Il est nĂ©cessaire de le rappeler ! Câest lâimpasse sur le dossier palestinien imposĂ©e depuis des dĂ©cennies par lâEtat sioniste soutenu par le bailleur de fonds et dâarmes amĂ©ricain, ainsi que la rĂ©signation des Etats arabes Ă la normalisation avec leurs ennemis, qui ont conduit Ă la guerre actuelle, entre IsraĂ«l et lâIran, et qui a dĂ©butĂ© Ă Gaza, il y a prĂšs de deux annĂ©es. Les ondes de choc se ressentent dĂ©sormais au Pakistan, seul pays musulman Ă disposer de la bombe nuclĂ©aire, et au-delĂ , jusquâen mer de Chine.
Dr Mounir Hanablia *
Mollahs ou pas, il nâĂ©tait pas acceptable pour lâIran dâassister les bras croisĂ©s Ă sa marginalisation et Ă la mise hors service dâun dĂ©troit dâOrmuz court-circuitĂ© dans une pĂ©ninsule arabique dont tous les chemins depuis la mer dâOman et Aden mĂšneraient Ă Haifa. Aucun Iranien nâaurait pu accepter ce degrĂ© dâimpĂ©rialisme.
Les mĂ©dias occidentaux soulignent lâunanimitĂ© de lâopinion publique au sein de lâentitĂ© sioniste sur la nĂ©cessitĂ© de priver lâIran de lâarme nuclĂ©aire. Câest oublier la non moins implacable unanimitĂ© de lâopinion iranienne relative Ă son acquisition, non seulement en tant que symbole de souverainetĂ©, mais comme moyen suprĂȘme de sauvegarder son indĂ©pendance et son intĂ©gritĂ© territoriale.
Les effets de la politique occidentale
Les Iraniens avaient vu leur pays occupĂ© par les Anglais au Sud et les SoviĂ©tiques au Nord en 1941, sans quâils nâeussent pu rĂ©agir. Au sortir de neuf annĂ©es de guerre contre lâIrak de Saddam Hussein soutenu par lâOccident, les Iraniens ont pu constater les effets de la politique occidentale dans ce pays Ă partir de 1991, puis en 2003.
LâIran perdra la guerre, câest inĂ©vitable. Et on ignore Ă quel degrĂ© de destruction il aura Ă©tĂ© soumis Ă la fin du conflit. Sa seule chance est dâinfliger Ă IsraĂ«l des pertes telles que lâalliĂ© amĂ©ricain pour le neutraliser nâaurait dâautre choix que de lâintĂ©grer dans son dispositif en tant quâalliĂ© de plein droit et dâen assurer la reconstruction ainsi quâil lâavait fait pour le Japon et lâAllemagne. Cela suppose Ă©videmment de cibler le rĂ©acteur nuclĂ©aire de Dimona, entraĂźnant une catastrophe mondiale de grande ampleur.
Ainsi le discours sioniste actuel sur la nĂ©cessitĂ© de renverser le rĂ©gime des Mollahs nâest quâun tissu de propagande. Les IsraĂ©liens savent parfaitement que la fin de leurs ennuis ne se situerait pas dans la chute du rĂ©gime clĂ©rical chiite mais dans le dĂ©membrement du pays, Ă lâinstar de ce qui avait Ă©tĂ© fait en Irak et de ce qui vient de lâĂȘtre en Syrie. Et câest quand mĂȘme un peu fort quâun gĂ©nocidaire patentĂ© comme Benjamin Netanyahu, recherchĂ© par la Cour internationale de justice (CIJ) en tant que criminel de guerre, se pose dĂ©sormais en dĂ©fenseur du peuple et des femmes iraniens, au point de les appeler Ă se soulever pour leur libertĂ©.
La variable pakistanaise
Mais le premier ministre sioniste, qui vient de se signaler en glissant une imprĂ©cation talmudiste dans les failles du mur de lamentations, invoquant comme prĂ©texte Ă la destruction du potentiel nuclĂ©aire iranien la sĂ©curitĂ© du peuple juif, a inĂ©vitablement Ă©veillĂ© lâinquiĂ©tude de la puissance nuclĂ©aire pakistanaise.
On sâen souvient, il y a deux semaines environ, lâInde avait attaquĂ© son voisin, et avait de toute Ă©vidence subi une dĂ©culottĂ©e obligeant le prĂ©sident amĂ©ricain Trump Ă intervenir pour mettre fin au conflit. Comment situer cette attaque indienne par rapport Ă la guerre actuelle? Sans doute par la volontĂ© dâempĂȘcher le Pakistan de rĂ©agir en apportant son soutien Ă son voisin iranien.
Le Pakistan est et a toujours Ă©tĂ© un alliĂ© de lâOccident, mĂȘme aprĂšs la guerre dâAfghanistan oĂč il nâa pas manquĂ© de jouer son va-tout. Et lâexĂ©cution de Ben Laden sur son territoire a dĂ©montrĂ© toute lâambiguĂŻtĂ© des relations quâil entretient avec lâAmĂ©rique. Soucieux de ne pas placer tous les Ćufs dans le mĂȘme panier, il est dĂ©sormais un dĂ©bouchĂ© important de lâĂ©conomie chinoise sur la mer dâOman, permettant Ă son puissant voisin de contourner le dĂ©troit de Malacca.
Il est donc douteux que les Pakistanais assistent les bras croisĂ©s Ă une tentative de dĂ©nuclĂ©ariser leur pays, au nom de la sĂ©curitĂ© de lâentitĂ© sioniste qui joue Ă plein la carte de lâInde. Or la doctrine israĂ©lienne est dâempĂȘcher tout pays musulman de maĂźtriser le nuclĂ©aire, mĂȘme civil, prĂ©lude Ă son utilisation Ă©ventuelle Ă des fins militaires.
Et les oubliés de Gaza ?
Que feront donc les Pakistanais dans le conflit actuel? Difficile de le prĂ©voir. NĂ©anmoins, ce Ă quoi nous assistons actuellement est la tentative israĂ©lienne dâassurer sa mainmise sur le Moyen-Orient au moment mĂȘme oĂč les Ukrainiens bombardent en profondeur le dispositif militaire russe. Cette tentative de dominer le Moyen-Orient a pourtant dĂ©jĂ Ă©chouĂ© puisquâelle a dĂ©montrĂ© que si lâAmĂ©rique Ă©tait dâaccord pour dĂ©nuclĂ©ariser lâIran, elle ne lâĂ©tait pas autant pour voir sa prĂ©dominance dans la rĂ©gion ĂȘtre remise en question, mĂȘme au bĂ©nĂ©fice de son exĂ©cuteur des basses Ćuvres. Autrement elle aurait menĂ© elle-mĂȘme la guerre.
En attendant, tout le monde a oubliĂ© que le gĂ©nocide Ă Gaza se poursuit, et, retour Ă la case dĂ©part, que tant que la question palestinienne nâaura pas ĂȘtre Ă©tĂ© rĂ©glĂ©e, la paix demeurera illusoire. Et ce ne sont pas les imprĂ©cations issues du Talmud ou dâailleurs qui y changeront quoique ce soit.
* Médecin de libre pratique.
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