poursuivre ses efforts pour élargir son champ d’action afin d’améliorer les capacités opérationnelles des institutions militaires des deux pays et de servir les intérêts des deux peuples amis.
Le chef d’état-major de l’armée tunisienne et l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, ont assisté à la réunion.
Dans un monde en pleine mutation, le réseau Inspiring Leaders for Africa (Ila Network) organise ce jeudi 13 juin 2025 au Startup Village (Immeuble Saadi, El-Menzah 4, Ariana), l’événement CréAfrique 2025, qui réunit dix experts de renom afin de partager leurs réflexions et visions, et définir les contours du Smart Village africain.
CréAfrique invite à imaginer l’avenir des territoires africains sous le prisme d’une vision optimiste, enracinée et ambitieuse, centrée sur le concept novateur du Smart Village. Ce modèle de développement intègre innovation, ancrage culturel, autonomie et coopération, en alliant intelligence collective, héritage culturel et innovation technologique, afin de contribuer à construire un avenir plus juste et prospère pour le continent.
Deux panels stratégiques vont essayer de définir les fondamentaux du Smart Village : deux séquences de réflexion majeures, destinées à explorer en profondeur les défis et opportunités du développement africain. Le 1er panel, qui porte sur «Les fondamentaux d’un territoire durable, moderne et autonome», discutera des leviers essentiels pour bâtir le Smart Village, en abordant des thématiques cruciales telles que les infrastructures durables et intelligentes, l’agriculture souveraine et circulaire, ainsi que les systèmes de santé accessibles et intelligents.
Le second panel, qui portera sur «Gouvernance durable pour un territoire intelligent», se concentrera sur les modalités de mise en œuvre, en explorant la gouvernance participative et transparente, le rôle transformateur des médias, et les mécanismes de financement responsable.
CréAfrique 2025 s’annonce comme une plateforme incontournable pour façonner l’avenir des territoires africains, repenser le continent et construire des Smart Villages pour un avenir durable et inclusif.
Fondé par Me Fatma Attia, avocate engagée pour promouvoir et accompagner les initiatives qui valorisent et transforment l’Afrique, Ila Network vise à renforcer le leadership africain en valorisant les talents du continent et en les connectant à des opportunités économiques, sociales et environnementales durables.
La Tunisie figure aujourd’hui parmi les trois plus grands exportateurs de dattes au monde en termes de valeur. Dans les zones oasiennes, les revenus de la majorité de la population dépendent du palmier dattier, en particulier de la variété Deglet Nour, véritable produit de terroir et source de fierté nationale. Ces dernières années, la Tunisie s’emploie également à devenir un acteur majeur dans l’exportation de produits dérivés de la datte. Ces produits à forte valeur ajoutée ciblent notamment les marchés de niche, où ils peuvent être proposés comme alternatives naturelles au sucre.
Dans ce cadre, un programme de promotion public-privé a été lancé fin 2020 sous le logo «Made from Dates – Origin Tunisia», à l’initiative du groupement Gidattes en collaboration avec la Direction générale des industries alimentaires au ministère de l’Industrie et le Cepex avec l’appui du projet Pampat, mis en œuvre par l’Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel (Onudi) et financé par le secrétariat d’État à l’Économie Suisse (Seco).
Visibilité accrue des dérivés de dattes
Ce programme a permis d’offrir une visibilité accrue aux produits dérivés de dattes sur la scène internationale, grâce à des participations à des salons agroalimentaires en Allemagne et en France, à des rencontres de mise en relation commerciale en Italie, en Suède et en Norvège, ainsi qu’à des actions gastronomiques menées avec des chefs de renommée internationale. Des campagnes médiatiques ciblées dans la presse spécialisée agroalimentaire ont également été réalisées.
Grâce à ce dynamisme et d’après une enquête menée auprès de 47 entreprises, les exportations de dérivés de datte ont triplé en cinq ans, positionnant la filière comme un sous-secteur stratégique en pleine expansion. «Nous assistons à une véritable explosion de la filière depuis 2020», témoigne Noureddine Saidi, gérant de la société Bio Origin Fruits. «La demande est grandissante sur nos produits et nous estimons que les exportations de dérivés de dattes tunisiennes vont encore tripler à l’horizon 2030», ajoute-t-il.
Depuis 2020, les investissements réalisés dans cette filière naissante ont avoisiné les 15 millions de dinars. Ils ont été réalisés à la fois par de nouvelles entreprises spécialisées dans la valorisation et la transformation des dattes, ainsi que par des stations de conditionnement de dattes existantes souhaitant intégrer cette activité dans leurs plans d’affaires.
900 emplois, dont 85% occupés par des femmes
En l’espace de cinq ans, le nombre de sociétés engagées dans cette chaîne de valeur a plus que doublé. Ce développement a généré plus de 900 emplois, dont 85 % occupés par des femmes.
Les produits dérivés de dattes sont majoritairement issus des écarts de tri des dattes fraîches, qui représentent aujourd’hui environ 30% de la production. Avec les effets du changement climatique, la qualité des dattes est en train de changer, ce qui augmente la disponibilité de matière première pour la transformation. Ces écarts, acquis à des prix très bas, peuvent voir leur valeur multipliée par cinq après transformation. La chaîne de valeur des produits dérivés s’avère ainsi beaucoup plus rentable à l´exportation que celle des dattes fraîches. De plus, la durée de conservation prolongée des dattes transformées offre une plus grande flexibilité en matière de stockage et de commercialisation, renforçant davantage l’attractivité économique de cette filière en pleine croissance.
«Il y a quelques années, la transformation des dattes était juste un moyen pour valoriser les écarts de tri des dattes de la variété Deglet Nour au niveau des stations de conditionnement. » affirme Jezia Lahmar, gérante de la société Imen Robb. «Aujourd’hui, c’est devenu une industrie à part entière qui a ouvert de nouveaux horizons pour valoriser également des variétés communes à valeur marchande moyenne mais à fort potentiel de transformation telles que la variété Alig ou la variété Kenkichi qui commence à avoir plus de valeur et susciter de nouveau l’intérêt des agriculteurs lors de l’installation de nouvelles palmeraies, ce qui est certainement en faveur de la biodiversité», souligne-t-elle.
La filière ne se contente plus de diversifier les intrants, elle élargit également sa gamme de produits finis. Longtemps centrée sur quelques références classiques comme la pâte de dattes, le sirop, la poudre ou les dattes coupées, elle connaît aujourd’hui une évolution marquée vers une offre plus variée. Cette diversification, appuyée par le Pampat à travers du coaching et des formations, a permis le développement de produits innovants tels que des crèmes à tartiner, des confitures, du vinaigre, des barres énergétiques, et bien d’autres encore.
Un levier de développement durable
Le potentiel de la datte s’étend également au secteur cosmétique, où l’huile de noyaux de dattes suscite un intérêt croissant en tant que véritable élixir de beauté. M’barka Mbarki, fondatrice de la marque Oasissia spécialisée dans l’extraction de l’huile de noyaux de dattes témoigne : «Les noyaux de dattes étaient considérés comme déchets, mais pour moi ils sont de vrais trésors. J’ai fondé ma marque en 2020 et je propose une huile de noyaux de dattes extraite à froid de très haute qualité. Mon produit est très demandé par les entreprises de la cosmétique et les établissements touristiques qui la proposent à leurs clients comme un produit de soin aux bienfaits multiples.»
La Tunisie a pleinement reconnu le potentiel stratégique de cette filière émergente et s’engage résolument sur la voie de la qualité, de l’innovation et du respect de l’environnement. En 2021, elle est ainsi devenue le premier pays au monde à publier une norme technique pour la poudre de dattes, une initiative pionnière qui témoigne de sa volonté de structurer durablement le secteur.
La disponibilité croissante de matière première, la demande internationale en constante progression et l’engagement des entreprises tunisiennes à conquérir de nouveaux marchés chaque année sont autant d’indicateurs prometteurs. Tous les signaux sont réunis pour faire des dérivés de dattes un levier de développement durable, d’emploi et de valorisation du patrimoine agricole tunisien.
De retour en France, hier, 12 juin 2025, après une détention de quelques jours en Israël, Rima Hassan a reçu un accueil populaire chaleureux lors d’un immense rassemblement propalestinien à la Place de la République, à Paris. La militante franco-palestinienne refuse de baisser les bras. Et annonce que le prochain bateau humanitaire destiné à briser le blocus israélien sur Gaza est bientôt prêt à appareiller.
Le voilier Madleen, intercepté ce mois de juin par l’armée israélienne dans les eaux internationales, n’a pas réussi sa mission, mais la Flottille de la Liberté ne renonce pas. Rima Hassan, eurodéputée et coordinatrice de cette action, insiste : «Nous préparons déjà le prochain départ. Ce blocus inhumain doit cesser, et nous continuerons à porter la voix des Gazaouis.»
Cette opération vise à acheminer une aide vitale — médicaments, nourriture, matériel médical — dans une bande de Gaza toujours plus isolée et en crise humanitaire aiguë. Le blocus, dénoncé par de nombreuses ONG et acteurs internationaux, prive la population civile d’un accès crucial aux ressources de base.
Avec ce nouveau départ imminent, la Flottille de la Liberté compte bien renouveler la pression politique et médiatique sur Israël et la communauté internationale.
Rima Hassan appelle à une mobilisation mondiale plus forte pour garantir le passage sûr de ces convois humanitaires.
La Tunisie a accueilli, en 2024, 170 000 curistes dans ses 60 centres spécialisés en thalassothérapie, en majorité des touristes étrangers. Elle est deuxième destination mondiale pour la thalassothérapie, après la France.
Selon l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie (ONTH), la France reste le principal marché émetteur, avec 40 % des arrivées en Tunisie.
Moufida Ben Nasr Ayadi, responsable de la communication de l’ONTH, a déclaré à la radio nationale que la Tunisie comptait également 63 stations thermales traditionnelles, dont les célèbres Hammam Zriba, Hamma Gabès et Korbous.
Les cures thermales aux eaux minérales chaudes ont été particulièrement populaires en 2024, avec 5 millions de visiteurs enregistrés dans tout le pays.
Par ailleurs, les sept établissements de thalassothérapie modernes ont attiré à eux seuls 70 000 clients.
Le secteur de l’hydrothérapie compte 390 centres répartis dans les principales villes et de nombreux hôtels. Ce segment a attiré environ 1,2 million de personnes en 2024.
La Tunisie participe cette année à la 79e édition du Festival d’Avignon (France), l’une des plus grandes manifestations internationales du spectacle vivant contemporain, qui se déroulera du 5 au 26 juillet 2025, avec une programmation artistique portée par l’association L’Art Rue et les deux artistes chorégraphes Selma et Sofiane Ouissi.
A travers un spectacle chorégraphique inédit, ‘‘Laaroussa Quartet-un corps libre qui invente son propre geste’’, et deux films documentaires ‘‘Sejnane, là où naît le geste’’ et ‘‘Wajdan’’, cette présence tunisienne entre en résonance avec les spectacles de la langue invitée de cette édition, qui met à l’honneur l’arabe, «langue de lumière, de dialogue, de connaissance et de transmission».
Des gestes ancestraux
Depuis plus de deux décennies, le duo Selma et Sofiane Ouissi explore le savoir-faire unique des femmes potières de Sejnane (nord-est de la Tunisie), inscrit depuis 2018 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Dans le cadre de cette participation, ils présenteront leur toute nouvelle création chorégraphique, ‘‘Laaroussa Quartet’’, programmée les 6, 7 et 8 juillet à La FabricA du Festival d’Avignon.
A travers cette œuvre scénique qui fait dialoguer danse, musique, vidéo documentaire et gestes ancestraux, les deux artistes tissent les récits et les gestes des femmes potières de Sejnane, avec ceux des interprètes, dans une écriture chorégraphique qui interroge la mémoire, le territoire et la transmission.
Création à la fois chorégraphique et documentaire, ‘‘Laaroussa Quartet’’ qui interroge la capacité du geste à créer du lien, à transformer la matière et à transcender les frontières sociales, culturelles et géographiques, s’inscrit dans le prolongement de leur aventure qui a commencé en 2011 à Sejnane, allant à la rencontre de ces potières qui se transmettent, de mère en fille, l’art du façonnage des poupées d’argile appelées dans le dialecte tunisien «Laaroussa».
De cette rencontre naît une première partition chorégraphique, interprétée alors par le duo en regardant le geste artisanal comme une expérience esthétique.
Les fondateurs de Dream City proposent dans cette création une relecture confiée à quatre danseuses, prolongeant cette mémoire vivante à travers d’autres corps, dans une démarche de «société rêvée», où le geste, fragile et puissant, devient un acte de résistance.
L’originalité de cette création réside dans sa phase préparatoire : une immersion complète dans l’univers des potières de Sejnane, qui ont transmis leur gestuelle aux interprètes. Parmi elles, la doyenne disparue, Jemaa Selmi, ou «Ommi Jemaa», dont la présence a profondément marqué la genèse du projet.
La distribution réunit Amanda Barrio Charmelo, Sondos Belhassen, Marina Delicado Bellmunt, Moya Michael et Chedlia Saidani. La dramaturgie sonore et musicale est assurée par Tom Pauwels, avec une composition d’Aisha Orazbayeva.
‘‘Laaroussa Quartet’’ est une production de Dream City 2025 en coproduction avec le Festival d’Avignon, Charleroi danse-Centre chorégraphique de Wallonie-Bruxelles, Ictus Ensemble, KVS (Bruxelles) avec le soutien du Théâtre national tunisien (TNT) et de la Sharjah Art Foundation.
Sejnane , là où naît le geste
En parallèle, la programmation «Les Territoires cinématographiques» du festival, prolonge les réflexions du spectacle vivant à travers le prisme du cinéma. Ce rendez-vous quotidien propose des projections suivies de rencontres avec des artistes, chorégraphes, cinéastes, critiques ou journalistes invités au festival. Dans ce contexte, deux films liés à ‘‘Laaroussa Quartet’’ offriront aux cinéphiles l’occasion de découvrir le processus créatif de ce projet choréo-documentaire.
Le premier, ‘‘Sejnane, là où naît le geste’’, programmé pour une projection-débat le 11 juillet prochain est un documentaire expérimental de trente minutes qui témoigne du savoir-faire des femmes potières de Sejnane, de leurs gestes quotidiens et de leurs résistances silencieuses. Conçu comme un choréo-documentaire réunissant quatre interprètes, film et musique, il s’inspire de gestes millénaires transmis directement aux artistes par les femmes berbères de Sejnane. Il en résulte une œuvre sensible, où artisanat, danse, cinéma et sonorité s’unissent pour révéler «un corps libre qui invente son propre geste».
Le second film, ‘‘Wajdan’’, est un long-métrage documentaire réalisé en 2020, sur commande du Guggenheim Museum Abu Dhabi. Il interroge la place des artistes en période de crise. Pour ce projet, Selma et Sofiane Ouissi ont dirigé à distance cinq artistes femmes filmées chez elles avec leurs téléphones portables. Elles répondent à la voix de Wajdan, une réfugiée syrienne vivant en France, dont le témoignage faisait déjà partie de leur projet artistique ‘‘Le Moindre Geste’’.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a souligné l’obligation d’obtenir une autorisation préalable pour se rendre sur son territoire, notamment dans la région frontalière adjacente à Gaza (la ville d’Al-Arish et le point de passage de Rafah).
Cette décision fait suite aux récentes demandes et interrogations concernant les délégations étrangères souhaitant accéder à la zone.
Dans un communiqué publié mercredi soir, 11 juin 2025, le ministère a souligné l’importance du respect des lois et réglementations d’entrée en Égypte, notamment l’obtention préalable de visas ou des autorisations nécessaires.
Le ministère a indiqué que la seule façon pour les autorités égyptiennes d’examiner ces demandes est de suivre les procédures réglementaires établies, en vigueur depuis le début de la guerre à Gaza.
Il s’agit notamment de soumettre des demandes officielles au ministère des Affaires étrangères par l’intermédiaire des ambassades égyptiennes à l’étranger, des ambassades étrangères au Caire ou des représentants d’organisations.
Le communiqué a souligné que de nombreuses visites de délégations étrangères, gouvernementales et non gouvernementales de défense des droits humains, ont déjà été facilitées grâce à ces procédures.
Le ministère a souligné que le respect de ces règles est crucial pour garantir la sécurité des délégations en visite, compte tenu de la situation sécuritaire délicate dans la zone frontalière depuis le début de la crise de Gaza.
Il a également affirmé que toute demande ou tout appel sortant du cadre officiel ne sera pas pris en compte.
Par ailleurs, le convoi «Soumoud pour briser le siège de Gaza et mettre fin au génocide», parti de Tunisie le 9 juin, a atteint la ville libyenne de Zliten. Selon le militant Jawhar Chenna, le convoi vise à créer un «pont humain» pour soutenir les Palestiniens, en coordination avec les défenseurs de la cause palestinienne et les bénévoles.
Dans un communiqué publié mercredi, le comité d’organisation du convoi a confirmé avoir contacté l’ambassadeur d’Égypte à Tunis avant son départ, l’assurant lors d’une réunion officielle que, s’il était autorisé à atteindre le point de passage de Rafah, il respecterait pleinement la souveraineté et les lois égyptiennes, son message étant adressé uniquement contre «l’ennemi sioniste».
Le comité a précisé que son engagement avec les autorités égyptiennes se limite strictement à la coordination juridique, administrative et sécuritaire concernant le passage du convoi.
Réviser plusieurs lois relatives à la fiscalité pour garantir davantage de justice sociale, et rouvrir les vannes des recrutements dans le secteur public pour lutter contre le chômage : telles sont les principales orientations de la loi de finances et du budget de l’État pour 2026. La crainte est que, pour financer les dépenses qui seront programmées, on recourra aux mêmes leviers utilisés jusque-là, à savoir la hausse d’impôt et l’endettement extérieur.
Le président Kaïs Saïed l’a déjà annoncé dans de nombreuses déclarations, et c’est au tour de la Première ministre Sarra Zaafrani Zenzeri de le rappeler au cours d’un conseil des ministres qu’elle a présidé mercredi 11 juin 2025 au Palais du gouvernement à la Kasbah.
La Première ministre a souligné que la loi de finances 2026 doit incarner une vision stratégique et servir d’outil de mise en œuvre des politiques publiques dans le cadre du programme économique et social de l’État. Ce programme vise à concilier croissance économique et justice sociale, conformément au Plan de développement 2026-2030, qui reflétera la volonté populaire, a-t-elle déclaré, en soulignant que les choix nationaux sont les seuls à même de répondre aux attentes de la population.
Etat social et hausse d’impôt
La Première ministre a insisté sur la nécessité d’une nouvelle approche pour l’élaboration de la loi de finances 2026, qui aille au-delà des solutions temporaires et des demi-mesures. Elle doit plutôt refléter la vision de l’État consistant à renforcer les fondements de l’État social, tout en garantissant la justice fiscale et l’équité sociale, en augmentant le pouvoir d’achat, en équilibrant la croissance économique avec la justice sociale et en augmentant le taux de croissance économique en stimulant l’investissement et en établissant un cadre social et économique approprié pour la phase de construction et de construction.
Mme Zaafrani Zenzeri a également souligné que toutes les politiques économiques de l’État doivent respecter des principes fondamentaux, notamment la préservation de la souveraineté nationale et l’indépendance décisionnelle.
Parallèlement, l’État doit rester ouvert à l’environnement régional et international de la Tunisie afin de soutenir et de consolider les décisions nationales concernant le rôle social de l’État et la promotion du développement local, régional et territorial, a-t-elle déclaré dans le même communiqué.
Le Conseil des ministres a défini les priorités suivantes pour le budget 2026 :
– renforcer l’État social en élargissant le soutien aux groupes vulnérables et à faibles revenus, tout en promouvant les mécanismes d’autonomisation économique qui bénéficient particulièrement à ces groupes, afin d’améliorer les conditions de vie;
– développer les ressources propres de l’État en poursuivant une politique d’autonomie, en réduisant l’évasion fiscale, en intégrant l’économie informelle et en diversifiant les sources de financement du budget de l’État, conformément à une nouvelle vision;
– promouvoir l’emploi, améliorer le niveau de vie et renforcer le système de protection sociale, tout en valorisant le capital humain, ce qui peut être réalisé en promouvant la justice sociale, en maintenant le pouvoir d’achat des groupes vulnérables et à revenu moyen et en fournissant un plus grand soutien social aux groupes vulnérables, ainsi qu’un accompagnement et un soutien aux créations d’entreprises;
– mettre en œuvre des mesures visant à améliorer les revenus, renforcer les mécanismes d’intégration économique et sociale, créer des emplois, offrir des conditions de travail décentes, éliminer l’emploi précaire, faciliter l’accès au logement, renforcer la cohésion sociale, améliorer tous les services publics et développer le système de sécurité et de couverture sociale;
– promouvoir l’investissement dans le cadre d’une approche globale fondée sur la libéralisation de l’entrepreneuriat et l’amélioration du climat des affaires, afin que l’investissement public stimule l’investissement privé et accélère la croissance économique;
– accélérer l’interconnectivité et faire de la transformation numérique de l’administration un outil de modernisation, de transparence, de facilitation des transactions et d’ouverture de perspectives pour soutenir l’économie numérique;
– investir dans des programmes de développement régional fondés sur des principes constitutionnels stimulera le développement des régions.
Cette approche contribuera à la formulation des priorités régionales, en commençant par les propositions de programmes et de projets au niveau des conseils locaux, puis en passant par les conseils régionaux et de district, jusqu’au niveau national. Le plan de développement pour la période 2026-2030 sera élaboré sur cette base éminemment sociale. Les dépenses liées au développement constituent un levier essentiel pour stimuler la croissance économique et attirer les investissements privés, notamment aux niveaux régional et de district.
Et la relance économique ?
Lors du Conseil des ministres, il a été souligné que ce projet repose sur un ensemble de principes visant à renforcer les piliers de l’État social, à maintenir l’équilibre financier et à améliorer l’efficacité de la performance publique dans divers secteurs.
Les principes de base les plus importants incluent la simplification des procédures pour les Tunisiens à l’étranger, le soutien au financement des start-ups et des entreprises communautaires et le financement des entreprises actives dans les secteurs de l’économie verte, bleue et circulaire.
Voilà donc pour les orientations, généreuses s’il en est, et qui sont inspirées par une volonté de réduire le gap entre les différentes couches sociales. Reste qu’on peut toujours donner davantage à ceux qui en ont le plus besoin, encore faut-il avoir un bon matelas financier, donc des recettes, fiscales et autres, et ne pas recourir seulement aux deux principaux leviers utilisés jusque-là, la hausse d’impôt et l’endettement extérieur, dont les effets sont souvent négatifs, et aggravent la récession économique dont souffre le pays depuis 2011.
On aurait souhaité voir l’Etat opter pour une loi de finances et un budget de l’Etat plutôt tournés vers la relance économique, la maîtrise des dépenses publiques et l’impulsion de l’investissement, de manière à créer une richesse susceptible d’être partagée. Etant entendu que le partage de la pauvreté n’a jamais été une bonne politique.
La Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) a annoncé, mercredi soir, 11 juin 2025, l’échec des négociations avec la partie syndicale, qui a décidé d’observer une grève les jeudi 12 et vendredi 13 juin 2025.
Toutefois, la SNCFT a assuré, dans un communiqué, que toutes les mesures ont été prises pour garantir le transport des citoyens, sans préciser si elle va procéder aux réquisitions des employés pour assurer le trafic ferroviaire.
Alors que police de l’immigration américaine fait des arrestations massives dans plusieurs secteurs de Los Angeles où se trouvent une grande population de migrants provenant de l’Amérique latine, de très grandes manifestations ont lieu pour s’y opposer. Donald Trump a décidé de mobiliser la Garde nationale et les Marines pour faire face à ces manifestations qui se tiennent dans une ville et un État profondément démocrate en l’occurrence la Californie. Pire, le président américain appelle à l’arrestation du gouverneur Gavin Newsom qui est en train de devenir la figure de proue de l’opposition à son pouvoir.
Imed Bahri
Dans une analyse publiée dans le New York Times, l’éditorialiste Michelle Goldberg décrit avec acuité ce qu’elle perçoit comme les signes d’un autoritarisme sous la présidence de Trump. Elle exprime sa vive inquiétude depuis la réélection de de dernier et surtout aujourd’hui alors qu’il fait appel à l’armée pour faire face aux manifestations qui se tiennent à Los Angeles contre les expulsions massives des migrants ce qui pourrait conduire les États-Unis à l’application de la loi martiale.
Goldberg souligne que, même dans les scénarios les plus pessimistes, elle n’a jamais imaginé que Trump déploierait des forces militaires dans les rues d’une ville américaine contre la volonté des autorités locales, simplement pour répondre à des manifestations relativement modestes comme ce fut le cas la semaine dernière à Los Angeles. Il est devenu clair que Trump n’a pas besoin d’une véritable crise pour lancer une répression autoritaire, il peut tout simplement la créer.
Goldberg reconnaît que certains manifestants ont agi violemment, ce qui, selon elle, est contraire à l’éthique et contre-productif et in fine profite au pouvoir. Toute attaque contre des biens publics comme l’incendie de stations de taxis ou le vandalisme de vitrines fait le jeu de l’administration et lui fournit un prétexte à utiliser pour tenter de justifier ses méthodes musclées.
L’éditorialiste estime cependant que l’affirmation selon laquelle la ville traversait un dangereux état de chaos justifiant une intervention militaire est une pure fiction. Samedi soir, la police de Los Angeles a publié un communiqué déclarant: «Aujourd’hui, les manifestations dans la ville étaient pacifiques et nous félicitons tous ceux qui ont exercé leurs droits constitutionnels de manière responsable».
En dépit de cette affirmation, Trump a outrepassé l’autorité du gouverneur de Californie Gavin Newsom et a fédéralisé la Garde nationale de l’État invoquant une loi rare qui n’est activée qu’en cas d’insurrection ou de menace d’insurrection contre l’autorité du gouvernement des États-Unis.
Trump ne s’était pas arrêté là. Il avait décidé d’envoyer 700 Marines aux côtés des milliers de soldats de la Garde nationale déjà déployés. Malgré ce renforcement militaire, la LAPD (police de Los Angeles) a exprimé son opposition à cette présence, le chef de la police Jim McDonnell a déclaré: «L’arrivée des forces fédérales à Los Angeles sans coordination claire représente un défi logistique et opérationnel important».
Cependant, la protection de la ville n’a jamais été le véritable objectif de Trump. Les manifestations n’ont plus besoin d’être violentes pour être qualifiées de «soulèvement illégal». L’appel à la Garde nationale intervient normalement pour faire face aux actes de violence et aux manifestations qui entravent le maintien de l’ordre mais dans ce cas, la définition de menace s’est élargie aux manifestations même pacifiques.
Goldberg cite un exemple datant du mois de mai quand des agents fédéraux armés ont pris d’assaut deux restaurants italiens populaires de San Diego maîtrisant les employés et arrêtant quatre personnes. Une foule en colère s’est rassemblée devant les restaurants scandant «Honte» et a empêché les clients de partir pendant un certain temps. Dans la logique actuelle de Trump, ces manifestants pourraient être considérés comme insurrectionnelles et passibles d’une action militaire.
L’éditorialiste insiste sur le fait que la violence sert le discours du pouvoir tandis que la manifestation pacifique est la véritable menace qu’il cherche à réprimer. Elle cite l’appel lancé lundi par Trump à l’arrestation du gouverneur Newsom. Et souligne que tout observateur extérieur aurait conclu à l’instauration de l’autoritarisme s’il avait été témoin de scènes comme l’envoi de troupes pour réprimer la dissidence intérieure, l’arrestation de dirigeants syndicaux et les menaces contre des opposants politiques.
Goldberg pose une question cruciale : Comment peut-on encore convaincre les Américains opposés à l’autoritarisme de se mobiliser?, notant que beaucoup s’attendent à ce que l’affrontement de Los Angeles renforce la popularité de Trump en le présentant comme un défenseur de la loi et de l’ordre surtout qu’il a le don de créer des scènes conflictuelles qui attisent les émotions de ses partisans.
Une opinion instable
Cependant, l’opinion publique américaine reste instable et il est donc essentiel que tous ceux qui ont une tribune -politiciens, anciens combattants, responsables culturels et religieux- saisissent l’occasion pour condamner les excès de l’administration et se mobilisent.
Goldberg note que des responsables comme le chef adjoint de cabinet de la Maison-Blanche Stephen Miller promeuvent l’idée que Los Angeles est «un territoire occupé» invoquant le fait que certains manifestants agitent des drapeaux étrangers. Les Américains qui croient en la démocratie doivent dénoncer ce récit et lui crier au visage: «C’est un mensonge stupide et insultant destiné à justifier une prise de pouvoir dictatoriale».
L’éditorialiste se souvient de ce qui s’est passé en 2020 lorsque Trump a pris une photo devant l’église Saint-Jean après que la police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des manifestants. L’incident a suscité une indignation générale parmi les chefs religieux et les militaires à la retraite et la Maison-Blanche a été contrainte de reculer. Un sondage réalisé à l’époque montrait que deux tiers des Américains tenaient Trump pour responsable de l’exacerbation des tensions.
Dérive vers la dictature
Goldberg prévient que la situation a changé. De nombreux démocrates hésitent à s’engager dans une nouvelle bataille après les pertes politiques subies suite aux réactions négatives contre le mouvement Black Lives Matter et l’immigration clandestine. Cependant qu’un président qui déploie l’armée dans les rues d’une ville américaine sur la base de mensonges invoquant une invasion étrangère imaginaire ne peut être ignoré. Cet événement est l’un des signes les plus évidents de la dérive du pays vers la dictature.
La journaliste indique également que Trump prévoit pour son prochain anniversaire un défilé militaire massif à Washington sous prétexte de célébrer le 250e anniversaire de la fondation de l’armée américaine. Des chars ont été filmés en train de pénétrer dans la ville dans une scène digne d’un cauchemar cinématographique, avec le Lincoln Memorial en toile de fond tragique.
Tout en espérant que la tentative de Trump de réprimer les manifestations déclenchera des contre-manifestations dans tout le pays sous le slogan «Pas de roi», Goldberg estime que le désir de liberté peut être empreint de peur mais ne tolère pas la lâcheté.
«L’humanité commence dans l’homme par le désintéressement», écrivait Amiel. Il n’est de plus grande noblesse que de voir un être humain se lever pour en secourir un autre. Plonger dans les flots pour sauver un naufragé, courir dans une maison en flammes pour en extraire un enfant ou une personne âgée — ces gestes, par leur simplicité héroïque, nous rappellent ce qu’il y a de plus grand en nous. Car sauver l’autre, c’est au fond sauver soi-même. C’est préserver en nous la part humaine, celle que l’égoïsme et l’indifférence s’emploient chaque jour à ronger.
Khémaïs Gharbi *
Ce sursaut d’humanité, nous le voyons aujourd’hui prendre forme dans une initiative concrète, modeste peut-être en apparence, mais immense par la portée symbolique qu’elle recèle : une caravane de solidarité est partie de Tunis, avec à son bord des citoyens tunisiens, algériens, marocains, mauritaniens — et bientôt des Libyens — unis par la seule force de leur conscience et de leur cœur. Leur destination : le poste-frontière de Rafah, entre l’Égypte et Gaza.
Ils ne transportent pas des armes, ni des discours creux. Ils portent avec eux ce que les peuples opprimés attendent le plus du reste du monde : une preuve que leur souffrance n’est pas invisible. Une main tendue. Un regard fraternel. Un cri qui rompt le silence.
Les peuples se lèvent
Depuis plus d’un an, Gaza endure l’insoutenable : famine organisée, blocus total de nourriture, de médicaments, de soins, de logement… et des bombardements quotidiens qui ont déjà fait plus de 160 000 morts et blessés.
Face à ce martyre, les grandes puissances — celles qui ont les moyens d’agir — restent paralysées par des calculs géopolitiques ou des intérêts sordidement matériels. Mais les peuples, eux, ne se taisent pas. Ils se lèvent. Comme toujours dans l’Histoire, ce sont les anonymes, les sans-grades, les consciences éveillées, qui répondent présents.
Partout en Europe et au-delà, des manifestations massives ont dénoncé le blocus de Gaza, l’occupation israélienne, le génocide en cours, et le silence complice des institutions internationales. À peine le bateau Maddalena avait-il été intercepté par l’armée israélienne qu’une nouvelle initiative s’est mise en route, cette fois par voie terrestre.
À Tunis, des femmes et des hommes se sont rassemblés, ont formé une caravane, et pris la direction de la Libye avec un seul but : rejoindre Rafah, non pour «briser» le blocus — ils n’en ont pas les moyens — mais pour dire que Gaza n’est pas seule. Pour rappeler que la solidarité est un devoir moral avant d’être un acte politique. Pour raviver cette flamme humaine qui refuse de s’éteindre, même sous les gravats.
Ce geste est beau. Il est simple. Et il est profondément politique, au sens le plus noble du mot. Il est l’écho d’une tradition ancienne, où l’on allait, sans calcul, secourir ou réconforter l’autre parce qu’il est notre semblable.
À cette caravane, nous disons merci. Merci de nous rappeler que l’honneur n’est pas mort. Merci de réaffirmer, dans un monde de plus en plus indifférent, que l’humanité est encore capable d’élans désintéressés. Puissent vos pas faire vibrer les consciences. Et si vous n’êtes pas autorisés à entrer à Gaza, sachez que vous êtes déjà entrés dans le cœur de ceux qui gardent foi en la justice et en la dignité humaine.
Abdelwahab Meddeb n’est plus, mais il écrit encore. Dix ans après sa disparition, ses carnets refont surface et composent un livre bouleversant de beauté et d’érudition : ‘‘Vers l’Orient. Carnets de voyage de Tanger à Kyoto’’, publié aux éditions Stock. Plus de cinq cents pages de manuscrits, de dessins, de méditations poétiques, de pensées sur l’histoire, les civilisations, les villes et les âmes.
Djamal Guettala
Il y a des auteurs qui écrivent pour publier. Meddeb écrivait pour marcher, pour respirer, pour exister. Dans ses carnets retrouvés par son épouse Amina et sa fille Hind, il y a le monde. Pas le monde qu’on traverse en touriste, mais celui que l’on arpente en lecteur, en mystique laïc, en poète en quête de correspondances.
De Tanger à Kyoto, en passant par Fès, Tolède, Kairouan, Alexandrie, Sarajevo ou Jérusalem, l’auteur trace une carte intérieure où les civilisations dialoguent en silence.
Érudition en mouvement
Chaque étape du voyage est une méditation. Chaque ville, un palimpseste. Meddeb lisait les pierres comme d’autres lisent les livres. Il consigne, en français comme en arabe, dans une graphie soignée, ses impressions, ses émerveillements, ses colères aussi. Les pages sont ornées de croquis, de plans d’architecture, de fleurs séchées ramassées au bord d’un chemin. L’objet-livre est un trésor en soi, magnifiquement préfacé par Arthur H.
Ce ‘‘Vers l’Orient’’ n’est pas une fuite mais un retour. Un retour aux sources, à l’origine du souffle poétique, aux croisements oubliés où l’Islam et l’Europe, l’Afrique et l’Asie se sont fécondés mutuellement.
Meddeb rappelle, sans jamais le dire frontalement, que l’Orient n’est pas l’Autre, mais une part de nous-mêmes. Que la culture musulmane n’est pas un bloc figé mais une vibration, une traversée, une lumière qui voyage.
Le legs d’un passeur
Abdelwahab Meddeb fut poète, romancier (‘‘Talismano’’, ‘‘Phantasia’’), essayiste (‘‘La Maladie de l’islam’’), critique d’art, historien, traducteur, animateur de l’émission ‘‘Cultures d’islam’’ sur France Culture. Il a aussi contribué à la redécouverte de la littérature arabe classique, à la traduction des grands textes soufis, et à l’exploration des liens entre peinture, mystique et modernité.
Ses carnets, patiemment assemblés par son épouse et sa fille, ne forment pas un journal intime mais une géographie mentale. Un texte-monde. Un anti-GPS poétique. On y entre comme on entre dans une bibliothèque ancienne ou une médina endormie. On en ressort avec la sensation d’avoir appris à regarder autrement.
Un livre d’avenir
Ce livre arrive à point nommé. À l’heure où les crispations identitaires et les replis dogmatiques réduisent la pensée à des slogans, ‘‘Vers l’Orient’’ ouvre des fenêtres. Il rappelle que le voyage est un acte de culture, que l’islam n’est pas un mur mais un pont, que la beauté sauve parfois ce que la politique détruit.
Pour tous ceux qui aiment la langue, la lenteur, la marche, la poésie et la civilisation, ce livre est un événement. Meddeb, l’écrivain-marcheur, l’amoureux des livres et des lieux, n’est pas mort. Il nous parle encore. À nous de tendre l’oreille.
‘‘Vers l’Orient. Carnets de voyage de Tanger à Kyoto’’, de Abdelwahab Meddeb, préface Arthur H, éditions Stock, collection «La Bleue», Paris le 21/05/2025, 512 pages.
Dans le cadre du projet ‘Soumoud’ mis en œuvre par Onu-Habitat en Tunisie avec l’appui de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (Aecid), la municipalité de Kerkennah accueille une série d’activités d’échange d’expériences visant à renforcer les capacités locales en matière de résilience climatique urbaine face au changement climatique.
Le projet, mené dans six villes de cinq pays (Bolivie, Colombie, Jordanie, Tunisie et Éthiopie), s’inscrit dans le programme phare mondial Rise Up – Résidences résilientes pour les populations urbaines vulnérables, dont l’ambition est de mobiliser des investissements importants en faveur de l’adaptation urbaine au changement climatique.
Après une première étape organisée à Madrid en mai 2025, la deuxième phase de cet échange a lieu à Kerkennah du 9 au 13 juin 2025. Elle comprend des visites de terrain, des rencontres avec les acteurs municipaux et techniques ainsi qu’une master class organisée à la Faculté des sciences de Sfax, en collaboration avec la municipalité de Kerkennah et l’Université de Sfax.
Experts espagnols au cœur de la transition écologique de Kerkennah
Cette master class, intitulée «Kerkennah en transition : vers une résilience urbaine intégrée, une mobilité verte et des solutions fondées sur la nature», se tient le 12 juin à la Faculté des Sciences de Sfax et rassemble universitaires, étudiants, experts nationaux et internationaux autour de thématiques clés tels que : l’utilisation des données géoréférencées pour la gouvernance territoriale, les approches écosystémiques pour l’adaptation climatique pour les villes, la culture hors-sol et la mobilité durable sur les territoires insulaires.
Cette initiative vise à présenter le rapport d’Analyse des vulnérabilités multi-couches de Kerkennah et à enrichir le Plan d’action climatique de Kerkennah actuellement en cours, tout en renforçant la capacité d’adaptation des territoires insulaires particulièrement vulnérables.
L’échange met également en lumière les bonnes pratiques issues des îles espagnoles comme celles de l’île de Las Palmas, représentée par un expert de la municipalité, ainsi que les innovations locales développées par des chercheurs tunisiens.
Dans le cadre de sa politique d’inclusion urbaine, Onu-Habitat accorde une attention particulière à ne laisser personne de côté, en particulier les sans-abris et les migrants, qui sont de véritables acteurs du changement et de la cohésion au sein des communautés.
Et si la guerre n’était plus seulement l’échec de la diplomatie, mais aussi la réussite silencieuse des marchés financiers ? Dans un monde où les conflits ne sont plus des accidents, mais des variables intégrées aux modèles financiers, il devient urgent de comprendre comment la logique spéculative façonne les dynamiques de sécurité globale. Ce n’est pas une dénonciation, mais une mise en lumière : celle d’un capitalisme contemporain où la paix semble coûter plus cher que la guerre, où les armes ne sont plus seulement des instruments de dissuasion mais des actifs financiers à part entière, et où la géopolitique dialogue en permanence avec les stratégies d’investissement.
Ould Amar Yahya *
Dans un monde façonné par les flux de capitaux, les arbitrages budgétaires et les réseaux d’influence, une question s’impose : jusqu’où la finance internationale contribue-t-elle à entretenir la logique des guerres sans fin?
Défendre sans agresser : les dilemmes stratégiques
Certes, dans un monde où la souveraineté des nations peut être menacée par des agressions extérieures, développer une capacité autonome de production d’armements revêt une importance stratégique majeure. Ce n’est pas une fuite en avant militariste, mais un impératif moral, politique et économique : assurer la sécurité de ses citoyens, défendre les principes de liberté, protéger l’intégrité territoriale, dissuader toute velléité d’invasion et favoriser le développement économique. Lorsqu’une guerre est imposée, la capacité à se défendre avec efficacité devient une condition de survie nationale, mais aussi un acte de responsabilité à l’égard de l’ordre international. Dans ce contexte, produire des armes, c’est refuser la dépendance et affirmer que la paix, parfois, se construit aussi par la force de la dissuasion.
Le capitalisme de guerre : une mécanique bien huilée
Mais cette logique défensive ne saurait en aucun cas justifier que l’on déclenche ou prolonge des guerres à des fins lucratives. Faire de la guerre un simple vecteur de profit, une variable d’ajustement pour les dividendes, une mesure de relance pour l’économie, relève d’un cynisme insoutenable. Aucune courbe boursière, aucun rendement financier ne saurait compenser le chaos, les destructions massives, les vies humaines perdues ou les traumatismes durables que laisse derrière elle toute guerre inutile. Entre défense légitime et commerce de la mort, la frontière est fine, mais essentielle. Il est du devoir des États, des entreprises et des investisseurs de ne jamais la franchir.
Et pourtant, cette frontière est aujourd’hui largement brouillée. Depuis 2001, quand les bombes explosent, certaines courbes boursières montent. Dans le silence feutré des salles de marché, la guerre est perçue comme une opportunité. Car derrière les discours sur la paix et la diplomatie, un capitalisme de la guerre s’organise, porté par les plus puissants fonds d’investissement du monde. Une collusion d’intérêts se dessine : celle entre les stratégies d’allocation des grands fonds, la rémunération des dividendes et la perpétuation des conflits.
Trump face au complexe militaro-industriel
En septembre 2024, lors d’un rassemblement dans le Wisconsin, le candidat à la présidentielle Trump a vivement dénoncé cette collusion : «Je vais expulser les va-t-en-guerre. Nous avons des gens qui veulent faire la guerre tout le temps. Vous savez pourquoi ? Les missiles coûtent 2 millions de dollars pièce. Voilà pourquoi. Ils adorent larguer des missiles partout. Moi, je n’ai lancé aucune guerre… Je vais expulser les va-t-en-guerre de notre appareil sécuritaire national et mener un grand nettoyage du complexe militaro-industriel pour mettre fin au profit de guerre et toujours faire passer l’Amérique d’abord. Nous mettons l’Amérique d’abord. Nous allons mettre un terme à ces guerres sans fin. Des guerres sans fin, ça ne s’arrête jamais».
Si la campagne affichait une volonté de rupture, les décisions budgétaires prises une fois au pouvoir ont témoigné d’une continuité stratégique inattendue.
Trump devenu président a annoncé en mai 2025 un budget de la défense flirtant avec le seuil symbolique des 1 000 milliards de dollars (!), ce qui a suscité une avalanche de réactions et de critiques au sein de son propre camp au Congrès, au sein des milieux stratégiques et de la presse spécialisée.
Malgré ce budget faramineux, Roger Wicker, président républicain de la commission des forces armées du Sénat, a dénoncé une proposition qui risque, selon lui, «d’anéantir les capacités militaires américaines et le soutien à nos troupes». Mike Rogers, son homologue à la Chambre, a fustigé une «trajectoire budgétaire irréaliste». Susan Collins et Mitch McConnell, figures modérées et influentes, ont exprimé leurs réserves quant à l’usage d’«artifices comptables» pour faire illusion, prévenant que le Congrès ne saurait être «dupé par une ingénierie financière aussi instable».
Les consultants en défense mènent depuis un mois une campagne auprès des élus, expliquant que «la crédibilité de la puissance américaine est à ce prix».
Dans les médias et les publications proches du lobby militaire, les tribunes se multiplient pour alerter sur le «décrochage capacitaire» des États-Unis face à la Chine, à la Russie ou même à l’Iran. La Foundation for Defense of Democracies, fortement financée par l’industrie de l’armement, s’indigne : «On ne peut pas faire la paix par la force avec un modeste budget de paix». Ce refrain trouve un écho jusque dans les réseaux sociaux, où certains influents vétérans n’hésitent pas à qualifier ce budget de «trahison envers nos troupes».
Enfin, la réaction la plus révélatrice est le «silence» des marchés financiers. À l’annonce du budget, les titres de la défense ont peu réagi, signe que les investisseurs savent déjà que, quel que soit le chiffre affiché, les arbitrages réels se jouent ailleurs. Dans les commissions. Dans les comités restreints. Et dans ce triangle d’influence où la guerre est moins une nécessité qu’un modèle économique.
La guerre, ultime valeur refuge des fonds d’investissement ?
Le silence des marchés face à la montée en puissance des dépenses militaires révèle moins une indifférence qu’un ajustement structurel : celui d’un capitalisme qui intègre la guerre comme levier stable, mais économiquement questionnable. L’industrie de la défense, hautement concentrée et protégée par des contrats publics, opère en marge des logiques de marché, échappant à la concurrence et à l’allocation efficiente des ressources. Sa production, orientée vers la dissuasion, ne contribue que marginalement à l’innovation ou à la croissance civile.
Ce déséquilibre s’accompagne d’un arbitrage budgétaire risqué : en canalisant des ressources considérables vers des secteurs à faible rendement sociétal, il fragilise à terme l’investissement dans les infrastructures fondamentales de l’économie réelle. Cette logique, désormais renforcée par les flux de capitaux institutionnels orientés vers un secteur jugé résilient, accentue la tension entre impératif stratégique immédiat et soutenabilité économique de long terme.
Financiarisation stratégique du complexe militaro-industriel
Les fonds d’investissement sont les plus importants actionnaires de toutes les grandes entreprises de défense : Lockheed Martin, Raytheon, General Dynamics… Leur poids est tel qu’ils votent les orientations stratégiques, influencent les politiques ESG (Environnementales, Sociales et de Gouvernance), et orientent les flux de capitaux vers les secteurs jugés «résilients».
Ces fonds n’investissent pas par idéologie, mais par logique : la guerre, c’est du rendement prévisible. Les contrats publics sont massifs, récurrents, indexés sur l’inflation. Les marges sont solides. Et les besoins, depuis 2001, sont devenus structurels. Difficile de trouver un secteur plus protégé du cycle économique.
Dividendes record, morts invisibles
En 2023, Lockheed Martin a distribué environ 9,1 milliards de dollars en dividendes et rachats d’actions, Raytheon Technologies environ 3,24 milliards de dollars exclusivement en dividendes, et General Dynamics environ 1,35 milliard de dollars ; en 2024, les montants versés s’élèvent à environ 3,13 milliards de dollars pour Raytheon et 1,43 milliard de dollars pour General Dynamics, tandis que Lockheed Martin n’a pas encore publié de total annuel consolidé.
Mais au-delà des chiffres et des bilans financiers, un autre bilan s’impose : celui du coût réel des guerres.
Depuis 2001, les guerres en Afghanistan, en Irak, en Syrie, au Yémen, au Pakistan, en Ukraine et au-delà ont engendré un coût global estimé à plus de 9 000 milliards de dollars. Ce fardeau colossal, majoritairement financé par la dette publique, représente non seulement une charge budgétaire intergénérationnelle, mais alimente aussi les dividendes d’un complexe militaro-industriel devenu structurellement dépendant de la guerre.
Mais le coût humain est encore plus vertigineux. Selon le Watson Institute, ces conflits ont causé entre 4,5 et 4,7 millions de morts, dont près d’un million directement sur les champs de bataille, et plus de 3,6 millions de morts indirectes liées aux déplacements forcés, aux famines, aux effondrements sanitaires. Ces chiffres dévoilent un paradoxe glaçant : alors que la guerre est devenue un levier budgétaire et un actif spéculatif pour les marchés, elle demeure un gouffre humanitaire aux conséquences irréparables.
Ce paradoxe est d’autant plus alarmant qu’il ne relève pas du hasard : il est entretenu, nourri et diffusé par un écosystème d’influence où les intérêts économiques dictent les récits stratégiques.
Think tanks et narratifs : une guerre des idées financée
Une analyse approfondie du Quincy Institute met en lumière une mécanique troublante au cœur du débat stratégique américain : la majorité des think tanks qui commentent les guerres sont financés par des fabricants d’armes ou leurs sous-traitants. Sur 27 institutions analysées, 21 reçoivent des fonds du complexe militaro-industriel, et 100 % des dix plus citées dans les médias entretiennent des liens financiers directs avec des acteurs de l’armement. Ce biais se traduit dans l’espace médiatique par une surreprésentation systématique : 85 % des citations d’experts dans la presse proviennent de ces think tanks, dont les analyses s’alignent majoritairement sur les intérêts économiques de l’industrie de la défense. Dans ce système, le financement privé façonne discrètement le discours public, tandis que près d’un tiers de ces institutions refusent même de divulguer leurs bailleurs de fonds.
Ce réseau d’influence tisse une alliance implicite entre les fonds d’investissement, les entreprises d’armement, les producteurs d’idées et les politiques. Il crée une symbiose singulière où la guerre devient une variable de croissance, et la paix, un risque pour les dividendes. Les experts relayés ne sont pas neutres : ils sont souvent liés aux intérêts financiers qui bénéficient du prolongement des conflits.
Trois géants détenus majoritairement par les fonds d’investissement
A titre d’exemple et pour ne citer que celles-ci, les trois grandes entreprises américaines d’armement Lockheed Martin, Raytheon Technologies et General Dynamics sont cotées à Wall Street, sur le New York Stock Exchange (NYSE)-la bourse de New York, l’une des plus grandes bourses au monde. Elles font toutes partie de l’indice S&P 500 (les 500 plus grandes capitalisations boursières), ce qui signifie qu’elles sont largement présentes dans les portefeuilles institutionnels et fonds indiciels – Exchange Traded Fund (ETF) qui répliquent la performance de cet indice boursier.
Lockheed Martin, symbole de la puissance militaro-industrielle américaine, est un géant incontournable dans le domaine de l’armement avancé et des technologies de défense. Son cœur d’activité gravite autour de l’aéronautique militaire avec des fleurons comme le chasseur furtif F-35 Lightning II, le F-22 Raptor ou encore les célèbres F-16 Fighting Falcon et le transport militaire C-130 Hercules. Mais Lockheed ne s’arrête pas là : il conçoit également des missiles de haute précision et à longue portée, à l’image du Trident II D5 (missile balistique intercontinental lancé par sous-marin), de l’AGM-158 JASSM (missile de croisière furtif) ou du PAC-3 MSE, intercepteur emblématique intégré au système Patriot. L’entreprise excelle aussi dans les systèmes de défense antimissile, les satellites militaires et les dispositifs de guerre électronique.
Au capital de Lockheed Martin, on retrouve une constellation des plus grandes institutions financières mondiales. State Street Corporation figure en première ligne, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. D’autres acteurs majeurs comme Charles Schwab Investment Management, Geode Capital, Morgan Stanley et Capital World Investors composent également l’architecture actionnariale, illustrant le poids massif de la finance passive et de la gestion institutionnelle dans l’industrie de guerre.
Raytheon se positionne comme un maître d’œuvre global dans les systèmes d’armement de précision, avec une expertise reconnue dans les missiles, les radars, la défense aérienne, les capteurs avancés et la guerre électronique. Parmi ses créations les plus redoutées figurent les systèmes de missiles sol-air, les radars phasés, les solutions de contre-mesures électroniques embarquées, ainsi que des plateformes de détection sophistiquées utilisées dans les théâtres d’opérations les plus complexes. Raytheon est souvent au cœur de l’architecture de défense aérienne intégrée de nombreux pays de l’Otan et alliés des États-Unis.
Son actionnariat repose sur les piliers institutionnels de la finance mondiale. Vanguard et State Street, véritables mastodontes de la gestion passive, détiennent une part substantielle de l’entreprise, suivis par BlackRock, Capital Research, Dodge & Cox, ainsi que Merrill Lynch International. Cette présence dense des grands gestionnaires dans le capital de Raytheon témoigne de la rentabilité structurelle de la guerre dans les portefeuilles long terme.
General Dynamics se distingue par une capacité rare à couvrir l’ensemble du spectre de la guerre conventionnelle. Ses spécialités vont des systèmes terrestres — notamment les chars Abrams, les blindés Stryker et d’autres véhicules de combat — à la construction navale avec des sous-marins nucléaires et des destroyers pour la marine américaine. L’entreprise est également active dans la fourniture de munitions, de pièces d’artillerie et de systèmes d’information et de cybersécurité destinés à l’armée et aux agences de renseignement.
Le capital de General Dynamics est dominé par Longview Asset Management, suivi de près par The Vanguard Group et BlackRock. Newport Trust Company et State Street Corporation complètent ce noyau actionnarial. Cette composition reflète, là encore, une alliance solide entre le capital institutionnel et l’économie de défense, où la rentabilité s’appuie sur des contrats publics de longue durée, une demande stable, et une position stratégique dans l’appareil militaire américain.
Quand l’instabilité devient une stratégie d’investissement
Derrière les équilibres actionnariaux, c’est une architecture financière sophistiquée qui se déploie, où l’instabilité géopolitique cesse d’être une menace pour devenir une source anticipée de rendement. Dans ce paradigme inversé, la guerre n’est plus un choc mais un scénario intégré, valorisé pour sa prévisibilité budgétaire, ses marges garanties et sa capacité à structurer durablement les flux de capitaux.
La paix, quant à elle, devient un actif incertain, moins lisible pour les algorithmes de gestion. Désormais, les tensions mondiales alimentent les matrices d’allocation, transformant la guerre en variable stratégique — non pas subie, mais modélisée, arbitrée, et parfois implicitement souhaitée. Ce déplacement moral du capital appelle une reconfiguration urgente des critères d’investissement et des finalités géoéconomiques.
Ainsi se dessine, au croisement de la géopolitique et de la finance, une mécanique redoutablement rationnelle où la guerre, jadis tragédie, devient opportunité ; où la paix, hier horizon de progrès, se voit reléguée au rang d’anomalie risquée. Loin d’un simple dysfonctionnement moral, c’est l’architecture même du capitalisme contemporain qui est interpellée, dans sa capacité à distinguer création de valeur et destruction de sens. Face à la financiarisation croissante des guerres, il devient urgent de repenser les grilles d’évaluation, redéfinir les finalités de l’investissement, et restaurer l’exigence d’un rendement aligné non sur l’effondrement des nations, mais sur leur stabilité, leur dignité et leur avenir. Car si les marchés peuvent tout anticiper — y compris la guerre — il appartient aux sociétés humaines de choisir, lucidement, ce qu’elles veulent valoriser.
Le réalisateur de cinéma tunisien Ali Labidi est décédé, hier soir, mardi 10 juin 2025, à l’âge de 75 ans après un long combat avec la maladie.
Lé défunt a étudié le cinéma et le théâtre en Roumanie. Après avoir réalisé plusieurs courts-métrages, il a tourné un long métrage de fiction tiré du roman de Béchir Khraief ‘‘Barguellil’’ en 1990. Son second long métrage s’intitule ‘‘Redayef 54’’ en 1997 et le troisième ‘‘Ellambara’’ en 2007.
Ali Labidi avait aussi été metteur en scène de théâtre. Il était un polémiste et souvent à contre-courant de ce qui se faisait en Tunisie dans le domaine cinématographique. Ce qui ne l’a pas beaucoup aidé dans sa carrière artistique, puisqu’il a fini par avoir, dans l’establishment culturel, un profil de marginal. Ce qui convenait à son tempérament et à sa rigidité doctrinale.
Le 6 juin 2925, les commissions des affaires étrangères des parlements d’Estonie, de Lituanie et de Lettonie, réunis en Lituanie, ont publié une déclaration commune appelant à un soutien continu à la victoire de l’Ukraine et à son adhésion à l’Union européenne (UE) et à l’Otan. Une pierre dans le jardin de la Russie.
Habib Glenza, à Lodz, Pologne.
Ces trois baltes ont souligné que la victoire de l’Ukraine contre la Russie renforcerait une paix juste et durable, non seulement en Ukraine mais dans toute l’Europe, et contribuerait à préserver l’ordre international fondé sur les règles internationales. Ils ont ajouté que l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan constituerait aussi une base plus efficace et plus solide pour la sécurité euro-atlantique.
Dans leur déclaration commune, les pays baltes s’engagent à soutenir l’Ukraine jusqu’à la victoire complète, y compris la libération de tous les territoires temporairement occupés par la Russie, la traduction en justice des dirigeants russes pour crimes de guerre et la pleine mise en œuvre de la justice internationale.
Isoler la Russie
Les commissions des affaires étrangères promettent aussi de poursuivre les efforts diplomatiques et politiques visant à isoler la Russie et ses alliés militaires, d’étendre et de renforcer les sanctions et de veiller à ce que les crimes commis contre l’Ukraine fassent l’objet d’une pleine responsabilité juridique et politique.
Ils réaffirment aussi leur soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et appellent à la conclusion des négociations sur l’adhésion de l’Ukraine en tant que membre à part entière d’ici le 1er janvier 2030.
«Nous appelons les participants au prochain sommet de l’Otan, qui se tiendra à La Haye en 2025, à prendre des mesures politiques concrètes qui ouvriraient la voie à l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance», indique la déclaration.
Pour rappel, les États baltes ne reconnaîtront jamais l’annexion «criminelle» de la Crimée par la Russie, même si les Américains le leur demandent, et continueront à soutenir l’Ukraine dans sa lutte, dont dépend leur propre sécurité.
Cette position, qui s’apparente à une provocation, est lourde de conséquences car elle pourrait conduire à l’embrasement de toute la région de la mer Baltique voire à une troisième guerre mondiale.
Il y a quelques semaines le chef du service de renseignement extérieur russe, Sergei Naryshkin, a menacé la Pologne et les trois États baltes de ripostes militaires si la guerre en Ukraine échappe à tout contrôle. «Ils devraient comprendre, mais ils ne comprennent pas encore, qu’en cas d’agression de l’Alliance de l’Atlantique Nord contre la Russie et la Biélorussie, c’est bien sûr l’ensemble du bloc de l’Otan qui en pâtira. Mais les premiers à en souffrir seront, dans une large mesure, les porteurs d’idées telles que celles que l’on trouve dans les cercles politiques en Pologne et dans les pays baltes», a déclaré le responsable russe.
Dans une interview accordée à l’agence de presse publique russe Tass, ce dernier a déclaré que la Russie et la Biélorussie sont prêtes à répondre à une éventuelle «escalade européenne» résultant de la guerre en Ukraine.
Selon Naryshkin, les États baltes et la Pologne ont fait preuve de ce qu’il appelle une «grande agressivité» à l’égard de la Russie, accusant les quatre pays de «faire constamment agiter leurs armes».
Vers une expansion territoriale russe
La Russie se prépare à s’emparer de la moitié du territoire ukrainien d’ici la fin de l’année prochaine, selon un plan récemment dévoilé par des responsables ukrainiens, détaillant une potentielle expansion territoriale russe.
Le colonel Pavlo Palisa, chef adjoint du bureau présidentiel ukrainien, a fait ces déclarations lors d’un point presse, immédiatement suivi d’un avertissement de Washington : il ne faut pas franchir la ligne rouge dans le cadre d’un éventuel accord de paix.
Selon Palisa, la Russie cherche à prendre le contrôle total des régions de Lougansk et Donetsk d’ici le 1er septembre 2025, avant d’établir une zone tampon le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie.
«Le plan de la Russie pour l’année prochaine est d’occuper toute la partie de l’Ukraine située sur la rive gauche du Dniepr. Ils prévoient également de s’emparer des régions d’Odessa et de Mykolaiv afin de couper l’accès de l’Ukraine à la mer Noire», a-t-il déclaré.