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FSG revoit à la baisse les prévisions de croissance pour la Tunisie pour 2025 et 2026

Le rapport «Tunisia Country Risk Report (Interim) Includes 10-year forecasts to 2034» récemment publié par Fitch Solutions Group (FSG), revoit à la baisse les prévisions de croissance pour la Tunisie, de 1,2 % à 1,0 % en 2025 et de 2,1 % à 1,5 % en 2026. Et avertit contre des risques politiques, socio-économiques et sécuritaires.

Imed Bahri

Les analystes auteurs du rapport soulignent trois points clés.

D’abord, l’annonce des droits de douane américains en avril 2025 incite à revoir à la baisse les prévisions de croissance pour la Tunisie, de 1,2 % à 1,0 % en 2025 et de 2,1 % à 1,5 % en 2026.

Ensuite, l’impact direct des droits de douane sera relativement limité, les exportations tunisiennes vers les États-Unis ne représentant que 2,2% du PIB en 2024.

En revanche, l’impact indirect des droits de douane sur la demande d’exportations de la zone euro, principal partenaire commercial de la Tunisie, sera plus prononcé.

Toutefois, la baisse des importations de pétrole compensera largement la baisse des exportations, ce qui entraînera une réduction du déficit courant à 1,4% du PIB en 2025.

La réduction du déficit et l’appréciation du dinar face au dollar américain allégeront la pression sur les réserves de change jusqu’à la fin de l’année 2025.

Néanmoins, la pression extérieure reprendra en 2026, le déficit courant se creusant à 2,6% du PIB et une dette en devises de 1,1 milliard de dollars étant attendue.

La baisse des prix du pétrole contribuera également à réduire la facture des subventions, aidant ainsi à la réduction du déficit budgétaire à 5,6% du PIB en 2025.

Cette baisse des prix des carburants soutiendra, par ailleurs, la pression désinflationniste. Conjuguée à une croissance économique plus faible, cette baisse incitera la Banque centrale de Tunisie à assouplir davantage sa politique monétaire de 50 points de base jusqu’à la fin de l’année 2025.

Les principaux risques

En ce qui concerne les principaux risques, les auteurs du rapport estiment que «l’impact négatif des droits de douane américains sur l’économie tunisienne prolongera la dégradation de la situation socio-économique, notamment en ce qui concerne le chômage. Cela maintiendra le mécontentement social à un niveau élevé.»

«Les risques de manifestations de grande ampleur pourraient également augmenter en raison des restrictions plus rigoureuses imposées à l’opposition et à la société civile, ce qui aggravera les conditions socio-économiques difficiles», ajoutent-ils.

Si la baisse des prix du pétrole allégera quelque peu la pression budgétaire et extérieure en 2025, l’impact direct et indirect des droits de douane américains sur la demande extérieure d’exportations tunisiennes accentuera la pression exercée par la hausse de l’impôt sur les sociétés et sur le revenu, et provoquera un ralentissement plus marqué de la croissance économique. Cela prolongera les difficultés socio-économiques dans le pays, entretenant un mécontentement social élevé.

Pour ce qui est du risque politique Fitch Solutions Group affirme que «l’accession du président Kaïs Saïed à des pouvoirs accrus grâce à un amendement constitutionnel en 2023 a rationalisé la gouvernance et centralisé l’autorité en Tunisie, mettant ainsi de côté les contre-pouvoirs.»

Résoudre les blocages politiques

Cependant, et même si cela peut permettre de résoudre les blocages politiques passés, «le président ayant acquis davantage de pouvoirs exécutif et législatif au détriment du Parlement et du pouvoir judiciaire, cela présente également des défis importants face aux déséquilibres économiques et au mécontentement croissant de la population», avertit le rapport.

Par conséquent, les auteurs estiment que le président Saïed serait bien inspiré de «trouver un équilibre entre la correction de ces déséquilibres sans aggraver la situation socio-économique afin d’éviter d’alimenter des manifestations de grande ampleur.» Sinon, avertissent-ils encore, «Saïed et son gouvernement auront du mal à accéder aux financements extérieurs indispensables, qui restent principalement conditionnés à la mise en œuvre de réformes économiques impopulaires.»

En ce qui concerne la gouvernance globale, le rapport conclut : «Bien que Saïed ait affaibli l’opposition politique, les risques de gouvernance pourraient s’accroître si ses politiques ne s’attaquent pas efficacement aux problèmes économiques structurels, tels que les importants déficits jumeaux, le niveau élevé de la dette, le chômage et l’inflation élevés, ainsi que les pénuries constantes de biens et services de base.»

S’agissant de la situation socio-économique qui s’est dégradée en raison de la pandémie de Covid-19, de la guerre russo-ukrainienne et de problèmes structurels préexistants, le rapport conclut : «Les difficultés du gouvernement à financer les déficits budgétaire et extérieur et à gérer la dette, combinées à un chômage et une inflation élevés, pourraient entraîner des troubles sociaux. Les politiques économiques de l’État et sa capacité à créer des emplois, en particulier pour l’importante population jeune, sont essentielles au maintien de la stabilité sociale. La dégradation persistante des conditions socio-économiques et les pénuries de biens de première nécessité, combinées à des restrictions plus strictes à la liberté d’expression, maintiendront un mécontentement social élevé dans le pays.»

Enfin, en ce qui concerne la sécurité, on lit dans le rapport l’appréciation suivante : «Malgré une baisse des activités djihadistes, la Tunisie est confrontée à des risques sécuritaires persistants liés à d’éventuelles attaques terroristes. Cette menace est aggravée par la possibilité d’infiltration de militants depuis la Libye et par les difficultés socio-économiques qui pourraient être exploitées par des groupes radicaux. La sécurité demeure une préoccupation majeure, tant pour la stabilité nationale que pour des secteurs économiques tels que le tourisme.»

Lire le Rapport en anglais.

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Israël affame les bébés et les enfants palestiniens

Le Guardian a publié une enquête de Malak Al-Tantesh et Julian Burger dans laquelle ils reviennent sur le cas du bébé Siwar Ashour né à Gaza il y a six mois qui souffre de famine et dont la photo a choqué le monde entier. La toute petite fille est désormais en danger de mort. Ce cas poignant illustre la grande souffrance des Gazaouis de tous les âges et surtout des enfants qui subissent cette famine utilisée sciemment par le gouvernement israélien comme arme de guerre puisqu’il empêche l’entrée de la nourriture dans l’enclave palestinienne.  

Imed Bahri

Lorsque la photo de Siwar a été publiée sur le site Internet de la BBC cette semaine, elle a provoqué un choc général. Siwar est né le 20 novembre de l’année dernière pesant seulement 2,5 kilogrammes à la naissance. Depuis sa naissance, Siwar souffre de problèmes œsophagiens ce qui rend difficile l’allaitement. Cela l’a obligée à recourir au lait maternisé qui n’était pas largement disponible dans la bande de Gaza assiégée.

La maison de ses parents à Nuseirat, près de la côte, a été détruite au début de la guerre en octobre 2023. Sa famille a vécu sous une tente pendant un certain temps. La nourriture et l’eau étaient difficiles à obtenir et le camp de déplacés était soumis à des bombardements constants.

La famille a essayé de retourner à Nusairat et de rester dans la maison du grand-père de Siwar mais celle-ci a été également bombardée. De cette maison, dans laquelle vivaient 11 personnes, il n’est resté qu’une seule pièce, celle où Siwar a vu le jour. 

Pas de nourriture ni de nutriments

«Jétais tout le temps fatiguée, je navais aucune intimité et je ne pouvais pas me reposer», raconte Najwa Aram, 23 ans, la mère de Siwar, avant d’ajouter: «Il ny avait pas de nourriture ni de nutriments appropriés. Quand je lui ai donné naissance, elle nétait pas comme les autres nouveau-né. Elle était belle malgré la faiblesse visible sur ses traits mais maintenant, elle est anormalement maigre. Les bébés de son âge sont censés peser 6 kg ou plus et non pas seulement 2 à 4 kg».

Le mois dernier, Najwa a découvert qu’elle était enceinte de son deuxième enfant et vit dans la peur de perdre Siwar avant la naissance de son frère ou de sa sœur.

Elle a déménagé à Khan Yunis avec sa mère où elle a passé les mois précédents avec sa fille très maigre tandis que son mari aveugle, Salah, est resté à Nuseirat. Les bombardements continus ont forcé la famille à déménager plusieurs fois. Comme d’autres familles à Gaza, ils ont été dispersés partout.

Najwa raconte que son mari aveugle jouait tout le temps avec Siwar: «Il est venu nous rendre visite à l’hôpital une fois car il ne pouvait pas se déplacer sans être accompagné et il est plus inquiet pour elle que moi. Il est très attaché à elle»

Sans aucune source de revenus, la famille dépend de l’aide alimentaire et d’autres formes d’aide humanitaire. Même cela n’est pas toujours possible en raison du blocus étouffant imposé par Israël à la bande de Gaza.

«La famine à Gaza causée par l’homme et motivée par des raisons politiques est l’expression d’une cruauté absolue», a déclaré cette semaine Philippe Lazzarini, directeur général de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Najwa et sa mère n’ont plus qu’un sac de farine et quelques boîtes de conserve. Elle déclare qu’ils n’ont pas de quoi acheter la nourriture à cause des prix très élevés et surtout pas le lait spécial pour bébé dont Siwar a besoin. Elle explique que même si elle souffre elle-même de malnutrition, elle essaie d’allaiter Siwar mais celle-ci refuse, pleure sans arrêt et la rejette complètement. 

Najwa et sa fille ont passé plusieurs mois à l’hôpital Deir Al-Balah où du lait maternisé était disponible, ce qui a aidé Siwar à prendre 4 kilos. «Jai remarqué que Siwar commençait à sourire et à jouer ce qui m’a rendu heureuse et m’a donné l’espoir que sa santé s’améliorerait», témoigne la jeune mère. 

Sauf que fragile moment d’espoir s’est effondré lorsqu’ils sont sortis de l’hôpital et Siwar a recommencé à perdre du poids. Elle a été transférée à l’hôpital Nasser de Khan Yunis où se trouvent toujours la mère et sa fille.

Partout où l’on regarde, la souffrance est palpable

«Les médecins font tout ce quils peuvent pour la soigner mais elle ne peut pas boire le lait maternisé (substitut au lit maternel) quils lui donnent. Lhôpital est en piteux état avec six patients par chambre. Partout où lon regarde, la souffrance est palpable et il y a un enfant dans un état pire que celui de Siwar», explique Najwa.

La mère a déclaré que voir sa fille dans cet état la rend insomniaque et très anxieuse. Elle s’inquiète, réfléchit beaucoup et craint de la perdre. Elle lance a cri de détresse à la communauté internationale:«Le monde ne peut-il pas ouvrir les points de passage et laisser passer le lait, la nourriture et les médicaments? Tout ce que je veux, cest que ma fille Siwar vive comme tous les autres enfants du monde».

Le docteur Ahmed Al-Farah, chef du service de maternité et de pédiatrie du complexe médical Nasser, affirme qu’entre cinq et dix cas de malnutrition sont enregistrés quotidiennement. Il a déclaré: «Nous constatons des cas de malnutrition chez les enfants, cest inquiétant et nous navons rien à leur offrir. Ils ont besoin de protéines et il ny en a pas. Nous essayons de leur fournir le peu de lait dont nous disposons et peut-être du lait en poudre mais rien de plus. À tout cela s’ajoute une forte surpopulation à l’hôpital ce qui augmente l’incidence des infections chez les enfants».

Autre problème de taille, il n’y a pas assez de carburant que pour faire fonctionner les générateurs pendant 48 heures et l’électricité dans la section administrative a été coupée pour prolonger l’alimentation électrique mais on s’attend à ce qu’elle soit bientôt coupée dans les services qui sont bondés.

«J’appelle le monde à nous considérer comme des êtres humains»

Al-Farah désespéré interpelle le monde: «Nous sommes impuissants face à leurs besoins. Nous ne pouvons pas leur fournir la nourriture, les compléments alimentaires, les médicaments ou les vitamines adaptés à leur état. Jai étudié la malnutrition dans les manuels de médecine. Je pensais que cette étude resterait théorique, un phénomène que nous ne verrions jamais dans la réalité mais aujourdhui, ces descriptions de manuels prennent vie sous nos yeux à Gaza. Jappelle le monde à nous considérer comme des êtres humains. Nous sommes des êtres humains comme vous tous».

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Tunisie │ La famille de Mustapha Djemali appelle à «une intervention plus ferme de la Suisse»

Mustapha Djemali, le Suisso-Tunisien, ex-haut responsable au sein du Haut-Commissariat de l’Onu pour les réfugiés (UNHCR), est incarcéré depuis un an en Tunisie. Sa famille, établie à Genève, dénonce une «détention arbitraire» et demande «une intervention diplomatique plus ferme de la Suisse».

Dans un article intitulé «Un travailleur humanitaire suisse de 81 ans croupit dans une prison tunisienne», La Tribune de Genève revient sur la situation de ce travailleur humanitaire de 81 ans dont l’ONG, le Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR), a pour mission, comme son nom l’indique, de porter assistance aux réfugiés en Tunisie. Et c’est ce que les autorités judiciaires tunisiennes lui reprochent, estime le journal, citant les membres de la famille du prévenu, établis dans la capitale suisse, et qui passent leur temps à faire des allers et retours entre Tunis et Genève, tout en espérant, malgré tout, un dénouement positif de cette affaire.

«Mustapha Djemali a été arrêté alors que l’organisation qu’il a fondée en 2016 avait lancé un appel d’offres auprès de prestataires de services hôteliers afin de trouver un hébergement destiné à des demandeurs d’asile. Sur fond de xénophobie, l’affaire avait provoqué une campagne de dénigrement de l’action humanitaire en Tunisie. Le CTR s’est aussi vu soupçonné de ‘‘corruption’’», écrit La Tribune de Genève.

La fille du détenu, Yusra Debonneville Djemali, actuellement en Tunisie, est très inquiète. Elle a déclaré au journal suisse à propos de la situation de son père dans la prison de Mornaguia: «Il a perdu 35 kilos en un an, il souffre d’une maladie qui nécessite des médicaments précis, auxquels il n’a pas droit. Cela fait un an qu’on se bat pour sa libération et, au moins, dans l’urgence, le respect de ses droits en prison, mais rien n’y fait. Même l’ambassade de Suisse en Tunisie ne parvient pas à obtenir le minimum vital.»

«Nous essayons d’apporter à notre père un minimum de réconfort et nous continuons de nous battre avec un avocat tunisien pour obtenir sa libération», a encore souligné Yusra Djemali. Et de conclure: «Nous sommes très inquiets pour sa santé, il faut que ce cauchemar se termine au plus vite.»

I. B.

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Inde-Pakistan │ Un conflit toujours recommencé

Un accord de cessez-le-feu a été été conclu le 10 mai entre l’Inde et le Pakistan, mettant fin au conflit armé ayant éclaté le 7 mai entre les deux pays, lorsque l’Inde a bombardé neuf cibles à l’intérieur du Pakistan et du Cachemire pakistanais, en représailles au massacre, le 22 avril, de 25 touristes indiens dans la station touristique de Pahalgam dans la vallée de Baisaram. Mais la situation reste particulièrement tendue entre ces deux puissances nucléaires voisines.

Isidoros Karderinis *

L’Inde et le Pakistan ont été impliqués dans quatre guerres majeures depuis leur indépendance de la Grande-Bretagne en août 1947. Ils ont également été impliqués dans des dizaines d’escarmouches et de conflits de moindre intensité.

En 1947, deux États distincts furent créés, constituant le «divorce» le plus violent de l’histoire: l’Inde, où les hindous prédominent, et le Pakistan, où les musulmans prédominent.

Un territoire, deux Etats

La coexistence des deux pays a été entachée par des violences de masse et des mouvements de population, causant des blessures irréparables et une profonde suspicion mutuelle.

La guerre indo-pakistanaise de 1947-1948, également connue sous le nom de première guerre du Cachemire, opposa l’Inde et le Pakistan au sujet de l’État princier du Jammu-et-Cachemire, une région stratégiquement importante de l’Himalaya occidental, au nord de l’Inde et du Pakistan. L’Inde occupait alors environ les deux-tiers de la région et le Pakistan l’autre tiers.

Il convient également de noter que la Chine contrôle une partie du Cachemire, l’Aksai Chin à l’est, depuis les années 1960.

Le Cachemire couvre une superficie de 222 200 kilomètres carrés. Environ 4 millions de personnes vivent au Cachemire sous administration pakistanaise et 13 millions au Jammu-et-Cachemire sous administration indienne.

La population de la région est majoritairement musulmane. Le Pakistan contrôle les parties nord et ouest, à savoir l’Azad Cachemire, le Gilgit et le Baltistan, tandis que l’Inde contrôle les parties sud et sud-est, dont la vallée du Cachemire et sa plus grande ville, Srinagar, ainsi que le Jammu et le Ladakh.

Le Cachemire revêt non seulement une importance stratégique, mais aussi une profonde valeur symbolique pour l’Inde et le Pakistan, que les deux pays revendiquent dans leur intégralité.

Le Pakistan souligne que la majorité de la population du Cachemire est musulmane et le considère donc comme une extension naturelle de son territoire, tandis que l’Inde met en avant son caractère multiconfessionnel et le considère donc lui aussi comme partie intégrante de son territoire.

L’eau, un enjeu géopolitique

Le Cachemire est également devenu un élément essentiel du récit national des deux pays, rendant tout retrait politiquement difficile. L’expression «Cachemire occupé par l’Inde» domine le discours médiatique pakistanais, tandis que les manuels scolaires pakistanais présentent l’Inde sous un jour négatif.

Parallèlement, la région est riche en ressources hydriques, vitales pour l’agriculture du nord de l’Inde et du Pakistan. Les plus grands fleuves de la région, entre autres, prennent leur source ou traversent le Cachemire. En particulier, le fleuve Indus prend sa source au Tibet, traverse l’Inde depuis le Cachemire indien et se jette au Pakistan, constituant ainsi l’artère principale du système hydrologique pakistanais. Plus de 90% de l’agriculture pakistanaise dépend directement ou indirectement de ses eaux. Les eaux de l’Indus ne sont pas seulement une ressource naturelle, mais aussi un enjeu géopolitique.

D’interminables conflits

En 1965, la guerre éclata à nouveau entre l’Inde et le Pakistan, connue sous le nom de deuxième guerre du Cachemire, et fut une série d’escarmouches entre les forces militaires des deux pays, d’août à septembre. Les combats ont eu lieu dans cette zone territoriale revendiquée par les deux pays et s’inscrivaient dans la continuité des batailles qui y avaient eu lieu en 1947. Bien que la guerre n’ait duré que trois semaines, elle a été particulièrement sanglante.

La guerre indo-pakistanaise de 1971 débuta avec la guerre d’indépendance du Bangladesh, alors connu sous le nom de Pakistan oriental. Le soutien indien au mouvement d’indépendance du Bangladesh fut à l’origine de ce conflit, qui s’inscrivait dans la continuité de la guerre précédente de 1965 entre l’Inde et le Pakistan.

Le 3 décembre 1971, l’armée de l’air pakistanaise lança une frappe préventive spectaculaire contre des bases aériennes du nord de l’Inde, dans le but de détruire l’armée de l’air indienne au sol. Cette frappe entraîna l’Inde dans la guerre entre le Pakistan et le Bangladesh, qui avait déjà éclaté le 26 mars 1971 et se termina par la défaite de l’armée pakistanaise, le 16 décembre de la même année et l’indépendance du Bangladesh.

La guerre de Kargil a opposé le Pakistan et l’Inde dans la région de Kargil entre mai et juillet 1999. Ce conflit d’une ampleur considérable et meurtrier s’est déroulé à une altitude d’environ 5 000 mètres et dans des conditions extrêmes. Il a fait d’importantes victimes des deux côtés: on estime à environ 527 le nombre de morts parmi les soldats indiens et entre 400 et 4 000 les pertes humaines pakistanaises.

L’Inde et le Pakistan, qui sont estimés posséder un nombre égal d’ogives nucléaires – l’Inde possède 172 ogives et le Pakistan 170 – ont récemment été impliqués dans un nouveau conflit militaire, le conflit le plus grave entre les deux puissances nucléaires depuis deux décennies.

Le nouveau «chapitre» de tension s’est ouvert aux premières heures du mercredi 7 mai 2025, lorsque l’Inde a bombardé neuf cibles à l’intérieur du Pakistan et du Cachemire pakistanais, en représailles au massacre du 22 avril, lorsque 25 touristes indiens et un ressortissant népalais ont été assassinés par des hommes armés dans la station touristique de Pahalgam dans la vallée de Baisaram, provoquant une colère généralisée en Inde.

Dès les premières heures suivant le massacre, New Delhi a accusé Islamabad de soutenir le groupe extrémiste responsable de cette attaque meurtrière, ce que le gouvernement pakistanais a catégoriquement nié.

Après quatre jours d’affrontements acharnés à la frontière entre les deux puissances nucléaires, un accord de cessez-le-feu a été conclu le 10 mai, suite à une intense pression diplomatique américaine. Ce qui sera gratifiant s’il est consolidé et ne se révèle pas fragile.

Les forces en présence

L’Inde est cependant plus importante que le Pakistan en termes de population, de forcé économique et de puissance militaire. Sa population s’élève à 1,438 milliard d’habitants, contre 247,5 millions pour le Pakistan. Elle est également classée quatrième puissance militaire mondiale, tandis que le Pakistan est douzième. L’Inde se classe également cinquième parmi les économies les plus puissantes du monde.

Suite au tragique incident de Pahalgam, l’Inde a suspendu le traité de 1960 sur les eaux de l’Indus, qui divisait les six fleuves du bassin de l’Indus entre les deux pays. La suspension du traité par l’Inde, en guise de représailles après la violente attaque, n’est pas seulement symbolique, elle a également des conséquences matérielles.

En conclusion, on soulignera avec insistance que les deux pays devraient enfin trouver une solution à leurs différends – ce qui n’est certainement pas facile – et s’engager sur la voie d’une paix durable, étant donné qu’ils sont des puissances nucléaires, et qu’une confrontation nucléaire entre eux, qui pourrait résulter d’une erreur fatale, serait absolument dévastatrice.

* Journaliste et écrivain grec.

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Atelier international à Tunis │ Pour une gestion durable des terres et de l’eau

Des représentants de dix pays d’Afrique et d’Asie se réunissent du 12 au 16 mai 2025 à Hammamet, en Tunisie, pour un échange d’expériences sur une gestion durable des terres et de l’eau.

Il s’agit d’un atelier sur les «solutions fondées sur la nature» pour une gestion durable des terres et des forêts initié par l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) et co-organisé dans le cadre du réseau Khibra par le Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient, avec la participation de responsables et experts venus d’Algérie, du Botswana, d’Irak, de Jordanie, du Liban, du Malawi, de Tanzanie, de Tunisie, du Yémen et du Zimbabwe.

Dans son discours d’ouverture, le secrétaire d’État auprès du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Hamadi Habaieb, a souligné l’urgence de ces enjeux: «Dans nos régions arides et semi-arides, l’eau a toujours été précieuse. Aujourd’hui, face au changement climatique, à l’urbanisation croissante et à l’évolution des besoins agricoles, l’offre et la demande de l’eau constituent un défi majeur, mais aussi une formidable opportunité de transformation des systèmes alimentaires.»

Mohamed Amrani, chargé de bureau de la FAO pour l’Afrique du Nord, a déclaré qu’«environ 25% des terres de la planète sont dégradées, affectant le bien-être de plus de 3,2 milliards de personnes au niveau global.» «Parallèlement, les forêts continuent de disparaître à un rythme alarmant, avec une perte nette de 4,7 millions d’hectares par an à l’échelle mondiale entre 2015 et 2020», a-t-il ajouté, soulignant ainsi la pertinence de cet atelier.

«L’interconnexion entre les systèmes de l’eau, de l’énergie, de l’alimentation et des écosystèmes est de plus en plus reconnue comme essentielle pour atteindre le développement durable et la résilience climatique», a encore déclaré M. Amrani.

Cet événement permettra un apprentissage mutuel entre pays confrontés à des pressions climatiques similaires. Les participants exploreront des solutions intégrant le nexus Eau-Énergie-Alimentation-Écosystèmes et la promotion des «solutions fondées sur la nature» dans les contextes des zones et climats arides. Des outils développés dans le cadre de l’Initiative régionale de la FAO sur la rareté de l’eau au Proche-Orient et en Afrique du Nord seront partagés à savoir une plateforme ainsi que la méthodologie d’évaluation intégrée des paysages (Ilam), et le Cadre de production durable des paysages (SLPF), qui vise à atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres.

Communiqué.

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Pétition │ Pour la défense des libertés académiques en Tunisie

Nous reproduisons ci-dessous le texte de la pétition internationale pour la défense des libertés académiques en Tunisie et de solidarité avec le doyen Habib Kazdaghli a été adressée samedi 3 mai 2025 au ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, au président de l’université de Manouba et au doyen de la Faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba.

Initiée et rédigée par le Collectif tunisien autour de Habib Kazdaghli et par le Collectif Vigilance universités (France) à la suite de la campagne haineuse et diffamatoire qui a visé l’ancien doyen injustement accusé de «normalisation académique avec l’ennemi sioniste», pour le simple motif d’avoir assisté en France à des colloques auxquels ont participé des universitaires israéliens, elle a été signée par 250  universitaires, enseignants et chercheurs de 15 pays (Tunisie, France, Algérie, Maroc, Liban, Allemagne, Etats-Unis, Russie, Hongrie, Suisse, Pays bas, Grèce, Canada, Belgique).

«Nous soutenons notre collègue Habib Kazdaghli»

Nous, universitaires de différents pays, nous nous adressons, par ce texte, rédigé par le Collectif Vigilance Universités et le Collectif tunisien autour de Habib Kazdaghli, à Monsieur le ministre tunisien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et aux instances dirigeantes de l’Université de La Manouba (Tunisie).

Le professeur Habib Kazdaghli, de l’Université de La Manouba en Tunisie, historien et ancien doyen, de 2011 à 2017, fait aujourd’hui l’objet d’une cabale diffamatoire, orchestrée par des étudiants ultranationalistes arabes, des étudiants d’extrême-gauche et des étudiants islamistes, avec la complicité de certains enseignants. Se posant comme «défenseurs uniques de la cause palestinienne», ils accusent le professeur Kazdaghli de promouvoir une «normalisation académique», c’est-à-dire l’instauration de relations institutionnelles avec les universités israéliennes, uniquement parce qu’il a participé à un colloque en France auquel étaient aussi conviés des chercheurs israéliens.

Spécialiste de l’histoire contemporaine de la Tunisie et du Maghreb, ainsi que de l’histoire du communisme et des minorités religieuses de Tunisie, Habib Kazdaghli a vu ses travaux, en tant qu’historien, reconnus et estimés bien au-delà des frontières tunisiennes. Parmi les minorités religieuses qu’il étudie figure la communauté juive de Tunisie. C’est donc tout naturellement qu’il a été invité, en avril 2023, comme à d’autres événements, à participer à un colloque à Paris intitulé : «Les Juifs et le droit en Tunisie – du protectorat à l’indépendance (1881-1956) – entre progrès historiques et résilience religieuse». Ce colloque était organisé, sous le patronage de la ministre française de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, par la Société d’histoire des Juifs de Tunisie (SHJT) en collaboration notamment avec le Centre français du judaïsme tunisien (CFJT). 

C’est en raison de cette invitation à cet événement où étaient aussi conviés des chercheurs de plusieurs nationalités, dont d’autres collègues tunisiens et des chercheurs israéliens, qu’il a été accusé, par le Conseil scientifique de la Faculté et la Présidence de son université, de «vouloir une normalisation» avec l’État d’Israël. Ce conseil scientifique est allé jusqu’à annoncer qu’il revenait sur sa proposition de lui attribuer le titre de «professeur émérite», ce qui a conduit le ministère à lui refuser ce grade par une décision du 10 janvier 2025.

Il va de soi qu’un colloque scientifique, par essence indépendant de toute allégeance politique, invite un spécialiste pour la valeur de ses recherches, et non pour représenter son pays ni porter une position politique.

Le 14 avril dernier, faisant suite à la décision du département d’histoire de la Faculté de La Manouba de lui rendre un hommage académique, une offensive haineuse et diffamatoire a été lancée à nouveau contre lui par les étudiants évoqués plus haut, au nom d’une prétendue défense de la «cause palestinienne» contre «l’entité sioniste». Ils ont arraché sa photo de la galerie de portraits des doyens qui se sont succédé à la tête de la faculté et ont déclenché un mouvement de grève. Le Conseil scientifique de la faculté s’est réuni le 15 avril en «séance urgente et extraordinaire». Dans un communiqué, ce conseil scientifique a pris entièrement à son compte les allégations des étudiants, déclarant son «soutien inconditionnel aux luttes légitimes de nos étudiants contre la normalisation» et son opposition ferme à «toute proposition d’hommage à Habib Kazdaghli». La raison explicitement donnée est plus que surprenante : «Nous nions catégoriquement toute intention d’honorer toute personne dont les soupçons de normalisation sont avérés.» En outre, le Conseil s’en est pris au laboratoire du patrimoine auquel appartenait le Professeur Kazdaghli, fondé en 1999, et qui se trouve ainsi menacé de fermeture.

Le Professeur Habib Kazdaghli est connu, en Tunisie et à l’étranger, pour être un ardent défenseur des valeurs qui ont distingué la Tunisie depuis son indépendance : l’enseignement pour tous, la défense des libertés académiques à l’université, la modernité et l’égalité entre hommes et femmes.

L’opinion universitaire et intellectuelle garde encore en mémoire son combat mené avec quelques collègues, dans les années 2012 et 2013, contre l’offensive intégriste cherchant à transformer l’espace universitaire en «enceinte sacrée». Cette résistance lui a valu des poursuites judiciaires (il ne fut définitivement acquitté qu’en juin 2014, au terme d’un procès marathon qui s’est prolongé durant plus de deux ans, et de menaces d’élimination physique (il a passé dix années sous protection policière armée).

Actuellement, le contexte est toujours hostile aux libertés académiques que le professeur Kazdaghli a fermement défendues lorsqu’il était doyen. Qu’il soit aujourd’hui privé du soutien du Conseil scientifique de sa propre faculté est une grave injustice.

Comme l’écrit le journal Le Matin d’Algérie du 25 avril 2025 : «En réalité, ce que paie Kazdaghli c’est son indépendance d’esprit et de réflexion. Son refus de céder aux injonctions dogmatiques. Son attachement à une université fondée sur la recherche critique, la diversité des mémoires et l’ouverture sur le monde. Ce sont ces principes qui, aujourd’hui encore, provoquent l’hostilité de ceux qui veulent réduire l’histoire à un instrument de propagande».

En tant qu’universitaires appartenant à des institutions de divers pays, attachés aux principes de la liberté académique et de l’intégrité scientifique, nous exprimons notre ferme soutien au professeur Kazdaghli visé par des accusations et des attaques inadmissibles.

Nous invitons notamment les instances dirigeantes universitaires de Tunisie, et le ministère tunisien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à réétudier la décision ayant refusé à M. Kazdaghli le grade de professeur émérite.

Nous demandons solennellement à ces autorités politiques et universitaires et à tous ses collègues de le défendre publiquement, de réaffirmer leur attachement à la liberté universitaire et scientifique, et de garantir avec fermeté l’indépendance de la recherche scientifique contre toute forme de pression idéologique.

Les 250 signataires par ordre alphabétique (accessible aussi par ce lien) :

ABDELHAK Rym (Univ. de Manouba, Tunisie)

ABECASSIS Frédéric (ENS Lyon, France) 

ABRAVANEL Nicole, (EHESS, Paris, France).

AISSA Lotfi (Univ. de Tunis, Tunisie).

ALLAGUI Abdelkarim (Univ. Tunis, Tunisie)

ALLOUCHE Joëlle (GSRL, CNRS, France)

AMMAR Mohamed (Univ. Manouba, Tunisie)

ANTIT-BOURISSA Faouzia (Univ. de Gafsa, Tunisie)

ATTIAS-DONFUT Claudine (EHESS, France)

AYACHI Mokhtar (Univ. de Manouba, Tunisie).

AYADI Boutheina (Univ. De Manouba, Tunisie).

AZOUZI Ammar (Univ. de Sousse, Tunisie)

BAIDA Jamaa (Univ. Mohammed V, Rabat, Maroc).

BALDINETTI Anna (Univ. Perugia, Italie).

BANI Moncef (ISHTC, Univ. de Manouba, Tunisie).

BARBERIS Isabelle ( (Univ. Paris Cité, France)

BARAKAT Liliane (Univ. Saint Joseph de Beyrouth, Liban)

BATSCH Christophe  (Univ. Lille, France)

BEN ABDELJALIL Moncef (Univ. de Sousse, Tunisie).

BEN ABED Fathi (Univ. de Manouba, Tunisie)

BEN ACHOUR Rabaa (ISLT, Univ. de Carthage, Tunisie)

BEN AMOR Rida (Univ. Tunis, Tunisie)

BEN BAAZIZ Boutheina (Univ. de Manouba, Tunisie).

BEN BAAZIZ Sadok (Institut National du Patrimoine, Tunisie)

BENCHIKH Majid (Univ. Alger, Algérie)

BEN HASSINE Khédija (Univ. de Tunis, Tunisie).

BEN JANNET Zouhair (Unvi. de Sfax, Tunisie)

BEN NEFISSA Sarra, (IRD Paris, France).

BEN OTHMANE Adel (ISLT, Univ. de Carthage, Tunisie).

BEN SAAD Ali (Univ. Paris 8, France).

BEN SGHIR Khaled (Univ. Mohamed V, Rabat, Maroc).

BEN SLIMANE Moncef (ENAU, Univ. de Carthage, Tunisie).

BEN YOUNES Habib (Institut National du Patrimoine, Tunisie)

BÉNATOUIL Richard (Univ. Nantes, France)

BENDJELID Faouzia (Univ. d’Oran, Algérie).

BENOIT Martine (univ. Lille, France)

BENZAKEN Véronique (Univ. Paris-Saclay, France)

BENZENINE Belkacem (CRASC Oran, Algérie)

BISMUTH Hervé (Univ. Bourgogne, France).

BONNAMY Damienne (Univ. Franche-Comté, France).

BONNEVILLE Anne-Claire (INALCO, Paris, France).

BONNIOL Jean-Luc (Univ. Aix-Marseille, France)

BOUHLILA Sadok (Univ. de Manouba, Tunisie)

BOUJARRA Ahmed (Univ. de Sousse, Tunisie).

BOZARSLAN Hamit (EHESS, Paris, France)

BRANCA Sonia (Univ. Provence, France)

BYKOV Andrey (Institut des Etudes Orientales de l’Académie russe des sciences, Russie).

CALBA Caroline (Univ. Strasbourg, France)

CANNONE Belinda (Univ. Caen, France)

CATELLIN Sylvie (Univ. Versailles Saint-Quentin, France)

CHANSON-JABEUR Chantal (Univ. Paris Cité, France).

CHARFI Saloua (IPSI, Univ. de la Manouba, Tunisie).

CHAUVEAU Jacques (Sorbonne univ., France)

COLLIN Denis (CPGE Rouen, France)

DASSY Karem (Univ. de Tunis, Tunisie).

DAVID Alain (Ancien directeur de programmes, Collège international de philosophie, France)

DELMAIRE Danielle (univ. Lille, France)

DENIS Gilles (univ. Lille, France)

DERYCKE Claire (univ. Lille, France)

DHRAÏEF Beya (Univ. Sorbonne Nouvelle-Paris 3, France)

DIRECHE-SLIMANI Karima (CNRS France)

DOUYERE David (Univ. de Tour, France)

DREYFUS Michel (CNRS, France)

DUBREUCQ Eric (Univ. Strasbourg, France)

DUPLAA  Jean-Marie (Univ. Paris nord Sorbonne, France)

El AMRI Slaheddine (Univ. de la Zitouna, Tunisie).

El GHOUL Fayçal (Univ. de Tunis, Tunisie).

EL-MABROUK Nadia (univ. Montréal, Canada)

ESTRIPEAUT Marie  (Univ. Bordeaux, France)

FAKHFAKH Amel (Univ. de Tunis, Tunisie).

FARGI Amel (Univ. de Tunis, Tunisie).

FARVAQUE Etienne (Univ. Lille, France)

FAUGERE Jean Pierre, (Univ. Paris-Saclay, France).

FERCHICHI Wahid (Univ. de Carthage, Tunisie).

FERJANI Chérif (Univ. Lyon 2, France).

FICHOT Jean (Univ. Paris 1, Panthéon Sorbonne, France)

FONTAINE François (univ. Lille, France)

FRANCOIS Alexandre  (CNRS, France)

FREITAG Ulrike (Freie Univ., Berlin, Allemagne).

GAHA Chiha (ISG, Université de Tunis, Tunisie).

GEERTS Nadia (Haute École Bruxelles-Brabant, Belgique)

GHAKI Mansour (Institut National du Patrimoine, Tunisie).

GHARBI Salah (ISLT, Univ. de Carthage, Tunisie).

GHORBAL Chafik (Univ. El Manar, Tunisie).

GILAIN Christian (Sorbonne Univ., France, France)

GINGRAS Yves (Univ. Québec à Montréal, Canada)

GOLDSTEIN-SABBAH Sasha (Univ. of Groningen, Pays Bas)

GRAS Gabriel (CEA, France)

GRATET Gaël (CPGE Lyon, France)

GUIRAT Hind (Univ. de Tunis, Tunisie).

HACEN Ayman (Univ. de Monastir, Tunisie)

HADDAD Ayman, (Université Libanaise, Liban)

HADDAD Karen (Univ. Nanterre, France)

HECKMANN Hubert (Univ. Rouen, France)

HEINICH Nathalie (CNRS, France)

HENNARD Martine (Univ. Lausanne, France)

HLIOUI Hichem (Univ. Manouba, Tunisie)

HIZAOUI Abdelkarim (IPSI, Univ. de Manouba, Tunisie).

HUBELÉ Monica (univ. Strasbourg, France, France)

JAMMOUSSI Lassaad (Univ. de Carthage, Tunisie).

JAOUA Mohamed (Univ. Côte d’Azur, France)

JEBAHI Mabrouk (Archives nationales Tunis, Tunisie).

JOLLET Anne (Univ. Potiers, France).

JOUINI Noureddine (Univ. Sorbonne Paris Nord, France).

KADRI Aissa (Univ. Paris 8, France)

KALLEL Mohamed (Univ. de Monastir, Tunisie).

KANDEL Liliane  (Univ. Paris Cité, France)

KAPANADZE Maïa (Univ. internationale du Caucase. Tbilissi, Géorgie).

KARILA Anne  (Univ. Lille, France)

KARKAR Taoufik (Univ. Al Manar, Tunisie).

KAZDAGHLI Nejmeddine (ISLT, Univ. de Carthage, Tunisie).

KERROU Mohamed (Univ. El Manar, Tunisie).

KFOURY Liliane (USJ, Liban).

KHADDA Naget (Univ. d’Alger, Algérie).

KHALFOUNE Tahar (Univ. Lyon 3, France).

KHEMIRI Bechir-Moncef (Univ. de Manouba., Tunisie)

KOTEK Joël (ULB Bruxelles, Belgique)

KRIDIS Noureddine (Univ. de Tunis, Tunisie).

KUZNETSOV Vasily (Institut des Etudes Orientales de l’Académie russe des sciences, Russie).

LAACHER Smaïn (univ. Strasbourg, France)

LABAT Séverine (CNRS, Paris, France).

LAGHA Mohieddine (Univ. de Sousse, Tunisie).

LAJMI Rym (Univ. de la Manouba), Tunisie).

LAKHDHAR Latifa (Univ. de Tunis, Tunisie).

LAMBERT Xavier (Univ. Jean Jaurès, Toulouse, France).

LARGUECHE Abdelhamid (Univ. de Manouba, Tunisie).

LARGUECHE Dalenda (Univ. de Manouba, Tunisie).

LAZARUS Anny (Univ. Montpellier 3, France)

LE CORNEC UBERINI Anne-Hélène  (Univ. Brest, France)

LE GOFF Joan (Univ. Paris-Est Créteil, France)

LE MEUR Cyril (Univ. Paris-Sorbonne, France)

LE RU Véronique (Univ. Reims Champagne Ardenne, France)

LEROUSSEAU Andrée (univ. Lille, France)

LEVY-SOUSSAN Dr. Michèle ( Univ. Paris Cité, France).

LONGY Françoise (univ. Strasbourg, France)

LOTY Laurent  (CNRS, France)

MAHIOU Ahmed (IREMAM, France)

MAHJOUB Raouf (Institut d’Agronomie, Tunisie).

MAHMOUD Abdessalem (ENAU, Univ. de Carthage, Tunisie).

MANAI Tahar (Univ. de Manouba, Tunisie).

MANDILLARA Anna (Univ. de Oannina, Grèce)

MANTÉ-DUNAT Marylène (Univ. Lille, France)

MARCOS Simeon (Univ. Genève, Suisse)

MARGLIN Jessica (Univ. of Southern California, Los Angeles, Etats-Unis)

MARIGNAC Lucie (ENS-PSL, France)

MARTIN Thierry  (Univ. Franche-Comté, France)

MARTINEZ-GROS Gabriel (Univ. Paris Nanterre, France).

MASSON Céline  (Univ. Picardie, France)

MAUCOURANT Jérôme (Univ. Saint-Étienne, France)

MAYOL Samuel (Univ. Sorbonne Paris Nord, France)

MBAREK Afef (Univ. de Manouba, Tunisie).

MECQUENEM Isabelle de (Univ. Reims Champagne Ardenne, France)

MEDICI Anna-Maria (Univ. Orbino, Italie).

MELKOUMYAN Elena (Institut des Etudes Orientales de l’Académie russe des Sciences Russie).

MELLAKH Habib (Univ. de Manouba, Tunisie).

MELLITI Imed (Univ. El Manar, Tunisie)

MOKNI Abdelwahed (Univ. de Sfax, Tunisie).

MOOTALLAH Gleya (Univ. de Manouba, Tunisie).

NABLI Rabah (Univ. de Sfax, Tunisie).

NAGY Laszlo (Univ. de Szeged, Hongrie).

NAUMKIN Vitaly (Institut des Etudes Orientales de l’Académie russe des sciences, Russie)

NOUREDDINE Ali (Univ. de Sousse, Tunisie).

OUHAIBI Moncef (Univ. de Sousse, Tunisie).

OUSSEDIK Fatma (Univ. d’Alger 2, Algérie)

OSSIPOVA Kristina (Univ. Moscou, Russie)

PANCZER Gérard (Univ. Lyon 1, France)

PHILIPPE Bernard (INRIA, Univ. Rennes, France).

PIETREMENT Christine (Univ. Reims Champagne Ardenne, France)

POUILLON François (EHSS, France)

PRUM Michel (Univ. Paris Cité, France)

QUINN Andrew William ( Univ. Sherbrooke, Canada)

RAZGALLAH- ZAOUCHI Rawdha (ISLT, Univ. de Carthage, Tunisie).

REKIK Fethi (Univ. de Sfax, Tunisie).

REMAOUN Hassan (Univ. d’Oran 2, Algérie).

RICHARDOT Anne (Univ. Lille, France)

RIVET Daniel (Univ Paris 1 Panthéon Sorbonne, France)

ROBERT Jacques (Univ. Bordeaux, France)

ROHDE Achim (Univ. de Hambourg, Allemagne).

SAAIDIA Oissila (Univ.Lyon 2, France),

SAHBANI Abdessatar (Univ. de Tunis, Tunisie).

SAIDI Hédi (Univ. Lille, France)

SALLY Nasr (USJ, Liban).

SAYAH Jamil (Univ. Grenoble, France)

SAYAH Mansour (Univ. Jean Jaurès, Toulouse, France).

SCHANDELER Jean-Pierre(CNRS, France)

SCHROETER Daniel (Univ. of Minnesota, Etats-Unis)

SCHULTE Christoph (Univ. Potsdam, Allemagne).

SEPTIER Laurent (Univ. Côte d’Azur, France)

SERMAIN Jean-Paul  (Univ. Sorbonne Nouvelle, France)

SHEPARD Todd (Johns Hopkins Univ., Etats-Unis)

SKIK Hichem Univ. de Manouba, Tunisie).

SKIK Khira (Institut National du Patrimoine., Tunisie).

STORA Benjamin ( Univ. Paris 13, France).

TALEB IBRAHIMI Khaoula (université d’Alger, Algérie).

TAOUTEL Christian (Univ. Saint Joseph de Beyrouth, Liban)

TAQUIN Véronique  (CPGE Paris, France)

TAUBER  Michèle (Univ. Strasbourg, France)

TELLIER Thibault (Sciences Po Rennes, France)

TERZI Cédric (EHESS, France)

TLILI Ridha (Institut National du Patrimoine, Tunisie).

TNANI Najet (Univ. de Tunis, Tunisie).

TRIKI Fathi (Univ. de Tunis, Tunisie).

TRIKI Rachida (Univ. de Tunis, Tunisie).

TRIKI Souad (Univ. de Jendouba, Tunisie).

VERMEREIN Pierre (Univ. Sorbonne Paris 1, France).

WOERTZ Eckart (GIGA & Univ. de Hambourg, Allemagne).

YAACOUB Taoufik (Univ. Manouba, Tunisie)

YAZIDI Béchir (Univ. de la Manouba, Tunisie).

ZARD Philippe  (Univ. Paris Nanterre, France) ZYTNICKI Colette (Univ. Jean Jaurès, Toulouse, France).

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Fadéla M’Rabet, pionnière du féminisme algérien, s’éteint à 90 ans

L’Algérie perd l’une de ses figures intellectuelles les plus audacieuses : Fadéla M’Rabet est décédée à Paris mercredi 14 mai 2025, à l’âge de 90 ans. Femme de science, de lettres et de combat, elle laisse une empreinte indélébile dans l’histoire du féminisme maghrébin.

Née en 1935 à Skikda, dans une famille instruite, Fadéla M’Rabet fut l’une des premières femmes algériennes à briser le plafond de verre dans les domaines scientifique et médiatique. Docteure en biologie, elle enseigne à l’université et s’impose rapidement comme une intellectuelle engagée. Dans les années 1960, elle devient une voix importante à la Radio algérienne, animant des programmes culturels qui donneront bientôt lieu à ses premiers essais percutants.

C’est en 1965 qu’elle publie ‘‘La Femme algérienne’’, un ouvrage qui marquera une rupture dans le discours sur la condition féminine dans une société encore profondément patriarcale. Deux ans plus tard, ‘‘Les Algériennes’’ viendra renforcer cette critique sociale, dénonçant avec une rare clarté les pesanteurs religieuses, les traditions oppressantes et l’hypocrisie des élites.

Face à l’hostilité croissante du pouvoir et des milieux conservateurs, elle est contrainte à l’exil en 1971. Elle s’installe en France, où elle poursuivra son œuvre littéraire et intellectuelle, tout en restant profondément attachée à son pays d’origine. Son engagement féministe n’a jamais faibli, même lorsqu’il devenait impopulaire ou dangereux.

Fadéla M’Rabet incarnait une pensée libre, affranchie des dogmes, qui refusait les concessions. Ses écrits, republiés ces dernières années en Algérie notamment par les éditions Dalimen, ont retrouvé une nouvelle actualité à l’heure où les droits des femmes restent un champ de bataille politique et culturel.

Sa disparition représente une perte majeure pour l’Algérie, mais son œuvre demeure. Elle continuera d’éclairer les consciences et d’armer les luttes à venir.

Djamal Guettala

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L’économie tunisienne handicapée par sa mauvaise connectivité portuaire  

«La Tunisie pourrait gagner de 4 à 5% de son PIB, sur une durée de 3 à 4 ans, grâce à une meilleure connectivité portuaire et à une réduction du temps de séjour à l’importation», souligne Banque Mondiale (BM) dans une récente note sur la Tunisie intitulée «Une meilleure connectivité pour la croissance».

La BM estime, ainsi, que «les ports tunisiens sont relativement bien équipés pour les unités roulières (Ro-Ro), mais pas pour la manutention de conteneurs. Ils sont également petits et peu profonds par rapport aux autres ports méditerranéens, ce qui convient au trafic Ro-Ro, mais affecte la connectivité, la congestion et l’efficacité opérationnelle des conteneurs».

Dans ce cadre, elle rappelle que «le dernier indice de connectivité du transport maritime régulier (3e trimestre 2024) classe le système portuaire tunisien au 117e rang mondial en termes de connectivité, ce qui la place au niveau de nombreux petits États insulaires isolés du Pacifique Sud».

«Cela distingue la Tunisie des tendances des marchés mondiaux, qui s’appuient de plus en plus sur le transport maritime par conteneurs pour le commerce autre que le vrac, compte tenu de l’avantage important en termes de coûts de ce type de transport, en particulier pour le commerce longue distance», explique le même rapport.

Le système portuaire tunisien souffre aussi, toujours d’après la note, de la lourdeur des contrôles physiques et documentaires, ainsi que les exigences commerciales et de change, qui ralentissent le traitement des marchandises dans les ports.

*Ceci, se traduit par «un temps de séjour à l’importation élevé dans les ports tunisiens, ce qui augmente les coûts logistiques des entreprises».

Dans ce cadre, la BM cite le cas du Port de Radès, qui affiche l’un des temps de séjour moyens à l’importation les plus élevés en Afrique en 2023.

Partant, la BM souligne que le renforcement des infrastructures et des politiques amélioreraient la connectivité portuaire et permettraient de booster les échanges commerciaux de la Tunisie, et par conséquent assurer des gains économiques importants.

Ainsi, elle recommande le développement d’un terminal à conteneurs desservant la région du Grand Tunis, la modernisation des équipements pour la manutention du fret, la réorganisation de l’accès à travers le canal de Bizerte, et le lancement d’un programme d’investissement pour le terminal du port de Sfax.

Elle préconise, également, la rationalisation des mesures non tarifaires et la révision des tarifs de stockage et de manutention portuaires pour fournir des ressources financières supplémentaires à la Société tunisienne d’acconnage et de manutention (Stam) et à l’Office de la marine marchande et des ports  (OMMP), l’autorité portuaire, et pour dissuader les chargeurs de laisser des marchandises dans les zones portuaires pendant de longues périodes.

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‘‘Let this day end’’ du Tunisien Karim Berrhouma au Talents Durban 2025

Le Durban FilmMart Institute a dévoilé la programmation de Talents Durban 2025, une plateforme influente de développement des talents présentée en partenariat avec Berlinale Talents. Parmi les projets sélectionnés, ‘‘Let this day end’’ du cinéaste tunisien Karim Berrhouma.

Pour sa 18e édition, Talents Durban continue de mettre en lumière la nouvelle génération de conteurs et de visionnaires de tout le continent.

La promotion de cette année comprend 31 projets, dont 5 critiques de 18 pays africains, sélectionnés parmi plus de 500 candidatures.

Ces talents émergents se réuniront à Durban du 18 au 21 juillet 2025 pour un programme intensif de découverte de l’industrie dans le cadre du 16e Durban FilmMart.

I. B.

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Tunisie │ Des finances publiques toujours vulnérables

Le déficit budgétaire de la Tunisie devrait diminuer légèrement à 5,8% du PIB en 2025, contre 6,2% en 2024, mais ses finances publiques et sa position extérieure resteront vulnérables, en l’absence de progrès dans la modernisation de l’économie.

C’est ce qu’indique la Banque mondiale (BM) dans son dernier Bulletin de mise à jour économique consacré à la Tunisie, intitulé «Une meilleure connectivité pour la croissance», ajoutant que la modération de la croissance des subventions, la baisse des dépenses d’investissement et la hausse des recettes fiscales, soutenues par quelques hausses de certains taux d’imposition, en particulier l’impôt sur les sociétés, sont autant de facteurs pouvant favoriser la légère baisse du déficit budgétaire.

Si la situation macroéconomique devrait se stabiliser, les finances publiques et la position extérieure de la Tunisie resteront, cependant, vulnérables en l’absence de financements extérieurs suffisants et de progrès dans la modernisation de l’économie, alerte la banque.

S’agissant du déficit commercial courant, il devrait légèrement s’accroître à 1,8% du PIB en 2025 avec un creusement du déficit commercial également dû à l’incertitude commerciale, en partie compensé par la croissance modérée du tourisme et la baisse attendue des prix du pétrole.

Pour ce qui est de l’emprunt extérieur, l’institution financière estime qu’il resterait une source importante de financement du compte courant ainsi que de remboursement de la dette. Et d’ajouter que le financement des déficits pourrait nécessiter une augmentation du financement extérieur et des réformes face à l’important calendrier de remboursement de la dette à court terme.

Malgré la baisse du déficit, souligne la même source, les besoins de financement bruts devraient être stables en termes nominaux en 2025 (28 milliards de dinars tunisiens, soit 15,6% du PIB) en raison de l’augmentation du remboursement de la dette.

Les deux tiers du financement devraient être des amortissements, dont près de la moitié externe.

Pour la BM, le financement du déficit restera difficile étant donné la stratégie de limitation de l’endettement extérieur et des contraintes au financement monétaire.

Il serait nécessaire, estime la banque, que les prêts souverains couvrent la plupart des besoins de financement extérieur si la Tunisie souhaite éviter la dépendance au financement monétaire du budget par le biais des réserves.

D’après Tap.

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Les incertitudes du commerce mondial pèsent sur la croissance tunisienne

La croissance économique tunisienne devrait connaître une légère hausse durant la période 2025-2027 si les conditions de sécheresse s’atténuent. Toutefois, les risques à la baisse restent élevés, estime la Banque mondiale (BM) dans un bulletin de conjoncture économique consacré à la Tunisie (Printemps 2025).

La BM avait prévu pour la Tunisie une croissance de 1,9% en 2025 dans son récent rapport sur la situation économique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, publié en avril dernier. Mais cela, reste tributaire d’une amélioration continue des précipitations et une reprise tardive du secteur manufacturier.

Dans ce nouveau bulletin, intitulé «Une meilleure connectivité pour la croissance», la BM a indiqué que l’amélioration des précipitations, conjuguée à l’augmentation du taux de remplissage des barrages, devrait aider le secteur agricole à récupérer pleinement les pertes de 2023.

Cependant, l’incertitude croissante du commerce mondial pourrait avoir un impact sur l’économie en raison d’une baisse de la demande extérieure, en particulier dans l’Union européenne (UE), principale destination des exportations tunisiennes.

Selon l’institution financière, tous ces facteurs réduiraient la croissance de l’économie, en particulier celle du secteur manufacturier, qui devrait encore être négative en 2025. Cela est de nature à réduire à son tour quelque peu la croissance des services par le biais des liens en amont et en aval.

La croissance devrait finalement se stabiliser autour de 1,6–1,7 % en 2026–27, mais les prévisions restent soumises à des risques de baisse importants. Les prévisions reposent sur la convergence des taux de croissance sectoriels vers leur taux à moyen terme.

Cependant, alerte encore la BM, l’incertitude croissante du commerce mondial, les conditions de financement extérieur limitées et une nouvelle sécheresse pourraient poser des problèmes de croissance et de stabilité macroéconomique pour la Tunisie.

Par ailleurs, si les conditions de financement extérieur ne s’améliorent pas, l’accès aux devises étrangères pourrait rester insuffisant, ce qui risquerait d’exacerber les tensions sur le taux de change et les prix, avec des effets défavorables sur l’activité économique et l’emploi.

Pour l’institution financière, les perspectives à moyen terme s’amélioreraient sensiblement, seulement, si la Tunisie prenait des mesures pour renforcer ses politiques budgétaires, moderniser ses entreprises publiques et favoriser une plus grande concurrence intérieure.

D’après Tap.

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La Tunisie │ L’ensemencement des nuages pour améliorer les réserves en eau

La Tunisie a réalisé le 16 avril sa première opération d’ensemencement artificiel de nuages, technique dite d’«ensemencement des nuages», dans le bassin du grand barrage de Sidi Salem (gouvernorat de Béja, nord-ouest), dans le but d’augmenter les précipitations et d’atténuer la pénurie d’eau qui frappe le pays depuis cinq années consécutives de sécheresse record.

L’annonce officielle a été faite par le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Ezzeddine Ben Cheikh, lors des célébrations de la Journée nationale de l’agriculture, le 12 mai 2025.

L’opération, menée en collaboration avec les ministères de la Défense nationale et des Transports et entièrement conçue par l’expertise scientifique tunisienne, a vu un avion militaire libérer des noyaux de condensation à l’intérieur de monticules chargés d’humidité au-dessus du plus grand barrage du pays.

L’initiative, comme indiqué dans une note du ministère sur ses réseaux sociaux, fait partie d’un programme pilote de sécurité hydraulique qui, s’il est confirmé, sera étendu à d’autres zones stratégiques du nord et du centre.

Selon les informations publiées par le ministère, le cocktail utilisé comprend de l’iodure d’argent, de la glace sèche et du sel, des substances couramment utilisées dans des programmes similaires au Maroc, aux Émirats et en Chine, considérées comme ayant un faible impact environnemental si elles sont utilisées en quantités contrôlées.

Ben Cheikh a lui-même souligné que, grâce aux dernières pluies et aux interventions de rationalisation, les réserves globales des 37 barrages tunisiens ont atteint 927 millions de mètres cubes, soit une augmentation de 130 millions par rapport à l’année dernière.

Par ailleurs, l’été prochain, l’usine de dessalement de Sousse entrera en service pour soutenir celles de Sfax et de Zarat, à Gabès.

Parallèlement à l’ensemencement des nuages, le gouvernement prévoit de numériser entièrement la gestion de l’eau grâce à deux nouvelles plateformes : l’une pour l’aide à la décision en temps réel des opérateurs techniques et l’autre pour les autorisations électroniques d’utilisation des ressources publiques en eau. Par ailleurs, un projet est en cours pour couvrir les stations de pompage avec des panneaux photovoltaïques afin de réduire le coût énergétique du pompage de l’eau.

La Tunisie, où le taux de remplissage moyen des barrages oscille autour de 40%, enregistre un déficit pluviométrique de plus de 30% par rapport à la moyenne trentenaire.

Alors que le changement climatique fait grimper les températures estivales au-dessus de 45 degrés et assèche les nappes phréatiques, Tunis se tourne vers des solutions d’ingénierie météorologique déjà testées avec succès au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Une première évaluation technique des résultats de l’opération sera présentée d’ici juin : si le gain en eau dépasse 10%, l’ensemencement des nuages ​​deviendra partie intégrante du nouveau Plan national de gestion durable de l’eau (2025-2035).

Parallèlement, l’Institut national de météorologie a été chargé de cartographier les cellules cumulus appropriées et de définir des fenêtres opérationnelles compatibles avec les couloirs aériens civils.

Avec cette initiative, Tunis ambitionne de se positionner parmi les pays pionniers de la région dans l’utilisation des technologies de modification artificielle du climat, tout en poursuivant la course à la diversification des sources entre le dessalement, la réutilisation des eaux usées et la réduction des pertes du réseau. « Il s’agit d’une mesure d’urgence, et non d’une solution définitive. Nous continuerons de privilégier un ensemble d’innovations pour garantir la sécurité hydrique des générations futures », a assuré Ben Cheikh.

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Tunisie │ La perspective d’un divorce sans juge fait débat

Le débat s’intensifie en Tunisie autour d’un projet de loi qui donnerait aux huissiers notaires, et non plus aux tribunaux, le pouvoir d’enregistrer les divorces consensuels. Les avocats montent au créneau, mais pas seulement. Les militantes féministes s’inquiètent elles aussi et parlent d’une dérive législative dangereuses pour les droits des femmes. (Ph. manifestation de femmes à Tunis, archives).

La proposition, signée par 101 députés et actuellement examinée par la Commission de législation générale à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), modifierait l’article 32 du Code du statut personnel (CSP) de 1956, pierre angulaire des droits civils en Tunisie.

Les partisans du projet de loi soutiennent que la mesure «simplifiera les procédures» et «allégera la charge des tribunaux», conformément à une réforme plus large de la profession notariale. Mais la société civile, notamment les associations représentant et défendant les femmes, ont réagi avec fermeté.

Risques de pressions sur les épouses

Ainsi, l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), bastion historique de la protection des droits des femmes dans le pays, a qualifié le texte de «dangereux pour les droits des femmes» et a appelé à son retrait immédiat, craignant que l’absence de contrôle judiciaire ouvre la voie à des pressions économiques ou sociales sur les épouses et rende plus difficile la protection des intérêts des enfants.

L’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT) est sortie de sa léthargie habituelle pour mettre en garde dans une lettre adressée aux députés : «Le mariage n’est pas un simple contrat privé. Sans le contrôle d’un juge, il porte atteinte à un équilibre laborieusement construit depuis près de soixante-dix ans.»

Porte ouverte aux «divorces éclair»

Le Barreau national a également exprimé un «refus catégorique» de cette réforme, menaçant de recourir à «tous les moyens de protestation» si le parlement procédait au vote, tandis qu’un Comité de surveillance composé de juristes et d’universitaires parle d’une «régression juridique» et du risque de «divorces éclair» non garantis.

Sur le fond, les partisans répondent que la nouvelle procédure ne concernerait plutôt que les cas de plein accord entre les époux et prévoirait le dépôt de l’acte notarié à l’état civil, avec possibilité de recours en cas de litige. La Commission de législation générale du parlement, présidée par le député Yasser Gourari, a déjà entamé des auditions auprès de notaires, de magistrats et d’associations et un rapport technique est attendu d’ici la fin du mois avant le vote à la chambre.

13 000 divorces chaque année

En toile de fond pèse la valeur symbolique du CSP, promulgué par Habib Bourguiba en 1956 et souvent présenté comme le «joyau de la couronne» de la modernité tunisienne : jusqu’à présent, tout divorce – consensuel ou contentieux – nécessite un jugement, avec audience et homologation. Pour l’ATFD et l’UNFT, toucher à ce mécanisme signifierait «porter atteinte à une protection essentielle» au moment même où, rappellent les organisations, les données officielles recensent près de 13 000 cas de dissolution de mariage chaque année.

Le débat s’annonce houleux : tandis que la majorité pro-gouvernementale se déclare prête à «moderniser» la procédure, les organisations féministes annoncent des sit-in et des campagnes de sensibilisation pour défendre «l’unicité du cadre juridique tunisien», à l’avant-garde du monde arabe en matière de protection des droits des femmes.

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Tunisie │Engagement des jeunes dans l’action climatique

La stratégie nationale de l’engagement des jeunes dans l’action climatique a été présentée lors d’une conférence nationale, le 13 et 14 mai 2025, à Hammamet.

Cette stratégie nationale vise à impliquer les jeunes dans l’action climatique, en renforçant leur participation aux décisions stratégiques et en leur donnant les moyens d’agir comme acteurs du changement.

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Sadok Mourali, la cheffe de l’unité nationale de coordination sur les changements climatiques au ministère de l’Environnement et Michel Le Pechoux, représentant de l’Unicef en Tunisie ont participé à l’évènement. 

Les enfants et les jeunes subissent des impacts disproportionnés des effets du changement climatique du fait de leurs capacités physiologiques et cognitives en développement. Cette stratégie nationale vise à institutionnaliser leur participation dans l’élaboration de solutions innovantes, et à leur fournir les connaissances et les moyens nécessaires pour réaliser pleinement leur potentiel en tant qu’acteurs du changement et de la transformation.

À travers cette stratégie nationale, la Tunisie entend mettre à contribution la créativité, la détermination et l’énergie des jeunes pour adresser les défis environnementaux.  

Suite au lancement du processus au mois d’août 2024, le développement de cette stratégie s’est inscrit dans une démarche inclusive et participative, fondée sur un processus de consultation approfondie mené à travers les cinq districts de la Tunisie. Ce travail a permis de recueillir les préoccupations, aspirations et recommandations des jeunes issus de divers horizons et des représentants de différents ministères et de la société civile, en tenant compte de la diversité des réalités territoriales et socio-économiques.  

Lors de la conférence nationale à Hammamet, les dernières contributions techniques sur les orientations stratégiques définies devaient permettre la finalisation de la stratégie qui servira de référence pour orienter les politiques publiques et les initiatives futures en matière d’action climatique en faveur des enfants et des jeunes. 

Le ministre de la Jeunesse et des Sports, a déclaré : «La stratégie nationale de l’engagement des jeunes dans l’action climatique vise à institutionnaliser la participation des jeunes dans l’action climatique. La conférence nationale est le point culminant de la finalisation de cette stratégie qui sera parmi les premières du genre au niveau global.»

La cheffe de l’unité nationale de coordination sur les changements climatiques, représentant le ministre de l’Environnement, a noté : «La crise climatique est l’un des plus grands défis de notre époque. Ses effets se font sentir partout dans le monde et la Tunisie n’est pas épargnée. Au-delà d’être particulièrement affectés par le changement climatique, les enfants et les jeunes représentant un quart de la population de la Tunisie, sont une source inestimable de solutions et d’innovations qui pourrait contribuer de façon durable à la résilience de la Tunisie au changement climatique.»  

Le représentant de l’Unicef en Tunisie a souligné : «La crise climatique impacte de façon disproportionnée les enfants et les jeunes. À l’Unicef, nous sommes convaincus que les enfants, les adolescents et jeunes sont des acteurs de changement et de transformation des sociétés. La Tunisie a été avant-gardiste dans plusieurs domaines et l’engagement du pays à adresser la crise climatique en impliquant toutes les forces vives de la société, et notamment les jeunes, est à saluer. L’Unicef reste pleinement engagé aux côtés de la Tunisie pour bâtir un avenir plus sûr et plus juste pour chaque enfant.»

Communiqué.  

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Cannes 2025 │Gaza, le Maghreb et la force du cinéma féminin

Le rideau s’est levé, hier soir, mardi 13 mai 2025, sur la 78e édition du Festival de Cannes. La cérémonie d’ouverture a été marquée par un hommage poignant à Émilie Dequenne, un discours vibrant de Juliette Binoche et une standing ovation pour Robert De Niro, honoré par Leonardo DiCaprio. Mais au-delà du faste, cette édition 2025 porte les voix de cinéastes arabes, africains et en particulier maghrébins, dont la présence s’impose avec force et dignité.

Djamal Guettala

Cette année, la Palestine n’est pas absente de la Croisette. Dans son discours d’ouverture, Juliette Binoche a cité la photojournaliste Fatima Hassouna, tuée à Gaza le 16 avril, la veille de découvrir que le film auquel elle participait était sélectionné à Cannes. «L’art reste, il est le témoignage puissant de nos vies», a déclaré l’actrice, donnant le ton d’un festival sous tension mais résolument ouvert sur le monde.

Kaouther Ben Hania, un retour en force

Tout juste deux ans après ‘‘Les Filles d’Olfa’’, qui avait conquis la Croisette et remporté l’Œil d’or en 2023, la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania est de retour en sélection officielle avec ‘‘Tu ne feras point d’images’’. Ce nouveau long-métrage de fiction suit Amira, une jeune Tunisienne passionnée de cinéma, qui reçoit à la mort de sa grand-mère une clé mystérieuse. Elle se lance alors dans une quête intime pour remonter le fil du passé de sa famille, confrontant croyances, secrets et transmissions.

Coproduit par la Tunisie (Mime Films), la France (Tanit Films), la Suède, l’Allemagne et la Belgique, le film bénéficie du soutien d’Arte France Cinéma, qui s’est engagé très tôt dans le projet. Distribué par Jour2fête, ‘‘Tu ne feras point d’images’’ s’impose déjà comme l’une des œuvres les plus attendues du monde arabe à Cannes.

Erige Sehiri et “Promis le ciel”

Autre présence tunisienne remarquée : Erige Sehiri revient avec ‘‘Promis le ciel’’, son nouveau film après le succès de ‘‘Sous les figues’’. Dans cette fiction délicate, Sehiri continue d’explorer les émotions contenues et les tensions sociales dans les milieux ruraux tunisiens, avec une approche à la fois douce et politique. Le film est présenté dans la section Un Certain Regard, qui met chaque année à l’honneur des œuvres audacieuses et novatrices.

Hafsia Herzi, entre les deux rives

Actrice et réalisatrice franco-tunisienne, Hafsia Herzi fait également partie des figures maghrébines de cette édition. Révélée par ‘‘La Graine et le Mulet’’ du Franco-tunisien Abdellatif Kechiche, elle revient à Cannes dans un double rôle : actrice dans un film français sélectionné en séance spéciale et réalisatrice d’un court-métrage présenté à la Quinzaine des cinéastes, ‘‘La petite dernière’’ . Sa présence à Cannes 2025 incarne l’ascension des cinéastes maghrébines, dont les voix continuent de résonner à travers le monde.

Un cinéma arabe et africain audacieux

La sélection 2025 donne également une large place au cinéma d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, avec des films du Sénégal, d’Égypte, du Liban ou encore du Maroc. Une vitalité qui montre que Cannes n’est plus uniquement le lieu d’une certaine élite occidentale, mais aussi une tribune ouverte à ceux qui, par l’image, interrogent le réel, dénoncent l’injustice et réinventent la mémoire.

En confiant la présidence du jury à Juliette Binoche, et en invitant des figures engagées comme Payal Kapadia, Dieudo Hamadi ou Hong Sangsoo, le Festival de Cannes 2025 s’affirme comme un espace d’engagement artistique global. Un espace où les cinémas du Sud trouvent une résonance mondiale, et où les voix féminines du Maghreb ne cessent de prendre de l’ampleur.

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Pour une politique éthique, responsable et efficace de gestion des animaux errants en Tunisie

Lettre ouverte à l’attention de Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement : la Tunisie a aujourd’hui l’occasion – et la responsabilité – de faire évoluer son modèle de gestion des animaux errants. Non seulement pour le respect des animaux eux-mêmes, mais aussi pour celui de ses citoyens, de ses enfants, de sa propre image.

Aya Bulaid *

Je m’adresse à vous en tant que citoyenne tunisienne et avocate spécialisée en droit du bien-être animal, afin d’exprimer une inquiétude profonde, que partagent aujourd’hui un grand nombre de nos concitoyens, face aux pratiques de gestion des chiens errants sur notre territoire.

Depuis plusieurs mois, des scènes insoutenables se répètent dans de nombreuses villes tunisiennes : des chiens sont abattus par balles, en pleine rue, sans anesthésie, sans encadrement vétérinaire, et parfois en présence d’enfants. Ces images choquent, traumatisent, et instillent dans la population un sentiment de tristesse mêlé d’impuissance et d’indignation.

Les enfants qui grandissent en voyant des chiens agoniser dans leur quartier n’apprennent ni la sécurité ni la confiance, mais la peur et la violence. Les citoyens qui assistent, impuissants, à ces scènes répétées perdent foi en la capacité de l’État à concilier efficacité et humanité.

Si la lutte contre certaines maladies zoonotiques comme la rage est une nécessité de santé publique, tuer des animaux ne protège pas les êtres humains. La prévention ne saurait reposer sur la destruction aveugle, mais bien sur une politique coordonnée, moderne et durable.

Des alternatives efficaces existent et sont appliquées ailleurs : campagnes de stérilisation à grande échelle, vaccination, création de refuges publics, encadrement de la détention des animaux de compagnie, éducation des citoyens à la cohabitation responsable.

L’animal n’est pas un danger en soi, mais le reflet de notre gestion. Tuer des chiens dans la rue n’élimine pas le risque de rage : cela déplace le problème, entretient la peur, et déshumanise nos institutions.

Une telle approche, brutale et inefficace, ne répond ni aux exigences d’une politique publique de santé cohérente, ni aux principes de dignité, de justice et de durabilité qui devraient gouverner l’action de l’État.

Notre pays ne manque ni de compétences, ni d’alternatives, ni d’alliés sur le terrain. Ce qui lui  manque, c’est une volonté politique claire de tourner le dos à des méthodes répressives dépassées, pour construire une réponse moderne, éthique et soutenable.

Le droit international apporte un cadre de référence : la Déclaration universelle sur le bien-être animal, soutenue par l’Organisation mondiale de la santé animale (Omsa), reconnaît que les animaux sont des êtres sensibles, et qu’ils doivent être protégés de toute souffrance évitable.

La Tunisie est un pays de droit. La Constitution tunisienne de 2022 n’est pas silencieuse sur ces enjeux.

L’article 47 précise que «l’Etat garantit le droit à un environnement sain et équilibré et contribue à la protection du milieu». Or, ce droit inclut nécessairement les relations que nous entretenons avec les êtres vivants qui partagent cet environnement.

L’article 49 précise que «l’Etat encourage la créativité culturelle et soutient la culture nationale dans son originalité, sa diversité et son innovation, en vue de consacrer les valeurs de tolérance, de rejet de la violence et d’ouverture sur les différentes cultures.»

Ce rejet de la violence, en sa forme constitutionnelle, doit être généralisé et appliqué à toute forme de vie présente sur le sol tunisien.

L’article 52 précise que les droits de l’enfant sont garantis et que «l’Etat doit également fournir à tous les enfants toutes les formes de protection sans discrimination et conformément à l’intérêt supérieur de l’enfant».

L’article 55 précise qu’«aucune restriction ne peut être apportée aux droits et libertés garanties par la Constitution qu’en vertu d’une loi et pour répondre aux exigences d’un régime démocratique et en vue de sauvegarder les droits d’autrui ou pour répondre aux impératifs de la sûreté publique, de la défense nationale ou de la santé publique. Ces restrictions ne doivent pas porter atteinte à la substance des droits et libertés garantie par la présente constitution, et elles doivent être justifiées par leurs objectifs proportionnels à leur justification. Aucune révision ne peut porter atteinte aux acquis en matière des droits de l’Homme et des libertés garantis par la présente constitution. Les instances juridictionnelles assurent la protection des droits et libertés contre toute atteinte.»

Ainsi, la Constitution tunisienne impose à l’État de fonder ses politiques sur les principes de justice, de solidarité et de dignité humaine. Ces engagements ne peuvent rester symboliques : ils doivent se traduire en actes, y compris dans notre rapport au vivant. À ce titre, il est aujourd’hui de votre responsabilité d’élaborer une politique nationale de protection animale, encadrée juridiquement, administrativement et éthiquement. Il en va de l’image de la Tunisie, de la cohérence de sa politique de santé publique, et du respect des valeurs fondamentales que partagent nos institutions et nos concitoyens.

Il est également de notre devoir de rappeler que ces pratiques ont un impact psychologique majeur : les enfants exposés et qui grandissent en voyant des chiens agoniser dans leur quartier et du sang à même le sol n’apprennent ni la sécurité ni la confiance, mais la peur et la violence. Comment expliquer à un enfant que l’on tire sur un chien dans la rue, au nom de la santé publique ?

Les citoyens assistent, impuissants, à des actes qu’ils ne comprennent pas, et perdent confiance dans les institutions censées les protéger et perdent foi en la capacité de l’État à concilier efficacité et humanité.

Face à cette réalité, je me permets de formuler plusieurs propositions concrètes, réalistes et économiquement viables, que l’État peut mettre en œuvre à court terme :

– mettre un terme immédiat aux campagnes d’abattage par armes à feu dans les lieux publics, et interdire toute méthode de mise à mort non conforme aux normes vétérinaires minimales;

– lancer un programme national de stérilisation et de vaccination ciblée des animaux errants, en partenariat avec les cliniques vétérinaires et les praticiens volontaires;

– établir un cadre de coopération formel avec les associations tunisiennes de protection animale, qui œuvrent depuis des années avec sérieux, souvent sans aide ni reconnaissance;

– créer un fonds minimal de soutien public, en mobilisant les collectivités locales, les dons privés, les partenaires étrangers et les budgets municipaux déjà existants;

– mettre en place un registre numérique de suivi et de cartographie des populations errantes, via des outils simples, gratuits et accessibles aux services municipaux;

– adopter une loi-cadre sur la protection animale, qui réglemente la détention d’animaux de compagnie, interdit les mauvais traitements, et consacre les principes de prévention et de respect.

Loin d’être utopiques, ces mesures sont appliquées avec succès dans d’autres pays aux ressources comparables. Elles sont moins coûteuses que les opérations répétées de capture et d’exécution, plus efficaces sur le long terme, et surtout plus conformes à nos valeurs républicaines.

La Tunisie a aujourd’hui l’occasion – et la responsabilité – de faire évoluer son modèle de gestion des animaux errants. Non seulement pour le respect des animaux eux-mêmes, mais aussi pour celui de ses citoyens, de ses enfants, de sa propre image.

Protéger les animaux, ce n’est pas affaiblir la société. C’est la renforcer.

Refuser la violence, ce n’est pas céder à l’émotion, c’est choisir l’intelligence.

Je vous appelle, Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement, à faire de cette question une priorité de société. Ensemble, agissons pour que la Tunisie montre la voie d’une gestion humaine, rationnelle et digne de son époque.

Je vous prie d’agréer l’expression de ma haute considération.

* Avocate – spécialisée en droit du bien-être animal (ayabulaidavocat@gmail.com).

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Printemps de Téhéran │ Des saisons avortées

L’influence des intellectuels iraniens a connu de nombreux hauts et bas depuis les premiers signes de la révolution constitutionnelle persane sous le règne de Mozaffareddine Shah Qajar (1896-1907), mais elle semble aujourd’hui à son niveau le plus bas. Pourquoi une telle régression, alors même que le taux d’alphabétisation en Iran est à son plus haut niveau et qu’Internet facilite de plus en plus l’accès à l’information ? Les intellectuels iraniens n’ont-ils aucune solution aux multiples crises du pays, ou bien est-ce que personne ne les écoute ? (Ph. Depuis le Mouvement vert en 2009, ce sont les citoyens issus de la classe moyenne qui ont pris les rênes de la protestation.)

Mostafa Khalaji * 

L’apparition d’un groupe d’intellectuels en Iran remonte à la veille du mouvement constitutionnel à la fin de l’époque Qajar. Ils ambitionnaient de rénover en profondeur la culture, la société et finalement la sphère politique du pays.

Ces intellectuels ont en grande partie réussi, allant jusqu’à transformer la langue persane.

Ces évolutions se sont poursuivies jusqu’à la fin du règne de Reza Chah. Mais sous Mohammad Reza Chah, la répression politique et les restrictions visant les intellectuels, pour la plupart proches des courants de gauche, les ont tenus éloignés de la scène politique durant de longues années.

Modernité et révolutions

À la veille de la révolution «islamique» de 1979, de nombreux intellectuels et écrivains iraniens soutenaient les efforts pour mettre fin au régime du Chah. À cette époque, deux groupes d’intellectuels — les laïcs de gauche d’un côté, et ceux qu’on appellera plus tard les «intellectuels religieux» de l’autre — ont rejoint la révolution.

La figure principale des intellectuels religieux était Ali Shariati, qui, en fusionnant les idées du socialisme avec la religion chiite, promouvait une idéologie nouvelle et séduisante à travers des discours enflammés dans un centre religieux de Téhéran. Ses livres et ses conférences attiraient un large public.

Mais le régime issu de la révolution a rapidement réprimé les courants intellectuels, n’accordant même que peu de faveur aux œuvres de Shariati, décédé peu avant la victoire de la révolution.

L’activité de l’Association des écrivains iraniens — principal syndicat des écrivains et intellectuels après la révolution — fut interdite, et dans les années 1990, une vague d’assassinats et d’exécutions visa des intellectuels, écrivains et artistes dissidents, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Cependant, des notions issues notamment de la traduction des penseurs occidentaux, comme la «démocratie» ou la «société civile», ainsi que les combats des intellectuels religieux tels qu’Abdolkarim Soroush contre les privilèges du clergé, ont favorisé la victoire de Mohammad Khatami, candidat réformiste, à l’élection présidentielle de 1996.

La relative liberté de publication de livres et de journaux qui suivit cette élection renforça l’influence des journalistes, écrivains et intellectuels. Mais ce «printemps de Téhéran», à l’instar d’autres «printemps» dans l’histoire contemporaine iranienne, fut de courte durée. Il se mua en automne avec la fermeture massive des journaux, la destitution du ministre de la Culture, les arrestations et les exils.

Une perte d’influence

Daryush Shayegan, célèbre philosophe iranien décédé en 2018, m’avait déclaré quelques années avant sa mort : «Avant la révolution islamique, nous avions des penseurs comme Jalal Al-e Ahmad et Shariati, qui avaient une influence sur la société intellectuelle. Mais je pense qu’aujourd’hui, les intellectuels n’ont plus cette influence.» Il ajoutait : «Certes, leurs livres sont lus pour s’informer, mais les écrivains ne sont plus des modèles, et la société iranienne a dépassé les intellectuels.»

Pourquoi Shayegan considérait-il que la société iranienne avait devancé ses intellectuels? En résumé, la principale raison tient au fait que les échecs politiques du siècle passé ont entraîné l’échec des mouvements intellectuels qui soutenaient ces transformations politiques.

La chute du régime pahlavi a marqué celle des intellectuels laïcs, nationalistes et en partie conservateurs. L’échec des idéaux ayant mené à la révolution de 1979 — tels que l’«indépendance et la liberté» — a scellé celui des intellectuels de gauche. Quant à l’échec des réformes sous Mohammad Khatami, il a totalement désillusionné la population vis-à-vis des «intellectuels religieux», qui espéraient associer régime islamique et démocratie.

Depuis la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, les intellectuels sont les grands absents de toutes les contestations et mouvements de changement.

Lors du «Mouvement vert», le soulèvement postélectoral qui suivit l’élection présidentielle de 2009, ce sont les citoyens issus de la classe moyenne qui ont spontanément pris les rênes de la protestation. Dans les mouvements économiques des années suivantes, les ouvriers se sont mobilisés. Et dans les dernières manifestations connues sous le nom de «Femme, Vie, Liberté», ce sont les femmes et jeunes filles ordinaires, non issues de l’élite, qui ont entièrement porté le mouvement.

Dans toutes ces protestations, lorsqu’un intellectuel prenait la parole, ce n’était que pour apporter un soutien a posteriori, sans rôle dans leur genèse.

Où en est-on actuellement ?

Aujourd’hui, certains intellectuels autrefois influents, comme Abdolkarim Soroush, vivent en exil. Les rares figures qui s’expriment encore à l’intérieur du pays sont peu connues du grand public et se contentent d’analyser la situation actuelle.

En réalité, l’Iran contemporain est dépourvu d’un intellectuel de masse, moteur d’un mouvement.

Hatam Ghaderi, ancien professeur d’université à Téhéran, considère que les intellectuels eux-mêmes sont responsables de cette situation. Lors d’un discours récent à Téhéran, évoquant les échecs successifs des révolutions en Iran, il affirma que tous les régimes politiques du dernier siècle ont conduit les intellectuels — surtout les intellectuels de gauche et religieux — à ne proposer pour toute solution que la «révolution».

Il a mis en doute l’efficacité de cette réponse, en déclarant : «La révolution devrait être la dernière option.»

Cet intellectuel iranien a souligné que, contrairement à ceux d’autres régions du monde, les intellectuels iraniens posent rarement des «questions»; ils avancent directement des «réponses». «Les intellectuels pensaient être d’une certaine manière consacrés, et semblaient puiser leur énergie et leur pensée de cette reconnaissance», a-t-il conclu.

* Journaliste et écrivain iranien.

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Agressions sexuelles │ Gérard Depardieu condamné à 18 mois de prison avec sursis

Gérard Depardieu, l’une des plus grandes figures du cinéma français, a été condamné le 13 mai 2025 par le tribunal correctionnel de Paris à une peine de 18 mois de prison avec sursis pour des agressions sexuelles survenues lors du tournage d’un film en 2021.

L’acteur de 76 ans a été reconnu coupable d’avoir agressé sexuellement deux femmes, alors qu’il était en plein tournage d’une production cinématographique.

La décision du tribunal a été prononcée en son absence, et son avocat, Me Jérémie Assous, a immédiatement annoncé que son client ferait appel de cette condamnation.

Outre la peine de prison avec sursis, le tribunal a également ordonné une peine d’inéligibilité de deux ans pour l’acteur ainsi que son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles, conformément aux réquisitions du parquet.

Pouvoir, célébrité et justice

Ce verdict intervient après un long procès dans lequel plusieurs témoins ont été entendus et des éléments accablants ont été présentés à la barre.

Les victimes, deux femmes qui étaient impliquées dans le projet cinématographique, ont dénoncé les comportements inappropriés et abusifs de la part de l’acteur, et leur témoignage a joué un rôle crucial dans la décision du tribunal.

La condamnation de Depardieu intervient dans un contexte où de nombreuses personnalités publiques, en particulier dans le milieu du cinéma, font face à des accusations de violences sexuelles, ce qui a provoqué un large débat dans la société.

Si le verdict a été jugé relativement clément, avec une peine de prison avec sursis, il n’en demeure pas moins que cette affaire a bouleversé l’image publique de l’acteur, qui jouit d’une réputation solide construite sur plusieurs décennies de carrière. Des films culte, tels que Cyrano de Bergerac ou Le Dernier Métro, ont fait de lui une figure incontournable du cinéma français, et cette condamnation met en lumière les tensions entre la célébrité et la justice.

L’issue de cette affaire pourrait également avoir des répercussions sur la perception des femmes dans l’industrie du cinéma, et en particulier sur la manière dont les accusations d’abus sont prises en charge par les autorités judiciaires. La décision d’appeler à la justice dans ce genre de situations est un message fort, signalant que même les personnalités les plus influentes doivent répondre de leurs actes.

En outre, l’affaire soulève la question plus large de l’impunité dans les milieux artistiques, où le pouvoir et la célébrité ont souvent protégé des comportements inappropriés pendant de nombreuses années.

Le recours à l’appel de Depardieu n’est pas une surprise, étant donné la gravité des accusations portées contre lui. Cependant, le jugement final pourrait bien influencer le cours de sa carrière à venir, et la manière dont il sera perçu par le public. L’acteur a, dans le passé, connu plusieurs controverses, mais cette condamnation pour agressions sexuelles pourrait bien marquer un tournant décisif dans sa trajectoire personnelle et professionnelle.

Le processus judiciaire ne fait que commencer, et l’appel de Depardieu pourrait permettre une nouvelle analyse des éléments de l’affaire. Mais dans l’attente de l’issue de cette nouvelle procédure, la condamnation de l’acteur jette une ombre sur une carrière jusque-là admirée, et met en lumière les enjeux complexes liés à la justice, à la célébrité et à la responsabilité des personnalités publiques dans des affaires d’agressions sexuelles.

D. G.

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Migration, frontière, souveraineté et fracture nationale

Il y a, dans les visages épuisés des migrants, une énigme persistante. Ce n’est pas seulement la misère, ni même l’appel à l’aide. C’est autre chose : un déplacement du monde, une faille psychique. Ce que l’on appelle aujourd’hui «crise migratoire» n’est pas seulement un flux de corps en mouvement. C’est une confusion du sens.  (Ph. Camp de migrants subsahariens à El-Amra, Sfax).

Manel Albouchi *

Les frontières ne sont pas de simples découpages géographiques. Elles sont des membranes entre les mondes, des structures d’intégration psychique, des seuils. Et chaque fois qu’on les traverse sans cadre, c’est un désordre plus profond qui s’installe : géopolitique, symbolique, psychique. 

La visite d’Amy Pope, directrice de l’OIM, au palais de Carthage a ravivé une tension structurelle : comment articuler aide humanitaire, dignité des migrants et survie d’un État fragile ? 

Le président Kaïs Saïed, en affirmant que la Tunisie ne deviendra ni un camp de rétention ni un sas migratoire pour l’Europe, a été jugé dur par certains. Mais il faut entendre ce qui se dit sous les mots : la Tunisie est un petit pays exposé, économiquement précaire, historiquement fragmenté, dont le tissu social ne peut absorber une pression migratoire incontrôlée sans s’effondrer. 

Ce n’est pas un refus de l’Autre. Mais un rappel fondamental : tout seuil non nommé, non respecté, non traversé avec conscience, devient une intrusion. Une irruption brutale dans un espace sans consentement. Et ce qui aurait pu être rencontre devient effraction, blessure, mémoire traumatique. 

La frontière est l’archétype du contenant 

En psychanalyse, Didier Anzieu décrit le Moi-peau comme une interface vivante : la peau du corps devient métaphore de la frontière psychique. Elle contient, protège, limite, tout en permettant l’échange. 

Transposé au plan collectif, la frontière nationale est à un peuple ce que la peau est au Moi : une enveloppe de cohésion. Sans elle, la nation devient poreuse à toutes les projections, tous les fantasmes, toutes les intrusions. Elle perd sa forme. Elle devient vulnérable, insécure, exposée. 

Anzieu écrivait que lorsque le Moi-peau est fissuré, le sujet souffre d’angoisses de morcellement, de perte d’unité. Il en va de même pour les peuples. Une nation sans frontière intégrée souffre d’un trouble du contenant. Elle ne sait plus qui elle est, ni où elle commence. 

Les risques psychiques d’une frontière effondrée 

Lorsqu’un pays perd la symbolisation de ses limites géographiques, culturelles, politiques, ce ne sont pas seulement les institutions qui s’effondrent, mais aussi la psyché collective. 

On peut alors observer : 

  • une montée généralisée de l’angoisse, du sentiment de débordement, d’impuissance; 
  • une prolifération des discours polarisants, clivants, paranoïaques;
  • des projections massives sur l’Autre, vécu comme envahisseur ou menace, 
  • une dissociation du lien social, où la cohésion nationale devient un mirage. 

Et en terme de troubles cela se traduit par : 

  • des troubles anxieux (TAG, phobies sociales); 
  • des troubles de l’adaptation (retrait, colère, sentiment d’injustice); 
  • des syndromes dépressifs liés à l’épuisement identitaire et à l’impuissance; 
  • des troubles post-traumatiques liés à la mémoire coloniale, aux guerres ou à l’exil; 
  • des troubles dissociatifs, perte de repères ou identification à des idéologies extrêmes. 

Comme le Moi-peau individuel, la frontière nationale contient et protège l’imaginaire collectif. Sans elle, le risque est de voir surgir une société dissociée, fragmentée, incapable de penser l’accueil autrement que comme une blessure ou une invasion. 

Poser une limite claire, juste, expliquée, ce n’est pas une fermeture pathologique. C’est un geste de santé psychique. 

L’oubli des frontières naturelles est une faute historique 

L’histoire nous a appris, encore et encore, que lorsque les frontières naturelles sont ignorées, cela engendre des catastrophes : 

  • Les accords Sykes-Picot ont redécoupé le Levant sans tenir compte des dynamiques tribales et spirituelles. 
  • Le traité de Lausanne a redéfini des États sans consultation des peuples. 
  • L’Afrique, morcelée par des lignes tracées au compas, n’a jamais guéri des fractures imposées. 

Chaque fois, la carte a trahi le territoire. Et chaque fois, le chaos s’est répondu. 

Une Tunisie encore vulnérable 

La Tunisie est bordée de seuils naturels puissants : désert au sud, mer au nord, montagnes à l’ouest. Ces limites sont fondatrices. Les effacer revient à ouvrir un corps sans peau. 

La France, l’Allemagne ou l’Italie malgré leurs crises internes, reposent sur des récits nationaux et disposent de structures solides, de souverainetés historiques, de marges de manœuvre.  

Elles peuvent absorber des flux, ériger des frontières extérieures, externaliser leurs conflits. Elles peuvent choisir. 

La Tunisie, elle, agit dans l’urgence, la peur et la fatigue. Elle n’a pas fini de construire son identité. Son récit national est encore fragile, hétérogène, saturé de blessures post-coloniales et de couches historiques non intégrées. 

Son identité est encore en construction. Elle porte des couches historiques éparses, pas totalement unifiées. Et toute pression supplémentaire peut menacer cette structure inachevée. 

Avec un peu de recul, il s’est avéré qu’accueillir tous les flux, toutes les formes, tous les récits, ce n’est pas de l’humanisme. C’est de l’abandon. 

La terre sacrée 

Le sol tunisien n’est pas neutre. Il est saturé de mémoire : punique, romaine, byzantine, arabe, ottomane, française. Une mémoire composite, parfois contradictoire, pas encore totalement digérée. 

Le sol est sacré car il garde les morts. Il contient les pactes invisibles. L’ouvrir sans mesure, sans dialogue, sans reconnaissance, c’est briser cet équilibre. C’est faire de la terre un lieu sans fond.  

La souveraineté ? 

Ce qui se joue aujourd’hui dépasse le seul enjeu migratoire. Ce qui est enjeux est l’idée même de territoire sacralisé, de peuple conscient, de parole fondatrice.  

La souveraineté n’est pas un geste de fermeture. C’est la conscience de ses limites, de son rythme. C’est le pouvoir de dire «Voici ce que je peux accueillir sans me perdre». C’est une maturité politique d’un peuple capable de différencier l’accueil du sacrifice. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.

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