La Chine inonde le Brésil de véhicules électriques bon marché
Le plus grand navire de transport de voitures au monde â avec lâĂ©quivalent de 20 terrains de football de vĂ©hicules â a terminĂ© son voyage inaugural Ă la fin du mois de mai dernier pour accoster dans le port brĂ©silien dâItajai. Mais tout le monde nâest pas ravi de son arrivĂ©e.
BYD, premier producteur chinois de vĂ©hicules Ă©lectriques et hybrides rechargeables, propose aux acheteurs brĂ©siliens des options Ă prix relativement bas sur un marchĂ© oĂč le mouvement des voitures vertes en est encore Ă ses balbutiements. Les responsables de lâindustrie automobile brĂ©silienne et les dirigeants syndicaux craignent que lâafflux massif de voitures de BYD et dâautres constructeurs automobiles chinois ne freine la production automobile nationale et ne nuise Ă lâemploi.
Le constructeur automobile chinois a dĂ©ployĂ© une flotte croissante de cargos pour accĂ©lĂ©rer son expansion Ă lâĂ©tranger, le BrĂ©sil devenant sa principale cible. Câest ce que rĂ©vĂšle une analyse Reuters des donnĂ©es de transport et des dĂ©clarations de lâentreprise publiĂ©es le 19 juin.
La cargaison de fin mai était la quatriÚme du constructeur automobile chinois à accoster au Brésil cette année, totalisant environ 22 000 véhicules, selon les calculs de Reuters.
Inquiétude chez les industriels et syndicaux
Premier producteur mondial de voitures Ă©lectriques et hybrides rechargeables, BYD est la plus importante des marques chinoises qui ciblent le BrĂ©sil (plus de 211 millions dâhabitants) pour leur croissance. Les importations de vĂ©hicules fabriquĂ©s en Chine devraient augmenter de prĂšs de 40 % cette annĂ©e, pour atteindre environ 200 000 unitĂ©s, selon la principale association automobile brĂ©silienne. Cela reprĂ©senterait environ 8 % du total des immatriculations de vĂ©hicules lĂ©gers.
AccĂ©lĂ©rer lâaugmentation des droits de douance de 10 Ă 35 %
Des groupes industriels et syndicaux affirment que la Chine profite des faibles droits de douane temporairement appliquĂ©s par le BrĂ©sil pour accroĂźtre ses exportations au lieu dâinvestir dans la construction dâusines brĂ©siliennes et la crĂ©ation dâemplois. Ils font pression sur le gouvernement brĂ©silien pour quâil accĂ©lĂšre dâun an la mise en Ćuvre de son projet dâaugmentation des droits de douane sur toutes les importations de vĂ©hicules Ă©lectriques, de 10 % Ă 35 %, plutĂŽt que dâinstaurer progressivement des taxes plus Ă©levĂ©es.
« Des pays du monde entier ont commencĂ© Ă fermer leurs portes aux Chinois, mais pas le BrĂ©sil », a dĂ©clarĂ© Aroaldo da Silva, ouvrier chez Mercedes-Benz et prĂ©sident dâIndustriALL Brasil, une confĂ©dĂ©ration de syndicats de six secteurs industriels. « La Chine en a profitĂ© », a-t-il rĂ©torquĂ©.
Le BrĂ©sil est devenu un point chaud dans la frĂ©nĂ©sie dâexpansion mondiale de lâindustrie automobile chinoise. Un excĂ©dent croissant de voitures neuves produites par les usines chinoises a entraĂźnĂ© un boom des exportations au cours des cinq derniĂšres annĂ©es, permettant Ă la Chine de dĂ©passer le Japon en 2023 pour devenir le premier exportateur mondial de vĂ©hicules. Une grande partie de cet excĂ©dent est exportĂ©e Ă lâĂ©tranger, vers des marchĂ©s comme lâEurope, lâAsie du Sud-Est et lâAmĂ©rique latine.
Le BrĂ©sil offre une destination attrayante en raison de son grand marchĂ© â câest le sixiĂšme plus grand marchĂ© automobile en volume â oĂč des acteurs Ă©tablis comme Volkswagen General Motors et le constructeur de Jeep Stellantis.
BYD construit des voitures au Brésil depuis des décennies. Le gouvernement brésilien a mis en place des politiques visant à développer les ventes de voitures électriques et hybrides rechargeables, spécialité de BYD.
ParallĂšlement, les perspectives de croissance de BYD se sont rĂ©duites, tant sur le marchĂ© intĂ©rieur quâĂ lâinternational. En CorĂ©e du Sud, lâentreprise est embourbĂ©e dans une guerre des prix acharnĂ©e qui lâa amenĂ©e Ă baisser le prix de son modĂšle dâentrĂ©e de gamme Seagull Ă moins de 10 000 dollars, rĂ©duisant ainsi ses marges bĂ©nĂ©ficiaires.
Ă lâĂ©tranger, les gouvernements ont Ă©rigĂ© de lourdes barriĂšres commerciales pour les voitures chinoises, notamment un droit de douane de 45,3 % en Europe et un tarif de plus de 100 % aux Ătats-Unis, ainsi quâune interdiction des logiciels chinois dans les voitures.
Lâarticle La Chine inonde le BrĂ©sil de vĂ©hicules Ă©lectriques bon marchĂ© est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.