De Dougga, au nord-ouest, Ă El-Jem, au centre du pays, la saison estivale 2025 en Tunisie sâannonce riche en musique, portĂ©e par deux des plus grands festivals internationaux organisĂ©s au cĆur de sites archĂ©ologiques emblĂ©matiques classĂ©s au patrimoine mondial de lâUNESCO.
Pour la premiĂšre fois dans lâhistoire de ces festivals, parrainĂ©s par le mĂȘme mĂ©cĂšne et soutenus par le ministĂšre des Affaires culturelles, les organisateurs ont dĂ©voilĂ© les grandes lignes de leurs programmations respectives lors dâune confĂ©rence de presse conjointe organisĂ©e, mardi 10 juin, dans un hĂŽtel situĂ© aux Berges du Lac, Ă Tunis. Le programme complet des deux festivals avait Ă©tĂ© publiĂ© au prĂ©alable par lâagence TAP.
Ă lâoccasion de cette prĂ©sentation commune, les organisateurs ont mis en avant les lignes directrices de leurs manifestations culturelles, rappelant que ces deux festivals ont des vocations totalement diffĂ©rentes : lâun est dĂ©diĂ© Ă la musique symphonique, tandis que lâautre accueille des artistes issus de divers horizons.
Ces deux Ă©vĂ©nements ont en commun leur capacitĂ© Ă rassembler, chaque Ă©tĂ©, un public fidĂšle et mĂ©lomane. La beautĂ© des sites qui les accueillent constitue un attrait supplĂ©mentaire, incitant de nombreux spectateurs Ă faire le dĂ©placement, notamment depuis la capitale et les villes touristiques avoisinantes. Le site archĂ©ologique de Dougga, situĂ© dans le gouvernorat de BĂ©ja, au nord-ouest, se trouve Ă environ 110 km de Tunis. Quant Ă lâamphithéùtre dâEl Jem, situĂ© dans le gouvernorat de Mahdia, au centre du pays, il se trouve Ă prĂšs de 215 km de la capitale.
- Dougga future plateforme pour artistes émergents :
Sous le signe de la diversitĂ© des expressions artistiques, le Festival de Dougga ouvre le bal des festivals dâĂ©tĂ© avec huit soirĂ©es, dont quatre tunisiennes, animĂ©es par des artistes venus du monde arabe et dâEurope.
Prévue du 28 juin au 8 juillet, la 49ᔠédition du festival se tiendra comme chaque année au théùtre antique de Dougga, situé dans le gouvernorat de Béja.
Ă lâaffiche : des chanteurs et musiciens venus dâĂgypte, du Liban, du Royaume-Uni, dâAutriche, dâEspagne et Tunisie.
Le Festival de Dougga ambitionne de devenir une vĂ©ritable plateforme dĂ©diĂ©e aux artistes Ă©mergents, tunisiens et Ă©trangers. Cette nouvelle orientation sera mise en Ćuvre dĂšs lâĂ©dition de cet Ă©tĂ©, a annoncĂ© Mokhtar Belatek, directeur du festival. OrganisĂ© sur lâun des sites les plus emblĂ©matiques du Nord-Ouest tunisien, lâĂ©vĂ©nement attire chaque annĂ©e un large public, notamment en provenance de la capitale.
Cette Ă©dition sera couronnĂ©e par un travail documentaire, en cours de rĂ©alisation par la chercheuse Amina Oueslati, sur lâhistoire du festival dont la crĂ©ation remonte Ă la pĂ©riode coloniale. Selon le rĂ©cit et les documents dâarchives conservĂ©s par certains habitants de Dougga, tels que les billets de concert et les photos, le festival serait probablement créé en 1920, a-t-on indiquĂ©.
« Avant lâannexion romaine de la Numidie, la ville de Dougga anciennement Thugga, construite sur une colline surplombant une plaine fertile, a Ă©tĂ© la capitale dâun Ătat libyco-punique. Elle a prospĂ©rĂ© sous la domination romaine et byzantine mais a dĂ©clinĂ© au cours de la pĂ©riode islamique. Les ruines visibles aujourdâhui tĂ©moignent de maniĂšre imposante des ressources dâune petite ville romaine aux frontiĂšres de lâEmpire », peut-on lire dans la description du site inscrit au patrimoine mondial de lâUnesco depuis 1997.
Le site archĂ©ologique couvre une superficie dâenviron 75 hectares. Ces vestiges, reprĂ©sentant une citĂ© entiĂšre avec toutes ses composantes, tĂ©moignent de plus de 17 siĂšcles dâhistoire. Ils constituent un ensemble exceptionnel illustrant la synthĂšse de plusieurs cultures : numide, punique, hellĂ©nistique et romaine.
Les monuments romains furent intĂ©grĂ©s au tissu urbain, qui resta fondamentalement numide. En dĂ©pit de son importance relative dans la structure administrative de la province romaine dâAfrica, Dougga possĂšde un ensemble remarquable dâĂ©difices publics, datant pour la plupart des IIe et IIIe siĂšcles aprĂšs J.-C. Dougga est considĂ©rĂ©e comme la ville africo-romaine la mieux conservĂ©e de toute lâAfrique du Nord. En tant que telle, elle illustre de maniĂšre exceptionnelle ce quâĂ©tait la vie quotidienne dans lâAntiquitĂ©.
Le site de Dougga constitue un exemple exceptionnel permettant dâillustrer au mieux la naissance dâune citĂ© autochtone, son dĂ©veloppement et son histoire Ă partir du second millĂ©naire avant J.-C. Le site conserve dans son intĂ©gralitĂ© les vestiges dâune citĂ© antique avec toutes ses composantes, et offre le meilleur exemple connu de lâorganisation dâune ville de fondation autochtone ainsi que de lâadaptation de son urbanisme au modĂšle romain.
Le site archĂ©ologique de Dougga conserve, Ă lâintĂ©rieur de ses limites, les vestiges de diffĂ©rentes Ă©poques de la citĂ© antique avec toutes ses composantes : le centre monumental (capitole, forum, marchĂ©, place de la rose des ventsâŠ), les Ă©difices de spectacles (théùtre, cirque) et les thermes publics reflĂštent clairement la maniĂšre dont une fondation autochtone a Ă©voluĂ© durant la pĂ©riode romaine.
Onze soirĂ©es et autant de concerts interprĂ©tĂ©s par des orchestres et des artistes reprĂ©sentant lâAlgĂ©rie, lâItalie, lâEspagne, la Belgique, le Canada, lâAutriche et la Tunisie sont au programme du prestigieux Festival international de musique symphonique Les Nocturnes dâEl Jem, qui se dĂ©roulera du 12 juillet au 16 aoĂ»t au ColisĂ©e dâEl Jem.
Depuis sa premiĂšre Ă©dition en 1986, le Festival international de musique symphonique dâEl Jem sâest imposĂ© comme un Ă©vĂ©nement culturel de renommĂ©e internationale, attirant de nombreux mĂ©lomanes vers Thysdrus, lâantique El Jem. Cette ville millĂ©naire est cĂ©lĂšbre pour son prestigieux théùtre romain, surnommĂ© « le petit ColisĂ©e », classĂ© au patrimoine mondial de lâUNESCO depuis 1979.
Mabrouk Layouni, directeur artistique du Festival international de musique symphonique dâEl Jem, a annoncĂ© une programmation mĂȘlant de grands classiques du rĂ©pertoire Ă travers des spectacles inscrits dans le cadre de la diplomatie culturelle.
LâItalie sera Ă lâhonneur lors de lâouverture du festival dâEl Jem, qui accueillera le cĂ©lĂšbre Orchestre de chambre florentin avec la participation de 32 musiciens dans « Les lĂ©gendes italiennes da camera â Italy under the stars : Morricone, Puccini, Rota⊠»
La soirĂ©e de clĂŽture Ă lâamphithéùtre romain dâEl Jem mettra Ă lâhonneur les relations diplomatiques entre la Tunisie et lâAutriche Ă travers un concert de lâartiste autrichien pluridisciplinaire, le violoniste Yury Revich, qui se produira avec lâOrchestre symphonique tunisien sous la direction du maestro Shady Garfi.
Le directeur artistique du festival a annoncé un spectacle célébrant la diplomatie séculaire entre les deux pays, entamée il y a trois siÚcles.
Le traditionnel concert de lâOrchestre du Bal de lâOpĂ©ra de Vienne sera de retour pour la 27á” fois dans lâhistoire du festival dâEl Jem avec Les plus belles valses de Vienne. Sous la baguette du chef dâorchestre hongrois Laszlo Gyuker, lâorchestre autrichien interprĂ©tera les plus belles valses de Vienne, accompagnĂ© par la soprano Verena Tranker et le tĂ©nor Clemens Kerschbaumer.
Cette annĂ©e, le festival accueille notamment la participation dâun orchestre venu du Canada, Oriental Heritage Choir (« la chorale de lâhĂ©ritage oriental »).
Construit au IIIá” siĂšcle, le ColisĂ©e dâEl Jem, lâancienne Thysdrus, est le deuxiĂšme plus grand amphithéùtre hĂ©ritage de lâEmpire romain en Afrique du Nord, aprĂšs le ColisĂ©e de Rome.
La ville dâEl Jem abrite les ruines impressionnantes du plus grand amphithéùtre dâAfrique du Nord, un immense Ă©difice pouvant accueillir jusquâĂ 35 000 spectateurs.
Le monument dâEl Jem est lâun des exemples les plus accomplis du type architectural romain des amphithéùtres, presque au mĂȘme titre que le ColisĂ©e de Rome. Il a conservĂ©, sans altĂ©ration, la plupart de ses composantes architecturales et structurelles.
Cet amphithéùtre, construit entiĂšrement en pierre de taille, nâest ni creusĂ© dans le sol ni adossĂ© Ă une colline. Il suit en cela le modĂšle du ColisĂ©e de Rome, sans toutefois en ĂȘtre une simple rĂ©plique.
Sa façade comporte trois Ă©tages dâarcades de style corinthien ou composite. Ă lâintĂ©rieur, le monument a conservĂ© la majeure partie de lâinfrastructure supportant les gradins. Le mur du podium, lâarĂšne et les souterrains sont pratiquement intacts.
Cette Ćuvre architecturale et artistique, Ă©rigĂ©e vers 238 apr. J.-C., constitue un jalon important pour la comprĂ©hension de lâhistoire de lâAfrique romaine.
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