La hausse des tarifs douaniers américains coûtera cher aux pays arabes
La Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (Cesao ou Escwa en anglais), avertit que les nouveaux tarifs douaniers américains menacent 22 milliards de dollars d’exportations arabes hors pétrole. Le Maroc, l’Égypte, la Jordanie et la Tunisie en seront particulièrement affectés avec le paiement d’intérêts souverains supplémentaires en 2025.
Habib Glenza
Dans une note d’orientation publiée samedi 19 avril 2025, la Cesao, qui regroupe 21 États membres d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, a mis en garde contre les effets du «protectionnisme commercial» des États-Unis. En référence aux tarifs imposés par le président Donald Trump, l’organisation souligne que ces mesures pourraient sérieusement affecter les économies arabes.
Pour le Maroc, ainsi que pour l’Égypte, la Jordanie et la Tunisie, la Cesao prévoit une augmentation de 114 millions de dollars des paiements d’intérêts souverains d’ici la fin de 2025 en raison de ces nouveaux tarifs. Cette hausse est due à l’augmentation des rendements obligataires mondiaux et à une incertitude accrue chez les investisseurs, ce qui pourrait exercer une pression sur les finances publiques et retarder les investissements en développement.
Le Maroc et la Tunisie pourraient également ressentir les effets d’une demande réduite de la part de partenaires clés, notamment l’Union européenne, qui absorbe 72% des exportations de la Tunisie, 68% de celles du Maroc, et 17 % du total des exportations arabes.
La Cesao note cependant que les changements dans les dynamiques commerciales américaines pourraient ouvrir des possibilités de réorientation en faveur des pays du Maghreb. En effet, avec l’augmentation des tarifs américains sur les produits chinois et indiens, les exportations des pays maghrébins pourraient devenir plus compétitives sur le marché américain.
Cependant, la Commission avertit que la récente pause tarifaire de 90 jours — qui exclut la Chine — pourrait limiter cet avantage.
Globalement, les exportations totales des pays arabes vers les États-Unis ont chuté, passant de 91 milliards de dollars en 2013 à 48 milliards en 2024, principalement à cause de la baisse des importations américaines de pétrole brut.
En revanche, les exportations non pétrolières ont presque doublé durant la même période, passant de 14 milliards à 22 milliards de dollars, grâce à la croissance dans les secteurs du textile, des produits chimiques, de l’aluminium, des engrais et de l’électronique. Ces progrès sont désormais menacés!
Extraits du rapport
Les exportations de six pays arabes – Bahreïn, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie – devraient être fortement affectées par les nouvelles hausses tarifaires, ce qui implique qu’une part de 5% ou plus de leurs exportations totales sera directement affectée. La Jordanie est le pays le plus directement touché, avec près de 25% de ses exportations vers les États-Unis.
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L’impact net de l’ augmentation des droits de douane sur les exportations arabes vers le reste du monde est limité. Cependant, les impacts varient selon les groupes de pays arabes. Les pays signataires de l’Accord d’Agadir (Égypte, Jordanie, Maroc et Tunisie) subiraient un impact net modéré en 2025, principalement en raison des effets de détournement des échanges, réduisant ainsi l’effet négatif direct sur leurs exportations initiales vers le marché américain. Par exemple, l’Égypte et le Maroc devraient tous deux renforcer leur compétitivité-prix et tirer profit des effets de détournement des échanges sur le marché américain.
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Avec la hausse des rendements, les pays arabes à revenu intermédiaire (PRI), dont beaucoup subissent déjà des pressions en matière de refinancement de leur dette, sont confrontés à des coûts d’emprunt plus élevés, ce qui alourdit encore le fardeau de leurs paiements d’intérêts.
En supposant une hausse permanente de 36 points de base des coûts d’emprunt et une structure inchangée des nouvelles émissions de dette à partir de 2024, les PRI arabes seraient confrontés à des augmentations notables des paiements d’intérêts sur la dette de marché en 2025 : Égypte : +56 millions de dollars; Maroc : +39 millions de dollars; Jordanie : +14 millions de dollars ; Tunisie : +5 millions de dollars.
Ces coûts supplémentaires, bien que modestes en termes absolus, se traduisent par des implications budgétaires significatives, équivalentes à une augmentation des paiements d’intérêts de 0,3% en Égypte et de 1,3% au Maroc.
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