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Derja – L’univers mystérieux des langues

Langue et dialecte, l’étude de ce champ offre des débats des plus riches. Celui initié par l’association « Derja », qui entend défendre la « langue parlée » en Tunisie ou le « tunisien », a permis d’aller au fond des choses.

Quelle est la différence entre la langue et le dialecte, que l’on appelle aussi couramment la « langue parlée » ? La question a dominé les débats de la rencontre organisée le 19 juin 2025 à Dar El Masrahi (la Maison du Théâtre), au Bardo, par l’association « Derja ».

Une rencontre initiée à l’occasion du 1er Festival du « slam », un art que l’on présente comme « une forme de poésie orale performative, caractérisée par sa spontanéité et son rythme ».

 

Hatem Karoui, président du festival, artiste qui a adopté le « slam » depuis 2008, a mis en exergue, dans un mot introductif de la rencontre de « Derja », le pourquoi de cette programmation : le « slam » s’exprime beaucoup dans la « langue parlée » en Tunisie.

Marquée par d’autres cultures

Une langue qui a conquis tous les espaces vitaux de notre vécu (les foyers, la rue, le monde du travail…), alors que la langue arabe littéraire est le fait, pour l’essentiel, de l’école et de l’administration. En fait, « la langue parlée », que l’on appelle aussi « le tunisien », est née, en partie, de la langue arabe, mais à laquelle on a ajouté au fil du temps des mots venus d’autres langues exprimant d’autres cultures.

La Tunisie a été de toute manière largement marquée par d’autres cultures ; celles des populations venues pour s’installer dans le pays et qui ont marqué non seulement le parler, mais aussi les us et coutumes.

Un « tunisien » que Ramzy Chérif, président de « Derja », défend depuis des années corps et âme et auquel il veut donner un statut dominant. Comprenez qu’il soit enseigné et devienne l’outil de communication de tous les espaces publics. A commencer par celui de l’administration, de l’école et du monde des affaires.

Universitaire, spécialisée en linguistique, Lilia Beltaief est venue présenter, à ce niveau, ce qui caractérise aux yeux sans doute de beaucoup ce « tunisien ». Une dimension multiple. Avec des mots souvent différents entre nos régions tunisiennes.

Prendre en compte la prononciation

Prenons l’exemple du « je » ou du « moi » : certains disent « anâ », d’autres « na », d’autres encore « naya » ou encore « any ».

Autre exemple : comment appelle-t-on son grand-père ? Réponse : « baba azizi », « azizi », « jadi », « hanini »…

Et dans une communication bien inédite, l’universitaire spécialisée en littérature française, Manoubia Ben Ghdahem s’est attardée sur deux chansons du célèbre monologuiste tunisien Salah Khémissi, pour extraire des expressions « tunisiennes » venues de deux mondes : celui de la ville et celui des descendants des tribus. Un exercice qui met en évidence la richesse du vécu lexical : certains mots restent alors que d’autres disparaissent avec les mutations sociales.

Un vécu qui ne peut que prendre en compte la prononciation : les mots ne se racontent pas de la même manière dans l’ensemble du pays et leur expression caractérise les différences géographiques.

Et dans ce cadre, cette expression fonctionne comme un véritable pouvoir. Des « parlés » s’imposent alors que d’autres ne tiennent pas le coup, rejetés qu’ils sont par des phénomènes que la science politique se doit d’étudier.

En fait, que de thématiques peut-on introduire pour étudier des mots que nous utilisons pourtant tous les jours!

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