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Libye │ Abdelhamid Dbeibah s’accroche au pouvoir

L’argent est le nerf de la guerre, ce célèbre adage ne trouvera jamais de meilleure illustration qu’en Libye. À chaque poussée de fièvre entre les différentes factions, en essayant de comprendre les tenants et les aboutissants, on finit toujours par déceler des histoires d’argent. Le fric, toujours le fric. Pour se maintenir au pouvoir sans légitimité populaire, Abdelhamid Dbeibah, qui ne devait être qu’un chef de gouvernement intérimaire, a arrosé pendant des années les différentes milices de grosses sommes d’argent mais en essayant ces derniers temps de revoir à la baisse les largesses habituelles, la situation s’est dégradée.

Imed Bahri

Pour ne rien arranger, l’assassinat du puissant milicien Gheniwa, de son vrai nom Abdelghani Al-Kikli, qui a été attribuée aux hommes de Dbeibah, n’a fait que pourrir davantage cette situation. 

Le magazine The Economist a publié une enquête sur la situation en Libye qui s’est détériorée ce mois-ci. Tripoli s’apprêtait à accueillir Libya Build, prévu comme le grand rendez-vous régional du BTP, quand tout a dégénéré. Des hommes d’affaires de différents pays, notamment de Chine, de Turquie et de Malte, étaient venus pour assister à l’événement mais à leur arrivée, le 12 mai, les obus de mortier ont commencé à tomber tandis que des hommes armés dans des camions équipés de mitrailleuses lourdes ont ouvert le feu et ont pris le contrôle de la moitié de la capitale. Le timing était tout sauf anodin. 

Des voitures incendiées jonchaient les rues, les écoles, les marchés, les banques étaient fermées et des hommes armés ont pris d’assaut la banque centrale. Quelqu’un a volé un cerf au zoo de Tripoli. Le chaos. 

La Grande-Bretagne a discrètement modifié ses conseils de voyage qu’elle avait assouplis il y a un mois mettant en garde contre tout voyage à Tripoli et incitant les navires amarrés au port à partir. La Turquie, principal allié du gouvernement, a transporté ses citoyens par avion vers des lieux sûrs.

Le statu quo vole en éclats

Le magazine britannique a indiqué que les efforts à Tripoli pour rétablir l’ordre sont de nouveau mises à mal. Le statu quo entre le gouvernement internationalement reconnu à l’Ouest, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, et Khalifa Haftar, l’homme fort qui dirige l’Est avec ses fils, a volé en éclats. Le conflit latent a dégénéré en une violence jamais vue en Libye depuis cinq ans.

Malgré sa reconnaissance internationale, Dbeibah a toujours été le plus faible. Contrairement à Haftar, l’autorité de Dbeibah repose sur une alliance instable de plusieurs milices. Quand les relations sont devenues de plus en plus agitées, il défia les milices obtenant un certain succès initial mais le cœur du conflit tournait autour de l’argent. Le magazine affirme que Debeibah et sa famille ont vidé le trésor d’un pays qui aurait dû être l’un des plus riches d’Afrique.

Lorsque les fonds qu’il versait aux milices diminuèrent, celles-ci devinrent de plus en plus rebelles et cherchèrent des sources de soutien alternatives, comme l’enlèvement des dirigeants de grandes entreprises et leur prise en otage. D’après The Economist, lorsque Dbeibah craignit que son règne ne soit menacé, Gheniwa de son vrai nom Abelghani Al-Kikli, puissant chef de milice qui commande le Dispositif de soutien à la stabilité (DDS), a été convié à une réunion le 12 mai, sauf que c’était un piège qui lui a été tendu et il fut tué.

Les accusations ont pointé du doigt les gardes de Dbeibah et celui-ci a été accusé d’être l’instigateur de l’assassinat. D’ailleurs en représailles, sa maison a été incendiée. Par la suite et toujours dans un objectif de reprendre la main sur les milices, les hommes du chef du gouvernement ont affronté la plus importante d’entre elles, les Forces Rada, un groupe salafiste qui contrôlait le principal aéroport de Tripoli et les quartiers environnants mais cette milice a continué à se battre jusqu’à prendre le contrôle de la moitié de la capitale.

Un dirigeant cupide

Le magazine britannique rapporte que les habitants de Tripoli en ont assez d’un dirigeant indéboulonnable dont la cupidité a gâché la promesse de construire un Dubaï sur la Méditerranée comme il le promettait. Ils sont fatigués d’attendre les élections promises dix mois après que les Nations Unies l’ont nommé Premier ministre par intérim en février 2021. Et beaucoup considèrent Dbeibah comme l’un des «vestiges» du régime de Kadhafi.

Après un cessez-le-feu salué par l’Onu le 14 mai, des milliers de manifestants ont envahi les rues, scandant les mêmes slogans qu’ils avaient lancés à plusieurs reprises contre Kadhafi en 2011: renversement du régime, tenue d’élections et réunification de l’Est et de l’Ouest.

Pendant ce temps, les Haftar surveillent la situation depuis Benghazi, évaluant s’ils peuvent exploiter le mécontentement en Occident. Ils contrôlent le parlement de l’Est, les champs pétroliers et 80% du pays. Leur siège sanglant de Tripoli a échoué en 2020 mais ils courtisent depuis leurs alliés dans l’espoir d’un retour. Leurs partisans à Zawiya et Zintan seraient en mouvement, de même qu’à Syrte, au centre du pays, et à Ghadamès, près de la frontière algérienne. Des manœuvres qui ont pour but de montrer que les rapports de force ne sont plus en faveur de leur rival Dbeibah. 

Lors d’une session tenue par le parlement de l’Est le 19 mai à Benghazi, deuxième ville de Libye et bastion de Haftar, les participants ont déclaré que le régime de Dbeibah était illégitime et ont proposé de le remplacer. Un certain nombre de ministres de Dbeibah ont démissionné de leurs postes sentant le vent tourner. 

Le Premier ministre aurait envoyé sa famille à Londres mais continue de s’accrocher au pouvoir. Dans une tentative désespérée de paraître maître de la situation, il a convoqué ses partisans de sa ville natale de Misrata pour sécuriser les rues. Ils auraient tiré sur les manifestants. Il s’est engagé à transformer la caserne de Kikli à Tripoli en parc et à nettoyer la capitale des milices restantes ou comme il les appelle «les extorqueurs», «les criminels» ou encore «les requins». Sauf que, sans eux, son influence risque de devenir de plus en plus faible. Les Libyens et les diplomates étrangers ont commencé déjà à parler de son règne au passé.

Donné à plusieurs reprises comme fini politiquement et à deux doigts de perdre le pouvoir, à chaque fois il a pu le conserver et se maintenir au pouvoir. L’avenir proche nous dira si la poussée de fièvre de ce mois de mai aura raison de lui ou pas.

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Tunis │ Le CSR Power Forum débat de la stratégie RSE/ESG

La 4e édition du CSR Power Forum se tiendra les 28 et 29 mai 2025 à l’hôtel Regency, à Gammarth, banlieue nord de Tunis, sous le thème «Repenser la stratégie RSE/ESG à l’ère de l’intelligence artificielle».

Cette rencontre est organisée en partenariat avecla Fédération tunisienne des sociétés d’assurance (Ftusa), Ernst & Young (EY Tower), le Conseil bancaire et financier (CBF), l’Association tunisienne pour l’intelligence artificielle (Atia) et la Chambre régionale des femmes cheffes d’entreprise de l’Ariana (CRFCE).

Cette édition réunira des experts nationaux et internationaux, des entreprises publiques et privées, des institutions étatiques, des organisations internationales, des universitaires, des jeunes innovateurs et des acteurs de la société civile pour discuter des enjeux et des opportunités offertes par l’intelligence artificielle au niveau de la revue des stratégies de la RSE et des politiques ESG des entreprises.

Les panels animés par des expertises nationales et internationales débattront des opportunités et des enjeux liés à la gestion du capital humain, à la finance durable, au marketing responsable, à la transition énergétique et à l’industrie 4.0 et 5.0, dans un monde en perpétuelle mutation.

Un panel spécial de jeunes élèves se tiendra sous le patronage du ministère de l’Education et sera dédié à la responsabilité sociétale intergénérationnelle aux yeux des générations Gen Z et Alpha.

Les ateliers de réflexion seront l’occasion pour les participants d’apprendre et de partager les savoirs et expériences dans les domaines de rapports ESG, de cybersécurité et résilience, de développement régional et de responsabilité des entreprises. 

Le forum sera aussi un carrefour d’exposition pour des acteurs responsables, des échanges BtoB à l’échelle nationale et internationale et des formations RSE certifiantes.

Lors d’une soirée spéciale, le forum dévoilera les meilleures initiatives RSE des entreprises ayant participé au concours CSR Awards et les trois meilleures solutions innovantesproposées par les jeunes équipes ayant participé au Hackathon IA/RSE/ESG et du 24-25 mai.

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Kaïs Saïed │ «Les Tunisiens réaliseront des miracles»

Recevant, lundi 26 mai 2025, au Palais de Carthage, le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, le président Kaïs Saied a de nouveau appelé à la fin de la sous-traitance dans les entreprises publiques, après l’élimination de cette formule de travail précaire dans le cadre de la réforme du code du travail.

«L’être humain n’est pas un simple numéro ou une statistique, il possède des droits inhérents que l’État doit garantir», a plaidé le président de la République, en soulignant la capacité de la Tunisie à faire respecter ces droits grâce à une fiscalité juste, une répartition équitable des richesses et l’octroi de droits complets aux travailleurs, tant dans le secteur public que privé.

Le chef de l’État a expliqué que lorsque les travailleurs se sentiront rassurés et stables, cela stimulera leur production et dynamisera l’économie du pays, car ils auront le sentiment que leur lieu de travail leur assure des moyens de subsistance décents.

Cela nécessite un climat sain fondé sur la justice et l’équité. Lorsqu’un tel climat sera instauré, les Tunisiens réaliseront ce que certains pourraient appeler des miracles. Des «miracles» qui, il faut le dire en passant, se font encore attendre depuis la «révolution» de 2011 et que rien ne laisse encore présager, avec notamment une croissance atone, un endettement croissant, une inflation persistante et un chômage qui ne baisse pas.

A moins que la fin de la sous-traitance et les recrutements massifs au sein de l’administration publique ne finiront par relancer l’investissement, impulser la croissance, ralentir l’inflation et réduire l’endettement extérieur… Ce dont les experts économiques ont de bonnes raisons de douter…

I. B.

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Jendouba │ Deux gouverneurs en moins d’un an

Le président Kaïs Saïed a nommé, lundi 26 mai 2025, Taieb Dridi au poste de gouverneur de Jendouba, selon un communiqué de la présidence. Il remplace Hichem Hassoumi, nommé le 8 septembre 2024 et qui est resté à son poste moins de 6 mois. Et pour cause…  

Hichem Hassoumi fait l’objet d’une enquête judiciaire ouverte le 6 mars 2025 par le juge d’instruction auprès du Tribunal de première instance de Jendouba, conformément à l’article 31 du Code de procédure pénale.

L’enquête a été ouverte sur la base d’un signalement reçu par le ministère public de la part de la section de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) à Jendouba, qui accuse le mis en cause d’avoir tenu une réunion au siège de la délégation d’Aïn Draham avec plusieurs élèves, pendant les heures de classe et en l’absence de leurs parents. Il les aurait maltraités, intimidés, menacés et exercé des pressions sur eux, selon ses accusateurs.

Lors de sa rencontre, hier, au palais de Carthage, avec le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, et le secrétaire d’État à la Sécurité nationale, Sofiène Bessadok, le président de la République a exhorté les autorités régionales et locales à s’acquitter efficacement de leurs missions, à écouter activement les préoccupations des citoyens et à apporter des solutions à leurs revendications légitimes.

Le chef de l’État a également souligné la nécessité de lutter contre toutes les formes de criminalité, notamment le trafic de drogue, affirmant que «ceux qui menacent la sécurité de l’État finissent par compromettre la stabilité de la société».

Il a aussi appelé les responsables de la sécurité à soutenir le ministère du Commerce dans son effort pour démanteler les monopoles, la spéculation sur les prix et la manipulation des marchés, qui seraient selon lui à l’origine de la poursuite de la hausse des prix dont se plaignent sans cesse les citoyens.

I. B.

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Kaïs Saïed poursuit son combat contre l’«Etat profond»

Dans pratiquement toutes ses rencontres avec les membres du gouvernement, Kaïs Saied ne cesse de mettre en avant le rôle social de l’Etat et la nécessité de prendre des mesures à caractère social dans tous les domaines, dans ce qui ressemble à une politique socialisante en rupture avec celles vaguement libérales en oeuvre dans le pays depuis les années 1990. Il l’a encore fait, lundi 26 mai 2025, en recevant, au Palais de Carthage, la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzeri et la ministre des Finances, Mechket Slama Khaldi.

Cette fois, et pour la énième fois, le chef de l’Etat souligné la nécessité de faire prévaloir le volet social dans la conception de la politique financière de l’Etat, et ce «à la lumière de choix typiquement nationaux», comme indiqué dans le communiqué publié à l’issue de la rencontre. Traduire : la loi de finances et le budget de l’Etat pour 2026 devraient avoir une orientation encore plus sociale que ne l’ont été ceux des années précédentes.    

Rouvrir la porte aux recrutements publics

Le peuple tunisien paie aujourd’hui un lourd tribut résultant des choix et orientations qui avaient creusé la pauvreté d’une large frange de ses élites, a encore indiqué le président de la République, en rappelant que bon nombre de crédits accordés à la Tunisie sont assortis d’intérêts qui pèsent lourdement sur la communauté nationale sans que celle-ci en tire un bénéfice. Faut-il en conclure que M. Saïed s’oppose à la politique d’endettement que suit actuellement le gouvernement ? Auquel cas, où l’Etat va-t-il trouver les financements nécessaires pour son train de vie qui s’alourdit d’année en année avec les vagues successives de recrutements dans la fonction publique, laquelle étouffe déjà sous le poids d’une masse salariale dont la moyenne est parmi les plus élevées au monde.

En effet, le budget de l’État de 2025 a fixé le montant alloué aux dépenses des salaires à 24,389 millions de dinars, en hausse de 8,1% par rapport à 2024, la masse salariale des fonctionnaires représentant ainsi 40,7% des dépenses globales du budget.

Ces chiffres ne sont pas pour impressionner le chef de l’Etat qui, poursuivant ses politiques sociales, a donné des instructions, hier, pour «rouvrir la porte aux recrutements publics dans plusieurs secteurs», soulignant qu’«il est grand temps de régulariser plusieurs dossiers découlant de l’adoption de politiques publiques d’exclusion ayant conduit à des situations intolérables».

Un seul Etat, une seul pouvoir  

Dans le même temps, le chef de l’Etat a réitéré ses critiques envers certains agents publics qui ne montrent pas le zèle requis dans la mise en œuvre des politiques de l’Etat. Il a ainsi «donné ses instructions pour ne plus tolérer une carence ou manquement émanant d’un quelconque responsable qui ne se plie pas à la politique de l’Etat et qui se prévaut de faux prétextes pour ne pas fournir des services aux usagers de l’administration dans les meilleures conditions.»

L’«État profond», qui est «facilement identifiable», doit impérativement s’éclipser à jamais, a fait savoir le chef de l’Etat, rappelant, à ce propos, qu’«il n’y a qu’un seul et unique État», celui dont les institutions émanent du libre choix du peuple, indique encore le communiqué de la présidence. Inutile d’ajouter, ici, qu’il est entendu que cet Etat est celui qu’incarne et conduit Kaïs Saïed, dans l’exclusion de toute autre source de légitimité ou de pouvoir.

I. B. (avec Tap).

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La dégradation du cadre de vie en Tunisie

Tant que nos jeunes seront tentés par l’émigration et que les cités persisteront à se vider progressivement de leurs habitants pour devenir des cités mortes, il sera vain de parler de plan quinquennal de développement, d’autorité publique et même d’Etat de droit. (Ph. Avenue Hedi Nouira à la cité Ennasr : cherchez le trottoir !).

Elyes Kasri *

Tant que certaines communes tunisiennes auront pour modèle le Far West américain, il ne faudra pas s’étonner de l’exacerbation de la tentation migratoire et de toute renonciation à un avenir devenu synonyme de régression et de dégradation du cadre et de la qualité de la vie.

Tant que l’impunité règnera sur les empiètements sur les espaces piétons et que les communes tunisiennes feront preuve de complaisance ou de mercantilisation des droits des piétons, les cités tunisiennes comme El Menzah et Ennasr dans le gouvernorat de l’Ariana, jadis considérées huppées et destinations prisées, persisteront à se vider progressivement de leurs habitants pour devenir des cités mortes.

L’absence d’espaces piétons

Les habitants et les clients potentiels fuiront ces cités sauvages ou règne, à l’image du Far West américain, le plus arrogant et le bras le plus long au détriment des habitants toutes catégories confondues, allant des jeunes écoliers et lycéens qui voient de leurs propres yeux l’impunité et l’exacerbation des transgressions de la loi et d’autre part les personnes âgées dont la proportion est en croissance rapide et qui, outre une inflation galopante et l’effondrement de leur pouvoir d’achat, se trouvent pénalisées par l’absence d’espaces piétons au vu et au su de tout le monde et dans une impunité qui suscite autant de questions que d’impressions d’empiètement systématique des droits, de non-Etat et d’absence de dignité au crépuscule de leur vie.

Le malaise social

A titre d’illustration, à Ennasr, la banlieue jadis considérée huppée et modèle urbanistique de la Tunisie de demain et surtout sur son avenue Hédi Nouira, la plus grande du pays, tant que les galeries piétonnes et les trottoirs ne seront pas libérés du hooliganisme des gargotes, cafés et autres locaux sordides et polluants de chicha dont les charbons ardents sont placés sur le trottoir et entre les voitures, il sera vain de parler de plan quinquennal de développement, d’autorité publique et même d’Etat de droit.

On peut toujours philosopher et couper les cheveux en quatre sur les causes du malaise social en Tunisie et de l’attrait de plus en plus grand soit de l’individualisme loin de tout engagement matrimonial ou parental ou bien de l’exode à l’étranger a la recherche d’horizons plus cléments et plus auspicieux, la situation ne fera qu’empirer si la loi n’est pas appliquée et les communes ne prennent pas leurs responsabilités suffisamment au sérieux au lieu des séances de prises de photos hollywoodiennes pour des actions futiles qui ont perdu tout sens et toute crédibilité aux yeux de nombreux citoyens.

L’impuissance publique

Loin de toute impuissance ou complaisance ou attrait de quelques taxes municipales, très souvent impayées, il faudra consacrer dans les faits et la pratique le principe d’inaliénabilité des espaces piétons et réprimer sans hésitation ou autre considération tout empiètement, concession ou complaisance surtout en cas de suspicion avérée d’abus de pouvoir.

Il est temps de faire revenir l’habitant au cœur des priorités et responsabilités des communes si l’on veut enrayer la tentation migratoire et tout symptôme de renonciation à l’avenir et la crainte de faire subir à ses enfants un calvaire de plus en plus insupportable.

Il est tout à fait normal qu’en l’état actuel tragique des choses, de moins en moins d’adultes voudront être possiblement maudits par leurs enfants qui pourraient un jour s’exclamer à l’instar d’Al Maârri:

«هذا ما جناه أبي عليً وما جنيت على أحد» – («C’est ce que mon père m’a infligé, que je n’ai infligé à personne».)

* Ancien ambassadeur.

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‘‘Le chat’’ de Nadra Achour ou la solitude à deux

Il y a quelques jours, le 24 mai 2025, à El Teatro, j’ai assisté à l’avant-première d’une pièce, ‘‘Le chat’’, mise en scène par Nadra Achour, inspirée d’un roman de Georges Simenon. J’ai eu l’étrange impression de regarder l’histoire à travers une vitre dépolie : floue mais familière.  

Manel Albouchi

La scénographie est simple, mais d’une justesse déconcertante : les sons des travaux extérieurs, constants, agressifs, traduisent ce qui gronde à l’intérieur. L’inconscient comme un chantier rythmé par le temps qui passe. Un fracas ininterrompu qui empêche le silence d’apaiser. L’extérieur devient intérieur. Le refoulé devient décor. 

Deux êtres, un homme et une femme (campés par Amenallah El Ghezal et Boutheïna Ferchiou), pris dans les décombres d’un lien usé. Un couple sans enfants. Une maison comme cercueil des illusions perdues. Ils s’aiment encore, peut-être. Ou ne savent plus comment ne pas s’aimer.  

Parler sans s’écouter, se regarder sans se voir

Ils s’aiment comme on s’attache à une habitude, à une douleur familière. L’attachement, disons, plus que l’amour. Ce que John Bowlby appelait l’attachement anxieux-ambivalent. Un lien qui blesse mais rassure.  

Ils se parlent sans s’écouter, se regardent sans se voir. La communication est un bruit de fond, comme celui des travaux qui ponctuent la pièce : fracas du dehors, chaos du dedans. 

La communion ? Elle a disparu. Évaporée quelque part entre le mutisme de l’un et les cris de l’autre. Il fuit dans le silence. Elle hurle pour combler l’absence. Chacun parle depuis son propre gouffre. Il n’y a plus d’espace commun. Plus de «nous». Juste deux monologues entrelacés, suspendus. 

Et puis il y a le chat, témoin silencieux. Il est l’objet transitionnel, le réceptacle de l’amour résiduel. Il est aussi le tiers exclu. La femme finit par le tuer. Symboliquement, elle détruit le seul lien encore vivant entre elle et lui. Car dans ce couple qui ne sait plus comment mourir, l’amour ne circule plus. Il stagne. Il pourrit comme un cadavre affectif. Et comme souvent, ce qui ne se transforme pas se détruit. 

Deux miroirs qui se renvoient la même image

Ce huis clos, dans la lenteur de sa démolition, parle en creux de ce que Jung appelait l’individuation : ce processus par lequel l’être devient lui-même, en dépassant les rôles, les projections, les dépendances affectives. Mais dans la pièce, l’individuation n’a pas eu lieu. Ils sont restés suspendus l’un à l’autre, comme deux miroirs qui se renvoient la même image. Le deux est resté deux, sans jamais devenir un. Et sans passage à l’unité, il n’y a pas de transcendance possible. Pas d’ouverture à l’infini. 

La pièce interroge alors une question fondamentale : que devient un amour qui n’évolue pas? Quand le lien empêche au lieu de soutenir? Quand le couple devient tombeau au lieu d’être tremplin? 

La maison, symbole du conatus, l’élan vital, l’enracinement s’effondre. Rien ne tient. Ni les murs, ni les mots, ni les regards. C’est la fin d’un cycle. Une désindividuation forcée, brutale. Un retour au chaos primitif. 

Et pourtant… il reste quelque chose : le doute, la culpabilité, l’ambiguïté. Ce ne sont pas les ruines qui touchent, c’est ce qu’elles révèlent : notre peur de la solitude, notre difficulté à nous détacher, notre besoin d’attachement, même quand il nous détruit. 

‘‘Le chat’’ n’est pas qu’un drame conjugal. C’est une parabole. Une méditation sur la finitude, sur les désirs inassouvis, sur les choix non assumés. Un miroir tendu. Et dans ce miroir, parfois, c’est Dieu qu’on cherche ou le diable ou l’ombre de soi-même. 

Car l’amour, quand il échoue à faire passage vers l’Un, nous enferme dans un face-à-face stérile avec notre propre vide. Et c’est peut-être là que commence le vrai travail. Celui de se quitter pour se retrouver. De mourir à deux pour naître seul. Pour peut-être, un jour, faire de ce Un un pont vers l’infini. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.

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Vient de paraître │ ‘‘Le battement des années’’ de Tahar Bekri

Le poète tunisien résidant en France Tahar Bekri vient de publier un nouveau recueil e poésie intitulé ‘‘Le battement des années’’ à connotation autobiographique (Editions Al Manar, Paris, 2025, 80 p., 17 euros, avec des peintures d’Annick Le Thoër).

Le recueil est composé de deux parties, la première développe des évocations autobiographiques, des souvenirs, l’écriture de l’exil, le vécu, entre beauté et douleur, qui s’enchevêtrent dans un chant d’amour, intime et ouvert sur la mobilité des jours.

La deuxième partie dit l’implication du poète dans la résilience au chaos du monde, la défense de sa beauté.

Dans ses derniers recueils, les poèmes de Tahar Bekri deviennent plus intimes, avec des évocations de souvenirs personnels aux couleurs, aux lumières et aux parfums du pays de l’enfance.

I. B.

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Douane Podcast pour expliquer les procédures de déclaration des devises en Tunisie

La Direction générale des Douanes tunisiennes diversifie ses moyens de communication publique en lançant sur sa page Facebook officielle Douane Podcast, un contenu dédié aux voyageurs.

Il s’agit d’une vidéo explicative qui aborde en détail les procédures de déclaration des devises à l’entrée et à la sortie du territoire tunisien.

Cet vise à éclaircir les droits et obligations de tous les voyageurs, qu’ils soient résidents en Tunisie ou établis à l’étranger. Ces droits et obligations sont explicités dans le Code des changes et la réglementation relative à l’importation et à l’exportation des devises, déjà explicitée sur le site web de la Douane tunisienne.

A travers ses différents supports, celle-ci répond aux questions les plus fréquemment posées, telles que : Quel montant de devises peut-on légalement introduire en Tunisie? À partir de quelle somme la déclaration devient-elle obligatoire? Quelles sont les démarches à suivre pour déclarer correctement une devise importée?

Ces rappels concernent également les résidents tunisiens, avec des éclaircissements sur des situations spécifiques. Deux cas pratiques sont notamment mis en lumière : celui des devises échangées pour un voyage finalement annulé, et celui du reliquat de l’allocation touristique non dépensé après un voyage.

Le podcast est présenté par le Colonel-major des Douanes Adel Jedidi de l‘Unité de communication à la Direction générale des Douanes.

I. B.

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Fifa Arab Cup Qatar 2025 │ La Tunisie dans le groupe du pays hôte

Le tirage au sort de la phase finale de la 11e édition de la Coupe arabe des nations, Fifa Arab Cup Qatar 2025, effectué ce dimanche, a placé l’équipe de Tunisie de football dans le Groupe A.

La Tunisie jouera contre le Qatar, le pays hôte, le vainqueur du match de qualification entre la Syrie et le Soudan du Sud et le vainqueur de la confrontation entre la Palestine et la Libye.

Voici, par ailleurs, la composition des quatre groupes:

Groupe A : Qatar / Tunisie / Syrie ou Soudan du Sud / Palestine ou Libye

Groupe B : Maroc / Arabie Saoudite / Oman ou Somali / Yémen ou les Comores

Groupe C : Egypte / Jordanie / Emirats arabes unis / Koweït ou Mauritanie

Groupe D : Algérie / Irak / Bahreïn ou Djibouti / Liban ou Soudan

Rappelons que la Tunisie, vainqueur de la 1ère édition de la compétition en 1963 au Liban, avait perdu la finale de la dernière édition (2021), disputée au Qatar, face à l’Algérie (0-2 après prolongations). La 11e édition de la Coupe arabe des nations, deuxième édition placée sous la juridiction de la Fifa, aura lieu du 1er au 18 décembre prochain au Qatar.

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Expertise coréenne pour digitaliser les données foncières en Tunisie

Un contrat de marché pour la mise en œuvre du projet de «Système d’informations foncières de la Tunisie» a été conclu, lundi 26 mai 2025, à Tunis, entre l’Office de la topographie et du cadastre (OTC) et le groupement des entreprises coréennes Samsung C&T Consortium. (Ph. Le ministre de l’Equipement, Slah Zouari).

Moyennant 50 millions de dollars (149 millions de dinars), le contrat a été signé, au siège du ministère de l’Equipement, par le Pdg de l’OTC, Ahmed El Kamel, et Jihwon Min, chef de projet du consortium Samsung C&T Consortium qui comprend cinq entreprises coréennes.

Ce projet vise à digitaliser l’ensemble des archives de l’office, à mettre en place une base de données foncières et à développer un système d’information foncier outre un système d(information cadastral intégré, a indiqué El Kamel, lors de la cérémonie de signature.

Il prévoit également, selon lui, la création, au sein même de l’office, d’un centre de données dédié à l’information foncière nationale et d’une infrastructure opérationnelle dans les 24 arrondissements de l’OTC. Il entend, par ailleurs, renforcer les capacités des cadres et des techniciens dans le domaine foncier.

D’une durée de trois ans, le projet sera réalisé en partenariat avec deux entreprises tunisiennes, à savoir la Société nouvelle de construction (SNC) pour la construction d’un centre de données et Geotop pour la participation à la digitalisation des données.

Le ministre de l’Equipement, Slah Zouari, a, à cette occasion, souligné, que ce projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie digitale du gouvernement qui vise la digitalisation et la simplification des procédures administratives et le développement des services numériques destinés aux entreprises et aux citoyens, ainsi que dans la stratégie nationale d’encouragement de l’investissement et d’amélioration du climat des affaires. Et de rappeler que la réalisation de ce projet fait suite à la signature, le 31 mai 2021, de l’arrangement concernant le prêt EDCF (Fonds coréen de coopération pour le développement économique) entre les gouvernements des deux pays et à la conclusion, le 14 juillet 2021, de l’accord de prêt entre la Tunisie et la Korea-Eximbank  pour un montant de 60 millions de dollars (l’équivalent de 178 millions de dinars).

Il s’agit, selon M. Zouari, du fruit d’une coopération bilatérale qui date de l’année 2014 à travers plusieurs activités, en particulier le projet de système d’informations foncières de la Tunisie, lequel a été réalisé en 2017-2018, suite à une étude de faisabilité financée par Korea-Eximbank.

Tap.

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Pas en notre nom │ Le personnel de l’UE exige une action à Gaza

Des fonctionnaires européens demandent à l’Union européenne (UE) d’agir contre Israël en respect de ses propres valeurs fondamentales.

Regroupés au sein d’un collectif informel EU staff for Peace and Justice’, ces fonctionnaires européens se montrent critiques sur la façon dont les institutions réagissent face à la guerre menée par Israël à Gaza. 

Ils lui reprochent son inaction. Elle aurait ainsi contribué au climat d’impunité sous-tendant «l’invasion de la bande de Gaza».

«Les institutions européennes n’ont pas réussi à exercer l’influence politique, diplomatique et économique de l’Union européenne pour améliorer la situation à Gaza», estime le collectif de 2 000 sympathisants.

Leur lettre a été adressée jeudi 22 mai aux présidents des trois ou institutions (la Commission européenne, le Conseil européen et le Parlement européen).

Ils y estiment que la réponse de l’UE aux morts civiles et au blocage de l’aide humanitaire a été «limitée à des déclarations exprimant une inquiétude, avec peu, voire aucune action significative».

Ils saluent cependant la décision, soutenue par une majorité d’États membres, de revoir l’accord d’association UE/Israël au regard du respect par Israël des clauses de cet accord portant sur les droits de l’homme.

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Rencontre à La Marsa │ «Être maman aujourd’hui»

La Bulle des Mamans organise un événement inédit à La Marsa, Tunis : «Être maman aujourd’hui», une journée de rencontres, d’échanges et de partages pensée pour toutes les mères, à chaque étape de leur parcours.

Depuis 13 ans, La Bulle des Mamans accompagne les femmes autour de la maternité. Cet événement gratuit et ouvert à tous, qui se tiendra le 14 juin 2025, de 10h à 19h, au Coffice La Marsa, mettra en lumière des sujets essentiels qui traversent la vie des mères : équilibre entre vie professionnelle et personnelle, charge mentale, retour au travail, transmission générationnelle, pression du «mythe de la mère parfaite», la maternité…

Une journée d’échange et de bienveillance

Chaque heure, une experte prendra la parole pour aborder un thème fort, avec une approche ludique et concrète. L’objectif : informer, accompagner, libérer la parole et valoriser les expériences, dans un cadre bienveillant et ouvert à tous.

En parallèle, dans un espace dédié, La Bulle des Mamans proposera des ateliers sur inscription autour de la maternité : allaitement, préparation à l’accouchement, yoga prénatal, valise de maternité… Des formats pratiques, pensés spécifiquement pour les futures et nouvelles mamans. Des stands Des partenaires engagés seront également présents via des stands soigneusement sélectionnés, en harmonie avec l’esprit de l’événement. Ils proposeront des produits, des services ou des conseils en lien avec le bien-être, la parentalité, la féminité…

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Peuple en liberté conditionnelle ou comment la loi déshumanise la société

Sommes-nous tous d’ores et déjà condamnés voire écrasés par le système et même par la société qui n’est autre que la deuxième voix de ce système ? (Ph. « Le Procès » de Franz Kafka adapté au théâtre par le Polonais Krystian Lupa).

Dr Monem Lachkam *

Il est admis que les attentes et les aspirations citoyennes après un soulèvement populaire ne sont jamais tout à fait contentées et quoi de plus normal, du fait même qu’elles ne soient presque jamais homogènes, voire même et ce n’est pas rare, qu’elles soient contradictoires. Toutefois quand l’écart entre ce à quoi on pouvait légitimement s’attendre et, ce qui en est réellement de l’issue d’un tel soulèvement, est un véritable gouffre, une incertitude doublée d’une lassitude et d’un abattement s’emparent du mental citoyen et s’incrustent comme un mal pernicieux. Ce mal est inquiétant du fait qu’il soit furtif et sournois, mais surtout parce que le pessimisme et le noyau dépressif qui s’en suivent, deviennent l’état de base du mental citoyen et surtout très difficilement rattachées à leurs causes. L’installation lente et insidieuse fait que l’origine de ce mal est très difficilement individualisable et qu’on a donc plutôt tendances à mettre ça sur le compte de tracas quotidiens personnels ou sur le compte de causes plus prosaïques non moins cruciales par ailleurs, comme le pouvoir d’achat, la qualité et l’accès au service publique. Ceci non pas, comme le prétendent certains analystes, essentiellement par insuffisance ou paresse intellectuelle, mais surtout à cause d’une espèce de léthargie, maître symptôme de la mélancolie ambiante qui détourne le conscient commun de la vraie raison de ce fléau psychologique.

Ce mal-être m’a incité, et je m’en veux encore pour cette fausse bonne idée, à relire “Le procès’’ de Franz Kafka, qui m’avait autrefois, lors d’une première lecture, mis dans ce même état de gêne et d’assombrissement de l’humeur. Mon vœu pieux était alors que cette relecture puisse m’aider à comprendre les tréfonds de ce brouillard et éventuellement le dissiper. Pour ceux qui n’ont pas la patience de lire Kafka, “Le procès’’ est écrit dans un style très simple plutôt facile à lire, comme c’est souvent le cas pour ce genre de génie. Le roman parle d’un banquier que rien ne distingue de monsieur tout le monde et qui se réveille le matin de son trentième anniversaire avec deux sinistres personnage qui viennent l’arrêter. Les agents ne lui disent pas le motif de son arrestation parce qu’ils ne sont pas autorisés à le faire, disent-ils. Ce qu’il sait désormais c’est qu’il a un procès sur le dos, que son affaire est très grave. Fait étrange, c’est une arrestation sans qu’il ne soit immédiatement mis sous le verrou, qu’il peut donc continuer à travailler et à vaquer à ses occupations habituelles. Cependant, sa nouvelle vie est rythmée par des va-et-vient réguliers au tribunal.

Inutile de vous dire que le récit se termine sans que le héros Joseph K., ni le lecteur d’ailleurs, ne sachent l’objet de l’accusation. Joseph K ne baisse pas les bras, il va essayer de comprendre, de se faire aider, mais tout ceux à qui il demande de l’aide, que ce soit l’avocat incompétent, l’infirmière de son oncle qui par ailleurs lui porte un intérêt charnel certain, le peintre ou l’évêque ont fini par le faire se sentir réellement coupable sans même qu’il ne sache de quoi !

Le génie de ce livre est qu’il vous oblige presque à le réécrire. Les analyses qui en ont été faites étaient multiples : politique, sociales, psychanalytiques, identitaires, religieuses, mystiques ou encore métaphysiques et étaient toutes très riches et réellement attrayantes. Ce qui m’avait incité, d’une manière j’allais dire instinctive, à relire “Le procès’’ était, probablement et inconsciemment, la sensation du déjà vécu de ce mal-être qu’il m’avait déjà inspiré à l’époque, sauf que cette fois-ci, ce saisissement dérangeant a plus que doublé.

Néanmoins, maintenant cette profonde affliction et cette gêne sont devenues compréhensibles, intelligibles et justifiées. Mon intention est d’essayer de comprendre l’origine de ce malaise selon une analyse Arendtienne de l’ouvrage dans cette première partie, pour finir dans une deuxième partie sur le versant métaphysique, rien de bien engageant, vous l’avez bien compris.

L’obligation de répondre d’une vague accusation

Pour rester simple, Hanna Arendt, en analysant politiquement ‘‘Le procès’’, explique l’incompréhension, l’angoisse et le désespoir de Joseph K., personnage du livre, par le fait qu’il soit seul face à une machine judiciaire et bureaucratique qui n’a rien d’autre comme intention que de le broyer, que de le détruire sans lui dire ni pourquoi ni comment ni quand ça devait arriver.

Il est naturellement révolté de ne pas savoir quelle loi a-t-il enfreint, surtout qu’on lui donne la possibilité de se défendre tout en lui expliquant que c’est totalement inutile.

Par simple analogie, est-ce que ceci n’est pas exactement le cas quand vous devez répondre d’une accusation et que vous savez pertinemment que ceci n’est qu’un prétexte pour vous soustraire à la vie publique?

Ou quand la consigne est donnée au juge de vous mettre à l’ombre, que l’acte d’accusation n’est qu’un détail dans l’affaire et que le chef d’inculpation n’est qu’un jeu d’ajustement des articles de loi, plus en fonction de la durée d’arrestation escomptée qu’en rapport avec le supposé délit?

Le fait que quelqu’un soit emprisonné et qu’à l’approche de la fin de sa peine, on lui concocte d’autres chefs d’inculpation, qu’on puise parfois dans de petits délits tellement oubliés que ça devienne des lois mortes et qu’on ressuscite à l’occasion, n’est-il pas équivalent à une méconnaissance totale du motif de son inculpation?

La seule vraie raison est qu’une décision est prise de vous mettre un procès sur le dos. Est-il réellement utile de se défendre dans ces cas-là? Quand vous savez que tout est prétexte dans cet ersatz de justice, et que l’issue de votre procès ne dépend ni de votre supposée intégrité, ni de la compétence de votre avocat ni d’ailleurs de la droiture du juge, vous auriez vite compris que c’est à la limite trivial d’essayer de faire usage de votre soi-disant droit à la défense.  

La justice comme instrument d’une loi visant à nous asservir

Vous êtes donc d’ores et déjà condamné voire écrasé par le système et même par la société qui n’est autre que la deuxième voix de ce système. La société vous pousse toujours plus à accepter votre sort. On a l’impression, et ce n’est d’ailleurs pas qu’une impression, que la société pousse vers une justice vengeresse qui n’a aucun sens et quand bien même un sens existe et qu’il nous échappe, on ne pourra jamais y avoir accès et donc le comprendre. On est donc face à l’obscurité d’une justice dont on ne sait rien et dont les représentants ne nous montrent que ce qu’ils ont envie qu’on voie. L’enjeu d’une telle justice ne peut être par voie de conséquence que politique. La Loi nous soumet donc de cette façon à une servitude indiscutable. De sorte que cette société qui, au mieux résignée et obéissante, au pire se prosterne et relaye, comme des vérités tranchées, des accusations à peine croyables, ne peut être que l’autre instrument de la loi visant à nous asservir. Essayer de comprendre et de défendre ses droits devient pratiquement criminel, il faut donc se taire ou mourir. Mais si, par malheur et à cause d’un sens aigu de la dignité, vous refusez que vos droits vous soient insidieusement usurpés, le décalage entre vous et l’ordre social vous ostracisera inévitablement. Le consentement aveugle de la société donne alors à la justice une fausse légitimité irrévocable.

Une telle société n’a plus rien d’humain, la loi déshumanise la société en l’empêchant de faire la loi par elle-même et pour elle-même. Le totalitarisme est la présence de la loi partout avec l’impossibilité de la discuter.

Le peintre explique à Joseph K.qu’un acquittement définitif est inconcevable et qu’il ne faut espérer qu’un acquittement apparent, lequel n’étant pas réel et reconduira le procès sans cesse et le rendra sans issue.  Ce que l’auteur sous-entend, c’est que les juges qui ont condamné Joseph K. ne représentent qu’une justice de façade et que d’ailleurs même s’ils décident de l’acquitter, ça ne sera qu’un acquittement temporaire, c’est-à-dire qu’une fois acquitté de la sorte, vous êtes temporairement soustrait de l’accusation mais elle continue à planer au-dessus de vous et qu’il suffit d’un ordre venu d’en haut pour qu’elle entre aussitôt en action.

Les exemples de ce genre ne font pas défaut et c’est tellement très mal agencé et tellement ciblé que c’en est devenu prévisible. De l’extérieur, on pourra croire que c’est un vrai acquittement, un acquittement intégral, mais un initié ne croira rien de tel. Quand on a injustement bafoué vos droits intentionnellement une fois, il est aisé de comprendre qu’on le refera sans vergogne pour les mêmes raisons ou pour d’autres qui s’y apparenteraient.

Un jour où vous avez particulièrement cessé de plaire et où vous vous y attendez le moins, un juge ordonnera une immédiate arrestation. Plus question dès lors de vivre en liberté. Le droit à l’acquittement définitif n’appartient qu’aux tribunal suprême qui n’est accessible à personne et certainement pas au tribunal subalterne, disait le peintre. Les juges subalternes ne sont donc que l’instrument du tribunal suprême et peuvent même, à l’occasion de saugrenues velléités d’intégrité, de droiture ou de contestation, quand bien même fugaces de leur part, faire les frais de cette horrible et indélicate résistance et subir, allègrement, ce à quoi n’était prédestinés que les gueux. La loi ne renvoie donc pas à la justice mais à une chasse à l’homme.

Avec le temps vient l’usure et on a tendance à accepter et à se résigner, cette léthargie conséquence du marasme ambiant nous y soumet et ce n’est donc là que la concrétisation du dessein du totalitarisme.

Le peintre et toutes les personnes sur le chemin de Josef K. n’ont pour mission que de le dissuader de toute action. La plèbe est tout excitée autour de l’arène. Ceux qui s’épanouissent dans la médiocrité sont avide de cette corrida, certains médias en sont assoiffés, ceux-là et toute cette société, c’est déjà le tribunal. Quand on s’est permis un tel usage de la justice, il est illusoire de croire à une réelle liberté. Même les infatués inconscients qui se croient en dehors de toute atteinte, plus par un jeu de connivences frôlant l’indécence que par exemplarité détachée, n’y échapperont pas une fois égarés même par mégarde.

Une épée de Damoclès est au-dessus de la tête de tout un chacun, surtout que la chimérique présomption d’innocence n’est plus et peut-être même qu’elle n’a jamais été de rigueur sous nos cieux eu égard notre culture, notre évolution et notre privation drastique de liberté sur plusieurs générations.

Je ne sais pas qui a dit que l’insécurité produit le conformisme, mais je sais que la menace incessante soumet et asservit la société. Dès lors et une fois la machine et le système installés et bien huilés, tout mécontentement de quelque ordre qu’il soit se verra démuni de son exutoire aussi menu soit-il et qui n’est autre que le droit d’en parler librement et solennellement.

On vous donne une illusion de liberté que vous vivriez, plus comme un piège que comme un droit. Vous pouvez désapprouver, vous indigner, protester même et vous auriez par moment l’impression d’être libre de le faire, mais vous ne pourriez jamais savoir quand est-ce que vous avez dit ce qu’il ne fallait pas ni ce que c’était d’ailleurs. Ceci est une préfiguration du totalitarisme, étouffante pour tout esprit libre, d’où l’angoisse et le désarroi de Joseph K.

Le totalitarisme vous impose des lignes rouges et des restrictions que certains assimilent plutôt bien et quand vous vous exposez à les enfreindre vous le faites généralement parce que vous êtes excédé et non sans bravoure bien évidemment.

Fait pervers cependant, c’est que dans cette restriction de liberté vous gardez tout de même la liberté de choisir d’être parmi les rampants ou les rebelles en connaissance du règlement. Qu’en serait-il alors quand le totalitarisme ne prédéfinit pas la règlementation, soit parce que les juges suprêmes ont du mal à bien concevoir les règles pour pouvoir bien les exprimer, soit que la liste est très prolifique et dépend de l’humeur des juges, ou que les juges suprêmes eux-mêmes ne la connaissent pas, parce qu’elle serait plutôt dictée par leurs démons. Nous sommes alors devant un système paranoïagène pour le justiciable désireux de rationalité même dans l’arbitraire, l’abus et l’impartialité et schysogène pour une plèbe désireuse de plus d’ingéniosité et d’inventivités dans le shadenfreude** alimenté et encouragé par la perversité du système.

Cette dépression collective, car j’ai la faiblesse de croire que s’en est une, ne peut logiquement que brider la création, l’esprit d’initiative, la volonté de réussir et de prospérer. La citoyenneté et le sens civique sont probablement ceux qui en pâtissent le plus, avec un effet rétrograde aggravant sur la dépression.

Vous l’avez certainement compris, le propos ici n’est pas de faire le diagnostic de ce mal, je préfèrerais laisser ça aux psychiatres, ils le feront certainement beaucoup mieux, mais il s’agit d’essayer de comprendre, car comprendre est paraît-il l’amorce du traitement et il semblerait même que la psychanalyse fonctionne comme ça, en se focalisant et en puisant toutefois dans votre petite enfance, la concernant.

* Chirurgien, Gafsa.

** Expression allemande signifiant la «joie malsaine» ou la «joie maligne».

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22e congrès de la STCL│ «Innovation, robotique et excellence chirurgicale»

Le 22ᵉ Congrès national de chirurgie laparoscopique, organisé par la Société tunisienne de chirurgie laparoscopique (STCL), se tiendra les 29 et 30 mai 2025 à l’Hôtel Sheraton, à Tunis, sous le thème « Innovation, robotique et excellence chirurgicale».

Ce congrès constitue un moment fort pour la communauté médico-chirurgicale tunisienne, rassemblant des experts de haut niveau, des praticiens expérimentés et des jeunes chirurgiens autour des avancées les plus récentes en chirurgie mini-invasive. Cette 22ᵉ édition s’articulera autour de plusieurs sessions riches animés par d’éminents experts internationaux.

Grande nouveauté cette année : un focus sur la chirurgie robotique, discipline en pleine croissance qui révolutionne les pratiques opératoires modernes.

Des workshops et ateliers de simulation seront également annoncés au cours de l’année, témoignant de l’engagement continu de la STCL en faveur de la formation et de l’innovation.

Selon le secrétaire général de la STCL, Pr Houcine Maghrebi, du service de chirurgie viscérale et digestive à l’hôpital de la Rabta, à Tunis, «ce congrès reflète l’engagement de la STCL à promouvoir l’excellence, l’innovation et la formation continue en chirurgie mini-invasive. L’introduction de la chirurgie robotique et du volet simulation marque une étape majeure pour l’avenir de notre discipline».

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Trump est un symptôme, Mama Africa est une guérison 

Trump braille. Le public, lui, est divisé : ceux qui applaudissent, ceux qui s’indignent, ceux qui rient. Lors d’une rencontre avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa, Donald Trump a présenté des images prétendant illustrer un supposé «génocide des Blancs» en Afrique du Sud. Cependant, ces images provenaient en réalité de la République démocratique du Congo, illustrant des scènes sans lien avec l’Afrique du Sud.

Manel Albouchi

Cette manipulation a été largement dénoncée par les autorités sud-africaines et les médias internationaux. Mais l’incident illustre une tendance persistante de certains acteurs occidentaux à instrumentaliser l’Afrique pour nourrir des narratifs politiques internes, souvent au mépris de la réalité du continent. 

Pendant que certains projettent leurs peurs et fantasmes, Mama Africa, elle, pense. Elle se souvient, elle guérit en silence. Mais ce silence n’est pas soumission. C’est une respiration lente, ancestrale. Un cycle. 

L’Afrique est souvent réduite dans les récits internationaux à un territoire de chaos, de misère, ou de besoin d’aide. Pourtant, elle n’est pas une victime. Elle est une matrice. Une mère blessée, mais jamais stérile. Une force souterraine, qu’aucun colonialisme, qu’aucun néolibéralisme n’a su éteindre. 

Loin du tumulte des plateaux télévisés et des guerres d’ego, l’Afrique, elle, murmure. Elle se souvient, elle rêve, elle se relève.  

De la traite négrière au néocolonialisme 

Historiquement, l’Afrique n’a pas sombré d’elle-même. Elle a été déstabilisée. D’abord par des siècles de traite négrière – transsaharienne, orientale, occidentale – qui ont arraché des millions d’âmes à leur terre. Ensuite par la colonisation, ce processus brutal d’asservissement économique, culturel et politique. 

L’Afrique n’a pas été découverte. Elle a été envahie, découpée, exploitée. Le congrès de Berlin (1884) fut le point d’ancrage d’un partage cynique du continent, sans consultation de ses peuples. 

Une pouponnière de main-d’œuvre 

Au XIXe siècle, à l’âge d’or de l’industrialisation, l’Europe a transformé l’Afrique en réservoir de main-d’œuvre et en pourvoyeuse de matières premières. Les chemins de fer, les ports, les routes n’étaient pas pensés pour relier les peuples entre eux, mais pour extraire le caoutchouc, les minerais, le coton. 

Et l’éducation ? Elle n’était pas destinée à éveiller, mais à former des exécutants dociles. Assez lettrés pour faire tourner les machines, mais pas assez pour remettre en question l’ordre établi. 

Ce modèle a perduré longtemps après les indépendances, avec des élites formées à l’occidentale, souvent coupées de leurs racines, reproduisant des schémas coloniaux dans des États théoriquement souverains. 

Le colonialisme déguisé à la peau dure

Le FMI, la Banque mondiale, les accords économiques avec l’Union européenne sont devenus les outils d’un néocolonialisme travesti. 

Des prêts toxiques, des plans d’ajustement structurel, des dépendances économiques imposées ont étranglé les États africains naissants. L’Afrique n’a jamais cessé de produire de la richesse, mais elle en a rarement profité. Ses matières premières sont extraites, transformées ailleurs, puis revendues à prix d’or. Elle vend de l’or, du cobalt, de l’uranium, du phosphate… mais importe du pain, des médicaments, et même des idées. 

Aujourd’hui encore, les multinationales occidentales, chinoises ou russes exploitent le sous-sol africain avec des méthodes dignes d’un autre siècle. Et pendant ce temps, les mères africaines continuent à éduquer, soigner, nourrir, résister. 

La corruption, un héritage colonial 

Mais au-delà des ingérences extérieures, l’Afrique a aussi été piégée de l’intérieur. 

La corruption systémique n’est pas une simple déviance morale : elle est l’héritage structuré du système colonial, où une élite locale servait les intérêts des puissances étrangères. 

Après les indépendances, dictatures, présidences à vie, coups d’État sont devenus monnaie courante. Le pouvoir s’est souvent exercé comme une rente personnelle. Mais la corruption n’est pas qu’africaine : elle est globale. Les élites du Nord, les banques offshore, les multinationales extractivistes sont les bénéficiaires silencieux de cette économie parallèle. 

La Cnuced estime à 88 milliards de dollars par an les flux illicites quittant le continent. Une saignée lente et organisée. 

La corruption, c’est aussi une pédagogie. Celle du désespoir. Du cynisme. Du renoncement. Elle ne pourra être éradiquée que si l’Afrique cesse de mendier des modèles étrangers pour réinventer ses propres formes de gouvernance, ancrées dans l’éthique communautaire, la justice restaurative, et la transparence enracinée dans les cultures locales. 

La nouvelle génération 

Mais depuis peu, le vent tourne. Une révolution géopolitique silencieuse est à l’œuvre. Une nouvelle génération de leaders africains, à l’image d’Ibrahim Traoré au Burkina Faso, incarne un tournant historique. 

À 34 ans, Traoré rompt avec la langue de bois diplomatique, dénonce les ingérences françaises, sort du G5 Sahel, se rapproche de la Russie et de la Chine, et tente de bâtir une souveraineté militaire, économique, et culturelle. 

Il n’est pas seul. Le Mali, le Niger, la Guinée et d’autres cherchent eux aussi à reconquérir leur indépendance stratégique. 

La rupture ne se fait pas sans douleurs ni contradictions. Mais elle traduit une prise de conscience collective. L’Afrique commence à parler d’une seule voix ou, du moins, à refuser de se taire. 

L’Afrique mère 

À l’échelle intime, Mama Africa, ce sont les femmes. Les mères, les sœurs, les guérisseuses, les marchandes. Celles qui nourrissent les villages, enseignent la sagesse sans manuels, résistent sans faire la guerre. Celles qui pleurent leurs enfants envoyés à la mer, mais tiennent le foyer debout. Celles qui n’écrivent pas toujours dans les journaux, mais qui écrivent l’Histoire. 

À l’échelle historique, Mama Africa est une mémoire vivante. Celle des royaumes mandingues, du Kemet ancien, du Swahili cosmopolite, du Soudan intellectuel. Celle des résistants oubliés, des langues minorées, des traditions que la modernité n’a pas su effacer. 

À l’échelle géopolitique, elle est une puissance en renaissance. Une puissance qui n’a plus envie de tendre la main, mais d’avancer debout. Pas selon les critères du monde blanc, mais selon ses propres rythmes, valeurs et visions. 

Le ventre d’une femme qui résiste est plus puissant qu’un empire qui décline. 

Une révolution intérieure 

Il est temps d’écouter ce qui ne se dit pas, d’honorer ce qui ne se voit pas, de reconstruire ce qui a été brisé sans bruit. 

Cette révolution africaine n’est pas d’abord militaire. Elle est ontologique. Elle part du corps, de la terre, de la parole, de l’art, de la transmission orale, du sacré. Elle exige de désapprendre pour mieux apprendre, de sortir de l’imitation pour inventer, de cesser de quémander pour se souvenir. Elle passe par les femmes, les poètes, les paysans, les artistes. Ceux que l’histoire officielle a toujours mis en marge, mais qui incarnent la pulsation de ce continent-mère. 

Ce 25 mai, en cette fête des mères, souvenons-nous que Mama Africa n’est pas une victime passive de l’histoire. Et elle n’est pas seulement une image poétique. C’est une puissance matricielle, un ancrage philosophique. Elle n’est pas parfaite, mais elle porte en elle la mémoire du monde, le lien avec la terre, le temps long. Elle ne crie pas, elle incarne. Elle a été trahie, pillée, caricaturée. Mais elle continue d’enfanter. Elle donne naissance à une Afrique du futur, où l’on soigne les blessures du passé sans les refouler, où l’on conjugue la modernité avec les sagesses ancestrales. 

Et si Trump est le symbole d’un monde qui s’agite en surface, l’Afrique est l’appel d’un monde qui renaît de l’intérieur. 

Ce siècle post-industriel et numérique rebat les cartes. Les anciennes puissances vacillent. Les rapports Nord-Sud sont contestés. L’Afrique, avec sa jeunesse, sa créativité, ses ressources, une fenêtre historique. Et si nous voulons survivre, il est temps de revenir vers elle. Non pas pour la sauver, mais pour qu’elle nous sauve. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.

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Gaza │ Personne ne pourra dire un jour qu’il ne savait pas

Pardon si la photo vous dérange. C’est une photo de famille — dans le quotidien palestinien avant que leur ville ne devienne Riviera. Les mots gaz et Gaza étaient plus proches qu’on ne le pensait… Et personne ne pourra dire un jour qu’il ne savait pas.

Olfa Rhymy Abdelwahed *

Face à l’horreur absolue, des questions d’ordres philosophique, historique, théologique, idéologique, politique, voire éthique, se juxtaposent dans mon esprit — et se heurtent à l’abîme.

Face à une mauvaise foi — au sens sartrien de ‘‘L’Être et le Néant’’, quand on se ment à soi-même pour fuir ses responsabilités —, où manipulation et arguments fallacieux sont au service du crime, je prends du recul. Je m’attelle à ma bonne foi, pour essayer de comprendre.

«Ne juge pas une personne avant d’avoir marché deux lunes dans ses mocassins», dit un proverbe amérindien.

J’ai marché dans les mocassins d’Ann Frank, retenant mon souffle avec elle dans l’annexe secrète.

J’ai fui avec Joseph Joffo, dans ‘‘Un sac de billes’’ traversant la guerre avec l’innocence de l’enfance vers la zone libre.

J’ai cherché Sarah en moi, dans ‘‘Elle s’appelait Sarah’’.

J’ai suivi ‘‘Le Garçon au pyjama rayé’’, pleuré devant ‘‘La Liste de Schindler’’, écouté ‘‘Le Silence de la Mer’’. J’ai espéré, comme dans ‘‘La Vita è bella’’.

J’ai marché dans les mocassins des familles arrêtées, déportées, humiliées, disloquées, exterminées. Deux mots ont marqué ma conscience au fer rouge : la solution finale.

Je pensais que l’humanité passerait le reste de son histoire à éviter de jamais les juxtaposer, même en mathématiques. Mais l’humanité aime étonner.

«Auschwitz a existé, donc Dieu n’existe pas», écrivait  Primo Levi. Cette phrase m’a glacée. Elle portait la douleur de tous ceux que la folie des hommes a déshumanisés. Et j’ai osé croire que plus jamais cela ne se reproduirait. Mais l’esprit humain s’arrête là. Il ne peut concevoir que des victimes d’une telle barbarie deviennent, un jour, bourreaux. Pas eux. Pas face à d’autres innocents. Et pourtant.

Le silence étouffant des décideurs

Quand Lord Balfour a promis une terre qui ne lui appartenait pas, il a piétiné justice, droit et vérité. Il a semé les graines d’un conflit éternel, jeté les bases d’un sionisme dévastateur, dépossédant les Palestiniens de leurs vies.

La Palestine existait bien avant 1917. Peuplée, vivante, enracinée dans l’histoire. Au carrefour des civilisations, elle a vu passer des peuples, des empires, des tribus. Les Ghassanides, Judham, Kinana, Kalb, Quda’a, et tant d’autres — présents avant même l’islam, bien avant la colonisation.

Ce n’est pas un débat. C’est un fait. Mais l’Histoire, quand elle dérange, devient inaudible.

Ils ont décidé Oui, ils ont décidé. Décidé de mettre la main de Dieu à la pâte, puisqu’il a jugé bon de leur promettre une terre déjà habitée, sans consulter les habitants. Décidé que Dieu était de leur côté sans nous prévenir. Décidé que Dieu octroie des terres selon la tête du client. Sans jamais oser envisager que le Livre de la Genèse puisse faire appel à des métaphores ou à des sens figurés.

Ils ont décidé. Ils ont aussi décidé que les autres doctrines hébraïques, comme celles défendues par les Naturei Karta qui veulent rester fidèles à leur destinée de peuple errant, sont nulles et non avenues … Décidé d’ériger la Shoah en monopole de la souffrance. Décidé de jeter un peuple dans les flammes, pour apaiser leur conscience.

Et nous voilà, 76 ans plus tard, face à une armée qui ne se cache même plus. Face à un État qui justifie l’injustifiable. Face à des soldats qui dansent sur les cadavres des enfants qu’ils ont pulvérisés. Les nazis cachaient leurs crimes. Leurs héritiers les diffusent en direct.

Le visage d’un soldat SS cruel, froid et impassible tranche avec celui d’un soldat de Tsahal jovial et dansant sur les cadavres d’enfants.

Ils enterrent les vivants et dansent  Ils mutilent les enfants et dansent. Ils éliminent les médecins, les journalistes, les humanitaires et dansent  Ils affament, déportent, massacrent… Avec méthode. Avec assurance. Avec jouissance. Ils disent jouer leur survie. Ils reproduisent le schéma de leurs anciens bourreaux — avec plus de cynisme, plus d’insolence, plus de spectacle.

Le soldat SS est devenu Tsahal, hilare, dansant au milieu des ruines. L’image insoutenable d’un monde qui sombre. Mais des ombres incertaines de justes parmi les hommes se détachent au bout d’un tunnel long de 76 ans

Et moi, dans tout ça. La goutte d’eau dans l’océan. L’infiniment petit dans le cosmos. Je ne m’adresse pas aux citoyens du monde, ni aux générations futures dont font parties mes élèves, ni même à mon fils pour un devoir de mémoire. J’écris pour cette voix intérieure qui me dira un jour : «Tu savais.»

* Enseignante.

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Profil │ Nadia Melliti, la révélation inattendue de Cannes (Vidéo)

Lorsqu’elle est montée sur la scène du Palais des Festivals, les yeux humides et la voix tremblante, peu de gens dans la salle connaissaient son nom. À 23 ans, Nadia Melliti vient de décrocher le Prix d’interprétation féminine à Cannes pour son rôle dans ‘‘La Petite Dernière’’, réalisé par Hafsia Herzi. Une consécration fulgurante pour une jeune femme qui, quelques mois auparavant, poursuivait tranquillement des études en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), loin des projecteurs. Vidéo.

Djamal Guettala

Née en banlieue parisienne de parents tunisiens, Nadia Melliti n’a jamais pris de cours de théâtre. Elle ne fréquentait ni castings, ni plateaux de tournage. C’est au détour d’un quartier animé de Paris qu’un directeur de casting la remarque. «Elle avait une présence brute, une sincérité dans le regard», raconte Hafsia Herzi, elle-même César de la meilleure actrice en 2025 pour son interprétation dans le film « Borgo » de Stéphane Demoustier.

Ce regard, justement, est devenu l’un des symboles du film ‘‘La Petite Dernière’’, adapté du roman de Fatima Daas. Nadia y incarne Fatima, une jeune femme tiraillée entre foi, famille et désirs, dans un récit poignant d’identité et d’émancipation.

Une performance habitée

Dans le film, Nadia ne joue pas : elle vit. Chaque mot prononcé, chaque silence, chaque hésitation porte en elle le poids d’une génération partagée entre traditions et liberté. Le jury cannois a salué une interprétation «d’une intensité rare, d’une justesse désarmante». Elle incarne cette jeunesse franco-maghrébine souvent invisibilisée, avec une puissance tranquille et bouleversante.

Aujourd’hui, les propositions affluent. Mais Nadia reste mesurée. Elle veut continuer ses études, tout en choisissant ses projets avec soin. «Ce n’est pas parce qu’on m’a tendu un micro que j’ai toutes les réponses», confie-t-elle avec humilité. Elle parle souvent de sa famille, de ses racines, de sa volonté de rester «connectée au réel».

À l’heure où le cinéma français cherche à se renouveler, Nadia Melliti incarne une promesse rare : celle d’un talent brut, sincère, qui ne cherche pas à plaire mais à dire quelque chose. Dans la lignée de Hafsia Herzi ou Leïla Bekhti, elle pourrait bien devenir une figure majeure du cinéma franco-maghrébin engagé.

Et si ‘‘La Petite Dernière’’ marquait, en réalité, le premier chapitre d’une grande carrière ?

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Tunis accueille la 1ère édition de Jazz’It Festival 

La première édition de la manifestation culturelle et artistique, Jazz’It Festival se tiendra du 29 au 31 mai 2025, Théâtre des Jeunes Créateurs, à la Cité de la culture, Tunis.

Ce nouveau festival est initié par Malek Lakhoua, jazzman tunisien, qui en assure la direction artistique et l’organisation. Il espère recevoir, en trois jours, plus de 3000 festivaliers, tunisiens et étrangers, autour de concerts, workshops, expositions photos, animation et actionsartistiques variées.

Des artistes internationaux de la France, la Belgique, le Canada et les Etats-Unis, outre les jazzmen tunisiens, animeront les 3 soirées successives, avec 5 concerts séparés.

Jazz’It Festival est une invitation à la magie, à la découverte et à la célébration de la musique dans sa forme la plus pure, où chaque note, chaque souffle, chaque son et chaque silence résonne comme un hymne à la liberté et à la créativité.

Au programme, des artistes de renommée mondiale qui repoussent sans cesse les frontières du genre. L’ouverture, jeudi 29 mai, sera assurée par le saxophoniste belge Pietro Vaiana, qui, fidèle à son univers unique, présentera également son nouveau disque ‘‘Camera Obscura’’,paru sur le label partenaire Igloo Records. Une œuvre riche d’émotions et de virtuosité qui rend hommage à sa patrie d’origine, la Sicile.

En deuxième partie de soirée, Seamus Blake, saxophoniste de talent, partagera son univers singulier avec le public, aux côtés de Moncef Genoud, pianiste tuniso-suisse, reconnu comme l’une des figures majeures du jazz européen.

Le festival sera également l’occasion de découvrir des projets discographiques inédits à travers une soirée exceptionnelle, vendredi 30 mai, dédiée aux sorties de disques en vinyles sur le label Jazzit Records, hôte du festival. Le 1er concert sera celui du batteur Mourad Benhammou, maître du swing et de l’improvisation, qui présentera son dernier album ‘‘Silk & Soul’’.

Le deuxième album ‘‘Tunisian Vibes’’de Kyle Schaefer, pianiste américain, nous invitera, ensuite, dans un deuxième concert, à un voyage musical fascinant en réinterprétant les standards de la musique tunisienne, dans une fusion audacieuse des cultures.

Et ce n’est pas tout ! Samedi 31 mai, ce sera au tour de Mark Whitfield, une légende vivante du jazz moderne, de se reproduire à la Cité de la Culture. Sa maîtrise technique et son sens inégalé de l’expression font de lui un artiste incontournable.

Jazz’It Festival, c’est aussi un tremplin pour la jeune scène tunisienne avec des workshops et masterclasses animés par les artistes invités qui permettront au public et aux musiciens en herbe d’approfondir leurs connaissances du jazz et ses différentes facettes. Ces moments d’échange seront l’occasion unique d’apprendre aux côtés de figures majeures du genre, tout en partageant la passion commune pour cette musique vivante et intemporelle.

Outre l’exposition photographique inédite, le Jazzit Club, espace dédié aux after-concerts, offrira des soirées musicales intimistes et conviviales, où les artistes et les festivaliers pourront se retrouver et prolonger l’expérience dans une atmosphère détendue et chaleureuse.

«Cet événement est un acte de résistance et d’espoir, dans un contexte où la culture devient plus que jamais un vecteur de lumière dans l’obscurité, et un moyen de dialogue et d’échange. Jazz’It Festival se veut un message de paix et de solidarité entre les peuples du monde. Et c’est grâce au soutien de nos nombreux partenaires, institutionnels et médias divers, que nous avons pu concrétiser ce projet qui, nous l’espérons, marquera le début d’une belle et longue aventure», a déclaré Malek Lakhoua.

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