Cinéma │ ‘‘L’effacement’’ de Karim Moussaoui ou la fêlure identitaire
En salle depuis cette semaine en France, ‘‘L’effacement’’, le nouveau film du cinéaste algérien Karim Moussaoui, transpose au grand écran le roman subtil et introspectif de Samir Toumi, publié en 2016 aux Éditions Barzakh.
Djamal Guettala
À travers l’histoire de Réda, le réalisateur poursuit son exploration sensible des failles d’une société algérienne en quête de repères, en confrontant la sphère intime au poids de l’Histoire.
Réda vit dans un quartier huppé d’Alger. Employé dans la principale société d’hydrocarbures du pays, dirigée par son père autoritaire, il semble promis à un destin tracé. Mais sous cette façade de réussite, le mal-être ronge. Lorsque son père meurt brutalement, un événement troublant bouleverse sa vie : son reflet disparaît du miroir.
Bâtisseurs confiants et héritiers égarés
Cette disparition, métaphore d’une perte d’identité, trouve son origine dans le roman de Samir Toumi. Dans l’ouvrage, le narrateur, le jour de ses 44 ans, découvre qu’il est atteint du «syndrome de l’effacement», un mal mystérieux qui touche les fils d’anciens combattants de la Guerre de Libération.
À travers ce prisme, l’auteur interroge la relation complexe entre deux générations : les pères, bâtisseurs confiants d’une Algérie indépendante, et les fils, héritiers blessés, parfois égarés.
Karim Moussaoui, en adaptant ce texte dense, offre une lecture cinématographique à la fois fidèle et singulière. Co-écrit avec Maud Ameline, ‘‘L’effacement’’ conserve la trame introspective du roman tout en lui insufflant une dimension visuelle forte, notamment grâce à une mise en scène épurée et une photographie qui capte les contrastes d’Alger.
Présenté en compétition officielle au Festival d’Angoulême 2024, le film réunit une coproduction internationale (France, Allemagne, Tunisie) avec les producteurs David Thion, Nicole Gerhards, Dora Bouchoucha et Lina Chaabane.
Drame personnel et chronique sociale
Comme dans ‘‘En attendant les hirondelles’’ (2017), Moussaoui confirme sa capacité à conjuguer drame personnel et chronique sociale, posant un regard lucide sur la transmission, la mémoire collective et les blessures invisibles.
Avec ‘‘L’effacement’’, le cinéma algérien propose une œuvre qui résonne largement, en Algérie comme ailleurs : une méditation poignante sur l’effacement de soi face aux injonctions de l’histoire familiale et nationale.
Bande annonce.
L’article Cinéma │ ‘‘L’effacement’’ de Karim Moussaoui ou la fêlure identitaire est apparu en premier sur Kapitalis.