Le naufrage économique tunisien ou comment couler sans gilets, sans rames, et sans boussole
L’article « Trois chiffres pour comprendre le naufrage économique tunisien » a fait l’effet d’une bouée de sauvetage… percée. Il dresse un tableau sombre de l’économie tunisienne à coups de chiffres qui piquent, de constats alarmants, et de formules chocs. L’intention ? Réveiller les consciences. Le résultat ? On frôle la crise de panique collective. Spoiler : aucun chaton ni dinar n’a été épargné dans cette démonstration.
Premier chiffre-choc : le cash circule à tout-va, plus vite que les rumeurs de remaniement ministériel. Selon l’auteur, cela montre que les Tunisiens ne font plus confiance au système bancaire, un peu comme on n’a jamais vraiment cru à la promesse d’un métro à Kairouan. Il faut dire qu’avec des lois qui transforment un chèque sans provision en cauchemar judiciaire, le cash devient soudain très sexy.
Mais peut-on résumer cette explosion à une seule loi ? Pas sûr. On pourrait aussi parler de l’économie informelle, du pouvoir d’achat à bout de souffle, et du système bancaire aussi convivial qu’un lundi matin sans café.
Croissance molle : la Tunisie a la grippe, mais sans ordonnance
Deuxième claque : une croissance de 1,6%. C’est peu. Très peu. C’est même moins que l’enthousiasme moyen devant une conférence sur les réformes structurelles. L’auteur y voit la preuve que le pays est dans une panne totale de moteur économique. Mais il oublie de mentionner qu’on roule sur une route mondiale cabossée : ralentissement de nos partenaires européens, sécheresse, inflation importée… Bref, on aurait pu espérer un scooter, on a eu une trottinette crevée.
Crédit bancaire en chute libre : les banques font grève du cœur
Dernier chiffre : les crédits bancaires ne décollent plus. En même temps, entre des entreprises sans visibilité, un État qui change les règles fiscales plus souvent que ses chemises, et des banques traumatisées par les défauts de paiement, il fallait s’y attendre. Le robinet du crédit est fermé, et même avec de l’insistance, le banquier reste plus froid qu’un courrier de la Trésorerie générale.
Un diagnostic pertinent… mais déprimant
L’auteur ne se contente pas d’annoncer la fin du monde, il en fait une saga. L’État est perdu, les entreprises sont tétanisées, les ménages déboussolés. Tout cela n’est pas faux. Mais à force de peindre tout en noir, on oublie que même dans les pires naufrages, il y a toujours un radeau, un Wilson ou au moins une rame de fortune. Ici, aucune piste de réforme, aucun début de solution, juste une ambiance Titanic, sans orchestre.
In fine, il faut ramer, pas râler (enfin, un peu des deux)
Cet article a le mérite de réveiller. Il tape là où ça fait mal, et il le fait bien. Mais pour transformer ce coup de gueule en plan de sauvetage, il faudrait ajouter une boussole, quelques idées concrètes et, pourquoi pas, un soupçon d’espoir. Ce que fait la Faculté de Sciences Economiques et de Gestion de Tunis (FSEGT) avec la série rencontres et de conférences depuis peu (nous y reviendrons).
Parce qu’on le sait, tous : critiquer, c’est facile. Reconstruire, c’est plus dur. Et aujourd’hui, la Tunisie a besoin des deux. En attendant, on garde la tête froide, on rame ensemble… et on évite les chèques sans provision.
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