Nouveau projet documentaire de Habib Ayeb : Bout de femmes, bout de terre
Quâelles soient propriĂ©taires, locataires, ouvriĂšres, pĂȘcheuses ou cuisiniĂšres nourriciĂšres, Habib Ayeb donne la parole Ă celles qui jouent un rĂŽle central dans les chaĂźnes agricoles, alimentaires, sociales, Ă©conomiques et Ă©cologiques.
AprĂšs « Sirocco » (Shâhili), tournĂ© entre la France, lâItalie, la Tunisie et le Maroc, et sorti en 2024 autour des enjeux du changement climatique, le gĂ©ographe et cinĂ©aste Habib Ayeb sâattelle Ă un nouveau projet documentaire intitulĂ© «Vies de femmes ». Lâobjectif du film, selon le rĂ©alisateur, est de valoriser et de faire reconnaĂźtre lâimportance des femmes dans lâensemble de la chaĂźne alimentaire et dans lâagriculture en gĂ©nĂ©ral en mettant en lumiĂšre leurs rĂŽles variĂ©s et essentiels dans le monde rural et agricole.
Que ce soit en tant que «propriĂ©taires, locataires, ouvriĂšres, pĂȘcheuses ou cuisiniĂšres nourriciĂšres, ces femmes jouent un rĂŽle central dans les chaĂźnes agricoles, alimentaires, sociales, Ă©conomiques et Ă©cologiques». Habib Ayeb cherche Ă donner la parole Ă cette catĂ©gorie de femmes, car, explique-t-il dans la note dâintention : « Les milliers de femmes du monde agricole, qui travaillent sans relĂąche et sans rien demander en retour, mĂ©ritent dâĂȘtre vues et entendues ».
Lâorigine de ce projet, actuellement en phase de production, puise dans un souvenir personnel : «Quelques annĂ©es Ă peine avant sa disparition Ă un peu moins de 90 ans, ma mĂšre ne ratait jamais la saison de la cueillette des olives. Alors que des bien plus jeunes se limitaient aux branches Ă portĂ©e de main, ma mĂšre Ă©tait la premiĂšre Ă aller Ă la recherche des branches les plus hautes⊠Et de son sommet elle commandait toute la troupe et grondait les enfants quand ils marchaient sur les olives tombĂ©es par terre⊠».
LâidĂ©e est de dresser des portraits dĂ©taillĂ©s de femmes engagĂ©es dans lâagriculture, la pĂȘche ou la transformation alimentaire, Ă travers une approche ethnographique mĂȘlant observation directe et immersion participative, pour mettre en Ă©vidence lâimportance des savoirs agricoles et alimentaires dĂ©tenus par les femmes dans les milieux ruraux et paysans, notamment les femmes dans les larges steppes du sud, les femmes des bergers, les femmes de Kerkennah (les pĂȘcheuses et les laggata-s qui «ramassent les palourdes») ou encore les femmes de Oued Sbaihiyya Ă Zaghouan (association de femmes agricultrices), etc.
Il sâagit Ă©galement dâun travail sur la mĂ©moire. Donner la parole aux femmes ĂągĂ©es, afin dâĂ©voquer leur mĂ©moire de paysannes, dâĂ©pouses, de mĂšres, de travailleuses, permettra, selon le rĂ©alisateur, de mieux comprendre les mutations sociales engendrĂ©es par la marginalisation progressive de lâagriculture paysanne au profit de lâagrobusiness. Pour ce projet assez spĂ©cifique, lâĂ©quipe technique sera entiĂšrement fĂ©minine et composĂ©e de femmes professionnelles tunisiennes : rĂ©alisation, prise de son, montage, Ă©talonnage, mixage, etc.
Habib Ayeb est gĂ©ographe et cinĂ©aste, spĂ©cialisĂ© en gĂ©ographie sociale. Ses recherches et ses films portent sur des thĂ©matiques liĂ©es Ă la souverainetĂ© alimentaire, Ă lâenvironnement, aux questions paysannes, aux changements climatiques et aux dynamiques de marginalitĂ© et de pauvretĂ©, principalement en Tunisie, en Egypte et en Afrique du Nord.
Il est le fondateur de Layoun Prod, une sociĂ©tĂ© de production cinĂ©matographique qui Ćuvre pour le soutien Ă la production et la promotion des films documentaires indĂ©pendants et engagĂ©s dans des thĂ©matiques en relation avec la justice sociale, Ă©cologique et climatique, la souverainetĂ© alimentaire, les droits fondamentaux et les libertĂ©s individuelles.