Entre les murs effondrés de Khan Younès et le fracas des bombardements, Mahmoud Chikh Ahmed a pu accomplir une prouesse notable : décrocher son doctorat tout en luttant quotidiennement pour sa survie. Son parcours académique atypique symbolise la soif inextinguible de connaissance.
L’étudiant palestinien, résidant à Khan Younès dans la bande de Gaza, a obtenu mardi 13 mai 2025 son doctorat de la Faculté des lettres et sciences humaines de Sousse avec la mention “très honorable”, après avoir soutenu sa thèse à distance. Cette solution exceptionnelle a été mise en place en raison de l’impossibilité pour lui de quitter Gaza en pleine offensive sioniste.
Dans un message publié sur Facebook, l’étudiant palestinien a exprimé sa gratitude d’avoir pu, après plus de cinq années d’efforts et avec l’aide de Dieu, soutenir sa thèse de doctorat en histoire contemporaine et obtenir la mention “très honorable” de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Sousse en Tunisie. Son travail doctoral, intitulé “Le rôle des familles dans la vie politique en Palestine (1918-1948)”, examine l’influence des structures familiales sur le paysage politique palestinien durant cette période charnière.
Une dérogation exceptionnelle pour des circonstances tragiques
Mohamed Bouhlel, doyen de la Faculté des lettres de Sousse, a confirmé à la radio Mosaïque FM qu’il s’agit d’une première pour la Faculté et pour l’Université de Sousse en général, qu’un étudiant soutienne sa thèse de doctorat depuis l’étranger, étant donné que la loi tunisienne stipule que l’étudiant doit être présent lors de la soutenance. “Pour des raisons humanitaires et exceptionnelles, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a autorisé la soutenance de thèse de cet étudiant à distance via Internet”, a-t-il encore précisé.
Le doyen a en outre expliqué que Mahmoud, originaire de Gaza et résidant à Khan Younès, est inscrit en doctorat depuis l’année universitaire 2020-2021. Il se rendait à la faculté lorsque nécessaire, mais depuis le début de l’offensive israélienne sur Gaza, il est devenu incapable de quitter Gaza et d’assister à la soutenance en Tunisie.
Une soutenance au milieu des bombardements
Le parcours de Mahmoud s’est transformé en véritable combat pour la connaissance. Selon le doyen, l’étudiant palestinien a personnellement subi les conséquences de l’offensive : sa jambe a été cassée il y a quelque temps et il souffre toujours d’un handicap. De plus, sa maison a été bombardée la semaine dernière, sa nièce est décédée et son père a été grièvement blessé.
“Mahmoud devait initialement soutenir sa thèse lundi 12 mai depuis l’hôpital Nasser à Khan Younès, car Internet est pratiquement inexistant dans toute la bande de Gaza, à l’exception de quelques endroits. Cependant, l’hôpital a lui-même été bombardé le jour prévu pour sa soutenance. Il nous a contactés électroniquement pour nous en informer et nous a fait savoir qu’il changerait le lieu de sa soutenance pour une clinique privée à Khan Younès”, a-t-il ajouté.
Le jury qui a examiné la thèse de doctorat de l’étudiant palestinien était composé de :
Président : Abdelwahed Mokni, professeur d’enseignement supérieur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax
Directeur : Kamal Jerfal, professeur d’enseignement supérieur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sousse
Rapporteur : Abdellatif Hanachi, professeur d’enseignement supérieur à la Faculté des Lettres, Humanités et Arts de La Manouba
Rapporteur : Mohamed Jerbi, professeur d’enseignement supérieur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax
Membre : Adnan Manser, professeur d’enseignement supérieur à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sousse
Le doyen de la Faculté des Lettres de Sousse a salué la détermination et la persévérance de l’étudiant palestinien, affirmant que malgré toutes les difficultés auxquelles il a été confronté, il s’est armé de l’arme la plus puissante : la science et la connaissance.