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Conférence à Carthage │ 95 % des activités du cerveau sont encore méconnues

L’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beït Al-Hikma) a organisé, le vendredi 16 mai 2025, à son siège à Carthage-Hannibal, une conférence sur le thème «Interfaces conscient-inconscient et indifférence de l’univers, absurdisme et vivant, et notre refuge dans la négation et la sublimation».

La conférence a été donnée par le médecin, membre de l’Académie, Pr Rafik Boukhris, qui a traité dans son intervention du conscient et de l’inconscient humains dont l’apparition est un événement très récent datant de seulement 2 millions d’années environ.

Pour y arriver, il a fallu que soient remplies plusieurs conditions physiques étranges car le conflit entre déterminisme physique et hasard biologique en ont été les acteurs principaux.

Il a fallu d’abord l’apparition de notre univers (probablement parmi de nombreux autres) il y a 13,8 milliards d’années.

Il a fallu, quelques milliards d’années après, celle de la vie sur notre Terre, un minuscule grain de sable perdu parmi des milliards de milliards d’autres et cela il y a 4,6 milliards d’années.

Il a fallu ensuite d’autres événements essentiels : la grande oxydation de notre planète, il y a 2,3 milliards d’années; l’apparition du premier cerveau animal, il n’y a que 600 millions d’années; pour arriver enfin à la conscience humaine, hier, il y a 2 millions d’années.

Ces différentes notions ont été revues, enchaînant sur le substrat anatomique et le processus fonctionnel qui sous-tendent ce qui constitue notre «Moi».

Un intérêt particulier a été accordé aux dernières données sur les activités de notre cerveau, dont 95% sont encore mystérieuses (celles de notre inconscient) et seulement 5% sont de notre conscient et, en tant que tels, nous y avons accès.

La démarche scientifique du Pr Boukhris est claire, un chemin fascinant, celui de l’émergence du «Moi» humain au sein de l’univers, dont les lois sont, à la fois, d’une rigueur implacable et d’une complexité vertigineuse.

Le sujet traité invite à prendre de la hauteur à travers ces milliards d’années d’évolution cosmique, biologique et cognitive pour mieux comprendre l’émergence du conscient et de l’inconscient.

C’est un voyage qui part de l’origine de l’univers pour atterrir dans les replis de notre système nerveux et qui n’est pas un simple retour vers le passé; c’est une projection vers l’avenir, car, comprendre ce que nous sommes, c’est aussi entrevoir ce que nous pourrions devenir.

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Tendance haussière des températures en Tunisie  

L’Institut national de la météorologie (INM) prévoit pour mai, juin et juillet des températures au plus haut des moyennes saisonnières dans toutes les régions de la Tunisie, traduisant une tendance vers un climat de plus en plus chaud.

Le bulletin de l’INM relatif aux prévisions météorologiques saisonnières ne prévoit pas de précipitations notables durant cette même période. Des pluies restent cependant possibles, notamment au nord et au centre du pays, mais elles seront rares et en dessous des moyennes saisonnières.

I. B.  

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Le moteur d’un train assurant la liaison Sousse-Tunis prend feu  

Le moteur d’un train de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) assurant la desserte Sousse – Tunis a pris feu, ce matin, lundi 19 mai 2025, au niveau de la zone industrielle de Kalâa Kebira.

Selon Mosaïque FM, qui a rapporté cette information, l’incendie a été rapidement maîtrisé sans faire de blessés et la locomotive endommagée a été remplacée pour assurer le transport des passagers vers Tunis.

I. B.

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Tunis │ La grève générale des taxis individuels observée à hauteur de 95%  

Le président du syndicat de base des chauffeurs de taxis individuels, Nader Kazdaghli, a déclaré que la grève générale de ses collègues dans les gouvernorats du Grand-Tunis (Ariana, Manouba, Ben Arous et Tunis) a atteint, ce lundi 19 mai 2025, vers 10 heures du matin, le taux de 95%.

Dans une déclaration à Diwan FM, Kazdaghli a indiqué que cette grève générale a été décidée suite à l’absence de réaction des autorités aux revendications des taxistes, dont l’augmentation du tarif affiché par les compteurs, et ce malgré les nombreux courriers envoyés à cet effet aux services compétents.

Kazdaghli a ajouté que les taxistes grévistes observent aussi un sit-in de protestation devant le siège du ministère des Transport à Tunis et que leurs mains sont tendues pour d’éventuelles négociations sur les différentes doléances du secteur.

Ce secteur est en crise et le dernier communiqué du ministère des Transports ne répond pas aux attentes des professionnels, a souligné Kazdaghli.

I. B.

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Tunisie │ Report du procès du présumé terroriste Bilel Chaouachi

La chambre pénale spécialisée dans les affaires terroristes a décidé de reporter au mois de juin 2025 le procès du terroriste présumé Bilel Chaouachi, et ce à la demande de ses avocats.

Diwan FM, qui a rapporté l’information ce lundi 19 mai 2025, en citant une source bien informée, a indiqué que le ministère de l’Intérieur avait inscrit Bilel Chaouachi sur la liste des éléments terroristes en 2019, pour avoir fait partie des organisations jihadistes Jibhat Al-Nosra et Etat slamique (Daêch) en Syrie.     

La Commission nationale de la lutte contre le terrorisme avait de son côté gelé ses biens et avoirs financiers.

I. B.

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Xinhua : «Pékin s’apprête à approfondir sa coopération avec Tunis»

«La Chine est disposée à approfondir sa coopération avec la Tunisie dans les domaines culturel, universitaire, touristique, médiatique et autres, à renforcer les échanges et l’apprentissage mutuel entre les civilisations, à coordonner et coopérer étroitement dans les affaires internationales et régionales, et à promouvoir le développement stable et durable des relations bilatérales».

C’est ce qu’a déclaré Li Shulei, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et chef du Département de l’information du Comité central du PCC, qui a conduit une délégation du PCC en visite en Tunisie de mercredi 14 à samedi 17 mai 2025 et a rencontré plusieurs responsables tunisiens et à leur tête le président de la république Kaïs Saïed.

Selon l’agence chinoise Xinhua, lors de cette rencontre, qui eut lieu jeudi au Palais de Carthage, M. Li a transmis les salutations cordiales du président Xi Jinping à M. Saïed et a rappelé qu’en mai 2024, les deux chefs d’État avaient annoncé conjointement l’établissement du partenariat stratégique sino-tunisien, traçant ainsi un nouveau cadre pour le développement des relations bilatérales.

Il a souligné que la Chine était prête à travailler avec la Tunisie pour mettre en œuvre l’important consensus atteint par les deux dirigeants, faire progresser l’amitié traditionnelle des deux pays, consolider la confiance politique mutuelle, renforcer les échanges d’expériences en matière de gouvernance et d’administration, et promouvoir conjointement la construction de haute qualité de l’initiative «la Ceinture et la Route» pour des résultats mutuellement bénéfiques, a ajouté Xinhua.

Saïed a demandé à M. Li de transmettre ses sincères salutations et ses meilleurs vœux à M. Xi, affirmant que la Tunisie attache une grande importance au développement de ses relations avec la Chine. Il a également salué les réalisations de la Chine en matière de développement et son rôle crucial dans les affaires internationales, remerciant la Chine pour son soutien au développement économique et social de la Tunisie, précise encore l’agence.

I. B.

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Programme des demi-finales de la Coupe de Tunisie de football

Le tirage au sort des demi-finales de la Coupe de Tunisie de football (2024-2025) a été effectué dimanche 17 mai 2025, au cours de l’émission ‘‘Dimanche Sport’’, sur Al Watania 1.

Le tirage au sort a donné lieu aux confrontations suivantes :

Samedi 24 mai à Monastir (16h00): US Monastir – Stade Tunisien.

Dimanche 25 mai à Ben Guerdane (16h00): US Ben Guerdane – Espérance de Tunis.

En quart de finales, les quatre équipes s’étaient qualifiées face, respectivement, au Club africain, l’Etoile du Sahel, El-Qawafel de Gafsa et l’Espérance de Zarzis.

I. B.  

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Quand le système tue l’âme │ Ce que nous avons perdu et ce que nous pouvons retrouver

Aujourd’hui, face aux guerres, aux bouleversements climatiques, à la montée du désespoir intérieur, je ne peux m’empêcher de me demander : où avons-nous désappris à vivre ? Est-ce que, quelque part, le monde extérieur n’est-il pas le reflet d’un déséquilibre profond entre nos polarités intérieures ?  (Ph. « One of a kind », aquarelle sur papier de Natacha St-Amand, Canada).

Manel Albouchi *

Masculin et féminin : non pas en tant que genres, mais en tant que forces symboliques; principes qui cohabitent, s’opposent, se cherchent en chacun de nous. 

Le déséquilibre entre ces deux pôles semble être devenu une norme. Et peut-être est-ce là que se niche une part de notre mal-être collectif, de notre violence quotidienne, de notre perte de sens. 

Le patriarcat n’est pas qu’une affaire de genre 

Le principe masculin : maîtrise, rationalité, performance, conquête a pris le dessus, non pas sur les hommes ou les femmes, mais sur la dimension symbolique du féminin : accueil, réceptivité, écoute, lenteur. 

Dans une société qui valorise le contrôle, la rentabilité, la domination, où trouve-t-on encore la place pour l’intériorité, le soin, l’intuition ? 

Carl Gustav Jung appelait ces deux polarités l’anima et l’animus : les deux pôles énergétiques de notre psyché. L’équilibre entre ces deux polarités est la clé de la santé psychique. Mais aujourd’hui, nous sommes poussés à nier notre anima intérieure, à fuir le silence et l’introspection, englués dans l’overthinking ** et la course à la performance. 

La violence comme symptôme 

On peut voir aussi dans le déséquilibre de ces polarités une explication, peut-être partielle, des violences qui se manifestent autour de nous. Prenons la violence verbale, banalisée dans nos rues, dans nos maisons, dans nos gestes, dans notre langage et dans les insultes sexistes qui tournent inlassablement autour du sexe, du phallus, du pouvoir de dominer. 

Cette violence symbolique, sourde, qui ne laisse pas de bleus mais qui sape la confiance, détruit l’estime de soi et creuse les fractures sociales, est trop souvent banalisée. 

Et moi, en tant que femme, psychologue, citoyenne : je refuse cette banalisation. Je crois que la dignité commence par le respect de la parole, et que le changement commence par une nouvelle éthique de la relation. 

La blessure écologique  

Mary Douglas, dans ‘‘De la souillure’’, nous montre comment les notions de propre et d’impur ne relèvent pas seulement de l’hygiène, mais de la structure même de nos représentations culturelles. 

Le féminin, comme la Terre, est souvent perçu comme trouble, impénétrable, ambigu, et donc potentiellement dangereux. Cette peur de l’indistinct, de l’organique, du cycle, justifie l’exclusion, le contrôle, la violence symbolique et matérielle. 

Et cette logique a des conséquences tragiques. Le déséquilibre entre le masculin et le féminin se manifeste aujourd’hui dans l’effondrement de notre monde. La Terre, principe féminin par excellence, féconde, enveloppante, nourricière est blessée. 

À Gabès, les nappes phréatiques sont saturées de produits chimiques. Les palmeraies, jadis luxuriantes, étouffent sous les résidus industriels. 

Le stress hydraulique devient chronique, les sources se tarissent, les rivières sont détournées ou bétonnées. 

Les terres se craquellent, mais la sécheresse est aussi intérieure. Nous vivons une sécheresse des affects. Nos cœurs, à force de surmenage, de performance, d’isolement, se dessèchent. 

Nous n’osons plus pleurer, plus écouter, plus sentir. L’émotion devient une faiblesse, l’introspection une perte de temps, la tendresse un luxe. 

L’air, la mer, les sols portent les stigmates d’un système fondé sur l’exploitation, la performance, la domination. 

Ce que nous faisons à la planète, nous le faisons aussi à notre psyché. 

En coupant les arbres, nous avons aussi coupé les liens symboliques, les racines profondes, nous avons stérilisé l’imaginaire. 

En empoisonnant la terre, nous avons empoisonné les mémoires affectives, les récits fondateurs. 

En maîtrisant les cycles naturels, nous avons nié nos propres rythmes internes. Nous avons oublié la lenteur, la respiration, l’écoute. 

Et dans ce saccage, nous avons rendu nos enfants orphelins, orphelins de la Terre, orphelins des grands-mères conteuses, des chants sacrés, des rites de passage, orphelins de l’âme du monde, cette âme nourricière, enveloppante, féminine. 

Alors ils partent. Ils partent à la recherche de ce qu’on ne leur a pas transmis. 

Ils fuient, parfois, dans des ailleurs numériques ou géographiques. Ils errent, déconnectés, car le tissu symbolique est troué. Et dans cette errance, ils cherchent des repères, un sol, une parole, un sens. 

Une sagesse perdue 

Mona Chollet, dans ‘‘Sorcières. La puissance invaincue des femmes’’, nous rappelle combien la modernité s’est construite sur l’exclusion de figures féminines libres et puissantes. Les guérisseuses, les sage-femmes, les femmes qui vivaient sans l’ombre du mari, qui n’attendaient pas d’autorisation, ces femmes qui détenaient un savoir ancestral, transmis de bouche à oreille, de ventre à main, ont été systématiquement persécutées. 

Ces femmes incarnaient une autre manière d’être au monde : en lien avec la terre, les cycles, les rêves, les intuitions. Elles représentaient une autonomie qui faisait peur, car elle échappait au contrôle des dogmes religieux, médicaux ou patriarcaux. 

Le féminin qui soigne a été réduit au silence, au mieux folklorisé. 

Pierre Bourdieu, dans ‘‘La domination masculine’’, montre comment cette logique d’infériorisation du féminin s’est institutionnalisée. Elle est devenue une norme invisible mais structurante, inscrite dans les lois, les langages, les postures, les imaginaires. Le masculin y est vu comme universel, légitime, objectif; le féminin comme particulier, subjectif, secondaire. 

Le corps des femmes est alors codifié, contrôlé, réduit à sa fonction reproductive ou séductrice, mais jamais reconnu comme source de savoir ou de puissance intérieure. 

Et puis il y a Carlos Castaneda et ses enseignements. Il a introduit une autre grille de lecture avec la distinction entre le tonal : le monde visible, rationnel, organisé, et le nagual : l’invisible, le rêve, l’énergie subtile, il nous invite à redonner place à l’intuition, à l’écoute des signes, à l’expérience directe du mystère. 

Cette vision rejoint celle des traditions mystiques orientales et soufies, où la connaissance passe aussi par le ressenti, le corps, l’expérience de l’inconnu. 

Aujourd’hui, cette sagesse ancestrale est à peine audible. Mais elle survit dans les mémoires silencieuses, dans les gestes oubliés, dans les contes, les plantes, les rêves. 

Elle attend que nous la reconnaissions à nouveau, non pas comme folklore, mais comme chemin de connaissance, voie de soin, et réponse à la crise du sens. 

Et maintenant ? 

Je ne prétends pas avoir de solution miracle, mais peut-être pouvons-nous commencer par réapprendre à écouter, à accueillir le silence, à nous reconnecter à la lenteur, à reconnaître la puissance de la vulnérabilité et à oser dire que le féminin en nous, autour de nous, n’est pas une faiblesse, mais un chemin de guérison. 

Ce n’est pas une guerre des sexes. Ce n’est pas un appel à renverser le masculin. C’est un appel à l’équilibre. Une invitation à une transmutation intérieure, à une transformation collective. 

Car c’est là que, peut-être, se trouvent les réponses durables à la violence, aux conflits, et à la crise écologique : dans ce subtil dialogue entre nos polarités, entre la voix qui affirme et celle qui écoute, entre l’esprit qui contrôle et l’âme qui ressent, entre ce que nous avons perdu… et ce que nous pouvons encore retrouver. 

Je nous invite donc à réfléchir, à sentir, et à dialoguer autour de cette question essentielle : comment retrouver cette harmonie en nous et autour de nous ? 

* Psychothérapeute et psychanalyste.

** Littéralement le «penser trop», entendu comme la propension à ressasser en boucle, de façon obsessionnelle, un certain nombre de pensées ou sentiments négatifs

Sources : 

M. Douglas. De la souillure. Essai sur la notion de pollution et de tabou, La découverte. 

P. Bourdieu. La domination masculine, Points. 

C-G. Jung. L’âme et la Vie, Le livre de poche. 

Mona Chollet. Sorcières. La puissance invaincue des femmes, Zones. 

C. Castaneda. Histoires de pouvoir, Folio.  

Carol Gilligan. Une voix différente. Pour une éthique du care, Champs. 

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L’humanité menacée d’un Tchernobyl moral

A l’ère de la communication tous azimuts, nous assistons, impuissants, au règne des mensonges, bobards, infox et autres fake news, porteurs de haines croisées, de démagogie assumée et de violence latente. Et l’avenir de l’humanité n’a jamais été aussi près d’une nouvelle déflagration mondiale. Où allons-nous ?

Fathi Bchir *

Jamais sans doute l’humanité n’a eu à sa disposition autant de moyens de communication. La révolution numérique est passée par là : smartphones, internet, email et autres réseaux sociaux sont des passerelles extraordinaires pour faire passer les idées. On en attendait un surcroît d’actions pour l’éducation, pour l’explication didactique ou la démonstration pédagogique et argumentaire, pour la vulgarisation scientifique et les échanges d’idées et d’informations. Il en est malheureusement autrement.

Les bobards et infox sont partout et s’étalent sur des pages et des pages. La démagogie est reine, le populisme en toile de fond générale. On peut l’observer, un Tchernobyl moral et informationnel est en cours de réalisation. Le risque d’abêtissement général et patent. Le tout nourrit un éveil identitaire malsain qui se bâtit sur une trame de haines croisées.

En arriverons-nous un jour au point où il faudra interdire les réseaux sociaux pour sauver les démocraties, les rapports humains et la saine pensée ? Cela ne sera probablement que par une décision individuelle de chacun, de rester ou non sur ces réseaux maudits. Sachant qu’il est toutefois difficile de s’en passer.

* Journaliste.

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Houda Mejdoub │ Les Prix Comar distinguent une plume singulière

La 29ᵉ édition des Prix Comar du roman tunisien a couronné ‘‘Écoute-moi ma fille’’ de Houda Mejdoub du Prix Découverte en langue française, une distinction méritée pour une voix littéraire émergente.

Djamal Guettala

Ce roman, publié aux Éditions Arabesques, s’impose comme une exploration poignante des liens familiaux, du poids du passé et de la quête de réconciliation. 

À travers le regard de Fatma, une octogénaire confrontée aux prémices de l’Alzheimer, Mejdoub tisse une toile d’émotions où le souvenir devient un acte de résistance. La narration, fluide et émotive, navigue entre les époques, dévoilant les non-dits et les blessures enfouies. La relation mère-fille, au cœur du récit, est traitée avec une délicatesse rare, offrant au lecteur une immersion totale dans l’univers des protagonistes. 

Une plume qui touche et interroge

La force du roman réside dans sa capacité à mêler l’intime à l’universel. Mejdoub parvient à capturer les subtilités des relations humaines, à décrire les silences lourds de sens et à offrir des portraits de femmes fortes, fragiles et résilientes. Son écriture, tantôt poétique, tantôt crue, résonne longtemps après la dernière page tournée. 

Le Prix Découverte décerné à ‘‘Écoute-moi ma fille’’ souligne l’émergence d’une auteure prometteuse sur la scène littéraire tunisienne. Ce prix, attribué lors de la cérémonie du 17 mai 2025 au Théâtre municipal de Tunis, met en lumière une œuvre qui, au-delà de sa qualité littéraire, interroge sur les dynamiques familiales, la mémoire et le passage du temps. 

Avec ce premier roman, Houda Mejdoub s’impose comme une voix à suivre. Son écriture, alliant sensibilité à fleur de peau et profondeur philosophique, promet de belles explorations littéraires à venir. Les lecteurs attentifs à la richesse de la littérature tunisienne contemporaine auront sans doute plaisir à suivre son parcours. 

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Vient de paraître l Gaza y a-t-il une vie avant la mort ?

Le poète marocain, Abdellatif Laâbi, ne ménage pas ses efforts depuis des décennies dans la traduction de la poésie palestinienne pour la faire connaître auprès du public de langue française. Et pour poursuivre cette tâche louable, toute plongée dans les remous tragiques de l’Histoire, il publie ‘‘Gaza y a-t-il une vie avant la mort ?’’ Une anthologie de la poésie gazaouie d’aujourd’hui. (Ph. Le poète palestinien Mosab Abu Toha, prix Pulitzer aux Etats-Unis, parmi les ruines de Gaza.)

Un ouvrage, accessible, en édition de poche, bienvenu et à point nommé, qui rassemble 26 poètes de Gaza dont les textes sont réunis par le poète marocain, Yassine Adnane. Il porte une parole profonde et douloureuse, inquiète et courageuse, mais résistante au désespoir, à la tragédie, attachée à la vie, en dépit de la mort si présente.

Un choix de poèmes qui s’insurgent contre la guerre, la spoliation de la terre et la barbarie. Même si des poèmes développent parfois, une écriture apaisée, déjouant toute violence.

De nombreux poètes sont méconnus, même du public arabophone – Et ce n’est pas le moindre mérite de ce recueil collectif – à côté de voix comme celles d’Achraf Fayad qui fut incarcéré en Arabie Saoudite et libéré grâce à une campagne internationale de solidarité, ou de Mosab Abu Toha, traduit récemment aux éditions Robert Laffont et lauréat du Pulitzer Prize, aux Etats-Unis.

Malgré les bombes et la terreur, comme il est écrit sur la couverture, la présence du poème est une nécessité pour dire son humanité, face à ceux qui veulent la nier, la détruire.

Huit poètes femmes sont traduites dans cette anthologie qui deviendra vite une référence, une réponse à la désinformation, au mensonge, à la défiguration, à l’incrimination, à la négation de l’Histoire, à la destruction de l’Humain.

A l’occasion de la parution de l’anthologie, des poètes palestiniens sont invités et mis à l’honneur au Marché de la poésie (18-22 juin 2025), ainsi qu’à la Maison de la poésie de Paris (16-24 juin 2025).

Tahar Bekri

‘‘Gaza, y a-t-il une vie avant la mort ? Anthologie de la poésie gazaouie d’aujourd’hui’’, éditions Points, 2025, 200 p.

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‘‘Promis le ciel’’ d’Erige Séhiri ou la chasse des démons

‘‘Promis le ciel’’, le dernier film de la réalisatrice franco-tunisienne Erige Sehiri, présenté à la 7e édition du Festival de Cannes (13-24 mai 2025), dans la section Un Certain Regard, offre un portrait puissant et rare de trois migrantes qui peinent à joindre les deux bouts en Tunisie.

Latif Belhedi

Sehiri, ancienne journaliste d’investigation, affirme qu’il était important de porter à l’écran des histoires de femmes. «On entend souvent des histoires de migration à travers le regard des hommes, et non celui des femmes», a-t-elle déclaré à Sophie Torlotin de RFI après la projection en avant-première à Cannes.

«On parle aussi beaucoup de la migration de l’Afrique vers l’Europe. Mais (…) 80 % de cette migration reste en Afrique. J’ai trouvé que cela offrait un contexte très puissant pour renverser un peu le récit», a-t-elle ajouté.

Il est intéressant de noter que la cinéaste a observé que les Tunisiens appellent les migrants d’Afrique subsaharienne «Africains», ce qui dénote une séparation entre l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud du Sahara «comme s’ils ne faisaient pas partie du même continent», dit-elle en riant.

Mêlant style documentaire et fiction, Sehiri tisse avec soin une image de la société tunisienne moderne loin des images habituellement véhiculées par la presse.

Erige Sehiri. Ph. Maya Zardi..

Le scénario : Marie est une Ivoirienne de 40 ans installée en Tunisie depuis une dizaine d’années. Elle partage sa vie entre son métier de journaliste et sa vocation de pasteur évangéliste. Moderne et engagée, elle accueille chez elle des femmes dont la situation est fragile. Comme Nané, une jeune maman dont le passeport a été confisqué par son employeuse, et Jolie, une artiste prometteuse en situation précaire, dont le père ordonne le retour en Côte d’Ivoire.

Quand les trois femmes recueillent Kenza, 4 ans, rescapée d’un naufrage, leur refuge se transforme en famille recomposée tendre mais intranquille dans un climat social de plus en plus préoccupant.

Le film raconte les aventures de ce trio détonnant riche de roublardise, inventivité et humour. Mais les récentes tensions entre les Subsahariens, les Tunisiens et la police vont venir bouleverser cet équilibre précaire. Elles vont devoir faire des choix.

La distribution : Aïssa Maïga, Debora Lobe Naney, Laetitia Ky, Estelle Kenza Dobgo et Mohamed Grayaâ.

La critique : «Après ‘‘Sous les figuiers’’, son long métrage précédent dans lequel elle proposait une peinture pleine de finesse et de poésie de la société tunisienne, Erige Sehiri revient à la charge. Elle se positionne dans les sphères les plus élevées du cinéma mondial, avec un film qui jette un autre regard sur cette société en impasse», note le critique Hassouna Mansouri dans Africiné. Il ajoute : «Comme entrée en matière, cette fois-ci, elle a choisi l’angle de la migration, une question qui tourmente son pays d’origine, mais aussi l’actualité mondiale. Dans ce nouveau film, Erige Sehiri part à la chasse des démons qui se réveillent dans une réalité où la vie a des allures de cauchemar.»

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273 migrants secourus au large des côtes tunisiennes et maltaises

L’Ocean Viking, un navire de l’organisation non gouvernementale SOS Méditerranée, a secouru 273 migrants en situation irrégulière, dont sept enfants, lors de trois opérations distinctes au large des côtes tunisiennes et maltaises, rapporte ce dimanche 18 mai 2025 l’agence de presse qatari QNA.

L’organisation, basée à Marseille en France, a indiqué dans un communiqué que les migrants se trouvaient à bord de trois embarcations délabrées en détresse et que l’équipage leur avait prodigué les soins médicaux nécessaires, car ils souffraient d’épuisement et du mal de mer.

L’organisation a précisé que le navire avait reçu une alerte tôt samedi matin concernant une embarcation en bois surchargée dans la zone de recherche et de sauvetage tunisienne, et que 65 personnes avaient été secourues.

Peu après, l’Ocean Viking a répondu à une deuxième alerte concernant une autre embarcation en difficulté. En coopération avec le navire de sauvetage Aurora de Sea-Watch, 77 personnes, dont deux enfants, ont été identifiées et transférées en lieu sûr à bord.

Lors d’une troisième opération, l’équipage a repéré une embarcation en bois en détresse dans la zone de recherche et de sauvetage maltaise, où 131 personnes ont été secourues, dont un nourrisson et quatre enfants.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2 475 personnes ont été tuées ou portées disparues en tentant la traversée de la Méditerranée vers l’Europe en 2024, la plupart sur la route de la Méditerranée centrale, l’une des routes migratoires les plus dangereuses au monde.

Depuis début 2025, environ 500 personnes ont été tuées ou portées disparues sur cette même route.

D’après QNA.

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Kairouan │ Deux blessés graves dans un accident de la route à Raqqada

Ce dimanche 18 mai 2025, un accident de la route a eu lieu au niveau de Raqqada, dans la délégation de Kairouan Sud, qui a fait plusieurs blessés dont deux dans un état jugé critique.

C’est ce qu’a rapporté Diwan FM, ce matin, ajoutant, en citant des témoins oculaires, que le conducteur d’un minibus a perdu le contrôle de son véhicule, en essayant d’éviter le choc avec une voiture légère ayant brusquement coupé sa route, et a heurté la terrasse d’un café.

Les agents de la protection civile se sont dépêchés sur les lieux de l’accident et ont procédé aux premiers secours et au transport des blessés graves à l’hôpital des Aghlabides de Kairouan.

Le minibus en question a été affrété par le Conseil régional de Kairouan pour transporter les joueuses de l’Association féminine de Bouhajla qui devaient jouer un match aujourd’hui.  

I. B.

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Tunisie │ Charte pour un environnement scolaire sans tabac

Signature de la charte pour un environnement scolaire sans tabac et lancement du projet Kids’ Athletics dans 19 écoles primaires en Tunisie.

Selon les dernières données nationales sur le tabac dans les écoles en Tunisie publiées en 2024, la situation est préoccupante. En effet, 14,1 % des élèves âgés de 13 à 15 ans consomment un produit du tabac : cette proportion atteint 19,4 % chez les garçons et 8,8 % chez les filles.

En tenant compte des cigarettes électroniques, le taux grimpe à 22,8%, soit 30,7% chez les garçons et 14,9% chez les filles.

47,5% des enfants ayant essayé la cigarette l’ont fait avant l’âge de 12 ans.

En parallèle, d’autres études indiquent une baisse marquée de la pratique d’activités physiques régulières et une hausse inquiétante de la sédentarité, de l’obésité et de l’usage excessif des écrans (plus de 75% des enfants). Le taux de pratique régulière du sport est passé de 35% en 2009 à seulement 12,1% en 2020.

C’est pour faire face à cette situation préoccupante, que 19 écoles primaires ont signé, le samedi 17 mai 2025, une charte pour un environnement scolaire sans tabac, affirmant leur engagement à créer un environnement éducatif sain, sécurisé et propice au développement des élèves.

Cette initiative s’inscrit dans l’application de l’article 8 de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte antitabac, qui appelle à protéger les enfants contre toute exposition au tabac dans les espaces publics, et en particulier en milieu scolaire.

En complément de la signature de la charte, le projet Kids’ Athletics a été lancé pour promouvoir l’activité physique dans les écoles. Il vise à prévenir les comportements à risque, tels que le tabagisme et d’autres habitudes de vie malsaines.

Ce projet novateur, destiné à plus de 7 000 enfants, à travers tout le pays, en particulier dans les zones rurales, incarne une approche concrète et intégrée de promotion de la santé par le sport et l’éducation. Il associe activité physique, sensibilisation sanitaire et éducation citoyenne.

Pour assurer une mise en œuvre efficace, 19 enseignants des écoles concernées ont suivi une formation intensive de deux jours (théorique et pratique) animée par la Fédération tunisienne d’athlétisme (FTA), axée sur l’utilisation du kit pédagogique Kids’ Athletics pour des activités sportives ludiques et éducatives.

Ce projet illustre un modèle avancé de partenariat intersectoriel, coordonné par l’Observatoire national du sport  (ONS) sous la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports, en collaboration avec les ministères de la Santé, de l’Éducation, la FTA, l’OMS, et la Convention-cadre pour la lutte antitabac.

Cette initiative concrétise les engagements de la Tunisie dans la mise en œuvre Convention-cadre pour la lutte antitabac, tout en contribuant à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), notamment en favorisant la bonne santé et le bien-être (ODD 3) ainsi qu’une éducation de qualité dans un environnement sûr et sain (ODD 4).

Communiqué.

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Les lauréats des Prix Comar 2025 du roman tunisien  

La cérémonie de remise des Prix Comar du roman tunisien s’est déroulée, samedi 17 mai 2025, au théâtre municipal de Tunis, dans une ambiance festive où littérature, musique et chant font bon ménage pour le bonheur du public présent.

Imed Bahri

Comme chaque année, la proclamation des noms des six lauréats a été précédé et suivi de concerts de chants des voix représentatives du «tarab» en Tunisie : Rana Zarrouk, Mohamed, Mohamed Ben Salah et Olfa Ben Romdhane, qui a clôturé en beauté la soirée, pour le bonheur des mélomanes présents.

Les dirigeants des Assurances Comar, l’entreprise qui a créé et organise cet événement littéraire majeur depuis 29 ans dans le cadre de sa stratégie de responsabilité sociale de l’entreprise, étaient présents aux premiers rangs pour montrer l’intérêt qu’il accorde à la culture en général et à la littérature romanesque en particulier, ce que MM Slaheddine Ladjimi, président du conseil d’administration des Assurances Comar, et Lotfi Belhaj Kacem, président du Comité d’organisation des Prix Comar, ont exprimé dans leurs allocutions d’ouverture, en promettant de poursuivre sur cette voie, le but étant de promouvoir la lecture parmi le grand public et de rapprocher les écrivains des lecteurs à travers la dynamique promotionnelle que ces prix créent et renforcent d’une année à l’autre.

Rana Zarrouk .

Après la présentation des membres des deux jurys, qui ont été honorés pour l’occasion, le palmarès des Prix Comar 2025 a donné les résultats suivants :

Roman tunisien de langue française :

Le Prix Comar d’Or décerné à Mahdi Hizaoui pour son roman «Ecris, tu seras aimé des dieux» (Editions Arabesques).

Le Prix spécial du Jury décerné à Abdellatif Mrabet pour son roman «Le vert et le bleu» (Editions Contrastes).

Le Prix Découverte décerné à Houda Mejdoub pour son roman «Ecoute-moi ma fille» (Editions Arabesques).

Roman tunisien de langue arabe :

Le Prix Comar d’Or décerné à Chafiq Targui pour son roman «Liman Tajmaa Wardak aya Makram» (Editions Mayara).  

Chafiq Targui.

Le Prix spécial du jury décerné Sofiane Rejeb pour son roman «Ashab Al-Hodhod» (Editions Meskiliani).

Le Prix Découverte décerné à Balkis Khalifa pour son roman «Nafidha Ala Chams» (Editions Mayara).

Rappelons qu’outre la promotion médiatique et à travers les circuits culturels dont ils bénéficient, les auteurs des romans primés se voient attribuer des chèques de 10000 DT (Comar d’Or), 5000 DT (Prix spécial du Jury) et 2500 DT (Prix découverte).

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‘‘Inquilab 2020’’ │ Contre un démagogue populiste et cynique, les forces vives d’une nation

En 2020, en Inde, un pays essentiellement campagnard et sous-développé, les paysans, pourtant politiquement roués et encadrés par des intellectuels souvent brillants, n’ont pas saisi l’opportunité d’un véritable changement en profondeur qu’ils auraient pu imposer d’une manière irrémédiable, avec la majorité nécessaire pour le faire.

Dr. Mounir Hanablia *

Les paysans en Chine avaient constitué la base sur laquelle s’était appuyé le Parti communiste chinois pour lutter contre l’occupation japonaise durant la seconde guerre mondiale, puis pour arracher le pouvoir au parti Kuomintang dont les débris sont toujours réfugiés aujourd’hui sur l’île de Taiwan.

En Russie en 1917, ou plutôt dans l’empire tsariste, les paysans, malgré les prétentions du parti bolchevik à représenter la classe ouvrière dans un pays sous industrialisé et largement agricole, avaient formé l’ossature de l’armée rouge des ouvriers et paysans, ainsi qu’on l’avait nommée, qui allait permettre aux communistes de s’installer à la tête du pays durant plus de 70 ans.

Curieusement, l’Inde, un pays majoritairement constitué de campagnards dont l’agriculture représente la principale source de revenus, n’a pas basculé dans la Révolution, malgré des famines cycliques, et les conflits intercommunautaires, ou bien issus de la tyrannie sociale née du système des castes prédominant dans le pays. Les partis communistes, légalisés dans le pays, n’ont jamais eu d’influence qu’au niveau régional dans quelques États périphériques dont ils ont remporté les élections comme le Kérala et le Bengal Occidental. Il y a bien eu un maquis communiste dirigé par Charu Majumdar, qu’on a qualifié de Naxalite, dans les forêts du Jharkhand, qui a fait parler de lui un certain temps en menant des attaques contre les forces de l’ordre ou leurs informateurs, mais ce maquis n’a pas bénéficié du soutien populaire qui lui aurait permis de constituer un fief, un territoire sécurisé, une république populaire, pour se lancer ensuite à la conquête du pays, comme cela s’était fait en Chine ou au Vietnam.

Le morcellement issu du communalisme et des castes n’a ainsi pas pu être surmonté par l’analyse ou la rhétorique marxiste alors que tout prédisposait le pays à un conflit social de grande ampleur dont aurait pu naître une situation révolutionnaire.

Le mouvement paysan de 2020

C’est pourquoi le mouvement paysan de 2020 dans le pays le plus peuplé au monde ne doit pas être considéré comme un événement marginal, le néolibéralisme et le marché global ayant le vent en poupe dans le monde entier. C’est justement pour exiger le retrait des lois instituées par décrets par le gouvernement communaliste hindou du démagogue autoritaire Modi, dans le but de soumettre l’agriculture indienne aux intérêts des grands groupes commerciaux et financiers nationaux et internationaux, que le soulèvement paysan est né afin d’épargner à des centaines de millions de paysans les expropriations de leurs terres en faveur de l’agrobusiness, que les trois nouvelles lois auraient imposées.

Ces lois supprimaient les prix minimums garantis des produits agricoles, restreignant les droits des fermiers à se pourvoir en justice en cas de litige avec des intermédiaires, qui ne seraient désormais plus agréés par l’Etat. Les fermiers devraient traiter avec un marché sur lequel ils n’avaient aucune prise, pas même celle de fixer les prix. Bref, ils ne seraient que de simples producteurs face à de puissantes corporations qui en seraient les principaux acteurs.

En légiférant par décrets, le gouvernement Indien avait court-circuité le Parlement sans lui soumettre les projets de lois contestés pour approbation, remettant en question l’équilibre des pouvoirs dans un pays qui se qualifie de plus grande démocratie du monde. Il était d’autant moins fondé à le faire que la Constitution indienne précisait que les questions liées à l’agriculture relevaient des parlements régionaux, et non  du pouvoir central. Et il avait choisi de le faire en pleine pandémie de Covid pendant qu’il restreignait les libertés de travailler, de circuler et de se réunir dans tout le pays.

La capacité de mobilisation des fermiers

Le fait démontre suffisamment la capacité de mobilisation de plusieurs centaines d’associations de fermiers et leur détermination dans des conditions aussi défavorables. Le noyau de la contestation s’est situé au Punjab, un des États les plus prospères de la Fédération Indienne, considéré dans les années 70 comme le grenier à blé de l’Inde après ce qu’on a appelé la Révolution Verte. Le cœur en a été la communauté Sikhe dont, outre les réseaux de solidarité autour d’une croyance monothéiste commune, l’Histoire est celle d’une lutte ininterrompue contre l’oppression et l’injustice du pouvoir, et dont l’idéal est le service de la communauté.

Ainsi les temples sikhs disposent tous de cuisines animées par des fidèles volontaires, afin de distribuer des repas gratuits à tous ceux qui se présenteraient, indépendamment de leurs race, sexe, ou conviction religieuse. Ce haut idéal humaniste a facilité la mobilisation des milliers de paysans du Punjab dont la capacité d’organisation et l’idéal communautaire étaient si on peut dire rodés depuis des siècles. Des milliers d’hommes, de femmes, de vieillards venus dans leurs tracteurs, camions, et camionnettes, ont ainsi établi des camps mobiles le long des routes convergeant vers la capitale, dont tous les jours ils se rapprochaient encore plus.

Le gouvernement indien, tout comme ceux qui l’ont précédé, n’étant nullement désireux de voir sa capitale envahie par une contestation jugée menaçante, envoya les unités centrales de la police épauler les unités régionales afin d’empêcher les contestataires de passer, si possible de les disperser. Les manifestants furent donc confrontés à la brutalité policière, mais ils persistèrent.

Il vint donc un moment, début décembre, alors que le froid de l’hiver se faisait sentir, où les paysans se trouvèrent bloqués en rase campagne par les forces de l’ordre avec les routes vers la capitale coupée. Des camps permanents furent ainsi montés avec entre autres bibliothèques, gymnase, cinémas, ravitaillement quotidien en provenance des campagnes, cuisine, voirie, et même des dispensaires, animés par les centaines de volontaires venus apporter leur aide. Et le mouvement a fait tache d’huile dans les autres Etats de la fédération dont les fermiers étaient aussi intéressés par le retrait des lois contestées.

Toujours est-il, au moment où les paysans entamaient des négociations avec le gouvernement, qu’ils décidaient de mettre la pression en bloquant le chemin de fer au niveau régional, entraînant l’épuisement rapide des stocks de charbon, et la fermeture de plusieurs centrales électriques nécessaires au fonctionnement de l’industrie.

Le louvoiement du gouvernement

En un peu plus d’un mois, il y eut environ six réunions entre les représentants des fermiers et du gouvernement, qui n’aboutirent pas, les premiers exigeant les retraits des lois, et les seconds s’obstinant à ne discuter que d’amendements. Naturellement le gouvernement entama une campagne de propagande de grande ampleur, relayée par des médias aux ordres appartenant aux grands groupes commerciaux désireux de voir les lois appliquées à leur bénéfice. Ils présentaient les fermiers comme des naxalites, guérilleros communistes, ou bien Punjab oblige, des khalistanis.

En effet, dans les années 80, l’armée indienne avait détruit le Temple d’Or d’Amritsar, le lieu le plus saint du sikhisme, parce que s’y étaient réfugiés des séparatistes exigeant la création d’un Etat sikh indépendant, le Khalistan. Une actrice  de Bollywood devenue députée appuyait les thèses du premier ministre Modi.

Face à cette campagne de désinformation, les contestataires répliquaient par un usage intensif de l’Internet afin d’informer régulièrement leurs propres partisans tout en acquérant la sympathie de leurs compatriotes, émus par la mort d’une cinquantaine de manifestants, souvent âgées, de froid, ou de maladie. Il y eut même un suicide de protestation, afin de rappeler que les suicides de fermiers, endettés irrémédiablement, représentaient plus de 11% du total dans le pays, sur 25 ans.

Malgré cela, le gouvernement s’obstinait, arguait du bien-fondé de sa politique, récusée par les fermiers, les partis d’opposition, et de plus en plus les différents segments de la société civile que rebutaient sa dérive autoritaire remettant en cause le fonctionnement des institutions démocratiques, tout comme les méthodes policières utilisées pour réprimer les manifestants, de plus en plus soutenus par une opinion publique internationale influencée par les communautés indiennes établies aux Etats-Unis et au Canada.

Le Canada s’invite dans la crise

Le Premier ministre Justin Trudeau du Canada n’hésitait pas à monter au créneau pour exprimer sa solidarité avec ses compatriotes originaires d’Inde inquiets du sort de leurs proches demeurés dans ce pays, luttant pacifiquement pour préserver leurs droits. Trudeau dénoncerait quelques années plus tard l’assassinat de militants sikhs au Canada en l’attribuant aux services secrets indiens, déclenchant une crise diplomatique entre les deux pays. 

Le fait le plus marquant est que le mouvement paysan, en utilisant des moyens pacifiques, était ainsi devenu une menace pour le pouvoir parce qu’il avait réussi à surmonter les différences de castes et de religions entre Hindous et Musulmans, dont le parti suprémaciste Hindou au pouvoir, le BJP, avait fait son cheval de bataille, en instaurant le fameux registre national et la réforme sur la nationalité faisant des musulmans des citoyens sans droits dans leur propre pays.

Le mouvement paysan avait fédéré les différents mécontentements contre la politique cynique d’un gouvernement qui n’hésitait pas à importer de l’étranger à des prix supérieurs les produits disponibles sur le marché intérieur, afin de casser la production locale et punir les fermiers, quand il ne les soumettait pas à des représailles fiscales.

Des personnalités éminentes et des sportifs avaient même rendu les décorations dont l’État Indien les avait honorés, en signe de protestation, un symbole fort remettant ainsi en question implicitement l’unité du pays.

L’impossible révolution

Le livre, écrit comme un journal par une adolescente punjabi sikhe de 16 ans suffisamment cultivée pour citer des passages de pièces de Shakespeare, s’interrompt en janvier 2021 alors que les deux parties n’ont pas encore trouvé d’accord.

En fait, il faudra une année au gouvernement pour céder et se résoudre à l’annulation des lois en question. Ce n’est pas la menace de désintégration du pays qui l’a fait reculer, mais plutôt la perspective d’une défaite électorale sans précédent. Et les élections de 2024 viendront confirmer le recul électoral de M. Modi qui ne disposera plus de la majorité absolue au parlement.

Évidemment nul ne contestera que les fermiers indiens ont remporté une grande victoire en réalisant leurs objectifs contre un pouvoir sans scrupules soutenu par le marché global et les forces de la mondialisation. Néanmoins, après cela, leur mouvement s’est immédiatement auto-dissous. Et les perspectives entrevues d’une société libérée de la tyrannie des castes et du communalisme ne se sont pas réalisées, parce qu’aucun parti politique nouveau n’a émergé pour en faire programme réalisable, les partis traditionnels en étant incapables.

Ainsi dans un pays qui demeure essentiellement campagnard et sous-développé, avec quelques poches d’opulence autour de mégalopoles surpeuplées, les paysans, pourtant politiquement roués et encadrés par des intellectuels souvent brillants, n’ont pas saisi l’opportunité d’un véritable changement en profondeur qu’ils auraient pu imposer d’une manière irrémédiable, avec la majorité nécessaire pour le faire. Leur victoire, obtenue par leur sens de l’organisation, leur combativité, leur sacrifice, leur persévérance, et leur solidarité, n’est donc pas définitive, et demeure tributaire d’une volonté politique qui n’aura de cesse de la remettre en question dès lors que l’opportunité pour le faire se présentera.   

* Médecin de libre pratique.

‘Inquilab-2020 : The United Indian Peasant Movement’’, de Amarveer Kaur, éd. Notion Press, 14 février 2021, 270 pages.

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Le poème du dimanche│ ‘‘Il y a une autre vie’’ de Liana Badr

Liana Badr est Palestinienne. Romancière, nouvelliste, poète, cinéaste, journaliste et auteure pour jeunesse.

Née à Jérusalem en 1950, elle a fait des études supérieures de philosophie et de psychologie. Engagée dans la cause palestinienne, elle vit depuis 1994 à Ramallah où elle a occupé de hautes fonctions culturelles.

Elle avait également séjourné en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Tunisie.  

Son œuvre est traduite dans de nombreuses langues et elle a obtenu différentes distinctions pour sa création littéraire comme cinématographique.

En poésie, elle a publié, en arabe, Tulipes de lumière, 1996; Le temps de la nuit (2008); Astres, 2017; Dialogue avec Fadwa Touqan, Les ombres des paroles narrées, 1996; L’influence du lieu sur l’identité chez le poète Mahmoud Darwich, 2013.

Tahar Bekri

Il y a une autre vie

Où un jeune homme ne se tient pas debout

Devant les décombres

Cherchant les corps des siens morts

Mais vient vers sa fiancée fier des festivités

Il y a d’autres lieux

Sans larmes écoulées par une jeune fille

Parmi les débris

Et quand son cœur frémit de désir

En brodant le nom de l’aimé

Elle n’a pas peur des avions qui tirent

Il y a une vie où l’enfant va

A l’école chaque jour

Portant des crayons et des cahiers

Et revient sain et sauf sans saigner

Il y a une vie où l’être ne craint pas

Les crocs du loup

Qui prétend être l’origine de la vie

Il y a une autre vie

Où nous visitons les sources de notre terre

Pour boire un café parmi les oliviers

Comme nous l’étions au temps des Romains

Il y a d’autres vœux

Où je te rencontre et tu seras mon frère

Où je deviendrai une tante pour tes enfants

Dans une patrie où ils grandissent

Loin de la dispersion.

Traduit de l’arabe par Tahar Bekri

(Remerciements à l’auteure).

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Sur 11,9 millions d’habitants recensés en Tunisie, seuls 0,55 % sont étrangers

L’âge moyen en Tunisie est actuellement de 35 ans, ce qui signifie que la pyramide des âges prend une forme marquée par le vieillissement de la population.

C’est ce qu’a indiqué le directeur général de l’Institut national de la statistique (INS), Bouzid Nsiri, lors d’une conférence de presse tenue ce samedi 17 mai 2025, pour présenter les résultats officiels du recensement général de la population et de l’habitat pour l’année 2024.

Selon les données communiquées, la population résidente en Tunisie s’élève à 11 972 169 habitants, contre 10 982 800 en 2014, enregistrant ainsi un taux d’accroissement annuel moyen de 0.87% par rapport à 2014.

Entre 1921 et 2024, soit environ un siècle environ, la population en Tunisie a été multipliée par six, passant de 2 millions à près 12 millions habitants.

La composition démographique est constituée de 50,7% de femmes contre 49,3% d’hommes, soit un écart de 1,4 %.

La proportion d’étrangers résidant en Tunisie sans nationalité tunisienne est estimée, quant à elle, à 0,55 %, ce qui dément les allégations catastrophistes et à connotation racistes selon lesquelles la forte présence des migrants africains subsahariens dans notre pays risque de changer la composition ethnique de sa population et son identité arabo-musulmane.

Pour sa part, le directeur technique du recensement, Abdelkader Talhaoui, a indiqué que la proportion d’enfants âgés de 0 à 4 ans a connu une baisse significative, atteignant 5,86%, contre 11% en 1965, conséquence d’une baisse de la natalité: les Tunisiens se marient plus tardivement et font moins d’enfants, pour des raisons essentiellement économiques.

Les résultats du recensement sont répartis selon plusieurs catégories et secteurs, tels que la structure démographique, l’éducation et la formation, l’emploi, la couverture sociale, la santé, les migrations internes et externes, le genre, l’enfance, la jeunesse et les personnes âgées.

I. B.

Accéder au rapport sur le site de l’INS.  

Extrait du rapport : La population étrangère

Pendant la période coloniale, la population étrangère représentait environ 10% de la population résidente en Tunisie. Mais, après l’indépendance et le départ des Français, le nombre d’étrangers a diminué, passant de 341 473 personnes en 1956 (soit environ 9% de la population totale) à 66 834 en 1966 (soit 1,5%).

Après 1966, la population étrangère en Tunisie est restée relativement stable, avec un effectif d’environ 40 000 individus, représentant environ 0,5 % de la population totale.

À partir de 2004, toutefois, on observe une augmentation : la population étrangère atteint 53 490 personnes en 2014, puis 66 349 en 2024. Malgré cette progression, leur part dans la population totale reste relativement faible, ne représentant que 0,55% en 2024.

Néanmoins, il faut souligner que cette augmentation, bien que, en apparence, modeste, entraîne des répercussions considérables aux niveau économique et social.  

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