Meurtre de Hichem Miraoui : un parfum nauséabond de racisme sur fond d’idéologie haineuse
Criblé de balles samedi 31 mai 2025 à Puget-sur-Argens (Var), Hichem Miraoui, un Tunisien paisible très apprécié dans sa commune, a été victime d’un meurtre à caractère raciste dans un climat de haine alimenté par l’extrême droite, ainsi que le vocabulaire anxiogène relayé quotidiennement par certains médias.
« Le racisme doit être sévèrement puni; et quand il conduit à cette sauvagerie, la réponse pénale doit être implacable ». C’est ce qu’a déclaré le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui s’est rendu mardi 3 juin à l’ambassade de Tunisie à Paris pour présenter officiellement « les condoléances de la France », suite au meurtre crapuleux de Hichem Miraoui, un quadragénaire de nationalité tunisienne tué dans la nuit de samedi à dimanche à Puget-sur-Argens (Var).
Avant et après son acte, le voisin assassin, Christophe B., a en effet publié plusieurs vidéos, une sorte de manifeste où il assume un violent racisme anti musulman et lance des appels au meurtre. Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi de l’enquête le lundi 2 juin.
Le meurtre de Hichem Miraoui était « sans doute aussi anti musulman » et « peut-être aussi un crime terroriste », dans la mesure où il « a été prémédité et il est signé », a souligné, mardi, le ministre de l’Intérieur depuis l’Assemblée nationale. Tout en ajoutant que « le racisme ce n’est pas la France » et assurant que « la République ne fait aucune différence entre la couleur de la peau, les origines ou bien les croyances ».
Pompiers pyromanes
Réaction outragée de la part de Me Mourad Battikh, l’avocat de la famille de Hichem Miraoui. Il estime que ce meurtre est « tout sauf un fait divers ».
« Il faut prendre le temps de la réflexion et se demander comment est-ce que des individus arrivent à l’acte irréparable, au crime le plus odieux qui est de retirer la vie, au nom du drapeau français. Aujourd’hui, on fait du drapeau français l’étendard d’une idéologie haineuse. C’est absolument triste et scandaleux », a-t-il déploré dimanche 1er juin au micro de la matinale de France Info.
A qui la faute? L’avocat pointe du doigt « le climat politique qui règne aujourd’hui en France », entretenu par « des pompiers pyromanes qui viennent éteindre le feu qu’ils ont eux-mêmes allumé ».
Le décor est ainsi planté. L’allusion à Bruno Retailleau, la nouvelle coqueluche de la droite française, fraîchement élu président des LR et qui ne cache guère ses ambitions présidentielles, est claire.
Climat de haine
Rappelons que le ministre de l’Intérieur est régulièrement accusé par la gauche de racisme en ciblant, notamment par son vocabulaire, les immigrés, les musulmans, les jeunes des banlieues, Français ou pas.
Ainsi, le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, raille le patron de la Place Beauvau. Celui-ci qualifiant le meurtre du citoyen tunisien de « crime raciste », tout en « participant dans le débat public avec ceux qui, à l’extrême droite, cherchent à banaliser le racisme, à expliquer qu’il y a une forme de menace qui serait créée par nos concitoyens d’origine étrangère ».
Bruno Retailleau « cherche a minima à créer une forme de racisme d’atmosphère, en tout cas à le laisser perdurer, à laisser penser que ce n’est pas une pensée absurde », a encore estimé le patron des socialistes.
Bruno Retailleau avait été également critiqué dès dimanche par le leader de La France insoumise. « Infâme meurtre raciste dans le Var. Ne laissons pas l’officialité attiser la haine raciste en la légitimant », avait écrit Jean-Luc Mélenchon sur son compte X (ex-Twitter).
Le président de l’association SOS Racisme, Dominique Sopo, a de son côté souligné que « ce crime arrive dans un contexte de dégradation spectaculaire du débat public, marqué par une stigmatisation continue des immigrés, de leurs enfants, des musulmans ». Il s’alarme du « retour des crimes racistes » et note à cet égard la mollesse de la réponse politique : « Quand il s’agit d’autres faits divers, les responsables politiques réagissent immédiatement. Pour les violences racistes, on constate toujours un retard à l’allumage », a-t-il déploré.
« Il y a une banalisation ou une fascination pour certains d’un discours qui va mettre en cause les Français d’origine étrangère, les musulmans dans l’exercice de leur culte, l’islam comme religion qui ne serait pas, pour certains, compatible avec la République », a renchéri, mardi, le député socialiste Jérôme Guedj, sur Sud Radio.
Montée de l’ultra droite
Faut-il rappeler à cet égard qu’en avril dernier, le député de La France Insoumise (LFI), Thomas Portes, a demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre les groupuscules d’extrême droite. Dans sa proposition de résolution, il rappelle les récentes démonstrations de force de « groupuscules d’extrême droite », nourris par « une haine xénophobe et raciste » qui « défilent sans vergogne dans les rues, scandant des slogans tels que ‘On est chez nous’ ».
Pour sa part, Mediapart évoque « une nouvelle menace terroriste d’ultra droite dont le noyau dur est évalué à 1 000 militants, auxquels s’ajoutent 2 000 suiveurs ». Et rappelle, en s’appuyant sur un rapport officiel du parquet général de Paris, que « depuis 2016, des militants d’ultra droite s’attachent par leurs actes à troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur. La vision du monde des militants est déterminée par l’obsession de la guerre civile interraciale ». Terrifiant.
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