Gestion de lâeau en Tunisie : Hassine Rehili dĂ©nonce lâĂ©chec des politiques publiques
Lâexpert en dĂ©veloppement et en gestion des ressources hydriques, Hassine Rehili a dĂ©plorĂ© « lâĂ©chec » des politiques publiques en matiĂšre de gestion des eaux, estimant que « ces politiques ont dĂ©jĂ montrĂ© leurs limites au fil des ans ».
Dans un entretien accordĂ© Ă lâagence TAP, lâexpert a estimĂ© que ces politiques ont Ă©tĂ© dictĂ©es par lâouverture Ă©conomique de la Tunisie, qualifiant ces choix de « trĂšs conservateurs ».
« Les choix dâouverture Ă©conomique ont changĂ© la donne depuis les annĂ©es 70. En effet, ces politiques sont devenues orientĂ©es vers une agriculture et une industrie plus consommatrices dâeau et tournĂ©es vers lâexportation » a-t-il expliquĂ©.
« A ce jour, la formulation de ces politiques demeure exclusivement confiĂ©e Ă lâadministration, excluant ainsi les autres acteurs, ce qui a entraĂźnĂ© leur Ă©chec », a-t-il ajoutĂ©.
Rehili a, Ă©galement, pointĂ© de doigt « lâĂ©chec » des politiques publiques dans le secteur agricole, notamment, Ă lâheure des changements climatiques qui ont exacerbĂ© la crise de lâeau fustigeant le retard de 69 ans enregistrĂ© dans le domaine du recensement agricole et la mĂ©connaissance de lâEtat de tout ce qui concerne les exploitations agricoles outre le manque de rigueur et de contrĂŽle concernant la mise en Ćuvre de la carte agricole .
Selon lui, les politiques de lâeau dans les zones rurales nâont pas Ă©voluĂ© Ă©tant donnĂ© que le SociĂ©tĂ© Nationale dâExploitation et de Distribution des Eaux (SONEDE) nâintervient que dans les grandes agglomĂ©rations rurales.
Les politiques Ă©conomiques publiques ne sont pas en phase avec les derniĂšres Ă©volutions et ne prennent pas en considĂ©ration la raretĂ© des ressources hydrauliques dans le pays, a-t-il indiquĂ©, rappelant que le dernier programme relatif au secteur de lâeau mis en place par lâEtat est la stratĂ©gie dĂ©cennale de mobilisation des ressources en eau (1990-2000). Laquelle stratĂ©gie se limite Ă la mobilisation des ressources en eau conventionnelles et ne prend pas compte les questions relatives au stress hydrique et aux changements climatiques.
Il a ajoutĂ© que lâexploitation des ressources en eau a plus que doublĂ© durant les trois derniĂšres dĂ©cennies en lâabsence de politiques de rationalisation de lâutilisation de ces ressources.
Lâexpert a, Ă ce titre, appelĂ© Ă instaurer une culture de consommation responsable et citoyenne des ressources en eau, Ă intĂ©grer la gestion durable de lâeau dans les programmes Ă©ducatifs, Ă inscrire le code des eaux parmi les textes de loi enseignĂ©s aux facultĂ©s de droit et Ă engager une rĂ©flexion collective et participative sur les questions liĂ©s Ă lâeau.
Il a plaidĂ© pour lâĂ©laboration dâune vision claire « Tunisie Ă lâhorizon 2040-2050 » dans lâobjectif de reverdir la Tunisie, favoriser la souverainetĂ© alimentaire, garantir le bon usage des ressources et rĂ©duire le recours Ă lâendettement.
Il est important, toujours selon lui, de procĂ©der Ă une Ă©valuation des choix Ă©conomiques et des politiques publiques relatives Ă lâeau durant les 60 derniĂšres annĂ©es, loin de « la logique des rĂ©alisations et de falsification des vĂ©ritĂ©s ».
Il a, en outre, mis lâaccent sur lâimpĂ©ratif de fixer les prioritĂ©s pour la pĂ©riode Ă venir, dâengager les investissements nĂ©cessaires pour mobiliser les ressources en eau dâune maniĂšre durable et amĂ©liorer leur qualitĂ©, de rompre avec lâexportation virtuelle de lâeau, ou du moins de choisir entre le fait de lâexporter en garantissant un niveau Ă©levĂ© de valeur ajoutĂ©e ou de le prĂ©server dans une optique dâautosuffisance.
Lâexpert a aussi plaidĂ© pour la rĂ©vision de la politique industrielle et la composition du tissu industriel en prenant en compte le niveau des ressources hydriques dans le pays, en favorisant les industries Ă forte valeur ajoutĂ©e au lieu des industries polluantes et Ă faible valeur ajoutĂ©e.
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