LâInde et le Pakistan risquent de dĂ©clencher un nouveau conflit armĂ©. New Delhi est en colĂšre et accuse son voisin dâavoir aidĂ© une attaque terroriste dans la partie de lâĂtat du Jammu-et-Cachemire. Laquelle a fait 26 morts la semaine derniĂšre.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, est fier dâagir avec fermetĂ© face au Pakistan. En 2016, il avait ordonnĂ© des « frappes chirurgicales » de lâautre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre dans des camps terroristes prĂ©sumĂ©s. En 2019, lorsque des terroristes ont attaquĂ© un convoi paramilitaire indien et tuĂ© 40 soldats, Modi avait rĂ©agi en bombardant un camp terroriste Ă Balakot, au Pakistan.
Le Pakistan a toujours niĂ© tout lien avec les attaques terroristes au Cachemire, affirmant quâil sâagit de problĂšmes indiens internes que lâInde cherche Ă imputer Ă son voisin. Lors des bombardements de 2019, Islamabad avait rĂ©pondu par un contre-raid aĂ©rien au cours duquel il avait abattu et capturĂ© un pilote indien. Le pilote avait Ă©tĂ© libĂ©rĂ© sous la pression diplomatique. Les deux parties ont criĂ© victoire, encouragĂ©es par des mĂ©dias nationaux loyaux. Lâescalade a Ă©tĂ© Ă©vitĂ©e de justesse.
Les antĂ©cĂ©dents de Modi suggĂšrent quâil pourrait bien rĂ©pondre militairement Ă la derniĂšre attaque terroriste. Quant Ă ceux du Pakistan, ils laissent penser quâil ripostera Ă toute attaque indienne. DotĂ©s de lâarme nuclĂ©aire, les deux pays Ă©viteront-ils une fois de plus une nouvelle escalade? TrĂšs probablement, oui. Mais des bavures imprĂ©vues ne peuvent jamais ĂȘtre exclues. La meilleure chance dâĂ©viter lâescalade est que la rhĂ©torique patriotique des deux parties se dĂ©place sur un autre terrain, celui de la guerre froide.
Un vieux dossier refait surface
En 1958, lâInde et le Pakistan ont signĂ© le traitĂ© sur les eaux de lâIndus, qui prĂ©voit le partage des eaux fluviales sâĂ©coulant de lâHimalaya vers le Pakistan. Ce traitĂ© rĂ©servait les trois fleuves du nord â Indus, Jhelum et Chenab â au Pakistan et les trois fleuves du sud â Sutlej, Ravi et Beas â Ă lâInde. Cependant, lâInde pourrait produire de lâhydroĂ©lectricitĂ© Ă partir des riviĂšres du nord grĂące Ă des projets au fil de lâeau qui stockent des quantitĂ©s dâeau insignifiantes.
AprĂšs le dernier attentat terroriste au Cachemire, lâInde a suspendu sa participation au traitĂ©. Elle ne demandera plus lâassentiment du Pakistan ou dâun tribunal des eaux fluviales pour les nouveaux projets sur les riviĂšres du nord. Ă court terme, le dĂ©sensablement et lâexcavation des mini-rĂ©servoirs existants pourraient lĂ©gĂšrement augmenter leur capacitĂ© de stockage, mais pas suffisamment pour retenir lâeau de maniĂšre significative ou pour libĂ©rer lâeau retenue et provoquer des inondations catastrophiques en aval.
Ă moyen terme, lâInde pourrait transformer les barrages au fil de lâeau en barrages de stockage beaucoup plus importants afin de produire plus dâĂ©lectricitĂ© et dâutiliser lâeau Ă des fins stratĂ©giques. Ă long terme, elle pourrait dĂ©tourner les riviĂšres du nord vers les riviĂšres du sud Ă grands frais, privant ainsi les champs pakistanais dâeau.
Le Pakistan a depuis longtemps dĂ©clarĂ© quâil considĂ©rerait tout dĂ©tournement dâeau comme un acte de guerre. Sâil est poussĂ© Ă le faire, il pourrait attaquer les barrages indiens sur les riviĂšres. Mais lâInde pourrait Ă©galement attaquer les barrages pakistanais situĂ©s Ă proximitĂ©. Il faudra des annĂ©es pour que de tels scĂ©narios se rĂ©alisent. Le plus grand danger est une action armĂ©e imminente de lâInde, qui serait suivie de reprĂ©sailles pakistanaises.
La rĂ©gion est en Ă©bullition bien quâil y ait une profonde conviction que, in fine, rien ne se passera. Les deux pays ont la conscience de ce quâune guerre pourrait causer.
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