Entre dĂ©cembre 2005 et mars 2025, les Tunisiens ont contractĂ© prĂšs de 29,23 milliards de dinars de prĂȘts auprĂšs des banques, selon les derniĂšres statistiques de la Banque centrale de Tunisie. Ce chiffre total englobe les prĂȘts immobiliers, les crĂ©dits pour lâamĂ©lioration du logement, les prĂȘts Ă la consommation, les crĂ©dits automobiles ainsi que les prĂȘts universitaires. Cette Ă©volution rĂ©vĂšle une croissance progressive, mais des signaux rĂ©cents de stabilisation, notamment dans le secteur immobilier.
Depuis 2005, le volume global des crĂ©dits accordĂ©s a connu une augmentation constante. Il sâĂ©levait alors Ă environ 5 milliards de dinars, montant qui a presque quadruplĂ© en vingt ans. Entre 2005 et 2009, la hausse fut modĂ©rĂ©e, dâenviron un milliard, avant dâaccĂ©lĂ©rer Ă partir de 2010 avec une progression annuelle moyenne de 2 milliards. En 2015, le total des prĂȘts dĂ©passait dĂ©jĂ les 18 milliards, et la dĂ©cennie suivante a enregistrĂ© une croissance supplĂ©mentaire de 9 milliards, pour atteindre les niveaux actuels.
Des prĂȘts immobiliers stables, une demande en amĂ©lioration du logement en hausse
Les prĂȘts immobiliers reprĂ©sentent la part la plus importante de ce montant, atteignant prĂšs de 12,23 milliards de dinars sur la pĂ©riode. AprĂšs avoir presque doublĂ© entre 2011 et 2025, ils affichent cependant une remarquable stabilitĂ© depuis mars 2022, tournant autour de 12 milliards. Cette stagnation sâexplique notamment par les difficultĂ©s structurelles du secteur immobilier en Tunisie : prix Ă©levĂ©s des logements, taux dâintĂ©rĂȘt importants par rapport au revenu moyen des mĂ©nages, ainsi que lâaccĂšs difficile au financement personnel. MalgrĂ© les mesures gouvernementales visant Ă faciliter lâacquisition, telles que la baisse du taux directeur de 8 % Ă 7,5 % et une TVA rĂ©duite sur les prĂȘts pour logements neufs, le secteur reste contraint.
Ă lâinverse, les prĂȘts destinĂ©s Ă lâamĂ©lioration du logement ont augmentĂ© de maniĂšre significative, passant de 4,24 milliards en 2011 Ă prĂšs de 10,95 milliards en 2025, soit une hausse de 50 %. Ce segment a connu une certaine stabilitĂ© rĂ©cente depuis fin 2021, reflĂ©tant un intĂ©rĂȘt croissant des mĂ©nages pour la rĂ©novation plutĂŽt que pour lâachat de biens immobiliers neufs. Par ailleurs, les crĂ©dits Ă la consommation ont presque triplĂ© en vingt ans, passant de 1,77 milliard en 2005 Ă prĂšs de 4,92 milliards en 2025, avec une lĂ©gĂšre hausse dĂ©but 2025 aprĂšs une pĂ©riode de stabilitĂ©.
Les prĂȘts pour lâachat de voitures ont Ă©galement progressĂ©, quadruplant depuis 2005 pour atteindre 410 millions de dinars en 2025, tout en restant stables autour de 400 millions depuis 2022. Enfin, les prĂȘts universitaires, bien que modestes en valeur (13,95 millions en 2025 contre 677 000 en 2005), ont connu une multiplication par 20, traduisant une volontĂ© accrue des familles de financer les Ă©tudes supĂ©rieures de leurs enfants.
Freins aux prĂȘts bancaires et dĂ©veloppement des alternatives financiĂšres
MalgrĂ© cette tendance globale Ă la hausse, plusieurs freins importants limitent lâaccĂšs aux crĂ©dits bancaires pour une grande partie de la population tunisienne. La hausse des taux dâintĂ©rĂȘt, les procĂ©dures administratives complexes, les dĂ©lais longs de traitement des dossiers, et le contexte Ă©conomique difficile rendent les prĂȘts bancaires moins attractifs et accessibles.
Face Ă ces contraintes, une part significative des Tunisiens se tourne dĂ©sormais vers des solutions alternatives, notamment les sociĂ©tĂ©s de leasing pour lâachat de vĂ©hicules ou encore des institutions financiĂšres offrant des prĂȘts plus petits et plus ciblĂ©s, destinĂ©s Ă la consommation ou aux Ă©tudes universitaires. Ces alternatives permettent aux mĂ©nages dâĂ©viter les lourdeurs du systĂšme bancaire traditionnel, bien que le montant de ces prĂȘts reste limitĂ©.
En rĂ©sumĂ©, le paysage du crĂ©dit en Tunisie a connu une forte croissance ces vingt derniĂšres annĂ©es, portĂ©e principalement par les prĂȘts immobiliers et Ă la consommation. Toutefois, la rĂ©cente stabilitĂ© observĂ©e dans les prĂȘts au logement souligne les dĂ©fis persistants du secteur immobilier, tandis que les alternatives au crĂ©dit bancaire classique se dĂ©veloppent face Ă des conditions financiĂšres et administratives contraignantes.