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Ariana, Ennasr et El Menzah: déclin démographique ou renaissance possible ?

Le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2024 révèle un dépeuplement préoccupant pour la Tunisie, pays plurimillénaire. Cette situation s’inscrit dans une crise multiforme qui dure depuis deux décennies, aggravée par des turbulences régionales dans les espaces maghrébin, sahélien et euro-méditerranéen. La Tunisie semble menacée par des scénarios à la « libanisation » 

Le déclin démographique est particulièrement marqué dans des villes comme l’Ariana, Ennasr et El Menzah, qui voient partir leurs jeunes, vieillissent et se transforment en cités dortoirs voire fantômes. La politique urbaine est pointée du doigt : priorité au béton, quartiers disparates, manque d’infrastructures sociales et de respect pour les populations âgées.

Face à cette situation, le plan quinquennal 2026-2030 est perçu comme une possible opportunité pour réorienter la politique urbaine et sociale, en mettant l’accent sur la mobilité, les espaces verts, les infrastructures culturelles et sportives. Elyes Kasri, ancien ambassadeur et président de l’association ARAHN Ennasr, insiste sur la nécessité d’un sursaut politique urgent pour stopper la dénatalité, l’exode des jeunes et la désertification sociale, sous peine de voir le pays sombrer dans la disparition démographique ou la perte de souveraineté.

 

Voici le contenu de l’analyse d’Elyes Kasri :

 

« Recensement de la population et de l’habitat 2024: entre dépeuplement inquiétant et le risque de disparition d’un pays plurimillénaire. Les remèdes sont-ils hors de portée ?

Le recensement général de la population et de l’habitat de 2024 révèle de nombreux chiffres et tendances sociales préoccupants et même alarmants pour un pays déjà en crise multiforme depuis deux décennies et situé dans une zone de turbulences qui secoue et menace fortement de s’exacerber dans les espaces maghrébin, sahélien et euro-méditerranéen.

En dépit de ses ressources naturelles, l’Afrique du nord semble avoir pour horizon de plus en plus inéluctable soit un processus de libanisation avec des états fantoches et impuissants ou carrément la « somalisation » avec le règne des seigneurs de guerre ou des chefs de bandes armées.

Outre, la perspective de décroissance démographique et de dépeuplement qui se manifeste d’une manière tangible à la faveur du dernier recensement démographique en Tunisie, avec des villes du grand Tunis comme l’Ariana qui, au lieu de profiter de sa proximité du plus grand pôle économique et administratif du pays, régresse en résidents et en infrastructures en donnant surtout l’impression déconcertante de se vider des jeunes et de devenir des cités inhospitalières pour les jeunes et un refuge d’une population âgée traitée avec un dédain de plus en plus prononcé, en l’absence du respect accordé par les sociétés orientales et la couverture sociale et autres régimes de faveur octroyés par les pays occidentaux.

Le dépeuplement de la cité Ennasr, pourtant considérée au début du siècle comme une banlieue huppée et signe de réussite socioprofessionnelle et en dépit des dizaines d’immeubles résidentiels construits depuis 2014 et encore en voie d’édification qui semblent annoncer une nouvelle cité s’ajoutant à la série numérique qui a caractérisé El Menzah qui a fini par s’arrêter au chiffre 9 mais avec des expansions alphabétiques (a, b, c…).

Le déclin démographique de la commune de l’Ariana avec ses nouveaux quartiers résidentiels comme El Menzah et Ennasr est symptomatique d’un malaise national généralisé mais surtout de l’échec de plus en plus manifeste d’une politique urbaine allant du stade de la planification socio-urbaine à la gestion municipale qui suscite de nombreuses réserves et souvent des interrogations.

Le recensement 2024 annonce une appréhension de l’avenir chez le peuple tunisien qui se laisse disparaître progressivement.

Qui en est responsable? Beaucoup et surtout les responsables de la planification et de la gestion urbaine qui ont laissé pousser des quartiers disparates à la Frankenstein en donnant la priorité au ciment plutôt qu’à l’habitant.

La Tunisie et des cités considérées auparavant d’avenir et de prospérité s’approchent dangereusement du statut de cités dortoirs et même de cités fantômes avec le paradoxe que même les morts n’y ont pas de place faute de cimetières. Ce qui fait dire à certains, avec une pointe d’humour noir, que les habitants d’El Menzah et d’Ennasr n’ont droit ni à la qualité de la vie durant leur vivant ni à la dignité de l’enterrement dans leur voisinage quand ils passent à trépas.

Il y a lieu d’espérer, sans trop d’illusions pour des raisons évidentes d’inertie intellectuelle et bureaucratique et faute de moyens conséquents, que le plan quinquennal de développement 2026-2030, en cours d’élaboration, saura tirer les enseignements alarmants du dernier recensement de la population et mettre fin à la politique, voulue ou subie, des cités dortoir ou les piétons et les habitants, surtout les jeunes, sont tout juste considérés des chiffres et des données statistiques de charges lourdes à subir par un état impuissant et exsangue.

Les trottoirs et une véritable politique humaine et durable de la mobilité, les espaces verts et de divertissement socio-culturel et sportif ne sont désormais plus un luxe, mais un investissement dans l’avenir d’une Tunisie dans une zone de tempêtes et une population qui vit mal et avec une appréhension de plus en plus manifeste de son avenir dans son pays natal.

Il n’est plus rare ou anecdotique de voir les parents qui s’engagent dans l’aventure de la vie en commun et de la paternité, de songer à un nom intégrationniste (moins arabo-islamique et à consonance occidentale) en Europe, avant même la naissance de leur bébé.

Au lieu de faire assumer la responsabilité de cette dénatalité aux femmes qui ne voudraient plus procréer ou un quelconque mythe de la polygamie débridée, un sursaut sérieux s’impose à tous les niveaux.

La Tunisie et les communes tunisiennes sont désormais confrontées à l’exigence vitale d’une nouvelle politique de la ville, sinon, faute d’un vote significatif dans leur pays, les tunisiens et surtout les jeunes toutes catégories confondues, risquent d’abandonner le sol natal et de voter avec leurs pieds vers des horizons plus hospitaliers et cléments.

Il y va de la survie d’un pays plurimillénaire qui est actuellement confronté à des risques et dangers mortels en tant que peuple et de disparition ou de colonisation-protectorat étranger d’un État jadis souverain et indépendant. »

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