FILT : « Le Bisht » , un savoir-faire du patrimoine arabe ancestral qui rayonne autour des rayons
Événement culturel incontournable, la Foire Internationale du Livre de Tunis (FILT) s’impose comme un rendez-vous annuel ouvert sur les cultures et les arts du monde entier. Outre la littérature, les traditions autour du patrimoine et des métiers artistiques occupent une place importante dans cette fête du livre ouverte sur l’histoire des peuples et des nations dans une mosaïque de couleurs intemporelle.
Au pavillon saoudien, le fameux Bisht Hassawi, en référence à la ville d’Al-Ahsa, au Sud du Royaume, est un patrimoine vestimentaire par excellence qui se déploie en couleurs et tissus ornés de motifs, argentés ou dorés, tissés à la main.
L’espace aménagé à l’entrée du pavillon et accueillant ce savoir-faire ancestral, capte la curiosité de voir de près le tissage de ce vêtement traditionnel sous forme de manteau long sans manches dont l’Arabie Saoudite œuvre à promouvoir, avec d’autres métiers, à travers l’instauration de l’année de l’artisanat en 2025.
Le Bisht est proposé pour inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco dans le cadre d’une candidature multinationale réunissant plusieurs pays arabes qui partagent ce patrimoine immatériel.
Dans une rencontre, lundi 28 avril, avec l’agence TAP, l’artisan Habib Mohamed Khothor a offert un large aperçu de ce savoir-faire du Bisht, un héritage de plusieurs générations, mis en avant sur le pavillon de son pays où est également visible un autre élément emblématique du patrimoine du pays, le « Ogal ».
Costume traditionnel et produit synonyme d’authenticité mais aussi de luxe, le Bisht et ses appellations multiples dont la plus connue est celle de « Abaya », se décline en plusieurs modèles et couleurs, dans les tons particulièrement du vert et du Camel. Ces couleurs de la terre renvoient vers une géographie du désert racontant la résilience humaine et la capacité de l’homme à se nourrir de son environnement dans des créations qui défient le temps.
Originaire de la ville d’Al Ahsa, ville abritant le plus grand oasis au monde qui est classé au patrimoine mondial, et berceau du Bisht, l’artisan en Abaya blanche avec et les fameux « coiffe » et « ogal » saoudiens, raconte fièrement l’histoire d’un vêtement « porté depuis des siècles par les hommes et les femmes de son pays et soigneusement confectionné à la main, avec passion et patience, sur une durée de 15 à 20 jours ».
Ce travail implique de nombreux artisans dont « le nombre va jusqu’à 8 personnes qui se partagent les tâches jusqu’à la dernière trame tissée sur un costume hautement sollicité par les clients chacun selon ses moyens ». Ce produit de qualité reproduit la culture du peuple et ses fils argentés ou dorés revisitent les ruisseaux d’eau dans l’Oasis et les branches des palmiers.
Grâce à sa longue expérience dans la fabrication du Bish et nourri du sens du détail et de la précision, il parle dans les moindres détails sur un métier qu’il pratique avec dévouement habité par une volonté infaillible à faire perpétuer cet art pour les générations futures dans son pays.
Beaucoup plus qu’un simple costume, le Bisht est un costume de prestige et de statut social. Les fils en usage dans le tissage, en or et en argent, sont généralement importés de pays comme l’Allemagne pour les produits de luxe alors que les Abayas normales sont assez souvent brodées par le fils importé de l’Inde ou de France.
La fabrication du Bisht a profité de l’emplacement de la région, carrefour traditionnel pour le commerce dans la péninsule arabique et les pays voisins. Historiquement, il était le costume des princes et des dignitaires du pays avant de devenir progressivement un costume à la portée de la population. Selon M.Khodhor «les prix les plus élevés peuvent atteindre les 10 mille dollars».
Ces dernières années, « le Bisht hassawi « attire les maisons de couture modernes qui se précipitent pour l’introduire dans leurs créations, en lui insufflant une touche moderne en préservant ce qui fait son authenticité », avance l’artisan.
Passage obligatoire pour tout visiteur de son atelier temporaire au coeur du pavillon saoudien, une photo avec le Bisht sur les épaules créée un dialogue et un contact direct avec une culture millénaire beaucoup plus qu’un simple souvenir sur les rayons du livre.
Avec TAP
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