Pollution plastique et faillites en série : la double peine du recyclage
Le recyclage des matières plastiques est un enjeu crucial pour la préservation de l’environnement et la lutte contre la pollution. En transformant les déchets plastiques en nouvelles ressources, il permet de réduire la consommation de matières premières limitées et polluantes, comme le pétrole, et diminue considérablement les émissions de gaz à effet de serre. C’est dans ce contexte que la Chambre nationale du recyclage des matières plastiques a tenu une conférence de presse ce mardi 29 avril au siège de l’Utica pour mettre en lumière la crise aiguë que traverse le secteur. Une crise qui menace désormais de provoquer la faillite de nombreuses entreprises, face à l’indifférence des autorités concernées quant aux revendications des professionnels du secteur et à l’absence de solutions adéquates pour remédier à cette situation.
Hanene Selimi, présidente de la chambre syndicale du recyclage du plastique, souligne dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que la principale problématique actuelle dans la gestion des déchets plastiques est liée à un déséquilibre dans la convention avec l’Agence nationale de gestion des déchets (ANGED).
Elle estime qu’à l’heure actuelle les recycleurs rencontrent des difficultés car le prix fixé pour le déchet plastique par l’ANGED (environ 260-278 millimes le kilo) est très inférieur au prix du marché local (environ 1 dinar 400 millimes). Ce qui crée un secteur parallèle non régulé à Tunis.
De ce fait, selon elle, cette situation empêche les collecteurs d’apporter suffisamment de déchets plastiques aux centres agréés, réduisant ainsi la quantité disponible pour le recyclage officiel.
A cet effet, l’une des revendications des intervenants présents à la conférence de presse est que les recycleurs ont demandé une augmentation des prix pour rééquilibrer la convention. Mais leur demande a été refusée par l’ANGED. Ce qui met en péril la pérennité des entreprises du secteur. En conséquence, le nombre d’entreprises actives est passé de 180 à environ 30, principalement à cause du manque de réactivité et de dialogue avec l’ANGED.
Concernant l’exportation, les déchets plastiques recyclés sont principalement exportés vers des pays européens comme l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Belgique, ainsi que vers la Turquie. Avec des volumes pouvant atteindre plusieurs centaines de tonnes par mois selon les sociétés.
Hamza Chaouech président de Chambre nationale des collecteurs des déchets de plastique a souligné, pour sa part, que les recycleurs conventionnés en Tunisie depuis 2004 évoluent dans un cadre déséquilibré où le prix d’achat du plastique par l’ANGED (≈ 0,26-0,28 dinars/kg) est nettement inférieur au marché parallèle (1,2 à 2 dinars/kg). Ce qui pousse les collecteurs à privilégier le secteur informel et provoque une pénurie pour les centres agréés.
Tout cela amène à la problématique majeure liée à un déséquilibre des prix entre le marché officiel et le marché parallèle. Ce qui empêche une collecte efficace et une gestion durable des déchets plastiques, aggravée par un manque de dialogue avec l’ANGED et l’absence de subventions. Avec par conséquent une forte fragilisation du secteur du recyclage en Tunisie.
Une chose est sûre, les enjeux sont de taille dans la mesure où nous voulons tous et toutes préserver notre environnement. Et ce via la diminution de présence de plastiques dans la nature, où ils mettent des siècles à se dégrader, causant des dommages importants aux écosystèmes. Plus encore, le recyclage contribue aussi à économiser de l’énergie et à réduire l’utilisation de substances chimiques nocives, protégeant ainsi notre santé publique. Enfin, il est un levier essentiel pour une économie circulaire durable, en réduisant les déchets et en favorisant une production plus responsable.
L’article Pollution plastique et faillites en série : la double peine du recyclage est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.