Onu Tourisme │Un autre échec de la diplomatie tunisienne
L’élection, le 30 mai 2025 à Ségovie (Espagne), de Shaikha Nasser Al Nowais, vice-présidente de la société hôtelière Rotana aux Émirats arabes unis, pour succéder au Géorgien Zurab Pololikashvili au poste de secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (Onu Tourisme), lors de la 123e réunion du Conseil exécutif de cette organisation, a été un camouflet pour la Tunisie, dont le candidat officiel, l’ancien ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Habib Ammar, n’a visiblement pas brillé à cette occasion, c’est un euphémisme.
Imed Bahri
Lors du vote, la candidate émiratie a devancé largement le Grec Harry Theoharis, la Mexicaine Gloria Guevara et le Ghanéen Muhammad Adam. Lesquels ont devancé, pour leur part, tout aussi largement, Habib Ammar.
Ce dernier a beau être le frère de l’ex-ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar, qui est, depuis mars 2025, ambassadeur et représentant permanent de la Tunisie auprès de l’Organisation des Nations unies à New York, ou encore le cousin de Ilhem Semia Ammar, ambassadrice de Tunisie en Autriche. Il n’était visiblement pas le meilleur candidat pour le poste que la Tunisie, pays pourtant doté d’une très ancienne expérience dans le domaine touristique, a cru pouvoir sérieusement briguer à travers lui. A moins que la candidature de Habib Ammar n’ait pas été bien soutenue par la diplomatie tunisienne, de plus en plus inaudible et isolée sur la scène internationale. Et c’est le moins que l’on puisse dire, puisque, à notre connaissance, cette candidature a été annoncée assez tardivement, à quelques semaines de l’élection, et qu’il n’y a pas eu le travail de lobbying international nécessaire en faveur du concerné.
La responsabilité de l’échec est collective
Enfin, quant on sait que beaucoup de représentants africains et arabes ont voté pour la candidate émiratie, on peut émettre des doutes sur le rayonnement régional et continental de notre diplomatie.
La responsabilité de cet échec est collective et on peut estimer que les ministères des Affaires étrangères et du tourisme, ainsi que le premier ministère et la présidence de la république, n’ont pas déployé les efforts nécessaires en faveur du candidat tunisien. Lequel n’a pas su, lui non plus, en imposer à ses collègues en termes de charisme, de programmes, d’idées et de propositions pour l’avenir d’un secteur en pleine transition marquée par l’émergence d’exigences technologiques et environnementales.
Commentaire d’un expert, qui parle d’«une aventure solitaire et hasardeuse» : «La candidature de Habib Ammar à Onu Tourisme a été lancée sans coordination avec les pays africains, en rupture totale avec la tradition de consensus régional qui fonde le poids diplomatique de la Tunisie», a-t-il expliqué. En faisant remarquer l’absence chroniques de Tunisien.ne.s à la tête d’organismes régionaux, continentaux et internationaux, traduisant un recul inquiétant de notre diplomatie au cours des vingt dernières années.
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