Il y a un an, la militante et prĂ©sidente de lâassociation Mnemty Saadia Mosbah a Ă©tĂ© placĂ©e en dĂ©tention. Aujourdâhui, son fils Fares Gueblaoui Mosbah tĂ©moigne de la douleur de cette absence, mais aussi de la force inĂ©branlable de lâamour et de sa dĂ©termination Ă obtenir la libĂ©ration de sa mĂšre.
Fares Gueblaoui Mosbah a exprimĂ© sa douleur et sa dĂ©termination dans une lettre publiĂ©e sur sa page Facebook, intitulĂ©e « Une annĂ©e sâest Ă©coulĂ©e, maman ».
Rappelons que SaĂądia Mosbah est en dĂ©tention prĂ©ventive depuis une annĂ©e dans le cadre dâune affaire liĂ©e au financement de lâassociation Mnemty.
Ci-dessous lâĂ©mouvante lettre de Fares Ă sa mĂšre :
« Une annĂ©e sâest Ă©coulĂ©e, maman.
Une annĂ©e lourde, pas seulement Ă cause du temps qui passe, mais Ă cause du poids de ton absence dans notre maison. Mon cĆur est sauf : tu y es en permanence. 365 jours que je compte, non pas en heures, mais en instants oĂč je pouvais te toucher, ce qui nâest toujours pas possible aujourdâhui. 365 jours sans ta voix qui rĂ©chauffe la maison, sans ton regard qui me renforce depuis ma naissance. Je nâaurais jamais imaginĂ© vivre un jour sans te voir.
Non pas parce que tu es faible, mais parce que tu as toujours Ă©tĂ© trop forte pour quâon puisse te soustraire Ă moi. Mais quand lâinjustice combat la lumiĂšre, elle choisit la flamme la plus vive⊠et toi, tu es cette flamboyante et ardente. Je nâoublie pas le moment oĂč ils tâont arrĂȘtĂ©e.
Je nâoublie pas mon visage dans le miroir ce jour-lĂ , brisĂ© certes, mais serein car tu nâas volĂ©, ni tuĂ©, ni commis aucun acte rĂ©prĂ©hensible! Toi, la voix des sans-voix, toi qui mâas appris que la dignitĂ© ne se nĂ©gocie pas, que mĂȘme quand tout sâeffondre, il faut rester debout ! Aujourdâhui, aprĂšs un an, je ne suis plus un fils comme les autres. Jâai grandi dâun coup, car contraint. Jâai appris Ă tenir bon, parce que je nâai pas le droit dâĂȘtre faible face Ă toi.
En cette Ă©trange absence jâai compris combien ton message ne sera jamais fait de mots, mais dâune maniĂšre de vivre : Un engagement, un Ă©clat pour tous ceux quâon tente de faire taire. Aujourdâhui, je parle en ton nom, faisant comme toi par consĂ©quent : ĂȘtre la voix des sans voix.
Maman, je refuse le silence quâon tâimpose. JâĂ©cris, je parle, je rĂ©siste, parce que tu as inscrit en moi une idĂ©e qui ne meurt pas : la libertĂ© est un droit, et la vĂ©ritĂ© ne se marchande pas. Peu savent que camoufler un ĂȘtre derriĂšre les barreaux rend lâesprit devient fort encore. Et toi, maman, ton esprit vit en moi, dans chaque manifestation qui hurle lâĂ©galitĂ©, dans chaque visage noir qui se relĂšve, dans chaque « non » lancĂ© face Ă lâoppression. Et quand tu reviendras lĂ oĂč est ta place â ta maison, tes amis, les tiens â je sais que tu me trouveras devant toi, pas seulement en fils, mais en relayeur de ta voix, de ton rĂȘve ; en un mot ta continuitĂ©. Et tu me diras : « Tu as compris la leçon ? » Et je te rĂ©pondrai : « Oui. Et je lâai vĂ©cue. »
LibertĂ© pour toi, maman. LibertĂ© pour toi, et pour toutes les mĂšres dont le seul crime est dâĂȘtre la conscience de notre pays. ».
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