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AccusĂ©s de corruption, des cadres d’une sociĂ©tĂ© pĂ©troliĂšre restent en dĂ©tention

La demande de libĂ©ration de trois anciens cadres, dont un ancien directeur gĂ©nĂ©ral d’une entreprise pĂ©troliĂšre publique a Ă©tĂ© rejetĂ©e, mardi 20 mai 2025, par la chambre criminelle au Tribunal de premiĂšre instance de Tunis, tout en reportant le procĂšs au 30 mai courant.

Les trois anciens responsables sont poursuivis pour des accusations de dĂ©tournement de fonds publics et de soupçons de corruption financiĂšre et administrative, liĂ©es Ă  un contrat d’exploration de pĂ©trole et de gaz dans un champ du sud tunisien, rapporte MosaĂŻque.

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Tunisie │ Trois fonctionnaires condamnĂ©s Ă  72 ans de prison chacun

Trois accusés, deux anciens employés du consulat de Tunisie en Syrie et un ancien fonctionnaire des services centraux de la municipalité de Tunis, ont été condamnés à 72 ans de prison chacun.

Les juges de la chambre criminelle spĂ©cialisĂ©e dans les affaires de terrorisme auprĂšs du tribunal de premiĂšre instance de Tunis les ont Ă©tĂ© reconnus coupables d’avoir dĂ©livrĂ© des extraits de naissance et des documents de nationalitĂ© tunisienne Ă  des Ă©trangers, dont certains sont impliquĂ©s dans des affaires de terrorisme et recherchĂ©s en tant que tels.

Selon MosaĂŻque, les autoritĂ©s judiciaires tunisiennes, en coordination avec l’UnitĂ© nationale de lutte contre les crimes terroristes et les atteintes Ă  la sĂ»retĂ© du territoire, avaient ouvert une enquĂȘte sur des soupçons de falsification d’extraits de naissance et de dĂ©livrance de documents de nationalitĂ© Ă  des Ă©trangers afin de faciliter leur entrĂ©e en Tunisie. Ces accusations impliquent les trois anciens fonctionnaires concernĂ©s.

La peine de 72 ans de prison contre chacun des accusĂ©s est assortie de peines complĂ©mentaires, notamment la privation de l’exercice des droits civils et politiques.

I. B.

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Tunisie – Iran │ Vers le dĂ©veloppement de parcs technologiques communs

Hossein Simaee-Sarraf, ministre des Sciences, de la Recherche et de la Technologie, et son homologue tunisien, Mondher Belaid, ont réaffirmé leur engagement à promouvoir la coopération scientifique, universitaire et de recherche.

Les deux responsables ont soulignĂ© l’importance de dĂ©velopper les Ă©changes scientifiques entre les pays islamiques, de renforcer la collaboration universitaire et de mettre en Ɠuvre les accords scientifiques.

M. Simaee-Sarraf a qualifiĂ© la deuxiĂšme rĂ©union ministĂ©rielle de la Plateforme de dialogue de l’OCI-15, tenue le 19 mai 2025 Ă  TĂ©hĂ©ran, en Iran, d’occasion prĂ©cieuse d’approfondir les relations scientifiques entre les pays islamiques, appelant Ă  la rĂ©duction des Ă©carts entre ces pays.

L’Iran est prĂȘt Ă  accorder des bourses Ă  un certain nombre d’étudiants tunisiens et Ă  faciliter une plus grande participation des professeurs et Ă©tudiants tunisiens en Iran, notamment dans le domaine de la langue et de la littĂ©rature arabes, a-t-il indiquĂ©.

M. Simaee-Sarraf a exprimĂ© la volontĂ© de l’Iran de coopĂ©rer au dĂ©veloppement de parcs technologiques communs.

Par ailleurs, M. Belaid a déclaré que les points communs culturels et scientifiques entre les deux pays ouvrent la voie au renforcement de la coopération universitaire.

Il a Ă©galement suggĂ©rĂ© d’utiliser la capacitĂ© du parc technologique iranien pour dĂ©velopper des modĂšles similaires en Tunisie.

Source : Irna.

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Tunisie │ Mouna Ben Halima parle du succĂšs de La Badira qui fĂȘte ses dix ans  

La Badira, un luxueux complexe balnĂ©aire Ă  Hammamet fĂȘte ses 10 ans cette annĂ©e. Luxus Magazine lui a consacrĂ© ainsi qu’à sa fondatrice et Pdg Mouna Ben Halima un article assez Ă©logieux.

Qualifiant Mme Ben Halima de «figure emblĂ©matique de l’hĂŽtellerie tunisienne», l’auteur estime qu’elle a rĂ©alisĂ© un exploit rare. «Son hĂŽtel est le seul en Tunisie Ă  ĂȘtre membre du prestigieux rĂ©seau Leading Hotels of the World», Ă©crit-il en soulignant aussi son action associative militante de longue date «pour une Tunisie plus ouverte, moderne et citoyenne».

Chef d’entreprise et citoyenne engagĂ©e, Mouna Ben Halima a cofondĂ© Touensa, une organisation dĂ©diĂ©e aux droits civiques, Ă  l’éducation civique et au dialogue national, et prĂ©side le comitĂ© tunisien de RĂ©seau Entreprendre.

Élue au bureau exĂ©cutif de la FĂ©dĂ©ration tunisienne de l’hĂŽtellerie (FTH) en 2017, elle a aussi pris la tĂȘte de l’Association des Tunisiens des Grandes Écoles (Atuge) en 2021.

«À seulement 24 ans, elle reprend l’hĂŽtel familial aprĂšs le dĂ©cĂšs de son pĂšre. Aujourd’hui, elle dirige La Badira – â€˜â€˜Ă©clatant comme la pleine lune’’ – un hĂŽtel haut de gamme Ă  une heure de Tunis, qu’elle a transformĂ© en vitrine de l’artisanat local et en lieu de formation d’excellence. Contre toute attente, elle fait le pari du luxe, loin des standards de l’époque : clubs de vacances, formules tout compris et tourisme low cost. Elle rĂȘve d’un hĂŽtel raffinĂ© et inspirĂ©, rĂ©solument tournĂ© vers le haut de gamme international. Elle dĂ©molit presque entiĂšrement l’ancien bĂątiment, ne conservant que les fondations, et s’entoure de jeunes architectes avec lesquels elle dialogue et construit une nouvelle vision. RĂ©sultat ? La Badira, un hĂŽtel au design contemporain unique en Tunisie, avec 130 suites, un spa Clarins de 2 500 mÂČ, une piscine extĂ©rieure, sept bars et restaurants et une plage semi-privĂ©e», Ă©crit Luxus Magazine.

Le journal spĂ©cialisĂ© cite ensuite Mouna Ben Halima qui dĂ©clare : «Aujourd’hui, les touristes recherchent des expĂ©riences fortes, originales et authentiques, source d’émotions intenses. Pour rĂ©pondre Ă  ces nouvelles attentes et sĂ©duire les voyageurs d’aujourd’hui, la Tunisie doit dĂ©ployer d’importants efforts : elle doit dĂ©velopper de nouveaux concepts et promouvoir ses richesses, ses attractions, sa gastronomie, son artisanat et sa culture
 Le luxe a un rĂŽle essentiel Ă  jouer dans ce contexte, en valorisant le tourisme et en amĂ©liorant l’offre et l’image de la Tunisie».

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Qualcomm Make In Africa accompagnera 3 startups tunisiennes

Trois startups tunisiennes ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es pour bĂ©nĂ©ficier du programme Qualcomm Make In Africa 2025 qui soutient l’émergence de l’écosystĂšme deep-tech (fortement technologique) africain via des programmes de mentorat, ainsi que des formations techniques, commerciales et en propriĂ©tĂ© intellectuelle.

La liste des 10 startups sĂ©lectionnĂ©es pour l’édition 2025 de Qualcomm Make in Africa a Ă©tĂ© annoncĂ©e mardi 20 mai 2025, et les startups tunisiennes concernĂ©es sont AmalXR, spĂ©cialisĂ©e dans la rééducation en rĂ©alitĂ© virtuelle, validĂ©e cliniquement et assistĂ©e par l’IA, Ecobees, spĂ©cialisĂ©e en apiculture intelligente pour le suivi de la santĂ© des ruches, de l’humiditĂ© et du climat, et Pixii Motors (scooters Ă©lectriques avec optimisation IA/IoT de la batterie et stations d’échange de batteries), indique le programme Qualcomm, dans un communiquĂ©.

PremiĂšre initiative du genre en Afrique, Qualcomm Make in Africa a Ă©tĂ© lancĂ© en 2023. Il est destinĂ© aux startups technologiques en phase de dĂ©marrage qui souhaitent exploiter les technologies avancĂ©es de connectivitĂ© et de traitement telles que la 5G, l’intelligence artificielle en pĂ©riphĂ©rie, la puissance de calcul et l’IoT dans des solutions intĂ©grĂ©es innovantes. Le programme s’adresse essentiellement aux jeunes entreprises qui se distinguent par leur capacitĂ© Ă  intĂ©grer ces technologies de maniĂšre innovante dans des solutions concrĂštes Ă  fort impact.

Mentorat, accompagnement et conseils techniques

Pour l’édition 2025 du programme, l’appel Ă  candidatures a suscitĂ© un fort engouement avec environ 435 dossiers reçus, provenant de 19 pays du continent.

Les startups sĂ©lectionnĂ©es bĂ©nĂ©ficieront de plateformes matĂ©rielles gratuites, d’un mentorat personnalisĂ©, d’un accompagnement commercial, de conseils techniques pour le dĂ©veloppement de leurs produits, ainsi que d’un soutien Ă  la protection de leur propriĂ©tĂ© intellectuelle.

À l’issue du cycle de mentorat, les startups seront Ă©ligibles au Fonds d’Impact Social fourni par l’initiative Qualcomm Wireless Reach. Ce fonds accompagne les startups dans l’amplification de leur portĂ©e sociĂ©tale et de leur dĂ©veloppement commercial. L’une d’entre elles sera sĂ©lectionnĂ©e pour recevoir le fonds en reconnaissance de son usage innovant des technologies sans fil au service des communautĂ©s. Les neuf autres bĂ©nĂ©ficieront quant Ă  elles de bourses de dĂ©veloppement.

Qualcomm a encore soulignĂ© les progrĂšs de la plateforme d’e-learning L2Pro Africa, un programme de formation gratuit destinĂ© Ă  renforcer les compĂ©tences des startups, PME et chercheurs africains en matiĂšre de protection, valorisation et sĂ©curisation de leurs innovations. Ce programme a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© en partenariat avec Adams and Adams, premier cabinet africain spĂ©cialisĂ© en propriĂ©tĂ© intellectuelle. Le contenu pĂ©dagogique a Ă©tĂ© enrichi avec des procĂ©dures dĂ©taillĂ©es de dĂ©pĂŽt de brevets, dessins industriels et marques au Kenya, Nigeria, Ouganda, Ghana, Rwanda, ainsi que dans les deux organisations rĂ©gionales de propriĂ©tĂ© intellectuelle, Aripo et Oapi, couvrant 43 pays africains. Ces guides pratiques permettent aux inventeurs d’interagir efficacement avec les professionnels de la propriĂ©tĂ© intellectuelle et les offices compĂ©tents. À ce jour, plus de 135 Ă©tudiants africains se sont inscrits Ă  la formation, et plusieurs startups ont dĂ©jĂ  entamĂ© le processus de dĂ©pĂŽt de brevets.

Qualcomm Incorporated est une entreprise amĂ©ricaine engagĂ©e dans le dĂ©veloppement et la commercialisation de technologies fondamentales pour l’industrie du sans fil. Elle propose un vaste portefeuille de solutions intĂ©grant IA de pointe, puissance de calcul, faible consommation Ă©nergĂ©tique et connectivitĂ©.

 D’aprĂšs Tap.

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La Tunisie interdit formellement le travail précaire

Le trĂšs controversĂ© projet de loi n°16 de l’annĂ©e 2025 relatif Ă  l’organisation des contrats de travail et Ă  l’interdiction de la sous-traitance est passĂ© comme une lettre Ă  la poste puisqu’il a Ă©tĂ© adoptĂ© mercredi 21 mai 2025 Ă  l’aube avec 121 voix pour, 4 abstentions et aucune voix contre.

PrĂ©sentĂ© par le ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, lors de la sĂ©ance plĂ©niĂšre qui a dĂ©marrĂ© mardi matin et s’est terminĂ©e mercredi Ă  l’aube, le projet s’inscrit dans le cadre d’une rĂ©forme lĂ©gislative voulue par le prĂ©sident de la rĂ©publique KaĂŻs SaĂŻed et qui vise Ă  mieux encadrer les relations professionnelles entre employeurs et salariĂ©s et Ă  mettre fin Ă  toutes les formes d’emploi prĂ©caire.

Recevant lundi, au Palais de Carthage, le ministre des Affaires sociales, SaĂŻed avait soulignĂ© la nĂ©cessitĂ© d’investir dans «un systĂšme juste qui garantit les droits des travailleurs, les valorise et leur procure un sentiment de sĂ©curité», une garantie, selon lui, de justice sociale, de dĂ©veloppement et de stabilitĂ©. «Le peuple aspire Ă  un Etat social qui prĂ©serve la dignitĂ© de ses citoyens et il l’aura», a-t-il promis. Le projet de loi votĂ© aujourd’hui Ă  l’aube participe de cette dĂ©marche.

La sĂ©ance parlementaire a Ă©tĂ© marquĂ©e par de vives discussions, forçant le prĂ©sident du Parlement, Ibrahim Bouderbala, Ă  suspendre les travaux Ă  deux reprises. Un seul amendement, portant sur l’article 8, a Ă©tĂ© adoptĂ©, tandis que les autres propositions de modification ont Ă©tĂ© rejetĂ©es, maintenant la version initiale du gouvernement. Cela n’a pas empĂȘchĂ© le projet de loi de passer sans coup fĂ©rir, les dĂ©putĂ©s qui s’opposaient Ă  son adoption tel quel Ă©tant presque tous rentrĂ©s dans les rangs pour qu’on aboutisse, au final, une quasi-unanimitĂ©. C’est Ă  se demander si les houleux dĂ©bats ayant prĂ©cĂ©dĂ© le vote n’était que du théùtre pour sauver les apparences !    

La nouvelle loi fait du contrat Ă  durĂ©e indĂ©terminĂ©e (CDI) la rĂšgle, limitant strictement le recours aux contrats Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e (CDD) Ă  des cas exceptionnels et amplement justifiĂ©s. Elle fixe Ă©galement la pĂ©riode d’essai Ă  six mois, renouvelable une seule fois (et non quatre fois, comme c’était auparavant).

Par ailleurs, le texte interdit le recours Ă  la sous-traitance dans les missions essentielles et permanentes des entreprises, qu’elles soient publiques ou privĂ©es. Seules les interventions ponctuelles ou techniques sont autorisĂ©es, sous rĂ©serve qu’elles ne constituent pas un dĂ©tournement des droits des travailleurs. Cette disposition reprĂ©sente une premiĂšre lĂ©gislative en Tunisie, aprĂšs des annĂ©es de controverse sur ce sujet.

Des mesures strictes sont prĂ©vues en cas de non-respect de la loi, notamment des amendes, la reconnaissance d’un lien de travail direct entre le salariĂ© et l’entreprise bĂ©nĂ©ficiaire, ainsi que la possibilitĂ© d’exclure les contrevenants des avantages accordĂ©s par l’État.

Des dispositions transitoires sont prévues pour permettre aux entreprises de régulariser leur situation, sans perturber le fonctionnement économique ou les relations contractuelles existantes.

Dans la note explicative du texte de loi, le gouvernement souligne que la réforme vise à mettre fin à la précarité et aux conditions de travail indécentes, tout en préservant la compétitivité et la stabilité des entreprises.

Lors des débats, la majorité des députés ont salué un pas important vers une meilleure protection sociale des travailleurs appelant à une application stricte de la loi et au renforcement des mécanismes de contrÎle.

Cette loi ne va pas faciliter la tĂąche des entreprises spĂ©cialisĂ©es dans le travail par intĂ©rim, et mĂȘme certaines entreprises qui recourent massivement aux CDD pour maĂźtriser leurs coĂ»ts. Certains experts et observateurs pensent que l’adoption de cette loi risque de porter un coup au marchĂ© de l’emploi et mĂȘme Ă  l’investissement, qui, dĂ©jĂ , marque le pas depuis 2011.

I. B. (avec Tap).

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IsraĂ«l – Pays du Golfe â”‚ Quelle normalisation au milieu d’un gĂ©nocide ?

La derniĂšre visite de Donald Trump en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et au Qatar – au cours de laquelle il a Ă©tĂ© surtout question de la relance des Accords d’Abraham visant Ă  liquider dĂ©finitivement la cause palestinienne – aurait dĂ» ĂȘtre reportĂ©e. Ce n’était ni le moment ni l’endroit appropriĂ© pour renforcer des liens diplomatiques ou promouvoir des intĂ©rĂȘts Ă©conomiques, alors qu’un gĂ©nocide des Palestiniens, les nĂŽtres, Ă©tait perpĂ©trĂ© par IsraĂ«l avec des armes
 amĂ©ricaines. Ceux qui s’empressent de normaliser les relations avec l’Etat hĂ©breu, trop tĂŽt, trop brusquement, construisent sur des sables mouvants irriguĂ©s par le sang encore chaud des victimes.

Khemais Gharbi

Il arrive parfois que des incomprĂ©hensions profondes surgissent entre des personnes pourtant sincĂšres. Ce n’est pas toujours la mauvaise foi qui les anime, mais plutĂŽt un cruel manque de sens du moment, une dĂ©faillance du calendrier intĂ©rieur. Elles se trompent de date, de contexte, de lecture des Ă©vĂ©nements. Elles cĂ©lĂšbrent, elles festoient, pendant que d’autres pleurent et enterrent. Et sous les critiques qu’elles reçoivent, elles ne voient qu’un malentendu injuste, alors qu’en rĂ©alitĂ©, il s’agit d’une question de regard — ou plutĂŽt de cĂ©citĂ©.

Serrer la main au protecteur des bourreaux

C’est comme vouloir commenter un Ă©vĂ©nement heureux, cĂ©lĂ©brer un anniversaire ou danser de joie au sein d’une communautĂ© qui enterre ses proches massacrĂ©s par centaines. C’est comme esquisser un sourire ou applaudir devant un meurtre. Pire encore : c’est comme serrer la main aux bourreaux en invoquant une normalisation des relations avec l’agresseur que rien ne justifie, ni n’impose d’urgence — bien au contraire. Cela ne relĂšve pas de la simple insensibilitĂ©, mais d’une forme d’inconscience coupable. Voire d’inhumanitĂ©.

Pendant que le peuple palestinien est martyrisĂ©, exterminĂ© Ă  grand feu dans un silence complice, les dirigeants des pays du Golfe ont trouvĂ© encore le moyen de se rĂ©jouir, de publier des images de festivitĂ©s, de convier Ă  des cĂ©lĂ©brations. Et cela, sans mĂȘme rĂ©aliser que leur bonheur apparent devient une offense insupportable pour ceux qui comptent leurs morts par milliers, leurs blessĂ©s par dizaines de milliers, leurs dĂ©placĂ©s par millions.

Le problĂšme ne rĂ©side pas seulement dans l’action elle-mĂȘme, mais dans l’absence totale de discernement. On mĂ©lange tout, on confond les Ă©motions, on met sur le mĂȘme plan la peine et la joie, la justice et l’oubli, la mĂ©moire et l’indiffĂ©rence. Et comme toujours, ce sont les plus lucides qui doivent porter la responsabilitĂ© de remettre un peu d’ordre dans ce chaos Ă©motionnel. Ils doivent rĂ©veiller les consciences, rappeler qu’il y a un temps pour chaque chose ; que mĂȘme dans la souffrance, on peut rester digne ; mais qu’on ne peut pas, sans heurts, festoyer pendant que nos proches enterrent leurs morts.

Cela dit, il serait injuste de jeter l’opprobre sur toute personne qui, de bonne foi cherche Ă  traiter de sujets acadĂ©miques ou culturels en dehors de toute considĂ©ration politique. Il peut y avoir erreur de jugement, maladresse, manque de sensibilitĂ© ou de timing — mais cela ne suffit pas Ă  les cataloguer parmi les traĂźtres. Le discernement vaut dans les deux sens : dĂ©noncer les silences coupables sans condamner aveuglĂ©ment les intentions sincĂšres.

Manque de respect à la mémoire des victimes

Ce qui se passe aujourd’hui en Palestine n’est pas une question d’opinion : c’est un drame humain, un gĂ©nocide Ă  ciel ouvert. Voir des personnes continuer Ă  normaliser les relations avec les bourreaux israĂ©liens, tenir des rĂ©unions, afficher une lĂ©gĂšretĂ©, c’est manquer de respect aux morts. C’est ignorer les larmes des vivants. Et c’est affronter des peuples entiers au nom d’une neutralitĂ© illusoire, en prĂ©tendant que cela n’a rien Ă  voir.

Mais depuis toujours, l’humanitĂ© a su faire la diffĂ©rence entre les jours de deuil et les jours de fĂȘte. MĂȘme les animaux, dit-on, ont des gestes de silence et de respect quand l’un des leurs meurt. Alors pourquoi certains humains oublient-ils cela? Le respect des morts, c’est le dernier lien entre notre monde et notre humanitĂ©. Si ce lien se brise, que restera-t-il de nous?

Il y a un exemple historique qui illustre puissamment cette nĂ©cessitĂ© de respecter les moments de deuil collectif : celui du massacre de Sabra et Chatila, en 1982. Alors que les camps de rĂ©fugiĂ©s palestiniens Ă  Beyrouth Ă©taient plongĂ©s dans l’horreur — des centaines, peut-ĂȘtre des milliers de civils massacrĂ©s en quelques jours —, certains dirigeants internationaux poursuivaient leurs agendas politiques comme si de rien n’était. Ce silence, cette indiffĂ©rence, ont Ă©tĂ© vĂ©cus comme une trahison. Cela a creusĂ© un fossĂ© qui n’a jamais Ă©tĂ© comblĂ©.

À l’opposĂ©, certaines sociĂ©tĂ©s savent suspendre toute activitĂ© festive par respect pour les morts ou pour un pays endeuillĂ©. Lorsque la CrĂšte a Ă©tĂ© frappĂ©e par un tremblement de terre meurtrier en 2021, causant la mort de quelques dizaines de personnes, la GrĂšce a dĂ©crĂ©tĂ© plusieurs jours de deuil national : drapeaux en berne, festivitĂ©s annulĂ©es, Ă©missions de divertissement interrompues. Un pays s’est arrĂȘtĂ©. Non par excĂšs, mais par humanitĂ©.

Ces deux exemples — l’un issu d’une catastrophe naturelle, l’autre d’une tragĂ©die humaine — montrent Ă  quel point le silence ou la fĂȘte peuvent ĂȘtre lourds de sens. Ils rappellent qu’il ne peut y avoir de paix durable ni de joie sincĂšre lĂ  oĂč l’on mĂ©prise la douleur des autres. Savoir faire une pause, savoir pleurer ensemble, c’est le minimum que l’on doit Ă  la mĂ©moire des morts — face Ă  ce gĂ©nocide du peuple palestinien, et Ă  l’humanitĂ© s’il nous en reste.

Construire sur des sables mouvants

Aucun dirigeant de la gĂ©nĂ©ration actuelle ne devrait ignorer les leçons de l’histoire. Il est essentiel de relire les rĂ©cits des guerres passĂ©es, des massacres et des gĂ©nocides — non pour s’y complaire, mais pour comprendre un mĂ©canisme tragique : ceux qui s’empressent de normaliser les relations, trop tĂŽt, trop brusquement, construisent sur des sables mouvants irriguĂ©s par le sang encore chaud des victimes.

Ils oublient que le temps est un acteur fondamental dans tout processus de rĂ©conciliation, qu’il faut parfois des dĂ©cennies pour que les plaies se referment, que la douleur s’apaise, que les rancƓurs s’estompent, et que le dĂ©sir de vengeance cĂšde la place Ă  une volontĂ© sincĂšre de reconstruire.

Les relations durables ne se dĂ©crĂštent pas et ne s’imposent pas par la force. Elles ne naissent ni de rĂ©solutions internationales ni d’accords signĂ©s Ă  huis clos. Elles se forgent lentement, Ă  mesure que les sociĂ©tĂ©s meurtries pansent leurs blessures, enterrent leurs morts avec dignitĂ©, transmettent leur mĂ©moire sans la charger de haine, et permettent ainsi aux nouvelles gĂ©nĂ©rations d’avancer, libĂ©rĂ©es du poids des offenses passĂ©es.

Ce n’est qu’alors qu’une normalisation devient vĂ©ritablement possible — parce qu’elle est naturelle, non imposĂ©e ; ressentie, non proclamĂ©e; et surtout, respectueuse du rythme intime des peuples qui ont saignĂ©.

* Ecrivain et traducteur.


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La maison de Mohamed, la fibre de Saladin, la cinquiĂšme colonne, et le grand jeu

AprĂšs son tour du propriĂ©taire au Golfe, Donald Trump est rentrĂ© avec dans son escarcelle les pertes amĂ©ricaines occasionnĂ©es par le Covid, auquel il aura pris soin d’ajouter l’aide militaire accordĂ©e Ă  l’Ukraine, ainsi qu’au gĂ©nocidaire des Palestiniens perpĂ©trĂ© par Netanyahu Ă  Gaza. En attendant, les foules de l’Islam continuent de se rendre chaque annĂ©e aux lieux saints d’Abraham afin d’alimenter sa tire-lire. Qui a dit que la nation du prophĂšte Ă©tait vouĂ©e Ă  disparaĂźtre, ainsi qu’il en avait Ă©tĂ© en Andalousie? (Ph. Trump apprend la danse de l’épĂ©e lors de sa premiĂšre visite en Arabie saoudite, en 2017. L’hospitalitĂ© et la gĂ©nĂ©rositĂ© des Arabes n’a pas de limite).

Dr Mounir Hanablia *

Lorsque j’étais Ă  l’école primaire, il Ă©tait communĂ©ment admis que l’Islam, qui Ă©tait arrivĂ© en Inde et aux confins de la Chine, n’avait dĂ» sa dĂ©chĂ©ance qu’à deux facteurs: les Mongols Ă  l’Est, et les Taifas en Andalousie, Ă  l’Ouest, qui s’étaient alliĂ©s avec les chrĂ©tiens pour se combattre les uns les autres.

Nos maĂźtres avaient Ă©tĂ© lĂ  pour entretenir nos convictions Ă  ce sujet, fortement aidĂ©s par les romans Jorge Zaydan, et les victoires sur le ring de Mohamed Ali Clay. Il y avait eu la guerre de Juin 1967 lorsque l’un des instituteurs de 4e annĂ©e nous faisait Ă©couter sur son transistor les diatribes enflammĂ©es du palestinien Ahmed Choukairy, sur la Voix des Arabes, Ă©mettant du Caire. Qui n’avait pas cru Ă  la victoire finale?

Quelques annĂ©es plus tard, en lisant un livre du journaliste Jacques Derogy **, j’avais appris qu’en fait de guerre, il n’y en avait pas eu puisque l’aviation Ă©gyptienne avait Ă©tĂ© clouĂ©e au sol dĂšs les premiĂšres heures et que les blindĂ©s privĂ©s de soutien aĂ©rien n’avaient eu aucune chance face Ă  leurs ennemis. Il s’est avĂ©rĂ© que les choses n’avaient pas Ă©tĂ© ce qu’on croyait.

Des mirages au dĂ©sert d’Arabie

Nasser avait Ă©tĂ© entraĂźnĂ© sur un terrain glissant par les Syriens, sĂ©cessionnistes de la dĂ©funte RĂ©publique Arabe Unie, il faut le prĂ©ciser, et il s’était placĂ© dans la position de l’agresseur sans avoir jamais eu l’intention d’attaquer, celle que ses adversaires voulaient qu’il endosse, afin d’avoir le prĂ©texte adĂ©quat pour atteindre leur but, la destruction de l’armĂ©e Ă©gyptienne et l’occupation de la totalitĂ© du territoire palestinien.

Dans cette optique, de l’aveu mĂȘme des gĂ©nĂ©raux israĂ©liens, les sermons hystĂ©riques de Choukairy promettant de dormir Ă  Tel Aviv, certains ont ajoutĂ© avec des femmes juives, avaient valu pour leur pays plus qu’une division blindĂ©e.

On a prĂ©tendu que Bourguiba avait prĂ©venu du dĂ©sastre en 1965 mais que personne n’avait voulu l’écouter. PrĂšs de 60 ans aprĂšs, le Golan a Ă©tĂ© annexĂ© et la Cisjordanie est en passe d’ĂȘtre totalement colonisĂ©e, avec en perspective une expulsion massive des Palestiniens qui y rĂ©sident encore, faisant suite au gĂ©nocide en cours Ă  Gaza pour lequel nul ne lĂšve le petit doigt, Ă  commencer les Arabes.

Avant d’en arriver lĂ , il y avait eu la chute du mur de Berlin, la disparition de l’Union SoviĂ©tique, suivie en 1991 par la premiĂšre Guerre du Golfe, lorsque la «troisiĂšme armĂ©e du monde», en occupant le KoweĂŻt, avait fait croire Ă  la Rue Arabe, qui avait oubliĂ© sa leçon de 1967, et dont la fibre de Saladin avait de nouveau vibrĂ©.

En fait de guerre, cette fois non plus il n’y en eut pas dans le sens souhaitĂ© par les foules. Comme toujours des bruits avaient circulĂ© relativement Ă  des «signes», annonçant la victoire, comme ce cheveu qu’invariablement on dĂ©couvrait dans tout exemplaire du Coran. Ou bien encore ce hadith de Mohamed le prophĂšte sorti d’on ne sait oĂč annonçant l’arrivĂ©e d’un homme appelĂ© Sadem, et non pas Saddam, qui verrait se dresser contre lui une coalition rĂ©unissant les Arabes et Ajams, ce terme Ă©tant l’équivalent de goys chez les juifs, qu’il les vaincrait, et qu’aucun n’en rĂ©chapperait, «entre Ramadan et Rajeb, vous verrez de lui le prodige».

Au lieu de cela, l’armĂ©e Irakienne fut enterrĂ©e sous les bombes amĂ©ricaines et seule la crainte par les États du Golfe d’un pouvoir chiite infĂ©odĂ© Ă  l’Iran maintint Saddam en survie pendant 12 annĂ©es supplĂ©mentaires et la fiction d’un État irakien.

On apprit plus tard qu’une fois encore un ambassadeur amĂ©ricain, en l’occurrence Avril Gillespie, avait jouĂ© un rĂŽle majeur dans le dĂ©clenchement de l’agression en assurant Saddam que son pays ne bougerait pas si l’Irak envahissait le KoweĂŻt, coupable de casser les prix du pĂ©trole dont il avait besoin pour sa reconstruction aprĂšs 9 annĂ©es de guerre contre l’Iran.

La cinquiĂšme colonne

En 2001, il y eut l’assaut contre New York suivie de la grande guerre ouverte menĂ©e contre le monde musulman, qui dĂ©buta par l’occupation de l’Afghanistan puis de l’Irak en 2003, et qui se prolongea Ă  partir de 2011 par ce qu’on a appelĂ© le Printemps Arabe, dont on prĂ©tendit que l’holocauste d’un petit marchand de lĂ©gumes de Sidi Bouzid en Tunisie, giflĂ© par une policiĂšre, fut l’étincelle. Puis les Ă©tranges personnages fĂ©rus d’Islam et de saintetĂ© qui rentrĂšrent du Londonistan accueillis comme le prophĂšte par le chant Â«la lune est apparue au-dessus de nous» prĂ©tendirent ĂȘtre revenus pour instaurer la dĂ©mocratie.

Des visionnaires tels que Hamma Hammami firent demander par les jeunes de leur parti une assemblĂ©e constituante, et BĂ©ji CaĂŻd Essebsi n’eut de rien plus pressĂ© que de l’accorder, afin de prendre le temps de constituer le parti politique dont il Ă©tait dĂ©pourvu, et qu’il s’empressa de saborder en accĂ©dant Ă  la magistrature suprĂȘme.

Au lieu de six mois, il avait fallu prĂšs de quatre annĂ©es de palabres pour rĂ©diger la fameuse Constitution, dont on nous demanda de rester bien sages parce qu’on nous en promettait monts et merveilles une fois «la transition» achevĂ©e; promis, jurĂ© !

Le quartet du Dialogue national (UGTT, Utica, LTDH et Conseil de l’ordre des avocats) reçut mĂȘme le prix Nobel, pour nous rappeler que nous Ă©tions sur la bonne voie, au cas oĂč nous en aurions doutĂ©.

Entretemps le terrorisme avait fait florĂšs, il y a eu le Covid, et nous avons eu pour majoritĂ© parlementaire Rached Ghannouchi alliĂ© Ă  Nabil Karoui et Saifeddine Makhlouf, dont le parti s’affubla de l’épithĂšte «Dignité». Autrement dit, le Vieux de la Montagne Ă  la tĂȘte des FrĂšres Internationaux de Qaradawi s’était associĂ© aux FrĂšres Nationaux et Ă  Silvio Berlusconi.

La dĂ©gradation concomitante de la situation Ă©conomique inquiĂ©ta suffisamment les bailleurs Ă©trangers soucieux de rentrer dans leurs fonds pour permettre la perpĂ©tuation d’une situation sans issue. On en vit prĂ©sentement les consĂ©quences.

AprĂšs le Covid il fallut bien que les Etats-Unis cherchassent Ă  financer aux dĂ©pens du monde entier leur manque Ă  gagner consĂ©cutif Ă  la pandĂ©mie. Il y eut donc inĂ©vitablement la guerre en Ukraine puis Ă  Gaza, dont on affubla opportunĂ©ment pour la circonstance les habitants du qualificatif de violeurs. Ce fut la rĂ©surrection des thĂšses de Choukairy, reprises cette fois par les sionistes et qui furent le prĂ©texte opportun justifiant le massacre des civils sur une grande Ă©chelle, et on Ă©tendit la fureur de destruction de YahvĂ© au Liban, abritant le Hezbollah coupable d’avoir vidĂ© de ses habitants le Nord d’IsraĂ«l par un tir continu de missiles et de drones durant plus d’une annĂ©e.

Bien que les Etats-Unis eussent Ă©tĂ© chassĂ©s ignominieusement d’Afghanistan, et dans une moindre mesure d’Irak, on pensait que la Maison de Muhammad s’écroulait par pans entiers, surtout aprĂšs le dĂ©part peu glorieux de Bachar, l’évaporation de son armĂ©e travaillĂ©e par la cinquiĂšme colonne, lĂąchĂ©e par un Poutine occupĂ© ailleurs, et l’écartĂšlement de la Syrie en cantons d’obĂ©diences Daech turque, kurde amĂ©ricaine, et depuis peu, druze israĂ©lienne. NĂ©anmoins les thĂšses israĂ©liennes d’inviolabilitĂ© de la frontiĂšre ont volĂ© en Ă©clat, sous les missiles du Hezbollah, le double lĂącher de missiles iraniens, et la perpĂ©tuation des attaques des va nus pieds Houthi, qui mettent Ă  mal autant la sĂ©curitĂ© de l’aĂ©roport de Tel Aviv, que l’orgueil sioniste.

Les AmĂ©ricains ont estimĂ© prĂ©fĂ©rable de s’accommoder du porc-Ă©pic yĂ©mĂ©nite par un accord qui ne peut ĂȘtre que provisoire. Comme toujours, la foule arabe a considĂ©rĂ© cela comme une grande victoire militaire. Comme toujours, la suite a dĂ©montrĂ© que ce n’était lĂ  qu’un mirage du dĂ©sert, un de plus. Trump est entrĂ© dans le Golfe par la grande porte, et il avait besoin de la menace yĂ©mĂ©nite, et plus encore iranienne, afin de gagner ses interlocuteurs Ă  ses vues sonnantes et trĂ©buchantes. Mais pas seulement. Les IsraĂ©liens pensaient se tailler une zone de prospĂ©ritĂ© exclusive au Moyen-Orient s’étendant de l’OcĂ©an Indien Ă  la MĂ©diterranĂ©e grĂące Ă  un accord de paix avec les Taifas de la Mecque et du Golfe.

L’Oncle Sam rafle la mise

C’est une telle Ă©ventualitĂ© que la guerre Ă  Gaza a torpillĂ©e, Ă  leurs dĂ©pens. Et on s’aperçoit Ă  prĂ©sent que les AmĂ©ricains n’ont jamais eu l’intention de partager leur chasse gardĂ©e du dĂ©sert d’Arabie avec quiconque, et qu’ils ont mĂȘme fourni toute la logistique militaire et financiĂšre nĂ©cessaire pour laisser leur alliĂ© sioniste se fourvoyer dans une aventure sans issue, dont il ne sortira qu’au prix d’une marge de manƓuvre des plus rĂ©duites. Le gĂ©nocide Ă  Gaza aura un prix. Les rĂ©centes mesures contre l’État d’IsraĂ«l, prises par le valet servile de l’oncle Sam, l’Angleterre, mĂȘme si elles ont plus une portĂ©e symbolique, sont significatives, Ă  ce sujet. Y a-t-il eu une entente amĂ©ricano-iranienne dĂšs le dĂ©but? On peut se le demander. Cela expliquerait dans une large mesure la hardiesse des dirigeants persans piquant le museau de la bĂȘte sioniste au nez, et dans le mĂȘme temps, prenant bien soin de prĂ©venir de leurs ripostes.

Dans ce grand jeu, Bachar Al-Assad et Hassan Nasrallah auront Ă©tĂ© des piĂšces qu’on aura sacrifiĂ©es pour la grandeur de l’Iran, lui assurant une place Ă  la table des nĂ©gociations.

Quant Ă  Trump, aprĂšs son tour du propriĂ©taire au Golfe, il est rentrĂ© avec dans son escarcelle les pertes amĂ©ricaines occasionnĂ©es par le Covid, auquel il aura pris soin d’ajouter l’aide militaire accordĂ©e Ă  l’Ukraine, ainsi qu’au gĂ©nocidaire des Palestiniens perpĂ©trĂ© par Netanyahu Ă  Gaza.

L’Oncle Sam serait bien entendu heureux que les Taifas et les Sionistes s’entendent, mais pas sur son dos. En attendant les foules de l’Islam continuent de se rendre chaque annĂ©e aux lieux saints d’Abraham afin d’alimenter sa tire-lire. Et le Pakistan, qui dispose de l’arme atomique, a de nouveau fait vibrer la fibre de Babur le conquĂ©rant de l’Inde en abattant trois rafales français aux couleurs indiennes par le biais d’avions chinois dont personne n’a jamais entendu parler, dont sans doute le nom imprononçable leur vaut le qualificatif plus simple de J10.

Qui a dit que la nation du prophĂšte Ă©tait vouĂ©e Ă  disparaĂźtre, ainsi qu’il en avait Ă©tĂ© en Andalousie?

* Médecin de libre pratique.

** ‘‘The untold history of Israel’’ de  Jacques Derogy, Ă©d. Grove Press, 1er janvier 1979, 346 pages.

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CinĂ©ma │ Les frĂšres Nasser portent la voix de Gaza Ă  Cannes

Les frĂšres jumeaux Tarzan et Arab Nasser, originaires de Gaza, ont prĂ©sentĂ© cette semaine leur nouveau long-mĂ©trage « Once Upon a Time in Gaza’’ en sĂ©lection officielle au Festival de Cannes 2025, dans la section Un Certain Regard. Une prĂ©sence remarquĂ©e qui rĂ©affirme la puissance du cinĂ©ma palestinien dans un contexte toujours aussi tendu pour la rĂ©gion.

Djamal Guettala

L’histoire du film se dĂ©roule Ă  Gaza, en 2007. Yahya, un Ă©tudiant idĂ©aliste, se lie d’amitiĂ© avec Osama, un petit trafiquant de drogue au grand cƓur. Ensemble, ils mettent en place un trafic clandestin dissimulĂ© dans une Ă©choppe de falafels. Mais leur entreprise prend une tournure dangereuse lorsqu’ils croisent la route d’un policier corrompu.

À travers cette intrigue Ă  la fois dramatique et teintĂ©e d’humour noir, les rĂ©alisateurs dressent un portrait sans fard de la jeunesse palestinienne, coincĂ©e entre survie, rĂȘve et dĂ©sillusion.

Réalisme cru et fable sociale

Le film a Ă©tĂ© chaleureusement accueilli lors de sa premiĂšre projection le 19 mai Ă  Cannes, saluĂ© pour sa force narrative et sa mise en scĂšne subtile, oscillant entre rĂ©alisme cru et fable sociale. La participation des frĂšres Nasser au plus grand festival de cinĂ©ma du monde constitue un Ă©vĂ©nement en soi : elle tĂ©moigne de la rĂ©silience d’un cinĂ©ma palestinien vivant, malgrĂ© les contraintes matĂ©rielles et politiques.

Produit par Les Filmso du Tambour, avec une distribution française assurĂ©e par Dulac Distribution et des ventes internationales via The Party Film Sales, ‘‘Once Upon a Time in Gaza’’ s’inscrit dans la continuitĂ© du travail engagĂ© des frĂšres Nasser, dĂ©jĂ  remarquĂ©s pour ‘‘Gaza mon amour’’ en 2020.

En ces temps oĂč Gaza est souvent rĂ©duite Ă  des chiffres et des images de ruines, ce film rappelle qu’au-delĂ  des conflits, il y a des histoires humaines Ă  raconter. Et que le cinĂ©ma reste, pour les peuples marginalisĂ©s, un formidable outil de mĂ©moire et de rĂ©sistance 

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Les laurĂ©ats des Prix Comar d’Or rencontrent le public  

Dans le cadre de la 29e Ă©dition des Prix Comar d’Or pour les romans tunisiens Ă©crits en langues arabe et française, une rencontre littĂ©raire sera organisĂ©e le jeudi 22 mai 2025, Ă  17h30 Ă  l’hĂŽtel Majestic au centre-ville de Tunis.

Les noms des six laurĂ©ats de cette Ă©dition ont Ă©tĂ© proclamĂ©s lors d’une cĂ©rĂ©monie officielle et d’une soirĂ©e de gala, samedi 17 mai, au Théùtre municipal de Tunis.

Pour discuter avec le public, seront prĂ©sents les membres des deux jurys et Ă  leur tĂȘte les deux prĂ©sidents (Ridha KĂ©fi pour le français et Fathi Nasri pour l’arabe) et les auteur.e.s primĂ©.e.s.  

Il s’agit de :

– Mahdi Hizaoui, laurĂ©at du Prix Comar d’Or pour le roman de langue française pour «Ecris, tu seras aimĂ© des dieux» (Editions Arabesques).  

– Chafiq Targui, laurĂ©at du Prix Comar d’Or pour le roman de langue arabe pour «Liman Tajmaa Wardak aya Makram» (Editions Mayara).  

– Abdellatif Mrabet, laurĂ©at du Prix spĂ©cial du Jury pour le roman de langue arabe pour «Le vert et le bleu» (Editions Contrastes).

– Sofiane Rejeb, laurĂ©at du Prix spĂ©cial du jury pour «Ashab Al-Hodhod» (Editions Meskiliani).

– Houda Mejdoub, laurĂ©ate du Prix DĂ©couverte du roman de langue française pour «Ecoute-moi ma fille» (Editions Arabesques).

– Balkis Khalifa, laurĂ©ate du Prix DĂ©couverte pour le roman de langue arabe pour «Nafidha Ala Chams» (Editions Mayara).

Ce sera une occasion de discuter des romans primĂ©s et d’interroger leurs auteur.e.s sur leurs dĂ©marches littĂ©raires, esthĂ©tiques et philosophiques. Il sera aussi question de la situation de la crĂ©ation littĂ©raire en Tunisie et de l’apport des prix littĂ©raires comme le Comar d’Or Ă  son dĂ©veloppement.

I. B.

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Formation de 120 soudeurs tunisiens pour travailler en Italie

L’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, a assistĂ© Ă  la remise des diplĂŽmes Ă  des soudeurs tunisiens les habilitant Ă  travailler dans le secteur de la construction navale en Italie, et ce dans le cadre du projet pilote de Fincantieri.

C4est ce que la reprĂ©sentation diplomatique italienne Ă  Tunis a Ă©crit sur ses rĂ©seaux sociaux, ajoutant que «la formation professionnelle est au cƓur du Plan Mattei et du partenariat Italie-Tunisie».

Fincantieri a lancĂ© en Tunisie un programme de formation civique, linguistique et technique pour un premier groupe de 20 travailleurs, dans le cadre du Plan Mattei pour l’Afrique lancĂ© en 2023 par le gouvernement italien.

Les cours, d’une durĂ©e totale d’environ 300 heures, vont de l’apprentissage de la langue et de la culture italiennes Ă  la formation technico-professionnelle, comprenant des modules sur la sĂ©curitĂ© au travail et des notions de droit contractuel italien.

À la fin du cours, les participants seront embauchĂ©s directement par Fincantieri ou par des entreprises opĂ©rant dans les secteurs concernĂ©s, avec des contrats de travail rĂ©guliers, reprĂ©sentant un canal lĂ©gal et structurĂ© de mobilitĂ© professionnelle.

D’aprùs l’agence Ansa.

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Le salon de l’eau et de l’énergie, Irrimed Expo, du 17 au 20 juin Ă  Tunis

Du 17 au 20 juin 2025, le Parc des Expositions du Kram Ă  Tunis accueillera le premier Salon MĂ©diterranĂ©en de l’Eau, de l’irrigation et de l’énergie (Irrimed Expo), Ă©vĂ©nement de rĂ©fĂ©rence en MĂ©diterranĂ©e dĂ©diĂ© Ă  l’eau, Ă  l’irrigation et aux Ă©nergies renouvelables.

Ce salon rĂ©unira 150 exposants sur 5 000 mĂštres carrĂ©s et devrait attirer prĂšs de 15 000 visiteurs, dont des professionnels, des dĂ©cideurs politiques, des agriculteurs, des chercheurs et des chefs de file de l’industrie.

Dans un contexte de sĂ©cheresse structurelle en Tunisie, aggravĂ©e par la demande croissante en eau pour l’agriculture, le tourisme et les besoins de la population, Irrimed s’aligne sur la StratĂ©gie nationale pour une Ă©conomie durable de l’eau pour la pĂ©riode 2030-2050.

Selon le site Internet d’Irrimedexpo, le salon prĂ©sentera les derniĂšres innovations technologiques en matiĂšre de gestion de l’eau, d’irrigation intelligente et d’énergies renouvelables.

Parmi les participants figurent des entreprises de traitement et de distribution d’eau, des fabricants d’équipements d’irrigation et des opĂ©rateurs Ă©nergĂ©tiques, qui prĂ©senteront des solutions de pointe.

En parallĂšle, un riche programme de confĂ©rences et d’ateliers aura lieu, avec des experts tunisiens et internationaux qui aborderont des questions clĂ©s telles que le dessalement de l’eau, l’irrigation intelligente et la gouvernance de l’eau. Des institutions telles que la SociĂ©tĂ© nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede), l’Agence nationale de maĂźtrise de l’énergie (ANME) et l’Agence nationale de gestion des dĂ©chets (ANGed) mĂšneront des discussions concrĂštes. Irrimed invite Ă©galement les universitĂ©s, les centres de recherche et les organisations internationales Ă  participer en tant que partenaires, offrant une plus grande visibilitĂ© Ă  travers les plateformes mĂ©diatiques de l’évĂ©nement.

Des opportunitĂ©s de partenariat sont disponibles pour ceux qui souhaitent participer Ă  cette rencontre stratĂ©gique en MĂ©diterranĂ©e. Cet Ă©vĂ©nement marque une Ă©tape importante vers la sensibilisation et la mobilisation des acteurs rĂ©gionaux sur les enjeux environnementaux, la durabilitĂ© et l’innovation technologique.

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Conférence à Tunis sur «Les migrations au Maghreb»

L’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) annonce l’organisation d’une confĂ©rence-dĂ©bat intitulĂ©e «Migrations au Maghreb et en Afrique de l’Ouest : chiffres, mĂ©thodes et savoir-faire», le 29 mai 2025, Ă  19 heures, Ă  son siĂšge Ă  Mutuelleville, Ă  Tunis.

L’évĂ©nement, qui se tiendra en français et en anglais, rĂ©unira Mariangela Palladino, professeure d’études culturelles et postcoloniales Ă  l’UniversitĂ© de Keele au Royaume-Uni, et Issouf BinatĂ©, anthropologue Ă  l’UniversitĂ© Alassane Ouattara en CĂŽte d’Ivoire.

La confĂ©rence sera modĂ©rĂ©e par Valentina Zagaria, chercheuse Ă  l’UniversitĂ© de Manchester et chercheuse associĂ©e Ă  l’IRMC. Khaoula Matri, socio-anthropologue Ă  l’UniversitĂ© de Sousse et chercheuse associĂ©e Ă  l’IRMC, coordonnera cet Ă©vĂ©nement socioculturel.

OrganisĂ©e par l’IRMC et le rĂ©seau Maghreb Action on Displacement and Rights, Maghreb Action sur les dĂ©placements et les droits (Madar), cette confĂ©rence-dĂ©bat s’inscrit dans le cadre du programme «Perspectives transversales sur les migrations au Maghreb et au-delà». Madar est un rĂ©seau collaboratif dirigĂ© par l’UniversitĂ© de Keele en partenariat avec l’IRMC, Cread (AlgĂ©rie), Ami (Maroc), l’UniversitĂ© d’Édimbourg (Royaume-Uni), l’UniversitĂ© de Liverpool (Royaume-Uni) et l’UniversitĂ© de Manchester (Royaume-Uni).

Madar vise Ă  amĂ©liorer la protection humanitaire des personnes dĂ©placĂ©es vulnĂ©rables dans les contextes de conflit dans la rĂ©gion du Maghreb, notamment en AlgĂ©rie, au Maroc et en Tunisie. Son objectif est de faciliter les collaborations de recherche et de soutenir des projets qui s’appuient sur l’expertise rĂ©gionale des chercheurs britanniques et maghrĂ©bins travaillant dans les domaines des arts, des sciences humaines et des sciences sociales et politiques. Madar combine une approche interdisciplinaire avec des mĂ©thodes participatives et collaboratives, s’appuyant sur des initiatives artistiques et crĂ©atives pour mobiliser les voix du monde entier, faciliter la participation des groupes marginalisĂ©s et sous-reprĂ©sentĂ©s et donner aux personnes dĂ©placĂ©es un rĂŽle plus actif dans le processus de recherche et ses rĂ©sultats.

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Trump au Moyen-Orient ou l’aube du crĂ©puscule 

La rĂ©cente tournĂ©e de Donald Trump au Moyen-Orient n’a rien d’anodin. En Arabie Saoudite, aux Emirats et au Qatar, il dĂ©ploie une Ă©nergie presque messianique, celle des hommes qui n’ont jamais acceptĂ© la fin. Il parle, il promet, il vend. Il distribue les rĂŽles, comme s’il avait encore la scĂšne pour lui seul. Et il l’a, en partie. 

Manel Albouchi *

La levĂ©e des sanctions militaires contre la Syrie n’est pas un dĂ©tail. C’est un signal. Comme les mots d’Erdogan «mon ami Trump». Des mots lourds, doux en surface, tranchants en profondeur. Il y a lĂ  des deals anciens, des ambitions nouvelles, des intĂ©rĂȘts recomposĂ©s Ă  l’ombre des alliances. Une chorĂ©graphie huilĂ©e entre le faste et la menace. 

On parle de contrats, de milliards, de livraisons d’armes, de satellites, d’intelligence artificielle. Et, en coulisses, la promesse d’un contrĂŽle sur l’Afrique, au nom d’un Ă©quilibre fragile, face Ă  la Chine, Ă  la Russie. L’AmĂ©rique transactionnelle avance Ă  visage dĂ©couvert. L’État profond, lui, reste masquĂ©. 

Le pouvoir se donne en spectacle

Mais ce serait une erreur de lire cette visite uniquement Ă  travers les lentilles gĂ©opolitiques. Car ce qui se joue ici, c’est aussi une scĂšne intĂ©rieure. Une tentative de réécrire le rĂ©cit. Trump revient lĂ  oĂč le pouvoir se donne en spectacle, lĂ  oĂč l’autoritĂ© peut se rejouer en miroir : entre guerre et paix, entre chaos et contrĂŽle. 

Il donne, il retire. Il flatte, puis menace. Il ne nĂ©gocie pas, il dramatise. Figure paternelle autoritaire, mais instable. Charismatique, mais inquiĂ©tant. 

Et derriĂšre lui, les États-Unis continuent Ă  rejouer leur vieille piĂšce. Ils veulent encore incarner l’ordre, dicter les termes. L’espoir d’un nouvel ordre mondial, bien sĂ»r, Ă©crit selon leur syntaxe. Mais l’illusion s’effrite. IsraĂ«l, qui pariait sur la constance amĂ©ricaine, dĂ©couvre une loyautĂ© qui se renĂ©gocie au grĂ© des intĂ©rĂȘts. Une alliance historique peut devenir secondaire, quand les ambitions personnelles et les calculs l’emportent. 

Et Gaza ? Et les Palestiniens ? 

Elle disparaĂźt lentement du rĂ©cit dominant. SacrifiĂ©e sur l’autel de la normalisation. Les «deals de paix» sont devenus des marchĂ©s d’armement. La parole des peuples, elle, reste tenue Ă  l’écart. On les montre rarement. On les invite encore moins. 

Les silences trompeurs des peuples  

Pourtant, il faudrait prĂȘter l’oreille. Car c’est dans ces silences, dans ces rĂ©sistances sans camĂ©ra, que naissent les vraies alternatives. 

AprĂšs le printemps arabe, un Ă©tĂ© aride. On attend l’automne. Pour voir ce qui tombera. 

Car peut-ĂȘtre que l’histoire, la vraie, ne se joue pas lĂ  oĂč les projecteurs brillent le plus. Peut-ĂȘtre qu’elle est en train dĂ©jĂ  de s’écrire ailleurs
 dans le murmure. LĂ  oĂč l’on espĂšre sans spectacle. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.

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Vient de paraĂźtre │ ‘‘L’OdyssĂ©e de Tamra’’ de Issam Marzouki  

Issam Marzouki vient de publier un conte pour enfant intitulĂ© ‘‘L’OdyssĂ©e de Tamra’’ racontant l’histoire touchante d’une chienne arrachĂ©e Ă  sa ferme situĂ©e Ă  El Guettar, dans le sud de la Tunisie. DĂ©terminĂ©e Ă  retrouver son foyer et son ami Mouldi, Tamra entreprend un pĂ©riple semĂ© d’embĂ»ches Ă  travers forĂȘts et oueds.

Au cours de son voyage, Tamra affronte divers dangers, notamment un caracal, un porc-épic et une meute de loups, illustrant ainsi son courage et sa fidélité inébranlables.

Ce rĂ©cit de l’auteur Issam Marzouki paru aux Ă©ditions La voix du livre (Livox) destinĂ© aux enfants Ă  partir de 6 ans, dirigĂ©es par Zakia Bouassida, est disponible au format papier et audio offrant ainsi une expĂ©rience de lecture immersive grĂące aux illustrations signĂ©es Atelier Izotop et Ă  la narration d’Ahlem Ghayaza.

Docteur en littĂ©rature, ancien directeur du DĂ©partement de français Ă  l’Institut SupĂ©rieur des Langues de Tunis, Ă©crivain pour la jeunesse, cadre associatif et animateur d’ateliers de théùtre amateur. Il a enseignĂ© la littĂ©rature française et comparĂ©e, l’analyse filmique et l’histoire du cinĂ©ma dans diffĂ©rents Ă©tablissements de l’enseignement supĂ©rieur. Ancien directeur de radio, il a produit des chroniques ainsi que plusieurs piĂšces de théùtre radiophonique. Il continue Ă  animer une chronique sur les crimes cĂ©lĂšbres et des contes pour la chaĂźne internationale de Radio Tunis (RTCI).

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GĂ©nocide Ă  Gaza │La complicitĂ© active de l’Occident

«L’Occident a Ă©puisĂ© son capital moral», affirmait Emmanuel Todd. À l’heure oĂč Gaza gĂźt sous les dĂ©combres, soumis aux incessants bombardement d’IsraĂ«l, surarmĂ© par ce mĂȘme Occident, cette phrase prend une rĂ©sonance tragique. Plus de dix-neuf mois de guerre, plus de 160 000 morts et blessĂ©s cĂŽtĂ© palestinien, des hĂŽpitaux bombardĂ©s, des enfants mutilĂ©s, des familles dĂ©cimĂ©es — et toujours pas l’ombre d’une sanction, d’un embargo, d’une action salvatrice. Rien. Le silence. L’Occident a tombĂ© le masque. DĂ©finitivement.

Khémaïs Gharbi

Le silence : cette complicitĂ© passive (et parfois mĂȘme active, par les livraisons d’armes Ă  l’agresseur israĂ©lien), cette abdication morale, cette reddition devant l’arbitraire. OĂč sont passĂ©s les grands discours ? OĂč est cette fameuse «communautĂ© internationale», prompte Ă  condamner, Ă  exclure, Ă  diaboliser quand cela sert ses intĂ©rĂȘts ?

TĂ©moin des grandes joutes oratoires, combien de fois ai-je entendu les dirigeants occidentaux affirmer, d’un ton ferme : «Le droit international est sacrĂ© ! La dĂ©mocratie est sacrĂ©e». Ces mots frappaient mes tympans, vibraient dans mon casque d’interprĂšte. Ils semblaient porteurs d’une vĂ©ritĂ© universelle.

Mais aujourd’hui, ces mots me blessent. Ils sonnent faux. Creux. Hypocrites.

Des mots qui sonnent faux

Car le droit international, ce prĂ©tendu rempart de la civilisation, est devenu un chiffon que l’on piĂ©tine Ă  volontĂ©. Il est brandi pour punir les faibles, jamais pour rappeler Ă  l’ordre les puissants ou leurs alliĂ©s. Gaza en est la preuve accablante.

Ce n’est pas une guerre. C’est une extermination Ă  huis clos. Un gĂ©nocide sous camĂ©ras, mais sans Ă©cho. Une tragĂ©die suivie en direct et tolĂ©rĂ©e en silence.

Et pourtant, l’Occident continue de bomber le torse, de se faire donneur de leçons, d’exiger de nos dirigeants une dĂ©mocratie exemplaire, des institutions «transparentes», une libertĂ© de presse «comme chez eux» (copier-coller) — alors que leur propre presse est muselĂ©e par l’argent, leur parole verrouillĂ©e par la peur de dĂ©plaire aux lobbies. Leur dĂ©mocratie invisible. Qu’ont-ils Ă  nous apprendre? Leur indignation est sĂ©lective, leur morale Ă  gĂ©omĂ©trie variable.

Une morale à géométrie variable

Nous avons longtemps cru qu’il nous manquait quelque chose : la rigueur, la modernitĂ©, un peu de dĂ©mocratie, la maturitĂ© politique. Mais nous rĂ©alisons aujourd’hui que l’arĂšne internationale n’est pas un lieu de justice, mais de rapports de force. Ce n’est pas notre «retard» qui nous Ă©crase, mais leur cynisme, leur hypocrisie.

Il faut cesser de se culpabiliser. Nos peuples, nos dirigeants, malgré leurs erreurs, ont agi souvent avec courage. Ce ne sont pas des «échecs civilisationnels»; ce sont des résistances asphyxiées, des volontés brisées par un ordre mondial profondément injuste.

Alors, cessons de nous quereller entre nous. Cessons de nous flageller par des critiques sans fin. Ne cherchons plus dans nos origines des raisons de nous diviser : BerbĂšres, Arabes, Africains, MĂ©diterranĂ©ens
 Encore moins dans nos sensibilitĂ©s politiques ou philosophiques : gauche, droite, centre, extrĂȘmes, modernistes, opportunistes
 Nous sommes tous tunisiens, un seul peuple, aux racines diverses mais au destin commun. Nous soutenons nos dirigeants et ne les saboterons jamais. Nous nous exprimerons Ă  leur Ă©gard uniquement dans l’isoloir des bureaux de vote. Dans les intervalles nos critiques seront toujours mesurĂ©es et constructives.

Il est temps de redresser la tĂȘte, d’unir nos forces, de bĂątir une parole souveraine et indĂ©pendante. Il est temps d’agir, de penser, de crĂ©er hors du regard de ceux qui nous mĂ©prisent.

La dignité ne se négocie pas

Ne demandons plus de reconnaissance à ceux qui nous ignorent. Cessons de quémander des droits que nous devons prendre. La dignité ne se négocie pas. Elle se conquiert.

Et que ceux qui nous traitent encore comme des Ă©lĂšves indisciplinĂ©s entendent ceci : nous avons cessĂ© d’attendre leurs fĂ©licitations. Nous Ă©crivons dĂ©sormais notre histoire, avec notre encre, sur notre papier, selon nos prioritĂ©s.

Le temps de la soumission Ă  l’étranger est rĂ©volu.

* Ecrivain et traducteur.

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Quatre artistes tunisiennes au Grand Musée égyptien

Quatre artistes tunisiennes : Neila Ben Ayed, Houda Ajili, Alia Derouiche et Aziza Guermazi exposent leurs Ɠuvres au Grand MusĂ©e Egyptien au Caire, dans le cadre du Forum international Empower Her Art (Ehaf), qui se tient du 16 au 20 mai 2025.

Ehaf est un rendez-vous majeur de la scĂšne artistique fĂ©minine mondiale qui rĂ©unit 200 artistes issues de 35 pays, ainsi que des commissaires et chercheuses de tous horizons autour des pratiques de l’art contemporain.

Les quatre artistes tunisiennes dont les Ɠuvres sont rĂ©unies dans un pavillon tunisien, sont reprĂ©sentative de la vitalitĂ© actuelle de la scĂšne artistique fĂ©minine tunisienne, , Ă  la croisĂ©e de la mĂ©moire et des identitĂ©s plurielles, entre hĂ©ritage et innovation.

L’exposition s’inscrit dans la programmation officielle de la troisiĂšme Ă©dition du Forum Ehaf, qui investit le Grand MusĂ©e Ă©gyptien, un lieu emblĂ©matique, offrant un Ă©crin exceptionnel Ă  la rencontre entre hĂ©ritage millĂ©naire et visions d’avenir.
Ce projet a vu le jour grĂące Ă  l’engagement de nombreux partenaires et des Ă©quipes du Grand MusĂ©e Ă©gyptien, d’Ehaf et d’Artoday, chapeautĂ© par sa fondatrice Shereen Badr.

Neila Ben Ayed est Tuniso-canadienne, artiste, designer et commissaire d’expositions. Elle a Ă  son actif plus de 200 expositions personnelles et collectives au Canada, en Tunisie, aux États-Unis, en Italie et en France. Elle est trĂšs engagĂ©e dans la promotion de la diversitĂ© culturelle dans les arts visuels. Son travail artistique explore les identitĂ©s plurielles, l’hybriditĂ© culturelle et la mĂ©moire, en utilisant des techniques mĂȘlĂ©es de peinture, d’art numĂ©rique et de collage dans un processus de crĂ©ation en plusieurs Ă©tapes. Ses Ɠuvres, Ă  la croisĂ©e de la figuration et de l’abstraction gĂ©omĂ©trique , expriment la complexitĂ© de l’ĂȘtre, la superposition des vĂ©cus et la recherche d’harmonie dans la multiplicitĂ©.

Houda Ajili est une artiste peintre tunisienne de la nouvelle gĂ©nĂ©ration. Elle vit et travaille Ă  Paris. Elle enseigne les arts plastiques et participe Ă  des expositions personnelles et collectives en Tunisie, en Égypte, au Maroc, en Italie et en France, notamment au Salon d’Automne de Paris en 2014.

Alia Derouiche est une artiste visuelle nĂ©e et ayant grandi Ă  Tunis. Professeure de design de mode, elle enseigne Ă  Tunis depuis plus de vingt ans. Et a Ă  son actif plusieurs expositions personnelles et collectives en Tunisie et Ă  l’étranger.

Tableau de Aziza Guermazi.

Aziza Guermazi, passionnĂ©e par l’architecture, s’est entiĂšrement consacrĂ©e Ă  la peinture Ă  partir de 2018, en participant Ă  des expositions en Tunisie, au Liban, en Jordanie, en Italie et Ă  DubaĂŻ. Elle explore l’essence de l’ĂȘtre, expĂ©rimentant la relation entre le corps et l’esprit Ă  travers ses personnages, tout en mettant en lumiĂšre le rĂŽle puissant de la femme dans son Ɠuvre. Son style onirique, parfois enfantin, transcende les frontiĂšres et invite les spectateurs Ă  explorer leurs propres souvenirs et rĂȘves.

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Gaza │ IsraĂ«l condamne Ă  mort les malades de cancer palestiniens

DĂ©jĂ  que la vie Ă  Gaza est un enfer Ă  cause du gĂ©nocide qu’y perpĂštre IsraĂ«l depuis octobre 2023, ĂȘtre en plus atteint d’un cancer est bien plus qu’une Ă©preuve, un supplice et une mort lente surtout que l’armĂ©e israĂ©lienne a mis sciemment hors service les deux Ă©tablissements qui pouvaient assurer des soins aux malades. (Ph. Des patients atteints de cancer ont quittĂ© l’hĂŽpital europĂ©en de Gaza aprĂšs sa mise hors service en raison des bombardements israĂ©liens.)

Imed Bahri

L’armĂ©e israĂ©lienne a d’abord dĂ©truit entiĂšrement l’hĂŽpital de l’AmitiĂ© palestino-turque intĂ©gralement dĂ©diĂ© Ă  la cancĂ©rologie et qui soignait plus de 10 000 Gazaouis atteints de la maladie. Elle a ensuite bombardĂ© l’hĂŽpital europĂ©en qui disposait d’un service d’oncologie. Et comme si tout cela ne suffisait pas, les malades sont empĂȘchĂ©s de quitter Gaza et de se soigner Ă  l’étranger. En dĂ©finitive, IsraĂ«l condamne Ă  mort les Gazaouis atteint de cancer.

Al Jazeera Net a recueilli des tĂ©moignages de jeunes mĂšres atteintes de cancer. Des mĂšres qui luttent Ă  la fois contre une terrible maladie, qui ne sont plus soignĂ©es et qui souffrent psychologiquement en pensant Ă  leurs enfants qui seront orphelins le jour oĂč elles ne seront plus de ce monde.

Hadil Shahadeh, 35 ans, dĂ©crit son Ă©tat d’esprit quand elle a appris que l’hĂŽpital europĂ©en de Gaza Ă©tait devenu hors service : «Je me suis sentie Ă©touffĂ©e et submergĂ©e par des sentiments nĂ©gatifs comme si la mort Ă©tait sur le point de m’emporter». C’est par ces mots que le patiente qui souffre d’un lymphome depuis huit ans a rĂ©sumĂ© la situation tragique Ă  laquelle elle doit faire face. 

Hadil ne dort plus aprĂšs les violents tirs de l’aviation israĂ©lienne sur cet hĂŽpital situĂ© au sud-est de la ville de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 13 mai. C’est le seul hĂŽpital Ă  fournir des soins mĂ©dicaux aux patients atteints de cancer aprĂšs que l’occupation a dĂ©truit l’hĂŽpital de l’AmitiĂ© palestino-turque de la ville de Gaza et l’a mis hors service.

Suite Ă  cette attaque, le ministĂšre de la SantĂ© a dĂ©clarĂ© l’hĂŽpital europĂ©en de Gaza hors service. Selon l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), cela a entraĂźnĂ© la suspension de services vitaux notamment la neurochirurgie, les soins cardiaques et le traitement du cancer, des services non disponibles ailleurs dans la bande de Gaza.

Ali Hamed veille sur sa femme, Mona, atteinte d’un cancer, et s’inquiĂšte pour elle depuis que l’hĂŽpital europĂ©en a Ă©tĂ© mis hors service.

Des services vitaux hors service 

«C’est une condamnation Ă  mort pour des milliers de patients», explique Hadil Ă  Al Jazeera Net en regardant par un trou créé par les frappes aĂ©riennes israĂ©liennes sur un poste de police dĂ©truit dans le quartier de Nasr, au nord de la ville de Gaza, oĂč elle et ses parents ĂągĂ©s ont trouvĂ© refuge. Le terrain est devenu trop Ă©troit pour eux suite au rĂ©cent dĂ©placement de la population de la ville de Beit Lahia dans le nord de l’enclave palestinienne.

Hadil a dĂ©couvert qu’elle avait un cancer en 2017 et, dĂšs lors, elle Ă©tait rĂ©guliĂšrement suivie Ă  l’hĂŽpital de l’AmitiĂ© palestino-turque, bombardĂ© par les forces d’occupation israĂ©liennes il y a quelques semaines. L’hĂŽpital Ă©tait le seul Ă  fournir des services mĂ©dicaux Ă  environ 10 000 patients atteints de cancer et de tumeurs dans la bande de Gaza.

Suite au dĂ©clenchement de la guerre israĂ©lienne sur la bande de Gaza en 2023, Hadil et sa famille ont Ă©tĂ© contraints de fuir le nord de la bande de Gaza vers le sud, se dĂ©plaçant Ă  plusieurs reprises d’un endroit Ă  un autre. Atteindre l’hĂŽpital de l’AmitiĂ© est devenu impossible et dangereux.

«La guerre est plus dĂ©vastatrice pour nous, les malades, car nous sommes confrontĂ©s Ă  la mort sous toutes ses formes», dit-elle. Les soins mĂ©dicaux prodiguĂ©s Ă  l’hĂŽpital europĂ©en de Gaza, qui servait de substitut Ă  l’AmitiĂ©, ont Ă©tĂ© de courte durĂ©e et maintenant qu’il est hors service, les malades du cancer sont menacĂ©s de mort. 

Tahani Abu Mustafa, une patiente atteinte d’un cancer, craint pour ses six enfants aprùs le martyre de son mari.

25 000 malades et blessées en attente

Hadil a reçu une autorisation pour un traitement Ă  l’étranger depuis octobre dernier mais elle n’a pas pu voyager en raison des restrictions israĂ©liennes sur le passage de Karam Abou Salem que l’occupation israĂ©lienne utilise pourtant Ă  titre exceptionnel pour que les personnes gravement malades puissent quitter Gaza et ce, en remplacement du passage terrestre de Rafah.

Hadil fait partie des quelque 25 000 personnes malades et blessĂ©es figurant sur les listes d’attente pour ĂȘtre soignĂ©s Ă  l’étranger. Elle dit que son traitement n’est pas disponible dans la bande de Gaza. Elle survit grĂące aux analgĂ©siques qu’elle reçoit de l’hĂŽpital europĂ©en de Gaza mais elle ne sait pas ce qu’elle va faire maintenant que l’hĂŽpital est fermĂ©. Le traitement n’est pas disponible dans les quelques pharmacies encore en activitĂ© dans l’enclave palestinienne et en plus, elle n’a pas les moyens financiers de l’acheter mĂȘme s’il devient disponible.

L’hĂŽpital europĂ©en Ă©tait le dernier espoir de vie pour Mona Agha alors qu’elle attendait l’opportunitĂ© de voyager Ă  l’étranger pour se faire soigner d’un cancer de l’estomac, diagnostiquĂ© cinq mois plus tĂŽt et qui s’était propagĂ© dans tout son corps.

ÉpuisĂ©e, Mona qui est ĂągĂ©e de 30 ans est allongĂ©e sur un lit du service de mĂ©decine interne du complexe mĂ©dical Nasser depuis que des ambulances l’ont transportĂ©e avec d’autres malades de l’hĂŽpital europĂ©en de Gaza dont l’administration avait dĂ©cidĂ© son Ă©vacuation aprĂšs son bombardement. 

Articulant trĂšs difficilement et parvenant Ă  peine Ă  parler car essoufflĂ©e, Agha confie Ă  Al Jazeera Net : «La situation ici est trĂšs mauvaise. Hier, j’avais l’impression de mourir en attendant les analgĂ©siques pour soulager cette douleur intense».

En l’absence de centre d’oncologie au Complexe Nasser, Ali Hamed ĂągĂ© de 37 ans s’inquiĂšte pour sa femme Mona en raison du manque de traitement et de soins. Il a dĂ©clarĂ© Ă  Al Jazeera Net : «À l’hĂŽpital europĂ©en, il existe un centre d’oncologie spĂ©cialisĂ© et malgrĂ© la guerre et le siĂšge, les soins et les services mĂ©dicaux sont bien meilleurs pour les patients atteints de cancer».

Mona est mĂšre de quatre enfants et vit dans une tente Ă©rigĂ©e sur les dĂ©combres de sa maison dĂ©truite dans la ville de Bani Suhaila, Ă  l’est de Khan Yunis. Elle dit ĂȘtre profondĂ©ment inquiĂšte pour elle-mĂȘme et ses enfants si l’hĂŽpital europĂ©en reste hors service pendant une pĂ©riode prolongĂ©e et que les soins mĂ©dicaux qu’elle y a reçus au centre d’oncologie sont interrompus.

Tahani Abu Mustafa, 38 ans, se trouve sur un lit voisin dans un Ă©tat d’épuisement extrĂȘme Ă  cause d’un cancer de l’abdomen qu’elle a dĂ©couvert aprĂšs la mort de son mari lors de la premiĂšre annĂ©e de la guerre. Supportant la douleur extrĂȘme, Tahani Abu Mustafa a indiquĂ© Ă  Al Jazeera Net qu’elle Ă©tait profondĂ©ment inquiĂšte de ce qui arriverait Ă  ses six enfants si elle mourait. Elle a ajoutĂ© que son anxiĂ©tĂ© s’était accrue aprĂšs que l’hĂŽpital europĂ©en de Gaza ait Ă©tĂ© mis hors service et que le traitement dont elle avait besoin n’était plus disponible ailleurs dans la bande de Gaza.

La patiente Hadeel Shahada a Ă©tĂ© orientĂ©e vers un traitement Ă  l’étranger, mais elle attend depuis octobre dernier.

Augmentation significative des décÚs par cancer

Tarek Al-Mahrouq, directeur des soins infirmiers au Centre de cancĂ©rologie de Gaza, relevant du ministĂšre de la SantĂ©, affirme que des milliers de patients atteints de cancer et de tumeurs sont en rĂ©el danger aprĂšs que l’occupation a ciblĂ© l’hĂŽpital europĂ©en de Gaza causant des dommages importants Ă  ses infrastructures et Ă  ses services, le forçant Ă  cesser ses activitĂ©s.

Al-Mahrouq a dĂ©clarĂ© Ă  Al Jazeera Net que le transfert forcĂ© de ces patients vers le complexe mĂ©dical Nasser reprĂ©sente un risque rĂ©el pour leur vie car l’établissement n’est pas qualifiĂ© pour traiter le cancer et les tumeurs.

Le responsable de la santĂ© note qu’il y a eu rĂ©cemment une augmentation significative des dĂ©cĂšs par cancer en raison des restrictions israĂ©liennes sur l’importation de mĂ©dicaments et de fournitures mĂ©dicales.

Il a dĂ©clarĂ© que 10 000 personnes atteintes de cancer Ă©taient traitĂ©es Ă  l’hĂŽpital de l’AmitiĂ© avant qu’il ne soit dĂ©truit et qu’il cesse complĂštement ses activitĂ©s. Le sort des malades est incertain car il n’existe actuellement aucun Ă©tablissement mĂ©dical fournissant les services et les soins nĂ©cessaires dans toute la bande de Gaza.

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Ooredoo Tunisie │Rechargez, jouez et gagnez avec Mfawla !

Ooredoo Tunisie a lancé, depuis le 6 mai, Mfawla 2025, un programme inédit et festif qui transforme chaque recharge en une occasion de gagner, sur-le-champ ou à travers de grands tirages mensuels.

Les clients qui effectuent une recharge de 2 DT ou plus, via n’importe quel canal, pourront accĂ©der instantanĂ©ment au jeu Mfawla. En fonction de leur montant de recharge, ils pourront gagner des bonus attrayants : du volume internet, des minutes d’appels ou encore des points de fidĂ©litĂ©. L’expĂ©rience est fluide et accessible Ă  tous, que ce soit via l’application MyOoredoo ou par SMS en composant le *3333# pour les utilisateurs de tĂ©lĂ©phones classiques.

Et ce n’est que le dĂ©but. Plus les clients rechargent, plus ils augmentent leurs chances de remporter des cadeaux exclusifs chaque mois, en lien avec les temps forts de l’annĂ©e.

En mai, Mfawla commence avec un prix en argent de 5 000 DT pour la fĂȘte des mĂšres. En juin, un autre prix de 5 000 DT sera attribuĂ© Ă  l’occasion de l’AĂŻd.

Juillet rĂ©serve une double surprise estivale : 5 000 DT et un voyage de rĂȘve aux Maldives pour deux personnes.

En août, un heureux gagnant repartira avec 5 000 DT et le tout nouvel iPhone 16.

En septembre, pour la rentrĂ©e, 5 000 DT et trois smartphones 5G seront mis en jeu. Octobre apportera un souffle d’automne avec encore 5 000 DT Ă  gagner.

Enfin, novembre clÎturera en beauté avec un tour du monde, une voiture neuve et un dernier prix en argent spectaculaire.

Avec plus de 120 000 gagnants attendus chaque mois et 14 grands prix à décrocher durant toute la période des jeux

Mfawla 2025 promet d’apporter sourire et Ă©motion aux quatre coins du pays.

«Cette initiative vise Ă  offrir de la joie, de la reconnaissance et des moments inoubliables Ă  nos clients», a dĂ©clarĂ© Sunil Mishra, CMO de Ooredoo Tunisie. Et d’ajouter : «C’est notre façon de dire merci et de renforcer le lien avec notre clientĂšle Ă  chaque recharge.»

Plus qu’un simple programme de rĂ©compenses, Mfawla 2025 est une invitation Ă  cĂ©lĂ©brer les petits gestes du quotidien qui peuvent crĂ©er de grandes Ă©motions.

Communiqué.

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ConfĂ©rence Ă  Carthage │ 95 % des activitĂ©s du cerveau sont encore mĂ©connues

L’AcadĂ©mie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (BeĂŻt Al-Hikma) a organisĂ©, le vendredi 16 mai 2025, Ă  son siĂšge Ă  Carthage-Hannibal, une confĂ©rence sur le thĂšme «Interfaces conscient-inconscient et indiffĂ©rence de l’univers, absurdisme et vivant, et notre refuge dans la nĂ©gation et la sublimation».

La confĂ©rence a Ă©tĂ© donnĂ©e par le mĂ©decin, membre de l’AcadĂ©mie, Pr Rafik Boukhris, qui a traitĂ© dans son intervention du conscient et de l’inconscient humains dont l’apparition est un Ă©vĂ©nement trĂšs rĂ©cent datant de seulement 2 millions d’annĂ©es environ.

Pour y arriver, il a fallu que soient remplies plusieurs conditions physiques étranges car le conflit entre déterminisme physique et hasard biologique en ont été les acteurs principaux.

Il a fallu d’abord l’apparition de notre univers (probablement parmi de nombreux autres) il y a 13,8 milliards d’annĂ©es.

Il a fallu, quelques milliards d’annĂ©es aprĂšs, celle de la vie sur notre Terre, un minuscule grain de sable perdu parmi des milliards de milliards d’autres et cela il y a 4,6 milliards d’annĂ©es.

Il a fallu ensuite d’autres Ă©vĂ©nements essentiels : la grande oxydation de notre planĂšte, il y a 2,3 milliards d’annĂ©es; l’apparition du premier cerveau animal, il n’y a que 600 millions d’annĂ©es; pour arriver enfin Ă  la conscience humaine, hier, il y a 2 millions d’annĂ©es.

Ces différentes notions ont été revues, enchaßnant sur le substrat anatomique et le processus fonctionnel qui sous-tendent ce qui constitue notre «Moi».

Un intĂ©rĂȘt particulier a Ă©tĂ© accordĂ© aux derniĂšres donnĂ©es sur les activitĂ©s de notre cerveau, dont 95% sont encore mystĂ©rieuses (celles de notre inconscient) et seulement 5% sont de notre conscient et, en tant que tels, nous y avons accĂšs.

La dĂ©marche scientifique du Pr Boukhris est claire, un chemin fascinant, celui de l’émergence du «Moi» humain au sein de l’univers, dont les lois sont, Ă  la fois, d’une rigueur implacable et d’une complexitĂ© vertigineuse.

Le sujet traitĂ© invite Ă  prendre de la hauteur Ă  travers ces milliards d’annĂ©es d’évolution cosmique, biologique et cognitive pour mieux comprendre l’émergence du conscient et de l’inconscient.

C’est un voyage qui part de l’origine de l’univers pour atterrir dans les replis de notre systĂšme nerveux et qui n’est pas un simple retour vers le passĂ©; c’est une projection vers l’avenir, car, comprendre ce que nous sommes, c’est aussi entrevoir ce que nous pourrions devenir.

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Tendance haussiĂšre des tempĂ©ratures en Tunisie  

L’Institut national de la mĂ©tĂ©orologie (INM) prĂ©voit pour mai, juin et juillet des tempĂ©ratures au plus haut des moyennes saisonniĂšres dans toutes les rĂ©gions de la Tunisie, traduisant une tendance vers un climat de plus en plus chaud.

Le bulletin de l’INM relatif aux prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques saisonniĂšres ne prĂ©voit pas de prĂ©cipitations notables durant cette mĂȘme pĂ©riode. Des pluies restent cependant possibles, notamment au nord et au centre du pays, mais elles seront rares et en dessous des moyennes saisonniĂšres.

I. B.  

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Le moteur d’un train assurant la liaison Sousse-Tunis prend feu  

Le moteur d’un train de la SociĂ©tĂ© nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) assurant la desserte Sousse – Tunis a pris feu, ce matin, lundi 19 mai 2025, au niveau de la zone industrielle de KalĂąa Kebira.

Selon MosaĂŻque FM, qui a rapportĂ© cette information, l’incendie a Ă©tĂ© rapidement maĂźtrisĂ© sans faire de blessĂ©s et la locomotive endommagĂ©e a Ă©tĂ© remplacĂ©e pour assurer le transport des passagers vers Tunis.

I. B.

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Tunis │ La grĂšve gĂ©nĂ©rale des taxis individuels observĂ©e Ă  hauteur de 95%  

Le président du syndicat de base des chauffeurs de taxis individuels, Nader Kazdaghli, a déclaré que la grÚve générale de ses collÚgues dans les gouvernorats du Grand-Tunis (Ariana, Manouba, Ben Arous et Tunis) a atteint, ce lundi 19 mai 2025, vers 10 heures du matin, le taux de 95%.

Dans une dĂ©claration Ă  Diwan FM, Kazdaghli a indiquĂ© que cette grĂšve gĂ©nĂ©rale a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e suite Ă  l’absence de rĂ©action des autoritĂ©s aux revendications des taxistes, dont l’augmentation du tarif affichĂ© par les compteurs, et ce malgrĂ© les nombreux courriers envoyĂ©s Ă  cet effet aux services compĂ©tents.

Kazdaghli a ajoutĂ© que les taxistes grĂ©vistes observent aussi un sit-in de protestation devant le siĂšge du ministĂšre des Transport Ă  Tunis et que leurs mains sont tendues pour d’éventuelles nĂ©gociations sur les diffĂ©rentes dolĂ©ances du secteur.

Ce secteur est en crise et le dernier communiqué du ministÚre des Transports ne répond pas aux attentes des professionnels, a souligné Kazdaghli.

I. B.

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Tunisie │ Report du procĂšs du prĂ©sumĂ© terroriste Bilel Chaouachi

La chambre pénale spécialisée dans les affaires terroristes a décidé de reporter au mois de juin 2025 le procÚs du terroriste présumé Bilel Chaouachi, et ce à la demande de ses avocats.

Diwan FM, qui a rapportĂ© l’information ce lundi 19 mai 2025, en citant une source bien informĂ©e, a indiquĂ© que le ministĂšre de l’IntĂ©rieur avait inscrit Bilel Chaouachi sur la liste des Ă©lĂ©ments terroristes en 2019, pour avoir fait partie des organisations jihadistes Jibhat Al-Nosra et Etat slamique (DaĂȘch) en Syrie.     

La Commission nationale de la lutte contre le terrorisme avait de son cÎté gelé ses biens et avoirs financiers.

I. B.

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Xinhua : «PĂ©kin s’apprĂȘte Ă  approfondir sa coopĂ©ration avec Tunis»

«La Chine est disposĂ©e Ă  approfondir sa coopĂ©ration avec la Tunisie dans les domaines culturel, universitaire, touristique, mĂ©diatique et autres, Ă  renforcer les Ă©changes et l’apprentissage mutuel entre les civilisations, Ă  coordonner et coopĂ©rer Ă©troitement dans les affaires internationales et rĂ©gionales, et Ă  promouvoir le dĂ©veloppement stable et durable des relations bilatĂ©rales».

C’est ce qu’a dĂ©clarĂ© Li Shulei, membre du Bureau politique du ComitĂ© central du Parti communiste chinois et chef du DĂ©partement de l’information du ComitĂ© central du PCC, qui a conduit une dĂ©lĂ©gation du PCC en visite en Tunisie de mercredi 14 Ă  samedi 17 mai 2025 et a rencontrĂ© plusieurs responsables tunisiens et Ă  leur tĂȘte le prĂ©sident de la rĂ©publique KaĂŻs SaĂŻed.

Selon l’agence chinoise Xinhua, lors de cette rencontre, qui eut lieu jeudi au Palais de Carthage, M. Li a transmis les salutations cordiales du prĂ©sident Xi Jinping Ă  M. SaĂŻed et a rappelĂ© qu’en mai 2024, les deux chefs d’État avaient annoncĂ© conjointement l’établissement du partenariat stratĂ©gique sino-tunisien, traçant ainsi un nouveau cadre pour le dĂ©veloppement des relations bilatĂ©rales.

Il a soulignĂ© que la Chine Ă©tait prĂȘte Ă  travailler avec la Tunisie pour mettre en Ɠuvre l’important consensus atteint par les deux dirigeants, faire progresser l’amitiĂ© traditionnelle des deux pays, consolider la confiance politique mutuelle, renforcer les Ă©changes d’expĂ©riences en matiĂšre de gouvernance et d’administration, et promouvoir conjointement la construction de haute qualitĂ© de l’initiative «la Ceinture et la Route» pour des rĂ©sultats mutuellement bĂ©nĂ©fiques, a ajoutĂ© Xinhua.

SaĂŻed a demandĂ© Ă  M. Li de transmettre ses sincĂšres salutations et ses meilleurs vƓux Ă  M. Xi, affirmant que la Tunisie attache une grande importance au dĂ©veloppement de ses relations avec la Chine. Il a Ă©galement saluĂ© les rĂ©alisations de la Chine en matiĂšre de dĂ©veloppement et son rĂŽle crucial dans les affaires internationales, remerciant la Chine pour son soutien au dĂ©veloppement Ă©conomique et social de la Tunisie, prĂ©cise encore l’agence.

I. B.

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Programme des demi-finales de la Coupe de Tunisie de football

Le tirage au sort des demi-finales de la Coupe de Tunisie de football (2024-2025) a Ă©tĂ© effectuĂ© dimanche 17 mai 2025, au cours de l’émission ‘‘Dimanche Sport’’, sur Al Watania 1.

Le tirage au sort a donné lieu aux confrontations suivantes :

Samedi 24 mai à Monastir (16h00): US Monastir – Stade Tunisien.

Dimanche 25 mai Ă  Ben Guerdane (16h00): US Ben Guerdane – EspĂ©rance de Tunis.

En quart de finales, les quatre Ă©quipes s’étaient qualifiĂ©es face, respectivement, au Club africain, l’Etoile du Sahel, El-Qawafel de Gafsa et l’EspĂ©rance de Zarzis.

I. B.  

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Quand le systĂšme tue l’ñme â”‚ Ce que nous avons perdu et ce que nous pouvons retrouver

Aujourd’hui, face aux guerres, aux bouleversements climatiques, Ă  la montĂ©e du dĂ©sespoir intĂ©rieur, je ne peux m’empĂȘcher de me demander : oĂč avons-nous dĂ©sappris Ă  vivre ? Est-ce que, quelque part, le monde extĂ©rieur n’est-il pas le reflet d’un dĂ©sĂ©quilibre profond entre nos polaritĂ©s intĂ©rieures ?  (Ph. « One of a kind Â», aquarelle sur papier de Natacha St-Amand, Canada).

Manel Albouchi *

Masculin et fĂ©minin : non pas en tant que genres, mais en tant que forces symboliques; principes qui cohabitent, s’opposent, se cherchent en chacun de nous. 

Le dĂ©sĂ©quilibre entre ces deux pĂŽles semble ĂȘtre devenu une norme. Et peut-ĂȘtre est-ce lĂ  que se niche une part de notre mal-ĂȘtre collectif, de notre violence quotidienne, de notre perte de sens. 

Le patriarcat n’est pas qu’une affaire de genre 

Le principe masculin : maĂźtrise, rationalitĂ©, performance, conquĂȘte a pris le dessus, non pas sur les hommes ou les femmes, mais sur la dimension symbolique du fĂ©minin : accueil, rĂ©ceptivitĂ©, Ă©coute, lenteur. 

Dans une sociĂ©tĂ© qui valorise le contrĂŽle, la rentabilitĂ©, la domination, oĂč trouve-t-on encore la place pour l’intĂ©rioritĂ©, le soin, l’intuition ? 

Carl Gustav Jung appelait ces deux polaritĂ©s l’anima et l’animus : les deux pĂŽles Ă©nergĂ©tiques de notre psychĂ©. L’équilibre entre ces deux polaritĂ©s est la clĂ© de la santĂ© psychique. Mais aujourd’hui, nous sommes poussĂ©s Ă  nier notre anima intĂ©rieure, Ă  fuir le silence et l’introspection, engluĂ©s dans l’overthinking ** et la course Ă  la performance. 

La violence comme symptĂŽme 

On peut voir aussi dans le dĂ©sĂ©quilibre de ces polaritĂ©s une explication, peut-ĂȘtre partielle, des violences qui se manifestent autour de nous. Prenons la violence verbale, banalisĂ©e dans nos rues, dans nos maisons, dans nos gestes, dans notre langage et dans les insultes sexistes qui tournent inlassablement autour du sexe, du phallus, du pouvoir de dominer. 

Cette violence symbolique, sourde, qui ne laisse pas de bleus mais qui sape la confiance, dĂ©truit l’estime de soi et creuse les fractures sociales, est trop souvent banalisĂ©e. 

Et moi, en tant que femme, psychologue, citoyenne : je refuse cette banalisation. Je crois que la dignitĂ© commence par le respect de la parole, et que le changement commence par une nouvelle Ă©thique de la relation. 

La blessure Ă©cologique  

Mary Douglas, dans ‘‘De la souillure’’, nous montre comment les notions de propre et d’impur ne relĂšvent pas seulement de l’hygiĂšne, mais de la structure mĂȘme de nos reprĂ©sentations culturelles. 

Le fĂ©minin, comme la Terre, est souvent perçu comme trouble, impĂ©nĂ©trable, ambigu, et donc potentiellement dangereux. Cette peur de l’indistinct, de l’organique, du cycle, justifie l’exclusion, le contrĂŽle, la violence symbolique et matĂ©rielle. 

Et cette logique a des consĂ©quences tragiques. Le dĂ©sĂ©quilibre entre le masculin et le fĂ©minin se manifeste aujourd’hui dans l’effondrement de notre monde. La Terre, principe fĂ©minin par excellence, fĂ©conde, enveloppante, nourriciĂšre est blessĂ©e. 

À GabĂšs, les nappes phrĂ©atiques sont saturĂ©es de produits chimiques. Les palmeraies, jadis luxuriantes, Ă©touffent sous les rĂ©sidus industriels. 

Le stress hydraulique devient chronique, les sources se tarissent, les riviĂšres sont dĂ©tournĂ©es ou bĂ©tonnĂ©es. 

Les terres se craquellent, mais la sĂ©cheresse est aussi intĂ©rieure. Nous vivons une sĂ©cheresse des affects. Nos cƓurs, Ă  force de surmenage, de performance, d’isolement, se dessĂšchent. 

Nous n’osons plus pleurer, plus Ă©couter, plus sentir. L’émotion devient une faiblesse, l’introspection une perte de temps, la tendresse un luxe. 

L’air, la mer, les sols portent les stigmates d’un systĂšme fondĂ© sur l’exploitation, la performance, la domination. 

Ce que nous faisons Ă  la planĂšte, nous le faisons aussi Ă  notre psychĂ©. 

En coupant les arbres, nous avons aussi coupĂ© les liens symboliques, les racines profondes, nous avons stĂ©rilisĂ© l’imaginaire. 

En empoisonnant la terre, nous avons empoisonnĂ© les mĂ©moires affectives, les rĂ©cits fondateurs. 

En maĂźtrisant les cycles naturels, nous avons niĂ© nos propres rythmes internes. Nous avons oubliĂ© la lenteur, la respiration, l’écoute. 

Et dans ce saccage, nous avons rendu nos enfants orphelins, orphelins de la Terre, orphelins des grands-mĂšres conteuses, des chants sacrĂ©s, des rites de passage, orphelins de l’ñme du monde, cette Ăąme nourriciĂšre, enveloppante, fĂ©minine. 

Alors ils partent. Ils partent Ă  la recherche de ce qu’on ne leur a pas transmis. 

Ils fuient, parfois, dans des ailleurs numĂ©riques ou gĂ©ographiques. Ils errent, dĂ©connectĂ©s, car le tissu symbolique est trouĂ©. Et dans cette errance, ils cherchent des repĂšres, un sol, une parole, un sens. 

Une sagesse perdue 

Mona Chollet, dans ‘‘SorciĂšres. La puissance invaincue des femmes’’, nous rappelle combien la modernitĂ© s’est construite sur l’exclusion de figures fĂ©minines libres et puissantes. Les guĂ©risseuses, les sage-femmes, les femmes qui vivaient sans l’ombre du mari, qui n’attendaient pas d’autorisation, ces femmes qui dĂ©tenaient un savoir ancestral, transmis de bouche Ă  oreille, de ventre Ă  main, ont Ă©tĂ© systĂ©matiquement persĂ©cutĂ©es. 

Ces femmes incarnaient une autre maniĂšre d’ĂȘtre au monde : en lien avec la terre, les cycles, les rĂȘves, les intuitions. Elles reprĂ©sentaient une autonomie qui faisait peur, car elle Ă©chappait au contrĂŽle des dogmes religieux, mĂ©dicaux ou patriarcaux. 

Le fĂ©minin qui soigne a Ă©tĂ© rĂ©duit au silence, au mieux folklorisĂ©. 

Pierre Bourdieu, dans ‘‘La domination masculine’’, montre comment cette logique d’infĂ©riorisation du fĂ©minin s’est institutionnalisĂ©e. Elle est devenue une norme invisible mais structurante, inscrite dans les lois, les langages, les postures, les imaginaires. Le masculin y est vu comme universel, lĂ©gitime, objectif; le fĂ©minin comme particulier, subjectif, secondaire. 

Le corps des femmes est alors codifiĂ©, contrĂŽlĂ©, rĂ©duit Ă  sa fonction reproductive ou sĂ©ductrice, mais jamais reconnu comme source de savoir ou de puissance intĂ©rieure. 

Et puis il y a Carlos Castaneda et ses enseignements. Il a introduit une autre grille de lecture avec la distinction entre le tonal : le monde visible, rationnel, organisĂ©, et le nagual : l’invisible, le rĂȘve, l’énergie subtile, il nous invite Ă  redonner place Ă  l’intuition, Ă  l’écoute des signes, Ă  l’expĂ©rience directe du mystĂšre. 

Cette vision rejoint celle des traditions mystiques orientales et soufies, oĂč la connaissance passe aussi par le ressenti, le corps, l’expĂ©rience de l’inconnu. 

Aujourd’hui, cette sagesse ancestrale est Ă  peine audible. Mais elle survit dans les mĂ©moires silencieuses, dans les gestes oubliĂ©s, dans les contes, les plantes, les rĂȘves. 

Elle attend que nous la reconnaissions Ă  nouveau, non pas comme folklore, mais comme chemin de connaissance, voie de soin, et rĂ©ponse Ă  la crise du sens. 

Et maintenant ? 

Je ne prĂ©tends pas avoir de solution miracle, mais peut-ĂȘtre pouvons-nous commencer par rĂ©apprendre Ă  Ă©couter, Ă  accueillir le silence, Ă  nous reconnecter Ă  la lenteur, Ă  reconnaĂźtre la puissance de la vulnĂ©rabilitĂ© et Ă  oser dire que le fĂ©minin en nous, autour de nous, n’est pas une faiblesse, mais un chemin de guĂ©rison. 

Ce n’est pas une guerre des sexes. Ce n’est pas un appel Ă  renverser le masculin. C’est un appel Ă  l’équilibre. Une invitation Ă  une transmutation intĂ©rieure, Ă  une transformation collective. 

Car c’est lĂ  que, peut-ĂȘtre, se trouvent les rĂ©ponses durables Ă  la violence, aux conflits, et Ă  la crise Ă©cologique : dans ce subtil dialogue entre nos polaritĂ©s, entre la voix qui affirme et celle qui Ă©coute, entre l’esprit qui contrĂŽle et l’ñme qui ressent, entre ce que nous avons perdu
 et ce que nous pouvons encore retrouver. 

Je nous invite donc Ă  rĂ©flĂ©chir, Ă  sentir, et Ă  dialoguer autour de cette question essentielle : comment retrouver cette harmonie en nous et autour de nous ? 

* PsychothĂ©rapeute et psychanalyste.

** Littéralement le «penser trop», entendu comme la propension à ressasser en boucle, de façon obsessionnelle, un certain nombre de pensées ou sentiments négatifs

Sources : 

M. Douglas. De la souillure. Essai sur la notion de pollution et de tabou, La dĂ©couverte. 

P. Bourdieu. La domination masculine, Points. 

C-G. Jung. L’ñme et la Vie, Le livre de poche. 

Mona Chollet. SorciĂšres. La puissance invaincue des femmes, Zones. 

C. Castaneda. Histoires de pouvoir, Folio.  

Carol Gilligan. Une voix diffĂ©rente. Pour une Ă©thique du care, Champs. 

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L’humanitĂ© menacĂ©e d’un Tchernobyl moral

A l’ùre de la communication tous azimuts, nous assistons, impuissants, au rĂšgne des mensonges, bobards, infox et autres fake news, porteurs de haines croisĂ©es, de dĂ©magogie assumĂ©e et de violence latente. Et l’avenir de l’humanitĂ© n’a jamais Ă©tĂ© aussi prĂšs d’une nouvelle dĂ©flagration mondiale. OĂč allons-nous ?

Fathi Bchir *

Jamais sans doute l’humanitĂ© n’a eu Ă  sa disposition autant de moyens de communication. La rĂ©volution numĂ©rique est passĂ©e par lĂ  : smartphones, internet, email et autres rĂ©seaux sociaux sont des passerelles extraordinaires pour faire passer les idĂ©es. On en attendait un surcroĂźt d’actions pour l’éducation, pour l’explication didactique ou la dĂ©monstration pĂ©dagogique et argumentaire, pour la vulgarisation scientifique et les Ă©changes d’idĂ©es et d’informations. Il en est malheureusement autrement.

Les bobards et infox sont partout et s’étalent sur des pages et des pages. La dĂ©magogie est reine, le populisme en toile de fond gĂ©nĂ©rale. On peut l’observer, un Tchernobyl moral et informationnel est en cours de rĂ©alisation. Le risque d’abĂȘtissement gĂ©nĂ©ral et patent. Le tout nourrit un Ă©veil identitaire malsain qui se bĂątit sur une trame de haines croisĂ©es.

En arriverons-nous un jour au point oĂč il faudra interdire les rĂ©seaux sociaux pour sauver les dĂ©mocraties, les rapports humains et la saine pensĂ©e ? Cela ne sera probablement que par une dĂ©cision individuelle de chacun, de rester ou non sur ces rĂ©seaux maudits. Sachant qu’il est toutefois difficile de s’en passer.

* Journaliste.

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Houda Mejdoub │ Les Prix Comar distinguent une plume singuliùre

La 29ᔉ Ă©dition des Prix Comar du roman tunisien a couronnĂ© ‘‘Écoute-moi ma fille’’ de Houda Mejdoub du Prix DĂ©couverte en langue française, une distinction mĂ©ritĂ©e pour une voix littĂ©raire Ă©mergente.

Djamal Guettala

Ce roman, publiĂ© aux Éditions Arabesques, s’impose comme une exploration poignante des liens familiaux, du poids du passĂ© et de la quĂȘte de rĂ©conciliation. 

À travers le regard de Fatma, une octogĂ©naire confrontĂ©e aux prĂ©mices de l’Alzheimer, Mejdoub tisse une toile d’émotions oĂč le souvenir devient un acte de rĂ©sistance. La narration, fluide et Ă©motive, navigue entre les Ă©poques, dĂ©voilant les non-dits et les blessures enfouies. La relation mĂšre-fille, au cƓur du rĂ©cit, est traitĂ©e avec une dĂ©licatesse rare, offrant au lecteur une immersion totale dans l’univers des protagonistes. 

Une plume qui touche et interroge

La force du roman rĂ©side dans sa capacitĂ© Ă  mĂȘler l’intime Ă  l’universel. Mejdoub parvient Ă  capturer les subtilitĂ©s des relations humaines, Ă  dĂ©crire les silences lourds de sens et Ă  offrir des portraits de femmes fortes, fragiles et rĂ©silientes. Son Ă©criture, tantĂŽt poĂ©tique, tantĂŽt crue, rĂ©sonne longtemps aprĂšs la derniĂšre page tournĂ©e. 

Le Prix DĂ©couverte dĂ©cernĂ© Ă  ‘‘Écoute-moi ma fille’’ souligne l’émergence d’une auteure prometteuse sur la scĂšne littĂ©raire tunisienne. Ce prix, attribuĂ© lors de la cĂ©rĂ©monie du 17 mai 2025 au Théùtre municipal de Tunis, met en lumiĂšre une Ɠuvre qui, au-delĂ  de sa qualitĂ© littĂ©raire, interroge sur les dynamiques familiales, la mĂ©moire et le passage du temps. 

Avec ce premier roman, Houda Mejdoub s’impose comme une voix Ă  suivre. Son Ă©criture, alliant sensibilitĂ© Ă  fleur de peau et profondeur philosophique, promet de belles explorations littĂ©raires Ă  venir. Les lecteurs attentifs Ă  la richesse de la littĂ©rature tunisienne contemporaine auront sans doute plaisir Ă  suivre son parcours. 

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Vient de paraĂźtre l Gaza y a-t-il une vie avant la mort ?

Le poĂšte marocain, Abdellatif LaĂąbi, ne mĂ©nage pas ses efforts depuis des dĂ©cennies dans la traduction de la poĂ©sie palestinienne pour la faire connaĂźtre auprĂšs du public de langue française. Et pour poursuivre cette tĂąche louable, toute plongĂ©e dans les remous tragiques de l’Histoire, il publie ‘‘Gaza y a-t-il une vie avant la mort ?’’ Une anthologie de la poĂ©sie gazaouie d’aujourd’hui. (Ph. Le poĂšte palestinien Mosab Abu Toha, prix Pulitzer aux Etats-Unis, parmi les ruines de Gaza.)

Un ouvrage, accessible, en édition de poche, bienvenu et à point nommé, qui rassemble 26 poÚtes de Gaza dont les textes sont réunis par le poÚte marocain, Yassine Adnane. Il porte une parole profonde et douloureuse, inquiÚte et courageuse, mais résistante au désespoir, à la tragédie, attachée à la vie, en dépit de la mort si présente.

Un choix de poĂšmes qui s’insurgent contre la guerre, la spoliation de la terre et la barbarie. MĂȘme si des poĂšmes dĂ©veloppent parfois, une Ă©criture apaisĂ©e, dĂ©jouant toute violence.

De nombreux poĂštes sont mĂ©connus, mĂȘme du public arabophone – Et ce n’est pas le moindre mĂ©rite de ce recueil collectif – Ă  cĂŽtĂ© de voix comme celles d’Achraf Fayad qui fut incarcĂ©rĂ© en Arabie Saoudite et libĂ©rĂ© grĂące Ă  une campagne internationale de solidaritĂ©, ou de Mosab Abu Toha, traduit rĂ©cemment aux Ă©ditions Robert Laffont et laurĂ©at du Pulitzer Prize, aux Etats-Unis.

Malgré les bombes et la terreur, comme il est écrit sur la couverture, la présence du poÚme est une nécessité pour dire son humanité, face à ceux qui veulent la nier, la détruire.

Huit poĂštes femmes sont traduites dans cette anthologie qui deviendra vite une rĂ©fĂ©rence, une rĂ©ponse Ă  la dĂ©sinformation, au mensonge, Ă  la dĂ©figuration, Ă  l’incrimination, Ă  la nĂ©gation de l’Histoire, Ă  la destruction de l’Humain.

A l’occasion de la parution de l’anthologie, des poĂštes palestiniens sont invitĂ©s et mis Ă  l’honneur au MarchĂ© de la poĂ©sie (18-22 juin 2025), ainsi qu’à la Maison de la poĂ©sie de Paris (16-24 juin 2025).

Tahar Bekri

‘‘Gaza, y a-t-il une vie avant la mort ? Anthologie de la poĂ©sie gazaouie d’aujourd’hui’’, Ă©ditions Points, 2025, 200 p.

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‘‘Promis le ciel’’ d’Erige SĂ©hiri ou la chasse des dĂ©mons

‘‘Promis le ciel’’, le dernier film de la rĂ©alisatrice franco-tunisienne Erige Sehiri, prĂ©sentĂ© Ă  la 7e Ă©dition du Festival de Cannes (13-24 mai 2025), dans la section Un Certain Regard, offre un portrait puissant et rare de trois migrantes qui peinent Ă  joindre les deux bouts en Tunisie.

Latif Belhedi

Sehiri, ancienne journaliste d’investigation, affirme qu’il Ă©tait important de porter Ă  l’écran des histoires de femmes. «On entend souvent des histoires de migration Ă  travers le regard des hommes, et non celui des femmes», a-t-elle dĂ©clarĂ© Ă  Sophie Torlotin de RFI aprĂšs la projection en avant-premiĂšre Ă  Cannes.

«On parle aussi beaucoup de la migration de l’Afrique vers l’Europe. Mais (
) 80 % de cette migration reste en Afrique. J’ai trouvĂ© que cela offrait un contexte trĂšs puissant pour renverser un peu le rĂ©cit», a-t-elle ajoutĂ©.

Il est intĂ©ressant de noter que la cinĂ©aste a observĂ© que les Tunisiens appellent les migrants d’Afrique subsaharienne «Africains», ce qui dĂ©note une sĂ©paration entre l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud du Sahara «comme s’ils ne faisaient pas partie du mĂȘme continent», dit-elle en riant.

MĂȘlant style documentaire et fiction, Sehiri tisse avec soin une image de la sociĂ©tĂ© tunisienne moderne loin des images habituellement vĂ©hiculĂ©es par la presse.

Erige Sehiri. Ph. Maya Zardi..

Le scĂ©nario : Marie est une Ivoirienne de 40 ans installĂ©e en Tunisie depuis une dizaine d’annĂ©es. Elle partage sa vie entre son mĂ©tier de journaliste et sa vocation de pasteur Ă©vangĂ©liste. Moderne et engagĂ©e, elle accueille chez elle des femmes dont la situation est fragile. Comme NanĂ©, une jeune maman dont le passeport a Ă©tĂ© confisquĂ© par son employeuse, et Jolie, une artiste prometteuse en situation prĂ©caire, dont le pĂšre ordonne le retour en CĂŽte d’Ivoire.

Quand les trois femmes recueillent Kenza, 4 ans, rescapĂ©e d’un naufrage, leur refuge se transforme en famille recomposĂ©e tendre mais intranquille dans un climat social de plus en plus prĂ©occupant.

Le film raconte les aventures de ce trio détonnant riche de roublardise, inventivité et humour. Mais les récentes tensions entre les Subsahariens, les Tunisiens et la police vont venir bouleverser cet équilibre précaire. Elles vont devoir faire des choix.

La distribution : AĂŻssa MaĂŻga, Debora Lobe Naney, Laetitia Ky, Estelle Kenza Dobgo et Mohamed GrayaĂą.

La critique : «AprĂšs â€˜â€˜Sous les figuiers’’, son long mĂ©trage prĂ©cĂ©dent dans lequel elle proposait une peinture pleine de finesse et de poĂ©sie de la sociĂ©tĂ© tunisienne, Erige Sehiri revient Ă  la charge. Elle se positionne dans les sphĂšres les plus Ă©levĂ©es du cinĂ©ma mondial, avec un film qui jette un autre regard sur cette sociĂ©tĂ© en impasse», note le critique Hassouna Mansouri dans AfricinĂ©. Il ajoute : «Comme entrĂ©e en matiĂšre, cette fois-ci, elle a choisi l’angle de la migration, une question qui tourmente son pays d’origine, mais aussi l’actualitĂ© mondiale. Dans ce nouveau film, Erige Sehiri part Ă  la chasse des dĂ©mons qui se rĂ©veillent dans une rĂ©alitĂ© oĂč la vie a des allures de cauchemar.»

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273 migrants secourus au large des cĂŽtes tunisiennes et maltaises

L’Ocean Viking, un navire de l’organisation non gouvernementale SOS MĂ©diterranĂ©e, a secouru 273 migrants en situation irrĂ©guliĂšre, dont sept enfants, lors de trois opĂ©rations distinctes au large des cĂŽtes tunisiennes et maltaises, rapporte ce dimanche 18 mai 2025 l’agence de presse qatari QNA.

L’organisation, basĂ©e Ă  Marseille en France, a indiquĂ© dans un communiquĂ© que les migrants se trouvaient Ă  bord de trois embarcations dĂ©labrĂ©es en dĂ©tresse et que l’équipage leur avait prodiguĂ© les soins mĂ©dicaux nĂ©cessaires, car ils souffraient d’épuisement et du mal de mer.

L’organisation a prĂ©cisĂ© que le navire avait reçu une alerte tĂŽt samedi matin concernant une embarcation en bois surchargĂ©e dans la zone de recherche et de sauvetage tunisienne, et que 65 personnes avaient Ă©tĂ© secourues.

Peu aprĂšs, l’Ocean Viking a rĂ©pondu Ă  une deuxiĂšme alerte concernant une autre embarcation en difficultĂ©. En coopĂ©ration avec le navire de sauvetage Aurora de Sea-Watch, 77 personnes, dont deux enfants, ont Ă©tĂ© identifiĂ©es et transfĂ©rĂ©es en lieu sĂ»r Ă  bord.

Lors d’une troisiĂšme opĂ©ration, l’équipage a repĂ©rĂ© une embarcation en bois en dĂ©tresse dans la zone de recherche et de sauvetage maltaise, oĂč 131 personnes ont Ă©tĂ© secourues, dont un nourrisson et quatre enfants.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2 475 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es ou portĂ©es disparues en tentant la traversĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e vers l’Europe en 2024, la plupart sur la route de la MĂ©diterranĂ©e centrale, l’une des routes migratoires les plus dangereuses au monde.

Depuis dĂ©but 2025, environ 500 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es ou portĂ©es disparues sur cette mĂȘme route.

D’aprùs QNA.

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Kairouan │ Deux blessĂ©s graves dans un accident de la route Ă  Raqqada

Ce dimanche 18 mai 2025, un accident de la route a eu lieu au niveau de Raqqada, dans la délégation de Kairouan Sud, qui a fait plusieurs blessés dont deux dans un état jugé critique.

C’est ce qu’a rapportĂ© Diwan FM, ce matin, ajoutant, en citant des tĂ©moins oculaires, que le conducteur d’un minibus a perdu le contrĂŽle de son vĂ©hicule, en essayant d’éviter le choc avec une voiture lĂ©gĂšre ayant brusquement coupĂ© sa route, et a heurtĂ© la terrasse d’un cafĂ©.

Les agents de la protection civile se sont dĂ©pĂȘchĂ©s sur les lieux de l’accident et ont procĂ©dĂ© aux premiers secours et au transport des blessĂ©s graves Ă  l’hĂŽpital des Aghlabides de Kairouan.

Le minibus en question a Ă©tĂ© affrĂ©tĂ© par le Conseil rĂ©gional de Kairouan pour transporter les joueuses de l’Association fĂ©minine de Bouhajla qui devaient jouer un match aujourd’hui.  

I. B.

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Tunisie │ Charte pour un environnement scolaire sans tabac

Signature de la charte pour un environnement scolaire sans tabac et lancement du projet Kids’ Athletics dans 19 Ă©coles primaires en Tunisie.

Selon les derniĂšres donnĂ©es nationales sur le tabac dans les Ă©coles en Tunisie publiĂ©es en 2024, la situation est prĂ©occupante. En effet, 14,1 % des Ă©lĂšves ĂągĂ©s de 13 Ă  15 ans consomment un produit du tabac : cette proportion atteint 19,4 % chez les garçons et 8,8 % chez les filles.

En tenant compte des cigarettes électroniques, le taux grimpe à 22,8%, soit 30,7% chez les garçons et 14,9% chez les filles.

47,5% des enfants ayant essayĂ© la cigarette l’ont fait avant l’ñge de 12 ans.

En parallĂšle, d’autres Ă©tudes indiquent une baisse marquĂ©e de la pratique d’activitĂ©s physiques rĂ©guliĂšres et une hausse inquiĂ©tante de la sĂ©dentaritĂ©, de l’obĂ©sitĂ© et de l’usage excessif des Ă©crans (plus de 75% des enfants). Le taux de pratique rĂ©guliĂšre du sport est passĂ© de 35% en 2009 Ă  seulement 12,1% en 2020.

C’est pour faire face Ă  cette situation prĂ©occupante, que 19 Ă©coles primaires ont signĂ©, le samedi 17 mai 2025, une charte pour un environnement scolaire sans tabac, affirmant leur engagement Ă  crĂ©er un environnement Ă©ducatif sain, sĂ©curisĂ© et propice au dĂ©veloppement des Ă©lĂšves.

Cette initiative s’inscrit dans l’application de l’article 8 de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) pour la lutte antitabac, qui appelle Ă  protĂ©ger les enfants contre toute exposition au tabac dans les espaces publics, et en particulier en milieu scolaire.

En complĂ©ment de la signature de la charte, le projet Kids’ Athletics a Ă©tĂ© lancĂ© pour promouvoir l’activitĂ© physique dans les Ă©coles. Il vise Ă  prĂ©venir les comportements Ă  risque, tels que le tabagisme et d’autres habitudes de vie malsaines.

Ce projet novateur, destinĂ© Ă  plus de 7 000 enfants, Ă  travers tout le pays, en particulier dans les zones rurales, incarne une approche concrĂšte et intĂ©grĂ©e de promotion de la santĂ© par le sport et l’éducation. Il associe activitĂ© physique, sensibilisation sanitaire et Ă©ducation citoyenne.

Pour assurer une mise en Ɠuvre efficace, 19 enseignants des Ă©coles concernĂ©es ont suivi une formation intensive de deux jours (thĂ©orique et pratique) animĂ©e par la FĂ©dĂ©ration tunisienne d’athlĂ©tisme (FTA), axĂ©e sur l’utilisation du kit pĂ©dagogique Kids’ Athletics pour des activitĂ©s sportives ludiques et Ă©ducatives.

Ce projet illustre un modĂšle avancĂ© de partenariat intersectoriel, coordonnĂ© par l’Observatoire national du sport  (ONS) sous la tutelle du ministĂšre de la Jeunesse et des Sports, en collaboration avec les ministĂšres de la SantĂ©, de l’Éducation, la FTA, l’OMS, et la Convention-cadre pour la lutte antitabac.

Cette initiative concrĂ©tise les engagements de la Tunisie dans la mise en Ɠuvre Convention-cadre pour la lutte antitabac, tout en contribuant Ă  atteindre les Objectifs de dĂ©veloppement durable (ODD), notamment en favorisant la bonne santĂ© et le bien-ĂȘtre (ODD 3) ainsi qu’une Ă©ducation de qualitĂ© dans un environnement sĂ»r et sain (ODD 4).

Communiqué.

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Les laurĂ©ats des Prix Comar 2025 du roman tunisien  

La cĂ©rĂ©monie de remise des Prix Comar du roman tunisien s’est dĂ©roulĂ©e, samedi 17 mai 2025, au théùtre municipal de Tunis, dans une ambiance festive oĂč littĂ©rature, musique et chant font bon mĂ©nage pour le bonheur du public prĂ©sent.

Imed Bahri

Comme chaque annĂ©e, la proclamation des noms des six laurĂ©ats a Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© et suivi de concerts de chants des voix reprĂ©sentatives du «tarab» en Tunisie : Rana Zarrouk, Mohamed, Mohamed Ben Salah et Olfa Ben Romdhane, qui a clĂŽturĂ© en beautĂ© la soirĂ©e, pour le bonheur des mĂ©lomanes prĂ©sents.

Les dirigeants des Assurances Comar, l’entreprise qui a créé et organise cet Ă©vĂ©nement littĂ©raire majeur depuis 29 ans dans le cadre de sa stratĂ©gie de responsabilitĂ© sociale de l’entreprise, Ă©taient prĂ©sents aux premiers rangs pour montrer l’intĂ©rĂȘt qu’il accorde Ă  la culture en gĂ©nĂ©ral et Ă  la littĂ©rature romanesque en particulier, ce que MM Slaheddine Ladjimi, prĂ©sident du conseil d’administration des Assurances Comar, et Lotfi Belhaj Kacem, prĂ©sident du ComitĂ© d’organisation des Prix Comar, ont exprimĂ© dans leurs allocutions d’ouverture, en promettant de poursuivre sur cette voie, le but Ă©tant de promouvoir la lecture parmi le grand public et de rapprocher les Ă©crivains des lecteurs Ă  travers la dynamique promotionnelle que ces prix crĂ©ent et renforcent d’une annĂ©e Ă  l’autre.

Rana Zarrouk .

AprĂšs la prĂ©sentation des membres des deux jurys, qui ont Ă©tĂ© honorĂ©s pour l’occasion, le palmarĂšs des Prix Comar 2025 a donnĂ© les rĂ©sultats suivants :

Roman tunisien de langue française :

Le Prix Comar d’Or dĂ©cernĂ© Ă  Mahdi Hizaoui pour son roman «Ecris, tu seras aimĂ© des dieux» (Editions Arabesques).

Le Prix spécial du Jury décerné à Abdellatif Mrabet pour son roman «Le vert et le bleu» (Editions Contrastes).

Le Prix Découverte décerné à Houda Mejdoub pour son roman «Ecoute-moi ma fille» (Editions Arabesques).

Roman tunisien de langue arabe :

Le Prix Comar d’Or dĂ©cernĂ© Ă  Chafiq Targui pour son roman «Liman Tajmaa Wardak aya Makram» (Editions Mayara).  

Chafiq Targui.

Le Prix spécial du jury décerné Sofiane Rejeb pour son roman «Ashab Al-Hodhod» (Editions Meskiliani).

Le Prix Découverte décerné à Balkis Khalifa pour son roman «Nafidha Ala Chams» (Editions Mayara).

Rappelons qu’outre la promotion mĂ©diatique et Ă  travers les circuits culturels dont ils bĂ©nĂ©ficient, les auteurs des romans primĂ©s se voient attribuer des chĂšques de 10000 DT (Comar d’Or), 5000 DT (Prix spĂ©cial du Jury) et 2500 DT (Prix dĂ©couverte).

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‘‘Inquilab 2020’’ │ Contre un dĂ©magogue populiste et cynique, les forces vives d’une nation

En 2020, en Inde, un pays essentiellement campagnard et sous-dĂ©veloppĂ©, les paysans, pourtant politiquement rouĂ©s et encadrĂ©s par des intellectuels souvent brillants, n’ont pas saisi l’opportunitĂ© d’un vĂ©ritable changement en profondeur qu’ils auraient pu imposer d’une maniĂšre irrĂ©mĂ©diable, avec la majoritĂ© nĂ©cessaire pour le faire.

Dr. Mounir Hanablia *

Les paysans en Chine avaient constituĂ© la base sur laquelle s’était appuyĂ© le Parti communiste chinois pour lutter contre l’occupation japonaise durant la seconde guerre mondiale, puis pour arracher le pouvoir au parti Kuomintang dont les dĂ©bris sont toujours rĂ©fugiĂ©s aujourd’hui sur l’üle de Taiwan.

En Russie en 1917, ou plutĂŽt dans l’empire tsariste, les paysans, malgrĂ© les prĂ©tentions du parti bolchevik Ă  reprĂ©senter la classe ouvriĂšre dans un pays sous industrialisĂ© et largement agricole, avaient formĂ© l’ossature de l’armĂ©e rouge des ouvriers et paysans, ainsi qu’on l’avait nommĂ©e, qui allait permettre aux communistes de s’installer Ă  la tĂȘte du pays durant plus de 70 ans.

Curieusement, l’Inde, un pays majoritairement constituĂ© de campagnards dont l’agriculture reprĂ©sente la principale source de revenus, n’a pas basculĂ© dans la RĂ©volution, malgrĂ© des famines cycliques, et les conflits intercommunautaires, ou bien issus de la tyrannie sociale nĂ©e du systĂšme des castes prĂ©dominant dans le pays. Les partis communistes, lĂ©galisĂ©s dans le pays, n’ont jamais eu d’influence qu’au niveau rĂ©gional dans quelques États pĂ©riphĂ©riques dont ils ont remportĂ© les Ă©lections comme le KĂ©rala et le Bengal Occidental. Il y a bien eu un maquis communiste dirigĂ© par Charu Majumdar, qu’on a qualifiĂ© de Naxalite, dans les forĂȘts du Jharkhand, qui a fait parler de lui un certain temps en menant des attaques contre les forces de l’ordre ou leurs informateurs, mais ce maquis n’a pas bĂ©nĂ©ficiĂ© du soutien populaire qui lui aurait permis de constituer un fief, un territoire sĂ©curisĂ©, une rĂ©publique populaire, pour se lancer ensuite Ă  la conquĂȘte du pays, comme cela s’était fait en Chine ou au Vietnam.

Le morcellement issu du communalisme et des castes n’a ainsi pas pu ĂȘtre surmontĂ© par l’analyse ou la rhĂ©torique marxiste alors que tout prĂ©disposait le pays Ă  un conflit social de grande ampleur dont aurait pu naĂźtre une situation rĂ©volutionnaire.

Le mouvement paysan de 2020

C’est pourquoi le mouvement paysan de 2020 dans le pays le plus peuplĂ© au monde ne doit pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un Ă©vĂ©nement marginal, le nĂ©olibĂ©ralisme et le marchĂ© global ayant le vent en poupe dans le monde entier. C’est justement pour exiger le retrait des lois instituĂ©es par dĂ©crets par le gouvernement communaliste hindou du dĂ©magogue autoritaire Modi, dans le but de soumettre l’agriculture indienne aux intĂ©rĂȘts des grands groupes commerciaux et financiers nationaux et internationaux, que le soulĂšvement paysan est nĂ© afin d’épargner Ă  des centaines de millions de paysans les expropriations de leurs terres en faveur de l’agrobusiness, que les trois nouvelles lois auraient imposĂ©es.

Ces lois supprimaient les prix minimums garantis des produits agricoles, restreignant les droits des fermiers Ă  se pourvoir en justice en cas de litige avec des intermĂ©diaires, qui ne seraient dĂ©sormais plus agréés par l’Etat. Les fermiers devraient traiter avec un marchĂ© sur lequel ils n’avaient aucune prise, pas mĂȘme celle de fixer les prix. Bref, ils ne seraient que de simples producteurs face Ă  de puissantes corporations qui en seraient les principaux acteurs.

En lĂ©gifĂ©rant par dĂ©crets, le gouvernement Indien avait court-circuitĂ© le Parlement sans lui soumettre les projets de lois contestĂ©s pour approbation, remettant en question l’équilibre des pouvoirs dans un pays qui se qualifie de plus grande dĂ©mocratie du monde. Il Ă©tait d’autant moins fondĂ© Ă  le faire que la Constitution indienne prĂ©cisait que les questions liĂ©es Ă  l’agriculture relevaient des parlements rĂ©gionaux, et non  du pouvoir central. Et il avait choisi de le faire en pleine pandĂ©mie de Covid pendant qu’il restreignait les libertĂ©s de travailler, de circuler et de se rĂ©unir dans tout le pays.

La capacitĂ© de mobilisation des fermiers

Le fait dĂ©montre suffisamment la capacitĂ© de mobilisation de plusieurs centaines d’associations de fermiers et leur dĂ©termination dans des conditions aussi dĂ©favorables. Le noyau de la contestation s’est situĂ© au Punjab, un des États les plus prospĂšres de la FĂ©dĂ©ration Indienne, considĂ©rĂ© dans les annĂ©es 70 comme le grenier Ă  blĂ© de l’Inde aprĂšs ce qu’on a appelĂ© la RĂ©volution Verte. Le cƓur en a Ă©tĂ© la communautĂ© Sikhe dont, outre les rĂ©seaux de solidaritĂ© autour d’une croyance monothĂ©iste commune, l’Histoire est celle d’une lutte ininterrompue contre l’oppression et l’injustice du pouvoir, et dont l’idĂ©al est le service de la communautĂ©.

Ainsi les temples sikhs disposent tous de cuisines animĂ©es par des fidĂšles volontaires, afin de distribuer des repas gratuits Ă  tous ceux qui se prĂ©senteraient, indĂ©pendamment de leurs race, sexe, ou conviction religieuse. Ce haut idĂ©al humaniste a facilitĂ© la mobilisation des milliers de paysans du Punjab dont la capacitĂ© d’organisation et l’idĂ©al communautaire Ă©taient si on peut dire rodĂ©s depuis des siĂšcles. Des milliers d’hommes, de femmes, de vieillards venus dans leurs tracteurs, camions, et camionnettes, ont ainsi Ă©tabli des camps mobiles le long des routes convergeant vers la capitale, dont tous les jours ils se rapprochaient encore plus.

Le gouvernement indien, tout comme ceux qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©, n’étant nullement dĂ©sireux de voir sa capitale envahie par une contestation jugĂ©e menaçante, envoya les unitĂ©s centrales de la police Ă©pauler les unitĂ©s rĂ©gionales afin d’empĂȘcher les contestataires de passer, si possible de les disperser. Les manifestants furent donc confrontĂ©s Ă  la brutalitĂ© policiĂšre, mais ils persistĂšrent.

Il vint donc un moment, dĂ©but dĂ©cembre, alors que le froid de l’hiver se faisait sentir, oĂč les paysans se trouvĂšrent bloquĂ©s en rase campagne par les forces de l’ordre avec les routes vers la capitale coupĂ©e. Des camps permanents furent ainsi montĂ©s avec entre autres bibliothĂšques, gymnase, cinĂ©mas, ravitaillement quotidien en provenance des campagnes, cuisine, voirie, et mĂȘme des dispensaires, animĂ©s par les centaines de volontaires venus apporter leur aide. Et le mouvement a fait tache d’huile dans les autres Etats de la fĂ©dĂ©ration dont les fermiers Ă©taient aussi intĂ©ressĂ©s par le retrait des lois contestĂ©es.

Toujours est-il, au moment oĂč les paysans entamaient des nĂ©gociations avec le gouvernement, qu’ils dĂ©cidaient de mettre la pression en bloquant le chemin de fer au niveau rĂ©gional, entraĂźnant l’épuisement rapide des stocks de charbon, et la fermeture de plusieurs centrales Ă©lectriques nĂ©cessaires au fonctionnement de l’industrie.

Le louvoiement du gouvernement

En un peu plus d’un mois, il y eut environ six rĂ©unions entre les reprĂ©sentants des fermiers et du gouvernement, qui n’aboutirent pas, les premiers exigeant les retraits des lois, et les seconds s’obstinant Ă  ne discuter que d’amendements. Naturellement le gouvernement entama une campagne de propagande de grande ampleur, relayĂ©e par des mĂ©dias aux ordres appartenant aux grands groupes commerciaux dĂ©sireux de voir les lois appliquĂ©es Ă  leur bĂ©nĂ©fice. Ils prĂ©sentaient les fermiers comme des naxalites, guĂ©rilleros communistes, ou bien Punjab oblige, des khalistanis.

En effet, dans les annĂ©es 80, l’armĂ©e indienne avait dĂ©truit le Temple d’Or d’Amritsar, le lieu le plus saint du sikhisme, parce que s’y Ă©taient rĂ©fugiĂ©s des sĂ©paratistes exigeant la crĂ©ation d’un Etat sikh indĂ©pendant, le Khalistan. Une actrice  de Bollywood devenue dĂ©putĂ©e appuyait les thĂšses du premier ministre Modi.

Face Ă  cette campagne de dĂ©sinformation, les contestataires rĂ©pliquaient par un usage intensif de l’Internet afin d’informer rĂ©guliĂšrement leurs propres partisans tout en acquĂ©rant la sympathie de leurs compatriotes, Ă©mus par la mort d’une cinquantaine de manifestants, souvent ĂągĂ©es, de froid, ou de maladie. Il y eut mĂȘme un suicide de protestation, afin de rappeler que les suicides de fermiers, endettĂ©s irrĂ©mĂ©diablement, reprĂ©sentaient plus de 11% du total dans le pays, sur 25 ans.

MalgrĂ© cela, le gouvernement s’obstinait, arguait du bien-fondĂ© de sa politique, rĂ©cusĂ©e par les fermiers, les partis d’opposition, et de plus en plus les diffĂ©rents segments de la sociĂ©tĂ© civile que rebutaient sa dĂ©rive autoritaire remettant en cause le fonctionnement des institutions dĂ©mocratiques, tout comme les mĂ©thodes policiĂšres utilisĂ©es pour rĂ©primer les manifestants, de plus en plus soutenus par une opinion publique internationale influencĂ©e par les communautĂ©s indiennes Ă©tablies aux Etats-Unis et au Canada.

Le Canada s’invite dans la crise

Le Premier ministre Justin Trudeau du Canada n’hĂ©sitait pas Ă  monter au crĂ©neau pour exprimer sa solidaritĂ© avec ses compatriotes originaires d’Inde inquiets du sort de leurs proches demeurĂ©s dans ce pays, luttant pacifiquement pour prĂ©server leurs droits. Trudeau dĂ©noncerait quelques annĂ©es plus tard l’assassinat de militants sikhs au Canada en l’attribuant aux services secrets indiens, dĂ©clenchant une crise diplomatique entre les deux pays. 

Le fait le plus marquant est que le mouvement paysan, en utilisant des moyens pacifiques, Ă©tait ainsi devenu une menace pour le pouvoir parce qu’il avait rĂ©ussi Ă  surmonter les diffĂ©rences de castes et de religions entre Hindous et Musulmans, dont le parti suprĂ©maciste Hindou au pouvoir, le BJP, avait fait son cheval de bataille, en instaurant le fameux registre national et la rĂ©forme sur la nationalitĂ© faisant des musulmans des citoyens sans droits dans leur propre pays.

Le mouvement paysan avait fĂ©dĂ©rĂ© les diffĂ©rents mĂ©contentements contre la politique cynique d’un gouvernement qui n’hĂ©sitait pas Ă  importer de l’étranger Ă  des prix supĂ©rieurs les produits disponibles sur le marchĂ© intĂ©rieur, afin de casser la production locale et punir les fermiers, quand il ne les soumettait pas Ă  des reprĂ©sailles fiscales.

Des personnalitĂ©s Ă©minentes et des sportifs avaient mĂȘme rendu les dĂ©corations dont l’État Indien les avait honorĂ©s, en signe de protestation, un symbole fort remettant ainsi en question implicitement l’unitĂ© du pays.

L’impossible rĂ©volution

Le livre, Ă©crit comme un journal par une adolescente punjabi sikhe de 16 ans suffisamment cultivĂ©e pour citer des passages de piĂšces de Shakespeare, s’interrompt en janvier 2021 alors que les deux parties n’ont pas encore trouvĂ© d’accord.

En fait, il faudra une annĂ©e au gouvernement pour cĂ©der et se rĂ©soudre Ă  l’annulation des lois en question. Ce n’est pas la menace de dĂ©sintĂ©gration du pays qui l’a fait reculer, mais plutĂŽt la perspective d’une dĂ©faite Ă©lectorale sans prĂ©cĂ©dent. Et les Ă©lections de 2024 viendront confirmer le recul Ă©lectoral de M. Modi qui ne disposera plus de la majoritĂ© absolue au parlement.

Évidemment nul ne contestera que les fermiers indiens ont remportĂ© une grande victoire en rĂ©alisant leurs objectifs contre un pouvoir sans scrupules soutenu par le marchĂ© global et les forces de la mondialisation. NĂ©anmoins, aprĂšs cela, leur mouvement s’est immĂ©diatement auto-dissous. Et les perspectives entrevues d’une sociĂ©tĂ© libĂ©rĂ©e de la tyrannie des castes et du communalisme ne se sont pas rĂ©alisĂ©es, parce qu’aucun parti politique nouveau n’a Ă©mergĂ© pour en faire programme rĂ©alisable, les partis traditionnels en Ă©tant incapables.

Ainsi dans un pays qui demeure essentiellement campagnard et sous-dĂ©veloppĂ©, avec quelques poches d’opulence autour de mĂ©galopoles surpeuplĂ©es, les paysans, pourtant politiquement rouĂ©s et encadrĂ©s par des intellectuels souvent brillants, n’ont pas saisi l’opportunitĂ© d’un vĂ©ritable changement en profondeur qu’ils auraient pu imposer d’une maniĂšre irrĂ©mĂ©diable, avec la majoritĂ© nĂ©cessaire pour le faire. Leur victoire, obtenue par leur sens de l’organisation, leur combativitĂ©, leur sacrifice, leur persĂ©vĂ©rance, et leur solidaritĂ©, n’est donc pas dĂ©finitive, et demeure tributaire d’une volontĂ© politique qui n’aura de cesse de la remettre en question dĂšs lors que l’opportunitĂ© pour le faire se prĂ©sentera.   

* MĂ©decin de libre pratique. ‘

‘Inquilab-2020 : The United Indian Peasant Movement’’, de Amarveer Kaur, Ă©d. Notion Press, 14 fĂ©vrier 2021, 270 pages.

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Le poùme du dimanche│ ‘‘Il y a une autre vie’’ de Liana Badr

Liana Badr est Palestinienne. RomanciÚre, nouvelliste, poÚte, cinéaste, journaliste et auteure pour jeunesse.

NĂ©e Ă  JĂ©rusalem en 1950, elle a fait des Ă©tudes supĂ©rieures de philosophie et de psychologie. EngagĂ©e dans la cause palestinienne, elle vit depuis 1994 Ă  Ramallah oĂč elle a occupĂ© de hautes fonctions culturelles.

Elle avait Ă©galement sĂ©journĂ© en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Tunisie.  

Son Ɠuvre est traduite dans de nombreuses langues et elle a obtenu diffĂ©rentes distinctions pour sa crĂ©ation littĂ©raire comme cinĂ©matographique.

En poĂ©sie, elle a publiĂ©, en arabe, Tulipes de lumiĂšre, 1996; Le temps de la nuit (2008); Astres, 2017; Dialogue avec Fadwa Touqan, Les ombres des paroles narrĂ©es, 1996; L’influence du lieu sur l’identitĂ© chez le poĂšte Mahmoud Darwich, 2013.

Tahar Bekri

Il y a une autre vie

OĂč un jeune homme ne se tient pas debout

Devant les décombres

Cherchant les corps des siens morts

Mais vient vers sa fiancée fier des festivités

Il y a d’autres lieux

Sans larmes écoulées par une jeune fille

Parmi les débris

Et quand son cƓur frĂ©mit de dĂ©sir

En brodant le nom de l’aimĂ©

Elle n’a pas peur des avions qui tirent

Il y a une vie oĂč l’enfant va

A l’école chaque jour

Portant des crayons et des cahiers

Et revient sain et sauf sans saigner

Il y a une vie oĂč l’ĂȘtre ne craint pas

Les crocs du loup

Qui prĂ©tend ĂȘtre l’origine de la vie

Il y a une autre vie

OĂč nous visitons les sources de notre terre

Pour boire un café parmi les oliviers

Comme nous l’étions au temps des Romains

Il y a d’autres vƓux

OĂč je te rencontre et tu seras mon frĂšre

OĂč je deviendrai une tante pour tes enfants

Dans une patrie oĂč ils grandissent

Loin de la dispersion.

Traduit de l’arabe par Tahar Bekri

(Remerciements à l’auteure).

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Sur 11,9 millions d’habitants recensĂ©s en Tunisie, seuls 0,55 % sont Ă©trangers

L’ñge moyen en Tunisie est actuellement de 35 ans, ce qui signifie que la pyramide des Ăąges prend une forme marquĂ©e par le vieillissement de la population.

C’est ce qu’a indiquĂ© le directeur gĂ©nĂ©ral de l’Institut national de la statistique (INS), Bouzid Nsiri, lors d’une confĂ©rence de presse tenue ce samedi 17 mai 2025, pour prĂ©senter les rĂ©sultats officiels du recensement gĂ©nĂ©ral de la population et de l’habitat pour l’annĂ©e 2024.

Selon les donnĂ©es communiquĂ©es, la population rĂ©sidente en Tunisie s’élĂšve Ă  11 972 169 habitants, contre 10 982 800 en 2014, enregistrant ainsi un taux d’accroissement annuel moyen de 0.87% par rapport Ă  2014.

Entre 1921 et 2024, soit environ un siÚcle environ, la population en Tunisie a été multipliée par six, passant de 2 millions à prÚs 12 millions habitants.

La composition dĂ©mographique est constituĂ©e de 50,7% de femmes contre 49,3% d’hommes, soit un Ă©cart de 1,4 %.

La proportion d’étrangers rĂ©sidant en Tunisie sans nationalitĂ© tunisienne est estimĂ©e, quant Ă  elle, Ă  0,55 %, ce qui dĂ©ment les allĂ©gations catastrophistes et Ă  connotation racistes selon lesquelles la forte prĂ©sence des migrants africains subsahariens dans notre pays risque de changer la composition ethnique de sa population et son identitĂ© arabo-musulmane.

Pour sa part, le directeur technique du recensement, Abdelkader Talhaoui, a indiquĂ© que la proportion d’enfants ĂągĂ©s de 0 Ă  4 ans a connu une baisse significative, atteignant 5,86%, contre 11% en 1965, consĂ©quence d’une baisse de la natalitĂ©: les Tunisiens se marient plus tardivement et font moins d’enfants, pour des raisons essentiellement Ă©conomiques.

Les rĂ©sultats du recensement sont rĂ©partis selon plusieurs catĂ©gories et secteurs, tels que la structure dĂ©mographique, l’éducation et la formation, l’emploi, la couverture sociale, la santĂ©, les migrations internes et externes, le genre, l’enfance, la jeunesse et les personnes ĂągĂ©es.

I. B.

AccĂ©der au rapport sur le site de l’INS.  

Extrait du rapport : La population étrangÚre

Pendant la pĂ©riode coloniale, la population Ă©trangĂšre reprĂ©sentait environ 10% de la population rĂ©sidente en Tunisie. Mais, aprĂšs l’indĂ©pendance et le dĂ©part des Français, le nombre d’étrangers a diminuĂ©, passant de 341 473 personnes en 1956 (soit environ 9% de la population totale) Ă  66 834 en 1966 (soit 1,5%).

AprĂšs 1966, la population Ă©trangĂšre en Tunisie est restĂ©e relativement stable, avec un effectif d’environ 40 000 individus, reprĂ©sentant environ 0,5 % de la population totale.

À partir de 2004, toutefois, on observe une augmentation : la population Ă©trangĂšre atteint 53 490 personnes en 2014, puis 66 349 en 2024. MalgrĂ© cette progression, leur part dans la population totale reste relativement faible, ne reprĂ©sentant que 0,55% en 2024.

NĂ©anmoins, il faut souligner que cette augmentation, bien que, en apparence, modeste, entraĂźne des rĂ©percussions considĂ©rables aux niveau Ă©conomique et social.  

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