Dans la sérénité de l’oliveraie, El Seed prépare de grands projets : une fresque géante sur douze ou treize étages dans le 13 ième, à Paris,en réplique à la fameuse fresque de Obey « Liberté, égalité, fraternité». Il ouvre un nouvel espace en Arabie saoudite. Et il sort un livre en Italie.
La Presse — A Gabès, Faouzi Khlifi, plus connu sous le célèbre nom de El Seed, est un homme heureux. Au milieu des oliviers centenaires que planta son arrière grand- père, il mène la vie simple et fruste des agriculteurs du lieu, se passionne pour la récolte de l’année, presse son huile, et retrouve ses réflexes d’artiste pour offrir à cette huile le plus beau des flacons, signé et numéroté, œuvre d’art qui s’arrache à prix d’or.
Fier de son cru, il réunissait famille et amis pour le goûter à grands renforts de tabouna, et nous expliquait la jolie idée d’associer huile et œuvre d’art, se proposant d’éditer chaque année un flacon d’artiste. Et si lui signait le premier, il avait invité l’artiste marocain Hassan Hajjaj, déjà séduit, à dessiner le second. Hassan Hajjaj, quant à lui, était totalement immergé dans cette oliveraie, exposant une magnifique collection de photos réalisées et exposées sur place, au milieu des arbres, en une étonnante installation.
Mais l’oléiculteur éveillé en lui a incité El Seed à allier son art à la vie dans l’oliveraie. C’est ainsi qu’il est en train de préparer une résidence d’artiste qui recevra trois fois par an quatre artistes contemporains dont un Tunisien pour chaque session. Ceux-ci seront invités à passer deux mois à Gabès, rencontrer les gens du cru, travailler, exposer peut-être…
«Gabès a changé ma vie. J’y viens le plus souvent possible, et je souhaite qu’on en parle, qu’on y vienne, qu’on la découvre. J’essaye de créer des événements. C’est ainsi que j’ai invité le photographe marocain Hassan Hajjaj qui y a fait des photos magnifiques, le sculpteur portugais Vhils qui, lui aussi d’une famille d’agriculteurs, s’est cru au Portugal. Nous allons d’ailleurs réaliser une collaboration artistique : lui sculptera le portrait de mon père cependant que je peindrai sur une fresque celui de son grand-père.
En fait, je crois que tous les oliviers du monde parlent le même langage et que l’agriculteur a pour mission de le traduire. Vhils signera, d’ailleurs, la troisième édition de flacons.»
A Gabès, dans la sérénité de l’oliveraie, El Seed prépare de grands projets : une fresque géante sur douze ou treize étages dans le 13e, à Paris,en réplique à la fameuse fresque de Obey «Liberté, égalité, fraternité». Il ouvre un nouvel espace en Arabie saoudite. Et il sort un livre en Italie.
Mais, bien sûr, le projet de ses rêves, c’est à Gabès qu’il souhaite le réaliser : «Je voudrais ouvrir un musée d’art contemporain à Gabès. Ce qui ferait de Gabès, où personne ne vient, une vraie destination artistique». Quand il disait que Gabès avait changé sa vie, El Seed avait raison.