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Nicolas Henry expose ses «Arbres de vie» à la galerie Yosr Ben Ammar

L’artiste photographe français Nicolas Henry présente une exposition personnelle intitulée «Arbres de vie» à la galerie Yosr Ben Ammar à Bhar Lazreg, La Marsa, dans la banlieue nord de Tunis.

S’inscrivant dans la sixième édition du Phosphor Creative District, cette exposition se tiendra du 8 mai au 7 juin 2025. C’est une invitation à découvrir un univers artistique singulier, où chaque image murmure une histoire…

Suite à sa résidence de création l’été dernier à El-Mansoura dans la région de Kesra, pour y immortaliser des caroubiers, des oliviers et des figuiers de Barbarie, Nicolas Henry invite les amateurs d’art à venir découvrir  son univers onirique, écologique et humaniste.

Nicolas Henry est un artiste photographe, metteur en scène et plasticien français diplômé des Beaux Arts de Paris. Son écriture, très personnelle, se développe à la frontière entre le portrait, le théâtre et l’installation. Il fait jouer des personnages dans des univers oniriques construits par des communautés entières. Ses travaux mixant écriture, photographies, et sculptures ont été exposés dans le monde entier.

Parallèlement à une carrière d’éclairagiste et de scénographe dans le spectacle, il a parcouru le monde en tant que réalisateur pour le projet «6 milliards d’autres» de Yann Arthus-Bertrand, il en a assuré la direction artistique  lors de l’exposition au grand Palais à Paris.

Suite à sa série de portraits des ancêtres du monde entier «Les cabanes de nos grands parents» (Editions Actes Sud), son livre sur les communautés «Contes imaginaires autour du monde – World’s in the making» est sorti en 2016 aux Editions Albin Michel et a reçu le prix Méditerranée du livre d’art en 2017.

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Energies renouvelables en Tunisie | Impliquer startups et citoyens    

Et si l’Etat permettait aux startups d’installer des panneaux solaires sur les toits des habitations de manière à soulager les citoyens et à assurer un gain pour l’État ? Il explique ici cette proposition dans le domaine des énergies renouvelables.

Abdelkader Slama

Ma proposition est inspirée d’expériences réussies dans plusieurs pays développés, où les startups sont encouragées à investir dans l’installation de panneaux solaires sur les toits des habitations à travers des contrats d’exploitation de longue durée (dépassant les 25 ans). Le propriétaire du logement bénéficie ainsi d’une consommation d’électricité gratuite, tandis que le surplus est revendu à la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg), générant un revenu rentable pour l’entreprise investisseuse.

Je me demande pourquoi un modèle similaire ne pourrait pas être appliqué dans notre pays, d’autant plus que nous jouissons d’un ensoleillement abondant tout au long de l’année.

Par ailleurs, de nombreux citoyens se plaignent du coût élevé de l’électricité. Un tel projet pourrait considérablement alléger la facture énergétique des ménages, surtout si l’on considère que des initiatives similaires ont réussi dans des pays bien moins ensoleillés que le nôtre.

Le programme actuel en vigueur dans notre pays ne répond pas aux ambitions d’une telle idée, qui nécessiterait une simplification des démarches administratives pour permettre aux jeunes et aux startups d’y accéder. Les lourdeurs bureaucratiques ne doivent pas constituer un obstacle à l’innovation. Nous vivons une crise énergétique coûteuse pour l’État en devises étrangères, ce qui fait de cette proposition une opportunité précieuse à saisir.

Des expériences similaires ont prouvé leur efficacité dans des pays moins ensoleillés que le nôtre, ce qui rend cette idée non seulement logique, mais également urgente à appliquer à l’échelle nationale.

En tant que citoyen concerné, je souhaite porter cette suggestion à l’attention des responsables et de l’opinion, afin qu’elle puisse faire l’objet d’un débat public et, pourquoi pas, être mise en œuvre dans un avenir proche, au vu de ses retombées positives pour les citoyens, l’Etat et les entreprises émergentes.

L’État pourrait envisager de lancer ce projet à titre expérimental, en partenariat avec des familles démunies à l’échelle nationale, pendant une période de trois ans. Un bilan pourrait ensuite être réalisé afin d’évaluer les résultats et envisager une généralisation progressive.

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Génération perdue ? Non, génération lucide, qui trace sa voie…

Dans le métro de l’Ariana, ils étaient deux. Deux jeunes, debout dans le vacarme indifférent du quotidien, portant un tee-shirt noir frappé de deux mots blancs : «جيل ضايع». «Génération perdue».

Tarek Kaouache *

Un slogan jeté comme une bouteille à la mer. Une provocation douce. Une mélancolie en coton. Et une claque silencieuse à l’ordre établi.

On aurait pu détourner le regard, penser à une mode passagère, un écho de TikTok ou une lubie urbaine. Mais non. Il y a autre chose dans ce جيل ضايع floqué sur la poitrine. Quelque chose qui palpite. Une revendication. Une ironie assumée. Et surtout, une réponse muette à l’accusation collective : «Vous êtes foutus.»

Ils ont retourné le stigmate. Transformé l’étiquette en étendard.

«جيل ضايع» ce n’est pas une reddition. C’est un manifeste. Un mouvement 

Ils vivent dans une Tunisie à l’horizon souvent flou, entre promesses fanées et diplômes sans avenir. Ils ont grandi au rythme des désillusions, les yeux rivés sur une mer qu’ils ne traverseront peut-être jamais. Et pourtant, ils créent. Ils inventent. Ils s’expriment. Même si c’est sur un tee-shirt, entre deux rames de métro. Ce n’est pas un cri de détresse, c’est un art de survivre. Et peut-être même un art de renaître.

La génération perdue ? Non. La génération lucide. Celle qui sait que les anciennes recettes ne marchent plus. Celle qui ne veut plus jouer le jeu d’un avenir qu’on leur impose. Celle qui, avec ironie et courage, trace son propre chemin, même s’il est cabossé.

Et si, au fond, «جيل ضايع» devenait le début d’un nouveau récit? Pas celui d’une perte, mais celui d’une mue.

* Formateur et consultant indépendant en économie sociale et solidaire.

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‘‘Norvège, la victoire fatale’’ | Quand la perfide Albion perd le nord

Au vu des décisions prises en faveur de l’intégration au sein de l’Otan, après le déclenchement de la guerre actuelle en Ukraine, il eût été nécessaire de s’assurer, préalablement, que soit fondée la confiance placée par les pays nordiques et ceux de la mer Baltique dans les promesses anglo-saxonnes de les protéger. Le précédent de 1940 en Norvège prouve la pertinence du doute entretenu sur le sujet, que de récentes intentions américaines d’annexer le Groenland danois ne font que renforcer

Mounir Hanablia *

Prétendre que les événements en Norvège n’ont pas de répercussions en Grande-Bretagne témoignerait d’une méconnaissance profonde de l’Histoire du Moyen-âge européen. Néanmoins, à l’époque moderne, rien ne prédestinait ce pays scandinave du nord de l’Atlantique possédant près de 4000 kilomètres de rivage à devenir un jour un champ de bataille précurseur d’une guerre mondiale. Il avait pourtant choisi la neutralité, tout comme ses voisins suédois et rien ne laissait penser qu’elle ne serait pas respectée. Fatalité géostratégique?

Il se trouve que l’un des ports norvégien situés au nord, Narvik, était le débouché en eaux libres d’une ligne de chemin de fer acheminant le fer de la mine suédoise de Gallivare, l’autre débouché en étant le port de Lulea situé sur la mer Baltique, en ayant ceci de particulier, qu’étant pris par les glaces, il est en hiver impraticable. Le grand client en minerai de fer étant l’Allemagne, située sur la côte sud de la Baltique, ses bateaux étaient donc obligés en hiver pour ravitailler son industrie de se rendre à Narvik en Norvège, sur l’Océan Atlantique, et cela en faisait évidemment des cibles potentielles pour d’éventuels ennemis, autrement dit ceux qui avaient les moyens de les attaquer.

La drôle de guerre

Ce fut effectivement le cas à  partir de septembre 1939 avec l’invasion de la Pologne et la déclaration de guerre subséquente par l’Angleterre et la France à l’Allemagne. La plus grande partie de l’armée britannique débarqua donc en France pour se placer aux côtés de l’armée française et s’opposer à une éventuelle invasion allemande attendue du côté de la Belgique. Ce fut ce qu’on a appelé plus tard la drôle de guerre quand, durant près de 9 mois, les belligérants se firent face sans tirer un seul coup de feu. Curieusement, il ne vint pendant des mois à l’idée de quiconque, de le faire.

Il a fallu la guerre russo-finlandaise début 1940 pour que les Britanniques, excités par leur allié, le gouvernement français, ne commencent à envisager l’idée d’une aide militaire à la Finlande dont le point de départ serait… le port norvégien de Narvik.

Le gouvernement français, pressé par son opinion publique qui le critiquait pour sa passivité dans l’affaire de la Finlande, menaçait de tomber. Mais le cabinet britannique, dans l’obligation de définir des buts de guerre acceptables pour sa propre opinion publique, et sauver le gouvernement français n’en était pas un, convint que l’occupation de Narvik priverait également l’Allemagne du fer nécessaire à son industrie de guerre, mais que l’aide à la Finlande en constituerait la raison apparente.

En effet, il y avait le risque que les intentions britanniques clairement affichées ne poussent les Allemands à occuper les premiers la Norvège. Le gouvernement britannique commença donc à préparer ce qui restait de son armée en conséquence. Sauf que pour mener une opération militaire en Norvège il fallait pour respecter les lois internationales, l’accord du gouvernement norvégien, et celui-ci n’était pas prêt à abandonner sa neutralité et à se ranger dans le camp des Anglo-français.

Entretemps, les Finlandais, ne voyant aucune aide venir et conscients des tergiversations des Anglo-français incapables de définir des objectifs de guerre communs et de les exécuter rapidement, préférèrent négocier avec leurs adversaires russes et finalement, en mars 1940, un accord de paix fut signé.

Le débarquement en Norvège n’avait donc plus sa raison d’être officielle. Mais l’idée d’interrompre les livraisons de fer en Norvège ne disparut pas pour autant. Les Britanniques envisagèrent pour cela deux solutions, une à minima, le minage des eaux norvégiennes, une autre plus importante, la prise de contrôle de la ville de Trondheim qui assurerait aux armées britanniques une tête de pont capable d’assurer leurs objectifs de guerre dans la péninsule scandinave, et de frapper l’économie allemande par l’occupation de Narvik.

L’impossible neutralité

Il y eut entretemps l’affaire de l’Altmark, ce navire de guerre allemand qui coulait à travers l’Atlantique les navires marchands et qui convoyait 250 prisonniers de guerre anglais. Traqué par la marine britannique, il se réfugia dans les eaux territoriales norvégiennes, dans un fjord. Les Britanniques le prirent d’assaut, et libérèrent leurs prisonniers. Pour Hitler ce fut la preuve que la Norvège ne voulait pas ou ne pouvait pas assurer sa neutralité, et que la sécurité de l’Allemagne imposait l’occupation du pays.

Les Allemands après une planification et une préparation de deux semaines envoyèrent donc début avril 1940 leurs navires de transport sous la protection de leur flotte de guerre débarquer le corps expéditionnaire chargé d’occuper les terrains d’aviation capables d’assurer la supériorité aérienne nécessaire à l’occupation du pays. Le Danemark en fut le point de passage obligé.

La coïncidence a voulu qu’au même moment la flotte de guerre britannique faisait route vers les côtes norvégiennes. Mais le mouvement vers le large de leurs adversaires dû à des nécessités de navigation fut à l’origine d’une méprise issue de l’observation aérienne.

Les Anglais, au lieu de se diriger vers la péninsule scandinave pour y débarquer, prirent la direction de l’océan et  ratèrent ainsi la flotte adverse qu’ils auraient pu détruire. Le plus grave fut les contraintes logistiques que ce changement d’objectif de dernière minute  impliqua, et dont ils paieraient  plus tard un lourd prix au moment du combat.

Quoiqu’il en soit, les troupes allemandes trouvèrent le champ libre pour envahir le pays en surprenant le gouvernement et l’armée, qui s’attendaient à une invasion anglaise, et l’impéritie fut telle que la mobilisation générale immédiate contre l’envahisseur ne put être décrétée, la procédure réglementaire prévoyant l’usage du courrier à cette fin.

C’est ainsi que l’armée norvégienne naturellement sous équipée et qui plus est désemparée réussit quand même à couler le navire transportant les agents chargés de l’arrestation du Roi et des membres du gouvernement, à laquelle Hitler accordait une importance fondamentale pour obtenir la soumission du pays. Ces derniers s’enfuirent donc vers les montagnes et les régions enneigées du nord où ils prirent contact avec des émissaires anglais qui les assurèrent de l’aide immédiate et inconditionnelle de leur pays ainsi que du proche débarquement d’un corps expéditionnaire chargé d’occuper l’important port de Trondheim, ce que les Norvégiens souhaitaient avant tout.

En réalité, il s’agissait d’un mensonge et ce ne serait pas le dernier. Les Anglais depuis le début n’avaient fait qu’hésiter sur la marche à suivre et leurs décisions avaient varié  d’une réunion du cabinet à l’autre, entre le contrôle du centre et du pays (Trondheim, opération Hammer), ou bien du Nord (Narvik opération Rupert).

Les Britanniques à la manœuvre

Cependant face aux quelques milliers de volontaires armés de quelques fusils qui s’étant regroupés sous les ordres d’un officier valeureux, le général Ruger, tentaient tant bien que mal de freiner l’avance allemande vers le nord composée de troupes aguerries soutenues par les blindés, l’artillerie, et surtout l’aviation, les Britanniques finissaient par débarquer au nord et au sud de Trondheim seulement deux ou trois centaines de soldats dénués d’armement lourd ou de canons anti-aériens, et surtout des skis et des raquettes nécessaires pour marcher sur la neige profonde. Ils se regroupaient en dépit de tout avec les skieurs norvégiens mais étaient sévèrement éprouvés par les combats. Leurs bases de débarquement finissaient par être bombardées par l’aviation allemande maîtresse du ciel et tout leur ravitaillement détruit.

Cependant, alors que les quelques troupes engagées n’arrivaient pas à assurer le succès de leur mission, l’état major français également impliqué dans le commandement suprême allié échafaudait des plans irréalisables pour l’envoi de troupes au nord à travers des routes enneigées impraticables.

Pour les Britanniques, l’opération Hammer se révélait irréalisable, et sa conclusion la plus logique serait l’évacuation du corps expéditionnaire sous peine de le voir anéanti. Mais cela impliquait l’abandon des unités norvégiennes à leur propre sort, et probablement l’arrêt de toute résistance contre l’envahisseur nazi. Le gouvernement britannique, n’ayant jamais eu qu’une confiance limitée dans la population et les autorités locales, et soucieux de ne pas voir ses troupes abandonnées dans un pays qu’elles ne connaissaient pas en étant exposées au feu d’un ennemi supérieur, décidait donc de maintenir sa décision secrète jusqu’au dernier moment.

Cependant Hitler, fou de rage pour ne pas avoir capturé l’autorité légitime du pays, décidait d’installer à sa tête celui dont le nom allait devenir synonyme de trahison, un certain Vidkun Quisling, alors ministre de la Défense, qui mourra fusillé le 24 octobre 1945 pour collaboration avec l’occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette mesure accroissait au contraire l’indignation des autochtones et leur volonté de résistance au point que les Nazis tentaient de rétablir le contact avec le gouvernement légitime, en fuite. En vain. Les Nazis n’auraient dès lors de cesse de tenter d’en tuer les membres, et ceux-ci de s’échapper, jusqu’à finalement gagner l’Angleterre sur des navires britanniques afin d’y former un gouvernement en exil. Et en effet les répercussions politiques de la Norvège (et de la Finlande) furent importantes. En France elle entraîna la chute d’Edouard Daladier et son remplacement par Paul Reynaud. En Angleterre c’est le Premier ministre Neville Chamberlain qui tomba, celui qui prédit le 3 avril qu’Hitler en Norvège «avait raté le coche».

Le désastre norvégien

En effet, le Parlement considéra l’évacuation de la Norvège comme une défaite majeure due aux erreurs du commandement politique et militaire. Mais contrairement à ce qui est communément répété, ce n’est nullement Winston Churchill qui en fut le responsable. Les discours de deux conservateurs, l’Amiral Keyes, un héros de la première guerre mondiale, ainsi que celui de Léopold Emery, un parlementaire influent qui a emporté l’unanimité en citant des propos tenus par Cromwell au XVIIe siècle («Vous avez siégé trop longtemps pour le peu de bien que vous avez apporté; au nom du ciel, partez !»), emportèrent l’adhésion. Le lendemain 10 mai 1940, l’Allemagne envahit la Belgique et la Hollande, et Winston Churchill, pourtant membre du gouvernement sortant, fut immédiatement nommé au poste de Premier ministre, celui que ses amis lui destinaient malgré sa responsabilité dans le désastre norvégien.

Après la débâcle en France des armées anglaise et française du 14 Mai, le front de Norvège passa au second plan, malgré les succès au nord du pays des forces anglo-françaises, réussissant, aidés par les Norvégiens après de durs combats, à occuper Narvik au prix d’une véritable boucherie contre les civils supposés avoir évacué la ville, et à couper la route du fer. Churchill savait bien qu’avec la défaite en France de son armée, l’Angleterre étant menacée, il n’aurait pas trop besoin de toutes ses troupes pour s’opposer à l’armée nazie. Narvik fut donc évacuée immédiatement après son occupation.

Une fois encore les Norvégiens ne seraient pas prévenus des intentions anglaises, pas plus d’ailleurs que ne le seraient les Français. Il est troublant de constater combien cette aventure en Norvège fut mal préparée, à laquelle Churchill fut étroitement associé, il ne faut pas l’oublier. Et surtout combien les considérations de politique interne pesèrent. Il est en effet déjà curieux que cette guerre qui prétendait priver l’Allemagne du fer nécessaire à son effort de guerre en lui interdisant l’océan fut entreprise en avril lors de la fonte des glaces qui libérait le port de Lulea pour son transport par la mer Baltique.

L’occupation de l’Alsace Lorraine allait d’ailleurs fournir aux envahisseurs le minerai nécessaire les rendant moins tributaires de la Suède. L’autre constatation, c’est évidemment le désastre logistique, dû à des changements d’objectifs de dernière minute décidés par des états major et des politiciens peu au fait des réalités, ne disposant pas des cartes géographiques nécessaires, fixant des missions de combat à une flotte prévue au débarquement de troupes de combat au sol.

Ainsi contrairement à ce que nous, les peuples  sous développés, croyons relativement aux capacités d’organisation hors norme des pays industrialisés, en réalité, ces derniers sont capables dans les moments décisifs des mêmes erreurs dont dans nos pays nous sommes quotidiennement les témoins. 

Enfin on ne peut passer sous silence de quelle manière les Norvégiens furent entraînés dans des combats aux côtés des Britanniques sans rien connaître de leurs véritables intentions, pour se voir au bout du compte abandonnés sans aucun espoir de succès, sans même les armes qui auraient pu leur être laissées au lieu d’être détruites, afin de résister à l’ennemi.

En la circonstance, les grands et blonds norvégiens, pour anglophiles qu’ils eussent été supposés être, n’ont pas mieux été traités que les Arabes du désert dirigés par Lawrence. Les Anglais ignoraient d’ailleurs autant la langue norvégienne que leurs hôtes la leur, ce qui dans le feu des combats n’assurait pas la meilleure des coordinations possibles. Et dans la course à l’occupation d’un pays souverain et neutre, ils furent simplement battus par plus rapides qu’eux.

Quant aux Suédois leur refus de livrer passage au Roi de Norvège flanqué de ses ministres, alors poursuivis par les Allemands, et leur proposition de soumettre le nord du pays voisin à un régime de non belligérance leur permettant l’écoulement naturel de leur minerai, alors même que la force occupante était bien connue, ne les fait pas apparaître sous un jour très favorable. Au vu des décisions prises en faveur de l’intégration au sein de l’Otan, après le déclenchement de la guerre actuelle en Ukraine considérée comme une cause, pour ne pas dire un prétexte, par l’Allemagne à son réarmement, il eût été nécessaire de s’assurer, préalablement, que soit fondée la confiance placée par les pays nordiques et ceux de la mer Baltique dans les promesses anglo-saxonnes de les protéger. Le précédent de 1940 en Norvège prouve la pertinence du doute entretenu sur le sujet, que de récentes intentions d’annexer le Groenland danois ne font que renforcer.   

* Médecin de libre pratique.

‘‘Churchill contre Hitler. Norvège 1940, la victoire fatale’’ de François Kersaudy, éditions Tallandier, 24 mai 2012, 368 pages.      

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Le poème du dimanche | ‘‘Pour ceux qui ont de l’imagination’’ de Francisco Munoz Soler

Francisco Munoz Soler est un poète espagnol qui écrit l’intime existentiel, tend à l’universel, veut surprendre et surtout pousser à la réflexion. Entre lyrisme et critique sociale.

Né en 1957 à Malaga, en Espagne, Francisco Munoz Soler publie son premier recueil ‘‘Préhistoire poétique’’, en 1996. S’ensuit une œuvre importante, parue en nombreux livres, anthologies et revues. Traduite dans diverses langues.

Le poète marocain, Mohamed Bennys a traduit de lui en arabe ‘‘مختارات شعرية 1978-2023’’ (Poèmes choisis), paru au Caire.

Tahar Bekri

À Virgilio Piñera

POUR CEUX QUI ONT DE L’IMAGINATION

la vie n’est pas celle qu’on nous oblige à vivre

mais celle qu’on imagine.

Grâce à cette magie on fuit l’horreur

qui nous pousse à douter de nous-mêmes,

qui nous invite à être soumis,

c’est alors, avec l’imagination,

qu’est née en moi la vie céleste,

d’où je regardais, tout autour de moi,

les étoiles et les trous noirs,

jusqu’à ce que j’aie enfanté une époque,

mais, les étoiles se sont fanées dans un silence aqueux,

je me suis alors converti en île,

en moi ont grandi des palmiers, des cayes, des manguiers,

et, tout en moi, était d’une clarté étonnante,

des fois je voyais un ouragan qui portait

tout cela qui bloquait l’idiosyncrasie des gens,

celle qui mène leur esprit à ce temps sans temps,

celle qui donne du sens au cri muet des souffrants,

une voix qui se distingue dans le noir.

Dans ma solitude et ma peur

Je traverserai la mer de la vie, en fureur,

ses vides insaisissables, sa colère liquide,

je deviendrai un ange ou un démon

pour regarder de près les abîmes intérieurs

et ainsi sauver mon âme fainéante.

Je vais percer la cuirasse du doute

pour laisser un témoignage de ma liberté,

gagnée dans l’abandon, dans l’exclusion,

dans cette réalité circonstancielle

où je retrouve la dignité de mon âme.

(Traduction de l’espagnol par Angel Mota Berriozabal).

(Remerciements à l’auteur)

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Affaire Belghit | L’amazighité au cœur d’une nouvelle polémique en Algérie

La scène médiatique algérienne est secouée par une nouvelle controverse majeure. Mohamed Amine Belghit, historien et professeur d’université à Alger, a été placé en détention provisoire par le tribunal de Dar El Beïda suite à des accusations graves d’atteinte à l’unité nationale. Ces poursuites font suite à des déclarations controversées, considérées comme racistes à l’égard des Amazighs, tenues sur Sky News Arabia.

Djamal Guettala *

Lors de son intervention sur la chaîne émiratie, Belghit a affirmé que «l’amazighité est une création de l’Académie berbère», remettant ainsi en question l’une des trois constantes nationales consacrées par la Constitution algérienne aux côtés de l’islamité et de l’arabité. Ces propos ont suscité une vague d’indignation, notamment parmi les communautés kabyles et amazighes, qui les perçoivent comme une négation flagrante de leur identité millénaire.

Une réaction judiciaire rapide et ferme

Conformément aux articles 79 et 97 bis du Code pénal algérien, Belghit est poursuivi pour «atteinte à l’intégrité du territoire national» et «atteinte à l’unité nationale par des moyens de propagande». Le fait que ces propos aient été diffusés sur un média étranger, en l’occurrence émirati, aggrave la situation, le dossier pouvant être interprété comme une tentative de porter atteinte à la cohésion nationale par voie externe.

Dans la foulée de cette polémique, des militants kabyles proches du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) ont réagi vigoureusement. Par le biais de communiqués diffusés sur les réseaux sociaux, ils ont dénoncé un «système hostile à l’existence, à la langue et à l’histoire kabyles» et ont réitéré leur appel à l’indépendance de la Kabylie. Ces réactions montrent que l’affaire dépasse le cadre judiciaire pour toucher à des sensibilités politiques et identitaires profondes.

Un procès à forts enjeux

Mohamed Amine Belghit encourt de lourdes peines. En vertu des qualifications retenues, il risque entre 5 et 20 ans de prison assortis d’amendes importantes. Ce dossier pourrait marquer un précédent en matière de traitement des discours publics en Algérie. Il met en lumière l’équilibre délicat entre liberté d’expression, protection de l’unité nationale et reconnaissance de la diversité culturelle. Le procès en vue sera scruté de près, tant en Algérie qu’à l’international.

Longtemps marginalisée après l’indépendance de l’Algérie en 1962, l’amazigh n’a été reconnu officiellement qu’en 2002 comme langue nationale, puis en 2016 comme langue officielle aux côtés de l’arabe. Cette reconnaissance visait à apaiser les tensions identitaires, notamment en Kabylie. Cependant, les débats autour de l’identité, de la langue et des appartenances culturelles restent vifs et sensibles, alimentant régulièrement des crispations politiques.

Affaire à suivre.

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Tunisie | L’administration publique ou l’art de noyer le poisson

Pourquoi nos responsables publics, hier encore loués pour leur compétence supposée, donnent-ils aujourd’hui l’impression de ne plus savoir comment faire les choses ou de se noyer dans un verre d’eau. Ils donnent aussi parfois l’impression de vouloir noyer le poisson, gagner du temps (et nous en faire perdre) et fuir leur responsabilité, en attendant de transmettre la patate chaude à leurs successeurs?

Imed Bahri

Depuis son accession à la présidence de la république fin 2019, Kaïs Saïed ne cesse de se plaindre ou de dénoncer la lenteur que mettent les services publics à faire avancer les projets dont, pourtant, ne cesse-t-il de préciser aussi, les fonds sont disponibles et ne demandent qu’à être dépensés. Plus de 5 ans, et 5 Premiers ministres, après, on n’est pas encore sorti de l’auberge. Où se situe le hiatus ?

Le chef de l’Etat n’aime pas ce qu’il appelle «les méthodes traditionnelles qui consistent à créer des commissions et des sous-commissions dont les travaux restent sans effet ou résultat ou aggravent la situation sur le terrain», comme il l’a répété hier, vendredi 2 mai 2025, lors d’une réunion, au Palais de Carthage, avec la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar et le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Ezzeddine Ben Cheikh.

Des commissions à n’en plus finir

C’est pourtant ce que le gouvernement (l’actuel ou le précédent) a fait, en créant une Commission supérieure chargée de l’accélération de la réalisation des projets publics, laquelle, a-t-on appris, s’est réunie, vendredi, au palais du gouvernement à la Kasbah sous la présidence de la Première ministre Sarra Zaafrani Zenzeri, et qui, a-t-on appris, a autorisé (sic !) le lancement immédiat des travaux de réalisation de toutes les composantes du projet de réhabilitation de la ligne ferroviaire n° 6  reliant Tunis et Kasserine, ainsi que la première partie du projet de doublement de la ligne ferroviaire n° 22 dans sa partie reliant Moknine à la station de Sidi Messaoud, sur une longueur de 22km.

Ladite commission a également décidé, la prise des mesures juridiques nécessaires pour mettre fin aux dépassements constatés au niveau de la voie ferrée, afin de garantir les expropriations foncières nécessaires à sa réalisation et ce en coordination avec les différentes parties intervenantes.

La même commission a examiné le projet de réhabilitation de la ligne ferroviaire n°6 reliant la Tunisie et Kasserine et de doublement de la ligne ferroviaire n°22, dans sa partie reliant Moknine et Mahdia, ainsi que du projet d’acquisition de 18 wagons de la ligne Tunis-Goulette-Marsa (TGM), outre le projet de rénovation et de modernisation des chemins de fer pour le transport du phosphate.

C’est ce qu’indique un communiqué de la présidence du gouvernement, ajoutant que la réunion d’hier a permis de passer en revue un ensemble de projets et de proposer des solutions aux problèmes rencontrés lors de leur mise en œuvre.

La cheffe du gouvernement a, dans ce cadre, souligné l’impératif d’assurer une coordination entre les différentes structures de l’Etat afin de surmonter les entraves, et ce conformément aux directives du président de la république appelant à consolider le transport public et le transport du phosphate ainsi que l’accélération des travaux afin d’améliorer le quotidien de la population et de promouvoir l’économie nationale.

Il s’agit également de tenir responsable des retards enregistrés les parties qui bloquent l’avancement des travaux, publics et privés, et qui privent les citoyens des bienfaits de ces réalisations dans les délais requis, ajoute le communiqué officiel, répétant presque mot pour mot d’anciennes déclarations du président de la république, déclarations dont beaucoup commencent à sérieusement se lasser.

Wishful thinkings et effets d’annonces

Voilà pour le patati et patata que nous sert le gouvernement depuis de nombreuses années, sans que l’on voit les paroles traduites en actes. Pourquoi doit-on penser que cette fois-ci les choses vont aller plus rapidement ou que le président de la république va pouvoir bientôt inaugurer tel hôpital (et ne parlons pas de celui des Aghlabides à Kairouan qui est en passe de devenir un véritable serpent de mer), telle autoroute ou telle ligne de chemin de fer?

Beaucoup (y compris l’auteur de ces lignes) pensent, à juste titre, que dans un an ou deux ou trois, une réunion similaire se tiendra presque dans les mêmes conditions, pour annoncer les mêmes mesures et nous servir les mêmes wishful thinkings et les mêmes effets d’annonces.

C’est comme si nos services publics ne savent plus comment faire les choses ou ont tendance à se noyer dans un verre d’eau, s’ils ne cherchent pas à noyer le poisson, à fuir leur responsabilité, à gagner du temps (et à nous en faire perdre), en attendant de transmettre la patate chaude à leurs successeurs?

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Reprise de l’investissement touristique en Tunisie

Les intentions d’investissement touristique déclarées jusqu’au 10 avril 2025 sont estimées à 750 millions de dinars (MDT), a déclaré le DG de l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), Mohamed Mehdi Haloui, précisant que des investissements qataris devront être réalisés à Tabarka, dans la région du nord-ouest de la Tunisie.

Dans une interview accordée à l’agence Tap, le responsable a annoncé qu’un portefeuille d’une valeur de plus de 550 MDT, a déjà été examiné par l’Instance tunisienne de l’investissement (TIA), ajoutant que pour la fin de l’année 2025, les prévisions tablent sur plus d’un milliard de dinars d’intentions d’investissement, «car nous attendons également d’autres  déclarations d’intentions d’investissement arabes».

Au cours de l’année 2024, les intentions d’investissement locaux et étrangers dans le secteur touristique se sont élevées à plus de 900 MDT, rappelle encore Haloui, estimant que ces intentions d’investissement «revêtent une grande importance car elles montrent le retour  de la confiance des investisseurs  dans le secteur touristique tunisien».

Répondant à une question sur le tourisme alternatif, le responsable a affirmé que les petits investissements dans le tourisme alternatif contribuent à la réalisation d’un développement intégré, en permettant, notamment aux jeunes et aux catégories ayant une faible capacité financière, d’investir dans le secteur touristique.

«Cette année, le tourisme alternatif a enregistré une évolution par rapport à l’année écoulée. Cela est perceptible au niveau de la hausse du nombre des autorisations préalables, en dépit de la faible valeur des investissements», a-t-il fait savoir. 

Des projets des cahiers de charges régissant les hébergements touristiques ont été élaborés. Ils seront transmis aux différents ministères concernés pour consultation avant d’être examinés et adoptés par le gouvernement, a encore précisé le DG de l’ONTT, ajoutant que la révision des cahiers des charges est une nécessité pour alléger les procédures d’ouverture des hébergements touristiques et de permettre aux jeunes, dont les capacités financières sont limitées, de créer leurs propres projets.

Cette révision permettra, également, aux maisons d’hôte non déclarées et qui opèrent  illégalement (dont le nombre s’élève à 2 000), de régulariser leurs situations, a indiqué le responsable, en rappelant, par la même occasion, les avantages accordés aux jeunes promoteurs voulant réaliser des investissements touristiques dans les zones de développement régional (21 gouvernorats exceptés ceux de Nabeul, Monastir et Grand Tunis), lesquels peuvent bénéficier d’une prime de 15% de la valeur d’investissement ou de 30% de la valeur d’investissement, en plus d’autres exonérations fiscales et douanières, ainsi que d’une formation adéquate.

Après une absence en 2022, la Tunisie a figuré, en 2023, dans le rapport  international de l’Organisation mondial du Tourisme (OMT) réalisé par le Financial Times sur les investissements étrangers touristiques, avec 6 projets internationaux d’une valeur totale de 150 MDT.

Tap. 

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Tunisie | Découverte archéologique fortuite à Sbiba  

Des vestiges de sépultures datant de l’Antiquité ont été découverts fortuitement lors du démarrage récemment des travaux de construction d’un hôpital régional à Sbiba, dans le gouvernorat de Kasserine, a annoncé l’Institut national du patrimoine (INP) ce samedi 3 mai sur sa page officielle.

Une équipe de l’INP, relevant de la Division de l’inventaire général et des études, est intervenue pour effectuer une fouille de sauvetage, qui a permis de mettre au jour un nombre important de sépultures, documentées sur les plans topographique, archéologique et photogrammétrique.

Les différents vestiges et ossements découverts ont été transférés dans les dépôts régionaux de l’INP, en attendant le lancement d’études historiques et anthropologiques.

Selon l’INP, ces nécropoles se répartissent en deux ensembles. Le premier est composé de jarres ayant servi autrefois à l’inhumation d’enfants, une méthode funéraire répandue dans les civilisations anciennes. La plus grande nécropole utilisant cette technique en Tunisie, a été découverte à El-Jem au début des années 1980.

Le deuxième ensemble comprend des fosses contenant des ossements et de nombreux indices préliminaires laissent penser à ce stade que ces sépultures remontent à la fin de l’Antiquité.

Cette découverte, ajoute l’INP, est d’une grande importance pour comprendre et étudier l’urbanisme historique de la ville antique de Sufes (l’actuelle Sbiba) à la période de l’Antiquité tardive. Elle vient s’ajouter à d’autres témoignages archéologiques importants sur l’histoire de cette région à cette époque, parmi lesquels le fort byzantin, les thermes romains, une fontaine publique, ainsi que plusieurs inscriptions en latin et en punique. La mission, menée sous la coordination scientifique de Hamden Ben Romdhane, est composée de Nabil Hosni, Taoufik Hamzaoui, Wadhah Messaoudi et Tahar Barhoumi (représentants de l’INP à Kasserine), avec la participation de Najd Chalghoumi (Laboratoire d’anthropologie au Musée de Carthage) et de l’étudiante Abir Daadaa (Université de La Manouba).

Tap.

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«Les ressources de la Tunisie sont importantes et ses richesses ignorées», estime Saïed

Suite à sa visite à Dahmani, avant-hier, où il a constaté l’état de délabrement d’une minoterie qui employait des dizaines de citoyens dans cette petite ville du nord-ouest tunisien, Saïed a appelé à prendre des mesures urgentes pour sauver des établissements négligées à cause des décennies de corruption et de mauvaise gestion.

C’est ce qu’a indiqué le président de la république, en recevant hier, vendredi 2 mai 2024, au Palais de Carthage, la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, Fatma Thabet Chiboub, le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar et le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Ezzeddine Ben Cheikh.

Selon un communiqué de la présidence de la république, le chef de l’État a souligné, encore une fois, la nécessité de passer à la vitesse supérieure et de «rompre avec les méthodes traditionnelles qui consistent à créer des commissions et des sous-commissions dont les travaux restent sans effet ou résultat ou aggravent la situation sur le terrain».

Kaïs Saïed, qui semble prêcher dans le désert, tant ses recommandations tardent à être mises en application par une administration qui avance à pas de tortue, a plaidé pour «la mise en place de nouvelles méthodes de travail basées sur une pensée novatrice, permettant de raccourcir les délais et d’accélérer la mise en œuvre des réformes».

Il a, dans ce contexte, appelé à trouver des solutions urgentes aux établissements qu’il a visités, récemment, notamment la minoterie de Dahmani, l’usine de plastique de Mezzouna, «ainsi que d’autres infrastructures dans les régions longtemps marginalisées à cause de politiques injustes et inéquitables», indique le communiqué.

«Le diagnostic est clair, les causes sont connues, et les solutions doivent être rapides, transparentes et inspirées de la révolution et des attentes du peuple tunisien», a insisté le président, qui s’impatiente de voir ses paroles traduites en actes par un gouvernement qui conjugue mutisme et manque de réactivité.

Saïed a, en outre, indiqué – au cas où on aurait douté de sa maîtrise des sujets qu’il évoque – qu’il suit de près les moindres détails de plusieurs dossiers, et œuvre à mobiliser les financements nécessaires.

«Les ressources de la Tunisie sont importantes et ses richesses ignorées. Les bénéfices qui en sont tirés doivent revenir au peuple, après le démantèlement des réseaux de corruption qui gangrènent plusieurs structures administratives», a-t-il dit, selon le communiqué.

Il reste à espérer que ces «réseaux» soient mis hors d’état de nuire dans les meilleurs délais, car la machine administrative semble encore grippée et le président est le premier à s’en plaindre, sans que l’on sache s’il a vraiment une stratégie pour débloquer la situation. Car depuis le temps qu’il s’en plaint, sans que l’on entende la moindre explication de la part des membres du gouvernement des blocages ainsi constatés, les citoyens commencent à s’impatienter voire à désespérer.

I. B.

  

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De Napoléon à Nasser | La grandeur au-delà des défaites

Il est des voix qui traversent le temps et réveillent les peuples. Le 23 juillet 1952, à la radio du Caire, une voix annonça la fin d’un ordre ancien et le début d’un espoir nouveau. Derrière ce message, il y avait déjà l’âme et la volonté d’un homme appelé à incarner cette révolution : Gamal Abdel Nasser.

Khémaïs Gharbi *

Lorsqu’on entendit : «Redresse ta tête, citoyen arabe, tu es un homme libre dans un pays libre, convoité par les ennemis», ce n’était pas une simple harangue politique. C’était une déflagration dans l’âme de millions d’hommes et de femmes colonisés, humiliés, niés. En un instant, un souffle nouveau parcourut l’Afrique et l’Asie et même au-delà. Le sentiment d’être de nouveau un être digne, un peuple debout, traversa toutes les frontières coloniales.

L’histoire juge, mais n’oublie pas

On peut discuter les erreurs politiques, les échecs stratégiques, les dérives autoritaires du régime. Mais on ne peut balayer d’un revers de main ce que Nasser a donné : la fierté, la conscience et l’élan. Il fut l’un des premiers à hisser haut le drapeau de l’émancipation postcoloniale, à soutenir sans relâche les luttes de libération — de Tunis à Alger, de Léopoldville  à Accra —, à porter au sommet de Bandung, avec Nehru, Tito et Sukarno, la voix des peuples longtemps tenus dans l’asservissement.

Réduire Nasser à la défaite de 1967, c’est méconnaître ce qu’il a incarné pour des millions de colonisés. Il fut, avec d’autres, l’un des fondateurs du mouvement des non-alignés, donnant une voix forte et digne a ce qu’on appelle aujourd’hui le Sud global. Il soutint concrètement les luttes de libération en Afrique, notamment en Algérie, en Tunisie, au Congo. Il osa nationaliser le canal de Suez, défiant les puissances coloniales et restaurant la fierté arabe. Bien sûr, son régime eut ses zones d’ombre, et ses rêves d’unité arabe échouèrent. Mais il reste une figure majeure de l’émancipation du XXe siècle. L’histoire se doit d’être équilibrée : elle juge, mais elle n’oublie pas.

La nationalisation du canal de Suez, en 1956, fut un acte de souveraineté inouï. Il défia les empires déclinants, fit vaciller les certitudes de l’Occident impérial. C’est cela aussi, Nasser : la rupture avec la résignation, le refus de l’humiliation, la construction d’un avenir arabe autonome.

Or voilà que certains aujourd’hui, en toute légèreté, ne retiennent que la défaite militaire. Ils oublient, ou feignent d’oublier, que l’histoire des peuples ne se résume pas à une bataille perdue, mais à ce qu’elle inspire de durable : une conscience collective, une mémoire partagée, une fierté rendue. S’attaquer à la mémoire de Nasser, précisément maintenant, à l’heure où l’idéal panarabe est si fragilisé, c’est comme vouloir donner le coup de grâce à ce qui nous reste de lien, d’horizon, de souffle commun.

Non, ce n’est pas de la nostalgie. C’est de la mémoire juste. C’est le refus de l’ingratitude et de l’amnésie. Et c’est surtout un hommage à ce moment rare dans l’histoire où une voix arabe, forte et claire, nous a dit : redresse-toi, tu es libre. Cette phrase, pour ceux qui l’ont entendue, n’a pas de prix.

Des hommes que l’Histoire ne quitte jamais

Quant à moi, je n’oublierai jamais ce mercredi 23 juillet 1952. J’avais huit ans. Cet après-midi-là, en rentrant de l’école, nous étions nombreux à avoir redressé la tête — pour de bon. Pour la première fois, nous nous sommes sentis pleinement chez nous, dans notre pays, pourtant encore sous occupation française… mais plus pour longtemps.

Il est des hommes que l’Histoire ne quitte jamais. Leur grandeur ne réside pas seulement dans les victoires militaires ou les accomplissements tangibles, mais dans ce qu’ils ont fait naître dans le cœur des peuples. La France continue d’honorer Napoléon, malgré ses défaites, parce qu’il a incarné une ambition, un souffle, une époque. De même, pour le monde arabe, Gamal Abdel Nasser reste cette figure immense, inoubliable, dont la parole et le geste ont éveillé une dignité trop longtemps niée. Ce n’est pas l’homme parfait que les peuples retiennent, mais celui qui a su incarner leur espoir, leur lutte, leur rêve d’émancipation. Et c’est ainsi que les géants deviennent immortels.

* Traducteur et écrivain.

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Beit Al-Hikma | Nabil Kallala aux sources de l’histoire antique de Ruspina-Monastir

L’Académie tunisienne des sciences, des arts et des lettres (Beut Al-Hikma) organise une présentation du livre ‘‘Ruspina-Monastir romaine et tardo-antique. Une histoire nouvelle’’ du Pr Nabil Kallala, le lundi 5 mai 2025, au 11 heures, au siège de l’Académie, à Carthage Hannibal.

La présentation de l’ouvrage sera assurée par les Pr Ezzeddine Beschaouch  et Lamia Ben Abid et la modération de la séance par par le Pr Abdelhamid Henia.  

‘‘Ruspina-Monastir romaine et tardo-antique. Une histoire nouvelle’’ est le second livre de l’auteur sur cette ville antique après ‘‘Ruspina libyco-punique. Histoire, archéologie, patrimoine’’, sorti en 2021. Il retrace l’histoire de cette ville au cours de cette longue période, s’étalant de 146 av. J.-C. à 698 ap. J.-C, date symbolique de la chute de Carthage, couvrant donc la période républicaine romaine, impériale, vandale et byzantine.

«J’ai essayé de montrer dans ce livre que Ruspina aurait obtenu le statut de ville libre au lendemain de la victoire de Rome sur Carthage, lors de la troisième guerre punique, pour la récompenser de son alliance contre Carthage. Ce statut lui aurait permis de se développer tout au long de la République romaine, expliquant en partie qu’elle se soit alliée à César, en 46 av. J.-C. lors de la guerre civile qui l’a opposée à Pompée, en Afrique», écrit Nabil Kallala. Il ajoute : «La victoire du premier lui a assuré les conditions favorables de sa prospérité socio-économique qui lui aurait permis, selon mon hypothèse, d’accéder possiblement au statut de municipe, probablement sous l’empereur Trajan, à l’instar des deux villes voisines Hadrumetum [actuelle Sousse] et Lepti Minus [actuelle Lamta]. Elle a participé en 238 à la révolte de Thysdrus, qui a conduit à la destitution de l’empereur Maximin et son remplacement par Grodien, le proconsul d’Afrique.»

Cependant, explique l’auteur, cette révolte a été éphémère et s’est soldée finalement par un échec qui a eu des conséquences désastreuses sur la ville, dont la fin aurait été marquée par deux tremblements de terre, un, peut-être en 306-310, et un autre dévastateur, en 365, qui l’aurait détruite en grande partie. «Les rescapés seraient allés s’installer, à Skanès, 5 km plus loin de Ruspina (Hr Tennir) dans des exploitations agricoles, ne dépassant guère le cadre d’une bourgade, qui l’a caractérisée tout au long des périodes vandale et byzantine, au cours desquelles Ruspina a périclité, jusqu’à l’arrivée des Arabes, qui vont bâtir la ville de Monastir à sa place, indique encore Nabil Kallala.  

Le livre, qui est une monographie régionale, s’est appuyé sur toutes sortes de sources littéraires et archéologiques, plus particulièrement sur les fouilles des thermes romains de Hr Tennir et d’une nécropole tardo-antique à Skanès, de même que sur des inscriptions épigraphiques inédites, nouvellement découvertes.

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Foire du Livre de Tunis 2025 | Mes quatre coups de cœur

La 39e édition de la Foire du Livre de Tunis (25 avril-4 mai 2025) est l’occasion idéale de découvrir des œuvres qui marquent profondément. Parmi les nombreux livres exposés, il y en a quatre qui m’ont particulièrement touché et que je considère comme mes favoris cette année. Chacun de ces ouvrages, avec sa richesse et sa profondeur, offre une réflexion unique sur l’humain, la société et l’histoire.

Djamal Guettala 

1. « كيف صارت صلّوحة صليحة »

Ce livre, à la croisée de l’histoire et de l’intime, nous plonge dans l’univers de la chanteuse tunisienne Saliha, une icône de la musique. L’auteure explore son destin à travers une narration qui mêle recherche historique et touches personnelles, ce qui permet de découvrir une femme et une époque sous un autre angle. C’est une œuvre émotive qui interpelle sur les luttes et les sacrifices des femmes dans un contexte sociopolitique complexe.

2. « الڨيشي »

Dans ce roman, Rima Alouane transforme un lieu aussi austère et impersonnel qu’une municipalité en un véritable théâtre humain. L’auteure nous emmène à travers des personnages riches en contradictions, en utilisant une écriture à la fois drôle et poignante. Ce livre aborde les défis d’une société tunisienne en pleine transition, où les rencontres et les dialogues, parfois absurdes, révèlent des réalités sociales et politiques complexes et parfois déroutantes.

3. « الخرزة الزرقاء »

Nesrine Meddeb nous livre ici une œuvre profonde sur l’amour et la guerre, deux éléments qui s’entrelacent pour dessiner les contours de l’existence humaine. À travers une écriture subtile et une narration maîtrisée, Meddeb explore les complexités de la Tunisie post-révolutionnaire, tout en proposant une réflexion sur la fragilité de l’être humain et des relations humaines. C’est un livre qui nous pousse à réfléchir sur le monde et sur nous-mêmes.

4. « العظماء يموتون في أفريل »

Ce livre d’Amira Ghenim est un hommage à l’un des plus grands leaders de la Tunisie, Habib Bourguiba. À travers une exploration de ses dernières années d’exil, l’auteure nous offre un portrait nuancé de l’homme, entre le leader historique et l’individu face à la solitude et à la fin de son pouvoir. Ghenim explore avec une grande finesse les contradictions d’un homme qui reste, après sa mort, une figure incontournable de l’histoire tunisienne. C’est une réflexion sur l’héritage, le pouvoir et la mémoire collective. Ces quatre livres sont plus que des lectures : ce sont des fenêtres ouvertes sur des histoires humaines, des réflexions sociales et des dimensions historiques cruciales. À la Foire du Livre de Tunis, je vous recommande vivement ces œuvres qui ne manqueront pas de vous captiver et de vous faire réfléchir. Elles sont, pour moi, des incontournables qui méritent d’être découverts et appréciés.

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Tunisie | Diplomatie, excès et insignifiance

La Tunisie a toujours su éviter le jusqu’au-boutisme des approches radicales fussent-elles fondées sur des arguments moraux. Aujourd’hui, face à ses nombreux défis internes et externes, elle aurait tout intérêt à maintenir sa position traditionnelle de neutralité et même à nourrir une certaine ambiguïté stratégique afin d’éviter de se laisser entraîner dans des conflits dont elle se passerait bien.

Elyes Kasri *

En temps normal, la diplomatie est un métier qui nécessite beaucoup de sang froid et de retenue dans l’analyse, les déclarations et les actions car plus qu’ailleurs tout excès tombe dans l’insignifiance.

Dans un monde aussi volatile que ce XXIe siècle, où les équilibres géostratégiques planétaires sont en pleine mutation vers des schémas incertains, l’obligation de retenue et de sérénité devient vitale car elle risque, en cas de mauvais calcul et de dérapage, de discréditer son auteur et de porter préjudice aux intérêts nationaux.

La Tunisie qui fait face à de nombreux défis internes et externes aurait tout intérêt à maintenir sa position traditionnelle de neutralité et même nourrir une certaine ambiguïté stratégique afin d’éviter de se laisser entraîner dans des différends ou conflits qui ont différentes perceptions, logiques et espaces de soutien international.

Si l’approche morale du conflit israélo-arabe peut avoir jusqu’à une certaine limite une justification, les résultats désastreux du jusqu’au-boutisme et les propos récemment divulgués des leaders égyptien et libyen, Gamal Abdel Nasser et Mouammar Kadhafi, champions du prétendu nationalisme arabe, ont montré l’ambivalence sinon l’hypocrisie de l’approche radicale.

Quant à une quelconque prise de position au sujet de vieux contentieux entre des pays asiatiques notamment le Pakistan, l’Inde ou la Chine, les dessous géopolitiques et les mouvements des plaques tectoniques géostratégiques dictent de ne rater aucune occasion de faire preuve de discrétion et mieux de se taire.

La situation dans laquelle se trouve la Tunisie lui donne le meilleur des alibis pour éviter de s’incruster dans des conflits aux multiples facettes, historiques, géopolitiques, culturelles et confessionnelles. Si chaque histoire a plusieurs versions, les conflits internationaux, à l’exception peut être de la cause palestinienne qui permet quand même à l’autorité palestinienne et d’importants pays arabes une ambivalence indéniable frôlant l’ambiguïté morale, les autres conflits surtout dans la zone Asie-Pacifique, nouveau théâtre de confrontation globale, méritent une approche empreinte de sérénité et de pondération.

* Ancien ambassadeur.

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«Liban, état de survie» | Le destin d’un pays piégé

Dans ‘‘Liban, état de survie’’, à paraître le 5 mai 2025 aux éditions Max Milo, en France, Fouad Khoury Helou livre une analyse implacable d’un État en décomposition, pris au piège d’une histoire coloniale inachevée, d’une géopolitique régionale vorace, et d’une classe dirigeante incapable – ou complice – du naufrage.

Djamal Guettala

Depuis le XIXᵉ siècle, le Liban vit sous influences. Ottomans, Français, Syriens, Israéliens, Iraniens, Américains… tous ont joué, souvent contre les intérêts du peuple libanais, sur l’échiquier confessionnel du pays. La diversité culturelle et religieuse aurait pu être sa force, mais elle a été méthodiquement instrumentalisée pour empêcher l’émergence d’un État-nation souverain, stable et moderne.

Khoury Helou retrace ce siècle d’interventions et d’aliénation avec une précision historique affûtée, mais c’est l’époque contemporaine qui donne au livre sa force de frappe. Depuis 2019, le Liban s’est effondré : sa monnaie a perdu plus de 90% de sa valeur, les banques ont confisqué les économies des citoyens, les services publics sont à l’agonie, et les élites fuient un pays devenu invivable. L’explosion du port de Beyrouth en 2020 a marqué le point de rupture, révélant au monde l’ampleur de la corruption et de l’impunité.

À cette crise structurelle s’est ajoutée la présence massive de réfugiés syriens – près de la moitié de la population locale –, exacerbant les tensions sociales dans un pays déjà au bord du gouffre. Puis est venue la guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, ravageant une fois encore le Sud du pays et menaçant la cohésion nationale.

Loin d’un essai universitaire ou d’un pamphlet à charge, ‘‘Liban, état de survie’’ est un cri lucide, porté par une écriture alerte, presque désespérée. Khoury Helou interroge sans détour : le Liban peut-il encore être sauvé ? Ou faut-il acter la fin d’un modèle, pour en inventer un autre ?

L’auteur, déjà reconnu pour ‘‘L’Amérique et le Moyen-Orient’’ (2015), ‘‘Mondialisation, la mort d’une utopie’’ (2017) et ‘‘L’Effondrement du monde arabo-islamique’’ (2018), signe ici un ouvrage essentiel pour qui veut comprendre pourquoi le Liban agonise… et pourquoi cela concerne-t-il toute la région.

Fouad Khoury Helou est directeur de L’Orient-Le Jour et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les dynamiques politiques et géopolitiques de la région.

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Bientôt, «une véritable croissance dans toutes les régions» annonce Kaïs Saïed

Le 1er mai, jour de célébration de la fête internationale du travail, Kaïs Saïed a déclaré que les lois doivent répondre aux attentes des Tunisiens et être en phase avec leurs revendications légitimes en matière d’emploi et de dignité, tout en réitérant son attachement à ce qu’il appelle «l’égalité salariale».

Le président de la république, qui s’exprimait au cours d’une réunion, au Palais de Carthage, avec la cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzeri, le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar et le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Riadh Chaoued, a ensuite soulevé les difficultés rencontrées par les «sociétés communautaires», dont il veut faire l’alpha et l’oméga de son modèle économique participatif, et qui, deux ans après leur lancement à cor et à cri, ont encore du mal à tenir leur promesse. «Ces difficultés sont parfois provoquées par de faux promoteurs proches de l’ancien régime dans le but de saboter pareilles initiatives», a déclaré Saïed.

«Les Tunisiens sont aujourd’hui plus que déterminés à créer une nouvelle histoire et à barrer la route devant les tentatives des poches rétrogrades de semeurs de discorde, de conflits et de divisions», a martelé le chef de l’Etat, qui aime expliquer tout ce qui ne marche pas dans le pays par des complots ourdis par les personnes tapies dans l’ombre et qui cherchent à empêcher la réussite de son projet politique, initié par la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021.

«Des efforts sont en cours pour trouver les financements nécessaires [à ces entreprises] afin de réaliser une véritable croissance dans toutes les régions du pays», a cependant tenu à assurer le chef de l’Etat, sans préciser où ces financements vont-ils être trouvés, sachant que lesdites «sociétés communautaires» bénéficient déjà de nombreux avantages et privilèges, et pas seulement fiscaux, et que cela ne semble pas avoir eu d’impact sur leur réussite escomptée.

Jusqu’à quand l’Etat, qui s’endette non pour relancer l’investissement mais pour financer son train-train quotidien, va-t-il continuer à maintenir ces entreprises sous perfusion au frais des contribuables? N’est-il pas temps de faire le bilan de cette initiative et de prendre les mesures raisonnables qui s’imposent? Si une chose ne marche pas ou s’avère très couteuse et peu rentable, ne serait-il pas plus judicieux de l’abandonner et de passer à autre chose?

I. B. (avec Tap).

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Kaïs Saïed fête «son» 1er mai loin de Tunis    

A chaque fois que les critiques s’intensifient, à l’intérieur et à l’extérieur, contre son régime, Kaïs Saïed effectue une visite dans un quartier populaire ou dans une ville de l’intérieur pour s’offrir un bain de foule censé prouver que sa popularité auprès des Tunisiens reste intacte, malgré un bilan socio-économique somme toute très faible. Vidéo.

Hier, jeudi 1er mai 2025, jour de célébration e la fête du travail, après que les mouvements d’opposition ont manifesté à Tunis contre ce qu’ils appellent la «dérive autoritaire» du régime et appelé à l’indépendance  de la justice et au respect des droits et des libertés, le président de la république s’est rendu, dans la soirée, à Dahmani, dans le gouvernorat du Kef, où il a visité une très ancienne minoterie basée dans la région, créée en 1912, et s’est offert, par la même occasion, un bain de foule censé prouver qu’il tire sa popularité du pays profond, et qu’il peut se passer du soutien des élites de Tunis qu’il ne tient pas en haute estime, c’est un euphémisme.

Le chef de l’Etat a constaté de visu l’état de délabrement des lieux dans lequel se trouve, depuis plusieurs années, la minoterie dont la superficie est d’environ 9 000 mètres carrés, lit-on dans un communiqué de la présidence de la république. Cette minoterie représentait l’une des principales sources d’emploi avec un effectif d’environ cent cinquante employés, ajoute le communiqué.

Le chef de l’Etat n’a pas apporté de solution susceptible d’être mise en œuvre rapidement, comme on aurait pu s’y attendre. Il s’est contenté de «souligner la nécessité de trouver des solutions efficaces afin que la minoterie reprenne du service». La balle est donc dans le camp des autorités locales, régionales et nationales, qui doivent donner suite à cette visite et veiller à ce que les promesses présidentielles ne restent pas lettre morte.   

Le président de la république est allé à la rencontre des habitants pour écouter leurs doléances et préoccupations, affirmant que des projets de lois répondant à leurs attentes sont en cours de finalisation dans plusieurs domaines. La détermination, le sens de l’engagement et la recherche de nouvelles solutions sont autant d’éléments capables de répondre aux attentes des Tunisiens, a-t-il soutenu. Et d’ajouter que la Tunisie regorge de richesses, de compétences, et de patriotes sincères, capables de créer de la richesse et d’en assurer une répartition équitable.

Il reste cependant à passer des textes de lois aux réalisations matérielles sur le terrain, et des paroles aux actes. Et c’est là où souvent le bât blesse, car les attentes populaires sont beaucoup plus grandes que les moyens dont dispose un Etat qui continue de s’endetter sans vraiment créer des richesses susceptibles d’être distribuées  équitablement entre les différentes catégories sociales.  

I.B.

Vidéo.

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Palmarès de la Foire internationale du livre de Tunis 2025

Les œuvres littéraires et intellectuelles primées par la 39e édition de la Foire internationale du livre de Tunis (25 avril au 4 mai 2025) a été dévoilé, mercredi 30 avril au cours d’une cérémonie organisée au siège de la Foire au parc des expositions du Kram à Tunis. (Ph. Maher Abderrahmane recevant son prix des mains de Amina Srarfi).

La cérémonie a eu lieu en présence de la ministre des Affaires culturelles, Amina Srarfi.

Des hommages ont été rendus à cette occasion à l’écrivain portugais José Saramago, prix Nobel de Littérature 1998 (à titre posthime), à l’écrivaine, poétesse et traductrice algérienne Souad Labbize, au compositeur Mohamed Garfi, à l’écrivaine Emna Belhaj Yahia, au poète et traducteur Mohamed Khaldi et aux écrivains Ibrahim Darghouthi, Mohamed Messaoud Idriss, Mohamed Salah Rassaa, Abdelkader Haj Nacer et Hassanine Ben Ammou.

Les œuvres primées ont été sélectionnés par des jurys composés de professionnels du livre et de l’édition, critiques, créateurs et universitaires tunisiens. Les neuf prix attribués sont dotés de 15  000 dinars chacune.

Des éditeurs ont été également primés dans les catégories ‘Edition’ et ‘Edition spéciale pour enfants et jeunes’ dotés de 10 000 dinars chacune.

Toutes les œuvres primées sont en langue arabe.

Emna Belhaj Yahia et Souad Labbize.

Liste des œuvres et des éditeurs primés :

Prix Béchir Khraief pour le roman:

‘‘Les fantômes de la Skifa” de Maher Abderrahmane (Meskeliani Editions, 2024).

Prix Ali Douagi pour la nouvelle :

‘‘Le musée du conte perdu” de Mohamed Ftoumi (Editions Abjadiat, 2025).

Prix Mustapha Khraief de la poésie :

‘‘La porte invisible” de Saif Ali (Editions Abajadiat 2025).

Prix Sadok Mazigh de traduction de et vers l’arabe :

‘‘Introduction dans la linguistique générale” de Sadok Achour (Institut de traduction de Tunis, 2024).

Prix Tahar Haddad des études en littérature et sciences humaines (ex aequo):

‘‘De la rhétorique tunisienne” de Salah Ben Romadhane (Editions Maison de la Méditerranée, 2024).
‘‘La photo en photographie” de Hedi Khelil (Editions dar Khraief, 2024).

Prix Fatma Haddad des études philosophiques :
‘‘Dans la philosophie politique” d’Abdelaziz Ayadi (Editions Aladin, 2024).

Prix Abdelkader Ben Cheikh de l’édition spéciale pour les enfants et les  jeunes :

Amina Editions.

Prix Nourredine Ben Khedher de l’édition :

Contraste Editions.

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1er mai | Marches de protestation à Tunis   

Des manifestations ont eu lieu ce matin, jeudi 1er mai 2025, à l’occasion de la fête du travail, au centre-ville de Tunis, pour dénoncer «la dérive autoritaire du régime de Kaïs Saïed» et «le recul des libertés publiques» en Tunisie.    

Une première marche de protestation a été organisée contre l’arrestation de l’avocat et ancien magistrat Ahmed Souab. Elle a pris le départ devant le siège du Tribunal administratif, à la rue de Rome, pour rejoindre le siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), à la place Mohamed Ali, au centre-ville de Tunis.

Cette marche a été organisée à la demande d’Ahmed Souab, depuis la prison de Mornaguia, et qui a tenu à ce qu’elle prenne le départ devant le Tribunal administratif, où il avait fait l’essentiel de sa carrière, avant de rejoindre ensuite le siège de l’UGTT, dont il fut aussi conseiller juridique.

La marche a ensuite rejoint l’avenue Habib Bourguiba, où d’autres marches de protestation étaient organisées par plusieurs sensibilités politiques libérales et de gauche pour protester contre la dérive autoritaire du régime de Kaïs Saïed et appeler à l’indépendance de la justice et au respect des droits et des libertés.

Par ailleurs, et toujours à l’occasion du 1er mai, le porte-parole de l’UGTT, Sami Tahri, a déclaré que le message de la centrale syndicale exprimé dans le discours de son secrétaire général, Noureddine Taboubi, portait essentiellement sur le respect des libertés, aujourd’hui menacées, selon ses termes.

Sami Tahri a aussi réaffirmé l’unité et l’indépendance de l’UGTT, dénonçant les appels lancés hors des structures syndicales en vue de dissoudre la direction actuelle. «Ces appels n’ont aucun poids pour nous. Certains de leurs auteurs sont d’anciens syndicalistes, mais ils ne représentent plus l’organisation. Il est inacceptable de vouloir remplacer la direction légitime de cette manière», a-t-il martelé.

Le porte-parole de l’UGTT s’est néanmoins dit ouvert au dialogue, y compris avec les voix critiques, à condition que cela se fasse dans le cadre de l’organisation syndicale : «Nous refusons les appels suspects ou formulés en dehors des voies légitimes», a-t-il martelé

Exprimant une vive inquiétude face au recul des libertés, et notamment des droits syndicaux, Tahri a déclaré ; «Au lieu de restreindre les libertés, il faudrait ouvrir un dialogue national inclusif sur les grands enjeux du pays, un dialogue auquel toutes les composantes de la société — organisations, associations, partis, citoyens — devraient participer.» D’autant plus quele pays traverse une grave crise économique et qu’il a besoin d’unité et de solidarité entre toutes les familles politiques nationales pour en sortir.

I. B.

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