Les perspectives Ă©conomiques mondiales prĂ©voient un ralentissement de la croissance Ă 2,3% en 2025, soit prĂšs dâun demi-point de pourcentage de moins que ce qui avait Ă©tĂ© prĂ©vu en dĂ©but dâannĂ©e. Elles nâenvisagent pas de rĂ©cession mondiale. Toutefois, si ces prĂ©visions se confirment pour les deux prochaines annĂ©es, la croissance moyenne mondiale durant les sept premiĂšres annĂ©es des annĂ©es 2020 sera la plus faible enregistrĂ©e depuis les annĂ©es 1960.
« En dehors de lâAsie, le monde en dĂ©veloppement entre de plus en plus dans une Ăšre de stagnation, alerte Indermit Gill, Ă©conomiste en chef et premier vice-prĂ©sident du Groupe de la Banque mondiale pour lâĂconomie du dĂ©veloppement. Cette menace plane depuis plus dâune dĂ©cennie maintenant.
La croissance dans les Ă©conomies en dĂ©veloppement a progressivement marquĂ© le pas depuis trente ans, pour passer de 6% par an dans les annĂ©es 2000 Ă 5% dans les annĂ©es 2010, avant de tomber Ă moins de 4% dans les annĂ©es 2020. Cette Ă©volution suit la trajectoire de la croissance du commerce mondial, qui a baissĂ© de 5% en moyenne dans les annĂ©es 2000 Ă environ 4,5% dans les annĂ©es 2010, puis chutĂ© Ă moins de 3% dans les annĂ©es 2020. La croissance des investissements sâest Ă©galement tassĂ©e, tandis que la dette a atteint des niveaux record ».
La croissance devrait ralentir dans prĂšs de 60% des Ă©conomies en dĂ©veloppement cette annĂ©e, atteignant en moyenne 3,8% en 2025, avant de repartir lĂ©gĂšrement Ă la hausse Ă 3,9% en moyenne en 2026 et 2027. Ces taux restent infĂ©rieurs de plus dâun point de pourcentage Ă la moyenne observĂ©e durant les annĂ©es 2010. Pour les pays Ă faible revenu, la croissance est estimĂ©e Ă 5,3% cette annĂ©e, soit 0,4 point de pourcentage de moins que les projections initiales pour 2025. Par ailleurs, la hausse des droits de douane et le durcissement des conditions sur les marchĂ©s du travail contribuent Ă maintenir des pressions inflationnistes : selon les prĂ©visions, lâinflation mondiale devrait sâĂ©tablir en moyenne Ă 2,9% en 2025, un niveau encore supĂ©rieur Ă celui enregistrĂ© avant la pandĂ©mie.
Le ralentissement de la croissance risque de freiner la capacitĂ© des pays en dĂ©veloppement Ă stimuler la crĂ©ation dâemplois, Ă rĂ©duire lâextrĂȘme pauvretĂ© et Ă combler lâĂ©cart de revenu par habitant qui les sĂ©pare des Ă©conomies avancĂ©es. La croissance du revenu par habitant dans ces pays devrait atteindre 2,9% en 2025, soit 1,1 point de pourcentage de moins que la moyenne observĂ©e entre 2000 et 2019. En supposant que les Ă©conomies en dĂ©veloppement (hors Chine) parviennent Ă maintenir une croissance du PIB de 4% â conformĂ©ment aux projections pour 2027 â, il leur faudrait environ deux dĂ©cennies pour retrouver leur trajectoire dâavant la pandĂ©mie.
La croissance mondiale pourrait toutefois rebondir plus rapidement que prĂ©vu si les grandes Ă©conomies rĂ©ussissaient Ă attĂ©nuer les tensions commerciales, ce qui rĂ©duirait lâincertitude politique et la volatilitĂ© financiĂšre. Selon le rapport, si les diffĂ©rends commerciaux actuels Ă©taient rĂ©solus par des accords rĂ©duisant de moitiĂ© les droits de douane par rapport Ă leur niveau fin mai, la croissance mondiale gagnerait en moyenne 0,2 point de pourcentage supplĂ©mentaire sur la pĂ©riode 2025-2026.
Les économies en développement se trouvent à un tournant crucial face à une multiplication des obstacles aux échanges commerciaux.
Elles doivent privilĂ©gier une plus grande ouverture en nouant des partenariats commerciaux et dâinvestissement stratĂ©giques, tout en diversifiant leurs Ă©changes, notamment via des accords rĂ©gionaux pour surmonter les dĂ©fis.
Dans un contexte marquĂ© par des ressources publiques limitĂ©es et des besoins de dĂ©veloppement toujours croissants, les dĂ©cideurs sont appelĂ©s Ă mobiliser davantage les recettes intĂ©rieures. La prioritĂ© doit ĂȘtre donnĂ©e aux dĂ©penses ciblant les mĂ©nages les plus vulnĂ©rables, tout en renforçant les cadres budgĂ©taires afin dâassurer une gestion rigoureuse des finances publiques.
Il est Ă©galement indispensable dâamĂ©liorer le climat des affaires et de promouvoir un emploi productif pour accĂ©lĂ©rer la croissance Ă©conomique. Cela passe par la formation des travailleurs aux compĂ©tences adaptĂ©es et par la crĂ©ation de conditions favorisant une rencontre efficace entre lâoffre et la demande sur le marchĂ© du travail.
Enfin, dans ce contexte mondial, une coopĂ©ration internationale renforcĂ©e sâavĂšre essentielle pour soutenir les Ă©conomies en dĂ©veloppement les plus fragiles. Cette aide doit se traduire par des interventions multilatĂ©rales, des financements concessionnels, et, pour les pays confrontĂ©s Ă des conflits, par un soutien dâurgence capable de rĂ©pondre rapidement aux crises.