De Dougga au Nord-Ouest à el-Jem au Centre, la saison estivale de l’année 2025 en Tunisie s’annonce riche en musique dans le cadre de deux des plus importants festivals internationaux organisés au cœur de sites archéologiques majeurs classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
Pour la première fois dans l’histoire des ces festivals, parrainés par le même mécène, et soutenus par par le ministère des Affaires Culturelles-, les organisateurs ont annoncé les couleurs de leurs programmations respectives au cours d’une conférence de presse conjointe organisée, mardi, dans un hôtel des Berges du Lac à Tunis. Le programme complet des deux festivals a été auparavant publié par l’agence TAP.
Pour ce rendez-vous conjoint, les organisateurs ont affiché la politique adoptée par leurs festivals qui rappelons le sont de vocation totalement différentes, l’un dédié à la musique symphonique et l’autre présente des artiste de divers horizons.
Les deux festivals ont la particularité de drainer chaque été des mélomanes fidèles et avertis. La beauté des sites abritant ces festivals encouragent le public à faire le déplacement, notamment en partance de la Capitale et des villes touristiques voisines. Le site de Dougga au gouvernorat de Béja, au Nord Ouest, est situé à 11 km de Tunis. Le site d’El Jem, au gouvernorat de Mahdia, au Centre, est à près de 215 km de la Capitale.
Dougga future plateforme pour artistes émergents
Sous le signe de diversité des expressions artistiques, huit soirées dont quatre Tunisiennes, animées par des artistes arabes et européens sont au programme de Dougga qui ouvrira le bal des festivals d’été. Prévu dans sa 49ème Edition, du 28 juin au 8 juillet, le festival de Dougga qu’abrite chaque année, le théâtre antique de Dougga, au gouvernorat de Béja, accueillera des chanteurs d’Egypte, du Liban, du Royaume Uni, d’Autriche, d’Espagne et de Tunisie.
Le Festival de Dougga ambitionne de devenir une plateforme pour les artistes émergents, tunisiens et étrangers. Cette politique sera mise en oeuvre à partir de l’édition de cet été, a annoncé Mokhtar Belatek, directeur du festival organisé dans l’un des sites les plus emblématique du Nord-Ouest qui draine annuellement un grand nombre de spectateurs, notamment de la Capitale.
Cette édition sera couronnée par un travail documentaire, en cours de réalisation par la chercheuse Amina Oueslati, sur l’histoire du festival dont la création remonte à la période coloniale. Selon le récit et les documents d’archives conservés par certains habitants de Dougga, tels que les billets de concert et les photos, le festival serait probablement créé en 1920, a-t-on indiqué.
« Avant l’annexion romaine de la Numidie, la ville de Dougga anciennement Thugga, construite sur une colline surplombant une plaine fertile, a été la capitale d’un État libyco-punique. Elle a prospéré sous la domination romaine et byzantine mais a décliné au cours de la période islamique. Les ruines visibles aujourd’hui témoignent de manière imposante des ressources d’une petite ville romaine aux frontières de l’Empire », peut-on lire dans la description du site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997.
Le site archéologique couvre une superficie d’environ 75 ha. Ces vestiges d’une cité entière avec toutes ses composantes témoignent de plus de 17 siècles d’histoire. Ils constituent un ensemble exceptionnel qui illustre la synthèse entre différentes cultures : numide, punique, hellénistique et romaine.
Les monuments romains furent intégrés au tissu urbain qui resta fondamentalement numide. En dépit de son importance relative dans la structure administrative de la province romaine d’Africa, Dougga possède un ensemble remarquable d’édifices publics, datant pour la plupart des IIe et IIIe siècles après J.-C. Dougga est considérée comme la ville africo-romaine la mieux conservée de toute l’Afrique du Nord. En tant que telle, elle illustre de manière exceptionnelle ce qu’était la vie quotidienne dans l’Antiquité.
Le site de Dougga est un exemple exceptionnel permettant d’illustrer au mieux la naissance d’une cité autochtone, son développement et son histoire à partir du second millénaire avant J.-C. Le site conserve dans son intégralité les vestiges d’une cité antique avec toutes ses composantes et offre le meilleur exemple connu de l’organisation d’une ville de fondation autochtone et de l’adaptation de son urbanisme au modèle romain.
Le site archéologique de Dougga conserve, à l’intérieur de sa délimitation, les vestiges de différentes époques de la cité antique avec toutes ses composantes : le centre monumental (capitole, forum, marché, place de la rose des vents…), les édifices de spectacles (théâtre, cirque) et les thermes publics reflètent clairement la façon dont une fondation autochtone a évolué durant la période romaine.
La diplomatie culturelle au cœur du Festival d’el Jem
Onze soirées et 11 concerts interprétés par des orchestres et des artistes représentant l’Algérie, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Canada et l’Autriche et la Tunisie, sont au menu du prestigieux Festival international de musique symphonique “Les Nocturnes d’El Jem” qui se déroulera du 12 juillet au 16 août au Colisée d’El Jem.
Depuis sa première édition en 1986, le Festival International de Musique symphonique d’El Jem s’impose en tant qu’événement culturel de dimension internationale qui draine de nombreux mélomanes vers Thysdrus, l’antique Eljem ville millénaire et son prestigieux théâtre romain “Le petit colisée”, classé patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979.
Mabrouk Layouni, directeur artistique du Fesitval international de musique symphonique d’el Jem, a annoncé une programmation mêlant des grands classiques du répertoire à travers des spectacles qui s’inscrivent dans le cadre de la diplomatie culturelle.
L’Italie sera à l’honneur à l’ouverture du festival d’El-Jem qui acceuillera le célèbre Orchestre de chambre Florentine avec la participation de 32 musiciens dans “Les légendes italiennes da camera–Italy under the stars : Morricone, Puccini, Rota …”
La soirée de clôture à l’amphithéâtre romain d’El Jem mettra à l’honneur les relations diplomatiques entre la Tunisie et l’Autriche avec travers un concert de l’artiste autrichien pluridisciplinaire, le violoniste Yury Revich, qui se produira avec l’Orchestre Symphonique Tunisien sous la houlette de maestro Shady Garfi.
Le directeur artistique du festival a annoncé un spectacle qui célèbre la diplomatie séculaire entre les deux pays entamée il y a trois siècles.
Le traditionnel concert de l’Orchestre du Bal de l’Opéra de Vienne sera de retour pour la 27ème fois dans l’histoire du festival d’El Jem avec “Les plus belles valses de Vienne”. Sous la baguette du chef d’orchestre hongrois Laszlo Gyuker, l’orchestre autrichien proposera les plus belles valses de Vienne avec la soprano Verena Tranker, et le ténor Clemens Kerschbaumer.
Cette année, le festival enregistre notamment la participation d’un Orchestre venu du Canada, “la chorale de l’héritage oriental” avec “Oriental Heritage Choir”.
Construit au IIIe siècle, le Colisée d’El Jem, l’ancienne Thysdrus, est le second plus grand amphithéâtre, héritage de l’Empire romain en Afrique du Nord, après le Collossium de Rome.
La ville d’El Jem abrite les ruines impressionnantes du plus grand colisée d’Afrique du Nord, immense amphithéâtre où pouvaient prendre place 35 000 spectateurs.
Le monument d’El Jem est un des exemples les plus accomplis du type architectural romain de l’amphithéâtre, presqu’au même titre que le Colisée de Rome. Le monument a conservé, sans altérations, la plupart de ses composantes architecturales et architectoniques.
Cet amphithéâtre, construit entièrement en pierre de taille, n’est ni creusé ni adossé à une colline. Il reprend en cela le modèle du Colisée de Rome sans toutefois être une simple copie conforme de l’édifice flavien.
Sa façade comporte trois étages d’arcades de style corinthien ou composite. À l’intérieur, le monument a conservé la majeure partie de l’infrastructure de support des gradins. Le mur du podium, l’arène et les souterrains sont pratiquement intacts.
Cette œuvre architecturale et artistique érigée vers 238 apr. J.-C. constitue un jalon important pour la compréhension de l’histoire de l’Afrique romaine.
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